L’astronome chez les lapons
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L’astronome chez les lapons
Nous continuons avec plusieurs articles dédiés aux magnifiques histoires du père Bonaventure Giraudeau. Découvrons aujourd’hui « l’astronome chez les lapons », cinquième parabole de son ouvrage.
L’astronome chez les lapons
Un astronome, par ordre du roi son maître, se transporta vers les pays du Nord, pour observer le passage de Venus sur le disque du soleil. Étant arrivé en Laponie, il trouva que les petits hommes habitants de ce pays, n’avaient pas encore quitté leurs appartements d’hiver. Ces appartements étaient des grottes profondes, creusées sous terre, et qui n’avaient d’autre ouverture que la porte par laquelle on y entrait. On entretenait dans ces cavernes un feu terrible et continuel. On y entraînait les arbres entiers, tout verts et avec tout leur feuillage. On les y brûlait ; et la fumée était si épaisse, qu’en se chauffant, on ne s’y voyait pas. Un soir que le temps était serein, et avant que les Lapons fussent descendus dans leurs trous, l’astronome, qui avait déjà fait ses observations, leur expliquait le cours des astres, leur nommait les étoiles et leur montrait les planètes. Les Lapons riaient de tout leur cœur, en l’entendant parler et en considérant les instruments dont il se servait. Les uns prenaient un quart de nonante, et n’y comprenaient rien. Les autres regardaient par un télescope, et n’y voyaient rien. Les noms de Descartes, de Newton, de Copernic, les faisaient étouffer de rire. Enfin, le plus considérable de la troupe, le prenant sur un ton plus sérieux, dit à l’astronome : en vérité, il faut que vous, votre roi et votre nation aient perdu la tête pour vous amuser à de pareilles chimères. L’astronome, qui se sentit piqué, lui répondit : Il n’est pas étonnant que vous, qui vivez dans les ténèbres ; qui n’habitez que des tanières, qui ne voyez que ce qui est dans vos cavernes, et ne connaissez pas les productions de la terre, vous ignoriez les phénomènes du ciel, et que vous vous moquiez de ceux qui les observent et qui vous en parlent. Entendant ces mots, tous les Lapons poussèrent un cri effroyable, firent de grandes huées, et peut-être se seraient-ils portés à quelque autre extrémité, si le prudent astronome ne se fût promptement retiré. Il se rendit peu après dans sa patrie, où il donna une relation exacte de ses observations, et un mémoire détaillé de ses aventures. Maintenant, dans le sein de sa famille, il jouit des bienfaits de son roi, et de l’estime de ses compatriotes.
J’observe trois choses dans ces Lapons :
1) Leurs ténèbres. Par rapport aux choses du salut, nous sommes tous dans ce monde-ci, comme dans une maison pleine de fumée. La corruption de nos sens et la vivacité de nos passions élèvent au-dedans de nous et autour de nous des tourbillons d’une vapeur épaisse, qui offusquent les plus pures lumières de notre esprit, et étouffent les plus nobles sentiments de notre cœur. Nous ne voyons ni ce qui est au-dedans de nous, ni ce qui est au-dehors de nous. Nous ne connaissons ni ce qui est dans ce monde, ni ce qui est hors de ce monde, ni ce qui est dans le temps, ni ce qui est au-delà, ni la grandeur de ce qui est éternel, ni la petitesse de ce qui est temporel. Nous donnons aux choses terrestres et périssables l’estime et l’attention que méritent les choses célestes et éternelles, et nous avons pour celles-ci le mépris que méritent celles-là. Cette erreur fait que les hommes appellent bien ce qui est mal, et mal ce qui est bien. Ils prennent les ténèbres pour la lumière, la voie pour le terme, le lieu de leur exil pour celui de leur patrie.
Avant que la mort vienne nous tirer d’une erreur si préjudiciable, prenons le flambeau de la foi, qui, comme dit saint Pierre, nous éclairera dans ce lieu de ténèbres. Écoutons ceux qui, guidés par cette lumière céleste, nous enseignent les vérités importantes du salut, en nous avertissant que les biens et les maux éternels sont seuls dignes de nos réflexions, et que les biens et les maux passagers de la terre ne méritent pas que nous nous en occupions, si ce n’est autant qu’ils ont rapport aux biens et aux maux de l’éternité.
2) Leurs railleries. Quand je vois des impies attaquer la religion, des hérétiques combattre l’église, des libertins censurer la dévotion, il me semble que je suis dans les pays du Nord, et que j’entends les Lapons juger de l’astronomie.
3) Leur colère. Le monde, de tout temps, s’est moqué des vrais Chrétiens, et de ceux qui voulaient s’instruire. Souvent il les a persécutés ; quelquefois il les a mis à mort. Mais eux, ils sont triomphants dans la céleste patrie, où ils jouissent des bienfaits éternels du Roi des siècles, dans la compagnie des Bienheureux immortels. Dieu nous fasse la grâce d’être un jour avec eux !
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