Hier matin j'ai enterré un prêtre ! Que c'était beau !

Hier matin j'ai enterré un prêtre ! Que c'était beau !

Il ressemblait beaucoup au curé d'Ars, en un peu moins maigre, juste bien. Et une telle paix se dégageait de son visage, c'est rare de voir autant de paix sur le visage d'un défunt (vraiment très rare).

Comme il était beau en aube dans son cercueil, il portait une étole rouge, il parraît que ce n'est pas la coutume mais pour moi ça avait beaucoup de sens, la couleur des martyres !

La mise en bière et la messe se déroulaient dans une maison de retraite pour prêtres. Il n' y avait que très peu de laïques à la célébration, mais par contre un paquet de prêtres, une bonne 40aine, tous très très vieux.

J'ai appris quelque chose, d'ordinaire un laïque a les pieds du côté de l'autel, tête Face à l'autel en fait.
Pour un prêtre c'est le contraire, il a la tête face à l'assemblée et c'est sublime je trouve, il est là tel qu'il s'est toujours donné en exerçant son ministère, même dans la mort.

Et durant l'eucharistie je me suis dit que ce prêtre devant l'autel signifiait parfaitement ce qui se déroulait derrière : le don de soi, le sacrifice jusqu'au bout, jusqu'à la mort. Voilà j'ai vraiment eu l'impression qu'il y avait devant moi un seul sacrifice mais qui s'exprimait doublement : sur l'autel et devant.
Cela m'a profondément ému.

Et puis la cerise sur le gâteau : Il y avait tous ces prêtres autour, tous plus âgés les uns que les autres, handicapés dans leur corps, séniles pour certains, totalement dépendants pour l'essentiel.
Ils étaient en chaise roulante, ou bien se traînaient littéralement pour aller au culte. Mais ils semblaient habités par leur ministère, tout entiers donnés, sans rechigner ou se plaindre de s'efforcer à se lever, se rassoir...
Pour eux mettre une aube prenait, dans certains cas, plus de 3 minutes, se revêtir de l'habit du sacerdoce devenait un exercice d'acrobatie, peut-être douloureux, mais pour lequel ils prenaient le temps et l'application qu'il fallait.

Un en particulier m'a ému aux larmes. Il était en chaise roulante, et absolument dépendant. C'est une soeur qui allait l'habiller de son aube et étole (une aube fendue à l'arrière que l'on enfile par l'avant comme chez le coiffeur). Pendant qu'il attendait la soeur qui mettait du temps à arriver, il maintenait les bras levés jusqu'aux épaules, prêt à ce que la soeur lui enfile l'aube. Et elle tardait, et lui restait ainsi avec un visage qui exprimait un complet abandon, de la paix, une forme de ravissement béat.

Cela m'a rappelé l'attitude des jeunes handicapés mentaux que je vois à ABO. Ils attendent, et semblent ne pas être impatients, comme si attendre était en soit déjà une occupation et un moment pour vivre le présent, pour accueillir le réel tel qu'il est et non pas se focaliser sur l'objet de ce que l'on attend, le fait que cela met du temps à arriver.
Ou encore un bébé qui a une grande joie à vivre la dépendance à ses parents, qui ne s'occupe pas tant d'être enfin habillé que de vivre ce moment de particulière complicité avec ses parents quand ils lui enfilent ses vêtements.

En cela ce prêtre m'a vraiment ému.
En particulier parce qu'il a connu une vie d'autonomie avant.
Et il semblait goûter cette dépendance, la soumission et l'attente avec une joie qui signifait pour moi la paix que l'on éprouve à être dans l'humilité, la joie que l'on peut ressentir de vivre une situation humiliante si elle participe à l'anéantissement de l'ego, du retour sur soi... Je voyais "je suis un petit rien, et je sais que je suis infiniment aimé ainsi".

Et puis tous ces prêtres sont particulièrement habités par le Christ de par leur ministère.
Et c'est aussi très beau de se dire qu'en chacun d'eux, le Christ vit notre condition humaine dans toute sa misère. Il choisit d'habiter notre misère pour se rendre présent à chacun de nous.
Comme tout cela est beau !

Merveilles du Christ !
Joie de la Croix !
Fécondité du Sacrifice !

Fraternellement.
( lettre reçue d'un ami aujourd'hui )
Florian.

oui , je n'ai pas l'habitude de mentir ... et ce témoignage nous fait penser a tous les prêtres dans les résidences de vieux prêtres .. oubliés ... parfois qui ont du quitter leur ministère trop tôt parce qu'ils étaient trop priants ( c'est souvent que ça arrivait ) et pas soutenus . Alors cette maison de retraite c'est un vrai martyre et leur offrande sauve bien des âmes , et suscite a coup sur bien des vocations catholiques , missionnaires et sacerdotales ...

Chaque eucharistie , oraison il est bon de les prendre dans nos prières et dans le Coeur de Jésus et de Marie : ils sont des saints cachés