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L'éveil de Henri Le Saux - documentaire

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saux - L'éveil de Henri Le Saux - documentaire Empty L'éveil de Henri Le Saux - documentaire

Message par Vent Nouveau Jeu 25 Aoû 2016 - 6:13

Henri Le Saux (qui adopta le nom indien de Abhishiktananda), né le 30 août 1910 à Saint-Briac (France), décédé le 7 décembre 1973 à Indore (Inde) est un moine bénédictin breton, figure mystique du Christianisme indien, qui contribua beaucoup au dialogue entre le christianisme et l'hindouisme.

Partie 1 :
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Message par Vent Nouveau Jeu 25 Aoû 2016 - 6:16

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Message par Vent Nouveau Jeu 25 Aoû 2016 - 6:18

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Message par Vent Nouveau Jeu 25 Aoû 2016 - 6:20

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Message par Vent Nouveau Jeu 25 Aoû 2016 - 6:21

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Message par Vent Nouveau Jeu 25 Aoû 2016 - 6:22

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Message par azais Jeu 25 Aoû 2016 - 15:04

Merci pour ces  videos ce serait sympa d'en  dire ce que vous en pensez ... et si vous avez le temps de laisser des extraits

voici des extraits de ce que je viens  d'écouter  sur la video 6
 extraits de notes du père bénédictin Henri de Saux devenu hindou sans renier (clairement)  son sacerdoce royal et saint

2è mn  et sv : scène de baptème
prière  pendant que son disciple ( le père Marc qui l'a rejoint et après sa mort disparaitra sur les bords du Gange ):
" OM , j'ai renoncé à tous les mondes  ...   à toutes les religions
Qu'aucune créature n'aie peur de moi , car tout est sorti de moi , "

(le père Marc plonge dans les eaux du Gange )  
" Lève toi , purusha ! Lève toi ouvre les yeux !"
(le disciple sort la tete de l'eau )
".... tu as reçu les dons, demeure éveillé "
'( le disciple , nouveau baptisé  en quelque sorte , jette son vieux vêtement et l'abandonne dans les flots (du Gange ?))

"Va ! Libre de la liberté de l'esprit jusqu'a la source d'où nul ne revient "

( et il partit nul ne sait où , note le pere de Saux. Il le retrouvera très affaibli (comme drogué lui indiquait un indien) et les notes n'évoquent à aucun moment un sacrement de malades , ou une liturgie eucharistique, ou une évocation de Jésus)


à la 8è mn et suivantes  : (sorte de testament spirituel ultime du père Henri de Saux)

"il n'y ni ciel ni terre il n'y a que l'éveil ..... à travers tout,
 le seigneur nous délivre de tout ou nous avions décidé qu'il se trouverait . La  vraie mort   c'est celle qui  coupe les noeuds du coeur  qui font l'homme s'identifier avec ses conceptions et ses désirs
A tout instant de la vie,  en toutes circonstances, de fait, je m'éveille  
.... au bout de qq jours me vint la solution de l'équation:   j'ai découvert le Graal  et cela je le dis à quiconque peut  saisir  l'image "c'est Soi qu'on cherche à travers tout"  qui est unique  signifié  sous l'unité des symboles, et pour celui qui est (court?) partout alors que le Graal est ici , tout près .... !
Il n'y qu'à ouvrir les yeux !

je le connais ce grand Guru cha (?)   couleur de soleil  au-delà  de la tenèbre, quiconque le connait va au-delà  de la mort il n'y a pas d'autre chemin que celui la "


j'ai  vraiment du mal à voir le prêtre  et disciple  et apôtre du Christ Jésus dans ces prières , rituels et testament ...

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Message par vévette Jeu 25 Aoû 2016 - 21:52

Bonsoir

J'ai un "autre son de cloche" concernant Henri Le Saux, dont j'ai lu quelques écrits.

À la rencontre de Jules Monchanin et Henri Le Saux



Mme Françoise Jacquin, présidente de l'Association Jules Monchanin-Henri Le Saux, explique le rôle important qu'ont joué ces deux pionniers dans l'histoire de la rencontre de l’Église - et de l'Occident - avec l'hindouisme. Elle montre aussi comment ils furent des précurseurs de l'inculturation.





Françoise Jacquin,présidente de l'Association Jules Monchanin-Henri Le Saux évoque dans cette interview réalisé par Dennis Gira, la relation entre Monchanin et Le Saux, leurs approches différentes vis-à-vis de la rencontre et du message que ces «ermites de Saccidananda» (ashram fondé en 1950) ont laissé pour tous ceux qui aujourd'hui désirent s'engager dans le dialogue interreligieux.

Theologia : Pourriez-vous nous expliquer quand et comment vous avez commencé à vous intéresser à la rencontre des religions du monde, et surtout à la rencontre avec l'Inde ?

Françoise Jacquin :  Jeunes mariés, c'est-à-dire dans les années cinquante, nous avons eu la chance de rencontrer le Cercle Saint Jean-Baptiste, animé par le Père Jean Daniélou. Nous y avons reçu un grand souffle d'air, une dilatation de notre vie spirituelle, une nouvelle vision du Royaume de Dieu. Il ne nous apparaissait plus comme un territoire coïncidant avec celui de l’Église mais comme une oeuvre en gestation - depuis la création du monde jusqu'à la Parousie et cela nous incitait à vivre dans l'admiration des Magnalia Dei en nous ouvrant par l'étude des cultures, l'accueil des étrangers, la prière contemplative à l'avènement d'une histoire sainte, bref à entrer dans le Mystère du Salut.

Le nom de Monchanin, que le Père Daniélou avait connu à Lyon et qui demeurait très marqué par les raisons de son départ pour l'Inde, revenait très souvent dans notre groupe. En effet, le Père Monchanin incarnait alors, dans son ermitage perdu du Sud de l'Inde, une conception révolutionnaire de l'évangélisation. Avec nos six enfants, une vie professionnelle chargée pour mon mari, nous n'avions guère la possibilité de nous engager à fond dans le "Cercle" comme plusieurs de ses membres partis "s'incorporer" au sein de civilisations non européennes ou vouant leurs études universitaires à leur étude. Pourtant, ayant une maîtrise d'histoire, je donnais un coup de main à la rédaction du Bulletin, puis, lorsqu'il s'est transformé en la revue Axes, j'en suis devenue la secrétaire de rédaction.

Les grandes avancées du Concile, puis la mort de Daniélou firent perdre au "Cercle" de son originalité et de son dynamisme. Le temps était venu de consigner toute cette saga : c'est ce que je fis en écrivant mon premier livre (à plus de 50 ans !) Histoire du Cercle Saint Jean-Baptiste (Beauchesne, 1987). Puis, un des aumôniers du "Cercle", Edouard Duperray, ancien missionnaire en Chine et légataire de son ami Monchanin, me pria de l'aider à éditer les lettres de ce dernier à sa mère. Ce fut un gros travail, mais un incroyable cadeau : je n'avais jamais cru pouvoir ainsi entrer dans l'intimité de cet homme exceptionnel. Les Lettres à sa mère parurent en 1989 (Cerf), quelques semaines avant le décès de Duperray : ce fut sa dernière joie ! Comme il m'avait initiée à tout le "réseau Monchanin", il me légua ses archives, en même temps qu'à un universitaire lyonnais, le professeur Jacques Gadille (1). J'ai reçu cet honneur comme une mission et j'ai publié la plupart des papiers désormais en ma possession : Lettres au P. Le Saux, (Cerf, 1995) une biographie : Jules Monchanin, prêtre (id. 1996) .

Ensuite, j'ai secondé un confrère d'Henri Le Saux, Joseph Lemarié, pour éditer les lettres que ce dernier lui envoya quasi mensuellement pendant ses vingt-cinq années indiennes, Lettres d'un sannyasi chrétien (Cerf, 1999) puis Une amitié sacerdotale, en donnant les lettres que Monchanin écrivit à Duperray, depuis leur rencontre au Séminaire, commente l'itinéraire de chacun (Lessius 2003).

Enfin, membre du Conseil d'Administration de l'Association des amis de Louis Massignon, j'ai eu accès à la correspondance échangée entre le grand islamologue et son jeune filleul Jean Mohamed Abd el Jalil, Parrain et filleul (préface Maurice Borrmans, Cerf 2007).

A l'issue d'un grand colloque célébrant en 1995, à Lyon, le 100ème anniversaire de la naissance de Monchanin, nous avons décidé de fonder une Association pour donner un statut plus officiel à nos recherches ainsi qu'une personne morale pour recueillir informations, documents et témoignages.

Nous nous sommes proposés, de réunir, dans cette même Association les deux fondateurs du Shantivanam, d'où son nom, Association Jules Monchanin-Henri Le Saux.

Theolgia :   Vous avez dit que le Père Monchanin "incarne une conception révolutionnaire de l'évangélisation". D'où vient-il exactement et comment est-il arrivé en Inde?

Françoise Jacquin :  Jules Monchanin (1895-1957) est prêtre du diocèse de Lyon, vicaire de paroisse. Il se fait vite remarquer par l'étendue de sa culture profane (littéraire et artistique, fréquentant les grands maîtres du moment), une insatiable curiosité, un brûlant désir de témoigner de son attachement au Christ, en dehors de toutes normes cléricales. Très jeune, il se passionne pour la pensée de l'Inde et réalise que l'Eglise ne sera pleinement catholique que lorsqu'elle aura intégré les richesses de toutes les cultures du monde. Il allume des vocations d'un type nouveau à la Ligue Missionnaire des Etudiants, en réaction contre un esprit colonialiste, rimant avec civilisateur, encore trop répandu. Il rédige en vue de ces partants des Directoires d'incorporation, à l'Islam, à l'hindouisme, même au marxisme en vue d'un "dépassement" chrétien. Dès 1933, il supplie son évêque de le laisser partir aux Indes. En attendant l'autorisation qu'il n'aura qu'en 1938, il poursuit ses études de sanscrit et s'investit à fond dans le domaine de l'oecuménisme : il participe aux premières rencontres du "groupe des Dombes" ainsi qu'à celles d'un groupe judéo-catholique, à Paris, où ses interventions devancent encore les grands textes de Vatican II.

Afin d'obtenir une affectation canonique dans un diocèse indien, Monchanin passe quelques mois à Louvain, à la Société des Auxiliaires des Missions (fondée par un disciple du Père Lebbe). En mai 1939, il est accueilli par un jeune évêque indien du Tamil Nadu. Mais ce dernier ne sait que faire de cet intellectuel de 44 ans, à la recherche d'échanges avec des rishis (savants hindous), qui ne parle ni anglais, ni tamoul. Aussi le nomme-t-il vicaire suppléant dans les zones les plus reculées de son diocèse. Pendant dix ans, Monchanin, se fait serviteur de pauvres communautés, Sevré de tout (livres, amis, nouvelles) à cause de la guerre, il se concentre sur son vœu de fonder un ashram où viendraient prier et s'entretenir des "chercheurs de Dieu" de tous horizons.… Une lueur dans ce désert furent de rares visites au scolasticat jésuite de la région où le jeune Pierre Ceyrac était en formation.
Contre toute prévision, l'hiver 1946-47 vit Monchanin revenir en Europe comme interprète à son évêque.
Totalement ignoré en Inde, son message reçut, en France, un accueil chaleureux : les mentalités d'après-guerre, l'émergence des nationalismes donnaient à son témoignage une brûlante actualité. Harcelé d'interviews, l'un d'eux (paru dans La Croix) parvint à un bénédictin breton, Henri Le Saux, qui nourrissait depuis longtemps le projet de poursuivre sa vie monastique aux Indes.

Theologia :  Se rendre en Inde n'a pas été facile pour Henri Le Saux. Et une fois arrivé il se trouvait souvent seul. Comment expliquer ces difficultés ?

Françoise Jacquin :  Après bien des démarches que son Père Abbé ne facilita en rien, Le Saux finit par débarquer à Colombo en août 1948. Il est de 15 ans plus jeune que Monchanin. Entré à 19 ans au monastère, de grandes différences de formation et de maturité le séparent de son aîné. De plus, il peine à s'adapter à la vie paroissiale qui est alors celle de Monchanin, curé de Kulitalaï. Sa bonne volonté est immense : il étudie, regarde, rencontre. Son aîné sait bien qu'il faudrait "se mettre à l'école des grands sages du pays" pour comprendre l'hindouisme autrement que par les livres. Il emmène donc son compagnon à l'ashram de Ramana Maharshi, à Tiruvanamalaï.

Cependant, Le Saux est venu pour fonder cet ashram aux contours encore vagues est impatient. Il se met vaillamment à la tâche et le 20 mars 1950, dans un petit bois (Shantivanam  : "bois de la paix") débute la vie à l'ashram du Saccidanda, terme sacré sanscrit qui exprime la triple qualité de l'Absolu : Être, Pensée, Béatitude, en qui Monchanin voyait une "pré-annonciation de la Trinité". Mais L'Eglise indienne se montre méfiante vis-à-vis de cette étrange tentative qui se trouve mieux comprise en Occident, surtout après la publication du livre-programme co-rédigé : Ermites du Saccidananda, (Casterman, 1955). Hélas, l'impossibilité d'obtenir des visas décourage d'éventuels candidats.

Sur place, quelques saddhus profitent pour un temps de l'hospitalité de l'ashram sans rechercher le dialogue qu'espérait tant Monchanin. L'isolement et l'extrême dénuement des deux "French Fathers" deviennent difficilement viables. Si un trappiste belge Francis Mahieu et un bénédictin anglais, Bede Griffiths finissent par franchir les barrières administratives, ils ne peuvent s'adapter à la vie mal définie du Shantivanam, déserté tantôt par le Saux qui poursuit son aventure spirituelle parmi les dévots hindous, tantôt par Monchanin, requis par les intellectuels francophones de Pondichéry pour approfondir des problèmes philosophiques. Conscient de l'échec annoncé, alors que son fondateur l'assume en "kénose", le bénédictin plus réaliste, se décide à partir dans le Nord, Il est rappelé quelques mois plus tard auprès de son compagnon mourant pour le faire rapatrier. Monchanin ne survivra pas. Il décède le 10 octobre 1957 dans un hôpital parisien.

Theologia :  Le Père Le Saux est allé très loin dans sa rencontre avec l'hindouisme. Il a même pris le nom d'Abhishiktananda. Que veut dire ce nom et pourquoi parle-t-on de Le Saux comme d'un "sannyasi chrétien" ?

Françoise Jacquin :  Henri Le Saux qui se fait désormais appelé du nom sanscrit de sa consécration de 1950,  Abhishiktananda (l'Oint du Seigneur), se trouve totalement libre. Ses retraites dans les grottes de la montagne sacrée d' Arunachala, son séjour auprès d'un sage vénéré, Gnanananda, l'ont indianisé au point de se faire naturalisé citoyen indien.

Cependant, il tient à rester fidèle à son engagement sacerdotal et ne veut surtout pas couper les ponts avec l'Eglise. Il se sait héritier d'un message et responsable d'un lieu.

Et tout en prenant l'état d'ermite itinérant sillonnant le pays du Nord au Sud, il garde le Shantivanam ; selon le voeu de Monchanin il y organise des rencontres avec quelques théologiens catholiques (notamment avec les P. Panikkar et De Smedt).

Le Saux a la joie de participer, en 1961, à la 3e Assemblée Œcuménique de Bombay où sa vocation particulière est publiquement reconnue.

Avec un couple de pasteurs anglicans, les Murray Rogers, soutenu par J. A. Cuttat, ambassadeur de Suisse, il suscite plusieurs sessions de lectures alternées de la Bible et des Upanishads (Voir La rencontre de l'hindouisme et du christianisme, 1966, Initiation à la spiritualité des Upanishads 1979). A partir de 1968, date où il remet le Shantivanam à Bede Griffiths (qui arrive de Kurisumala, le monastère syriaque, fondé par F. Mahieu), Abhishiktananda mène une vie de plus en plus dépouillée. Il acquiert une petite cabane non loin des sources du Gange, s'adonnant à la méditation et à l'écriture. (Voir, La messe aux sources du Gange - avec Panikkar, 1967, Eveil à soi, éveil à Dieu, 1971, Intériorité et révélation, 1985 et d'innombrables articles).
Toutefois, l'Eglise post-conciliaire de l'Inde fait de plus en plus souvent appel à ses compétences : de suspect, Le Saux devient expert. Cette reconnaissance lui va droit au coeur. L'idéal de ses premières années d'Inde, où sous la direction du swami Monchanin il se rêvait guru à son tour, finit par se réaliser avec l'arrivée, en 1970, d'un véritable disciple, Marc Chaduc. Ce fut pour le vieux sannyasi chrétien une immense joie, un véritable engendrement spirituel. Il mourut d'épuisement après un infarctus en décembre 1973 dans une clinique à Indore.

Theologia :  Quelles sont les différences fondamentales entre l'approche de Monchanin et celle de Le Saux ?

Françoise Jacquin :  Les noms de Monchanin et Le Saux sont, à juste titre, régulièrement cités comme ceux de grands précurseurs de l'inculturation. Ces deux hommes ont offert leur vie pour l'avènement d'une Eglise qui "assume et purifie" toutes les valeurs religieuses de l'hindouisme.

Chacun, selon son charisme propre, s'est engagé à fond dans ce gigantesque défi. L'un utilisa surtout son intelligence et sa réflexion alors que l'autre misa davantage sur l'expérience. Si ces voies différentes causèrent de douloureuses tensions, aujourd'hui, nous les considérons comme complémentaires. Durant un quart de siècle, leur approche des problèmes a connu une évolution. Initialement, Monchanin synthétisa sa démarche en trois temps :


- repenser le christianisme, le ressaisir en son jaillissement originel en le dissociant par la pensée des modalités conceptuelles qu'il s'est incorporées. Inventer une nouvelle philosophie pour exprimer le mystère chrétien dans les catégories de la pensée indienne comme les Pères de l’Église l'avaient fait au IVe siècle avec l’hellénisme. Cela demandera une patience géologique et se fera sur des siècles, et n'ira pas sans comporter des hérésies.


- isoler l'essence et le mouvement - en le captant le plus possible de sa source - de la civilisation à christianiser, recherche du "point vierge", non pas dans les livres, mais auprès de maîtres.

- la greffe : réinsérer le christianisme en sa pureté dans la civilisation en question, elle même repensée en sa pureté .

Cette vue de l'esprit - conduisit Monchanin à privilégier le système le plus pur de toute la pensée indienne : l'advaita de Sankara. Se heurtant là à une incompatibilité avec les fondements de la révélation chrétienne, la personne, l'histoire, la création, il privilégia, à la fin de sa vie, la voie apophatique. Il vécut alors une présence confiante et aimante, s'efforçant de fonctionner en "vases communicants".

Venu d'un horizon bien différent, Le Saux connut un véritable retournement. Son "Journal" (La montée au fond du coeur, 1986) livre au quotidien les étapes de sa "nouvelle naissance" : "j'étais venu pour te faire connaitre à mes frères hindous et c'est toi /Arunachala/ qui t'es fait connaitre ici par leur entremise".

A l'école de son aîné, il comprit qu'il ne pouvait se contenter de "l'adaptation aux traditions hindoues du monachisme bénédictin, ni de l'adoption factice de quel qu'usage" mais qu'il se devait d'"intégrer dans sa foi ce qu'il y a de plus profond et de permanent dans la recherche de perfection de ce continent spirituel".

"Être advaitin, selon Abhishiktananda, c'est un appel à un dépassement". Programme risqué où sa formation bénédictine, liturgique et scripturaire, l'aida à garder le cap. Travaillant l'au-delà du signe, il plongea au plus profond du dedans, dans la "grotte du cœur" , vers le chemin de l'éveil.

Il est indéniable que ces pionniers ont contribué à l'ouverture de l'Eglise de l'Inde aux richesses de sa culture. Le P. Amalorpavadass, fondateur du Biblical, liturgical, catechical Institute de Bangalore, en 1966, reconnaît : "C'est lui /Monchanin/ qui, malgré son échec apparent a donné un choc à la conscience catholique de l'Inde, par sa mise en question des méthodes traditionnelles et de l'autosatisfaction de l'Église en Inde, fermée sur elle-même, vivant un tragique malentendu avec l'Inde ."

 Theologia : L'expérience de ces deux hommes a t-elle exercé une influence sur votre propre vie spirituelle ?

Françoise Jacquin :  Cheminer dans l'intimité de ces grands défricheurs est, pour moi, une grâce sans cesse renouvelée. Ils restent des "déchiffreur" dans le maquis de l'interreligieux que je côtoie. Ils ont héroïquement - au plus près de la vie des pauvres - mis en accord leurs paroles et leurs actes. Ils sont restés fidèles à une vocation d'exception, malgré bien des raisons de découragement ou d'abandon. Au contact d'hommes et de femmes qui ne partageaient pas leur foi, ils l'ont approfondie, épurée dans le recueillement la contemplation et le ressourcement liturgique.
Ma route est jalonnée de quelques unes de leurs confidences qui sont comme ma boussole :

De Monchanin : 

- "La valeur d'une vie c'est son poids d'adoration"
-
"Le Nouveau Testament énonce les deux mystères les plus impénétrables à la pensée humaine, celui de l'intimité de l’Être divin, la Trinité, et celui du don de Lui-même par l'Incarnation rédemptrice du Verbe et l'envoi de l'Esprit. Cet énoncé ferme et tranquille n'implique pas de tentative d'élucidation philosophique."


- "Au moment où l'Espérance semble s'anéantir, le désespoir vous saisit. On s'interroge. Alors s'étendre sur la Croix. il faut revivre ce mystère de mort, même si de ce côté de la vie on ne devait pas apercevoir l'autre côté. Il faut garder une espérance eschatologique, communier à l'extension de l’Église, même quand tout parait manquer."


- "Dans le Christ, tous sont présents, comme des appels, des croissances, des signes vrais - tout est sacrement - des médiations à travers tous, des inchoations - promesses et possession: une circumincession en douloureux enfantement."

De Le Saux:



- - "Non plus agir mais être."

- "On se complait à dire qu'on a donné ou même qu'on se donne pour éviter de regarder en face le fait bouleversant qu'on est seulement reçu
."


- "Le vrai ne peut-être l'objet ni de possession, ni d'utilisation."



- ""Si on ne se donne pas la peine au moins d'ouvrir les volets, comment espérer que même le soleil de midi pénètre dans la pièce."


J'aime la simplicité de ces conseils qui m'apprennent au quotidien la sagesse des mystiques tout me confirmant dans ma responsabilité de chrétienne
Note :
(1) Duperray et J. Gadille avaient regroupé divers écrits de Monchanin : Théologie et spiritualité missionnaires (Beauchesne, 1985). Dès le lendemain du décès de son ami, Duperray avit fait paraître un ouvrage de témoignages sous le titre : L'Abbé Jules Monchanin (Casterman, 1959), puis une sélection de ses Écrits spirituels. (Centurion, 1964).  
 
 Françoise Jacquin
- Françoise Jacquin a écrit et présenté plusieurs livres sur  Monchanin et Le Saux :
- Lettres à sa mère. 1913-1957. Présentation F. Jacquin. Paris, Le Cerf, 1989.
- Lettres au Père Le Saux 1947-1957 de J.Monchanin. Présentation F. Jacquin. Paris, Cerf, 1995.
- Jules Monchanin prêtre. Jacquin Françoise. Paris, Le Cerf, 1996.
- Lettres d'un Sannyasi chrétien à Joseph Lemarié. Présentation de J. Lemarié et F. Jacquin. Paris, Le Cerf, 1999.
- Une amitié sacerdotale : Jules Monchanin-Edouard Duperray (1919-1990). Correspondance présentée par Françoise Jacquin. Lessius 2003.
Propos recueillis par Dennis Gira © theologia.fr
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Message par azais Ven 26 Aoû 2016 - 14:34

Merci pour ce post @vévette

Si je puis me permettre , en voici ce qui n'a trait qu'au seul auteur des écrits ci dessus le pere de Saux : il n'y a pas d'autre son de cloche .... au contraire , ne serait ce que par l'aveu que rapporte Fr Jacquin :
"j'étais venu pour te faire connaitre à mes frères hindous et c'est toi /Arunachala/ qui t'es fait connaitre ici par leur entremise".
La video n°6  donne les écrits de son journal Son "Journal" (La montée au fond du coeur, 1986) qui ne contredit en rien mais complète parfaitement le panégyrique de Françoise Jacquin à son propos : il est bien  rentré tout à fait dans cette in-fusion dans l'hindouisme

Quelques  termes méritent explication ( tout le monde n'est pas familier des ashrams):
il est considéré comme un advaitin (1):
cela recoupe ses propos de la video n°6 où Abhishiktananda (alias p. H de Saux) expose clairement qu'il est bien entré dans l'éveil du Soi  ... et plus loin sa quête du Graal  (voir le transcrit de la video n°6  signée P H de Saux ,juste ci-dessus )

[/b]
vévette a écrit:Bonsoir,  J'ai un "autre son de cloche" concernant Henri Le Saux, dont j'ai lu quelques écrits:   À la rencontre de Jules Monchanin et Henri Le Saux

Françoise Jacquin : Henri Le Saux appelé du nom sanscrit de sa consécration de 1950,  Abhishiktananda (l'Oint du Seigneur)...Ses retraites dans les grottes]b] de la montagne sacrée ( de SHIVA) d' Arunachala, son séjour auprès d'un sage vénéré, Gnanananda, l'ont indianisé .. (..) et  tient (nous sommes en 1950) à rester fidèle à son engagement sacerdotal et ne veut surtout pas couper les ponts avec l'Eglise..[/b]

Et tout en prenant l'état d'ermite itinérant sillonnant le pays du Nord au Sud, il garde le Shantivanam (son Ashram, lieu de quête spirituelle) ;   en 1961, à la 3e Assemblée "Œcuménique" de Bombay (avec un couple de pasteurs anglicans, les Murray Rogers) sa vocation particulière est "publiquement" reconnue.

A partir de 1968, date où il remet le Shantivanam à Bede Griffiths , il mène une vie de plus en plus dépouillée...  non loin des sources du Gange, s'adonnant à la méditation
... L'idéal de ses premières années d'Inde (où sous la direction du maitre (swami) Monchanin il se rêvait guru à son tour), finit par se réaliser avec l'arrivée, en 1970, d'un véritable disciple, Marc Chaduc (2)

Il mourut d'épuisement après un infarctus en décembre 1973 dans une clinique à Indore  (2).

Venu d'un horizon bien différent (de Monchanin) , Le Saux connut un véritable retournement. Son "Journal" (La montée au fond du coeur, 1986) livre au quotidien les étapes de sa "nouvelle naissance" : "j'étais venu pour te faire connaitre à mes frères hindous et c'est toi /Arunachala/ qui t'es fait connaitre ici par leur entremise". ....  il comprit  qu'il se devait d'"intégrer dans sa foi ce qu'il y a de plus profond et de permanent dans la recherche de perfection de ce continent spirituel". .... Travaillant l'au-delà du signe, il plongea au plus profond du dedans, dans la "grotte du cœur" , vers le chemin de l'éveil.

(1) Enseignement principal de l'Advaita : qu'elle soit dans l'état de veille ou de rêve, la pensée se meut dans l'illusion. ]b]L'ignorance dissimule la vérité qu'il n'est pas de devenir et que l'individu n'existe pas, si ce n'est comme figuration temporaire de notre Soi véritable [Atman][/b]ou "je" véritable. (...) le Soi  est  une pure conscience qui englobe tout,  au-delà de la connaissance, éternellement présent et toujours expérimenté, de nature non-ruelle (un sans second) On n'est conscient de ce qu'est le Soi vraiment que lorsque les tendances restrictives du mental ont cessé.  Le mot "Advaita" fait essentiellement référence à l'identité du Soi et de la Réalité, le substrat absolu de tout ce qui existe..
En somme le Soi  et le Tout confondu sans intermédiaire

(2) ceci est un  raccourci de sa fin. Dans un livre traitant des vie on lit qu'il rata son bus qu'il devait prendre et où il avait laissé ses bagages remplis, alors qu'il prenait un bon repas au restaurant (avec viande de sanglier). Il courut après le bus sans pouvoir le rattraper , ne voulant pas perdre ses "affaires" que le bus emportait sans lui ... jusqu'a l'infarctus . On le transporta à Indore mais sans pouvoir le rendre à la vie
Quant à son disciple Marc Chaduc la video n°6 relate ce que le pére de Saux en livre : cette video livre vie l'esprit et la foi de ces 3 dernières années

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saux - L'éveil de Henri Le Saux - documentaire Empty Re: L'éveil de Henri Le Saux - documentaire

Message par Isabelle-Marie Dim 28 Aoû 2016 - 22:46

vévette a écrit:
A l'école de son aîné, il comprit qu'il ne pouvait se contenter de "l'adaptation aux traditions hindoues du monachisme bénédictin, ni de l'adoption factice de quel qu'usage" mais qu'il se devait d'"intégrer dans sa foi ce qu'il y a de plus profond et de permanent dans la recherche de perfection de ce continent spirituel".

Ces figures de l'inculturation sont fascinantes, peut-être faut-il y voir une forme extrême et insolite de charité, qu'en pensez-vous ?
Dans ce texte par exemple, Henri le Saux étudie le lien entre enfance et éveil, ce qui rapproche évidemment cet enseignement des Upanishads, des propos du Christ qu'il cite à la fin : "Si vous ne devenez pas comme ces tout-petits, jamais vous n'entrerez dans le Royaume."


Dieu c'est l'enfant


Je m'intéresse depuis longtemps au lien entre enfance et éveil. Douglas Harding m'avait déjà fait remarquer que l'enfant, assez spontanément, voit sa vraie nature et il a donné d'ailleurs de nombreux témoignages dans ses livres de petits enfants décrivant  avec de nombreux détails une expérience de non-dualité.

Dans le texte suivant, c'est Henri Le Saux qui évoque le lien entre enfance et advaita vedanta.


Abhi

"Dans le pays tamoul Dieu c'est l'enfant


Enfance spirituelle et oupanichad

II est courant dans la tradition indienne de comparer, l'état du parfait à celui de l'enfant; dans le pays tamoul, on dit, de façon encore plus énergique : Dieu, c'est l'enfant. Il vaudrait certainement la peine qu'un dévot indien de sainte Thérèse de Lisieux fasse l'inventaire des textes qui se rapportent à l'enfance spirituelle.

Ici je me contenterai de présenter un texte de la Brihad-aranyaka-Upanishad (3, 5) qui m'a souvent frappé au cours de mes lectures. La traduction que j'en donnerai est sans doute un peu lâche, mais je suis convaincu qu'elle ne sera pas infidèle à la pensée de l'auteur et même qu'elle transmettra de façon plus claire au lecteur ordinaire l'essentiel de l'enseignement du texte sacré.

« Au cours d'une discussion sur le brahman (le Principe ultime, l'Absolu, à la fois immanent et transcendant à tout ce qui est), le prêtre Kahola demande au rishi Yâjnavâlkya :
— Yâjnavâlkya, pourriez-vous m'expliquer très exactement ce que c'est que ce brahman qui nous est immédiatement pré­sent, qui ne peut échapper à notre conscience (litt. : à nos yeux), cet àtman (cet « esprit », cette « âme », ce « soi ») qui est l'âme même de tout ce qui existe ?
— C'est votre âtman à vous-même, qui est en tout ce qui est.
— Quelle sorte d'âtman, précisément, qui est en tout ce qui est ? »

Yâjnavâlkya ne répond point alors par une définition. Le mystère dernier n'entre point dans nos définitions. Le maître ne peut jamais que diriger le regard du disciple sur ce qu'il veut lui faire voir. C'est le disciple lui-même, de ses propres yeux, qui doit découvrir ce que le maître peut au mieux lui indiquer. Et d'ailleurs, de telles questions au sujet de l'âtman et du brahman, n'est-ce pas équivalemment demander en plein midi quelle est cette lumière qui remplit tout et rend tout visible ?
En maître expérimenté, Yâjnavâlkya cherche donc simple­ment à ouvrir au-dedans les yeux de Kahola.

« Ce qui (en vous, en tout) est au-delà de la faim et de la soif, de la souffrance, du vieillissement et de la mort — cela, Kahola, ce« soi », quand le sage l'a reconnu, alors il ne sent plus aucun désir, ni pour descendance, ni pour richesse, ni pour quelque monde que ce soit (ici-bas ou au-delà), car tout cela ce n'est que du désir. Que le sage renonce donc au savoir et devienne comme un enfant. Puis qu'il abandonne l'enfance aussi bien que le savoir et devienne un mouni ! Finalement, indifférent autant à être mouni qu'à ne l'être pas, il deviendra un brahman (un authentique connaisseur du brahman).
— Yâjnavâlkya, comment donc deviendra-t-il brahman ?
— Mais simplement en le devenant, Kahola ! »

Dans le commentaire sur les Brahman-sutras (3, 4, 50), Shankara se demande ce qu'il faut entendre par cet état d'en­fance. Est-ce l'insouciance de l'enfant qui suit librement et aveuglément ses instincts et impressions ? Non, répond-il : ce qui caractérise l'enfance (spirituelle), c'est l'absence de malice et de vanité. L'enfant n'a aucune idée de jouer son personnage et faire montre de son valoir et de sa valeur - juste l'opposé de ce que l'oupanichad appelle pàndityam, la satisfaction de savoir et l'étalage de ce savoir. L'enfant, lui, est soi-même tout simple­ment, sans regard ni retour sur ce qu'il est ni sur la façon dont il l'est.

L'ascèse védantine peut se définir comme un retour aux origines, à cet état inné en nous qui n'atteint pas le processus du devenir et que ne peuvent toucher les changements que les conditions successives de l'existence provoquent en notre corps et notre pensée. Retour aux origines ? Plus exactement encore, découverte de ce qui est en nous au-delà de toute origine vécue, pensée ou sentie. Même quand l'adulte a reconnu ce mystère le plus intérieur de son être, ne cherche-t-il pas constam­ment à le formuler, à l'atteindre, alors que cela lui est réellement aussi immédiatement présent que la lumière à ses yeux et l'air à ses poumons ?

C'est sans doute cette totale transparence à soi-même de l'enfant au-delà de toute réflexion, qui frappe davantage la pensée indienne quand elle réfléchit sur l'état (plus que la voie) d'enfance spirituelle - du moins au niveau de la voie de sagesse ou Jnàna; car la tradition du bhakti (dévotion amoureuse) sera certainement sensible à l'attitude de confiance et d'abandon à l'amour paternel qui a été mis si fortement en valeur par la sainte de Lisieux.

Cependant l'oupanichad aime l'analyse, le paradoxe, les progrès indéfinis - car ne faut-il pas constamment arracher l'homme à tout ce en quoi il tend inéluctablement à s'arrêter, à se complaire, au cours du chemin ? Le plus haut et le plus sublime étant encore un obstacle sur la voie qui mène à ce qui est au-delà de toute mesure.

On penserait en fait que tout a été dit, une fois proposé l'idéal de l'enfant; mais non, il faut renoncer tout autant à être enfant qu'à être savant et devenir un mouni (ou bien : un silencieux, ou bien : celui qui est mené par l'inspiration intérieure), puis il faut abandonner tout intérêt à être ou n'être pas silen­cieux ou inspiré. Alors seulement on devient un vrai sage, celui qui connaît par expérience intime le mystère même du brahman et n'est plus en tout son être que le pur rayonnement de cet unique brahman.

Quelques commentateurs, dont Shankara lui-même dans un autre traité, ne peuvent accepter que l'oupanichad propose un état supérieur à celui d'enfance, et, pour ce, font violence au texte et cherchent à lire balya (a bref) « force » au lieu de bàlya, « enfance ». Cela à nouveau nous prouve l'importance de la tradition indienne sur la valeur suprême de l'état d'enfance dans la vie spirituelle.
Une explication fort simple d'ailleurs peut être donnée de l'antinomie. L'enfant, lui, est inconscient de son insouciance et de sa liberté, il ne pense pas qu'il agit en enfant. Mais l'adulte qui redevient enfant arrive mal à oublier qu'il est redevenu enfant; et, dans la formulation même de son état d'enfance, il redevient adulte : il en est de même de celui qui est en silence. Quand il devient conscient qu'il a atteint ce silence du dedans, il a déjà rompu ce silence et il n'est plus mouni. Au niveau de l'ultime expérience, de l'enfance parfaite et du total silence, tout s'est comme évaporé de ce qui pouvait être dit, de la sagesse, de l'enfance et du silence, il n'y a plus que le brahman, seul et sans second. Le cristal qui reflète la lumière est tellement un avec cette lumière qu'il ne sait plus rien ni de soi ni de cette lumière...

Il n'y a pas de mot pour dire ce mystère; il n'y a pas d'acte pour y atteindre. Cela est, tout simplement, comme l'enfant est, et est soi-même, sans y penser.

« Si vous ne devenez pas comme ces tout-petits, jamais vous n'entrerez au Royaume ! »

Henri Le Saux, Les Yeux de Lumière.


(Extrait du blog de José Le Roy)
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Message par azais Lun 29 Aoû 2016 - 17:12

@Isabelle-Marie    dans les ashrams des Hauts-Himalayas, l’approfondissement de la philosophie religieuse hindouiste (et bouddhiste) conduisent automatiquement à l’expérience de l’anéantissement du « je » personnel dans un Soi impersonnel qui suscite en lui des questions fondamentales : que signifie un bonheur qui se vit seul et qui ne s’ouvre pas sur l’Autre ? Que reste-t-il de l’amour lorsque l’amant et l’aimé se sont confondus dans une vacuité sans visage et sans nom ? 


Cette voie peut elle être qualifiée de "voie insolite de charité" , quand la charité est être pleinement soi même  tourné vers l'autre ( et non pas anéanti dans la non dualité )? 

Quant à la charité chrétienne elle n'est telle que parce que elle est donnée et reçue de Dieu  qui seul est la Charité parfaite . Notre charité se revoit de lui dans l'humilité de celui qui croit que Dieu est source de cette charité . Des lors il se découvre enfant de Dieu 

Quant à dire que Dieu c'est l'enfant , cela ressemble à un retournement  de sens : non ! Dieu est Dieu ! 
 Et nous , nous sommes Ses Enfants:
 c'est Lui qui nous crée  et c'est de Lui que nous recevons d'être ... unique à Ses Yeux  et capables de l'aimer sans disparaitre , au contraire:  en devenant ce pourquoi Il nous a créé : instruments , passages de Son Amour , de Sa vie , de Ses consolations sur la terre comme au ciel .

Et désireux de l'être , alors que l'anéantissement dans le Soi est la mort de tout désir ( supposé être source de nos souffrances)  cet anéantissement est une voie pour échapper à cette souffrance que nous refusons . 
La Révélation de Jésus nous montre que Sa souffrance et la notre ( en union avec la sienne si nous croyons en Jésus et  à l'Evangile) sont sources de rédemption, de vie et de résurrection en Lui  Par Lui et avec Lui , et avec toute la création ... 

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Message par azais Mer 31 Aoû 2016 - 18:05

Isabelle-Marie a écrit:
Ces figures de l'inculturation sont fascinantes, peut-être faut-il y voir une forme extrême et insolite de charité, qu'en pensez-vous ?
Dans ce texte par exemple, Henri le Saux étudie le lien entre enfance et éveil, ce qui rapproche évidemment cet enseignement des Upanishads, des propos du Christ qu'il cite à la fin : "Si vous ne devenez pas comme ces tout-petits, jamais vous n'entrerez dans le Royaume."

Dieu c'est l'enfant

(Dans le texte suivant, c'est Henri Le Saux qui évoque le lien entre enfance et advaita vedanta.)
Abri    "Dans le pays tamoul Dieu c'est l'enfant  ( Enfance spirituelle et Upanishad) 
II est courant dans la tradition indienne de comparer, l'état du parfait à celui de l'enfant;
dans le pays tamoul, on dit, de façon encore plus énergique : Dieu, c'est l'enfant 


Ici je me contenterai de présenter un texte de la Brihad-aranyaka-Upanishad (3, 5) qui m'a souvent frappé :
« Au cours d'une discussion sur le brahman (le Principe ultime, l'Absolu, à la fois immanent et transcendant à tout ce qui est), le prêtre Kahola demande au rishi Yâjnavâlkya :
— Yâjnavâlkya, pourriez-vous m'expliquer très exactement ce que c'est que ce brahman qui nous est immédiatement pré­sent, qui ne peut échapper à notre conscience (litt. : à nos yeux), cet àtman (cet « esprit », cette « âme », ce « soi ») qui est l'âme même de tout ce qui existe ?
Yâjnavâlkya ne répond point alors par une définition. Le mystère dernier n'entre point dans nos définitions.... de telles questions au sujet de l'âtman et du brahman, n'est-ce pas équivalemment demander en plein midi quelle est cette lumière qui remplit tout et rend tout visible ? En maître expérimenté, Yâjnavâlkya cherche donc simple­ment à ouvrir au-dedans les yeux de Kahola.
--« Ce qui (en vous, en tout) est au-delà de la faim et de la soif, de la souffrance, du vieillissement et de la mort,  cela, Kahola, ce« soi », quand le sage l'a reconnu, alors il ne sent plus aucun désir, ni pour descendance, ni pour richesse, ni pour quelque monde que ce soit (ici-bas ou au-delà), car tout cela ce n'est que du désir. Que le sage renonce donc au savoir et devienne comme un enfant. Puis qu'il abandonne l'enfance aussi bien que le savoir et devienne un mouni ! Finalement, indifférent autant à être mouni qu'à ne l'être pas, il deviendra un brahman (un authentique connaisseur du brahman).

(...) tout a été dit, une fois proposé l'idéal de l'enfant ? mais non, il faut renoncer tout autant à être enfant qu'à être savant et devenir un mouni (ou bien: un silencieux, ou bien : inspiré ), puis il faut abandonner tout intérêt à être ou n'être pas mouni. Alors seulement on devient un vrai sage, celui qui connaît par expérience intime le mystère même du brahman et n'est plus en tout son être que le pur rayonnement de cet unique brahman.

Quelques commentateurs, dont Shankara lui-même dans un autre traité, ne peuvent accepter que l'oupanichad propose un état supérieur à celui d'enfance, et, pour ce, font violence au texte et cherchent à lire balya (a bref) « force » au lieu de bàlya, « enfance ». Cela à nouveau nous prouve l'importance de la tradition indienne sur la valeur suprême de l'état d'enfance dans la vie spirituelle.

Henri Le Saux, Les Yeux de Lumière.


(Extrait du blog de José Le Roy)
     
 voyez vous @Isabelle-Marie  cette proposition Dieu est l'enfant  est typique de la vision hindoue inversée de Dieu .... Ainsi trouve t on dans catholique.net sur l'hindouisme 
http://catholiquedu.free.fr/cultes/hindouisme/Hindouisme.htm#M

un travail du Pere Patrick de Vergeron , avec le passage suivant 

 L’apparition du culte de Krishna manifeste la facilité étonnante avec laquelle les prêtres (les brahmanes) peuvent inventer de nouveaux dieux pour les fidèles.


Le Swami SIDDHESWARANANDA avoue : « Si aux yeux de l’histoire, il n’y a pas eu de Krishna, ceci n’a nullement empêché les adorateurs d’avoir  des visions, non seulement de Krishna  mais encore des marques évidentes de sa présence objective en divers lieux… à force de croire et se tourner en direction de cette nouveauté proposée par les brahmanes
,  C’est par un mythe de ce genre, qu’une réalité spirituelle vit, et ce processus… personne ne peut l’entraver »…


Autrement dit, face à un besoin, les brahmanes créent un mythe qui deviendra réalité spirituelle. 

Les hommes créent Dieu et non pas Dieu est Père des hommes : les dieux sont leur enfant


Aucune religion comme celle de l’Inde n’ose avouer aussi ouvertement que c’est « l’homme qui crée Dieu» … et non Dieu qui a créé l’homme.

 « La Création de Dieu » n’est qu’une illusion ! ! !  Maya : rien d'autre !


En bref  Dieu est un enfant du brahmane, voila ce qu'il faut retenir quand vous lisez ce passage du pere Henri de Saux : il le sait bien mais il n'a pas osé l'avouer ouvertement 

 Quant au passage en violet cela montre que le mouvement hindoue implique comme fin : l'anéantissement de tout désir ; or la foi chrétienne est portée par le désir de servir , d'aimer , de connaitre , de communier, d'être auprès et avec DIEU

Lorsque nous disons que Dieu est Conception, c'est tout autre chose: Dieu est Origine éternelle de Dieu: Principe (Père) du Dieu Vivant (Verbe=Conception)

Et nous, Image et Ressemblance de Dieu, Il nous conçoit... Nous rapprocher de Lui comme Père c'est devenir de plus en plus comme surgissant de Sa main Paternelle comme au premier Jour de notre conception

Faire MEMOIRE de notre conception, et le Père nous met aux Portes de Son Fils


L'Hindouisme est à l'extrême opposé : devenez rien, enfant, dieu, qui se laisse inventer comme nouveau dieu ... jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien de réel de Dieu
L'Atmân doit se résoudre en Anatman !   Voilà le résumé de cette spiritualité sans Adoration et sans Grâce rédemptrice

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Message par Père Nathan Jeu 1 Sep 2016 - 10:58

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Message par Isabelle-Marie Ven 2 Sep 2016 - 9:07

Merci, Azaïs, vous faites bien ressortir la différence, fondamentale en effet ; le sens du parcours du Père Henri de Saux n'en est que plus étrange, à mes yeux.
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Message par azais Ven 2 Sep 2016 - 12:00

Isabelle-Marie a écrit:Merci, Azaïs, vous faites bien ressortir la différence, fondamentale en effet ; le sens du parcours du Père Henri de Saux n'en est que plus étrange, à mes yeux.




 ou :

étranger à sa vocation chrétienne d'enfant de Dieu et Ministre de Son Verbe Eternel  qui est de Se trouver en Lui plutôt que de  se perdre dans l'Illusion  d'un Soi ...anéanti .

Le Menteur ne veut il pas notre perte , et Dieu notre adoption divine ?

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