Les anges gardiens du pèlerinage de Chartres

EXCLUSIF MAG - Famille chretienne

Ils encadrent les « Anges gardiens », un chapitre de non-marcheurs du pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté, vers Chartres.



Ils seront là, bien présents sur la route de Chartres durant le week-end de la Pentecôte. Mais on ne les verra pas. Mille six cents pèlerins selon les organisateurs, zéro, affirmerait la police dont on ne pourrait guère, cette fois, blâmer la mauvaise foi. Et pour cause.

Le chapitre des « Anges gardiens » dont s’occupent Yves et Brigitte Guigueno est une troupe aussi nombreuse que discrète de pèlerins qui, à défaut de pouvoir accomplir physiquement les cent kilomètres séparant Paris de la cathédrale de Chartres, les effectuent spirituellement, constituant ainsi l’escorte invisible de la longue colonne des marcheurs. Une idée qui repose sur la communion des saints. « Nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même » et « le moindre de nos actes fait dans la charité retentit au profit de tous », explique Yves, citant saint Paul (Rm 14, 7) et le Catéchisme de l’Église catholique (§ 953).

Avec sa femme Brigitte, rencontrée il y a cinq ans sur la route de Saint-Jacques, il a crapahuté sur les sentiers des plus grands pèlerinages européens. « C’est un moyen d’allier le temporel et le spirituel, et d’expérimenter la Providence. Dans la vie courante, on prévoit tout, en pèlerinage, on ne prévoit rien, on se laisse guider. Le matin, nous ne savons pas où nous allons dormir et le soir, des gens nous invitent chez eux », constate Brigitte. Marcheurs addicts… Sans doute est-ce pour cette raison qu’ils ont souhaité apporter leur aide à tous ceux qui sont privés de cette belle aventure.

Qui sont-ils ? Un cortège varié composé de personnes âgées, malades, handicapées, ou retenues par des obligations professionnelles, des parents de jeunes enfants, des familles expatriées, des militaires en opérations extérieures, des membres de communautés religieuses et même des détenus ! Plus de la moitié sont des religieux et religieuses issus d’une cinquantaine de communautés implantées en France, Allemagne, Vietnam, Syrie, et aux États-Unis. Et « en union de prière dans la forme (ordinaire ou extraordinaire) du rite qui leur convient », précise Brigitte.

Pour matérialiser leur participation, ces Anges gardiens s’engagent à prier pour les marcheurs auxquels ils confient, en échange, leurs intentions de prière. Celles-ci sont lues sur la route du pèlerinage puis déposées aux pieds de Notre-Dame-du-Pilier, à Chartres. Pèlerins visibles et invisibles sont également liés par la récitation quotidienne du chapelet et d’une prière commune. Unis par un « lien mystérieux mais réel », pour reprendre la formule de Benoît XVI. Certains choisiront d’ajouter une messe, une confession, une pénitence… De se joindre seul ou en groupe à cette aventure spirituelle.

« L’an dernier, une famille expatriée au Gabon a pérégriné bannières au vent en union avec nous », raconte Yves. Et cette année, les vingt-deux paroisses traversées par le pèlerinage ont été invitées à rejoindre cette communion des saints porteuse de nombreuses grâces. « Vous nous donnez là une belle occasion de déployer nettement la dimension missionnaire (quoique cachée) de notre vie contemplative », confiait une bénédictine « invisible ». La preuve qu’on peut briller par son absence. 

Élisabeth Caillemer

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