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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:50

I. – Avant, M.F., de vous faire comprendre le besoin que nous avons de cette belle vertu, qui nous est aussi nécessaire que le baptême après le péché originel ; aussi nécessaire, dis-je, que le sacrement de la pénitence après le péché mortel, il faut vous dire en quoi consiste cette aimable vertu, qui donne un si grand mérite à toutes nos bonnes actions, et orne si richement toutes nos bon-nes œuvres. Saint Bernard, ce grand saint qui l'a pratiquée d'une manière si extraordinaire, qui a quitté biens, plaisirs, parents et amis, pour aller passer sa vie dans les forêts, parmi les bêtes sau-vages, pour y pleurer ses péchés, nous dit que l'humilité est une vertu par laquelle nous nous connaissons nous-mêmes ; ce qui nous porte à n'avoir que du mépris pour nous-mêmes, et à ne prendre nullement plaisir à nous voir louer .
Je dis 1? que cette vertu nous est absolument nécessaire si nous voulons que nos actions soient récompensées au ciel ; puis-que Jésus-Christ nous dit lui-même que nous ne pouvons pas plus nous sauver sans l'humilité que sans le baptême. Saint Augustin nous dit : « Si vous me demandez quelle est la première vertu d'un chrétien, je vous répondrai que c'est l'humilité ; si vous me de-mandez quelle est la deuxième, je vous dirai que c'est l'humilité ; si vous redemandez quelle est la troisième, je vous dirai encore que c'est l'humilité ; et autant de fois que vous me ferez cette de-mande, je vous ferai la même réponse . »
Si l'orgueil engendre tous les péchés , nous pouvons de même dire que l'humilité engendre toutes les vertus . Avec l'hu-milité, vous aurez tout ce qu'il vous faut pour plaire à Dieu, sau-ver votre âme ; et, sans l'humilité, avec toutes les autres vertus, vous n'avez rien. Nous lisons dans le saint Évangile que quelques mères présentaient leurs enfants à Jésus-Christ pour les faire bénir. Les apôtres les faisaient retirer. Notre-Seigneur le trouvant mauvais, il leur dit : « Laissez venir à moi ces petits enfants ; car le royaume du ciel est à eux et à ceux qui leur ressemblent. » Il les embrassait et leur donnait sa sainte bénédiction. Pourquoi tant d'accueil de la part de ce divin Sauveur ? C'est que les enfants sont simples, humbles et sans malice. De même, M.F., si nous voulons être accueillis de Jésus-Christ, il faut que nous soyons simples et humbles, dans tout ce que nous faisons. « Ce fut, nous dit saint Bernard, ce fut cette belle vertu qui fut la cause que le Père éternel regarda la sainte Vierge avec complaisance ; et si, nous dit-il, la virginité attira les regards de Dieu, son humilité fut causé qu'elle conçut le Fils de Dieu. Si la sainte Vierge, est la Reine des vierges, elle est aussi la Reine des humbles . » Sainte Thérèse demandait un jour à Notre-Seigneur, pourquoi autrefois, le Saint-Esprit se communiquait avec tant de facilité aux personnages de l'Ancien Testament, soit aux patriarches, soit aux prophètes, et leur déclarait ses secrets, tandis qu'il ne le faisait plus à présent. Notre-Seigneur lui répondit, que c'était parce qu'ils étaient plus simples et plus humbles, et qu'à présent les hommes ont le cœur double et qu'ils sont remplis d'orgueil et de vanité. Dieu ne se communique pas à eux, il ne les aime pas, comme il aimait ces bons patriarches et ces prophètes, qui étaient simples et humbles. Saint Augustin nous dit : « Si vous vous humiliez profondément, et si vous reconnaissez que vous n'êtes rien, que vous ne méritez rien, le bon Dieu vous donnera des grâces avec abondance ; mais si vous voulez vous élever et vous croire quelque chose, il se retirera de vous, et vous abandonnera dans votre pauvreté. »
Notre-Seigneur, pour nous bien faire comprendre que l'hu-milité est la plus belle et la plus précieuse de toutes les vertus, commence les béatitudes par l'humilité, en disant : « Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux leur appar-tient. » Saint Augustin nous dit que ces pauvres d'esprit, sont ceux qui ont l'Humilité en partage . Le prophète Isaïe dit à Dieu : « Seigneur, sur qui votre Esprit-Saint descend-il ? Est-ce sur ceux qui ont grande réputation dans le monde et sur les orgueilleux ? – Non, dit le Seigneur, mais sur celui qui a le cœur humble . »

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:50

Non seulement cette vertu nous rend agréables à Dieu, mais encore aux hommes. Tout le monde aime une personne qui est humble ; l'on se plaît dans sa compagnie. D'où vient qu'ordinai-rement les enfants sont aimés, sinon parce qu'ils sont simples et qu'ils sont humbles ? Une personne qui est humble cède à tout, ne contrarie jamais personne, ne fâche personne, se contente de tout ; elle cherche toujours à se cacher aux yeux du monde. Nous en avons un bel exemple dans la personne de saint Hilarion. Saint Jérôme rapporte que ce grand saint était recherché des empereurs, des rois et des princes, de la foule du peuple attiré dans son désert par l'odeur de sa sainteté et par l'éclat et le bruit de ses miracles ; mais que lui, au contraire, fuyait le monde autant qu'il le pouvait. Il changeait souvent de cellule, afin de vivre caché et inconnu ; il pleurait sans cessé à la vue de cette multitude de religieux et du monde qui venaient à lui pour être guéris de leurs maux. Regret-tant son ancienne solitude : « Je suis, disait-il en pleurant, je suis retourné dans le monde, je recevrai ma récompense dans cette vie, puisqu'on me regarde comme une personne de quelque considéra-tion. » – « Et rien, nous dit saint Jérôme, de plus admirable que de le voir si humble parmi tant d'honneurs qu'on lui rendait. Le bruit s'étant répandu, qu'il allait se retirer dans le fond du désert et qu'on ne pourrait plus le voir, l'on mit vingt mille hommes pour le garder ; mais le saint leur dit qu'il ne prendrait pas de nourriture avant qu'on le laissât libre. On le garda pendant sept jours ; voyant qu'il ne mangeait rien…. Il s'enfuit dans le désert le plus reculé, où il se livra à tout ce que son amour pour Dieu put lui inspirer. Ce fut seulement là qu'il crut commencer à servir le bon Dieu . » Dites-moi, M.F., est-ce là une humilité, un mépris de soi-même ? Hélas ! que ces vertus sont rares ! mais aussi que les saints sont rares ! Autant on a de haine pour un orgueilleux, au-tant on aime une personne humble, parce qu'elle prend toujours la dernière place, elle respecte tout le monde et les estime tous ; c'est ce qui fait qu'on aime tant la compagnie de ces personnes qui ont de si belles qualités.
2? Je dis que l'humilité est le fondement de toutes les autres vertus . Celui qui désire servir le bon Dieu et sauver son âme, doit commencer à pratiquer cette vertu dans toute son étendue. Sans quoi, notre dévotion sera semblable à quelques bûches de paille que vous aurez plantées, et qui, au premier coup de vent, seront renversées. Oui, M.F., le démon craint fort peu ces dévotions qui n'ont pas l'humilité pour fondement, parce qu'il sait bien qu'il les renversera quand il voudra. Ce qui arriva à ce solitaire qui alla jusqu'à marcher sur des charbons ardents sans se brûler ; mais qui, manquant d'humilité, tomba quelque temps après dans les excès les plus déplorables . Si vous n'avez pas l'humilité, dites que vous n'avez rien, qu'à la première tentation vous serez renversé. Il est rapporté dans la vie de saint Antoine , que le bon Dieu lui fit voir le monde tout rempli de lacets que le démon avait tendus pour faire tomber les hommes dans le péché. Il en fut si surpris, que son corps tremblait comme la feuille des forêts, et s'adressant à Dieu : « Hélas ! Seigneur, qui pourra éviter tant de pièges ? » Il entendit une voix qui lui dit : « Antoine, celui qui sera humble ; parce que Dieu donne sa grâce aux humbles pour résister aux tentations ; au lieu qu'il permet que le démon se joue des orgueilleux, qui, dès qu'ils seront dans l'occasion, tombe-ront dans le péché. Au contraire, il n'ose pas attaquer les personnes qui sont humbles. » Quand saint Antoine était tombé, il ne faisait que s'humilier profondément devant le bon Dieu, en disant : « Hélas, Seigneur, vous savez que je ne suis qu'un misérable pécheur ! » De suite, le démon prenait la fuite.
Lorsque nous sommes tentés, M.F., tenons-nous cachés sous le voile de l'humilité, et nous verrons que le démon aura peu de force sur nous. Nous lisons dans la Vie de saint Macaire, qu'allant un jour dans sa cellule chargé de feuilles de palmier, le démon vint au-devant de lui avec une fureur épouvantable, voulant le frapper, et ne le pouvant, vu que le bon Dieu ne lui en avait pas donné le pouvoir, il s'écria : « O Macaire ! que tu me fais souf-frir ; je n'ai pas la force de te maltraiter, quoique j'accomplisse plus parfaitement que toi tout ce que tu fais : car tu jeûnes quel-quefois, mais, pour moi, je ne mange jamais ; tu veilles quelque-fois, mais, pour moi, je ne dors jamais. Il n'y a qu'une chose, en laquelle j'avoue que tu me surmontes. » Saint Macaire lui deman-da en quoi c'était. – « C'est en ton humilité. » Le saint se jeta la face contre terre, demanda au bon Dieu de ne pas succomber à la tentation, et, de suite, le démon prit, la fuite . Oh ! M.F., que cette vertu nous rend agréables à Dieu, et qu'elle est puissante pour chasser le démon ! Mais qu'elle est rare ! ce qui est bien facile à comprendre, puisqu'il y a si peu de chrétiens qui résistent au démon lorsqu'ils sont tentés.
Mais, afin que vous ne vous trompiez pas et que vous connaissiez que vous ne l'avez jamais eue, entrons dans un détail bien simple. Non, M.F., ce ne sont pas toutes les paroles et toutes les belles manifestations de mépris de soi, qui nous prouvent que nous l'avons. Avant de commencer, je vais vous citer un exemple, qui vous prouvera que les paroles signifient peu de chose. Nous trouvons dans la Vie des Pères , qu'un solitaire étant venu voir saint Sérapion, ne voulait pas prier avec lui, parce que, disait-il, j'ai tant commis de péchés que j'en suis indigne ; je n'ose même respirer là où vous êtes. Se tenant assis à terre, il n'osait pas même s'asseoir sur le même siège que saint Sérapion. Saint Sérapion voulant lui laver les pieds selon la coutume, il lui résista encore davantage. Voilà une humilité qui, selon nous, a toute l'apparence d'être bien sincère, et vous allez voir à quoi aboutit cette humilité. Saint Sérapion se contenta de lui dire, qu'il ferait bien mieux de rester dans sa solitude, que de courir de cellule en cellule en vi-vant en vagabond, et de travailler pour vivre. Alors, le solitaire ne put s'empêcher de montrer que son humilité n'était qu'une fausse vertu ; il se monta contre le saint et le quitta. Sur quoi le saint lui dit : « Eh ! mon fils, vous me disiez tout à l'heure que vous aviez fait tous les crimes imaginables, que vous n'osiez ni prier ni man-ger avec moi, et, pour un simple avertissement, qui n'a rien qui puisse vous offenser, vous vous laissez aller à la colère ! Allez, mon ami, votre vertu et toutes vos bonnes œuvres sont dénuées de la plus belle qualité, qui est l'humilité. »
Nous voyons, par cet exemple, qu'il y a bien peu de vérita-ble humilité. Hélas ! combien en est-il qui, tant qu'on les flatte, qu'on les loue, ou du moins, qu'on parait les estimer, sont tout de feu pour les pratiques de la piété, ils donneraient tout et se dé-pouilleraient de tout ; mais un petit reproche, un air d'indifférence leur jette l'amertume dans le cœur, les tourmente, leur arrache des larmes, leur fait prendre mauvaise humeur, leur fait faire mille ju-gements téméraires, pensant qu'on les traite indignement, qu'on ne le ferait pas à un autre. Hélas ! que cette belle, vertu est rare parmi les chrétiens de nos jours ! que de vertus qui n'ont que l'apparence et qui, au premier coup, sont emportées !

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:50

Mais en quoi consiste l'humilité ? – Le voici : je vous dirai d'abord qu'il y a deux sortes d'humilité, l'une intérieure et l'autre extérieure. L'humilité extérieure consiste, 1? à ne pas se louer d'avoir bien réussi dans quelque ouvrage que nous avons fait, à ne pas le répéter au monde ; à ne pas raconter nos traits de folie, les voyages que nous avons faits, notre adresse et notre habileté, ni ce que l'on nous a dit peut-être à notre avantage ; 2? à cacher le bien que nous pouvons avoir fait, comme sont nos aumônes, nos priè-res ; nos pénitences, les services que nous avons rendus au pro-chain, les grâces intérieures que le bon Dieu nous a faites ; 3? à ne pas prendre plaisir quand on nous loue ; à tâcher de détourner la conversations attribuant à Dieu le bon succès dont on nous loue ; ou à faire connaître que cela nous fait de la peine, et nous en aller, si nous le pouvons ; 4? à ne jamais dire du bien ni du mal de soi-même. Il y en a qui disent souvent du mal d'eux, afin qu'on les loue : ceci est une fausse humilité, qu'on appelle une humilité à crochet. Ne dites rien de vous, contentez-vous de penser que vous êtes un misérable, qu'il faut toute la charité d'un Dieu pour vous souffrir sur la terre ; 5? il ne faut jamais se disputer avec ses égaux ; il faut leur céder dans tout ce qui n'est pas contraire à la conscience ; ne pas toujours croire qu'on a droit ; quand on l'au-rait, il faut vite penser que l'on pourrait bien se tromper, comme cela est. arrivé tant d'autres fois ; et surtout ne jamais s'opiniâtrer à avoir le dernier mot, ce qui montre un esprit très orgueilleux ; 6? il ne faut jamais témoigner de la tristesse lorsqu'on paraît nous mépriser, ni aller s'en plaindre à d'autres ; cela montrerait que nous n'avons point d'humilité, puisque si nous en avions, nous ne trouverions jamais que l'on nous méprise, parce que jamais l'on ne pourra nous traiter comme nous le méritons à cause de nos pé-chés ; au contraire, il faut en remercier le bon Dieu, comme le saint roi David, qui rendait le bien pour le mal , en pensant com-bien il avait lui-même méprisé le Seigneur par ses péchés ; 7? il faut être bien content quand on vous méprise, à l'exemple de Jé-sus-Christ, dont il est dit « qu'il se rassasiait d'opprobres , » et à l'exemple des apôtres, de qui il est dit « qu'ils avaient une grande joie d'être trouvés dignes de souffrir quelque mépris, quelques ignominies pour l'amour de Jésus-Christ ; » ce qui fera tout notre bonheur et notre espérance à la mort ; 8? nous ne devons pas nous excuser de nos fautes, quand nous avons fait quelque chose qui peut nous faire blâmer ; ne pas faire penser que ce n'est pas, soit par des mensonges ou des détours, ou par notre air qui semble dire que ce n'est pas nous. Quand même nous serions accusés à fort, pourvu que la gloire du bon Dieu n'y soit pas intéressée, nous ne devons rien dire. Voyez ce qui arriva à cette jeune fille à qui on avait donné le nom de frère Marin .....Hélas ! qui de nous aurait été mis à des épreuves pareilles à celle-là sans se justifier, le pouvant si facilement ? 9? cette humilité consiste à faire tout ce qu'il y de plus dégoûtant, ce que les autres ne veulent pas faire, et à aimer à être vêtu simplement.
Voilà, M.F., en quoi consiste l'humilité extérieure. Mais en quoi consiste l'intérieure ? Le voici. Elle consiste, 1? à avoir de bas sentiments de soi-même, ne jamais s'applaudir dans son cœur, quand on a fait quelque chose qui a bien réussi, mais se croire in-digne et incapable de faire aucune bonne action, fondé sur les pa-roles de Jésus-Christ même, qui nous dit que, sans lui, nous ne pouvons rien faire de bon ; nous ne pouvons pas même pronon-cer une parole, comme dire le saint nom de Jésus, sans le secours du Saint-Esprit ; 2? être bien aise que les autres connaissent, nos défauts, afin d'avoir l'occasion de nous tenir dans notre néant ; 3? être bien content que les autres nous surpassent en biens, en es-prit, en vertu, ou en tout autres choses ; se soumettre à la volonté, au jugement d'autrui, toutes les fois que ce n'est pas contre la conscience. Oui, M.F., une personne véritablement humble doit être semblable à un mort qui, ni ne se fâche pour les injures qu'on lui fait, ni ne se réjouit pour les louanges qu'on lui donne.
Voilà, M.F., ce que c'est que de posséder l'humilité chré-tienne, qui nous rend si agréables à Dieu et si aimables au pro-chain. Voyez à présent, si vous l'avez ou non. Et, si vous ne l'avez pas, il ne vous reste pour vous sauver qu'à la demander au bon Dieu, jusqu'à ce que vous l'obteniez ; parce que, sans elle, nous n'entrerons pas dans le ciel. Nous lisons dans la vie de saint El-zéar, qu'ayant été en danger de périr sur la mer, avec tous ceux qui étaient dans le vaisseau, le danger étant passé, sainte Del-phine, son épouse, lui demanda s'il n'avait pas eu peur ? Il lui ré-pondit : « Quand je suis en pareil danger, je me recommande à Dieu, et tous ceux qui sont avec moi ; et, je lui dis que s'il y en a qui doivent mourir, ce soit moi, comme étant le plus misérable et le plus indigne de vivre . » Quelle humilité !... Saint Bernard était si pénétré de son néant, que quand il entrait dans une ville, il se mettait à genoux pour prier le bon Dieu de ne pas punir cette ville à cause de ses péchés ; il croyait que partout où il allait, il n'était capable que d'attirer la malédiction dans l'endroit . Quelle humilité, M.F. ! un si grand saint, dont la vie n'était qu'une chaîne de miracles !
Il faut, M.F., que tout ce que nous faisons, soit accompagné de cette belle vertu, si nous voulons que ce soit récompensé dans le ciel . En faisant vos prières, avez-vous cette humilité qui vous fait vous regarder comme des misérables, indignés d'être en la sainte présence de Dieu ? Ah ! si cela était, vous ne vous conten-teriez pas de les faire en vous habillant ou en travaillant. Non, vous ne l'avez pas. Si vous l'aviez, lorsque vous êtes à la sainte Messe, avec quel respect, avec quelle modestie, avec quel trem-blement ne vous y tiendriez-vous pas ? Ah ! non, non, l'on ne vous verrait pas rire, causer, tourner la tête, promener vos regards dans l'église, y dormir, y faire vos prières sans dévotion, sans amour de Dieu. Bien loin de trouver les offices longs, vous ne pourriez plus en sortir, pensant combien il faut que la miséricorde de Dieu soit grande de vous souffrir parmi les fidèles, vous qui méritez, par vos pêchés d'être maintenant parmi les réprouvés. Si vous aviez cette vertu, lorsque vous demandez quelque grâce au bon Dieu, vous feriez comme la Chananéenne qui se jeta à ge-noux aux pieds du Sauveur devant tout le monde ; comme Mag-deleine, qui baisa les pieds du Sauveur dans une nombreuse as-semblée . Si vous l'aviez, vous feriez comme cette femme, qui, depuis douze ans, était atteinte d'une perte de sang, et alla avec tant d'humilité se jeter devant le Sauveur, pour toucher humble-ment son manteau . Si vous aviez l'humilité d'un saint Paul, qui avait été élevé jusqu'au troisième ciel , et ne se regardait que comme un avorton, le dernier des apôtres, indigne du nom qu'il portait !... O mon Dieu ! que cette vertu est belle ; mais qu'elle est rare !... Si vous aviez cette vertu, M.F., lorsque vous vous confessez, ah ! que vous seriez éloignés de cacher vos péchés, de les raconter comme une histoire faite à plaisir, et surtout de ra-conter ceux des autres ! Ah ! de quel tremblement ne seriez-vous pas saisis, voyant la grandeur de vos péchés, les outrages qu'ils ont faits à Dieu ; et voyant d'un autre côté la charité qu'il a de vous pardonner ? Mon Dieu ! ne mourrait-on pas de douleur et de reconnaissance ?... Si après avoir confessé vos péchés, vous aviez cette humilité dont nous parle saint Jean Climaque , qui, étant dans un monastère, nous dit y avoir vu lui-même des religieux si humbles, si humiliés et si mortifiés, qui sentaient de telle sorte le poids de leurs péchés, que le bruit de leurs cris, et les prières qu'ils adressaient à Dieu étaient capables de toucher des cœurs aussi durs que la pierre. Il y en avait qui étaient tout couverts d'ul-cères, dont il sortait une puanteur insupportable ; ils avaient si peu soin de leurs corps, qu'ils n'avaient plus que la peau attachée aux os. L'on entendait retentir le monastère des cris les plus déchi-rants. « Ah ! malheur à nous qui sommes misérables ! Avec jus-tice, mon Dieu, vous pouvez nous précipiter dans les enfers ! » D'autres s'écriaient : « Ah ! Seigneur, pardonnez-nous, si nos âmes peuvent encore recevoir quelque pardon ! » Ils avaient tous l'image de la mort devant les yeux ; ils se disaient les uns aux au-tres : « Que deviendrons-nous, après avoir eu le malheur d'offen-ser un Dieu si bon ? Pourrons-nous avoir quelque espérance pour le jour des vengeances ? » D'autres demandaient d'être jetés dans la rivière pour être mangés des bêtes. Le supérieur voyant saint Jean Climaque, lui dit : Eh bien ! mon Père, avez-vous vu nos soldats ? » Saint Jean Climaque nous dit qu'il ne put ni parler, ni prier : car les cris de ces pénitents, si profondément humiliés, lui arrachaient malgré lui des larmes et des sanglots. Pourquoi est-ce, M.F., que nous n'avons point d'humilité, quoique nous soyons bien plus coupables ? Hélas ! c'est que nous ne nous connaissons pas !

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:51

II. – Oui, M.F., un chrétien qui se connaît bien, tout doit le porter à s'humilier. Je veux dire trois choses : la considération des grandeurs de Dieu, les abaissements de Jésus-Christ et notre pro-pre misère. 1? quel est celui, M.F., qui pourrait considérer la grandeur d'un Dieu, sans s'anéantir en sa présence, en pensant que, de rien, il a créé le ciel par une seule parole, et qu'un seul de ses regards pourrait tout anéantir ? Un Dieu qui est si grand, et dont la puissance n'a point de borne, un Dieu rempli de toutes sor-tes de perfections, un Dieu avec son éternité sans fin, sa justice si grande, sa providence qui gouverne tout avec tant de sagesse et qui pourvoit à nos besoins avec tant de soin ! tandis que nous-mêmes, nous ne sommes qu'un vil néant ! O mon Dieu ! ne de-vrions-nous pas, à bien plus forte raison, craindre, comme saint Martin, que la terre ne s'ouvrît sous nos pieds pour nous engloutir, tant nous sommes indignes de vivre ? A cette vue, M.F., ne feriez-vous pas comme cette grande pénitente dont il est parlé dans la vie de saint Paphnuce ? Ce bon vieillard, dit l'auteur de sa vie, étant allé trouver cette pécheresse, fut bien surpris de l'entendre parler de Dieu. Le saint abbé lui dit : « Savez-vous bien qu'il y a un Dieu ? » – « Oui, lui dit-elle ; de plus, je sais qu'il y a un royaume pour ceux qui vivent selon ses commandements, et un enfer où les méchants seront jetés pour y brûler, » – « Si vous connaissez toutes ces choses, comment, en perdant tant d'âmes, vous exposiez-vous donc à y brûler ? » La pécheresse connaissant à ces paroles que c'était un homme de Dieu, se jeta à ses pieds fondant en larmes : « Mon père, lui dit-elle, donnez-moi telle pé-nitence que vous voudrez, et je la ferai. » Il la renferma dans une cellule, en lui disant : « Étant si criminelle que vous l'êtes, vous ne méritez pas de prononcer le nom du bon Dieu ; vous vous contenterez de vous tourner vers l'orient, et, pour toute prière, vous direz : O vous qui m'avez créée, ayez pitié de moi ! » Voilà toute sa prière. Sainte Thaïs passa trois ans à faire cette prière, à verser des larmes et pousser des sanglots le jour et la nuit. O mon Dieu ! que l'humilité nous fait bien connaître ce que nous som-mes ! 2? Nous disons que l'anéantissement de Jésus-Christ doit nous humilier encore bien davantage. « Quand je considère, nous dit saint Augustin, un Dieu, qui, depuis son incarnation jusqu'à la croix, n'a mené qu'une vie d'humiliations et d'ignominies, un Dieu méconnu sur la terre, moi je craindrais de m'humilier ? Un Dieu cherche les humiliations, moi, ver de terre, je voudrais m'éle-ver ? » Mon Dieu ! de grâce, détruisez cet orgueil qui nous éloi-gne tant de vous.
Le troisième motif, M.F., qui doit nous humilier, c'est notre propre misère. Nous n'avons qu'à la regarder un peu de près, nous y trouverons une infinité de sujets de nous humilier. Le prophète Michée nous, dit : « Que nous portons au milieu de nous le prin-cipe et les motifs de notre humiliation. Ne savons-nous pas, dit-il, que le néant est notre origine, qu'une infinité de siècles se sont écoulés avant que nous fussions, et que, de nous-mêmes, nous n'aurions jamais pu sortir de cet affreux et impénétrable abîme ? Pouvons-nous ignorer que tout créés que nous sommes, nous avons un violent penchant vers le néant, et qu'il faut que la main puissante de celui qui nous en a tirés, nous empêche d'y retomber, et que, si le bon Dieu cessait de nous regarder et de nous soutenir, nous serions effacés de dessus la terre, avec la même rapidité qu'une paille emportée par une furieuse tempête ? » Qu'est-ce donc que l'homme pour se vanter de sa naissance et de ses autres avantages ? » Hélas ! nous dit le saint homme Job, que sommes-nous ? ordure avant de naître, misère quand nous venons au monde, infection quand nous en sortons. Nous naissons d'une femme, nous dit-il , nous vivons peu de temps ; pendant notre vie, quoiqu'elle soit bien courte, nous pleurons beaucoup, la mort ne tarde guère à nous frapper. » – « Voilà notre partage, nous dit saint Grégoire, pape, jugez d'après cela, si nous pouvons trouver lieu de nous élever dans la moindre chose du monde ? de sorte que celui qui ose avoir la témérité de croire qu'il est quelque chose, est un insensé, qui ne s'est jamais connu, parce que, nous connaissant tels que nous sommes, nous ne pouvons qu'avoir hor-reur de nous-mêmes. »
Mais nous n'avons pas moins sujet de nous humilier dans l'ordre de la grâce. Quelques dons et quelques talents que nous ayons, nous les tenons tous de la main libérale du Seigneur, qui les donne à qui il lui plaît, et, par conséquent, nous ne pouvons pas nous en glorifier. Un concile nous a déclaré que l'homme, bien loin d'être l'auteur de son salut, n'est capable que de se per-dre, et qu'il n'a de soi-même que le péché et le mensonge. Saint Augustin nous dit que toute notre science consiste à savoir que nous ne sommes rien, et que tout ce que nous avons nous le te-nons de Dieu.
Enfin, je dis que nous devons nous humilier par rapport à la gloire et au bonheur que nous attendons dans l'autre vie, car, de nous-mêmes, nous ne pouvons pas le mériter. Si le bon Dieu est si bon que de nous le donner, nous ne pouvons compter que sur la miséricorde de Dieu et sur les mérites infinis de Jésus-Christ son Fils. Comme enfants d'Adam, nous ne méritons que l'enfer. Oh ! que le bon Dieu est charitable de nous donner l'espérance de tant de biens, à nous qui n'avons rien fait pour les mériter !
Que devons-nous conclure de cela ? M.F., le voici c'est de bien demander au bon Dieu, tous les jours, l'humilité, c'est-à-dire, qu'il nous fasse la grâce de connaître que nous ne sommes rien de nous-mêmes, et que les biens, soit du corps, soit de l'âme, nous viennent de lui... Pratiquons l'humilité toutes les fois que nous le pouvons ; .... soyons bien persuadés qu'il n'y a point de vertu plus agréable à Dieu que l'humilité, et qu'avec elle, nous aurons toutes les autres. Quelque pécheurs que nous soyons, nous sommes sûrs qu'avec l'humilité, le bon Dieu nous pardonnera. Oui, M.F., atta-chons-nous à cette belle vertu ; c'est elle qui nous unira à Dieu, qui nous fera vivre en paix avec notre prochain, qui rendra nos croix moins pesantes, qui nous donnera cette grande espérance que nous verrons Dieu un jour. Il nous dit lui-même : « Bienheureux les pauvres d'esprit, parce qu'ils verront Dieu ! » C'est ce que je vous souhaite.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:51

17ème DIMANCHE APRÈS LA PENTE-CÔTE
Sur l'amour de Dieu



Diliges Dominum Deum tuum.
Vous aimerez le Seigneur votre Dieu.
(S. Luc, X, 27.)

Nous lisons dans l'Évangile, M.F., qu'un jeune homme s'étant présenté devant Jésus-Christ, lui dit : « Maître, que faut-il faire pour avoir la vie éternelle ? » Jésus-Christ lui répondit : « Qu'est-il écrit dans la loi ? » – « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu, lui répondit le jeune homme, de tout votre cœur, de toute votre âme et de toutes vos forces, et le prochain comme vous-même. » – « Mais je fais tout cela. » – « Eh bien ! lui repartit Jé-sus-Christ, vendez votre bien, donnez-le aux pauvres, et vous au-rez un trésor dans le ciel. » Ce mot de vendre son bien pour le donner aux pauvres, le chagrina grandement. Jésus-Christ voulait lui montrer que c'est par les œuvres et non par les paroles que nous faisons voir si nous aimons véritablement le bon Dieu. Si, pour l'aimer, nous dit saint Grégoire, il suffisait de dire qu'on l'aime, cet amour divin ne serait pas aussi rare qu'il l'est, parce qu'il n'y a pas une personne qui, étant interrogée si elle aime le bon Dieu, ne réponde aussitôt qu'elle l'aime de tout son cœur : le juste le dira et le pécheur aussi, encore le juste ne le dira-t-il qu'en tremblant, à l'exem-ple de saint Pierre ; au lieu que le pécheur le dira peut-être avec un ton d'assurance, qui semblera répon-dre de sa sincérité ; mais il se trompe grandement, parce que l'amour de Dieu ne consiste pas dans les paroles, mais dans les œuvres . Oui, M.F., aimer le bon Dieu de tout son cœur est une chose si juste, si raisonnable, et, en quelque sorte, si naturelle, que ceux d'entre nous dont la manière de vivre lui est le plus opposée, ne laissent pas que de prétendre et d'être persuadés qu'ils l'aiment. Pourquoi tous croient-ils qu'ils aiment le bon Dieu, quoique leur conduite soit tout à fait opposée à cet amour divin ? Ah ! M.F., c'est que tout le monde cherche son bonheur, et que cet amour seul peut nous le procurer ; voilà pourquoi l'on veut se persuader que l'on aime le bon Dieu. Cependant rien de si rare que cet amour divin. Voyons donc en quoi consiste cet amour, et à quoi nous pouvons connaître si nous aimons Dieu. Pour mieux le comprendre, considérons, d'un côté, ce que Jésus-Christ a fait pour nous, et de l'autre, ce que nous devons faire pour lui.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:51

I. – Il est très certain, M.F., que le bon Dieu ne nous a créés que pour l'aimer et le servir. Toutes les créatures qui sont sur la terre sont créées pour l'homme, mais l'homme est créé pour aimer le bon Dieu. Pourquoi est-ce, M.F., que le bon Dieu nous a donné un cœur dont les désirs sont si vastes et si étendus, que rien de créé n'est capable de le rassasier ? C'est afin de nous forcer, en quelque sorte, à ne nous attacher qu'à lui et à n'aimer que lui ; parce qu'il n'y a que lui qui puisse nous contenter. Quand l'homme posséderait l'univers entier, il ne sera jamais pleinement satisfait ; il lui restera toujours quelque chose à désirer, de sorte que rien de créé ne pourra le remplir. Oui, nous sommes si persuadés que nous sommes créés pour être heureux, que nous ne cessons pas un seul instant de notre vie de chercher le bonheur, et de faire tout, ce qui dépend de nous pour nous le procurer. D'où vient donc que, malgré toutes nos recherches, toutes nos peines et tous nos soins, nous ne nous trouvons pas encore contents ? Hélas ! c'est que nous ne portons pas nos regards ni les mouvements de notre cœur vers l'objet qui seul est capable de remplir la vaste étendue de nos désirs, Dieu seul. Non, M.F., non, jamais vous ne pourrez vous contenter et être pleinement heureux, du moins autant qu'il est possible de l'être dans ce monde, si vous ne méprisez pas, au moins de cœur, les choses créées pour ne vous attacher qu'à Dieu seul. Nous devons donc appliquer tous nos soins et tous les mou-vements de notre cœur à ne désirer et à ne chercher que Dieu seul en tout ce que nous faisons, sans quoi, notre vie se passera à cher-cher vainement un bonheur que nous ne trouverons jamais. Nous nous sommes donc trompés jusqu'à présent ; puisque, malgré tout ce que nous avons fait pour être heureux, nous n'avons pas pu l'être. Croyez-moi, M.F., cherchez l'amitié du bon Dieu, et vous aurez trouvé votre bonheur. O mon Dieu ! que l’homme est aveu-gle de ne pas vous aimer ; puisque vous pouvez si bien contenter son cœur ! Mais, M.F., pour vous engager à aimer un Dieu si bon, si digne d'être aimé, et si capable de remplir toutes les affections de notre cœur, jetons un coup d'œil sur ce qu'il a fait pour nous ; suivons-le dans le cours de sa vie mortelle et jusqu'après sa mort.
Voyez-le, M.F., depuis le moment de son incarnation jus-qu'à l'âge de trente ans, ne sont-elles pas grandes, les preuves de son amour pour nous ? Qu'a-t-il fait dans son incarnation ? Il s'est fait homme comme nous et pour nous. Dans sa naissance il nous a élevés à la dignité la plus éminente à laquelle une pure créature puisse être élevée ; il est devenu notre frère !... O quel amour pour nous ! l'avons-nous jamais bien compris ?... Dans sa circoncision, il s'est fait notre Sauveur. Mon Dieu ! que votre charité est grande !... Dans son épiphanie, il est devenu notre lumière, notre guide. Dans sa présentation au temple, il est devenu notre pontife, notre docteur ; oh ! que dis-je, M.F. ? il s'est offert à son Père pour nous racheter tous. Plus tard, c'est-à-dire, dans la maison de saint Joseph, il est devenu notre modèle, pour l'amour et le respect que nous devons avoir pour nos parents et nos supérieurs. Disons mieux encore : il nous a montré comment nous devions mener une vie cachée et inconnue au monde, si nous voulions plaire à Dieu son Père. Suivons Jésus-Christ dans sa vie agissante, tout ce qu'il a fait, il l'a fait pour nous : ses prières, ses larmes, ses veilles, ses jeûnes, ses prédications, ses voyages, ses conversations, ses miracles ; oui, tout cela a été fait pour nous. Voyez, M.F., avec quel zèle il nous a cherchés, dans la personne de la Samaritaine ; voyez avec quelle tendresse il reçoit tous les pécheurs, et nous le sommes tous, dans la personne de l'enfant prodigue ; voyez avec quelle bonté il s'oppose à la justice de son Père, qui veut nous punir dans la personne de la pécheresse . Dans sa vie souffrante, hélas ! que d'injures, que de tourments n'a-t-il pas endurés ? Il a été garrotté, souffleté, accusé, condamné, et enfin, crucifié pour nous. N'est-il pas mort pour nous, au milieu d'opprobres et de douleurs incompréhensibles ? Ah ! M.F., qui pourrait comprendre tout ce que son bon cœur a fait pour nous ?... Entrons plus avant dans la plaie de ce bon cœur. Oui, Jésus-Christ pouvait satisfaire à la justice de son Père, pour nos péchés, par une goutte de son sang, par une seule larme, ah ! que dis-je ? par un seul soupir ; mais ce qui pouvait satisfaire à la justice de son Père ne pouvait pas satisfaire la tendresse de son cœur pour nous. C'est encore son amour pour nous qui l'a fait souffrir d'une manière anticipée, dans le jardin des Olives, les souffrances qu'il devait endurer sur la croix. O abîme de tendresse d'un Dieu pour ses créatures !… Jésus-Christ s'est-il contenté de nous aimer jusqu'à la fin ? Non, M.F., non. Après sa mort, la lance, ou plutôt son amour a ouvert son divin cœur, pour nous ouvrir comme un asile, où nous viendrions nous cacher et nous consoler dans nos peines, nos chagrins et nos autres misères.
Mais, allons plus loin, M.F. Il veut, ce divin Sauveur, répan-dre pour nous jusqu'à la dernière goutte de son sang précieux, afin de nous laver de toutes nos iniquités. Après avoir expié nos pé-chés d'orgueil par son couronnement d'épines ; par le fiel et le vi-naigre, les péchés que nous avons le malheur de commettre par notre langue, et qui sont en si grand nombre ; tous nos péchés d'impureté par sa cruelle et douloureuse flagellation ; tous ceux que nous avons commis par nos mains, c'est-à-dire, toutes les mau-vaises actions que nous avons faites, par les plaies de ses pieds et de ses mains ; il a voulu encore expier tous nos péchés par la blessure de son divin Cœur parce que c'est dans le cœur que tous nos péchés prennent naissance. O prodige d'amour d'un Dieu pour ses créatures !... Il est offensé par nous et il est puni pour nous, et c'est sur lui-même qu'il se venge des offenses que nous lui avons faites !...Hélas ! si nous n'étions pas aussi aveugles que nous le sommes, nous reconnaîtrions que ce sont nos mains qui, véritablement, l'ont immolé sur la croix.
Mais, encore une fois, M.F., pourquoi tant de prodiges d'amour ? Ah ! vous le savez ; c'est pour nous délivrer de toutes sortes de maux, et nous mériter toutes sortes de biens pour l'éter-nité. Et si, malgré cela, nous venons encore à l'offenser, nous voyons qu'il est prêt à nous pardonner, à nous aimer et à nous combler de toutes sortes de biens, si nous voulons l'aimer. O quel amour pour des créatures si insensibles et si ingrates ! ...
Son amour va encore plus loin. Voyant que la mort allait le séparer de nous, et afin de rester parmi nous, il fit un grand mira-cle : il institua ce grand sacrement d'amour, où il nous laisse son corps adorable et son sang précieux, pour ne jamais plus nous quitter, jusqu'à la fin du monde. Quel amour pour nous, M.F., qu'un Dieu veuille bien nourrir notre âme de sa propre substance et nous faire vivre de sa propre vie ! Par le moyen de ce grand et adorable sacrement, il s'offre, chaque jour, à la justice de son Père, satisfait de nouveau pour nos péchés, et nous attire toutes sortes de grâces. Voyez encore, M.F., ce tendre Sauveur qui, mort pour notre salut, nous ouvre le ciel. Pour nous y conduire tous, il va lui-même être notre médiateur ; c'est lui-même qui va présen-ter toutes nos prières à son Père et demander grâce pour nous, chaque fois que nous aurons le malheur de pécher. Oui, M.F., il nous attend dans ce lieu de bonheur, dans ce séjour où l'on aime toujours et où l'on n'offense jamais...
Non, M.F., jamais vous n'avez bien réfléchi comme le bon Dieu vous aime. Est-il bien possible que nous ne vivions que pour l'offenser, puisque nous ne pouvons être heureux qu'en l'aimant ? Sans doute, si je vous demandais si vous aimez le bon Dieu, vous me diriez que vous l'aimez ; mais cela ne suffit pas ; il faut en donner la preuve. Mais, où sont-elles, M.F., ces preuves qui mani-festent la sincérité de notre amour pour le bon Dieu ? Où sont les sacrifices que nous avons faits pour lui ? Où sont nos pénitences ? Hélas ! le peu de bien que nous faisons, est fait en grande partie sans goût, sans avoir une intention bien droite. Que de vues hu-maines !... que de bonnes œuvres faites par pur penchant et sans véritable dévotion ! Hélas ! M.F., quelle pauvreté !...

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:51

II. – Maintenant, M.F., si vous voulez savoir comment nous pouvons connaître si nous aimons véritablement le bon Dieu, écoutez bien ce que je vais vous dire, et ensuite, vous allez vous-mêmes juger si vous l'aimez en vérité. Voilà ce que Jésus-Christ nous dit lui-même : « Celui qui m'aime garde mes commande-ments , mais celui qui ne m'aime pas ne les garde pas. » Il vous est donc bien facile de savoir si vous aimez le bon Dieu. Les com-mandements de Dieu ou sa volonté, M.F., ne sont qu'une même chose. Il vous ordonne et veut que vous remplissiez bien tous les devoirs de votre état, avec des intentions bien pures et bien droites, sans humeur, sans impatience, sans négligence, sans fraude dans la vérité ni dans la bonne foi. Nous devons avoir un amour généreux envers le bon Dieu, qui nous fasse préférer la mort à l'infidélité. De cela, M.F., nous avons des exemples à l'in-fini dans tous les saints, et surtout dans les martyrs dont beaucoup se sont laissés couper en morceaux, plutôt que de cesser d'aimer le bon Dieu. En voici un bel exemple dans la personne de la chaste Suzanne . Étant allée un jour au bain, deux vieillards, qui étaient juges du peuple d'Israël, l'ayant aperçue, conçurent le des-sein de la solliciter au péché ; ils la suivirent, lui proposèrent leur infâme dessein, dont elle eut horreur. Levant les yeux au ciel, elle dit : « Seigneur, vous savez que je vous aime, soutenez-moi. » « Je me vois dans la peine de toutes parts, dit-elle aux vieillards ; nous sommes ici en la présence de Dieu qui nous voit ; si j'ai le malheur de consentir à votre passion honteuse, je n'échapperai pas à la main de Dieu ; il est mon juge, je sais qu'il me fera rendre compte d'une action aussi lâche et aussi criminelle. Si, au contraire, je ne consens pas à vos désirs, je n'échapperai pas à vos ressentiments ; je vois bien que vous allez me faire mourir ; mais j'aime mieux mourir qu'offenser Dieu. » Ces misérables, se voyant ainsi rebutés, sortirent avec colère, et publièrent aussitôt que Suzanne avait été surprise en adultère, qu'ils avaient vu un jeune homme faisant le mal avec elle. Malheureusement, hélas ! on les crut, et, sur leur témoignage, elle fut condamnée à la mort. Lorsqu'on la conduisait au supplice, un enfant de douze ans, qui était le petit Daniel, s'écria du milieu de la foule : « Que faites-vous, peuple d'Israël, pourquoi condamnez-vous le juste ? je vous déclare que je ne prends point part au crime que vous allez com-mettre, en versant le sang de cette innocente. » Le jeune Daniel, s'étant approché du peuple, leur dit : « Faites venir les deux vieil-lards. » Les ayant fait séparer l'un de l'autre, il les interrogea. Ils se coupèrent dans leurs paroles de telle manière que l'on ne put douter qu'ils étaient eux-mêmes coupables, et non Suzanne ; ils furent condamnés tous deux à la mort. Voilà ce que fait, M.F., une personne qui aime le bon Dieu, en montrant dans l'épreuve qu'elle l'aime véritablement, qu'elle l'aime plus que soi-même, Suzanne n'en pouvait pas donner une marque plus grande, puis-qu'elle choisit la mort de préférence au péché. Il n'est pas douteux, que, quand il ne faut que des paroles pour dire qu'on aime le bon Dieu, il n'en coûte guère. Tous croient qu'ils aiment le bon Dieu et tous osent se le persuader ; mais si le bon Dieu nous mettait à l'épreuve, combien peu auraient le bonheur de la soutenir !
Voyez encore ce qui arriva sous le règne d'Antiochus . Ce cruel tyran commanda aux Juifs, sous peine de mort, de manger de la viande défendue par la loi dix Seigneur. Un saint vieillard nommé Eléazar, qui avait toujours vécu dans la crainte et l'amour de Dieu, refusa courageusement d'obéir ; il fut condamné à mort. « Il ne tient qu'à vous, lui dit un de ses amis, de sauver votre vie, comme nous l'avons fait nous-mêmes. Voilà de la viande qui n'a pas été offerte aux idoles : mangez-la, cette petite dissimulation apaisera le tyran. » Le saint vieillard leur répondit : « Croyez-vous que je sois bien attaché à la vie, et que je la préfère à l'amour que je dois à mon Dieu ? Et quand même j'échapperais à la fureur du tyran, croyez-vous que je puisse échapper à la justice de Dieu ? Non, non, mes amis, j'aime mieux mourir que de déshono-rer ma religion et offenser mon Dieu que j'aime plus que moi-même. Non, il ne sera jamais dit qu'à l'âge de quatre-vingt-dix ans j'abandonne mon Dieu et sa loi sainte. » Lorsqu'on le conduisait au supplice, et que le bourreau le tourmentait cruellement, on l'en-tendait s'écrier : « Mon Dieu, vous savez que c'est pour vous que je souffre. Soutenez-moi, vous savez que c'est parce que je vous aime ; oui, mon Dieu, c'est pour votre amour que je souffre ! » Voyez son courage à voir couper et dévorer son pauvre corps. Eh bien ! M.F., voilà ce que nous appelons aimer véritablement le bon Dieu. Ce bon vieillard, qui donne sa vie avec tant de joie pour Dieu, ne se contente pas de dire qu'il l'aime ; mais il le montre par ses œuvres.
Nous disons bien que nous aimons le bon Dieu ; mais, quand tout va selon nos désirs, quand rien ne nous contredit dans notre manière de penser, de parler et d'agir. Combien de fois une seule parole, un air de mépris, ou même un air un peu froid, une pensée de respect humain ; ne nous font-ils pas abandonner le bon Dieu ?
Nous avons dit, M.F., que si nous voulons témoigner au bon Dieu que nous l'aimons, il faut accomplir sa sainte volonté, qui est, que nous soyons soumis, respectueux envers nos parents, nos supérieurs, et tous ceux que le bon Dieu a placés au-dessus de nous pour nous conduire. La volonté de Dieu est que ceux qui sont supérieurs conduisent leurs inférieurs sans hauteur, sans du-reté ; mais avec charité et avec bonté, comme nous voudrions que l'on nous conduisît ; la volonté de Dieu est que nous soyons bons et charitables envers tout le monde ; et que, si on nous loue, bien loin de nous croire quelque chose, au contraire, nous pensions que l'on se moque de nous, comme nous dit très bien saint Ambroise : « Si l'on nous méprise il ne faut point nous chagriner, mais, pen-ser que si l'on connaissait bien ce que nous sommes, l'on dirait beaucoup plus de mal de nous que l'on en dit. » Ou comme nous dit saint Jean : « Si l'on nous insulte, la volonté de Dieu est que nous pardonnions de bon cœur et de suite ; et que nous soyons prêts à rendre service toutes les fois que l'occasion s'en présente-ra. » Cette volonté est que, dans nos repas, nous ne nous laissions jamais aller à la gourmandise ; que dans nos conversations nous tâchions de cacher et d'excuser les défauts de notre prochain et que nous priions pour lui. La volonté de Dieu est que, dans nos peines, nous ne murmurions pas, mais que nous les supportions avec patience et résignation à sa volonté ; c'est-à-dire, que dans ce que nous faisons, et dans tout ce qu'il nous envoie, le bon Dieu veut que nous pensions que tout vient véritablement de lui et que tout cela est pour notre bonheur, si nous savons en faire un bon usage. Voilà, M.F., ce que les commandements de Dieu nous or-donnent. Si vous aimez le bon Dieu, comme vous le dites, vous ferez tout cela, vous vous comporterez de cette manière ; sinon, vous avez beau dire que vous l'aimez, saint Jean vous dit que vous êtes menteurs et que la vérité n'est pas dans votre bouche .

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:51

Examinons, M.F., toute notre conduite et toute notre vie, et voyons en détail toutes nos actions. Il ne faut pas nous arrêter à toutes nos bonnes pensées, à tous nos bons désirs, et à tous les mouvements sensibles que nous éprouvons, comme, par exemple, lorsque nous sommes touchés en lisant un bon livre, en écoutant la parole sainte, nous formons toutes sortes de belles résolutions : tout cela n'est autre chose qu'illusions, si, d'ailleurs, nous ne nous appliquons pas à faire ce que Dieu nous ordonne par ses com-mandements, et si nous n'évitons pas ce qu'il nous y défendu. Voyez, M.F., combien vous êtes en contradiction avec vous-mêmes. Le soir et le matin vous joignez les mains en faisant vos prières, vous dites : « Mon Dieu, je vous aime de tout cœur, et par-dessus toutes choses ; » vous croyez dire la vérité ? Cepen-dant quelques moments après, vos mains sont occupées à voler votre prochain. Hélas ! peut-être à quelque œuvre honteuse. Combien de fois n'avez-vous pas employé ces mains à vous rem-plir de vin et à vous livrer à la crapule ; cette même bouche qui vient de prononcer un acte d'amour de Dieu, va se souiller, dès que l'occasion s'en présentera, par des jurements, par des rapports, des médisances, des calomnies et par toutes sortes de paroles qui vont offenser et déshonorer ce même Dieu, à qui vous venez de dire que vous l'aimez de tout votre cœur. Hélas ! M.F., nous di-sons que nous aimons le bon Dieu de tout notre cœur ! où sont les preuves qui nous assurent que ce que nous disons est vrai ?
L'on dit dans le monde que les vrais amis se connaissent dans l'occasion ; cela est vrai, et qu'il faut des épreuves pour sa-voir si les amis sont sincères : ce qui est bien facile à comprendre. En effet, si je fous disais que je suis votre ami et que je ne fisse rien pour vous le montrer, et qu'au contraire, je fisse mille choses pour vous faire de la peine ; si, dans toutes les occasions où je pourrais vous témoigner mon attachement, je ne vous donnais que des marques d'aversion, vous ne voudriez pas croire que je vous aime, malgré que je vous l'aie dit souvent ; il en est de même, M.F., par rapport à Dieu. Vous aurez beau lui dire cent fois par jour : « Mon Dieu, je vous donne mon cœur, » cela ne suffit pas. Il faut lui en donner des preuves en ce que nous pouvons faire chaque jour, parce qu'il n'y en a guère où nous ne soyons obligés à faire quelque sacrifice au bon Dieu, si nous ne voulons pas l'of-fenser et si nous voulons l'aimer. Combien de fois le démon ne nous donne-t-i1 pas des pensées d'orgueil, de haine, de ven-geance, d'ambition, de jalousie, combien de mouvements de co-lère et d'impatience : combien de pensées ou désirs contre la sainte vertu de pureté ? et, d'autres fois, combien de pensées et de désirs d'avarice ? Hélas ! notre misérable corps nous porte sans cesse au mal, pendant que les lumières de la conscience et les im-pressions de la grâce nous portent au bien. Eh bien ! M.F., voilà ce que c'est que de plaire à Dieu, ce que c'est que de l'aimer : c'est combattre, c'est résister courageusement à toutes les tentations. Voilà comment nous donnerons des preuves de l'amour que nous avons pour le bon Dieu ; voilà ce qui nous mettra dans une dispo-sition continuelle de tout sacrifier plutôt que d'offenser le bon Dieu. Vous dites que vous aimez le bon Dieu, ou du moins que vous désirez l'aimer, vous êtes un menteur. Pourquoi donc laissez-vous entrer cette pensée d'orgueil dans votre cœur ? vous livrez-vous à ces murmures, à ces jalousies, à ces médisances et à ces complaisances en vous-même ? c'est que vous n'êtes qu'un hypo-crite Vous en êtes fâché, je le crois bien ; vous en serez bien fâ-ché... Hélas ! qu'il y en a peu qui aiment le bon Dieu !... Disons-le, à la honte du christianisme, il n'y a presque personne qui l'aime de cet amour de préférence, toujours prêt à tout sacrifier pour lui plaire, et toujours dans la crainte de lui déplaire.
Voyez, M.F., comment se comporta saint Eustache avec toute sa famille, voyez sa constance et son amour pour le bon Dieu. Il est rapporté dans sa vie qu'étant à la chasse, il poursui-vait un cerf d'une grosseur énorme ; s'étant élancé sur un rocher et cherchant le moyen de l'atteindre, il aperçut entre ses cornes un beau crucifix qui lui dit d'aller se faire baptiser et de revenir, qu'il lui apprendrait tout ce qu'il aurait à souffrir pour son amour, qu'il perdrait ses biens, sa réputation, sa femme, ses enfants et qu'il fi-nirait par être brûlé dans le feu, Saint Eustache entendit tout cela sans la moindre frayeur ni la moindre répugnance, ni même le moindre murmure. En effet, peu de temps après, la peste se mit dans ses troupeaux et parmi ses esclaves, et n'en épargna pas un. Tout le monde commençait à le fuir et personne ne voulait le sou-lager, se voyant aussi misérable et si méprisé, il prit le parti d'aller en Égypte où il avait encore quelque bien. Sa femme et lui prirent chacun leurs petits enfants par la main et s'abandonnèrent à la Providence du bon Dieu. Quand il fallut traverser l'eau, le maître du vaisseau garda la femme pour son passage, et jetant le père et les enfants à terre, fit voile d'un autre côté. Voilà notre saint Eus-tache encore privé d'une de ses plus grandes consolations. Sup-portant tout cela, sans un seul murmure contre la conduite que le bon Dieu tenait envers lui, nous dit l'auteur de sa vie, il prit un pe-tit crucifix entre ses mains, et le baisant respectueusement, il continua son chemin. Un peu plus loin, il fallut passer une rivière assez large... et le reste... Voilà, M.F., ce que nous pouvons appe-ler un amour véritable, puisque rien n'est capable de le séparer de son Dieu.
Nous disons, M.F., que si nous aimons véritablement le bon Dieu, nous devons grandement désirer de le voir aimer par toutes les créatures. Nous en avons un bel exemple dans l'histoire, et nous y voyons un beau spectacle de l'amour divin. On vit une femme, au milieu de la ville d'Alexandrie, tenant d'une main un vase plein d'eau, et de l'autre un flambeau allumé. Ceux qui la vi-rent, tout étonnés, lui demandèrent ce qu'elle prétendait faire avec tout cet appareil. « Je voudrais, répondit-elle, avec ce flambeau, embraser tout le ciel et tous les cœurs des hommes, et, avec cette eau, éteindre tout le feu de l'enfer, afin que, désormais, l'on n'ai-mât plus le bon Dieu ni par l'espérance de la récompense, ni par crainte de la punition réservée aux pécheurs ; mais uniquement parce qu'il est bon, et qu'il mérite d'être aimé. » Beaux sentiments, M.F., dignes de la grandeur de l'âme qui connaît ce que c'est que Dieu, et combien il mérite par lui-même toutes les affections de notre cœur. L'on raconté dans l'histoire des Japonais, que, quand on leur annonçait l'Évangile, qu'on les instruisait de Dieu et de ses amabilités, surtout quand on leur apprenait les grands mystères de notre sainte religion, et tout ce que le bon Dieu avait fait pour les hommes : un Dieu naissant dans une pauvre étable, couché sur une poignée de paille dans les rigueurs de l'hiver, un Dieu souf-frant et mourant sur une croix pour nous sauver ; ils étaient si étonnés de tant de merveilles que Dieu avait faites pour notre sa-lut, qu'on les entendait s'écrier tout transportés d'amour : « Oh ! qu'il est grand ! oh ! qu'il est bon ! oh !qu'il est aimable, le Dieu des chrétiens ! » Mais quand ensuite on leur disait qu'il y avait un commandement qui leur ordonnait d'aimer le bon Dieu et qui les menaçait de châtiments s'ils ne l'aimaient pas, ils en étaient telle-ment surpris, qu'ils ne pouvaient plus revenir de leur étonnement. « Eh quoi ! disaient-ils, à des hommes raisonnable, faire un pré-cepte d'aimer un Dieu qui nous a tant aimés !... mais, n'est-ce pas le plus grand bonheur de l'aimer et le plus grand malheur de ne pas l'aimer ? Eh quoi ! disaient-ils aux missionnaires, les chrétiens ne sont-ils pas toujours au pied des autels de leur Dieu, tout péné-trés de la grandeur de ses bontés et tout embrasés de son amour ? » Et quand on venait à leur apprendre que, non seulement il y en avait qui ne l'aimaient pas, mais encore qui l'offensaient : « O peuple injuste ! Ô peuple barbare ! s'écriaient-ils avec indi-gnation, est-il bien possible que des chrétiens soient capables de tel outrage envers un Dieu si bon ? Dans quelle terre maudite ha-bitent donc ces hommes sans cœur et sans sentiments ? »
Hélas ! d'après la manière dont nous nous conduisons envers le bon Dieu, nous ne méritons que trop ces reproches ! Oui, M.F., un jour viendra où ces nations éloignées et étrangères appelleront ces témoignages, contre nous, nous accuseront et nous condamne-ront devant Dieu. Que de chrétiens passent leur vie sans aimer le bon Dieu ! Hélas ! peut-être en trouverons-nous plusieurs, au grand jour du jugement, qui n'auront pas donné un seul jour tout entier au bon Dieu ! Hélas ! quel malheur ! ...

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:52

Saint Justin nous dit que l'amour a ordinairement trois ef-fets. Quand nous aimons quelqu'un, nous pensons souvent, et vo-lontiers à lui ; nous donnons volontiers pour lui et nous souffrons volontiers pour lui : voilà, M.F., ce que nous devons faire pour le bon Dieu, si nous l'aimons véritablement. Je dis 1?, que nous de-vons souvent penser à Jésus-Christ. Rien n'est plus naturel que de penser à ceux qu'on aime. Voyez un avare : il n'est occupé que de ses biens ou du moyen de les augmenter ; seul ou en compagnie, rien n'est capable de le distraire de cette pensée. Voyez un liber-tin : la personne qui fait tout l'objet de son amour, ne le quitte guère plus que la respiration ; il y pense tellement que, souvent, son corps en est si accablé qu'il en est malade. Oh ! si nous avions le bonheur d'aimer autant Jésus-Christ qu'un avare aime son ar-gent ou ses terres, qu'un ivrogne, son vin, qu'un libertin, l'objet de sa passion, ne serions-nous pas continuellement occupés de l'amour et des grandeurs de Jésus-Christ ? Hélas ! M.F., nous nous occupons de mille choses qui, presque toutes, n'aboutissent à rien ; tandis que, pour Jésus-Christ, nous passons des heures et même des jours entiers sans nous souvenir de lui, ou d'une ma-nière si faible, que nous croyons à peine ce que nous pensons. O mon Dieu, comment ne vous aime-t-on pas ! Cependant, M.F., de tous nos amis y en a-t-il un plus généreux, plus bienfaisant ? Di-tes-moi, si nous avions bien pensé qu'en écoutant le démon qui nous portait au mal, nous avons grandement affligé Jésus-Christ, que nous l'avons fait mourir une seconde fois, aurions-nous eu ce courage ?... n'aurions-nous pas dit : Comment, mon Dieu, pour-rais-je vous offenser, vous qui nous avez tant aimés ! Oui, mon Dieu, le jour et la nuit mon esprit et mon cœur ne seront occupés que de vous.
2? Je dis que si nous aimons véritablement le bon Dieu, nous lui donnerons tout ce qu'il est en notre pouvoir de lui donner, et cela, avec un grand plaisir. Si nous avons du bien, faisons-en part aux pauvres, c'est comme si nous le donnions à Jésus-Christ lui-même ; c'est lui qui nous dit dans l'Évangile : « Tout ce que vous donnerez au moindre des miens, c'est-à-dire aux pauvres, c'est comme si vous le donniez à moi-même . » Quel bonheur, M.F., pour une créature, de pouvoir être libérale envers son créa-teur, son Dieu et son Sauveur ! Ce ne sont pas seulement les ri-ches qui peuvent donner ; mais tous les chrétiens, même les plus pauvres. Nous n'avons pas tous des biens pour les donner à Jésus-Christ dans la personne des pauvres ; mais nous avons tous un cœur, et c'est précisément de ce présent qu'il est le plus jaloux ; c'est celui-là qu'il demande avec tant d'empressement. Dites-moi, M.F., pourrions-nous lui refuser ce qu'il nous demande avec tant d'instances, lui qui ne nous a créés que pour lui ? Ah ! si nous y pensions bien, ne dirions-nous pas au divin Sauveur : « Seigneur, je ne suis qu'un pécheur, ayez pitié de moi ; me voilà tout à vous. » Que nous serions heureux si nous faisions cette offrande universelle au bon Dieu ! que notre récompense serait grande !...
3? Mais cependant la meilleure marque d'amour que nous puissions donner au bon Dieu, c'est de souffrir pour lui ; car, si nous voulions bien considérer ce qu'il a souffert pour nous, nous ne pourrions pas nous empêcher de souffrir toutes les misères de la vie, les persécutions, les maladies, les infirmités et la pauvreté : Qui ne se laisserait. pas attendrir à la vue de tout ce que Jésus-Christ a souffert pendant sa vie mortelle ? Que d'outrages ne lui font pas souffrir les hommes, par la profanation de ses sacre-ments, par le mépris de sa religion sainte, dont l'établissement lui a tant coûté ? Quel aveuglement, M.F., de ne pas aimer un Dieu si aimable et qui ne cherche, en tout, que notre bonheur ! Nous avons un bel exemple dans la personne de sainte Magdeleine, de-venue célèbre dans toute l'Église par ce grand amour qu'elle a eu pour Jésus-Christ . Une fois qu'elle fut à lui, elle ne le quitta plus ; non seulement de cœur, mais encore réellement : le suivant dans ses voyages, l'assistant de ses biens, et l'accompagnant jusqu'au calvaire : Elle fut présente à sa mort, elle prépara les par-fums pour embaumer son corps et se rendit de grand matin au sépulcre . N'y trouvant plus le corps de Jésus-Christ, elle s'en prend au ciel, à la terre ; elle supplie les anges et les hommes de lui dire où ils ont mis son Sauveur ; parce qu'elle veut le trouver à quel prix que ce soit. Son amour était si ardent que nous pouvons dire qu'il fut impossible à Jésus-Christ de se cacher à elle ; car, elle n'a pensé qu'à lui, elle n'a désiré et n'à voulu que lui ; toutes choses ne lui sont rien ; elle n'a eu ni respect humain, ni crainte d'être méprisée ou raillée ; elle a abandonné tous ses biens, elle a foulé aux pieds les parures et les plaisirs pour courir à la suite de son bien-aimé ; tout le reste ne lui est plus rien.
Écoutez encore la leçon que nous donne saint Dominique . Ce saint patriarche dont l'amour de Dieu avait rempli tous les dé-sirs, après avoir prêché toute la journée, passait les nuits entières en contemplation ; il se croyait déjà dans le ciel, et ne pouvait comprendre que l'on puisse vivre sans aimer le bon Dieu, puisque nous y trouvons tout notre bonheur. Un jour qu'il fut pris par des hérétiques, Dieu fit un miracle pour le tirer d'entre leurs mains. « Qu'auriez-vous fait, lui dit un de ses amis, s'ils avaient voulu vous faire mourir ? » – « Ah ! je les aurais conjurés de ne pas me faire mourir tout d'un coup, mais de me couper en tant petits mor-ceaux qu'ils l'auraient pu ; ensuite de m'arracher la langue et les yeux, et, après avoir roulé le reste de mon corps dans mon sang, de me trancher la tête. Je les aurais priés de ne laisser aucune par-tie de mon corps sans la faire souffrir. Ah ! c'est alors que j'aurais eu le bonheur de dire véritablement au bon Dieu que je l'aime. Oui, je voudrais être maître de tous les cœurs des hommes, afin de les faire tous brûler d'amour. » Quel beau langage part de ce cœur brûlant de l'amour divin ! Toute sa vie ce grand saint chercha le moyen de mourir martyr, pour montrer au bon Dieu que vraiment il l'aimait.
Voyez encore saint Ignace, martyr, évêque d'Antioche, qui fut condamné, par l'empereur Trajan, à être exposé aux bêtes. Il eut tant de joie d'entendre la sentence qui le condamnait à être dé-voré par les bêtes, qu'il crut mourir de bonheur. IL n'avait qu'une seule crainte, c'est que les chrétiens n'obtinssent sa grâce. Il leur écrivit en leur disant : « Mes amis, que je devienne la proie des bêtes et que je sois moulu comme un grain de froment de Dieu pour devenir le pain de Jésus-Christ. Je sais, mes amis, qu'il m'est très utile de souffrir ; il faut que les fers, les gibets, les bêtes fa-rouches déchirent mes membres et les brisent dans mon corps, et que tous les tourments viennent fondre sur moi. Tout m'est bon pourvu que j'arrive à la possession de Dieu. Je commence mainte-nant à aimer Jésus-Christ ; c'est à présent que je suis son disciple. Je n'ai plus que du dégoût pour les choses de la vie, je ne suis af-famé que du pain de mon Dieu, qui doit me rassasier pendant l'éternité ; je ne suis altéré que de la chair de Jésus-Christ, qui n'est que charité . » Dites-moi, M.F., peut-on trouver un cœur plus embrasé de l'amour de Dieu ? En effet, il fut dévoré par les lions, qui ne laissèrent que quelques parties de son corps.
Que faut-il conclure de tout cela, M.F., sinon que tout notre bonheur sur la terre est de nous attacher, à Dieu ? C'est-à-dire, il faut que, dans tout ce que nous faisons, le bon Dieu soit l'unique but ; puisque nous savons tous par notre propre expérience que rien de créé n'est capable de nous rendre heureux, que le monde entier avec tous ses biens, ses plaisirs ne saurait satisfaire notre cœur. Ne perdez jamais de vue, M.F., que tout nous quittera. Un moment viendra où tout ce que nous avons passera à d'autres mains... Au lieu que si nous avons le grand bonheur de posséder l'amour de Dieu nous l'emporterons dans le ciel, ce qui fera notre bonheur pendant l'éternité. Aimer Dieu, ne servir que lui seul et ne désirer que sa possession : voilà le bonheur que je vous sou-haite.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:55

17ème DIMANCHE APRÈS LA PENTE-CÔTE
Sur la Charité

(FRAGMENTS)


Diliges Deum tuum in toto corde tuo
Vous aimerez le Seigneur de tout votre cœur
(S.Matth., XXII, 37.)

Pour servir le bon Dieu parfaitement, ah ! ce n'est pas assez de croire en lui. Il est vrai que la foi nous fait croire toutes les vé-rités que l'Église nous enseigne, et que, sans cette foi, toutes nos actions sont sans mérite aux yeux de Dieu. La foi nous est donc absolument nécessaire pour nous sauver. Cependant cette foi pré-cieuse qui nous découvre d'avance les beautés du ciel nous quitte-ra un jour, parce que, dans l'autre vie, il n'y aura plus de mystères. L'espérance, qui est un don du ciel, nous est aussi nécessaire pour nous faire agir avec des intentions bien droites et bien pures, dans la seule vue de plaire à Dieu, en tout ce que nous faisons, soit pour gagner le ciel, soit pour éviter l'enfer. Mais la charité nous porte à aimer Dieu parce qu'il est, infiniment bon, infiniment ai-mable et qu'il mérite d'être aimé.
Mais, me direz-vous, comment donc connaître si nous avons cette belle vertu qui est si agréable à Dieu, et qui nous fait agir avec tant de noblesse ; c'est-à-dire, qui nous porte à aimer le bon Dieu, non par la crainte des peines de l'enfer, ni par l'espérance du ciel ; mais unique-ment à cause de ses perfections infinies ? – Ce qui doit nous porter à tant désirer et à tant demander au bon Dieu cette belle vertu, c'est qu'elle doit nous accompa-gner toute l'éternité. Bien plus, c'est la charité qui doit faire tout notre bonheur ; puisque la félicité des bienheu-reux consiste à aimer. Cette vertu si belle ; si capable de nous rendre heureux, même dès ce monde, voyons, M.F., si nous l'avons, et cherchons les moyens de l'ac-quérir.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:56

I. – Si je demandais à un enfant : Qu'est-ce que la charité ? Il me répondrait : C'est une vertu qui nous vient du ciel, par laquelle nous aimons Dieu de tout notre cœur, et le prochain comme nous-mêmes par rapport à Dieu. – Mais, me demanderez-vous mainte-nant, qu'est-ce qu'aimer le bon Dieu par-dessus toutes choses, et plus que soi-même ? – C'est le préférer à tout ce qui est créé ; c'est être dans la disposition de perdre son bien, sa réputation, ses pa-rents et ses amis, ses enfants ; son mari ou sa femme et sa vie même, plutôt que de commettre le moindre péché mortel . Saint Augustin nous dit qu'aimer Dieu parfaitement, c'est l'aimer sans mesure, quand il n'y aurait ni ciel à espérer, ni enfer à craindre ; c'est l'aimer de toute l'étendue de son cœur. Si vous m'en deman-dez la raison, c'est que Dieu est infiniment aimable et digne d'être aimé. Si nous l'aimons véritablement, ni les souffrances, ni les persécutions, ni le mépris, ni la vie, ni la mort ne pourront nous ravir cet amour que nous devons à Dieu.
Nous sentons nous-mêmes, M.F., que si nous n'aimons pas le bon Dieu nous ne pouvons être que bien malheureux, très mal-heureux. Si l'homme est créé pour aimer le bon Dieu, il ne peut trouver son bonheur qu'en Dieu seul. Quand nous serions maîtres du monde, si nous n'aimons pas le bon Dieu, nous ne pouvons être que malheureux tout le temps de notre vie. Si vous voulez mieux vous en convaincre, voyez, interrogez les gens qui vivent sans aimer le bon Dieu. Voyez ces personnes qui abandonnent la fréquentation des sacrements et la prière, voyez-les dans quelque chagrin, quelque perte, hélas ! elles se maudissent, elles se tuent, ou meurent de chagrin. Un avare n'est pas plus content quand il a beaucoup que quand il a peu. Un ivrogne est-il plus heureux, après avoir bu le coup de vin où il croyait trouver tout son plai-sir ? Il n'en est que plus malheureux, Un orgueilleux n'a jamais de repos : il craint toujours d'être méprisé. Un vindicatif, en cher-chant à se venger, ne peut dormir ni le jour ni la nuit. Voyez en-core un infâme impudique qui croit trouver son bonheur dans les plaisirs de la chair : il va jusqu'à, je ne dis pas perdre sa réputa-tion, mais son bien, sa santé et son âme, sans cependant pouvoir trouver de quoi se contenter. Et pourquoi, M.F., ne pouvons-nous pas être heureux en tout ce qui semble devoir nous contenter ? Ah ! c'est que, n'étant créés que pour Dieu, il n'y a que lui seul qui pourra nous satisfaire, c'est-à-dire nous rendre heureux autant qu'il est possible de l'être sur cette pauvre terre. Aveugles que nous sommes, nous nous attachons à la vie, à la terre et à ses biens ! hélas ! aux plaisirs, disons mieux, nous nous attachons à tout ce qui est, capable de nous rendre malheureux !
Combien les saints, M.F., ont été plus sages que nous de tout mépriser pour ne chercher que Dieu seul ! Que celui qui aime véritablement le bon Dieu fait peu de cas de tout ce qui est sur la terre ! Combien de grands du monde, combien même de princes, de rois et d'empereurs, ne voyons-nous pas, qui ont tout laissé pour aller servir le bon Dieu plus librement dans les déserts ou dans les monastères ! Combien d'autres pour montrer au bon Dieu leur amour, sont montés sur les échafauds, comme des vainqueurs sur leurs trônes ! Ah ! M.F., que celui qui a le bonheur de se déta-cher des choses du monde pour ne s'attacher qu'à Dieu seul est heureux ! Hélas ! combien en est-il parmi vous qui ont vingt ou trente ans, et n'ont jamais demandé au bon Dieu cet amour qui est un don du ciel, comme vous le dit votre catéchisme. Dès lors, il ne faut pas nous étonner, M.F., si nous sommes si terrestres et si peu spirituels ! Cette manière de nous comporter ne peut nous conduire qu'à une fin bien malheureuse : la séparation de Dieu pour l'éternité. Ah ! M.F., est-il bien possible que nous ne vou-lions pas nous tourner du côté de notre bonheur qui est Dieu seul ! Quittons ce sujet, quoique si intéressant..... La charité fait toute la joie et la félicité des saints dans le ciel. Ah ! « beauté ancienne et toujours nouvelle, » quand est-ce que nous n'aimerons que vous ?
Si maintenant je demandais à un enfant : Qu'est-ce que la charité par rapport au prochain ? Il me répondrait : La charité pour Dieu doit nous le faire aimer plus que nos biens, notre santé, notre réputation et notre vie même ; la charité que nous devons avoir pour notre prochain doit nous le faire aimer comme nous-mêmes, de sorte que, tout le bien que nous pouvons désirer pour nous nous devons le désirer pour notre prochain ; si nous voulons avoir cette charité sans laquelle il n'y a ni ciel, ni amitié de Dieu à espérer. Hélas ! que de sacrements fait profaner ce défaut de cha-rité, et que d'âmes il conduit en enfer ! Mais que doit-on entendre par ce mot notre prochain ? Rien de plus facile à comprendre. Cette vertu s'étend à tout le monde, aussi bien à ceux qui nous ont fait du mal, qui ont nui à notre réputation, nous ont calomniés et qui nous ont fait quelque tort, même quand ils auraient cherché à nous ôter la vie. Nous devons les aimer comme nous-mêmes, et leur souhaiter tout le bien que nous pouvons nous désirer. Non seulement il nous est interdit de leur vouloir aucun mal, mais il faut leur rendre service toutes les fois qu'ils en ont besoin et que nous le pouvons. Nous devons nous réjouir quand ils réussissent dans leurs affaires, nous attrister quand ils éprouvent quelque dis-grâce, quelque perte, prendre leur parti quand on en dit du mal, dire le bien que nous savons d'eux, ne point fuir leur compagnie, leur parler même de préférence à ceux qui nous ont rendu quelque service : voilà, M.F., comment le bon Dieu veut que nous aimions notre prochain. Si nous ne nous comportons pas de cette manière, nous pouvons dire que nous n'aimons ni notre prochain, ni le bon Dieu : nous ne sommes que de mauvais chrétiens, et nous serons damnés.
Voyez, M.F., la conduite que tint Joseph envers ses frères qui avaient voulu le faire mourir, qui l'avaient jeté dans une ci-terne et qui l'avaient ensuite vendu à des marchands étrangers . Dieu lui restait seul pour consolateur. Mais comme le Seigneur n'abandonne pas ceux qui l'aiment, autant Joseph avait été humi-lié ; autant il fut élevé. Lorsqu'il fut devenu presque maître du royaume de Pharaon, ses frères, réduits à la plus grande misère, vinrent le trouver sans le connaître. Joseph voit venir à lui ceux qui avaient voulu lui ôter la vie, et qui l'auraient fait mourir si l'aîné ne les en eût détournés. Il a tous les pouvoirs de Pharaon entre les mains, il pourrait les faire prendre et les faire mourir. Rien ne pouvait l'en empêcher ; au contraire, il était même juste de punir des méchants. Mais que fait Joseph ?... la charité qu'il a dans le cœur lui a fait perdre le souvenir des mauvais traitements qu'il a reçus. Il ne pense qu'à les combler... il pleure de joie, il demande vite des nouvelles de son père et de ses autres frères ; il veut, pour mieux leur faire sentir la grandeur de sa charité ; qu'ils viennent tous auprès de lui pour toujours .
Mais, me direz-vous, comment peut-on connaître si l'on a cette belle et précieuse vertu, sans laquelle notre religion n'est qu'un fantôme ? D'abord, M.F., une personne qui a la charité n'est point orgueilleuse, elle n'aime point à dominer sur les autres ; vous ne l'entendrez jamais blâmer leur conduite, elle n'aime point à parler de ce qu'ils font. Une personne qui a la charité n'examine point quelle est l'intention des autres dans leurs actions, elle ne croit jamais mieux faire qu'ils ne font ; et ne se met jamais au-dessus de son voisin ; au contraire, elle croit que les autres font toujours mieux qu'elle. Elle ne se fâche point si on lui préfère le prochain ; si on la méprise, elle n'en est pas moins contente, parce qu'elle pense qu'elle mérite plus de mépris encore.
Une personne qui a la charité évite autant qu'elle peut de faire de la peine aux autres, parce que la charité est un manteau royal qui sait bien cacher les fautes de ses frères et ne laisse ja-mais croire qu'on est meilleur qu'eux.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:56

2? Ceux qui ont la charité reçoivent avec patience ; et rési-gnation à la volonté de Dieu, tous les accidents qui peuvent leur arriver, les maladies, les calamités, en pensant que tout cela nous rappelle que nous sommes pécheurs, et que notre vie n'est pas éternelle ici-bas.
Dans leurs chagrins, dans leurs peines, dans leurs maladies ou dans les pertes de biens, vous les voyez toujours soumis à la volonté de Dieu, et jamais ils ne désespèrent, pensant qu'ils ac-complissent cette divine volonté.
Voyez le saint homme Job sur son fumier : n'est-il pas content ? Si vous me demandez pourquoi il ne se laisse pas aller au désespoir ? c'est qu'il a la charité dans l'âme, et qu'en se sou-mettant à la volonté de Dieu, il acquiert des mérites pour le ciel. Voyez encore le saint homme Tobie qui devint aveugle en ense-velissant les morts : il ne se désespère pas, et il est tranquille. Pourquoi encore cette tranquillité ? Il sait qu'il fait la volonté de Dieu et que dans cet état il le glorifie ...
En troisième lieu, je dis que celui-ci a la charité, qui n'est point avare et ne cherche nullement à amasser les biens de ce monde. Il travaille parce que le bon Dieu le veut, mais sans s'atta-cher à son travail ni au désir de thésauriser pour l'avenir ; il se re-pose avec confiance en la Providence qui n'abandonne jamais ce-lui qui l'aimé. La charité régnant dans son cœur, toutes les choses de la terre ne lui sont plus rien ; il voit que tous ceux qui courent après les biens de ce monde sont les plus malheureux. Pour lui, il emploie autant qu'il le peut, son bien en bonnes œuvres pour ra-cheter ses péchés et pour mériter le ciel. Il est charitable envers tout le monde et n'a de préférence pour personne ; tout le bien qu'il fait, il le fait au nom de Dieu, Il assiste le pauvre qui en a be-soin, qu'il soit son ami ou son ennemi. Il imite saint François de Sales, qui, ne pouvant faire qu'une aumône, la remettait à celui dont il avait reçu quelque peine, plutôt qu'à celui dont il était l'obligé. La raison de cette conduite c'est que telle action est beau-coup plus agréable à Dieu. Si vous avez la charité, n'examinez jamais si ceux à qui vous donnez vous ont fait quelque tort, ou dit quelque injure ; s'ils sont sages on non. Ils vous demandent au nom de Dieu, donnez-leur de même. Voilà tout ce qu'il faut faire pour que vos aumônes soient rendues dignes d'être récompensées.
Nous lisons dans la vie de saint Ignace, qu'un jour, étant pressé par quelque affaire, il refusa l'aumône à un pauvre Mais il courut bientôt après ce malheureux pour lui donner, et dès lors promit au bon Dieu de ne jamais refuser l'aumône, quand on la lui demanderait en son nom. Mais, pensez-vous, si l'on donne à tous les pauvres, on sera bientôt pauvre soi-même. Écoutez ce que le saint homme Tobie dit à son fils : « Ne retenez jamais le salaire des ouvriers, payez toujours le soir après qu'il ont travaillé ; et quant aux pauvres, donnez à tous si vous le pouvez. Si vous avez beaucoup, donnez beaucoup ; si vous avez peu, donnez peu ; mais donnez toujours de bon cœur ; parce que l'aumône rachète les pé-chés et éteint les flammes du purgatoire » D'ailleurs nous pou-vons dire qu'une maison qui donne aux pauvres ne tombera ja-mais en ruine, parce que le bon Dieu ferait plutôt un miracle que de le permettre.
Voyez saint Antoine qui vend tous ses biens pour les donner aux pauvres, et qui va dans un désert où il s'abandonne entière-ment entre les mains de la Providence . Voyez un saint Paul, er-mite , un saint Alexis, qui se dépouillent absolument de biens, pour mener une vie pauvre et méprisée . Voyez un saint Sérapion, qui, non seulement vend tous ses biens et ses vêtements, mais qui se vend encore pour racheter un captif .
Combien nous sommes coupables lorsque nous ne faisons pas l'aumône, et que nous méprisons les pauvres, en les rebutant, en leur disant qu'ils sont des fainéants, qu'ils peuvent bien travail-ler !... M.F., faisons l'aumône autant que nous pouvons, parce que c'est la chose qui doit nous rassurer à l'heure de la mort, et si vous en doutez, lisez l'Évangile où Jésus-Christ nous parle du juge-ment : « J'ai eu faim, etc. » Voulez-vous laisser des enfants heu-reux et sages ? Donnez-leur l'exemple d'être aumônieux et chari-tables envers les pauvres, et vous verrez un jour que le bon Dieu les a bénis. C'est ce que comprenait sainte Blanche, disant : « Mon fils, nous serons toujours assez riches si nous aimons le bon Dieu, et si nous aimons à faire le bien à nos frères. »
Si nous avons vraiment la charité, cette vertu si agréable à Dieu, nous ne nous comporterons pas comme les païens qui font du bien à ceux qui leur en font, ou de qui ils en espèrent ; mais nous ferons du bien au prochain, dans la, seule vue de plaire à Dieu et de racheter nos péchés. Qu'on nous soit reconnaissant ou non, qu'on nous fasse du bien ou du mal, qu'on nous méprise ou qu'on nous loue : cela, ne nous doit rien faire : Il y en a qui agis-sent tout humainement. Ont-ils fait une aumône, ont-ils rendu service à quelque personne, si elles n'usent pas de réciprocité, cela les fâche, et ils se reprochent d'avoir été simples. Que vous êtes… Ou vous avez fait vos bonnes œuvres pour le bon Dieu, ou vous les avez faites pour le monde. Si vous les avez faites pour être es-timés et loués des hommes, vous avez raison de vouloir être payés de reconnaissance ; mais si vous les avez faites dans la seule vue de racheter vos péchés et de plaire à Dieu, pourquoi vous plain-dre ? C'est de Dieu seul que vous en attendez la récompense. Vous devez bien plutôt remercier le bon Dieu de ce que l'on vous paie d'ingratitude, parce que votre récompense sera bien plus grande. Ah ! que nous sommes heureux ! parce que nous aurons donné quelque petite chose, le bon Dieu nous donne le ciel en re-tour ! Nos petites aumônes et nos petits services seront donc bien récompensés. Oui, M.F., préférons toujours faire du bien à ceux qui ne pourront jamais nous le rendre, parce que s'ils nous le ren-dent nous risquons d'en perdre le mérite.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:56

Voulez-vous savoir si vous avez la vraie charité ? En voici la marque : Voyez à qui vous préférez faire l'aumône ou rendre quelque service. Est-ce à ceux qui vous ont fait quelque peine,... ou à ceux qui vous sont unis, qui vous remercient ? Si c'est à ces derniers, vous n'avez pas la vertu de charité ; et vous n'avez point à espérer pour l'autre vie ; tout le mérite de ces bonnes actions est donc perdu . Je suis persuadé que si je voulais bien entrer dans le détail de tous les défauts dans lesquels on tombe sur ce point, je ne trouverais presque personne qui ait dans l'âme cette vertu toute pure et telle que Dieu la veut. Pour être récompensés dans tout ce que nous faisons pour le prochain, ne cherchons que Dieu, et n'agissons que pour lui seul. Que cette vertu est rare dans les chré-tiens ! Disons mieux, il est aussi rare de la trouver qu'il est rare de trouver des saints. Et quoi d'étonnant ? Où sont ceux qui la de-mandent à Dieu, qui font quelques prières ou quelques bonnes œuvres pour l'obtenir ? Combien ont vingt ans et peut-être trente, et ne l'ont jamais demandée ? La preuve en est bien convaincante. L'ont-ils demandée ceux qui n'ont que des vues humaines ? Voyez vous-même quelle répugnance vous avez à faire, de suite, du bien à celui qui vient de vous faire quelque tort ou quelque injustice. Ne conservez-vous même pas une certaine haine ou, du moins, une certaine froideur à son égard ? A peine le saluez-vous, et consentez-vous à lui parler comme à une autre personne. Hélas ! ô mon Dieu ! que de chrétiens mènent une vie toute païenne, et se croient encore de bons chrétiens : Hélas ! combien vont être dé-trompés quand le bon Dieu leur fera voir ce qu'est la charité, les qualités qu'elle devait avoir pour rendre méritoires toutes leurs actions.
4? Il n'est pas nécessaire de vous montrer qu'une personne qui a la charité est exempte du vice infâme de l'impureté, parce qu'une personne qui a le bonheur d'avoir cette précieuse vertu dans l'âme, est tellement unie au bon Dieu, et agit si bien selon sa sainte volonté, que le démon de l'impureté ne peut point entrer dans son cœur. Le feu de l'amour divin embrase tellement ce cœur, son âme et tous ses sens, qu'il la met hors des atteintes du démon de l'impureté. Oui, M.F., nous pouvons dire que la charité rend une personne pure dans tous ses sens. O bonheur infini, qui te comprendra jamais !...
5? La charité n'est point envieuse : elle ne ressent point de tristesse du bien qui arrive au prochain, soit au spirituel, soit au temporel. Vous ne verrez jamais une personne qui a la charité, être fâchée de ce qu'une autre réussit mieux qu'elle, ou de ce qu'elle est plus aimée, plus estimée. Bien loin de s'affliger du bonheur de son prochain, elle en bénit le bon Dieu. – Mais, me direz-vous, je ne suis pas fâché de ce que mon prochain fait bien ses affaires, de ce qu'il est bien riche, bien heureux. Convenez ce-pendant avec moi que vous seriez plus content que cela vous arri-vât plutôt qu'à lui. – Cela est encore vrai. – Eh bien ! si cela est, vous n'avez pas la charité telle que le bon Dieu veut que vous l'ayez, comme il vous le commande, et pour lui plaire .....
6? Celui qui a la charité n'est point sujet à la colère, car saint Paul nous dit que la charité est patiente, bonne, douce pour tout le monde . Voyez comme nous sommes loin d'avoir cette charité. Combien de fois pour un rien nous nous fâchons, nous murmu-rons, nous nous emportons, nous parlons avec hauteur, et nous restons en colère pendant plusieurs jours !... Mais, me direz-vous, c'est ma manière de parler ; je ne suis pas fâché après. – Dites donc plutôt que vous n'avez pas la charité, qui est patiente, douce, et que vous ne vous conduisez pas comme un bon chrétien. Dites-moi, si vous aviez la charité dans l'âme, est-ce que vous ne sup-porteriez pas avec patience, et même avec plaisir, une parole que l'on dira contre vous, une injure, ou si vous voulez, un petit tort que l'on vous aura fait, ? – Il attaque ma réputation. – Hélas ! mon ami, quelle bonne opinion voulez-vous qu'on ait de vous après que vous avez tant de fois mérité .... ? Ne devons-nous pas nous regarder comme trop heureux que l'on veuille bien nous souffrir parmi les créatures, après que nous avons traité si indignement le Créateur ?... Ah ! ! M.F., si nous avions cette charité, nous serions sur la terre presque comme les saints qui sont dans le ciel ! Qui donc sait d'où nous viennent tous ces chagrins que nous éprou-vons, aussi bien les uns que les autres ; et pourquoi y en a-t-il tant dans le monde qui souffrent toutes sortes de misères ? Cela vient de ce que nous n'avons pas la charité.
Oui, M.F. ; la charité est une vertu si belle, elle rend tout ce que nous faisons si agréable au bon Dieu, que les saints Pères ne savent de quels termes se servir pour nous en faire connaître toute la beauté et toute la valeur. Ils la comparent au soleil qui est le plus bel astre du firmament, et qui donne aux autres toute leur clarté et leur beauté. Comme lui, la vertu de charité communique à toutes les autres vertus leur beauté et leur pureté, et les rend mé-ritoires et infiniment plus agréables à Dieu. Ils la comparent au feu qui est le plus noble et le plus actif, de tous les éléments. La charité est la vertu la plus noble et la plus active de toutes : elle porte l'homme à mépriser tout ce qui est vil, méprisable et de peu de durée, pour ne s'attacher qu'à Dieu seul et aux biens qui ne doivent jamais périr. Ils la comparent encore à l'or qui est le plus précieux de tous les métaux, et fait l'ornement et la beauté de tout ce que nous avons de riche sur la terre. La charité fait la beauté et l'ornement de toutes les autres vertus ; la moindre action de dou-ceur ou d'humilité, faite avec la charité dans le cœur, est d'un prix qui surpasse tout ce que nous pouvons penser. Le bon Dieu nous dit dans l'Écriture sainte que son épouse lui avait blessé le cœur par un cheveu de son cou ; pour nous faire comprendre que la moindre bonne œuvre faite avec amour, avec la charité dans l'âme, lui est si agréable, qu'elle lui perce le cœur. La moindre ac-tion, quelque petite qu'elle soit, lui est toujours très agréable, puisqu'il n'y a rien de si petit que les cheveux de cou. O belle ver-tu ! que ceux qui vous possèdent sont heureux ; mais, hélas ! qu'ils sont rares !... Les saints la comparent encore à la rose qui est la plus belle de toutes les fleurs, et très odoriférante. De même, nous disent-ils, la charité est la plus belle de toutes les ver-tus ; son odeur monte jusqu'au trône de Dieu. Disons mieux, la charité nous est aussi nécessaire pour plaire à Dieu et pour rendre toutes nos actions méritoires, que notre âme est nécessaire à notre corps. Une personne qui n'a pas la charité dans le cœur est un corps sans âme. Oui, M.F., c'est la charité qui soutient la foi et qui la ranime ; sans la charité, elle est morte. L'espérance, comme la foi, n'est qu'une vertu languissante qui, sans la charité, ne durera pas longtemps.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:56

II. – Comprenons-nous maintenant, M.F., la valeur de cette vertu et la nécessité de la posséder pour nous sauver. Ayons au moins le soin de la demander tous les jours à Dieu, puisque, sans elle, nous ne faisons rien pour notre salut. Nous pouvons dire que lorsque la charité entre dans un cœur, elle y mène avec elle toutes les autres vertus : c'est elle qui purifie et sanctifie toutes nos ac-tions ; c'est elle qui perfectionne l'âme ; c'est elle qui rend toutes nos actions dignes du ciel. Saint Augustin nous dit que toutes les vertus sont dans la charité, et que la charité est dans toutes les ver-tus. C'est la charité, nous dit-il, qui conduit toutes nos actions à leur fin, et qui leur donne accès auprès de Dieu. Saint Paul, qui a été et qui est encore la lumière du monde, en fait tant de cas et tant d'estime, qu'il nous dit qu'elle surpasse tous les dons du ciel. Écrivant aux Corinthiens, il s'écrie : « Quand même je parlerais le langage des anges, si je n'ai pas la charité, je suis semblable à une cymbale qui retentit, et ne produit qu'un son. Quand j'au-rais le don de prophétie, et tant de foi que je pourrais transporter les montagnes d'un endroit à l'autre, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. Quand je donnerais tout mon bien aux pauvres et que je li-vrerais mon corps aux souffrances, tout cela ne servirait de rien si je n'ai pas la charité dans mon cœur, et si je n'aime pas mon pro-chain comme moi-même » Voyez-vous, M.F., la nécessité où nous sommes de demander au bon Dieu, de tout notre cœur, cette incomparable vertu, puisque toutes les vertus ne sont rien sans elle ?
En voulez-vous un beau modèle ? Voyez Moïse : lorsque son frère Aaron et sa sœur Marie murmurèrent contre lui, le Sei-gneur les punit ; mais Moïse voyant sa sœur couverte d'une lèpre qui était la punition de sa révolte : O Seigneur ! lui dit-il, pour-quoi punissez-vous ma sœur ? vous savez bien que je ne vous ai jamais demandé vengeance, pardonnez-lui, s'il vous plaît. Aussi le Saint-Esprit nous dit qu'il était le plus doux des hommes qui fus-sent alors sur la terre . Voilà, M.F., un frère qui a vraiment la charité dans le cœur, puisqu'il s'afflige de voir punir sa sœur. Di-tes-moi si nous voyions punir quelqu'un qui nous aurait fait quel-que outrage, ferions-nous comme Moïse ? nous affligerions-nous, demanderions-nous au bon Dieu de ne pas le punir ?... Hélas ! qu'ils sont rares, ceux qui ont dans l'âme cette charité de Moïse ! Mais, me direz-vous, quand on nous fait des choses que nous ne méritons pas, il est bien difficile d'en aimer les auteurs. – Diffi-cile, M.F. ?... voyez saint Etienne. Pendant qu'on l'assomme à coups de pierres, il lève les mains et prie Dieu de pardonner à ces bourreaux qui lui ôtent la vie, le péché qu'ils commettent . – Mais, pensez-vous, saint Étienne était un saint. C'était un saint, M.F. ? mais si nous ne sommes des saints, c'est un grand malheur pour nous : il faut que nous le devenions ; et aussi longtemps que nous n'aurons la charité dans le cœur, nous ne deviendrons jamais des saints.
Que de péchés, M.F., l'on commet contre l'amour de Dieu et du prochain ! Désirez-vous savoir combien souvent nous péchons contre l'amour que nous devons à Dieu ?
L'aimons-nous de tout notre cœur ? Ne lui avons-nous pas souvent préféré nos parents, nos amis ? Pour aller les voir, sans qu'il y eût nécessité, n'avons-nous pas souvent manqué les offices, les vêpres, le catéchisme, la prière du soir ? Combien de fois n'avez-vous pas fait manquer la prière à vos enfants dans la crainte de leur faire perdre quelques minutes ? hélas ! pour aller paître nos troupeaux dans les champs ! ... Mon Dieu ! quelle indi-gne préférence !... Combien de fois n'avons-nous pas manqué nous-mêmes nos prières ; ou les avons-nous faites dans notre lit, en nous habillant, ou en marchant ? Avons-nous eu soin de rap-porter toutes nos actions au bon Dieu, toutes nos pensées, tous nos désirs ? Nous sommes-nous consacrés à lui dès l'âge de rai-son, et lui avons-nous bien donné tout ce que nous avions ? Saint Thomas nous dit que les pères et mères doivent avoir un grand soin de consacrer leurs enfants au bon Dieu, dès l'âge le plus ten-dre, et que, ordinairement, les enfants qui sont consacrés au bon Dieu par leurs parents, reçoivent une grâce et une bénédiction toutes particulières, qu'ils ne recevraient pas sans cela. Il nous dit que si les mères avaient bien à cœur le salut de leurs enfants, elles les donneraient au bon Dieu avant qu'ils vinssent au monde.
Nous disons que ceux qui ont la charité reçoivent avec pa-tience et résignation à la volonté de Dieu, tous les accidents qui peuvent leur arriver, les maladies, les calamités, en pensant que tout cela nous rappelle que nous sommes pécheurs, et que notre vie n'est pas éternelle ici-bas.
Nous péchons encore contre l'amour de Dieu, quand nous restons trop longtemps sans penser à Lui. Combien, hélas ! pas-sent un quart et même la moitié du jour sans faire une élévation de leur cœur vers Dieu, pour le remercier de tous ses bienfaits, surtout de les avoir faits chrétiens, de les avoir fait naître dans le sein de son Église, de les avoir préservés d'être morts dans le pé-ché. L'avons-nous remercié de tous les sacrements qu'il a établis pour notre sanctification, de notre vocation à la foi ? L'avons-nous remercié de tout ce qu'il a opéré pour notre salut, de son incarna-tion, de sa mort et passion ? N'avons-nous pas eu de l'indifférence pour le service de Dieu en négligeant soit de fréquenter les sa-crements, soit de nous corriger, soit d'avoir souvent recours à la prière ? N'avons-nous pas négligé de nous instruire de la manière de nous comporter pour plaire à Dieu ? Lorsque nous avons vu quelqu'un blasphémer le saint nom de Dieu, ou commettre d'au-tres péchés, n'avons-nous pas été indifférents, comme si cela ne nous regardait pas ? N'avons-nous pas prié sans goût, sans dessein de plaire à Dieu ; plutôt pour nous débarrasser, que pour attirer ses miséricordes sur nous, et nourrir notre pauvre âme ? N'avons-nous point passé le saint jour de dimanche en nous contentant de la messe, des vêpres ; sans faire aucune autre prière, ni visite au Saint-Sacrement, ni lecture spirituelle ? Avons-nous été affligés lorsque nous avons été obligés de manquer les offices ? Avons-nous tâché d'y suppléer par toutes les prières que nous avons pu ?... Avez-vous fait manquer les offices à vos enfants, à vos domestiques sans des raisons graves ?...

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:56

Avons-nous bien combattu toutes ces pensées de haine, de vengeance et d'impureté ?
Pour aimer le bon Dieu, M.F., il ne suffit pas de dire qu'on l'aime, il faut, pour bien s'assurer si cela est vrai, voir si nous ob-servons bien ses commandements, et si nous les faisons bien ob-server à ceux dont nous avons la responsabilité devant le bon Dieu. Écoutez Notre-Seigneur : « En vérité, je vous dis que ce n'est pas celui qui dira : Seigneur, Seigneur, qui entrera dans le royaume des cieux ; mais celui qui fera la volonté de Mon Père . » Nous aimons le bon Dieu, quand nous ne cherchons qu'à lui plaire dans tout ce que nous faisons. Il ne faut désirer ni la vie, ni la mort ; toutefois, l'on peut désirer la mort pour avoir le bonheur d'aller vers le bon Dieu . Saint Ignace avait un si grand désir de voir Dieu, que, quand il pensait à la mort, il en pleurait de joie. Cependant dans l'attente de ce grand bonheur, il disait à Dieu, qu'il resterait autant qu'il voudrait sur la terre. Il avait tant à cœur le salut des âmes, qu'un jour ne pouvant convertir un pécheur endurci, il alla se plonger, jusqu'au cou, dans un étang gla-cé afin d'obtenir de Dieu la conversion de ce malheureux. Comme il allait à Paris, un de ses écoliers lui prit en route tout l'argent qu'il avait. Cet écolier étant tombé malade à Rouen, ce bon saint fit le voyage de Paris à cette ville, à pied et sans souliers, pour demander la guérison de celui qui lui avait pris tout son argent. Dites-moi, M.F., est-ce là une charité parfaite ? Vous pensez en vous-mêmes que ce serait déjà beaucoup de pardonner. Vous feriez la même chose, si vous aviez la même charité que ce bon saint. Si nous trouvons si peu de personnes qui feraient cela, M.F., c'est qu'il en est très peu qui ont la charité dans l'âme. Qu'il est consolant que nous puissions aimer Dieu et le prochain sans être savant, ni riche ! Nous avons un cœur, il suffit pour cet amour.
Nous lisons dans l'histoire, que deux solitaires demandaient à Dieu depuis longtemps, qu'il voulût bien leur apprendre la ma-nière de l'aimer et de le servir comme il faut, puisqu'ils n'avaient quitté le monde que pour cela. Ils entendirent une voix qui leur dit d'aller dans la ville d'Alexandrie où demeuraient un homme, nommé Euchariste, et sa femme qui s'appelait Marie. Ceux-là ser-vaient le bon Dieu plus parfaitement que les solitaires, et leur ap-prendraient comment il doit être aimé. Très heureux de cette ré-ponse, les deux solitaires se rendent en toute hâte dans la ville d'Alexandrie. Étant arrivés, ils s'informent, pendant plusieurs jours, sans pouvoir trouver ces deux saints personnages. Crai-gnant que cette voix ne les ait trompés, ils prenaient le parti de retourner dans leur désert, quand ils aperçurent une femme sur la porte de sa maison. Ils lui demandèrent, si elle ne connaîtrait pas par hasard un homme nommé Euchariste. – C'est mon mari, leur dit-elle. – Vous vous appelez donc Marie, lui dirent les solitaires ? – Qui vous a appris mon nom ? – Nous l'avons appris, avec celui de votre mari, par une voix surnaturelle, et nous venons ici pour vous parler. Le mari arriva, sur le soir, conduisant un petit trou-peau de moutons. Les solitaires coururent aussitôt l'embrasser, et le prièrent de lui dire quel était son genre de vie. – Hélas ! mes pères ; je ne suis qu'un pauvre berger. – Ce n'est pas ce que nous vous demandons, lui dirent les solitaires ; dites-nous comment vous vivez et de quelle manière, vous et votre femme, servez le bon Dieu. – Mes pères, c'est bien à vous de me dire ce qu'il faut faire pour servir le bon Dieu ; je ne suis qu'un pauvre ignorant. N'importe ! nous sommes venus de la part de Dieu vous demander comment vous le servez. – Puisque vous me le commandez, je vais vous le dire. J'ai eu le bonheur d'avoir une mère craignant Dieu, qui, dès mon enfance, m'a recommandé de tout faire et de tout souffrir pour l'amour de Dieu. Je souffrais les petites correc-tions que l'on me faisait pour l'amour de Dieu ; je rapportais tout à Dieu : le matin, je me levais, je faisais mes prières et tout mon travail pour son amour. Pour son amour, je prends mon repos et mes repas ; je souffre la faim, la soif, le froid et la chaleur, les ma-ladies et toutes les autres misères. Je n'ai point d'enfants ; j'ai vécu avec ma femme comme avec ma sœur, et toujours dans une grande paix. Voilà toute ma vie et c'est aussi celle de ma femme. – Les solitaires, ravis de voir des âmes si agréables à Dieu, lui demandèrent s'il avait du bien. – J'ai peu de bien, mais ce petit troupeau de moutons que mon père m'a laissés me suffit, j'en ai de reste. Je fais trois parts de mon petit revenu : j'en donne une partie à l'église, une autre aux pauvres, et le reste nous fait vivre ma femme et moi. Je me nourris pauvrement ; mais jamais je ne me plains : je souffre tout cela pour l'amour de Dieu. – Avez-vous des ennemis, lui dirent les solitaires ? – Hélas, mes pères, quel est ce-lui qui n'en a point ? Je tâche de leur faire tout le bien que je peux, je cherche à leur faire plaisir en toute circonstance, et je m'appli-que à ne faire de mal à personne. A ces paroles, les deux solitaires furent comblés de joie d'avoir trouvé un moyen si facile de plaire à Dieu et d'arriver à la haute perfection .
Vous voyez, M.F., que pour aimer le bon Dieu et le pro-chain il n'est pas nécessaire d'être bien savant, ni bien riche ; il suffit de ne chercher qu'à plaire à Dieu, dans tout ce que nous fai-sons ; de faire du bien à tout le monde, aux mauvais comme aux bons, à ceux qui déchirent notre réputation, comme à ceux qui nous aiment, et, qui…. Prenons Jésus-Christ pour notre mo-dèle, nous verrons ce qu'il a fait pour tous les hommes et particulière-ment pour ses bourreaux. Voyez comme il demande pardon, mi-séricorde pour eux ; il les aime, il offre pour eux les mérites de sa mort et passion ; il leur promet le pardon. Si nous n'avons pas cette vertu de charité, nous n'avons rien ; nous ne sommes que des fantômes de chrétiens. Ou nous aimerons tout le monde, même nos plus grands ennemis, ou nous serons réprouvés. Ah ! M.F., puisque cette belle vertu vient du ciel, adressons-nous donc au ciel pour la demander, et nous sommes sûrs de l'obtenir. Si nous possédons la charité, tout en nous plaira au bon Dieu, et par là nous nous assurerons le paradis. C'est le bonheur que je vous sou-haite.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:02

17ème DIMANCHE APRÈS LA PENTE-CÔTE
Sur la pureté



Beati mundo corde, quoniam ipsi Deum videbunt.
Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu.
(S Matth., V, 8.)

Nous lisons dans l'Évangile, que Jésus-Christ, voulant ins-truire le peuple qui venait en foule apprendre de lui ce qu'il fallait faire pour avoir la vie éternelle, s'assit, et ouvrant la bouche, leur dit : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. » Si nous avions un grand désir de voir Dieu, M.F., ces seu-les paroles ne devraient-elles pas nous faire comprendre combien la pureté nous rend agréables à lui, et combien elle nous est né-cessaire ; puisque, selon Jésus-Christ, sans elle nous ne le verrons jamais. « Bienheureux, nous dit Jésus-Christ, ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront le bon Dieu. » Peut-on espérer une plus grande récompense que celle que Jésus-Christ attache à cette belle et aimable vertu, à savoir, la jouissance des trois personnes de la très sainte Trinité, pendant toute l'éternité ?... Saint Paul, qui en connaissait si bien le prix, écrivant aux Corinthiens, leur dit : « Glorifiez le bon Dieu, puisque vous le portez dans vos corps ; et soyez fidèles à les conserver dans une grande pureté. Rappelez vous bien, mes enfants, que vos membres sont les membres de Jésus-Christ, et que vos cœurs sont les temples du Saint-Esprit. Prenez bien garde de ne pas les souiller par le péché, qui est l'adultère, la fornication, et tout ce qui peut déshonorer votre corps et votre cœur, aux yeux de Dieu la pureté même . » Oh ! M.F., que cette vertu est belle et précieuse, non seulement aux yeux des hommes et des anges, mais aux yeux de Dieu même. Il en fait tant de cas, qu'il ne cesse de la louer dans tous ceux qui sont assez heureux pour la conserver. Aussi, cette vertu inestima-ble fait-elle le plus bel ornement de l'église, et, par conséquent, devrait-elle être la plus chérie des chrétiens. Nous, M.F., qui, dans le saint baptême, avons été arrosés par le sang adorable de Jésus-Christ, la pureté même ; dans ce sang adorable qui a tant engendré de vierges de l'un et de l'autre sexe ; nous, à qui Jésus-Christ a fait part de sa pureté en nous rendant ses membres et son temple... Mais, hélas ! M.F., dans ce malheureux siècle de corruption où nous vivons, on ne connaît plus cette vertu, cette céleste vertu qui nous rend semblables aux anges.... Oui, M.F., la pureté est une vertu qui nous est nécessaire à tous, puisque, sans elle, personne ne verra le bon Dieu. Je voudrais vous en faire concevoir une idée digne de Dieu, et vous montrer, 1? combien elle nous rend agréa-bles à ses yeux en donnant un nouveau degré de sainteté à toutes nos actions, et 2? ce que nous devons faire pour la conserver.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:02

I. – Il faudrait, M.F., pour bien vous faire comprendre l'es-time que nous devons avoir de cette incomparable vertu, pour vous faire le récit de sa beauté, et vous en faire apprécier la valeur auprès de Dieu, il faudrait non un homme mortel, mais un ange du ciel. En l'entendant, vous diriez avec étonnement : Comment tous les hommes ne sont-ils pas prêts à tout sacrifier plutôt que de per-dre une vertu qui nous unit d'une manière intime avec Dieu ? Es-sayons cependant d'en concevoir quelque chose en considérant que cette vertu vient du ciel, qu'elle fait descendre Jésus-Christ sur la terre, et qu'elle élève l'homme jusqu'au ciel, par la ressem-blance qu'elle lui donne avec les anges, avec Jésus-Christ lui-même. Dites-moi, M.F., d'après cela, ne mérite-t-elle pas le titre de précieuse vertu ? N'est-elle pas digne de toute notre estime et de tous les sacrifices nécessaires pour la conserver ?
Nous disons que la pureté vient du ciel, parce qu'il n'y avait que Jésus-Christ lui-même qui fût capable de nous l'apprendre et de nous en faire sentir toute la valeur. Il nous a laissé des exem-ples prodigieux de l'estime qu'il a eue de cette vertu. Ayant résolu, dans la grandeur de sa miséricorde, de racheter le monde, il prit un corps mortel comme le nôtre ; mais il voulut choisir une vierge pour mère. Quelle fut cette incomparable créature, M.F. ? Ce fut Marie, la plus pure entre toutes, et qui, par une grâce accordée à nulle autre, fut exempte du péché originel. Elle consacra sa virgi-nité au bon Dieu dès l'âge de trois ans, et en lui offrant son corps, son âme, elle lui fit le sacrifice le plus saint, le plus pur et le plus agréable que Dieu ait jamais reçu d'une créature sur la terre. Elle le soutint par une fidélité inviolable à garder sa pureté et à éviter tout ce qui pouvait tant soit peu en ternir l'éclat. Nous voyons que la sainte Vierge faisait tant de cas de cette vertu, qu'elle ne voulait pas consentir à être Mère de Dieu avant que l'ange ne lui eût assu-ré qu'elle ne la perdrait pas : Mais l'ange lui ayant dit que, en de-venant la Mère de Dieu, bien loin de perdre ou de ternir sa pureté dont elle faisait tant d'estime, elle n'en serait que plus pure et plus agréable à Dieu, elle consentit alors volontiers, afin de donner un nouvel éclat à cette pureté virginale . Nous voyons encore que Jésus-Christ choisit un père nourricier qui était pauvre, il est vrai ; mais il voulut que sa pureté fut au-dessus de celle de toutes les autres créatures, la sainte Vierge exceptée. Parmi ses disciples, il en distingua un, à qui il témoigna une amitié et une confiance sin-gulières, à qui il fit part de ses plus grands secrets ; mais il prit le plus pur de tous, et qui était consacré à Dieu dès sa jeunesse.
Saint Ambroise nous dit que la pureté nous élève jusqu'au ciel et nous fait quitter la terre, autant qu'il est possible à une créa-ture de la quitter. Elle nous élève au-dessus de la créature corrompue et, par ses sentiments et ses désirs, elle nous fait vivre de la vie même des anges. D'après saint Jean Chrysostome, la chasteté d'une âme est d'un plus grand prix aux yeux de Dieu que celle des anges, parce que les chrétiens ne peuvent acquérir cette vertu que par les combats, au lieu que les anges l'ont par nature. Les anges n'ont rien à combattre pour la conserver, tandis qu'un chrétien est obligé de se faire à lui-même une guerre continuelle. Saint Cyprien ajoute que, non seulement la chasteté nous rend semblables aux anges, mais encore nous donne un caractère de ressemblance avec Jésus-Christ lui-même. Oui, nous dit ce grand saint, une âme chaste est une image vivante de Dieu sur la terre.
Plus une âme se détache d'elle-même par la résistance à ses passions, plus elle s'attache à Dieu ; et, par un heureux retour, plus le bon Dieu s'attache à elle : il la regarde, il la considère comme son épouse et sa bien-aimée ; il en fait l'objet de ses plus chères complaisances et y fixe sa demeure pour jamais. « Heureux, nous dit le Sauveur, ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront le bon Dieu . » Selon saint Basile, si nous trouvons la chasteté dans une âme, nous y trouvons toutes les autres vertus chrétiennes ; elle les pratiquera avec une grande facilité, « parce que, nous dit-il, pour être chaste, il faut s'imposer beaucoup de sacrifices et se faire une grande violence. Mais une fois qu'elle a remporté de telles victoires sur le démon, la chair et le sang, tout le reste lui coûte fort peu ; car une âme qui commande avec empire à ce corps sensuel surmonte facilement tous les obstacles qu'elle rencontre dans le chemin de la vertu. » Aussi, voyons-nous, M.F., que les chrétiens qui sont chastes sont les plus parfaits. Nous les voyons réservés dans leurs paroles, modestes dans toutes leurs démarches, sobres dans leurs repas, res-pectueux dans le lieu saint et édifiants dans toute leur conduite. Saint Augustin compare ceux qui ont le grand bonheur de conserver leur cœur pur, aux lis qui montent droit au ciel et qui répandent autour d'eux une odeur très agréable ; leur vue seule nous fait penser à cette précieuse vertu. Ainsi la sainte Vierge inspirait la pureté à tous ceux qui la regardaient... Heureuse vertu, M.F., qui nous met au rang des anges, qui semble même nous élever au-dessus d'eux ! Tous les saints en ont fait le plus grand cas et ont mieux aimé perdre leurs biens, leur réputation et leur vie même que de ternir cette belle vertu.
Nous en avons un bel exemple dans la personne de sainte Agnès. Sa beauté et ses richesses l'avaient fait rechercher, à l'âge de douze ans, par le fils du préfet de la ville de Rome. Elle lui fait connaître qu'elle s'était consacrée au bon Dieu. Elle fut arrêtée sous le prétexte qu'elle était chrétienne, mais en réalité afin qu'elle consentît aux désirs du jeune homme. Elle était tellement unie au bon Dieu que ni les promesses, ni les menaces, ni la vue des bour-reaux et des instruments étalés devant elle pour l'effrayer, ne lui firent changer de sentiments. Ses persécuteurs ne pouvant rien gagner sur elle, ils la chargèrent de chaînes, et voulurent lui met-tre un carcan et des anneaux de fer au cou et aux mains ; ils ne pu-rent y réussir, tant étaient faibles ses pauvres petites mains inno-centes. Elle demeura ferme dans sa résolution, au milieu de ces loups enragés, et elle offrit son petit corps aux tourments avec un courage qui étonna les bourreaux. On la traîne aux pieds des ido-les ; mais elle confesse hautement qu'elle ne reconnaît pour Dieu que Jésus-Christ, et que leurs idoles ne sont que des démons. Le juge cruel et barbare, voyant qu'il ne peut rien gagner, croit qu'elle sera plus sensible à la perte de cette pureté dont elle fait tant de cas. Il la menace de la faire exposer dans un lieu infâme ; mais elle lui répond avec fermeté : « Vous pouvez bien me faire mou-rir, mais vous ne pourrez jamais me faire perdre ce trésor : Jésus-Christ lui-même en est trop jaloux. » Le juge, mourant de rage, la fait conduire dans ce lieu d'ordures infernales. Mais Jésus-Christ, qui veillait sur elle d'une manière particulière, inspire un si grand respect aux gardes, qu'ils ne la regardaient qu'avec une espèce de frayeur, et il commande à un de ses anges de la protéger. Les jeu-nes gens, qui entrent dans cette chambre, brûlants d'un feu impur, voyant un ange à côté d'elle, plus beau que le soleil, en sortent tout brûlants de l'amour divin. Mais le fils du préfet, plus méchant et plus corrompu que les autres, pénètre dans la chambre où était sainte Agnès. Sans avoir égard à toutes ces merveilles, il s'appro-che d'elle dans l'espérance de contenter ses désirs impurs ; mais l'ange qui garde la jeune martyre frappe le libertin, qui tombe mort à ses pieds. Aussitôt se répand dans Rome le bruit que le fils du préfet avait été tué par Agnès. Le père, tout en fureur, vient trouver la sainte et se livre à tout ce que son désespoir peut lui inspirer. Il l'appelle furie de l'enfer, monstre né pour la désolation de sa vie, puisqu'elle avait fait mourir son fils. Sainte Agnès lui répond tranquillement : « C'est qu'il a voulu me faire violence, alors mon ange lui a donné la mort. » Le préfet un peu adouci, lui dit : « Eh bien ! prie ton Dieu de le ressusciter, afin que l'on ne dise pas que c'est toi qui l'as fait mourir. – Sans doute, lui dit la sainte, vous ne méritez pas cette grâce ; mais afin que vous sa-chiez que les chrétiens ne se vengent jamais, qu'au contraire, ils rendent le bien pour le mal, sortez d'ici, et je vais prier le bon Dieu pour lui. ». Alors Agnès se jette à genoux, prosternée la face contre terre. Pendant qu'elle prie, son ange lui apparaît et lui dit : « Prenez courage. » Au même instant le corps inanimé reprend la vie : Le jeune homme ressuscité par les prières de la sainte, s'élance de la maison, court par les rues de Rome en criant : « Non, non, mes amis, il n'y a point d'autre Dieu que celui des chrétiens ; tous les dieux que nous adorons ne sont que des dé-mons qui nous trompent et nous traînent en enfer. » Cependant, malgré un si grand miracle, on ne laissa pas que de la condamner à mort. Alors le lieutenant du préfet commande qu'on allume un grand feu, et l'y fait jeter. Mais les flammes s'entr'ouvrant, ne lui font aucun mal et brûlent les idolâtres accourus pour être les spec-tateurs de ses combats. Le lieutenant voyant que le feu la respec-tait et ne lui faisait aucun mal ; ordonne qu'on la frappe d'un coup d'épée à la gorge, afin de lui ôter la vie ; mais le bourreau tremble comme si lui-même était condamné à la mort... Comme les pa-rents de sainte Agnès pleuraient la mort de leur fille, elle leur ap-parut en leur disant : « Ne pleurez pas ma mort, au contraire, ré-jouissez-vous de ce que j'ai acquis une si grande gloire dans le ciel . »

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:02

Vous voyez, M.F., ce que cette vierge a souffert plutôt que de perdre sa virginité. Concevez maintenant l'estime que vous de-vez avoir de la pureté, et combien le bon Dieu se plaît à faire des miracles pour s'en montrer le protecteur et le gardien. Comme cet exemple confondra un jour ces jeunes gens qui font si peu de cas de cette belle vertu ! Ils n'en n'ont jamais connu le prix. Le Saint-Esprit a donc bien raison de s'écrier : « Oh ! qu'elle est belle cette génération chaste ; sa mémoire est éternelle, et sa gloire brille de-vant les hommes et les anges ! » IL est certain, M.F., que chacun aime ses semblables ; aussi les anges, qui sont des esprits purs, aiment et protègent d'une manière particulière les âmes qui imitent leur pureté. Nous lisons dans l'Écriture sainte que l'ange Raphaël, qui accompagna le jeune Tobie, lui rendit mille offices. Il le préserva d'être dévoré par un poisson, d'être étranglé par le dé-mon. Si ce jeune homme n'avait pas été chaste, très certainement l'ange ne l'aurait pas accompagné et ne lui aurait pas rendu tant de services. De quel plaisir ne jouit pas l'ange gardien qui conduit une âme pure !
Il n'y a point de vertu pour la conservation de laquelle le bon Dieu fasse des miracles aussi nombreux que ceux qu'il prodigue en faveur d'une personne qui connaît le prix de la pureté et qui s'efforce de la sauvegarder. Voyez ce qu'il fit pour sainte Cécile. Née à Rome de parents très riches, elle était très instruite de la re-ligion chrétienne, et suivant l'inspiration de Dieu, elle lui consacra sa virginité. Ses parents, qui ne le savaient pas, la promirent en ma-riage à Valérien, fils d'un sénateur de la ville. C'était, selon le monde, un parti très considéré. Elle demanda à ses parents le temps d'y penser. Elle passa ce temps dans le jeûne, la prière et les larmes, pour obtenir de Dieu la grâce de ne pas perdre la fleur de cette vertu qu'elle estimait plus que sa vie. Le bon Dieu lui ré-pondit de ne rien craindre et d'obéir à ses parents ; car, non seu-lement elle ne perdrait pas cette vertu, mais que celui qu'elle au-rait…. Elle con-sentit donc au mariage. Le jour de ses noces, lors-que Valérien se présenta, elle lui dit : « Mon cher Valérien, j'ai un secret à vous communiquer. Celui-ci lui répondit : Quel est ce se-cret ? – J'ai consacré ma virginité à Dieu et jamais homme ne me touchera, car j'ai un ange qui veille sur ma pureté ; et si vous y at-tentiez, il vous frapperait de mort. » – Valérien fut fort surpris de ce langage, parce qu'étant païen, il ne comprenait rien à tout cela. Il répondit : « Montrez-moi cet ange qui vous garde, » La sainte répliqua : « Vous ne pouvez le voir parce que vous êtes païen. Al-lez trouver de ma part le pape Urbain, et demandez-lui le bap-tême, vous verrez ensuite mon ange. » Sur-le-champ, il part. Après avoir été baptisé par le Pape, il revient trouver son épouse. Entrant dans sa chambre, il aperçoit l'ange veillant avec sainte Cécile. Il le trouve si beau, si brillant de gloire, qu'il en est char-mé et touché. Non seulement il permit à son épouse de rester consacrée à Dieu, mais lui-même fit vœu de virginité. Ils eurent bientôt l'un et l'autre le bonheur de mourir martyrs . Voyez-vous comment le bon Dieu prend soin d'une personne qui aime cette incomparable vertu et travaille à la conserver ?
Nous lisons dans la vie de saint Edmond ,qu'étudiant à Paris il se trouva avec quelques personnes qui disaient des sottises, il les quitta de suite. Cette action fut si agréable à Dieu, qu'il lui apparut sous la forme d'un bel enfant et le salua d'un air fort gracieux, lui disant qu'il l'avait vu avec satisfaction quitter ses compagnons qui tenaient des discours licencieux ; et, pour l'en récompenser, il lui promit qu'il serait toujours avec lui. De plus, saint Edmond eut le grand bonheur de conserver son innocence jusqu'à la mort. Quand sainte Lucie alla sur le tombeau de sainte Agathe pour demander au bon Dieu, par son intercession, la guérison de sa mère, sainte Agathe lui apparut et lui dit qu'elle pouvait obtenir, par elle-même, ce qu'elle demandait, parce que, par sa pureté, elle avait préparé dans son cœur une demeure très agréable à son Créateur . Ceci nous montre que le bon Dieu ne peut rien refuser à celui qui a le bonheur de conserver purs son corps et son âme...
Écoutez le récit de ce qui arriva à sainte Potamienne qui vi-vait au temps de la persécution de Maximien . Cette jeune fille était esclave d'un maître débauché et libertin, qui ne cessait de la solliciter au mal. Elle aima mieux souffrir toutes sortes de cruau-tés et de supplices que de consentir aux sollicitations de ce maître infâme. Celui-ci, voyant qu'il ne pouvait rien gagner, dans sa fu-reur, la fit remettre comme chrétienne entre les mains du gouver-neur auquel il promit une grande récompense s'il pouvait la ga-gner. Le juge fit conduire cette vierge devant son tribunal, et voyant que toutes les menaces ne la faisaient pas changer de sen-timents, il lui fit endurer tout ce que la rage put lui inspirer. Mais le bon Dieu, qui n'abandonne jamais ceux qui se sont consacrés à lui, donna à la jeune martyre tant de force qu'elle semblait être in-sensible à tous les tourments. Ce juge inique ne pouvant vaincre sa résistance, fit placer sur un feu très ardent une chaudière rem-plie de poix, et lui dit : « Regarde ce que l'on te prépare, si tu n'obéis pas à ton maître. » La sainte fille répondit sans se trou-bler : « J'aime mieux souffrir tout ce que votre fureur pourra vous inspirer qu'obéir aux infâmes volontés de mon maître ; d'ailleurs, je n'aurais jamais cru qu'un juge fût si injuste que de vouloir me faire obéir aux desseins d'un maître débauché. » Le tyran, irrité de cette réponse, commanda qu'on la jetât dans la chaudière. « Du moins, ordonnez, lui dit-elle, que j'y sois jetée toute vêtue. Vous verrez quelle force le bon Dieu que nous adorons, donne à ceux qui souffrent pour lui. » Après trois heures de supplice, Pota-mienne rendit sa belle âme à son Créateur, et ainsi remporta la double palme du martyre et de la virginité.
Hélas ! M.F., que cette vertu est peu connue dans le monde, que nous l'estimons peu, que nous prenons peu de soin pour la conserver, que nous avons peu de zèle à la demander à Dieu, puisque nous ne pouvons l'avoir de nous-même. Non, nous ne connaissons point cette belle et aimable vertu qui gagne si facile-ment le cœur de Dieu, qui donne un si beau lustre à toutes nos au-tres bonnes œuvres, qui nous élève au-dessus de nous-même, qui nous fait vivre sur la terre comme les anges dans le ciel !...

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:02

Non, M.F., elle n'est pas connue de ces vieux infâmes impu-diques qui se traînent, se roulent et se noient dans la fange de leurs turpitudes, dont le cœur est semblable à ces…… sur le haut des montagnes……rôtis et brûlés par ces feux impurs. Hélas ! bien loin de chercher à l'éteindre, ils ne cessent de l'allumer et de l'enflammer par leurs regards, leurs pensées, leurs désirs et leurs actions. Dans quel état sera cette âme, quand elle paraîtra devant un Dieu, la pureté même ? Non, M.F., cette belle vertu n'est pas connue de cette personne, dont les lèvres ne sont qu'une bouche et qu'un tuyau dont l'enfer se sert pour vomir ses impuretés sur la terre ; et qui s'en nourrit comme d'un pain quotidien. Hélas ! leur pauvre âme n'est plus qu'un objet d'horreur au ciel et à la terre ! Non, M.F., elle n'est pas connue cette aimable vertu de pureté de ces jeunes gens dont les yeux et les mains sont souillés par des regards et …. O Dieu, combien d'âmes ce péché traîne dans les enfers !... Non, M.F., cette belle vertu n'est pas connue de ces fil-les mondaines et corrompues qui prennent tant de précautions et de soins pour attirer sur elles les yeux du monde ; qui, par leurs parures recherchées et indécentes, annoncent publiquement qu'el-les sont d'infâmes instruments dont l'enfer se sert pour perdre les âmes ; ces âmes, qui ont tant coûté de travaux, de larmes et de tourments à Jésus-Christ !... Regardez-les, ces malheureuses, et vous verrez que mille démons environnent leur tête et leur poi-trine. O mon Dieu, comment la terre peut-elle supporter de tels suppôts de l'enfer ? Chose plus étonnante encore, comment des mères les souffrent-elles dans un état indigne d'une chrétienne ! Si je ne craignais d'aller trop loin, je dirais à ces mères qu'elles ne valent pas plus que leurs filles. Hélas ! ce malheureux cœur et ces yeux impurs ne sont qu'une source empoisonnée qui donne la mort à quiconque les regarde ou les écoute. Comment de tels, monstres osent-ils se présenter devant un Dieu saint et si ennemi de l'impureté ! Hélas ! leur pauvre vie n'est autre chose qu'un monceau de graisse qu'elles amassent pour enflammer les feux de l'enfer pendant toute l'éternité. Mais, M.F., quittons une matière si dégoûtante et si révoltante pour un chrétien, dont la pureté doit imiter celle de Jésus-Christ lui-même ; et revenons à notre belle vertu de pureté qui nous élève jusqu'au ciel, qui nous ouvre le cœur adorable de Jésus-Christ, et nous attire toutes sortes de bé-nédictions spirituelles et temporelles.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:03

II. – Nous avons dit, M.F., que cette vertu est d'un grand prix aux yeux de Dieu ; disons aussi qu'elle ne manque pas d'en-nemis qui s'efforcent de nous la faire perdre. Nous pouvons même dire que presque tout ce qui nous environne travaille à nous la ra-vir. Le démon est un de nos plus cruels ennemis ; comme il vit dans l'ordure des vices impurs, comme il sait qu'il n'y a point de péché qui outrage tant le bon Dieu et qu'il connaît combien lui est agréable une âme pure, il nous tend toutes sortes de pièges pour nous enlever cette vertu. D'un autre côté, le monde qui ne cherche que ses aises et ses plaisirs, travaille aussi à nous la faire perdre, souvent en paraissant nous témoigner de l'amitié. Mais, nous pou-vons dire que notre plus cruel et notre plus dangereux ennemi, c'est nous-mêmes, c'est-à-dire, notre chair qui, ayant été déjà gâ-tée et corrompue par le péché d'Adam, nous porte avec une sorte de fureur à la corruption. Si nous ne sommes pas continuellement sur nos gardes, elle nous a bientôt brûlés et dévorés par ses flam-mes impures. – Mais, me direz-vous, puisqu'il est si difficile de conserver cette vertu, si précieuse aux yeux de Dieu, que faut-il donc faire ? – M.F., en voici les moyens. Le premier est de bien veiller sur nos yeux, nos pensées, nos paroles et nos actions ; le second d'avoir recours à la prière ; le troisième de fréquenter les sacrements souvent et dignement ; le quatrième de fuir tout ce qui est capable de nous porter au mal ; le cinquième d'avoir une grande dévotion à la sainte Vierge. Si nous faisons cela, malgré tous nos ennemis et malgré la fragilité de cette vertu, nous som-mes cependant sûrs de la conserver.
Je dis 1? qu'il faut veiller sur nos regards ; cela n'est pas douteux, puisque nous voyons qu'il y en a tant qui sont tombés dans ce péché par un seul regard, et qui ne se sont jamais rele-vés …. Ne vous permettez jamais aucune liberté sans une vérita-ble nécessité. Plutôt souffrir quelque incommodité que de vous exposer au péché...
2? Saint Jacques nous dit que cette vertu vient du ciel et que jamais nous ne l'aurons si nous ne là demandons pas au bon Dieu . Nous devons donc souvent demander au bon Dieu de nous donner la pureté dans nos. yeux, dans nos paroles et dans toutes nos actions.
Je dis, en troisième lieu, que si nous voulons conserver cette belle vertu, nous devons souvent et dignement fréquenter les sa-crements, sans quoi, jamais nous n'aurons ce bonheur. Jésus-Christ n'a pas seulement institué le sacrement de Pénitence pour remettre nos péchés, mais encore pour nous donner des forces pour combattre le démon ; ce qui est très facile à comprendre. Quelle est la personne qui, ayant fait une bonne confession au-jourd'hui, pourra se laisser entraîner à la tentation ? Le péché, même avec tous ses plaisirs, lui ferait horreur. Quel est celui qui, ayant communié depuis peu, pourra consentir, je ne dis pas à une action d'impureté, mais à une seule mauvaise pensée ? Ah ! le di-vin Jésus ; qui a fait sa demeure dans son cœur, lui fait trop com-prendre combien ce péché est infâme et combien il lui déplaît, et l'éloigne de lui. Oui, M.F., un chrétien qui fréquente saintement les sacrements peut bien être tenté ; mais pécher, c'est autre chose. En effet, quand nous avons le grand bonheur de recevoir le corps adorable de Jésus-Christ, ne sentons-nous pas s'éteindre ce feu impur ? Ce sang adorable qui coule dans nos veines peut-il moins faire que de purifier notre sang ? Cette chair sacrée qui se mêle avec la nôtre, ne la divinise-t-elle pas en quelque manière ? Notre corps ne semble-t-il pas retourner dans le premier état où était Adam avant son péché ? Ah ! ce sang adorable « qui a engendré tant de vierges » !... Soyons bien surs, M.F., que si nous ne fré-quentons pas les sacrements, nous tomberons à chaque instant dans le péché.
Nous devons encore, pour nous défendre du démon, fuir les personnes qui peuvent nous porter, au mal. Voyez ce que fit le chaste Joseph tenté par la femme de son maître : il lui laissa son manteau entre les mains, et s'enfuit pour sauver son âme . Les frères de saint Thomas d'Aquin ne pouvant souffrir que leur frère se consacrât à Dieu, pour l'en empêcher, l'enfermèrent dans un châ-teau et y firent venir une femme de mauvaise vie pour tâcher de le corrompre. Se voyant poussé à bout par l'effronterie de cette mauvaise créature, il prit un tison à la main et la chassa honteu-sement de sa chambre. Ayant vu le danger auquel il avait été ex-posé, il pria avec tant de larmes, que le bon Dieu lui accorda le don précieux de la continence, c'est-à-dire qu'il ne fut plus jamais tenté contre cette belle vertu .
Voyez ce que fit saint Jérôme pour avoir le bonheur de conserver la pureté ; voyez-le dans son désert, s'abandonner à tou-tes les rigueurs de la pénitence, aux larmes et à des macérations qui font frémir . Ce grand saint nous rapporte la victoire que remporta un jeune homme dans un combat peut-être unique dans l'histoire, au temps de la cruelle persécution que l'empereur Dèce déchaîna contre les chrétiens. Le tyran, après avoir soumis ce jeune homme à toutes les épreuves que le démon put lui inspirer, pensa que s'il lui faisait perdre la pureté de son âme, il l'amènerait facilement à renoncer à la vraie religion. Dans ce but, il ordonna de le mener, dans un jardin de délices, au milieu des lis et des ro-ses, près d'un ruisseau qui coulait avec un doux murmure, et sous des arbres agités par un vent agréable. Là, on le mit sur un lit de plumes ; on l'attacha avec des liens de soie, et il fut laissé seul dans cet état. Ensuite l'on fit venir une courtisane, parée aussi ri-chement et aussi indécemment que possible. Elle commença à le solliciter au mal, avec toute l'impudence et tous les attraits que la passion peut inspirer. Ce pauvre jeune homme qui aurait donné mille fois sa vie plutôt que de souiller la pureté de sa belle âme, se voyait sans défense puisqu'il avait les pieds et les mains liés. Ne sachant plus comment résister aux attaques de la volupté, poussé par l'esprit de Dieu, il se coupe la langue avec les dents et la cra-che au visage de cette femme. Ce que voyant, elle fut si couverte de confusion qu'elle s'enfuit. Ce fait nous montre que jamais le bon Dieu ne nous laissera être tentés au-dessus de nos forces.
Voyez encore ce que fit saint Martinien, qui vivait dans le IVe siècle . Après avoir passé vingt-cinq ans dans le désert, il fut exposé à une occasion très prochaine de péché. Déjà il y avait consenti par la pensée et par la parole. Mais le bon Dieu vint à son secours et lui toucha le cœur. Il conçut un si grand regret du péché qu'il allait commettre, qu'étant rentré dans sa cellule, il al-luma un grand feu et y mit les pieds. La douleur qu'il éprouvait et le regret de son péché, lui faisaient pousser des cris affreux. Zoé, cette mauvaise femme qui était venue pour le tenter, accourut à ses cris ; et elle en fut si touchée, qu'au lieu de le pervertir, elle se convertit. Elle passa toute sa vie dans les larmes et la pénitence. Mais pour saint Martinien, il resta sept mois sur le sol, sans mou-vement, parce que ses deux pieds étaient brûlés. Après sa guéri-son, il se retira dans un autre désert, où il ne fit que pleurer le reste de sa vie, au souvenir du danger qu'il avait couru de perdre son âme. Voilà, M.F., ce que faisaient les saints ; voilà les tour-ments qu'ils ont endurés plutôt que de perdre la pureté de leur âme. Cela vous étonne peut-être ; mais vous devriez bien plutôt vous étonner du peu de cas que vous faites de cette belle et in-comparable vertu. Hélas ! ce déplorable dédain vient de ce que nous n'en connaissons pas le prix !

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:03

Je dis enfin que nous devons avoir une grande dévotion à la très sainte Vierge, si nous voulons conserver cette belle vertu ; cela n'est pas douteux, puisqu'elle est la reine ; le modèle et la pa-tronne des vierges ....
Saint Ambroise appelle la sainte Vierge la maîtresse de la chasteté, saint Epiphane l'appelle la princesse de la chasteté, et saint Grégoire la reine de la chasteté...
Voici un exemple qui nous montrera le grand soin que prend la sainte Vierge, de la chasteté de ceux qui ont confiance en elle, au point qu'elle ne sait jamais rien refuser de tout ce qu'ils lui de-mandent. Un gentilhomme qui avait une grande dévotion à la sainte Vierge avait fait une petite chapelle en son honneur dans une chambre du château qu'il habitait. Personne ne connaissait l'existence de cette chapelle. Chaque nuit après quelques moments de sommeil, sans prévenir sa femme, il se levait pour se rendre auprès de la sainte. Vierge ! et y rester jusqu'au matin Cette pau-vre femme en conçut une grande peine ; elle croyait qu'il sortait pour aller trouver quelques filles de mauvaise vie. Un jour, n'y tenant plus, elle lui dit qu'elle voyait bien qu'il lui préférait une autre femme. Le mari, pensant à la sainte Vierge, lui répondit af-firmativement. Ce qui lui fut si sensible que, ne voyant aucun changement à la conduite de son mari, dans l'excès de son cha-grin, elle se poignarda. Son mari, au retour de sa chapelle, trouva sa femme baignée dans son sang. Extrêmement affligé cette vue, il ferme à clé la porte de sa chambre, va, retrouver la sainte Vierge, et tout éploré se prosterne devant son image, en, s'écriant : « Vous voyez, sainte Vierge, que ma femme s'est donné la mort parce que je venais la nuit vous tenir compagnie et vous prier. Rien ne vous est impossible, puisque votre Fils vous a pro-mis que jamais vous n'auriez de refus. Vous voyez que ma pauvre femme est damnée ; la laisserez-vous dans les flammes, puisque c'est à cause de ma dévotion pour vous qu'elle s'est tuée dans son désespoir, Vierge sainte, refuge des affligés, rendez-lui, s'il vous plaît, la vie ; montrez que vous aimez à faire du bien à tout le monde. Je ne sortirai pas d'ici sans que vous m'ayez obtenu cette grâce de votre divin Fils. » Pendant qu'il était absorbé dans ses. larmes et ses prières, une servante le cherchait et l'appelait en lui disant que sa maîtresse le réclamait. Il répondit ; « Est-il bien sûr qu'elle m'appelle ? » – « Entendez sa voix, reprit la servante. » La joie du gentilhomme était si grande qu'il ne pouvait s'éloigner de la sainte Vierge. Il se lève enfin, pleurant de joie et de reconnais-sance. Il retrouve sa femme en pleine santé ; il ne lui restait de ses blessures que les cicatrices, afin qu'elle ne perdît jamais le souve-nir d'un tel miracle opéré par la protection de la sainte Vierge. Voyant entrer son mari, elle l'embrasse en lui disant : « Ah ! mon ami, je vous remercie d'avoir eu la charité de prier pour moi. J'étais en enfer et condamnée à y brûler éternellement, parce que je m'étais donné la mort. Remercions donc bien la sainte Vierge qui m'a arrachée d'un tel abîme ! Ah ! que l'on souffre dans ce feu ! qui pourra jamais le dire et surtout le faire comprendre ! » Elle fut si reconnaissante de cette prodigieuse faveur, qu'elle pas-sa toute sa vie dans les larmes, dans la pénitence, et ne pouvait raconter la grâce que la sainte Vierge lui avait obtenue de son di-vin Fils sans pleurer à chaudes larmes. Elle aurait voulu appren-dre à tous combien la sainte Vierge est puissante pour secourir ceux qui se confient en elle.
Dites, M.F., si la sainte Vierge a le pouvoir d'arracher les âmes de l'enfer même, pourrions-nous douter qu'elle ne nous ob-tienne les grâces que nous lui demanderons, nous qui sommes sur la terre, lieu où s'exerce la miséricorde du Fils et la compassion de la Mère ?
Quand nous avons quelques grâces à demander au bon pieu, adressons-nous donc avec une grande confiance à la sainte Vierge, et nous sommes sûrs d'être exaucés.
Voulons-nous sortir du péché, M.F., allons à Marie ; elle nous prendra par la main et nous mènera à son Fils pour recevoir notre pardon. Voulons-nous persévérer dans le bien ? Adressons-nous à la Mère de Dieu ; elle nous couvrira du manteau de sa pro-tection et tout l'enfer ne nous pourra rien. En voulez-vous la preuve ? La voici : nous lisons dans la vie de sainte Justine qu'un jeune homme ayant conçu un violent amour pour elle ; et, voyant qu'il ne pouvait rien gagner par ses sollicitations, il eut recours à un certain Cyprien qui avait affaire avec le démon. Il lui promit une somme d'argent, s'il amenait Justine à consentir à ce qu'il souhaitait.
Bientôt après, la jeune fille se sentit violemment tentée contre la sainte vertu de pureté ; mais dès que le démon la sollici-tait, elle avait vite recours à la sainte Vierge. Tout aussitôt le dé-mon prenait la fuite. Le jeune homme ayant demandé pourquoi il ne pouvait gagner cette fille, Cyprien s'adressa au démon et lui reprocha son peu de pouvoir en cette circonstance, alors que, en semblable cas, il avait toujours pu accomplir ses desseins. – Le démon lui répondit : « Cela est vrai, mais elle recourt à le Mère de Dieu ; et, dès qu'elle la prie, je perds mes forces, et ne puis rien. » Cyprien, étonné qu'une personne qui avait recours à la sainte Vierge fût si terrible à tout l'enfer, se convertit et mourut en saint dans le martyre.
Je finis, en disant que si nous voulons conserver la pureté de l'âme et du corps, il nous faut mortifier notre imagination ; ne ja-mais laisser rouler dans notre esprit la pensée de ces objets qui nous conduisent au mal, et prendre garde de n'être pas un sujet de péché aux autres, soit par nos paroles, soit par notre manière de nous habiller, ce qui regarde surtout les personnes du sexe.
Si nous en apercevons quelqu'une mal arrangée, il faut bien vite nous en détourner, et non pas faire comme ceux qui ont des yeux impudiques, qui s'y arrêtent autant que le démon le veut. Il faut mortifier nos oreilles, ne jamais prendre plaisir à entendre des paroles ou chansons sales. Ah ! mon Dieu, comment se fait-il que des pères et mères, des maîtres et maîtresses qui entendent, dans les veillées, les chansons les plus infâmes, et voient commettre des actions qui feraient horreur à des païens, puissent les souffrir, sans rien dire, sous prétexte que ce sont des enfantillages. Ah ! malheureux, le bon Dieu vous attend au grand jour des vengean-ces !... Hélas ! que de péchés vos enfants et vos domestiques au-ront commis pour vous !...
« Bienheureux, nous dit Jésus-Christ, ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. » Qu'ils sont heureux ceux qui ont le grand bonheur de posséder cette belle vertu ! Ne sont-ils pas les amis de Dieu, les bien-aimés des anges, les enfants chéris de la très sainte. Vierge ? Demandons souvent au bon Dieu, M.F., par l'intercession de cette très sainte Mère, de nous donner une âme et un cœur purs, un corps chaste ; et nous aurons le bonheur de plaire à Dieu, pendant notre vie, et d'aller le glorifier pendant toute l'éternité : ce que je vous souhaite...

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:03

18ème DIMANCHE APRÈS LA PENTE-CÔTE
Sur la Tiédeur



Sed quia tepidus es, et nec frigidus, nec calidus, incipiam te evomere ex ore meo.
Mais parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid, ni chaud, je vais te vomir de ma bouche.
(Apoc. III, 16.)

Pouvons-nous, M.F., entendre sans frémir une telle sentence sortir de la bouche de Dieu même, contre un évêque qui semblait parfaitement remplir tous les devoirs d'un digne ministre de l'Église ? Sa vie était réglée, son bien n'était point dépensé mal à propos. Bien loin d'autoriser le vice, il s'y opposait au contraire fortement ; il ne donnait point de mauvais exemples, et sa vie pa-raissait vraiment digne d'être imitée. Cependant, malgré tout cela, nous voyons que le Seigneur lui fait dire par saint Jean, que s'il continuait à vivre de cette manière, il allait le rejeter, c'est-à-dire le punir et le réprouver. Oui, M.F., cet exemple est d'autant plus effrayant que beaucoup suivent la même route, vivent de la même manière, et tiennent leur salut pour assuré. Hélas ! M.F., qu'est petit le nombre de ceux qui ne sont ni du côté des pécheurs déjà réprouvés aux yeux du monde, ni du nombre des élus ! Dans quel chemin marchons-nous ? Est-ce le droit chemin que nous sui-vons ?
Ce qui nous doit faire trembler, c'est que nous n'en savons rien. Incertitude effrayante !… Essayons cependant de connaître si vous êtes assez malheureux que d'être du nombre des tièdes. Je vais 1? vous montrer les marques par lesquelles vous le connaî-trez ; et 2? si vous êtes de ce nombre, je vous indiquerai les moyens d'en sortir.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:03

I. – En vous parlant aujourd'hui, M.F., de l'état épouvantable d'une âme tiède, mon dessein n'est pas de vous faire la peinture effrayante et désespérante d'une âme qui vit dans le péché mortel, sans même avoir le désir d'en sortir ; cette pauvre malheureuse n'est qu'une victime de la colère de Dieu pour l'autre vie. Hélas ! ces pécheurs m'écoutent, ils savent bien de qui je parle en ce mo-ment…… N'allons pas plus loin, tout ce que je dirais ne servirait qu'à les endurcir davantage. En vous parlant, M.F., d'une âme tiède, je ne veux pas davantage vous parler de ceux qui ne font ni Pâques ni confessions ; ils savent très bien que, malgré toutes leurs prières et leurs autres bonnes œuvres ils seront perdus. Lais-sons-les dans leur aveuglement, puisqu'ils y veulent rester. – Mais, me direz-vous, tous ceux qui se confessent, qui font leurs Pâques et qui communient souvent, ne seront-ils pas sauvés ? – Assurément, mon ami, ils ne le seront pas tous ; car si le plus grand nombre de ceux qui fréquentent les sacrements étaient sau-vés, il faut bien en convenir, le nombre des élus ne serait pas aussi petit qu'il le sera. Mais, cependant, reconnaissons-le ; tous ceux qui, auront le grand bonheur d'aller au ciel seront choisis parmi ceux qui fréquentent les sacrements, et jamais parmi ceux qui ne font ni Pâques ni confessions. Ah ! me direz-vous, si tous ceux qui ne font ni Pâques, ni confessions sont damnés, le nombre des réprouvés sera bien grand ! – Oui, sans doute, il sera grand. Quoi-que vous puissiez en dire, si vous vivez en pécheurs, vous parta-gerez leur sort. Est-ce que cette pensée ne vous touche pas ?... Si vous n'êtes endurci au dernier degré, elle doit vous faire frémir et même désespérer. Hélas ! mon Dieu ! qu'une personne qui a per-du la foi est malheureuse ! Bien loin de profiter de ces vérités, ces pauvres aveugles, au contraire, s'en moqueront ; et cependant, malgré tout ce qu'ils peuvent en dire, cela sera tel que, je le dis : point de Pâques, ni de confessions, point de ciel, ni de bonheur éternel. O mon Dieu ! que l'aveuglement du pécheur est affreux !
Je n'entends pas encore, M.F., par une âme tiède, celui qui voudrait être au monde sans cesser d'être à Dieu : vous le verrez, un moment se prosterner devant Dieu, son Sauveur et son maître ; et, un autre moment, vous le verrez se prosterner devant le monde, son idole. Pauvre aveugle, qui tend une main au bon Dieu et l'autre au monde, qu'il appelle tous deux à son secours, en pro-mettant à chacun son cœur ! Il aime le bon Dieu ; du moins il voudrait l'aimer, mais il voudrait aussi plaire au monde. Lassé de vouloir se donner à tous les deux, il finit par ne plus se donner qu'au monde. Vie extraordinaire et qui présente un spectacle si singulier, que l'on ne peut pas se persuader que ce soit la vie d'une même personne. Je vais vous la montrer d'une manière si claire, que, peut-être, plusieurs d'entre vous en seront offensés ; mais, peu m'importe, je vous dirai toujours ce que je dois vous dire, et vous en ferez ce que vous voudrez.
Je dis, M.F., que celui qui veut être au monde sans cesser d'être à Dieu, mène une vie si extraordinaire, qu'il n'est pas possi-ble d'en concilier les différentes circonstances. Dites-moi, oseriez vous penser que cette fille, que vous voyez dans ces parties de plaisirs, dans ces assemblées mondaines où l'on ne fait que le mal et jamais le bien, se livrant à tout ce qu'un cœur gâté et perverti peut désirer, est la même que vous avez vue, il y a à peine quinze jours ou un mois, au pied du tribunal de la pénitence faire l'aveu de ses fautes, protestant à Dieu qu'elle est prête à mourir plutôt que de retomber dans le péché ? Est-ce bien là cette personne, que vous avez vue monter à la table sainte les yeux baissés, la prière sur les lèvres ? O mon Dieu ! quelle horreur ! Peut-on bien y pen-ser sans mourir de compassion ? Croiriez-vous, M.F., que cette mère qui, il y a trois semaines, envoyait sa fille se confesser, en lui recommandant avec raison de penser sérieusement à ce qu'elle allait faire, et en lui donnant un chapelet ou un livre ; aujourd'hui, lui dit de se rendre à une danse, à un mariage ou à des fiançailles. Ces mêmes mains, qui lui ont donné un livre, sont employées à lui arranger ses vanités, afin de mieux plaire au monde. Dites-moi, M.F., est-ce bien cette personne qui, ce matin, était à l'église, chantait les louanges de Dieu, et qui maintenant emploie cette même langue à chanter de mauvaises chansons et à tenir les dis-cours les plus infâmes ? Est-ce bien là ce maître ou ce père de fa-mille qui, tout à l'heure, était à la sainte Messe avec un grand res-pect, qui semblait vouloir passer si saintement le dimanche, et que vous voyez maintenant travailler et faire travailler son monde ? O mon Dieu ! quelle horreur ! comment le bon Dieu va-t-il ranger tout cela au jour du jugement ? Hélas ! que de chrétiens damnés !
Je dis plus, M.F. : celui qui veut plaire au monde et au bon Dieu, mène une vie des plus malheureuses. Vous allez le voir. Voici une personne qui fréquente les plaisirs, ou qui a contracté quelque mauvaise habitude ; quelle n'est pas sa crainte quand elle remplit ses devoirs de religion, c'est-à-dire quand elle prie le bon Dieu, quand elle se confesse, ou veut communier ? Elle ne vou-drait pas être vue de ceux avec qui elle a dansé, et passé les nuits dans les cabarets, où elle s'est livrée à toutes sortes de désordres. Est-elle venue à bout de tromper son confesseur, en cachant tout ce qu'elle a fait de pire, et a-t-elle ainsi obtenu la permission de communier, ou plutôt de faire un sacrilège ; elle voudrait commu-nier avant ou après la sainte Messe, c'est-à-dire dans le moment où il n'y a personne. Mais elle est contente d'être vue des person-nes qui sont sages, qui ignorent sa mauvaise vie, et auxquelles elle espère inspirer une bonne opinion d'elle-même. Avec les per-sonnes de piété, elle parle de la religion ; avec les gens sans reli-gion, elle ne parlera que des plaisirs du monde. Elle rougirait d'accomplir ses pratiques religieuses devant les compagnons ou devant les compagnes de ses débauches. Cela est si vrai, qu'un jour quelqu'un m'a demandé de le faire communier à la sacristie, afin que personne ne le vît. Quelle horreur ! M.F., peut-on y pen-ser et ne pas frémir d'une telle conduite !

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:04

Mais allons plus loin, vous allez voir l'embarras de ces pau-vres personnes qui veulent suivre le monde sans quitter le bon Dieu, du moins en apparence. Voilà les Pâques qui approchent. Il faut aller se confesser ; ce n'est pas qu'elles le désirent, ni qu'elles en sentent le besoin : elles voudraient bien plutôt que les Pâques n'arrivassent que tous les trente ans. Mais leurs parents tiennent encore à la pratique extérieure de la religion ; ils sont contents que leurs enfants se présentent à la sainte Table, ils les pressent même d'aller se confesser : en cela ils font très mal. Qu'ils prient pour eux, et ne les tourmentent pas pour leur faire faire des sacrilèges ; hélas ! ils en feront assez ! Pour se délivrer de l'importunité de leurs parents, pour sauver les apparences, ces personnes se ras-sembleront afin de savoir à quel confesseur il faut aller pour être absoutes la première ou la deuxième fois. « Voilà déjà plusieurs fois, dit l'une, que les parents me tourmentent de ce que je ne vais pas me confesser. Où irons-nous ? » – « Il ne faut pas aller chez notre curé, il est trop scrupuleux ; il ne nous ferait pas faire de Pâques. Il nous faut aller trouver un tel. Il a passé telles et telles qui en ont bien autant commis que nous. Nous n'avons pas fait plus de mal qu'elles. » Une autre dira : « Je t'assure, que si ce n'étaient mes parents, je ne ferais point de Pâques ; puisque notre catéchisme nous dit que pour faire une bonne confession, il faut quitter le péché et l'occasion du péché, et nous ne faisons ni l'un ni l'autre. Je te le dis sincèrement, je suis bien embarrassée toutes les fois que les Pâques arrivent. Je ne vois les heures d'être éta-blie pour ne plus courir. Alors je ferai une confession de toute ma vie pour réparer celles que je fais maintenant, sans cela je ne mourrais pas contente. » – « Eh bien ! lui dira une autre, il te fau-dra retourner à celui qui t'a confessée jusqu'à présent, il te connaî-tra bien mieux. » – « Ah ! certes non, j'irai à celui qui ne m'a pas voulu passer, parce qu'il ne voulait pas me damner. » – « Ah ! que tu es bonne ! cela ne fait rien, ils ont bien tous le même pouvoir. » – « Cela est bon à dire tant que l'on se porte bien ; mais quand on est malade on pense bien autrement. Un jour, j'allais voir une telle, qui était bien malade ; elle me dit que jamais elle ne retour-nerait se confesser à ces prêtres qui sont si faciles, et qui, en fai-sant semblant de vouloir vous sauver, vous jettent en enfer. » C'est ainsi que se conduisent beaucoup de ces pauvres aveugles. « Mon. père, disent-elles au prêtre, je viens me confesser à vous, parce que notre curé est trop scrupuleux. Il veut nous faire pro-mettre des choses que nous ne pouvons pas tenir ; il voudrait que nous fussions des saints, et cela n'est pas trop possible dans le monde. Il voudrait que nous ne missions jamais le pied à la danse, que nous ne fréquentassions jamais les cabarets ni les jeux. Si l'on a quelque mauvaise habitude, il n'accorde plus l'absolution qu'on ne l'ait quittée tout à fait. S'il fallait faire tout cela, nous ne ferions jamais de Pâques. Mes parents, qui ont bien de la religion, me sont toujours après, sur ce que je ne fais pas mes Pâques. Je ferai tout ce que je pourrai ; mais l'on ne peut pas dire que l'on ne re-tournera plus dans ces amusements, puisque l'on ne sait pas les occasions que l'on pourra rencontrer. » – « Ah ! lui dira le confes-seur trompé par ce beau langage, je vois que votre curé est un peu scrupuleux. Faites votre acte de contrition, je vais vous donner l'absolution, et tâchez d'être bien sage. » C'est-à-dire, baissez la tête ; vous allez fouler le sang adorable de Jésus-Christ, vous allez vendre votre Dieu comme Judas l'a vendu à ses bourreaux, et de-main vous communierez, ou plutôt, vous irez le crucifier. O hor-reur ! ô abomination ! Va, infâme Judas, va, à là Table sainte ; va donner la mort à ton Dieu et à ton Sauveur ! Laisse crier ta cons-cience ; tâche seulement d'en étouffer les remords, autant que tu le pourras... Mais, M.F., je vais trop loin ; laissons ces pauvres aveugles à leurs ténèbres.
Je pense, M.F., que vous désirez savoir ce que c'est que l'état d'une âme tiède. Hé bien ! le voici : Une âme tiède n'est pas en-core tout à fait morte aux yeux de Dieu, parce que la foi, l'espé-rance et la charité, qui sont sa vie spirituelle, ne sont pas tout à fait éteintes. Mais, c'est une foi sans zèle, une espérance sans fer-meté, une cha-rité sans ardeur. Je vais vous faire le portrait d'un chrétien fervent, c'est-à-dire d'un chrétien qui désire vérita-blement sauver son âme, en même temps que celui d'une personne qui mène une vie tiède dans le service de Dieu. Mettons-les à côté de l'un et de l'autre, et vous ver-rez-auquel des deux vous ressemblez. Un bon chrétien ne se contente pas de croire toutes les vérités de notre sainte religion, il les aime, il les médite, il cherche tous les moyens de les apprendre ; il aime à entendre la parole de Dieu ; plus il l'entend, plus il désire l'entendre, parce qu'il désire en profiter, c'est-à-dire éviter tout ce que Dieu lui défend et faire tout ce qu'il commande. Les instructions ne lui paraissent jamais trop longues ; au contraire, ces moments sont les plus heureux pour lui, puisqu'il apprend la manière dont il doit se conduire pour aller au ciel et sauver son âme. Non seulement, il croit que Dieu le voit dans toutes ses actions et qu'il les jugera toutes à l'heure de la mort ; mais encore il tremble toutes les fois qu'il pense qu'un jour il faudra aller rendre compte de toute sa vie devant un Dieu qui sera sans miséricorde pour le péché. Il ne se contente pas d'y penser, de trem-bler ; mais il travaille à se corriger chaque jour ; il ne cesse d'inventer tous les jours de nouveaux moyens pour faire pénitence ; il compte pour rien tout ce qu'il a fait jusque-là, et gémit d'avoir perdu beaucoup de temps, pendant lequel il aurait pu ramasser de grands trésors pour le ciel.
Qu'il est différent le chrétien qui vit dans la tiédeur ! Il ne laisse pas de croire toutes les vérités que l'Église croit et enseigne, mais c'est d'une manière si faible, que son cœur n'y est presque pour rien. Il ne doute pas, il est vrai, que le bon Dieu le voit, qu'il est toujours en sa sainte présence ; mais avec cette pensée il n'est ni plus sage, ni moins pécheur ; il tombe avec autant de facilité dans le péché que s'il ne croyait rien ; il est très persuadé que, tant qu'il vit dans cet état, il est ennemi de Dieu, mais il n'en sort pas pour cela. Il sait que Jésus-Christ a donné au sacrement de péni-tence la puissance de remettre nos péchés, et de nous faire croître en vertu. Il sait que ce sacrement nous accorde des grâces propor-tionnées aux dispositions que nous y apportons ; n'importe : même négligence, même tiédeur dans la pratique. Il sait que Jé-sus-Christ est véritablement dans le sacrement de l'Eucharistie, qu'il est une nourriture absolument nécessaire à sa pauvre âme ; cependant, vous voyez en lui peu de désirs ! Ses confessions et ses communions sont très éloignées les unes des autres ; il ne se décidera qu'à l'occasion d'une grande fête, d'un jubilé ou d'une mission ; ou bien, parce que les autres y vont, et non par le besoin de sa pauvre âme. Non seulement il ne travaille pas à mériter ce bonheur ; mais il ne porte pas même envie à ceux qui le goûtent plus souvent. Si vous lui parlez des choses du bon Dieu, il vous répond avec une indifférence qui vous montre comme son cœur est peu sensible aux biens que nous pouvons trouver dans notre sainte religion. Rien ne le touche : il écoute la parole de Dieu, il est vrai ; mais souvent il s'ennuie ; il écoute avec peine, par habi-tude, comme une personne qui pense qu'elle en sait assez, ou qu'elle en fait assez. Les prières qui sont un peu longues le dégoû-tent. Son esprit est si rempli de l'action qu'il vient de finir, ou de celle qu'il va faire ; son ennui est si grand que sa pauvre âme est comme à l'agonie : il vit encore, mais il n'est capable de rien pour le ciel.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:04

L'espérance d'un bon chrétien est ferme ; sa confiance en Dieu est inébranlable. Il ne perd jamais de vue les biens et les maux de l'autre vie. Le souvenir des souffrances de Jésus-Christ lui est continuellement présent à l'esprit ; son cœur en est toujours occupé. Tantôt il porte sa pensée dans les enfers, pour concevoir combien est grande la punition du péché et combien est grand le malheur de celui qui le commet, ce qui le dispose à préférer la mort même au péché ; tantôt pour s'exciter à l'amour de Dieu, et pour sentir combien est heureux celui qui préfère le bon Dieu à tout ; il porte sa pensée dans le ciel. Il se représente combien est grande la récompense de celui qui quitte tout pour le bon Dieu. Alors, il ne désire que Dieu et ne veut que Dieu seul : les biens de ce monde ne lui sont rien ; il aime à les voir méprisés et à les mé-priser lui-même ; les plaisirs du monde lui font horreur. Il pense qu'étant le disciple d'un Dieu crucifié, sa vie ne doit être qu'une vie de larmes et de souffrances. La mort ne l'effraie nullement, parce qu'il sait très bien qu'elle seule peut le délivrer des maux de la vie, et le réunir à son Dieu pour toujours.
Mais une âme tiède est bien éloignée de ces sentiments. Les biens et les maux de l'autre vie ne lui sont presque rien : elle pense au ciel, il est vrai, mais sans désirer véritablement d'y aller. Elle sait que le péché lui en ferme les portes ; malgré cela, elle ne cherche pas à se corriger, du moins d'une manière efficace ; aussi se trouve-t-elle toujours la même. Le démon la trompe en lui fai-sant prendre beaucoup de résolutions de se con-vertir, de mieux faire, d'être plus mortifiée, plus retenue dans ses paroles, plus pa-tiente dans ses peines, plus charitable envers son prochain. Mais, tout cela ne change nullement sa vie : il y a vingt ans qu'elle est remplie de désirs, sans avoir modifié en rien ses habitudes. Elle ressemble à une personne qui porte envie à celui qui est sur un char de triomphe, mais ne daigne pas seulement lever le pied pour y monter. Elle ne voudrait pas cependant renoncer aux biens éter-nels pour ceux de la terre ; mais elle ne désire ni sortir de ce monde, ni aller au ciel, et si elle pouvait passer son temps sans croix et sans chagrins, elle ne demanderait jamais à sortir de ce monde. Si vous lui entendez dire que la vie est bien longue et bien misérable, c'est seulement quand tout ne va pas selon ses désirs. Si le bon Dieu, pour la forcer, en quelque sorte, à se détacher de la vie, lui envoie des croix ou des misères, la voilà qui se tour-mente, qui se chagrine, qui s'abandonne aux plaintes, aux murmu-res, et souvent à une espèce de désespoir. Elle semble ne plus vouloir reconnaître que c'est le bon Dieu qui lui envoie ces épreu-ves pour son bien ; pour la détacher de la vie et l'attirer à lui. Qu'a-t-elle pu faire pour les mériter ? pense-t-elle en elle-même ; bien d'autres plus coupables qu'elle n'en subissent pas autant.
Dans la prospérité, l'âme tiède ne va pas jusqu'à oublier le bon Dieu, mais elle ne s'oublie pas non plus elle-même. Elle sait très bien raconter tous les moyens qu'elle a employés pour réus-sir ; elle croit que bien d'autres n'auraient pas eu le même succès : elle aime à le répéter, à l'entendre répéter ; chaque fois qu'elle l'entend, c'est avec une nouvelle joie. A l'égard de ceux qui la flat-tent, elle prend un air gracieux ; mais pour ceux qui ne lui ont pas porté tout le respect qu'elle croit mériter, ou qui n'ont pas été re-connaissants de ses bienfaits, elle garde un air froid, indifférent, et semble leur dire qu'ils sont des ingrats qui ne méritaient pas de recevoir le bien qu'elle leur a fait.
Mais un bon chrétien, M.F., bien loin de se croire digne de quelque chose, et capable de faire le moindre bien, n'a que sa mi-sère devant les yeux. Il se méfie de ceux qui le flattent, comme d'autant de pièges que le démon lui tend ; ses meilleurs amis sont ceux qui lui font connaître ses défauts, parce qu'il sait qu'il faut absolument les connaître pour s'en corriger. Il fuit l'occasion du péché autant qu'il le peut ; se rappelant combien peu de chose le fait tomber, il ne compte plus sur toutes ses résolutions, ni sur ses forces, ni même sur sa vertu. Il connaît, par sa propre expérience, qu'il n'est capable que de pécher ; il met toute sa confiance et son espérance en Dieu seul : Il sait que le démon ne craint rien tant qu'une âme qui aime la prière, ce qui le porte à faire de sa vie une prière continuelle par un entretien intime avec le bon Dieu. La pensée de Dieu lui est aussi familière que la respiration ; les élé-vations de son cœur vers lui sont fréquentes : il se plaît à penser à lui comme à son père, à son ami et à son Dieu qui l'aime, et qui désire si ardemment le rendre heureux dans ce monde, et encore plus dans l'autre. Un bon chrétien, M.F., est rarement occupé des choses de la terre ; si vous lui en parlez, il montre autant d'indiffé-rence que les gens du monde en témoignent quand on leur parle des biens de l'autre vie. Enfin, il fait consister son bonheur dans les croix, les afflictions, la prière, le jeûne et la pensée de la pré-sence de Dieu. Pour une âme tiède, elle ne perd pas tout à fait, si vous le voulez, la confiance en Dieu ; mais elle ne se méfie pas assez d'elle-même. Quoiqu'elle s'expose assez souvent à l'occa-sion du péché, elle croit toujours qu'elle ne tombera pas. Si elle vient à tomber, elle attribue sa chute au prochain et elle affirme qu'une autre fois, elle sera plus ferme.
Celui qui aime véritablement le bon Dieu, M.F., et qui a à cœur le salut de son âme, prend toutes les précautions possibles pour éviter l'occasion du péché. Il ne se contente pas d'éviter les grosses fautes ; mais il est attentif à détruire les moindres fautes qu'il aperçoit en lui. Il regarde toujours comme un grand mal tout ce qui peut déplaire tant soit peu à Dieu ; ou pour mieux dire, tout ce qui déplaît à Dieu lui déplaît. Il se regarde comme au pied d'une échelle au haut de laquelle il doit monter ; il voit que pour l'atteindre il n'a point de temps à perdre ; aussi va-t-il tous les jours de vertus en vertus, jusqu'au jour de l'éternité. C'est un aigle qui fend les airs ; ou plutôt c'est un éclair qui ne perd rien de sa rapidité, de l'instant où il paraît à celui où il disparaît. Oui, M.F., voilà ce que fait une âme qui travaille pour Dieu et qui désire de le voir. Comme l'éclair, elle ne trouve ni bornes ni retard, avant d'être ensevelie dans le sein de son Créateur. Pourquoi notre esprit se transporte-t-il avec tant de rapidité d'un bout du monde à l'au-tre ? C'est pour nous montrer avec quelle rapidité nous devons nous porter à Dieu par nos pensées et nos désirs. Mais tel n'est pas l'amour de Dieu dans une âme tiède. L'on ne voit pas en elle ces désirs ardents et ces flammes brûlantes, qui font surmonter tous les obstacles qui s'opposent au salut. Si je voulais, M.F., vous peindre exactement l'état d'une âme qui vit dans la tiédeur, je vous dirais qu'elle est semblable à une tortue ou à un escargot. Elle ne marche qu'en se traînant sur la terre, et à peine la voit-on changer de place. L'amour de Dieu, qu'elle ressent dans son cœur, est semblable à une petite étincelle de feu cachée sous un tas de cen-dres ; cet amour est enveloppé de tant de pensées et de désirs ter-restres, que s'ils ne l'étouffent pas, ils en empêchent le progrès et l'éteignent peu à peu. L'âme tiède en vient à ce point d'être tout à fait indifférente à sa perte. Elle n'a plus qu'un amour sans ten-dresse, sans activité et sans force, qui la soutient à peine dans tout ce qui est essentiellement nécessaire pour être sauvée ; mais pour tout le reste, elle le regarde comme rien ou comme peu de chose. Hélas ! M.F., cette pauvre âme est dans sa tiédeur, comme une personne entre deux sommeils. Elle voudrait agir ; mais sa volon-té est tellement molle qu'elle n'a ni la force, ni le courage d'ac-complir ses désirs .

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:04

Il est vrai qu'un chrétien qui vit dans la tiédeur remplit en-core assez régulièrement ses devoirs, du moins, en apparence. Il fera bien tous les malins sa prière, à genoux ; il fréquentera bien les sacrements, tous les ans, à Pâques, et même plusieurs fois l'année ; mais en tout cela, il y a tant de dégoût, tant de lâcheté et tant d'indifférence, si peu de préparation, si peu de changement dans sa manière de vivre, que l'on voit clairement qu'il ne s'ac-quitte de ses devoirs que par habitude et par routine ; parce que c'est une fête, et qu'il a l'habitude de les remplir en ce temps-là. Ses confessions et ses communions ne sont pas sacrilèges, si vous le voulez ; mais ce sont des confessions et des communions sans fruit, qui, bien loin de le rendre plus parfait et plus agréable à Dieu, ne le rendent que plus coupable. Pour ses prières, Dieu seul sait comment elles sont faites : hélas ! sans préparation. Le matin, ce n'est pas du bon Dieu qu'il s'occupe, ni du salut de sa pauvre âme ; mais il ne pense qu'à bien travailler. Son esprit est tellement enveloppé des choses de la terre, que la pensée de Dieu n'y a point de place. Il pense à ce qu'il fera pendant la journée, où il en-verra ses enfants et ses domestiques ; de quelle manière il s'y prendra pour activer son ouvrage. Pour faire sa prière, il se met à genoux, il est vrai ; mais il ne sait ni ce qu'il veut demander au bon Dieu, ni ce qui lui est nécessaire, ni même devant qui il se trouve ; ses manières, si peu respectueuses, l'annoncent bien. C'est un pauvre qui, quoique bien misérable, ne veut rien et aime sa pauvreté. C'est un malade presque désespéré, qui méprise les médecins et les remèdes, et aime ses infirmités. Vous voyez cette âme tiède ne faire aucune difficulté de parler, sous le moindre prétexte, dans le cours de ses prières ; un rien les lui fait abandon-ner, en partie, du moins, pensant qu'elle les fera à un autre mo-ment. Veut-elle offrir sa journée à Dieu, dire son benedicite et ses grâces ? Elle fait tout cela, il est vrai ; mais souvent sans penser, à qui elle parle. Elle ne quittera même pas son travail. Est-ce un homme ? Il tournera son bonnet ou son chapeau entre ses mains, comme pour examiner s'il est bon ou mauvais, comme s'il avait dessein de le vendre. Est-ce une femme ? Elle les récitera en cou-pant le pain de sa soupe, ou en poussant son bois au feu, ou bien en criant après ses enfants ou ses domestiques. Les distractions dans la prière ne sont pas bien volontaires, si vous le voulez, on aimerait mieux ne pas les avoir ; mais, parce qu'il faut se faire quelque violence pour les chasser, on les laisse aller et venir à leur gré.
Une âme tiède ne travaille peut-être pas, le saint jour du di-manche, à des ouvrages qui paraissent défendus aux personnes qui ont un peu de religion ; mais faire quelques points d'aiguille, arranger quelque chose dans le ménage, envoyer ses bergers au champ, durant les offices, sous prétexte qu'ils n'ont pas bien de quoi donner à leurs bêtes ; ils ne s'en font pas de scrupule, et ainsi aiment mieux laisser périr leur âme et celles de leurs ouvriers que laisser périr leurs bêtes. Un homme arrangera ses outils, ses char-rettes pour le lendemain ; il ira visiter ses terres, il bouchera un trou, il coupera quelques cordes, il apportera des seillons et les arrangera. Qu'en pensez-vous, M.F. ? n'est-ce pas, hélas ! la vérité toute pure ?...
Une âme tiède se confessera encore tous les mois, et même bien plus souvent. Mais, hélas ! quelles confessions ? Point de préparation, point de désirs de se corriger ; du moins ils sont si faibles et si petits, que le premier coup de vent les renverse. Tou-tes ses confessions ne sont qu'une répétition des anciennes, bien-heureux encore s'ils n'ont rien à y ajouter. Il y a vingt ans qu'ils accusaient ce qu'ils accusent aujourd'hui ; dans vingt ans s'ils se confessent encore, ce sera la même répétition. Une âme tiède ne commettra pas, si vous voulez, de gros péchés ; mais une petite médisance, un mensonge, un sentiment de haine, d'aversion, de jalousie, une petite dissimulation ne lui coûtent guère. Si vous ne lui portez pas tout le respect qu'elle croit mériter, elle vous le fera bien apercevoir, sous prétexte que l'on offense le bon Dieu ; elle devrait plutôt dire, parce qu'on l'offense elle-même ; il est vrai qu'elle ne laissera pas de fréquenter les sacrements, mais ses dis-positions sont dignes de com-passion. Le jour où elle veut re-cevoir son Dieu, elle passera une partie de la matinée à penser à ses affaires temporelles. Si c'est un homme, il pensera à ses mar-chés ou à ses ventes ; si c'est une femme, elle pensera à son ménage et à ses enfants ; si c'est une fille, à la manière dont elle va s'habiller ; si c'est un garçon, il rêvera à quelques plaisirs frivoles, et le reste. Elle renferme son Dieu comme dans une prison obscure et malpropre, Elle ne lui donne pas la mort, mais il est dans ce cœur sans joie et sans consolation ; toutes ses disposi-tions annoncent que sa pauvre âme n'a plus qu'un souffle de vie. Après avoir reçu la sainte communion, cette personne pense guère plus au bon Dieu que les autres jours. Sa manière de vivre nous annonce qu'elle n'a pas connu la grandeur de son bonheur.
Une personne tiède réfléchit peu sur l'état de sa pauvre âme, et ne revient presque jamais sur le passé ; si elle pense cependant à mieux faire, elle croit qu'ayant confessé ses péchés, elle doit être parfaitement tranquille. Elle assiste à la sainte Messe, à peu près comme à une action ordinaire ; elle y pense peu sérieusement, et ne fait point de difficulté de causer de différentes choses en y al-lant ; elle ne pensera pas même peut-être une seule fois qu'elle va participer au plus grand de tous les dons que le bon Dieu puisse nous faire, tout Dieu qu'il est. Pour les besoins de son âme, elle y pense, il est vrai, mais bien faiblement ; souvent même elle se présente devant le bon Dieu sans savoir ce qu'elle va lui deman-der. Elle se fait peu de scrupules de retrancher, sous le moindre prétexte, la Passion, la procession et l'eau bénite. Pendant les saints offices, elle ne veut pas dormir, il est vrai, et elle a même peur qu'on l'aperçoive ; mais elle ne se fait pas la moindre vio-lence. Quant aux distractions pendant la prière ou la sainte Messe, elle ne voudrait pas les avoir ; mais comme il faudrait un peu combattre, elle les souffre avec patience, cependant sans les ai-mer. Les jours de jeûne se réduisent presque à rien, soit parce qu'on avance l'heure du repas, soit parce qu'on collationne abon-damment, ce qui revient à un souper, sous le prétexte, que le ciel ne se prend pas par famine. Quand elle fait quelques bonnes ac-tions, souvent son intention n'est pas bien purifiée : tantôt c'est pour faire plaisir à quelqu'un, tantôt c'est par compassion, et quel-quefois pour plaire au monde. Avec eux, tout ce qui n'est pas un gros péché est assez bien. Ils aiment à faire le bien, mais ils vou-draient qu'il ne leur coûtât rien, ou du moins, bien peu. Ils aime-raient encore à voir les malades, mais il faudrait que les malades vinssent les voir eux-mêmes. Ils ont de quoi faire l'aumône, ils savent bien que telle personne en a besoin ; mais ils attendent qu'elle vienne le leur demander, au lieu de la prévenir, ce qui ren-drait leur bonne œuvre bien plus méritoire. Disons mieux, M.F., une personne qui mène une vie tiède, ne laisse pas que de faire beaucoup de bonnes œuvres, de fréquenter les sacrements, d'assis-ter régulièrement à tous les saints offices ; mais en tout cela, vous ne voyez qu'une foi faible, languissante, une espérance que la moindre épreuve renverse, un amour pour Dieu et pour le pro-chain qui est sans ardeur, sans plaisir ; tout ce qu'elle fait n'est pas tout à fait perdu, mais peu s'en faut.
Voyez devant le bon Dieu, M.F., de quel côté vous êtes : du côté des pécheurs, qui ont tout abandonné, qui ne pensent nulle-ment au salut de leur pauvre âme, qui se plongent dans le péché, sans remords ? Du côté des âmes justes qui ne voient et ne cher-chent que Dieu seul, qui sont toujours portées à penser mal d'el-les-mêmes, et sont convaincues dès qu'on leur fait apercevoir leurs défauts ; qui pensent toujours qu'elles sont mille fois plus misérables qu'on ne le croit, et qui comptent pour rien tout ce qu'elles ont fait jusqu'à présent ? Ou bien êtes-vous du nombre de ces âmes lâches, tièdes et indifférentes, telles que nous venons de les dépeindre ? Dans quel chemin marchons-nous ? Qui pourra s'assurer qu'il n'est ni grand pécheur, ni tiède ; mais qu'il est élu ! Hélas ! M.F., combien semblent être de bons chrétiens aux yeux du monde, qui sont des âmes tièdes aux yeux de Dieu, qui connaît notre intérieure.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:05

II. – Mais, me direz-vous, de quels moyens faut-il donc se servir pour sortir de cet état si malheureux. ? – M.F., si vous dési-rez le savoir, écoutez-le bien. Néanmoins laissez-moi vous dire encore que celui qui vit dans la tiédeur est dans un sens plus en danger que celui qui vit dans le péché mortel, et que les suites de cet état sont peut-être même plus funestes. En voici la preuve. Un pécheur qui ne fait point de Pâques ; ou qui a des habitudes mau-vaises et criminelles, gémit de temps en temps sur son état dans lequel il est résolu de ne pas mourir ; il désire même en sortir, et il le fera un jour. Mais une âme qui vit dans la tiédeur, ne pense nul-lement à en sortir, parce qu'elle croit qu'elle est bien avec le bon Dieu.
Que conclure de tout cela ? Le voici, M.F. Cette âme tiède devient un objet insipide, fade et dégoûtant aux yeux de Dieu, qui finit par la vomir de sa bouche ; c'est-à-dire, qu'il la maudit et la réprouve. O mon Dieu, que cet état perd des âmes ! Veut-on faire sortir une âme tiède de son état, elle répond qu'elle ne veut pas être une sainte ; que pourvu qu'elle aille au ciel, c'est assez. Vous ne voulez pas être une sainte, dites-vous ; mais il n'y a que les saints qui vont au ciel. Ou être un saint, ou être un réprouvé : il n'y a point de milieu.
Voulez-vous sortir de la tiédeur, M.F., transportez vous de temps en temps à la porte des abîmes, où l'on entend les cris et les hurlements des réprouvé, et vous vous formerez une idée des tourments qu'ils endurent pour avoir vécu avec tiédeur et négli-gence dans l'affaire de leur salut. Portez votre pensée dans le ciel, et voyez quelle est la gloire des saints pour avoir combattu et s'être fait violence pendant qu'ils étaient sur la terre. Transportez-vous, M.F., dans le fond des forêts et vous y trouverez ces multi-tudes de saints qui ont passé cinquante, soixante-dix ans, à pleurer leurs péchés dans toutes les rigueurs de la pénitence. Voyez, M.F. Ce qu'ils ont-fait pour mériter le ciel. Voyez quel respect ils avaient de la présence de Dieu ; quelle dévotion dans leurs priè-res, qui duraient toute leur vie. Ils avaient abandonné leurs biens, leurs parents et leurs amis pour ne plus penser qu'à Dieu seul. Voyez leur courage à combattre les tentations du démon. Voyez le zèle et l'empressement de ceux qui étaient renfermés dans les monastères à se rendre dignes de s'approcher souvent des sacre-ments. Voyez leur plaisir à pardonner et à faire du bien à tous ceux qui les persécutaient, qui leur voulaient et leur disaient du mal. Voyez leur humilité, leur mépris d'eux-mêmes et leur bon-heur à se voir mépriser, et combien ils craignaient d'être loués et estimés du monde. Voyez avec quelle attention ils évitaient les plus petits péchés, et que de larmes ils ont versées sur leurs pé-chés passés. Voyez leur pureté d'intention dans toutes leurs bon-nes œuvres : ils n'avaient en vue que Dieu seul, ils désiraient ne plaire qu'à Dieu seul. Que vous dirai-je encore ? Voyez ces foules de martyrs qui ne peuvent se rassasier de souffrances, qui montent sur les échafauds avec plus de joie que les rois sur leurs trônes. Concluons, M.F. Il n'y a point d'état plus à craindre que celui d'une personne qui vit dans la tiédeur, parce qu'un grand pécheur se convertira plutôt qu'une personne tiède. Demandons au bon Dieu de tout notre cœur, si nous sommes dans cet état, de nous faire la grâce d'en sortir, pour prendre la route que tous les saints ont prise, afin d'arriver au bonheur dont ils jouissent. C'est ce que je vous souhaite...

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:06

18ème DIMANCHE APRÈS LA PENTE-CÔTE
Sur l'Envie



Ut quid cogitatis mala in cordibus vestris
Pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans vos cœurs ?
(S. Matth., IX, 4.)

Non, M.F., il n'y a rien de si saint ni de si parfait que les méchants ne blâment et ne condamnent ; ils corrompent, par la malignité de leur envie, les plus belles vertus des hommes, et ré-pandent le poison de leurs médisances et de leurs jugements témé-raires sur les meilleures actions du prochain. Ils sont semblables aux serpents qui ne se nourrissent des fleurs que pour en faire la matière de leur venin. Ce qu'ils haïssent dans leurs frères, nous dit saint Grégoire le Grand, ce sont les plus belles qualités ; et par là, ils semblent reprocher au bon Dieu le bien qu'il leur fait. Pourquoi les Juifs ont-ils si fort déclamé contre Jésus-Christ, ce tendre et aimable Sauveur, qui ne venait au milieu d'eux que pour les sau-ver ? Pourquoi se sont-ils si souvent assemblés, tantôt pour le pré-cipiter du haut de la montagne , tantôt pour le lapider , et d'autres fois pour le faire mourir ? N'est-ce pas parce que sa vie sainte et exem-plaire condamna leur vie orgueilleuse et criminelle, et qu'elle était comme un bourreau secret qui les torturait ? N'est-ce pas encore parce que ses miracles attiraient le peuple à sa suite, et parce que celui-ci semblait laisser de côté ces impies ? Etant dévorés par une rage intérieure ; ne pouvant plus y tenir : Qu'avons-nous à délibérer, s'écriaient-ils, qu'attendons-nous ? Il faut, à quel prix que ce soit, nous en défaire. Ne voyez-vous pas qu'il étonne le monde par la grandeur de ses prodiges Ne faites-vous pas attention que tous courent après lui et nous abandonnent ? Faisons-le mourir : il n'y a pas d'autre moyen de nous en délivrer . Hélas ! M.F., quelle passion est comparable à celle de l'envie ? Toutes les belles qualités et tous les beaux traits de bonté que ces Juifs voyaient briller dans la conduite de Jésus-Christ auraient dû les réjouir et les consoler ; mais non, l'envie qui les dévore est cause qu'ils en sont affligés ; ce qui devrait les convertir devient la matière de leur envie et de leur jalousie. On présente à Jésus-Christ un paralytique couché dans son lit . Ce tendre Sauveur le regarde et le guérit, en lui disant avec bonté : « Mon fils, ayez confiance, vos péchés vous sont remis. Allez, prenez votre lit, marchez. » Tout autre que les pharisiens aurait été pénétré de reconnaissance, et se serait empressé d'aller publier partout la grandeur de ce miracle ; mais non, ils étaient si endurcis qu'ils en prirent occasion de le décrier, de le traiter de blasphémateur. C'est ainsi, M.F., que l'envie empoisonne les meilleures actions. Ah ! si du moins ce maudit péché était mort avec les pharisiens ! mais, au contraire, il a poussé des racines si profondes qu'on le trouve dans tous les états et dans tous les âges. Pour vous donner une idée de la bassesse de celui qui se livre à ce péché, je vais vous montrer : 1? que rien n'est plus odieux, et cependant rien n'est plus commun que ce péché ; 2? qu'il n'y a rien de dangereux pour le salut comme l'envie, et que, pourtant, il n'est point de péché dont on se corrige moins.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:06

I. – Avant de vous montrer, M.F., combien ce péché avilit et dégrade celui qui le commet, et combien le bon Dieu l'a en hor-reur, je veux vous faire comprendre, autant que je le pourrai, ce qu'est le péché d'envie. Ce maudit péché, saint Thomas l'appelle un chagrin et une tristesse mortels, que nous ressentons dans notre cœur, au sujet des bienfaits que Dieu daigne répandre sur notre prochain. C'est encore, nous dit-il, un malin plaisir que nous éprouvons quand notre prochain essuie quelque perte ou quelque disgrâce . Je suis sûr, M.F., que ce simple exposé commence déjà à vous faire sentir combien ce péché est odieux, non seulement à Dieu, mais encore à toute personne qui n'en est pas dévorée.
Peut-on trouver une passion plus aveugle que celle qui consiste à s'affliger du bonheur de ses frères, et à se réjouir de leur malheur ? Voilà précisément ce qu'on appelle péché d'envie, péché si odieux qu'il renfermé tout à la fois une lâcheté, une cruauté et une secrète perfidie. Pourriez-vous, M.F., vous en for-mer une idée ? vous le représenter tel qu'il est ? Non, vous ne le pourrez jamais. Cela est surtout impossible à ceux qui le commet-tent, tant il les aveugle. Dites-moi, pourquoi êtes-vous fâché de ce que votre voisin réussit mieux que vous dans ses affaires ? IL ne vous empêche pas de faire ce que vous pouvez pour réussir aussi bien et même mieux que lui. Vous vous affligez de ce qu'il a plus de talent et plus d'esprit que vous ; mais il ne vous ôte pas ce que vous avez. Vous voyez avec peine qu'il augmente ses biens ; mais cette augmentation ne diminue pas les vôtres. Vous vous chagri-nez de ce qu'il est aimé et estimé ; mais il ne vous prend pas l'amour ni l'estime que l'on a pour vous Vous êtes fatigué de voir une personne plus sage ; eh ! qui vous empêche de l'être encore plus qu'elle, si vous voulez ? Le bon Dieu ne vous donnera-t-il pas sa grâce autant qu'il vous est nécessaire ? D'autres fois, au contraire, vous vous réjouissez quand votre prochain éprouve quelque perte de biens, ou que l'on flétrit un peu sa réputation ; mais ses disgrâces et ses misères ne vous donnent rien. Voyez-vous, M.F., combien cette passion aveugle celui qui s'y aban-donne.
Il n'en est pas de ce péché comme des autres : un voleur, par exemple, en prenant, éprouve un certain plaisir à posséder ce qu'il a pris ; un impudique qui se livre à ses turpitudes goûte une jouis-sance d'un moment, quoique les remords suivent de bien près ; un ivrogne éprouve une satisfaction dans le moment où le vin passe du verre dans son estomac ; un vindicatif croit éprouver une joie dans l'instant où il se venge ; mais un envieux ou un jaloux n'a rien qui le dédommage. Son péché est semblable à une vipère, qui engendre dans son sein les petits qui la feront périr. Ah ! maudit péché, quelle guerre cruelle et intestine ne fais-tu pas à celui qui a le malheur de t'avoir engendré !
Mais, me direz-vous peut-être, en quel lieu ce péché a-t-il été commis pour la première fois ? – Hélas ! il a commencé dans le ciel. Les anges, qui étaient les plus belles créatures de Dieu, devinrent jaloux et envieux de la gloire de leur Créateur, et voulu-rent, s'attribuer à eux mêmes ce qui n'était dû qu'à Dieu seul ; et ce péché d'envie fut la cause que le Seigneur creusa un enfer, pour y précipiter cette multitude infinie d'anges qui sont maintenant les démons. De là, le péché d'envie descendit sur la terre, et alla prendre racine dans le paradis, terrestre ; c'est donc véritablement par l'envie que le péché est entré dans le monde. Le démon qui, par son envie, avait déjà perdu le ciel, ne pouvant souffrir que l'homme, qui lui était très inférieur par sa création, fit si heureux dans le paradis terrestre, voulut essayer de l'entraîner dans son malheur. Hélas ! il ne réussit que, trop bien. S'adressant à la femme comme à la plus faible, il fit briller à ses yeux les grandes connaissances qu'elle aurait de plus, si elle mangeait le fruit que le Seigneur lui avait défendu de manger . Elle se laissa tenter et tromper, et porta son mari à faire de même. Cette faute leur coûta bien cher ; dès cet instant, ils furent condamnés à la mort : ce qui est la punition la plus humiliante, l'homme étant créé pour ne mourir jamais.
Depuis, ce péché a fait dans le monde les plus effroyables ravages. Le premier meurtre qui se commit eut l'envie pour cause. Pourquoi, nous dit saint Jean , Caïn tua-t-il son frère Abel ? C'est parce que les actions de Caïn étaient mauvaises, et il s'attirait la haine de Dieu et des hommes ; tandis que son frère étant bon, était aimé de Dieu et des hommes, et ses bonnes actions devenaient pour Caïn un reproche continuel. Mais l'envie dont il était dévoré ne se renferma pas seulement dans son âme. Elle se manifesta sur son visage par la grande tristesse qu'il faisait paraître. Aussi le Seigneur, nous dit la sainte Écriture, ne regarda ni Caïn ni son offrande . Alors il se dit en lui-même : Mon frère est aimé de tout le monde ; il est cause que je suis méprisé. Il faut que je me venge de ce mépris, il faut que je le tue de mes propres mains, et que j'ôte de devant mes yeux un objet qui m'est insupportable. – « Allons, mon frère, lui dit ce malheureux envieux, allons nous promener dans les champs. » Le pauvre innocent le suit, sans savoir qu'il va être son bourreau. Dès qu'ils sont dans les champs, Caïn le frappe, le blesse et le tue. Abel tombe à ses pieds baigné dans son sang. Bien loin d'être saisi d'horreur d'un tel crime, Caïn au contraire s'en réjouit, au moins pour le moment ; car son péché ne tardera pas à devenir son bourreau.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 13:06

Voyez encore Esaü, que l'envie dévore. Comme Caïn, il veut aussi tuer son frère Jacob, à cause de la bénédiction que celui-ci a reçue de son père. Il se dit en lui-même : « Le temps de la mort de mon père viendra bien ; alors je me vengerai, je le tuerai . » Le pauvre Jacob est obligé, pour éviter la mort, de fuir chez son on-cle Laban, où il resta longtemps sans revenir, dans la crainte d'être encore exposé à l'envie de son propre frère. Ce fut aussi l'envie qui anima les frères de Joseph contre lui, jusqu'à vouloir lui ôter la vie . Mon-Dieu ! que cette passion est aveugle ! Joseph rapporta à ses frères un songé qu'il avait eu, et qui semblait l'élever au-dessus d'eux. Ils résolurent dès lors de le tuer : car sa vie innocente et agréable à Dieu condamnait leur vie criminelle. De même, Saül dévoré d'envie contre David, auquel on donnait plus d'éloges qu'à lui-même, lui tendit toute sorte de pièges pour le faire périr, et ne put point avoir de repos jusqu'à la mort .
Ah ! M.F., que nous devons prendre garde de ne point lais-ser naître cette passion dans nos cœurs ; car une fois qu'elle a pris racine, il est difficile de la détruire ! En voici un exemple bien frappant, rapporté dans l'histoire de l'abbé Paphnuce . Ses vertus étaient si éclatantes, qu'il était un objet d'admiration pour tous ceux qui avaient le bonheur de le connaître : Dans le même mo-nastère vivait un autre religieux, tellement jaloux d'une si grande réputation, qu'il prit la résolution de faire tout ce qu'il pourrait pour le décrier. Un dimanche, cet envieux entra secrètement dans la cellule de saint Paphnuce, qui assistait en ce moment à la sainte Messe, et ayant caché son livre sous un petit tas de bois, s'en alla avec les autres à l'église. Il vint porter ses plaintes au supérieur, et assurer, devant tout le monde ; qu'on lui avait volé son livre. Le supérieur ordonna, qu'aucun des religieux ne sortit de l'église ; après quoi, il envoya trois anciens, qui parcoururent toutes les cel-lules, et trouvèrent ce livre dans la cellule de saint Paphnuce. A leur retour, ils le montrèrent à tout le monde, disant qu'ils l'avaient trouvé dans la cellule de Paphnuce. Celui-ci, quoique sa cons-cience fût en sûreté, ne chercha nullement à se justifier ; de peur que, s'il le niait, on ne le crût coupable de mensonge. Personne, en effet, ne pouvait croire autre chose en cela, que ce qu'il avait vu de ses yeux. Ce pauvre jeune homme se contenta d'offrir ses lar-mes au bon Dieu, et s'humilia profondément devant tout le monde, comme s'il eût été véritablement coupable. Il passa pres-que deux semaines à jeûner, pour demander au bon Dieu la grâce de bien souffrir cette épreuve pour son amour. Témoin de la joie de son serviteur, Dieu ne tarda pas à faire connaître la vérité. Afin de révéler l'innocence de son disciple, qui soutenait avec tant de calme la noire calomnie que l'envie lui avait attirée, il permit, par un terrible jugement, que l'auteur, d'un si grand crime fût possédé du démon, et forcé d'avouer ce crime d'envie en présence de tous les religieux. Cet esprit impur l'attaqua si violemment, et le tour-menta avec tant d'opiniâtreté, qu'aucun saint du désert ne fut ca-pable de le chasser. Ce malheureux envieux fut enfin forcé d'avouer son imposture, et de proclamer que Paphnuce était un saint et pouvait seul le délivrer ; il ajouta que le démon ne l'avait possédé qu'en punition de ce qu'il avait voulu faire passer ce saint pour un hypocrite. Il lui demanda bien pardon, le conjurant d'avoir pitié de lui. Comme tous les saints, Paphnuce, sans fiel et sans ressentiment, s'approcha du coupable, et commanda au dé-mon de le quitter ; ce qu'il fit sur le champ.
Hélas ! dit saint Ambroise, qu'ils sont-nombreux dans le monde les envieux qui sont fâchés de ce que le bon Dieu bénit leurs frères ! Selon le saint homme Job, la colère fait mourir l'in-sensé, et l'envie fait mourir les petits esprits . En effet, M.F., n'est-ce pas avoir un bien petit esprit d'être fâché de ce qu'un voisin, et peut-être même un frère ou une sœur, est heureux, de ce qu'il fait bien ses affaires, de ce qu'il est aimé et de ce qu'il est béni du bon Dieu ? Oui, mes enfants, nous dit saint Grégoire le Grand, il faut avoir un esprit bien faible pour se laisser tyranniser par une passion si déshonorante et si éloignée de la charité. Un chrétien ne doit-il pas se réjouir de voir son prochain heureux ? Dites-moi, M.F., peut-on concevoir quelque chose de plus odieux que d'être fâché du bonheur de son voisin, et se réjouir de ses peines ? Aussi voyons-nous que celui qui est atteint d'une passion si basse et si indigne d'une créature raisonnable, a bien soin de la cacher autant qu'il le peut. Il tâche de l'envelopper de mille prétextes, afin de faire croire qu'il n'agit que pour le bien. Quelle criminelle lâcheté ! Être dévoré de chagrin de ce que le bon Dieu comble de biens ceux qui le méritent beaucoup mieux que nous !...
Un envieux n'a pas un moment de repos. Sur qui l'envieux répand-il son écume venimeuse ? C'est, ou sur son ennemi, ou sur son ami, ou enfin sur une personne qui lui est indifférente. 1° Si c'est sur un ennemi, l'envieux sait bien que non seulement il ne doit pas lui souhaiter de mal ; mais que Jésus-Christ lui com-mande de l'aimer comme lui-même, de lui faire du bien et de prier pour lui ; afin que le bon Dieu le bénisse dans ses biens spirituels ou temporels. Mais, dites-vous, c'est que l'on m'a fait du mal, c'est que l'on m'a dit quelque chose qui ne m'a pas convenu. Soit, mais par là même vous montrez une lâcheté affreuse ; vous n'avez pas le courage de faire ce que tant de saints ont fait avec la grâce divine. 2? S'il s'agit d'un ami, vous lui faites bon semblant quand vous le voyez, vous lui parlez comme si vous lui souhaitiez toutes sortes de biens, et dans votre cœur vous voudriez qu'il fût malheureux, que le bon Dieu l'abandonnât, le réduisît à la misère, ou bien qu'il devînt un objet de mépris aux yeux du monde : quelle perfidie, quelle cruauté ! Il vous ouvre son cœur, tandis que vous vomissez sur lui le venin de votre envie. Que penseriez-vous d'une personne qui se comporterait de cette manière à votre égard ? Si vous voyiez le fond de son cœur, vous en seriez indigné, vous diriez en vous-même : voilà un lâche, un perfide, un méchant, qui, en me parlant, me fait bonne grâce, et semble me souhaiter toutes sortes de biens ; tandis que, dans son cœur, il voudrait me voir le plus malheureux des hommes. Est-il une passion plus méchante que celle-là ? 3? Mais il s'agit d'une personne indifférente. Que vous a-t-elle fait pour s'attirer le venin de votre fiel ? Pourquoi vous affliger de ce qu'elle est heureuse, ou vous réjouir de ce qu'il lui arrive quelque disgrâce ? Que cette passion de l'envie est cruelle, M.F., et qu'elle est aveugle ! Comme hommes, vous le savez, M.F., nous devons avoir de l'humanité les uns pour les autres ; mais un envieux au contraire voudrait, s'il le pouvait, détruire ce qu'il aperçoit de bien dans son prochain. Comme chrétiens, vous le savez aussi, nous devons avoir une charité sans bornes pour nos frères. Nous avons vu des saints, qui, non contents de donner tout ce qu'ils avaient pour racheter leurs frères, se sont encore donnés eux-mêmes. Moïse consentait à se laisser effacer du livre de vie pour sauver son peuple, c'est-à-dire pour obtenir son pardon du Seigneur . Saint Paul nous dit qu'il donnerait mille fois sa vie pour sauver l'âme de ses frères . Mais un envieux est bien éloigné de toutes ces vertus, qui font le plus bel ornement d'un chrétien. Il voudrait voir son frère se ruiner. Chaque trait de la bonté de Dieu envers son prochain est un coup de lance qui lui perce le cœur et le fait mourir secrètement. Puisque « nous sommes tous un même corps » dont Jésus-Christ est le chef , nous devons faire paraître en tout l'union, la charité, l'amour et le zèle. Pour nous rendre heureux les uns les autres, nous devons nous réjouir, comme nous dit saint Paul, du bonheur de nos frères, et nous affliger, avec eux quand ils ont quelques peines . Loin d'avoir ces sentiments, l'envieux ne cesse de lancer des médisances et des calomnies contre son voisin. Il semble par là se soulager, et adoucir un peu son chagrin.

Charles-Edouard
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