Sauvegarde de la création et salut article "La Croix"
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Sauvegarde de la création et salut article "La Croix"
Les conférences de carême du journal« La Croix » (6/7)
Sauvegarde de la création et salut
Encyclique du pape François cet été, renégociation des Objectifs du millénaire à l’automne, conférence sur le climat en décembre... « La Croix » a décidé de faire de l’écologie le fil directeur de ses conférences de Carême. Pour ce sixième dimanche de Carême, Fabien Revol évoque la place de la création dans le salut
27/3/15 - 16 H 10
Fabien Revol, un inlassable défenseur de la Création
La création a-t-elle besoin d’être sauvée ? La question se pose dans un contexte de crise écologique et de l’idée de « sauvegarde de la création » développée par les chrétiens depuis quelques décennies. Il faut ici distinguer deux ordres : celui du salut comme action divine, et celui de l’éthique qui renvoie au registre de la responsabilité humaine.
Pour le premier, si la création doit être sauvée, cela relève non de nous, créatures humaines, mais de Dieu et de son action salvifique en Jésus-Christ mort et ressuscité. Un regard attentif à la théologie paulinienne de la création nouvelle nous invite à prendre conscience que le salut apporté en Jésus-Christ ne concerne pas uniquement la dramatique humaine liée à son péché : elle concerne également le destin de toute la création. Nous lisons en effet en Col 1, 19-20 : « Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. » Le ciel et la terre désignent la totalité de l’univers créé. Et ce salut s’accompagne d’un projet de communion entre toutes les créatures, ce qui passe par une récapitulation, un rassemblement de toutes choses en son corps (Ep 1, 9-10). Cette communion signifie que Dieu communique sa propre vie pour qu’advienne la création nouvelle qui sera sa demeure : « Dieu sera tout en tous » (1 Co 15, 28).
LA CRÉATION A UNE ATTENTE IMPATIENTE DU SALUT
Le destin eschatologique de la création fait contraste avec ce que nous vivons aujourd’hui sur notre planète blessée par les excès de l’action humaine. Le texte de Paul qui nous semble alors le plus en résonance avec cet état est bien celui des gémissements de la création dans les douleurs de l’enfantement (Rm 8, 22). Et il semble bien que pour Paul cet état ne trouvera de remède que lorsque les enfants de Dieu, c’est-à-dire l’humanité croyante, accueilleront eux-mêmes le salut (Rm 8, 21). La création en a une attente impatiente (Rm 8, 19). C’est comme si quelque chose pouvait mettre en péril ces promesses de salut. C’est en ce sens que le deuxième versant de la question du salut de la création entre ici en jeu : la responsabilité humaine.
Ce thème issu de l’Épître aux Romains sonne particulièrement à nos oreilles contemporaines. Il évoque une situation dans laquelle la création semble soumise à une persécution, que nous qualifierions d’écologique, par celui-là même qui devrait l’en préserver, et au contraire la faire fleurir sous le soleil de Dieu (Gn 2, 15). Il existe en effet un consensus mondial pour reconnaître que l’être humain est responsable de la crise écologique planétaire.
UN RAPPORT FAUSSÉ ENTRE L’HOMME ET LA CRÉATION DÉJÀ IDENTIFIÉ PAR HILDEGARDE DE BINGEN
Au Moyen Âge, sainte Hildegarde de Bingen, avait déjà identifié un rapport faussé entre l’homme et la création. Dans une de ses visions, elle voyait la création se plaindre à Dieu d’être ainsi maltraitée. Dieu lui répondait que si l’être humain agissait de la sorte cela ne serait pas sans conséquences, il devrait subir les effets néfastes de ses pollutions.
Hildegarde nous appelle à goûter l’interrelation vitale entre Dieu, l’humanité et la création. Selon elle, si nous y étions plus sensibles, cela nous permettrait d’être un peu plus conscients de la détresse de la planète et, de ce fait, entrer dans une démarche de repentir.
Saint Jean-Paul II nous donne aussi une piste de compréhension de la situation, comme étant le fruit d’un péché et d’une infidélité à Dieu dont le prophète Osée (4, 3) commente les effets : « Voilà pourquoi le pays est en deuil et tous ses habitants dépérissent, jusqu’aux bêtes des champs et aux oiseaux du ciel, et même les poissons de la mer disparaîtront. » Dans le « Message pour la journée de la paix » du 1er janvier 1990, le Saint-Père dit que le péché originel est à l’origine d’une révolte de la terre contre l’homme (Gn 3, 17-19 et 4, 12) ajoutant dans Centesimus annus (n° 37) : « Au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l’œuvre de la création, l’homme se substitue à Dieu et, ainsi, finit par provoquer la révolte de la nature, plus tyrannisée que gouvernée par lui. » Comme chez Hildegarde cette révolte se caractérise par les effets négatifs sur l’être humain de la pollution ou du non-respect de l’environnement (problèmes de santé, diminution des sources d’alimentation…).
« L’ATTENTE IMPATIENTE SIGNIFIE QUE LA CRÉATION N’EN PEUT PLUS D’ÊTRE AINSI MALMENÉE »
Ainsi on peut lire Rm 8, 18-22 à deux niveaux. Par rapport à la crise écologique, et suivant Jean-Paul II, l’attente impatiente signifie que la création n’en peut plus d’être ainsi malmenée, qu’il est nécessaire pour elle de retrouver l’harmonie des relations écologiques ajustées, humains inclus. Cependant nous voyons bien que cela ne sera possible que s’il y a un ajustement de l’homme à Dieu. Quand Dieu est reconnu comme créateur, quand l’être humain est respecté comme image de Dieu et quand les créatures sont reconnues pour ce qu’elles sont dans le projet créateur, alors le rapport avec la création s’apaise. Comme nous invite à le reconnaître notre pape François : être chrétien, c’est être gardien du Christ, du frère et de la création tout entière. On ne peut séparer les trois niveaux sans introduire une rupture.
À un niveau plus profond, cet ajustement passe par l’accueil de la foi en la Résurrection du Christ, et c’est cela le grand message de Rm 8, 18-22. Cet accueil a quelque chose de décisif. Le projet de salut passant par l’établissement d’une création nouvelle ne pourra pas se faire si les enfants de Dieu n’embrassent pas la foi. La glorification de la création dépend de l’accueil de la foi en la Résurrection de la part de la créature humaine. Il y a une sorte de mise en intrigue du projet divin. Par sa non-foi au Christ ressuscité, l’homme pourrait bien faire échouer le projet de Dieu et ses retentissements cosmiques : le salut de la création.
Je n’ai alors qu’un appel à vous adresser. Le Carême est le temps de la préparation à la fête de la Résurrection du Christ. Au nom de la création tout entière, ayons ce désir de vivre en ressuscités.
Sauvegarde de la création et salut
Encyclique du pape François cet été, renégociation des Objectifs du millénaire à l’automne, conférence sur le climat en décembre... « La Croix » a décidé de faire de l’écologie le fil directeur de ses conférences de Carême. Pour ce sixième dimanche de Carême, Fabien Revol évoque la place de la création dans le salut
27/3/15 - 16 H 10
Fabien Revol, un inlassable défenseur de la Création
La création a-t-elle besoin d’être sauvée ? La question se pose dans un contexte de crise écologique et de l’idée de « sauvegarde de la création » développée par les chrétiens depuis quelques décennies. Il faut ici distinguer deux ordres : celui du salut comme action divine, et celui de l’éthique qui renvoie au registre de la responsabilité humaine.
Pour le premier, si la création doit être sauvée, cela relève non de nous, créatures humaines, mais de Dieu et de son action salvifique en Jésus-Christ mort et ressuscité. Un regard attentif à la théologie paulinienne de la création nouvelle nous invite à prendre conscience que le salut apporté en Jésus-Christ ne concerne pas uniquement la dramatique humaine liée à son péché : elle concerne également le destin de toute la création. Nous lisons en effet en Col 1, 19-20 : « Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. » Le ciel et la terre désignent la totalité de l’univers créé. Et ce salut s’accompagne d’un projet de communion entre toutes les créatures, ce qui passe par une récapitulation, un rassemblement de toutes choses en son corps (Ep 1, 9-10). Cette communion signifie que Dieu communique sa propre vie pour qu’advienne la création nouvelle qui sera sa demeure : « Dieu sera tout en tous » (1 Co 15, 28).
LA CRÉATION A UNE ATTENTE IMPATIENTE DU SALUT
Le destin eschatologique de la création fait contraste avec ce que nous vivons aujourd’hui sur notre planète blessée par les excès de l’action humaine. Le texte de Paul qui nous semble alors le plus en résonance avec cet état est bien celui des gémissements de la création dans les douleurs de l’enfantement (Rm 8, 22). Et il semble bien que pour Paul cet état ne trouvera de remède que lorsque les enfants de Dieu, c’est-à-dire l’humanité croyante, accueilleront eux-mêmes le salut (Rm 8, 21). La création en a une attente impatiente (Rm 8, 19). C’est comme si quelque chose pouvait mettre en péril ces promesses de salut. C’est en ce sens que le deuxième versant de la question du salut de la création entre ici en jeu : la responsabilité humaine.
Ce thème issu de l’Épître aux Romains sonne particulièrement à nos oreilles contemporaines. Il évoque une situation dans laquelle la création semble soumise à une persécution, que nous qualifierions d’écologique, par celui-là même qui devrait l’en préserver, et au contraire la faire fleurir sous le soleil de Dieu (Gn 2, 15). Il existe en effet un consensus mondial pour reconnaître que l’être humain est responsable de la crise écologique planétaire.
UN RAPPORT FAUSSÉ ENTRE L’HOMME ET LA CRÉATION DÉJÀ IDENTIFIÉ PAR HILDEGARDE DE BINGEN
Au Moyen Âge, sainte Hildegarde de Bingen, avait déjà identifié un rapport faussé entre l’homme et la création. Dans une de ses visions, elle voyait la création se plaindre à Dieu d’être ainsi maltraitée. Dieu lui répondait que si l’être humain agissait de la sorte cela ne serait pas sans conséquences, il devrait subir les effets néfastes de ses pollutions.
Hildegarde nous appelle à goûter l’interrelation vitale entre Dieu, l’humanité et la création. Selon elle, si nous y étions plus sensibles, cela nous permettrait d’être un peu plus conscients de la détresse de la planète et, de ce fait, entrer dans une démarche de repentir.
Saint Jean-Paul II nous donne aussi une piste de compréhension de la situation, comme étant le fruit d’un péché et d’une infidélité à Dieu dont le prophète Osée (4, 3) commente les effets : « Voilà pourquoi le pays est en deuil et tous ses habitants dépérissent, jusqu’aux bêtes des champs et aux oiseaux du ciel, et même les poissons de la mer disparaîtront. » Dans le « Message pour la journée de la paix » du 1er janvier 1990, le Saint-Père dit que le péché originel est à l’origine d’une révolte de la terre contre l’homme (Gn 3, 17-19 et 4, 12) ajoutant dans Centesimus annus (n° 37) : « Au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l’œuvre de la création, l’homme se substitue à Dieu et, ainsi, finit par provoquer la révolte de la nature, plus tyrannisée que gouvernée par lui. » Comme chez Hildegarde cette révolte se caractérise par les effets négatifs sur l’être humain de la pollution ou du non-respect de l’environnement (problèmes de santé, diminution des sources d’alimentation…).
« L’ATTENTE IMPATIENTE SIGNIFIE QUE LA CRÉATION N’EN PEUT PLUS D’ÊTRE AINSI MALMENÉE »
Ainsi on peut lire Rm 8, 18-22 à deux niveaux. Par rapport à la crise écologique, et suivant Jean-Paul II, l’attente impatiente signifie que la création n’en peut plus d’être ainsi malmenée, qu’il est nécessaire pour elle de retrouver l’harmonie des relations écologiques ajustées, humains inclus. Cependant nous voyons bien que cela ne sera possible que s’il y a un ajustement de l’homme à Dieu. Quand Dieu est reconnu comme créateur, quand l’être humain est respecté comme image de Dieu et quand les créatures sont reconnues pour ce qu’elles sont dans le projet créateur, alors le rapport avec la création s’apaise. Comme nous invite à le reconnaître notre pape François : être chrétien, c’est être gardien du Christ, du frère et de la création tout entière. On ne peut séparer les trois niveaux sans introduire une rupture.
À un niveau plus profond, cet ajustement passe par l’accueil de la foi en la Résurrection du Christ, et c’est cela le grand message de Rm 8, 18-22. Cet accueil a quelque chose de décisif. Le projet de salut passant par l’établissement d’une création nouvelle ne pourra pas se faire si les enfants de Dieu n’embrassent pas la foi. La glorification de la création dépend de l’accueil de la foi en la Résurrection de la part de la créature humaine. Il y a une sorte de mise en intrigue du projet divin. Par sa non-foi au Christ ressuscité, l’homme pourrait bien faire échouer le projet de Dieu et ses retentissements cosmiques : le salut de la création.
Je n’ai alors qu’un appel à vous adresser. Le Carême est le temps de la préparation à la fête de la Résurrection du Christ. Au nom de la création tout entière, ayons ce désir de vivre en ressuscités.
sga- MEDIATEUR
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