Le cardinal Raï accueillera le Pape en Terre Sainte
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Le cardinal Raï accueillera le Pape en Terre Sainte
Le cardinal Raï accueillera le Pape en Terre Sainte
dernière mise à jour: 2014-05-07 15:47
(RV) A trois semaines du voyage du Pape en Terre Sainte, le cardinal Rai a réagi à la polémique suscitée au Liban par sa participation à ce pèlerinage. « Le Pape se rend en Terre Sainte et je suis celui qui doit l’accueillir, cela fait partie de mes prérogatives », déclare-t-il. Depuis qu’il a annoncé son intention d’accompagner François lors de sa visite en Terre sainte et donc aussi en Israël, le Patriarche des maronites subit les critiques d’une frange de la population libanaise. Il ne rencontrera aucun responsable politique israélien, mais deux journaux proches du Hezbollah l’accusent de vouloir normaliser les relations avec Israël.
Pourquoi ces accusations ? Que pense Mgr Boulos Sayyah, le vicaire patriarcal général des Maronites de cette polémique ?
Le Saint-Père vient chez nous et il est tout à fait normal que nous allions le recevoir dans le territoire patriarcal. Il y a d’abord un archidiocèse dans le territoire israélien et Jérusalem était une Église patriarcale. Nous avons un vicaire patriarcal à Jérusalem et non pas un évêque. Donc, il est tout à fait normal que le patriarche soit là-bas pour accueillir le Saint-Père. Et nous avons une présence maronite en Terre Sainte depuis le début de notre histoire de l’Église maronite. Je ne vois pas pourquoi on s’étonne que le patriarche soit là pour accueillir sa Sainteté.
Pourtant, le cardinal Nasrallah Sfeir, le prédécesseur du cardinal Raï avait fait le choix de ne pas aller en Israël pour accueillir le Pape Jean-Paul II.
Nous ne vivons pas comme il y a 25 ans, nous vivons à l’heure actuelle, nous vivons après l’exhortation apostolique. L’Église au Moyen-Orient se trouve dans une période où la présence des chrétiens au Moyen-Orient doit quand même être supportée, assistée d’une manière ou d’une autre et la logique qui dit « parce que ça n’a pas été fait par le passé, il ne faut pas que cela soit fait dans le maintenant ou dans l’avenir », je n’y vois pas une logique saine et les choses ont changé. Est-ce que les Papes faisaient les mêmes choses que ce que le Pape François fait actuellement ?
Est-ce que vous comprenez néanmoins que le patriarche soit accusé de vouloir normaliser les relations avec Israël ?
Evidemment, c’est que mettait en avant des journaux proches du Hezbollah.
Je ne comprends pas du tout cette logique parce que tout le monde sait ce que le patriarche pense de la situation et il a fait des déclarations multiples sur notre relation avec Israël. Tout le monde sait aussi ce que le patriarche et le patriarcat font pour la cause palestinienne. Je m’excuse mais je crois qu’il y a quand même d’autres raisons que probablement, on ne dit pas. Nous écoutons tout le monde, nous comprenons ce qu’ils disent mais malheureusement, j’ai l’impression qu’on ne voit pas la chose dans son contexte. Le patriarche n’a pas choisi d’aller en Israël sans qu’il y ait une occasion très spéciale.
Vous avez parlé de raisons sous-jacentes à ces accusations. Selon vous, quelles sont-elles ?
Moi, je ne veux pas juger les intentions mais je vois tout le bruit que l’on fait autour de la visite. De notre point de vue, c’est tellement exagéré que l’on n’arrive pas à comprendre. Le patriarche va en Terre Sainte, il va dans son diocèse. Moi, j’ai été archevêque en Terre-Sainte pendant seize ans et tout le monde le sait, je passais par voie de terre du Liban, à travers Naqoura ,en Israël. Le gouvernement libanais était toujours au courant parce que je passais quand même par la sécurité libanaise. Le patriarche a l’obligation de visiter ces diocèses de par le monde une fois tous les cinq ans, c’est la loi qui le lui impose. Maintenant, si le patriarche doit demander des permissions pour faire son travail en tant que patriarche, je m’excuse, mais ça ne va pas.
Alors, comment est-ce que vous interprétez cette levée de bouclier ?
Il faut poser la question à ceux qui ont levé le bouclier. Nous n’avons pas levé le bouclier. Au contraire, nous essayons de calmer les esprits, d’expliquer à tout le monde, à tort et à travers, dans toutes les langues et de leur dire que c’est une visite pastorale.
Là, vous adoptez un point de vue pastoral. Connaissant la situation au Proche-Orient, on ne peut pas s’empêcher d’y mettre une intention politique.
Non, nous ne mettons pas une intention politique là-dedans. Si les gens veulent nous accuser de mettre une intention politique, c’est leur affaire.
Cette visite crée un précédent. Ce sera la première fois qu’un patriarche se rendra en Israël depuis 1948. Qu’est-ce que vous pensez que ça peut avoir comme conséquence ?
D’abord, ce n’est pas une visite en Israël. C’est une visite en Terre Sainte, c’est une visite à Bethléem, une visite à Jérusalem. Toutes deux ne font pas partie d’Israël. Oui, nous allons en Galilée parce que nous avons des maronites en Galilée. Donc, encore une fois, mettons les choses dans leur contexte. Ce n’est pas une visite en Israël. Si vous insistez à mettre cela dans ce contexte et dire que nous allons en Israël pour dire aux Israéliens « c’est bien que vous ayez envahi la Palestine, c’est bien que vous ayez occupé tous ces terrains », bonne chance ! Ce n’est pas cela ce que nous allons faire. Tout le monde sait que le patriarcat a toujours été contre l’occupation de la Palestine. Tout le monde sait que le patriarcat a fait des mains et des pieds pour aider les palestiniens et travailler pour la cause palestinienne. Voilà, maintenant ce qu’il va en sortir, je n’en sais rien.
Mais la question que je me posais, c’est de savoir s’il peut y avoir des retombées positives, ne serait-ce que par exemple cette invitation qu’on attend du président de l’autorité palestinienne au cardinal ?
Oui, c’est-à-dire que nous avons de bonnes relations avec les palestiniens. Nous voudrions certainement dire aux palestiniens que l’Église porte leurs voix et que notre présence chrétienne en Palestine est une présence qui date depuis 2000 ans et que nous voudrions que cette présence soit respectée et que cette présence soit développée. Nous allons donc dire aux palestiniens « Courage, continuez à travailler pour la paix, pour qu’il y ait deux États indépendants dans cette région et nous vous demandons aussi de faire une constitution qui respecte les droits de l’homme, la liberté de conscience, la liberté de religion et toutes les libertés.
Puisque c’est une visite pastorale, qu’est-ce que vous avez envie de dire aux 10 000 maronites qui sont aujourd’hui en Terre Sainte ?
Nous venons en Terre Sainte pour d’abord dire à nos chrétiens de là-bas que nous sommes avec eux, à leurs cotés dans toutes les circonstances difficiles qu’ils sont en train de traverser. Il y a 3000 Libanais qui sont allés là-bas en l’an 2000 malgré eux parce qu’ils étaient dans le sud du Liban. Nous allons aussi les rencontrer pour les encourager à tenir bon et éventuellement, nous espérons qu’ils pourront regagner le Liban sans trop de problèmes.
Quels échos vous avez de leurs conditions de vie en Terre Sainte ?
J’ai vécu avec eux pendant seize ans. Malheureusement, Israël veut de plus en plus être un pays pour les juifs. Ça envoie un message pas très gai à tous ceux qui ne sont pas juifs. Moi, je leur ai clairement posé la question. Mais qu’est-ce que vous faites d’un million et demi de citoyens israéliens avec un passeport israélien ? Qu’est-ce que vous en faites ? Et bien, je n’ai pas eu de réponse. Mais ça ne veut pas dire que les chrétiens sont persécutés ou bien que les chrétiens vivent là-bas d’une manière tout à fait libre et les chrétiens sont des arabes, ils sont considérés comme des arabes avec tout ce que cela veut dire que d’être arabe dans ce pays-là. Alors oui, nous allons chez les chrétiens et chez les musulmans qui sont là. Il y a des libanais musulmans qui sont là aussi pour les encourager et pour leur dire que nous voudrions faire de notre mieux, tout faire en sorte pour les ramener éventuellement au Liban .
Radio Vatican
dernière mise à jour: 2014-05-07 15:47
(RV) A trois semaines du voyage du Pape en Terre Sainte, le cardinal Rai a réagi à la polémique suscitée au Liban par sa participation à ce pèlerinage. « Le Pape se rend en Terre Sainte et je suis celui qui doit l’accueillir, cela fait partie de mes prérogatives », déclare-t-il. Depuis qu’il a annoncé son intention d’accompagner François lors de sa visite en Terre sainte et donc aussi en Israël, le Patriarche des maronites subit les critiques d’une frange de la population libanaise. Il ne rencontrera aucun responsable politique israélien, mais deux journaux proches du Hezbollah l’accusent de vouloir normaliser les relations avec Israël.
Pourquoi ces accusations ? Que pense Mgr Boulos Sayyah, le vicaire patriarcal général des Maronites de cette polémique ?
Le Saint-Père vient chez nous et il est tout à fait normal que nous allions le recevoir dans le territoire patriarcal. Il y a d’abord un archidiocèse dans le territoire israélien et Jérusalem était une Église patriarcale. Nous avons un vicaire patriarcal à Jérusalem et non pas un évêque. Donc, il est tout à fait normal que le patriarche soit là-bas pour accueillir le Saint-Père. Et nous avons une présence maronite en Terre Sainte depuis le début de notre histoire de l’Église maronite. Je ne vois pas pourquoi on s’étonne que le patriarche soit là pour accueillir sa Sainteté.
Pourtant, le cardinal Nasrallah Sfeir, le prédécesseur du cardinal Raï avait fait le choix de ne pas aller en Israël pour accueillir le Pape Jean-Paul II.
Nous ne vivons pas comme il y a 25 ans, nous vivons à l’heure actuelle, nous vivons après l’exhortation apostolique. L’Église au Moyen-Orient se trouve dans une période où la présence des chrétiens au Moyen-Orient doit quand même être supportée, assistée d’une manière ou d’une autre et la logique qui dit « parce que ça n’a pas été fait par le passé, il ne faut pas que cela soit fait dans le maintenant ou dans l’avenir », je n’y vois pas une logique saine et les choses ont changé. Est-ce que les Papes faisaient les mêmes choses que ce que le Pape François fait actuellement ?
Est-ce que vous comprenez néanmoins que le patriarche soit accusé de vouloir normaliser les relations avec Israël ?
Evidemment, c’est que mettait en avant des journaux proches du Hezbollah.
Je ne comprends pas du tout cette logique parce que tout le monde sait ce que le patriarche pense de la situation et il a fait des déclarations multiples sur notre relation avec Israël. Tout le monde sait aussi ce que le patriarche et le patriarcat font pour la cause palestinienne. Je m’excuse mais je crois qu’il y a quand même d’autres raisons que probablement, on ne dit pas. Nous écoutons tout le monde, nous comprenons ce qu’ils disent mais malheureusement, j’ai l’impression qu’on ne voit pas la chose dans son contexte. Le patriarche n’a pas choisi d’aller en Israël sans qu’il y ait une occasion très spéciale.
Vous avez parlé de raisons sous-jacentes à ces accusations. Selon vous, quelles sont-elles ?
Moi, je ne veux pas juger les intentions mais je vois tout le bruit que l’on fait autour de la visite. De notre point de vue, c’est tellement exagéré que l’on n’arrive pas à comprendre. Le patriarche va en Terre Sainte, il va dans son diocèse. Moi, j’ai été archevêque en Terre-Sainte pendant seize ans et tout le monde le sait, je passais par voie de terre du Liban, à travers Naqoura ,en Israël. Le gouvernement libanais était toujours au courant parce que je passais quand même par la sécurité libanaise. Le patriarche a l’obligation de visiter ces diocèses de par le monde une fois tous les cinq ans, c’est la loi qui le lui impose. Maintenant, si le patriarche doit demander des permissions pour faire son travail en tant que patriarche, je m’excuse, mais ça ne va pas.
Alors, comment est-ce que vous interprétez cette levée de bouclier ?
Il faut poser la question à ceux qui ont levé le bouclier. Nous n’avons pas levé le bouclier. Au contraire, nous essayons de calmer les esprits, d’expliquer à tout le monde, à tort et à travers, dans toutes les langues et de leur dire que c’est une visite pastorale.
Là, vous adoptez un point de vue pastoral. Connaissant la situation au Proche-Orient, on ne peut pas s’empêcher d’y mettre une intention politique.
Non, nous ne mettons pas une intention politique là-dedans. Si les gens veulent nous accuser de mettre une intention politique, c’est leur affaire.
Cette visite crée un précédent. Ce sera la première fois qu’un patriarche se rendra en Israël depuis 1948. Qu’est-ce que vous pensez que ça peut avoir comme conséquence ?
D’abord, ce n’est pas une visite en Israël. C’est une visite en Terre Sainte, c’est une visite à Bethléem, une visite à Jérusalem. Toutes deux ne font pas partie d’Israël. Oui, nous allons en Galilée parce que nous avons des maronites en Galilée. Donc, encore une fois, mettons les choses dans leur contexte. Ce n’est pas une visite en Israël. Si vous insistez à mettre cela dans ce contexte et dire que nous allons en Israël pour dire aux Israéliens « c’est bien que vous ayez envahi la Palestine, c’est bien que vous ayez occupé tous ces terrains », bonne chance ! Ce n’est pas cela ce que nous allons faire. Tout le monde sait que le patriarcat a toujours été contre l’occupation de la Palestine. Tout le monde sait que le patriarcat a fait des mains et des pieds pour aider les palestiniens et travailler pour la cause palestinienne. Voilà, maintenant ce qu’il va en sortir, je n’en sais rien.
Mais la question que je me posais, c’est de savoir s’il peut y avoir des retombées positives, ne serait-ce que par exemple cette invitation qu’on attend du président de l’autorité palestinienne au cardinal ?
Oui, c’est-à-dire que nous avons de bonnes relations avec les palestiniens. Nous voudrions certainement dire aux palestiniens que l’Église porte leurs voix et que notre présence chrétienne en Palestine est une présence qui date depuis 2000 ans et que nous voudrions que cette présence soit respectée et que cette présence soit développée. Nous allons donc dire aux palestiniens « Courage, continuez à travailler pour la paix, pour qu’il y ait deux États indépendants dans cette région et nous vous demandons aussi de faire une constitution qui respecte les droits de l’homme, la liberté de conscience, la liberté de religion et toutes les libertés.
Puisque c’est une visite pastorale, qu’est-ce que vous avez envie de dire aux 10 000 maronites qui sont aujourd’hui en Terre Sainte ?
Nous venons en Terre Sainte pour d’abord dire à nos chrétiens de là-bas que nous sommes avec eux, à leurs cotés dans toutes les circonstances difficiles qu’ils sont en train de traverser. Il y a 3000 Libanais qui sont allés là-bas en l’an 2000 malgré eux parce qu’ils étaient dans le sud du Liban. Nous allons aussi les rencontrer pour les encourager à tenir bon et éventuellement, nous espérons qu’ils pourront regagner le Liban sans trop de problèmes.
Quels échos vous avez de leurs conditions de vie en Terre Sainte ?
J’ai vécu avec eux pendant seize ans. Malheureusement, Israël veut de plus en plus être un pays pour les juifs. Ça envoie un message pas très gai à tous ceux qui ne sont pas juifs. Moi, je leur ai clairement posé la question. Mais qu’est-ce que vous faites d’un million et demi de citoyens israéliens avec un passeport israélien ? Qu’est-ce que vous en faites ? Et bien, je n’ai pas eu de réponse. Mais ça ne veut pas dire que les chrétiens sont persécutés ou bien que les chrétiens vivent là-bas d’une manière tout à fait libre et les chrétiens sont des arabes, ils sont considérés comme des arabes avec tout ce que cela veut dire que d’être arabe dans ce pays-là. Alors oui, nous allons chez les chrétiens et chez les musulmans qui sont là. Il y a des libanais musulmans qui sont là aussi pour les encourager et pour leur dire que nous voudrions faire de notre mieux, tout faire en sorte pour les ramener éventuellement au Liban .
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