Le décor est planté : Jésus, un puits, une femme. Nous sommes près de la terre que Jacob a donnée à son fils Joseph. Jacob y a dressé un autel et invoqué le Dieu d’Israël. Le lieu est donc chargé de tout un passé de prière et d’adoration. Il y a là un puits. Dieu, déjà, s’était manifesté près d’un puits, à Agar, la servante humiliée fuyant devant sa maîtresse. Le Seigneur la relève en lui annonçant que l’enfant qu’elle porte sera le père d’un grand peuple. Le puits est là comme promesse d’une surabondance de vie. Les puits sont des lieux de rencontres et aussi de préludes aux fiançailles comme pour Isaac et Rebecca.(*) La sollicitude de Rebecca puisant de l’eau pour l’étranger la désigne comme l’épouse choisie par Dieu pour Isaac. Le puits, lieu de fécondité est, de même, le signe de l’alliance conjugale, de l’échange dans l’amour où l’un puise l’eau dont l’autre a soif. Il est midi. C’est l’heure de la rencontre amoureuse dans le Cantique des cantiques. (**) C’est l’heure de la visite de Dieu à Abraham près du chêne de mambré. C’est l’heure de la révélation divine dans tout son éclat comme le soleil brûlant de toute sa splendeur. Et cette révélation est promesse de vie quand Dieu annonce la naissance d’un fils au vieux couple stérile. (***) Jean, avec cette mise en scène, nous invite à découvrir Jésus comme le véritable époux annoncé par les prophètes, le Seigneur, le Dieu vrai et unique. La femme qui s’approche se sent sans doute assez loin de tout cela. Elle vient au puits comme tous les jours et si l’image nous paraît poétique, la réalité l’est sans doute moins pour elle. Jésus, lui, est fatigué par la route. Le Fils de Dieu a voulu partager en tout notre faiblesse. Le Seigneur dont la grandeur et la magnificence dépassent notre entendement prend le visage de l’homme indigent et pauvre. Qui saura qui est le plus grand dans ce dessein de l’amour ? Jésus fatigué, Jésus sur la route n’est-ce pas l’image de la vie humaine que Dieu a assumée dans sa totalité ? Dieu, en Jésus, se fait proche, Il vient à notre rencontre. Cela vaut peut-être la peine de s’arrêter au bord d’un puits. C’est en sollicitant le don, dans sa faiblesse que Jésus va inaugurer la rencontre. Pouvons-nous imaginer que nos réalités les plus quotidiennes, voire nos corvées, sont les lieux où Jésus vient à nous ? Pouvons-nous imaginer que nos amours déçus, ce profond de notre cœur où justement nous n’avons pas envie d’aller, c’est cela qu’il vient toucher par sa parole qui fait la vérité dans un amour d’une délicatesse infinie ? Pouvons-nous nous imaginer nous-mêmes comme un puits où une eau vive est en train de naître quand nous nous laissons approcher ? Il est midi, Jésus est assis près d’un puits, une femme arrive… Si tu savais le don de Dieu !
Sœur Sylvie et ses sœurs
* Livre de la Genèse, chapitre 24 versets 1 à 27 ** Cantique des cantiques, chapitre 1, verset 7 *** Livre de la Genèse, chapitre 18, verset 1
Méditation enregistrée avec le concours de RCF-Le Puy
Pour aller plus loin avec la Parole | |
| Saraï, la femme d’Abram, ne lui avait pas donné d’enfant. Elle dit à Abram : « Écoute-moi : le Seigneur ne m’a pas permis d’avoir un enfant. Va donc vers ma servante ; grâce à elle, peut-être aurai-je un fils. » Celui-ci alla vers Agar, et elle devint enceinte. Quand elle se vit enceinte, sa maîtresse ne compta plus à ses yeux. Alors Saraï humilia Agar et celle-ci prit la fuite. L’ange du Seigneur la trouva dans le désert, près d’une source, celle qui est sur la route de Shour. L’ange lui dit : « Agar, servante de Saraï, d’où viens-tu et où vas-tu ? » Elle répondit : « Je fuis ma maîtresse Saraï. » L’ange du Seigneur lui dit : « Je te donnerai une descendance tellement nombreuse qu’il sera impossible de la compter. Tu es enceinte, tu vas enfanter un fils, et tu lui donneras le nom d’Ismaël (c’est-à-dire : Dieu entend), car le Seigneur t’a entendue dans ton humiliation. » | |
| Livre de la Genèse, chapitre 16, versets 1-11 | |
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