Le cardinal Barbarin parle du pape François
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Le cardinal Barbarin parle du pape François
Le cardinal Barbarin parle du pape François
POSTED ON 22 JANVIER 2014 BY MAXIMILIEN BERNARD IN EN UNE, PEREPISCOPUS, ROME, VATICAN
Dans la Libre.be :
« Le Vatican a posé un acte de liberté inattendu le 11 février 2013 très bien compris par tout le monde. En renonçant parce qu’il estimait ne plus pouvoir assumer sa fonction, Benoît XVI a fait montre d’un bel acte d’humilité. Puis est venue l’élection du nouveau Pape, plus inattendue pour les médias que pour nous car c’était une figure du collège des cardinaux qui comptait. Cela n’a pas empêché que ses premiers moments nous ont frappés aussi, tout comme ses premiers choix vestimentaires, de logement, de vie quotidienne : une grande simplicité et le choix de la pauvreté. Une certitude : c’était le même Jorge Bergoglio avant et après son élection. Mais il n’y a pas eu de véritable rupture. Dans l’Eglise, on sait qu’il y a une seule foi, un seul baptême mais aussi une extraordinaire diversité et une grande liberté où chacun est appelé à faire fructifier ses talents. François nous a éblouis par sa grande force intérieure et très vite par des gestes qui comptent. Le Jeudi saint, plutôt que de célébrer à la basilique du Latran, il a dit l’eucharistie en prison où il a aussi lavé les pieds d’une détenue musulmane. Il veut aussi mettre de l’ordre dans la Curie romaine. Rien de surprenant : le Vatican ne doit pas être un organisme hypercentralisé mais l’expression d’une communion nouvelle entre l’évêque de Rome et l’ensemble des épiscopats du monde.
Il a quand même fort frappé les esprits…
Le pape François a pris un évêque dans la Curie, le cardinal Bertello, un modèle de diplomatie qui a été nonce au Mexique et en Italie et de surcroît gouverneur du Vatican. Il lui a demandé de travailler avec des archevêques de l’ensemble des continents dans l’objectif de refaire l’unité et d’amorcer cette réforme. Tout le monde était déjà conscient de cette nécessité mais ce n’était pas le charisme de Benoît XVI incomparable pour ses homélies et pour la liturgie qui, à sa manière, a apporté ce qu’il devait à l’Eglise.
L’approche de François détonne…
Lui aussi apporte à l’Eglise ce qu’il peut à sa manière. Bien sûr, on n’est pas encore au bout de la réforme de la Curie mais elle est menée énergiquement. On peut compter sur le secrétaire d’Etat, Mgr Parolin, doté d’une grande expérience et toujours de bon conseil.
C’est une évolution ou une révolution ?
Les deux mots me plaisent. Le fait de s’habiller et de se déplacer humblement n’est pas une révolution, c’était déjà son style comme archevêque de Buenos Aires. Au Vatican, il fait ce qu’il a toujours fait. Idem pour sa communication directe : il avait contacté un des jeunes que je lui recommandais, et qui avait un « coup de blues » en Argentine, de manière très naturelle… Aujourd’hui, il m’appelle sur mon portable, m’envoie des mails, etc.
Mais en même temps, il ne renonce pas aux fondamentaux de l’Eglise…
Non, c’est un fils de l’Eglise ! Il s’inscrit dans la continuité mais n’hésite pas à toucher aux symboles pour montrer combien l’amour de Dieu nous rejoint tous : il baptise l’enfant d’une mère célibataire, d’un couple non marié, etc. Dans son exhortation apostolique, il a établi la liste des péchés des « agents pastoraux ». Comme évêque, j’en suis un… On a tous été bien épinglés, pas pour nous culpabiliser, mais pour nous inviter à nous convertir. Quand, après son élection, on lui a demandé s’il acceptait sa mission, il a répondu qu’il était lui-même un pécheur mais, puisque nous l’avions élu, il a dit faire confiance à la miséricorde de Dieu.
Comment se fait-il qu’au conclave de 2005, l’heure de Bergoglio n’ait pas sonné ?
Surprenant : après son élection, Mgr Léonard disait ne pas le connaître…
Là, je vous tire mon joker pour la première partie… Personnellement, je le connaissais pour l’avoir côtoyé à la Congrégation pour la liturgie. Il fut toujours direct avec moi. On s’est aussi rendu compte que la date de son ordination était celle de mon anniversaire. Du coup, on a un rendez-vous spirituel tous les ans. Nos rapports sont restés simples. Fin mai, soit deux mois après son élection, signalant que je venais à Rome, il m’a invité à concélébrer sa messe matinale et à déjeuner avec lui.
Dans quel autre domaine peut-il faire bouger les lignes ?
Il est attentif à ce que Vatican II dit au sujet de la vérité dans le dialogue avec les autres courants religieux. Il a transposé cela aux questions morales. S’il ne parle pas d’abord d’elles, c’est parce qu’il les remet à leur juste place.
Sa priorité se trouve dans la première béatitude, qui parle de la pauvreté. Il veut rétablir une certaine hiérarchie des vérités. La première des vérités, c’est l’amour et la miséricorde de Dieu.
L’essentiel est de se remettre en relation avec Dieu. On peut être homosexuel et se situer humblement face à Dieu et être cardinal et horriblement orgueilleux…
Le Pape ne va pas changer la morale chrétienne mais veut que personne ne soit exclu. Benoît XVI avait déjà dit que l’Eglise avait besoin de tout le monde. »
POSTED ON 22 JANVIER 2014 BY MAXIMILIEN BERNARD IN EN UNE, PEREPISCOPUS, ROME, VATICAN
Dans la Libre.be :
« Le Vatican a posé un acte de liberté inattendu le 11 février 2013 très bien compris par tout le monde. En renonçant parce qu’il estimait ne plus pouvoir assumer sa fonction, Benoît XVI a fait montre d’un bel acte d’humilité. Puis est venue l’élection du nouveau Pape, plus inattendue pour les médias que pour nous car c’était une figure du collège des cardinaux qui comptait. Cela n’a pas empêché que ses premiers moments nous ont frappés aussi, tout comme ses premiers choix vestimentaires, de logement, de vie quotidienne : une grande simplicité et le choix de la pauvreté. Une certitude : c’était le même Jorge Bergoglio avant et après son élection. Mais il n’y a pas eu de véritable rupture. Dans l’Eglise, on sait qu’il y a une seule foi, un seul baptême mais aussi une extraordinaire diversité et une grande liberté où chacun est appelé à faire fructifier ses talents. François nous a éblouis par sa grande force intérieure et très vite par des gestes qui comptent. Le Jeudi saint, plutôt que de célébrer à la basilique du Latran, il a dit l’eucharistie en prison où il a aussi lavé les pieds d’une détenue musulmane. Il veut aussi mettre de l’ordre dans la Curie romaine. Rien de surprenant : le Vatican ne doit pas être un organisme hypercentralisé mais l’expression d’une communion nouvelle entre l’évêque de Rome et l’ensemble des épiscopats du monde.
Il a quand même fort frappé les esprits…
Le pape François a pris un évêque dans la Curie, le cardinal Bertello, un modèle de diplomatie qui a été nonce au Mexique et en Italie et de surcroît gouverneur du Vatican. Il lui a demandé de travailler avec des archevêques de l’ensemble des continents dans l’objectif de refaire l’unité et d’amorcer cette réforme. Tout le monde était déjà conscient de cette nécessité mais ce n’était pas le charisme de Benoît XVI incomparable pour ses homélies et pour la liturgie qui, à sa manière, a apporté ce qu’il devait à l’Eglise.
L’approche de François détonne…
Lui aussi apporte à l’Eglise ce qu’il peut à sa manière. Bien sûr, on n’est pas encore au bout de la réforme de la Curie mais elle est menée énergiquement. On peut compter sur le secrétaire d’Etat, Mgr Parolin, doté d’une grande expérience et toujours de bon conseil.
C’est une évolution ou une révolution ?
Les deux mots me plaisent. Le fait de s’habiller et de se déplacer humblement n’est pas une révolution, c’était déjà son style comme archevêque de Buenos Aires. Au Vatican, il fait ce qu’il a toujours fait. Idem pour sa communication directe : il avait contacté un des jeunes que je lui recommandais, et qui avait un « coup de blues » en Argentine, de manière très naturelle… Aujourd’hui, il m’appelle sur mon portable, m’envoie des mails, etc.
Mais en même temps, il ne renonce pas aux fondamentaux de l’Eglise…
Non, c’est un fils de l’Eglise ! Il s’inscrit dans la continuité mais n’hésite pas à toucher aux symboles pour montrer combien l’amour de Dieu nous rejoint tous : il baptise l’enfant d’une mère célibataire, d’un couple non marié, etc. Dans son exhortation apostolique, il a établi la liste des péchés des « agents pastoraux ». Comme évêque, j’en suis un… On a tous été bien épinglés, pas pour nous culpabiliser, mais pour nous inviter à nous convertir. Quand, après son élection, on lui a demandé s’il acceptait sa mission, il a répondu qu’il était lui-même un pécheur mais, puisque nous l’avions élu, il a dit faire confiance à la miséricorde de Dieu.
Comment se fait-il qu’au conclave de 2005, l’heure de Bergoglio n’ait pas sonné ?
Surprenant : après son élection, Mgr Léonard disait ne pas le connaître…
Là, je vous tire mon joker pour la première partie… Personnellement, je le connaissais pour l’avoir côtoyé à la Congrégation pour la liturgie. Il fut toujours direct avec moi. On s’est aussi rendu compte que la date de son ordination était celle de mon anniversaire. Du coup, on a un rendez-vous spirituel tous les ans. Nos rapports sont restés simples. Fin mai, soit deux mois après son élection, signalant que je venais à Rome, il m’a invité à concélébrer sa messe matinale et à déjeuner avec lui.
Dans quel autre domaine peut-il faire bouger les lignes ?
Il est attentif à ce que Vatican II dit au sujet de la vérité dans le dialogue avec les autres courants religieux. Il a transposé cela aux questions morales. S’il ne parle pas d’abord d’elles, c’est parce qu’il les remet à leur juste place.
Sa priorité se trouve dans la première béatitude, qui parle de la pauvreté. Il veut rétablir une certaine hiérarchie des vérités. La première des vérités, c’est l’amour et la miséricorde de Dieu.
L’essentiel est de se remettre en relation avec Dieu. On peut être homosexuel et se situer humblement face à Dieu et être cardinal et horriblement orgueilleux…
Le Pape ne va pas changer la morale chrétienne mais veut que personne ne soit exclu. Benoît XVI avait déjà dit que l’Eglise avait besoin de tout le monde. »
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