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Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies

2 participants

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Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies Empty Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies

Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 13:43

PLAN DE LA RÉFLEXION SUR LES BÉATITUDES DE MATTHIEU (Bible de Jérusalem)


Nous aborderons

¤ Les Béatitudes, en général
¤ Le bonheur


Les Béatitudes seront approfondies comme suit :

1er Volet : LE BONHEUR EN RELATION AVEC DIEU :

¤ Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des cieux est à eux.
¤ Heureux les affamés et les assoiffés de Justice, car ils seront rassasiés.
¤ Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.


2è Volet : LE BONHEUR EN RELATION AVEC LES AUTRES :

¤ Heureux les doux, car ils posséderont la terre.
¤ Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
¤ Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.


3è Volet : LE BONHEUR EN RELATION DANS DES SITUATIONS DIFFICLES :

¤ Heureux les affligés, car ils seront consolés.
¤ Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux.

Nous terminerons avec l’HOMME, LA FEMME DES BÉATITUDES .

CONTENU DES RÉFLEXIONS :

¤ Faire le lien avec le texte < souche > de l’Ancien Testament et la Béatitude ;
¤ Porter un regard contemplatif sur la manière que Jésus a vécu la Béatitude ;
¤ S’approprier les applications concrètes pour vivre la Béatitude ;
¤ Prendre du temps pour intégrer la Béatitude.

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Message par Philec Lun 10 Juin 2013 - 14:04

Merci Lumen pour ces Paroles de vie Jésus Croix
Philec
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Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 14:19

Les Béatitudes, en général


Introduction

Matthieu, en présentant dès le début de son Évangile le Sermon sur la montagne, nous propose le projet de Jésus pour l’humanité: le Royaume qui doit amener la personne à vivre selon son esprit.

Jésus veut aller plus loin que la « Loi Ancienne » qui s’exprime en des termes négatifs : < Tu ne feras pas ceci ou cela…> Les orientations de la « Loi Nouvelle » font appel à la liberté de la personne. Jésus spécifie :

< Vous avez appris…, et moi, je vous dis >

Le sermon sur la Montagne décrit bien la mentalité de l’Évangile; dans la première partie il présente, sous forme de Béatitudes, les interpellations promettant le Royaume à des personnes bien précises, celles qui développent les attitudes intérieures nécessaires pour suivre Jésus.


Cet esprit des Béatitudes, que nous tenterons d’explorer, Jésus le rappelle tout au long de sa vie publique, soit dans ses paroles, ses paraboles, ses discours plus directs ou dans ses gestes. Les Béatitudes nous disent quelque chose de Jésus. Pourquoi ? Parce qu’elles sont paroles vécues, expérimentées par celui-là même qui les a prononcées…par celui qui a dit : < JE SUIS LE CHEMIN >

L’objectif de tout chrétien est :

FORMER JÉSUS EN NOUS POUR ÊTRE UN AUTRE JÉSUS EN LA TERRE…

St Jean Eudes a approfondi cette phrase de St Paul : "Mes petits enfants que, dans la douleur j'enfante à nouveau, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous". (Gal. 4,19)

POUR FORMER JÉSUS – la route sûre à prendre : LA ROUTE DES BÉATITUDES

Les Béatitudes sont riches de la Présence de Jésus parce qu’elles nous tracent son portrait dans ses attitudes, dans sa relation à Dieu et aux autres; devant telle ou telle circonstance de la vie : (afflictions – deuils – persécutions) …

Les Béatitudes sont : LE COEUR DE L’ÉVANGILE à la condition de retrouver Jésus Christ vivant à travers chaque parole.



Les Béatitudes :

¤ UNE PERSONNE À RENCONTRER plutôt que des conseils à entendre, des valeurs morales à suivre…;
¤ Portrait de Jésus Christ et Portrait de Dieu < Qui me voit, voit le Père >

Les Béatitudes, quand elles sortaient de la bouche même de Jésus, parlaient de Dieu et disaient les secrets de son Règne, du Royaume… c’est la Mission de Jésus ? Elles nous révèlent que Dieu est pauvre, qu'il est doux… etc.

¤ En mettant ensemble chacun de leurs traits, les Béatitudes dessinent aussi le portait des chrétiens que nous sommes appelés à être …
¤ Programme actif qui débouche sur la vie de tous les jours.
¤ Mœurs de Dieu, code de nos vies pour former Jésus en nous.

Par les Béatitudes, Jésus bousculait les valeurs des Juifs en apportant un enseignement nouveau.

Nous retrouvons, dans l’Évangile, DEUX VERSIONS ou 2 adaptations du texte original

1.- Les Béatitudes écrites à la manière de Luc 6, 20-26;

on voit déjà que le lieu de la proclamation est la plaine...
Luc présente 4 bénédictions ou 4 Bienheureux et 4 Malédictions ...
Luc retranche ce qui était trop judaïque; (ce qui concerne les lois ou les pratiques juives).
Luc apostrophe l'auditoire (vous)… il parle à des grecs chrétiens de sa communauté.
Les béatitudes à la manière de Luc: deviennent "exigence sociale du service des pauvres".

2.- Les Béatitudes écrites à la manière de Matthieu Mt 5, 1-12

< Voyant les foules Jésus gravit la montagne >
Lieu de la proclamation : la montagne, lieu de la rencontre de Dieu.

Maintenant, sur une autre montagne, Jésus proclame la loi nouvelle qui porte l’ancienne à sa perfection.

¤ adresse un enseignement pour une communauté chrétienne juive, il s'adresse à des gens déjà saisis par la grâce du Fils; ¤ il ajoute au texte original d'autres paroles prononcées par Jésus ;
¤ il présente l'esprit nouveau du Royaume; la charte "du vivre ensemble" des disciples du Royaume;
¤ il est un catéchète préoccupé de la manière d'agir des chrétiens, il veut préciser la ligne de conduite que le Maître attend de ses disciples;
¤ Matthieu parle à la 3e personne (Luc apostrophe: vous)
En d'autres mots les Béatitudes, à la manière de Matthieu, c'est :

¤ un message centré sur les attitudes spirituelles ;
¤ un programme de vie vertueuse avec promesse de récompense céleste.

Luc parlait des pauvres tout court, ceux qui sont en manque matériellement. Matthieu "spiritualise" il parle des pauvres "en esprit". Luc parlait de ceux qui ont faim. Mathieu ajoute: "faim et soif de justice". Luc veut supprimer la pauvreté.

Matthieu dit comment on supprime la pauvreté: par la douceur, en pardonnant, en purifiant son coeur, en servant la paix. C'est alors que la justice est accomplie et que ceux qui pleurent sont consolés. Si Matthieu spiritualise, cela ne veut pas dire qu'il affaiblit, qu'il dilue, qu'il passe à la mièvrerie... Il donne au contraire les moyens pour que les béatitudes, à la manière de Luc, se réalisent. Il paraît probable, dit Dom Dupont, dont l'étude fait autorité, que Jésus, dans le sermon sur la Montagne, a magnifié la classe religieuse des humbles plutôt que l'état social de pauvreté.

Nous pouvons dire que les Béatitudes sont huit Paroles qui forment le code de l'Alliance nouvelle entre Dieu et les hommes – ces huit paroles, Jésus va les incarner surtout durant ses trois ans de vie publique.

Dans les béatitudes, il n'y en a pas une plus importante que l'autre, une première et une dernière il n'y a ni maîtresse parole, ni parents pauvres, ni hiérarchie. Les béatitudes s'impliquent l'une dans l'autre, se complètent, se conditionnent, bref elles communiquent entre elles à la manière des océans...

Dans les Béatitudes il n'y a aucune défense. L'AMOUR ne peut interdire... car si j'interdis, je perds l'Amour. « AIME ET FAIS CE QUE TU VEUX », dit St-Augustin.

Les huit Béatitudes de Matthieu sont toutes positives – aucune prescription négative. Les Béatitudes constituent le code de l'Amour, à la lumière desquelles nous pouvons examiner nos manques... nos incohérences. Par les Béatitudes, Jésus nous propose la charte de notre parcours vers Dieu et de notre combat pour la personne. C'est un programme actif qui débouche directement sur la vie pratique de tous les jours. Un programme réaliste qui nous donne le goût de nous y mettre... peut-être n'y avons-nous que rêver !

La vie publique de Jésus de Nazareth ne fut qu'une longue marche dans les chemins des béatitudes. Il invite ses disciples à avancer, eux aussi, dans cette route des béatitudes. Nous pouvons parcourir les Béatitudes dans l'ordre présenté par les Évangélistes qui est un ordre linéaire; nous pouvons aussi les approfondir par un regroupement:

les Béatitudes décrivent nos attitudes dans notre relation à Dieu;
les Béatitudes détaillent nos attitudes dans notre relation aux autres; et exposent les attitudes devant certaines situations pointues de notre vie : afflictions, deuils, persécutions etc.


Visage de Jésus Christ

À force de les répéter, on voit se dégager des huit Béatitudes, une certaine personne, un certain visage qui prend le nom de JÉSUS CHRIST.

Le chrétien est un autre Christ... les Béatitudes sont un appel à lui ressembler, nous qui sommes faits à l'image et à la ressemblance de Dieu ... « À la semblance de Dieu », comme dirait Jean Eudes.

Lire les béatitudes, c'est d'abord lire le coeur de Dieu comme Jésus, en les disant, décrivait le coeur de Dieu. Quand il propose aux gens, qui sont là devant lui, ses Béatitudes, Jésus leur livre son secret, ce qui lui a été donné de plus cher: le coeur même de Dieu.

Il faut commencer par là, sous peine de faire des Béatitudes ce qu'elles ne sont pas: un poème sentimental ou un programme moral. Qu'elles touchent notre coeur et notre esprit, oui; qu'elles nous invitent à changer nos façons de vivre, oui; mais surtout qu'elles nous permettent de reconnaître le Dieu dont elles nous parlent dans ses agirs, dans ses attitudes.

Le message des Béatitudes est un appel répété à un < va plus loin … va plus profond…> au cœur de la personne qui l’entend et le place au cœur de sa vie.

C’est une invitation à entrer dans un dynamisme enthousiasmant, mais décapant et exigeant… Les Béatitudes sont là pour être vécues dans l’ordinaire de la vie… les occasions de les vivre sont quotidiennes… Elles nous permettent de répondre à l’invitation du Seigneur des Béatitudes :

< SOYEZ PARFAITS COMME VOTRE PÈRE CÉLESTE EST PARFAIT > Mt 5,48

Les béatitudes, une fois qu’elles ont pris racine dans le cœur d’une personne, se développent et en viennent à produire des fruits porteurs de l’empreinte ou de la couleur de la personne qui les cultive. Mais il ne faut pas perdre de vue le sens premier et profond, de même que l’originalité de ce message proclamé par Jésus… Il faut y revenir régulièrement…

Bernard Rérolle dans son livre : Dynamique des Béatitudes, écrit :

< Entrez dans la cohorte de ceux et celles qui se laissent transformer par le Christ. L’herbe et les pierres de la colline vous attendent comme au premier jour. Après vous être assis un moment au pied du Maître, vous n’aurez rien de plus important à faire que de vous mettre en marche et de faire que les Béatitudes portent désormais vos couleurs personnelles. Qu’elles témoignent de votre être essentiel. Et revenez vous asseoir un moment, aussi souvent qu’il le faudra: ne vous laissez pas égarer…>


EN RÉSUMÉ, LES BÉATITUDES…

un discours qui résonne dans les cœurs;
des paroles qui éveillent des harmoniques dont les vibrations ont traversé les siècles;
une révélation qui continue aujourd’hui même de bouleverser et de provoquer des changements de vie;
une manière nouvelle d’envisager la relation à Dieu et avec le prochain;
une grande bouffée d’air frais qui fait virevolter les feuilles séchées d’un légalisme décourageant;
un appel au mouvement, à la transformation.
La formulation des Béatitudes d’André Chouraqui exprime très bien cette invitation à la conversion:

EN MARCHE … LES HUMILIÉS DU SOUFFLE (pauvres de cœur)

EN MARCHE … LES AFFAMÉS ET ASSOIFFÉS DE JUSTICE;

EN MARCHE … LES CŒURS PURS;

EN MARCHE … LES HUMBLES (les doux);

EN MARCHE … LES MATRICIELS;

EN MARCHE… LES FAISEURS DE PAIX;

EN MARCHE … LES ENDEUILLÉS;

EN MARCHE… LES PERSÉCUTÉS POUR LA JUSTICE.

C’est à vous, lecteur, lectrice de décider de vous mettre en marche sur la route des Béatitudes.


TEMPS D’INTÉGRATION

Du texte lu, qu’est-ce que je veux retenir … je l’écris…
En lisant le texte des Béatitudes, à la manière de Matthieu (Mt 5, 1-12) spontanément
quelle béatitude est plus facile à pratiquer pour moi ?
quelle béatitude est plus difficile pour moi ? Pourquoi ?

Bonne réflexion...










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Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 14:52


Le bonheur... à la manière de Jésus

Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies 343710



Introduction

Le bonheur ! Le mot lui-même fait rêver…! La plupart des téléromans au petit écran, les films au cinéma, les romans… sont construits autour de ce rêve de bonheur… Le bonheur : toujours recherché, jamais pleinement possédé… Parfois, il nous apparaît comme trop grand pour nous, ou trop étroit, d’autres fois nous sentons qu’il nous irait comme un gant. Nous pleurons sur lui quand nous l’avons perdu, nous l’espérons quand nous ne l’avons plus…

Certains disent le bonheur inaccessible, et pourtant que de gens avouent l’avoir rencontré ! Le bonheur ! Pas facile à définir tellement il est fait d’ingrédients divers. Mais une chose est sûre : tous, nous cherchons à être heureux… tous nous avons soif de bonheur. L'idée de bonheur nous aide à traverser le désert de la vie ?

Le bonheur est-il une chimère ? Le bonheur est-ce une chose à obtenir, ou un don à accueillir ? Écoutons-nous parler… On parle volontiers du bonheur comme s’il était derrière nous ou devant nous, mais souvent c’est tout près de nous qu’il est... Il aime marcher à nos côtés, sans se faire voir, sans dire un mot.

Et si le bonheur était à l’intérieur de nous ? Il y a de petits et de grands bonheurs, comme de petites et de grandes joies. Savoir discerner et savourer les petits bonheurs prépare à l’accueil des grands. Il se pourrait même que le plus grand bonheur ne soit formé que d’une multitude de petits.


Dans la vie de chaque jour

L’expérience nous apprend que dans la vie de chaque jour, bonheur et malheur cohabitent. Notre vie est faite d'ombre et de lumière, de progrès et de recul; de jours heureux et de jours moins heureux... L’œil et le cœur semblent moins sensibles au bonheur qu’au malheur. Cette attitude est la source de beaucoup de nos tristesses, de nos mélancolies, de nos insatisfactions.

Notre malheur, c’est de ne pas voir nos petits bonheurs… < La pire tentation, a écrit Jean Bastaire, est de désespérer du BONHEUR.> (Paraboles d’Orient et d’Occident). La pire tentation pourrait être aussi de ne pas voir le bonheur qui est déjà dans notre maison. Tagore écrit : « Ne va pas au jardin des fleurs, (bonheur) mon ami, … en toi est le jardin des fleurs…du Bonheur … » Nous n’avons pas à nous déplacer très loin… le bonheur prend racine au-dedans… Robert Lebel chante : « Je te cherchais dehors tu étais au-dedans…» Nous avons à redécouvrir les voies d’accès au bonheur…

Si le malheur a ses prophètes – et ils sont nombreux – le bonheur doit pouvoir compter sur ses prophètes de bonheur. Ce serait une grâce pour l’humanité entière, qui a besoin d’air frais, de lumière et d’espérance. Le bonheur est une aspiration profonde de tout être humain, un désir vital de la personne, le grand besoin de notre cœur… Sommes-nous condamnés au malheur ou promis au bonheur ? Ce bonheur est-il pour aujourd'hui ou pour demain ? Sommes-nous convaincus que Dieu nous veut heureuses…heureux…? Et si c’était Dieu lui-même qui avait chevillé, ancré bien solidement ce désir, ce besoin de bonheur ! Et s’il avait quelque chose à nous dire à ce propos…! Dieu ne veut pas que tous les jours de notre vie soient des Vendredis Saints… même si nous avons la possibilité de passer du Vendredi Saint ou jour de Pâques …

De quoi est-il fait ?


Mais de quoi est-il fait, ce bonheur ? En regardant le monde dans lequel nous vivons, cette question demeure actuelle, elle est peut-être plus pressante en ces temps d'inflation, de chômage, d'incertitude politique, d'inquiétude au sujet de l'avenir de nos ressources de toutes sortes, des tensions internationales etc. ... Le bonheur, en ces temps modernes, est mis à rude épreuve ...

Les propositions « de bonheur éphémère » ne manquent pas. Chaque jour nous sommes sollicitées par des "marchands de bonheur" qui prétendent combler tous nos désirs (publicité, consommation, voiture performante, voyage dans le sud, gros lot… etc.) Le bonheur, proclamé par la publicité, se réduit souvent à l'argent, à l’accumulation de biens, à la recherche de prestige, d'influence.

Le bonheur des Béatitudes

Nous savons très bien que le bonheur, dont il est question dans le texte évangélique des béatitudes, ne correspond pas à la vision du bonheur véhiculée et étalée dans toutes les formes de propagandes modernes caractérisées par l'absence de souffrances, de problèmes etc.… Le bonheur des béatitudes n'exclut pas nécessairement la souffrance et la privation.

Si nous nous questionnons sur le bonheur, d'autres avant nous l’ont fait : entre autre, l'auteur du psaume 4,7 s'interroge « Qui nous fera voir le bonheur ». Dans le livre des Lamentations 3, 17 « Je ne sais plus ce qu’est le bonheur ». Et dans Job 7,7 « Ma vie est une corvée… le soir n’en finit pas… mes yeux ne verront plus le bonheur »

Les béatitudes nous présentent le bonheur, à la manière de Jésus, comme une forme de félicitations qui suppose la constatation d'un bonheur déjà réalisé ou entrain de se réaliser.

Les béatitudes selon Luc et Matthieu viennent de plus loin que les Évangiles. Elles plongent leurs racines dans l'Ancien Testament. À travers toute la Bible , on compte une cinquantaine de ces béatitudes, dont vingt-cinq pour le seul livre des psaumes.

En voici quelques-unes:

- Ps 1er « Heureux l'homme qui ne prend pas le parti des méchants »

- Ps 83 ou 84, 5-6 « Heureux les habitants de ta maison, ils te loueront sans cesse »

« Heureux les hommes dont la force est en toi, Seigneur »

- Ps 94,7 « Heureux l'homme que tu corriges... »

- Ps 106, 3 « Heureux ceux qui observent tes commandements... »

- Ps 112, 1 « Heureux l'homme qui s'appuie sur le Seigneur… »


La réalité

La réalité de ces proclamations de BONHEUR ne sont pas nécessairement vécues dans le monde présent mais dans le monde à venir… (Cf. Texte des béatitudes). La prière de Jésus était nourrie de ces psaumes, proclamant le bonheur; et naturellement, à l'occasion de ses rencontres et prédications, selon l'inspiration, il en créait d'autres. S'adressant à ses disciples il leur dit : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez... » (Lc 10,23). Et lorsque cette femme du peuple, elle-même nourrie d'Ancien Testament, s'exprime dans le langage des béatitudes: « Heureuses les entrailles qui t'ont porté et les seins qui t'ont nourri » (Lc 11,27). Jésus reprend en employant le présent : « Heureux plutôt ceux et celles qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent » (Lc 11,28), à Thomas... « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. » (Jn 20,29)

Et encore, après Jésus, les béatitudes ont continué à fleurir jusqu'à nous : « Heureux les invités au repas du Seigneur » Jésus en nous présentant le programme des béatitudes a répondu à cette question que les personnes de tous les temps et de tous les âges se posent : « Qui nous fera voir le bonheur ? » Remarquez le pronom QUI (personne) employé par le psalmiste et non le pronom QUOI (chose). Jésus nous a donné la façon, les moyens, selon Lui, de réussir sa vie, de posséder le bonheur pour que notre vie et notre existence humaine aient un sens.

En disant « Heureux » Jésus constate et proclame le bonheur de la personne… que la béatitude décrit. N'oublions pas qu'au coeur de la vie de Jésus, au coeur de son message et de ses gestes, il y a la personne. Pour Jésus la personne passe avant tout, avant la loi, avant les institutions : la personne est sacrée. Les béatitudes ne se comprennent qu'à partir de ce centre - qu'est la personne -. Rappelons-nous que Jésus, nouveau Moïse, en gravissant la montagne, proclame la Loi nouvelle. La béatitude est une déclaration de bonheur dans le présent, (le Royaume des cieux est à eux) ou en raison de l’avenir (car ils auront la terre en héritage).


Le bonheur, annoncé dans les béatitudes

Le bonheur provient de la certitude : que la personne est bénéficiaire de la présence amoureuse de Dieu; mais aussi de la promesse que la personne est pleinement comblée lors de la réalisation totale et définitive de ce Royaume. Le bonheur, annoncé dans les béatitudes, est une véritable joie, parce que fondée sur une foi;

- en l'accompagnement bienveillant de Dieu;

- et sur une espérance en la pleine réception des biens du Royaume.

Cette joie résulte d'un état d'harmonie avec Dieu, avec les autres et avec soi-même. Mon bonheur je le fais – je ne l’attends pas des autres… ni de Dieu que j’accuse parfois… Je suis « équipée » pour vivre heureux, heureuse.

En Matthieu, les béatitudes supposent un appel à se mettre dans les dispositions nécessaires pour bénéficier du don et de la promesse et, par le fait même, goûter à la joie des béatitudes. Les destinataires sont heureux parce qu'ils se laissent transformer intérieurement par les valeurs du Royaume. Matthieu cherche à améliorer les dispositions intérieures des chrétiens. Il veut les assurer de la présence et de la promesse de Dieu dans la réalité qu'ils vivent.

Le bonheur dont parlent les béatitudes est un bonheur qui vient à nous, non un bonheur produit par nous. Il n'exclut pas la privation et la souffrance. Que veut dire exactement Jésus en disant : « Heureux » ? Extirpons de ce terme « heureux » toute connotation moralisante; donc ne plus nous représenter Jésus comme donnant d'en haut d'une chaire, des conseils ou des impératifs. Dans les Évangiles, lorsque ce terme « heureux » est employé, ce n'est pas pour dire « Heureux serez-vous si vous faites ceci ou cela... », mais pour exprimer un accord, une joie. BRAVO ! vous qui êtes doux, vous avez le bon filon, le secret du bonheur ? « Vive celle qui t'a porté » crie une femme dans la foule. (Lc 11,27) Ou encore Elisabeth dont l'enfant tressaille dans son ventre et qui s'écrie, voyant Marie ; « Bravo à toi qui as cru ! » (Luc 1,45) « Tu as eu bien raison d'y croire ».

Jésus regarde bien plus loin que les apôtres ou les disciples qui sont là – et qui auraient tellement tendance à quitter ce chemin des béatitudes pour le pouvoir! Jésus s'adresse à tous les pauvres, à tous les affamés et assoiffés de Justice, à tous les doux, à tous les coeurs purs de l'histoire et proclame que ce sont eux qui donnent au monde le sel et la lumière, la saveur et le sens.

Ainsi Jésus proclame que tous ceux-là qui vivent des béatitudes, détiennent à la fois;

- le secret du bonheur de la personne ;

- et la vraie solution de la vie collective (communautaire).


Le bonheur vrai et durable

Le bonheur vrai et durable qui s’inscrit au plus profond de nos vies (personnes) est fait aussi du BONHEUR DES AUTRES… COMMUNAUTAIRE. La question de mon bonheur ne saurait se poser sans celle du bonheur des autres et à l’inverse la question du bonheur des autres ne saurait se poser sans celle de mon bonheur… Il nous faut lire les béatitudes selon ces deux registres (en regard des personnes et en regard des collectivités); y trouver, non pas des principes moraux externes, mais une impulsion de vie pour l'existence personnelle et pour l'existence sociale.

Avec les béatitudes Jésus est explicite. « Heureux êtes-vous ! ». On rendrait peut-être mieux sa pensée en disant: " Chanceux êtes-vous " Comme s'il nous félicitait de ce que nous avons compris pour vivre son message de bonheur, pour vivre l’Évangile. Les béatitudes sont une invitation à un bonheur possible qui nous initie tous les jours à un chemin de bonheur, simple, à la portée de tous.

Effectivement, nous avons tout pour être heureux. Encore faut-il savoir ce qu'est le bonheur et ce qu'il procure. Est-ce que je peux nommer les petits bonheurs que je cueille aujourd'hui ? À ce moment – ci de mon histoire sainte ? Les béatitudes sont une invitation à un BONHEUR POSSIBLE qui nous initie tous les jours à un chemin de bonheur, simple et efficace, à la portée de tous.


Le bonheur, chemin de Dieu

La béatitude , le bonheur, c'est le chemin de Dieu vers la personne humaine et le chemin de la personne humaine vers Dieu, vers le prochain, vers lui-même. Les béatitudes : chemin de la rencontre de Dieu, donc du vrai bonheur. Que disons-nous quand on est heureux : ÇA MARCHE … Pierre Talec, dans son livre l'Annonce du bonheur écrit : « L'amour, voilà le sens et le fondement des béatitudes. Curieux ! Il n'y a pas de béatitude de l'AMOUR à proprement parler. On aurait pu s'attendre à cette béatitude : " Heureux ceux qui aiment, ils sont de Dieu." »

L’amour est la base de chaque béatitude… Pourquoi ? De la pauvreté à la persécution en passant par la miséricorde, la douceur et la pureté de coeur, chacune des béatitudes apporte sa note au chant de l'amour pour toujours, au chant de la joie à jamais: " Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse."

Avant d'être un enseignement, un programme, une exigence, les béatitudes sont, sur les lèvres de Jésus, l'annonce du don de Dieu, dans les termes mêmes de la promesse. C'est la Bonne Nouvelle , qui ne peut être reçue "que dans la joie ". Les béatitudes, un message de joie, puisqu'elles sont proclamation d'une BONNE NOUVELLE, dont parle le prophète d'Isaïe (Is 61,1-2)

Quand Jésus invite au bonheur, c'est au prix d'un retournement profond de nos attitudes et de la conversion à un bonheur différent. Jésus n'a pas triché avec la condition humaine : il en connaît toutes les pauvretés et toutes les inquiétudes. Il n'a pas cherché à nous endormir avec des promesses d'un bonheur acquis à bon marché. Le bonheur qu'il propose passe par des chemins difficiles. Mais il est déjà offert et donné à tous ceux et celles pour qui le Royaume existe : les pauvres, les purs, les affligés, les faiseurs de paix, les ajustés à Dieu... les humbles, les miséricordieux... C'est pour eux que Dieu a inventé un bonheur à la mesure de son cœur.


IL Y A UN BONHEUR…

À se libérer de soi-même… afin d’être plus dépendant de Dieu, notre Père.

À être authentique et vrai… afin de contempler son Visage en l’autre et dans les événements.

À accueillir la souffrance… afin d’y découvrir l’appel à un dépassement sur le chemin de l’Amour.

À couper les chaînes de ses petits esclavages… afin d’occuper notre place aux repas fraternels.

À se réconcilier entre nous… afin d’actualiser dans l’aujourd’hui le pardon que Dieu nous a donné en Jésus-Christ.

À vivre en paix avec soi-même… afin de véhiculer le germe d’amitié dans les relations humaines.

À créer un climat de paix dans notre milieu… afin de vivre en sœurs et frères dans le Royaume qui nous a été donné.

À acquérir une bienveillance intérieure… afin que l’autre grandisse dans ce qu’il est et qu’il a reçu du Père.


TEMPS D’INTÉGRATION

¤ Qu'est-ce que le BONHEUR pour moi ?
¤ Le bonheur des BÉATITUDES… fait partie de mes certitudes ? Pourquoi ?
¤ Suis-je prophète de bonheur ou prophète de malheur ou encore un éteignoir de bonheur ?
¤ Est-ce que je ramasse les " petits bonheurs " à chaque jour ?
¤ Le dernier " petit bonheur " que j'ai ramassé porte le nom de…



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Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 15:18

Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux.

Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies Mains_10


Pour bien comprendre le sens de chaque Béatitude proclamée par Jésus : Heureux les pauvres, les assoiffés… etc. trois facteurs sont à considérer :

1.- l’origine de la béatitude, c’est-à-dire le sens du terme dans l’Ancien Testament et dans le judaïsme qui ont inspiré Jésus et les évangélistes : la source du mot ou l’attache biblique,

2.- le contexte mathéen, qui indique la réinterprétation des textes-sources. Jésus accomplit les promesses de l’Ancien Testament en y apportant, souvent une nouveauté de sens,

3.- le témoignage de la vie de Jésus, dans la mesure où un lien peut être établi entre ce que rapporte l’Évangile et les béatitudes particulières.

Approfondissons la béatitude : "Heureux les pauvres en esprit car le Royaume des cieux est à eux." (Mt 5, 3)

Traduction littérale de la Bible de Jérusalem, cette première béatitude donne lieu à plusieurs interprétations. Il importe de bien s’entendre sur les vocables de « pauvreté, de pauvre, de cœur de pauvre, ou de pauvre de cœur ». Leur définition n’est pas à chercher dans le Larousse mais dans les textes sacrés. Dans les plus anciens de ces textes, les mots hébreux qui désignent « le pauvre » sont des termes concrets :

- le mendiant, le quêteux, l’indigent : celui qui fait une démarche pour dire son besoin ;

- le chétif, le courbé.

Ces termes, de la Bible hébraïque, comme vous le voyez, expriment l’attitude physique du pauvre. Dans la langue grecque, « pauvre » peut être traduit par trois mots : pauvre – doux – petit. Le terme français « humble » peut décrire une attitude morale ou une situation extérieure comme : indigent – chétif – courbé. On peut affirmer facilement que dans l’Ancien Testament on distingue deux (2) sortes de pauvres.

1.- Les indigents, ceux qui matériellement ne peuvent subvenir à leurs besoins : la veuve et l’orphelin, l’informe et le mendiant, mais aussi toutes les personnes qui sont prisonnières de quelque façon enfermées dans leur malheur, derrière des grilles ou dans leur « cœur brisé »… et qui ont besoin…

2.- Les anawins, (hébreu) signifient les doux, les cœurs purs, les humbles qui font confiance au Seigneur, accueillent sa Parole. (Grecque)


Les béatitudes de Luc se réfèrent à la première catégorie : les indigents et il vient à leur rescousse, c’est pourquoi il privilégie les pauvres tout court; c’est la pauvreté-situation, la pauvreté extérieure, matérielle.

Les béatitudes de Matthieu se réfèrent à la deuxième catégorie : les anawins… les pauvres de cœur, c’est la pauvreté intérieure. À noter que nous sommes tantôt indigents… tantôt anawins. L’opposition chez Matthieu n’est pas entre pauvre et riche mais entre pauvre et orgueilleux. Ce qui caractérise l’humble, le pauvre en esprit, c’est que la personne se fie à Dieu. Et c’est dans le livre de Sophonie 3, 11-12 que s’appuie cette affirmation, (attache biblique) « … tu n’auras plus à rougir de toutes tes trahisons; car j’écarterai de toi tes glorieux fanfarons. Tu n’étaleras plus ton orgueil sur ma montagne sainte. Je ne laisserai subsister chez toi qu’une population humble et pauvre. Elle se réfugiera dans le Seigneur ». C’est la meilleure description de l’esprit de pauvreté, nous dit la note de la Bible de Jérusalem.

Le psaume 34, 19 est la prière d’un de ces pauvres qui s’appuie sur la fidélité de Dieu : « Le Seigneur est proche des cœurs brisés, il sauve les esprits abattus ». Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre ne signifie pas d’abord : heureux ceux qui sont détachés des richesses, mais « Heureux ceux qui s’en remettent à Dieu ». (Journal de la Bible, Aujourd’hui la vie, no. 129)

On pourrait dire que cette première béatitude est la béatitude DES MAINS VIDES, des mains ouvertes… du cœur ouvert… Le pauvre de l’Écriture, l’anawin, l’humble – surtout dans les psaumes – est :

- la personne sans défense, victime et jouet de la tyrannie des puissants;

- qui accepte, sans murmurer, son pitoyable sort et

- qui tourne vers Dieu seul son regard et son espérance.

Dieu protège le pauvre; il est son refuge et son soutien (F. Prat, Jésus-Christ).


La pauvreté, selon Matthieu, est devenue une voie spirituelle… Plus près de nous, pensons à Thérèse de Lisieux qui a puisé dans l’Évangile la voie de l’humilité, de l’enfance spirituelle, de l’espérance. Les pauvres d’esprit chez Matthieu expriment une attitude d’âme plutôt qu’une réalité physique ou sociologique…

On appelle pauvre celui qui humblement cherche Dieu, celui qui recourt à Lui, le craint, le sert, (Isaïe 66, 1-2) « … Celui sur qui je jette les yeux, dit Yahvé, c’est le pauvre et le cœur contrit qui tremble à ma parole… » Ce qui veut dire que le pauvre est celui qui reconnaît, admet sa misère… sa pauvreté :

Physique : santé qui dépérit c’est une nouvelle pauvreté; forces qui diminuent donc besoin d’aide…

Psychologique : nos blessures personnelles, familiales, communautaires;

Pauvreté morale : (misères, cassures connues que de soi),

Misère affective : pauvreté dans nos relations familiales, professionnelles, communautaires…

Pauvreté spirituelle : nos refus d’aimer, nos péchés, notre cœur fermé…

On retrouve cette attitude particulièrement dans les Psaumes : pauvre et souffrant; pauvre et solitaire; et le plus souvent pauvre et malheureux. Le contexte des psaumes indique clairement qu’il ne s’agit pas d’une pauvreté matérielle, mais d’une pauvreté d’ordre psychologique, moral ou spirituel… de son péché… « Vois ma pauvreté » crie le psalmiste : (Ps 24, 14-16) « Le Seigneur est l’appui de ceux qui le craignent… tourne-toi vers moi et aie pitié de moi, car moi je suis solitaire et pauvre. »

Aux derniers siècles avant J. C. les pauvres, les anawins décrits par les psaumes, étaient les personnes dans le besoin, qui avaient faim et soif de Dieu; qui étaient en quête de Dieu. Être pauvre c’est :

- être conscient de sa misère, de son état d’être blessé par le péché quel qu’en soit le visage…

- et cette prise de conscience tourne le pauvre vers Dieu.

Très souvent, le cri « je suis pauvre » débouche aussitôt sur un appel à Dieu, « Quand un pauvre appelle, Dieu entend ».

Le pauvre est : celui qui est conscient d’un vide et qui se tourne vers Dieu. Ils nous apprennent, ces pauvres, ces anawins, qu’à travers leur expérience douloureuse de manque, que Dieu ne fait irruption que dans les cœurs disponibles et ouverts à son action… au vide… la plénitude. Il y a de la place pour intervenir.

Les pauvres en esprit sont les personnes qui se courbent intérieurement, qui se soumettent totalement à Dieu pour puiser en lui leur force. Cette première béatitude proclamée par Jésus au début du Nouveau Testament éclate comme la réponse gratifiante à la longue attente des pauvres de l’Ancien Testament. Jésus n’a pas fait de théorie sur la pauvreté. Il n’a pas écrit de thèse pour la défendre. Chez lui, la pauvreté n’est pas « idéologie » mais VIE…

Né sur la paille… mort sur du bois… pauvre, non pas comme Job, mais pauvre à sa manière... Ni miséreux, ni misérable… Il n’a pas l’air de détester les bons repas… Il ne dédaigne pas de participer à des banquets… On l’a vu avec une femme qui verse sur ses pieds un parfum de prix exorbitant… Il a été annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, aux gens dans le besoin… C’est parce qu’il a vécu la pauvreté que Jésus peut l’a déclarée « Bienheureuse ».

À la fin de cette béatitude « Heureux les pauvres de cœur » Jésus ajoute… « le Royaume des cieux est à eux… » Ce sont les humbles aux mains tendues, ouvertes qui reconnaissent leur manque, qui font le vide pour recevoir la plénitude… car le Royaume des cieux est à eux. C’est en Lui, Jésus, qu’il veut me voir déployer ma pauvreté pour la transformer en sa richesse. Saint Paul parle de la libéralité de Notre Seigneur Jésus Christ. Comment de riche il s’est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté (2 Cor 8, 9).


Pour vivre les béatitudes afin de former Jésus en nous, il nous faut continuer à regarder vivre Jésus, à le contempler… Jésus a besoin du Père : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé… je ne cherche pas ma gloire » (Jn 7, 16)

Le pauvre après la venue de Jésus (sens évangélique du mot) n’est plus le mendiant, l’affamé, le chômeur; le pauvre après J.-C. c’est la personne normale qui vit sa réalité d’être humain, son humanité avec ses besoins. Le pauvre, c’est la personne qui, plongée dans la douleur et sous la lumière de Dieu, prend conscience de ce que signifie être créature et non créateur. Le pauvre, c’est la personne qui se sait ou se sent malade ou vieillissant, faible, vulnérable, petit, qui l’accueille avec tout ce que la pauvreté comporte de solitude, d’incapacité et qui l’accepte… En somme le pauvre, c’est la personne qui a découvert sa limite… et qui peut faire sienne la prière du psaume 86, 1 « Tends l’oreille Seigneur, réponds-moi, pauvre et malheureux que je suis ».

La pauvreté en esprit constitue comme une clé pour les autres béatitudes. Elle ouvre toute grande la porte du Royaume. Porte étroite, la pauvreté est passage obligé de la désappropriation… du dessaisissement… du lâcher prise. Un pauvre par l’esprit… un pauvre de cœur, c’est celui qui n’a rien, qui ne possède rien… qui attend tout des autres, qui a besoin des autres (mains ouvertes – cœur ouvert). Seul, le pauvre d’esprit, peut aimer car pour aimer il faut avoir besoin de l’autre. Être pauvre, c’est être dans un état de réceptivité… comme quelqu’un qui prend un bain de soleil… il n’a pas besoin de s’affairer pour que le soleil le réchauffe, le pénètre… il suffit simplement qu’il soit là et qu’il s’offre à son action… à son rayonnement… Même si je crois au soleil et à son action si je ne m’expose pas… ça me donne quoi? Exposer mes besoins à Dieu, cela passe mais aux autres, ce n’est pas toujours facile. La pauvreté radicale arrache la personne à tout ce qui fait obstacle au don total de l’amour. Cette pauvreté est ouverture à l’envahissement… et ça fait peur… s’il fallait que Dieu m’envahisse, que les autres m’envahissent… et pourtant cette disposition conduit à la liberté intérieure. Le vrai pauvre n’est jamais aigri quand il tend la main.

Si je vis dans cette disposition quand d’autres viendront me tendre la main, je les accueillerai « en pauvre » et non en « serviteur » non en « bienfaiteur » qui renonce généreusement à ses droits et qui le fait sentir… Le vrai pauvre, disciple de Jésus Christ, est toujours tenté de dire MERCI quand il donne… Le pauvre est celui qui se fait un cœur accueillant à toute personne, un cœur neuf toujours prêt à s’étonner, à se laisser séduire un peu comme dans Jérémie 20, 7-13 « Tu m’as séduit, Seigneur et je me suis laissé séduire ».

Quand on est pauvre, on fait spontanément oraison car on sent le besoin de son Père des cieux, de Jésus Christ et de l’Esprit Saint… Celui qui n’a plus rien, ni personne sur qui il peut compter, celui qui ne peut se glorifier de ses mérites, de ses droits, de ses vertus; celui qui n’a plus rien à offrir que sa misère, celui-là est pauvre et Dieu vient à lui avec empressement… Le vide de soi-même appelle la plénitude de Dieu… Au vide, la plénitude. Cette pauvreté comporte une certaine joie, car mon Dieu et Père est là… Cette pauvreté développe cette attitude d’attente – de désir – de disponibilité – de confiance dépendante qui est celle des pauvres de Yahvé dont la disposition fondamentale est l’humilité. Dans l’oraison, il faut se tenir « pauvre » et « nu » (n’ayant rien) alors Dieu viendra… Au vide, la plénitude.

Que dire de Marie? Elle s’est totalement appuyée sur Dieu le jour de l’Annonciation : « …que ta volonté soit faire et non la mienne » elle est la preuve de sa remise totale à Dieu. Le cœur de Marie profondément dépouillé a pu permettre l’Incarnation du Verbe, fils de Dieu… Marie a chanté l’hymne à la pauvreté. « Il a jeté les yeux sur son humble servante ».


En résumé... La pauvreté est une disposition de l’âme faite d’une disponibilité totale à Dieu parce qu’elle vient d’une humble conviction de sa misère spirituelle… j’ai des péchés, des faiblesses, je ne suis pas aussi bonne que je le voudrais… mais Dieu est là… il m’attend… Le pauvre a mis tout son espoir dans le Seigneur. Être pauvre, c’est être avide de recueillir ce que Dieu dispense quand on se fait capacité d’accueil… Aucune méthode, aucune technique, aucun truc ne nous apporte Dieu si on n’accepte pas d’aller à Lui en le mendiant, en le quêtant afin de mériter la récompense de la première Béatitude « car le Royaume des cieux est à eux… ». C’est le centuple promis par Jésus.

Matthieu enseigne les manières de vivre l’Évangile de Luc. Cette pauvreté d’esprit, de cœur, va me conduire à aider ceux et celles qui concrètement sont dans le besoin… Le Seigneur m’apprend continuellement une chose très importante : je suis en apprentissage tout le temps de mon exil ici-bas… C’est pourquoi je dois faire un nouveau pas chaque jour même en trébuchant… C’est en allant au bout de moi, de mon être que je grandis, que j’accomplis sa Volonté… que je m’enrichis de Lui… Ma pauvreté, aux yeux du passant a l’air riche parce qu’elle aime le beau; parce qu’elle a beaucoup reçu des autres; parce qu’elle a longtemps regardé le Christ pauvre.

OUI, MA PAUVRETÉ EST RICHE DE CELUI QUI POSSÈDE TOUT.

Heureuses les personnes :

- dont le trésor n’est pas fait de choses;

- qui sont libres intérieurement et non emprisonnées dans leur avoir, libres pour aimer et servir;

- qui refusent de posséder « biens ou personnes » mais qui se laissent posséder et porter par l’amour.


TEMPS D'INTÉGRATION

« Heureux les pauvres en esprit. »


¤ Quelle est l’attitude fondamentale du « cœur pauvre » ?
¤ Cette béatitude, je la vis concrètement et de quelle manière ?
¤ Dans ma vie, ai-je déjà pris le risque du dépouillement, dans un geste de confiance absolue au Seigneur?
¤ Pour devenir « pauvre en esprit » l’Esprit m’invite à quoi ?
¤ Quelle est mon attitude profonde à l’endroit des pauvres ?

RÉFÉRENCES

A.T. :
PSAUMES: 9; 12; 22,27;.
24, 14.16 ; 24, 14-16 ; 34, 19;
40, 17-18; 66, 1 -2; 69, 30-33
70, 6; 72, 12-13; 88,16
Ex. 3, 1-6;
Isaïe 66,1-2;
Sophonie 3, 11-12

N. T. .
Lc 1, 46-55 ;
Lc 19,1 -10 ;
Mc 7, 24-30
2e Cor. 8, 9
Heureuses les personnes

dont le trésor n’est pas fait de choses;
qui sont libres intérieurement et non emprisonnées
dans leur avoir, libres pour aimer et servir.

Heureuses les personnes

qui refusent de posséder « biens ou personnes » mais
qui se laissent posséder et porter par l’amour.


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Message par Gilles Lun 10 Juin 2013 - 15:52

"Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux !

Les Béatitudes Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies Beatit10prennent le contre-pied de la logique de notre monde. Vivre la pauvreté, la douceur, s’engager pour la justice,cela demande du courage. C’est ainsi pourtant que l’on creuse en soi l’espace où Dieu vient déposer le bonheur. Laisserons nous convertir nos coeurs pour qu’ils se tournent radicalement vers Jésus et vers nos frères et soeurs dans un esprit de charité, de foi et d’espérance? Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies Small_25 Nous te bénissons, Père Saint qui veux notre bonheur. Tu nous enseignes par ton Fils les chemins qui conduisent à la vraie joie. Que ton Esprit nous garde sur ces chemins, qu'il nous apprenne à porter sur nos frères le regard même de Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies 78e8a510 Heureux les pauvres de coeur :'L'humble ( autre mot pour dire "le pauvre de cœur" ) n'est pas le timide ou le complexé; c'est plutôt celui qui s'efface pour permettre à l'être aimé d'exister davantage. C'est celui qui sait dépendre d'un autre, non pas comme un parasite qui profite d'une situation, mais comme la fleur qui a besoin du soleil pour s'épanouir. L'orgueilleux n'a besoin de personne, pas plus de Dieu que des autres. Il faut beaucoup plus de caractère pour être humble et accueillant que pour être fort et écraser les gens.Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies Small_25Heureux es-tu, Dieu notre Père, car il n'est pas plus pauvre que toi : tu ne t'imposes pas, tu ne forces pas les cœurs, tu n'as pas d'autre puissance que l'amour! Heureux es-tu, Dieu compatissant : ton regard se porte sur nous et tu prends pitié de nos misères. Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies 78e8a510 "Heureux les doux, les miséricordieux, les coeurs purs" : Les béatitudes nous montrent que Jésus n’est pas venu pour nous juger mais pour nous indiquer le chemin qui mène à Dieu. Ne limitons pas notre vie chrétienne à l’accomplissement de quelques règles strictes afin d’éviter le châtiment éternel. Jésus est venu pour nous apporter la joie, pour que dès aujourd’hui nous commencions à en jouir et à la partager avec d’autres. Le chrétien qui vit ainsi découvre qu’il a dans son cœur le secret du bonheur, que le monde ignore.Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies Small_25 Heureux es-tu, Dieu de douceur : tu es rempli de tendresse pour chacun de nous, et ta bonté est plus grande encore pour les petits et les faibles.Heureux es-tu, Dieu de miséricorde : malgré nos offenses et nos indifférences, sans te lasser tu donnes et tu pardonnes! Heureux es-tu, Dieu de pureté : tu n'as d'autre ambition que notre bonheur. Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies 78e8a510 "Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice" : Bienheureux sommes-nous tous quand nous arrivons à vivre l’évangile : quand, par pauvreté d’esprit, nous donnons l’aumône aux nécessiteux ; quand nous préférons être honnête plutôt que de gagner un euro de plus en fraudant ; quand nous préférons dire du bien du prochain plutôt que de le critiquer ; quand nous savons chasser de notre cœur toute rancoeur , toute amertume et toute soif de vengeance ; quand nous regardons les autres avec des yeux innocents sans préjudices et avec confiance. Ce nouvel ensemble de valeurs est simplement un reflet de la vie même de Jésus-Christ."Cherchons le Seigneur, cherchons la justice, cherchons l'humilité" Pas question nous rappelle le prophète Sophonie, que nous nous laissions vivre : nos vies doivent tendre vers un objectif, et cet objectif c'est de ressembler à Dieu.Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies Small_25Heureux es-tu, Dieu de justice : tu ne fais pas de différence entre les hommes, à chacun tu donnes les mêmes droits, la même dignité. Heureux es-tu, Dieu très-saint : ton nom est oublié, insulté. Mais tu ne changes pas pour autant : tu es l'amour. Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies 03-213Dieu d'amour, en ton Fils tu as scellé pour nous les promesses des béatitudes. Puissions-nous, avec une foi renouvelée, entrer dans cette aventure de grâce où Jésus ton Fils se fait notre bonheur ! Seigneur Jésus, je te rends grâce de donner aux hommes la recette du bonheur véritable ; tes normes sont radicalement différentes des normes du monde. Éclaire notre âme avec la sagesse de tes béatitudes, et donne-nous la grâce de les vivre à tout moment. Amen!
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Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 16:02

WOUAH ! Merci beaucoup Gilles !

Merci pour ce beau texte si joliment illustré par de belles images !

Que Dieu te bénisse mon amour de frère et fasse pleuvoir sur toi
tout plein de grâces

Bien amicalement à toi.


Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies 15552610


Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies 18542443
"Quand je dis Dieu, c'est un poème,
c'est une étoile dans ma vie,
du feu qui coule dans mes veines,
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Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 16:03

Heureux les affamés et assoiffés de justice
car ils seront rassasiés.


Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies Mains_11


Dans notre recherche du Bonheur, la 1ère béatitude « Heureux les pauvres en esprit, les pauvres de cœur », nous situe dans notre condition d’être humain limité, ayant des manques de toutes sortes et des misères profondes…

DEUX ATTITUDES IMPORTANTES

Deux 2 attitudes importantes à faire sienne pour vivre notre réalité humaine :

1) crier vers Dieu, faire appel à son aide, nous ouvrir à Lui…

2) s’ajuster à Dieu, pour orienter notre vie vers Lui dans un effort sérieux d’ajustement et c’est la béatitude. « Heureux les affamés et assoiffés de Justice, ils seront rassasiés »

Être juste ? C’est être ajusté, alors quand nous entendons ces paroles de Luc : « Heureux êtes-vous vous qui avez faim maintenant », c’est différent des paroles de Mt 5,6 « Heureux les affamés, les assoiffés de Justice » qui se traduisent : « Heureux les affamés et les assoiffés de sainteté ». Cette béatitude nous ouvre à une sainteté possible… et se comprend : « Heureux les personnes qui désirent avec ardeur vivre comme Dieu le demande car ils le seront ». N’est-ce pas une promesse merveilleuse ? Qui parmi nous en effet ne désire pas intensément la justice, la sainteté ? Selon Dom Dupont, le spécialiste par excellence des Béatitudes, Matthieu quand il emploie le mot justice veut dire : « faim et soif intérieure de la sainteté », il spiritualise.

Pour Matthieu, la justice dont il parle ne va pas dans le sens courant de ce mot donné par notre société contemporaine, qui désigne la justice par :

- le respect des droits humains;
- l'égalité salariale;
- le partage équitable des biens.

Aujourd'hui parler de justice, c'est d'abord parler de justice sociale.

N'oublions pas que la faim de Dieu, si elle est authentique, se vit en faisant sienne la faim des personnes. Se rapprocher de Dieu, c'est se rapprocher aussi des autres. Rappelons-nous que Matthieu s'adresse à des personnes qui ont fait l'expérience de Jésus-Christ; et pour plusieurs, elles ont été témoins des temps d’intimité que Jésus vivait avec son Père… Jésus allait vers le Père et son Père le retournait vers ses frères et sœurs.

Pour mieux comprendre l'expression "avoir faim et soif de justice" nous consultons les attaches bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament; elles vont nous aider à découvrir que cette expression s'utilisait déjà dans un sens spirituel dans l'Ancien Testament, même lorsque l'objet de la faim et de la soif n'était pas la justice. Désirer la justice veut dire, chercher Yahvé. Les psaumes 42 et 63 sont le type de cette soif des eaux vives, celles-là mêmes que le Christ promet solennellement à la Samaritaine.

Autres psaumes : 17,15; 42, 2-3 ; 63, 2-3. Dans Isaïe 51, 1-3 on lit : « Écoutez-moi, vous qui désirez la justice, vous qui cherchez Yahvé. » Et dans Amos 8,11: « Voici que des jours viennent - oracle de Yahvé - où j'enverrai la faim sur la terre: non pas une faim de pain, non pas une soif d'eau, mais la soif d'entendre les paroles de Yahvé ».

Ce texte de la prophétie d'Amos distingue expressément la faim et la soif physiques, de la faim et de la soif spirituelles de la Parole de Dieu; don de Dieu à l’humanité, celles-ci étant envoyées comme don de Dieu. Nous savons que la Parole du Père "envoyée" par Lui, c'est son Verbe incarné.

La Béatitude se termine par : ILS SERONT RASSASIES… donc QUELQU'UN les rassasiera. Les psaumes reconnaissent en Dieu ce Père nourricier, tant au niveau matériel (le psaume 104,14-15.27; 145, 16-16; 147, 8-9) qu'au niveau spirituel. La preuve est : la subsistance du peuple d'Israël pendant 40 ans. Le psaume 107 rappelle que dans chacune de nos vies spirituelles, l'histoire du peuple d'Israël se répète : il y a un Exode, une traversée du désert toujours accompagnée d’une nourriture donnée par Dieu. Mais le sens de l'expression "avoir faim et soif de la justice" sera, éclairé par l'Évangile de Matthieu.


SELON MATTHIEU

Quel sens Matthieu donne-t-il au mot "justice" ?

Hors du contexte des béatitudes, et hors du sermon sur la montagne, on trouve le mot "justice" deux fois en Matthieu :

1. – Soit en Mt 3, l5 Baptême de Jésus. Jésus arrive de la Galilée au Jourdain pour être baptisé par Jean. Jean dit: « C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi » Jésus répond: « Laisse faire, pas maintenant car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir "toute justice" » c.à.d. la volonté du Père dans le plan du Salut… peut-être que Matthieu pense à la «Justice nouvelle» proclamée dans le sermon sur la montagne…

2. – Mt 2l, 28-3l Les deux fils envoyés à la vigne : l’un dit oui et ne va pas travailler – l’autre dit non et il va travailler à la vigne) et Jésus demande : « Lequel des deux a fait la volonté du Père? » Dans ces deux textes, le mot "justice" s'applique à une conduite de vie qui se vérifie dans la fidélité à la volonté divine. C’est la conformité à cette volonté qui rend la personne juste. La justice selon Matthieu consiste à faire tout ce que Dieu réclame ou, en d'autres mots, à adopter une "conduite entièrement conforme à la volonté divine et agréable à Dieu". En fin de compte, le but ultime de la justice: « c'est d'être parfait comme le Père céleste est parfait. » (Mt 5,48)

Avant la venue de Jésus, le Lévitique 19, 2 contenait cette exigence : « Soyez saints car moi le Seigneur votre Dieu, je suis saint » Pratiquer la justice, c'est donc se conformer à la volonté du Père. Et la justice à garder couvre autant les rapports avec Dieu que les rapports avec les autres. Pour m'ajuster à Dieu dans mes rapports avec les autres il serait bon de me poser la question: Que ferait Jésus s'il était à ma place ?

On pourrait paraphraser cette béatitude en disant : Bienheureuses les personnes qui désirent ardemment que la volonté de Dieu s'accomplisse et qui font concrètement des gestes qui actualisent leur désir, car Dieu les rassasiera dans son Royaume. Désirer de tout son être faire la volonté de Dieu devient alors synonyme d'avoir fait l'option que Dieu est premier dans ma vie; que toute parole et tout geste n'ont d'autre but que de rendre ce Dieu vivant et visible. Si ce désir ne s'exprime pas par des attitudes et des gestes concrets, notre vie est insignifiante… fade…

DE QUEL ORDRE SONT MES FAIMS, MES SOIFS ?
QUELLE EST LA PLACE DE DIEU, DE L’UNIQUE NÉCESSAIRE DE l’ÉVANGILE ? Dans ma vie ?



FAIM ET SOIF DE LA JUSTICE

La faim et la soif de la justice peuvent surtout s’exprimer en termes d'actions. Alors, faire la volonté de Dieu devient synonyme de pardon, de partage, d'amour... de gestes concrets dans la vie d'une personne qui agit, non par humanisme ou pour sa propre gloire, mais parce qu'elle veut réellement être fidèle à ce que Dieu attend d'elle en vivant selon l’Évangile du Christ; gestes qui peuvent à certains moments illuminer son entourage et permettre à d'autres personnes de découvrir le visage de Dieu, mais gestes posés par une personne faible et pécheresse. Voilà pourquoi désir et gestes de justice sont tous deux importants;

- un désir plus fort que la faiblesse de la personne;

- et des gestes concrets qui actualisent et revitalisent sans cesse le désir.

La question fondamentale à laquelle nous accule, en fin de compte, la béatitude de la faim et de la soif de la justice est celle-ci :

Qui est Dieu pour MOI ?
Et quelle place doit-il occuper ou occupe-t-il dans ma vie ?

Georges Dor chante : "C'est tous les jours que je choisis de te dire je t'aime"…

C’est tous les jours que je me laisse choisir et aimer par le Christ Mort et Ressuscité; C’est tous les jours que j’accepte de suivre le Christ de l’Évangile avec ses exigences …

Qu’est-ce qui passe en premier dans ma vie : le travail, les rencontres sociales, professionnelles, la prière, ma vie communautaire, ma vie familiale ? On a toujours le temps pour réaliser ce que l’on aime…

De quoi, de qui Jésus a-t-il faim et soif ? « Ma nourriture, dit-il, c’est de faire la volonté de mon Père » Or la Volonté du Père c'est que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la Vérité. « Rassemblés les enfants de Dieu dispersés ». Cette parole révèle l'attitude profonde de Jésus pendant sa vie terrestre.

Jésus est le "juste" c.à.d. celui qui tout au long de sa vie et jusqu'à sa mort a parfaitement accompli les désirs de son Père. Jésus pendant son passage sur la terre a été affamé et assoiffé de justice. Être affamé de la justice de Dieu comme Jésus, c'est avoir faim de son Père chaque jour...

Marie dans son Magnificat affirme : « Il a comblé de biens les affamés » (Lc l, 53). Marie appartenait au peuple des "pauvres" qui avaient vraiment faim du Messie et qui ne se croyaient pas capables de s'approprier par eux-mêmes la sainteté. De Joseph on dit qu'il est un "homme juste" ajusté à Dieu dans le sens le plus fort du mot. Jésus voyait quotidiennement Joseph vivre cette justice apparentée à la sainteté. Il s'en imprégnait à longueur de journée. « Joseph n’était pas seulement quelqu’un qui vivait dans l’amour de Dieu et de ses semblables, ce qui l’habitait régulièrement c’était son désir de disponibilité au Seigneur pour être et faire ce qu’il attendait de Lui. C’était quelqu’un qui était et qui faisait ce que le Seigneur voulait de lui. » Jules Beaulac

Marie et Joseph, comme Jésus, ont vécu cette recherche de communion à Dieu, recherche faite de foi et de fidélité au Père... Ils ont ajustés leur vie en conformité avec celle du Père, quoi qu'il en coûte. Cette justice que le Seigneur veut pour nous ce n'est rien de moins que la justice qui s'apparente à la sainteté elle-même... celle d'être ajusté à Dieu comme Marie et Joseph qui faisaient ce que Dieu voulait d'elle et de lui... C'est le sens premier et radical de cette Béatitude. « Notons qu'il ne s'agit pas d'un simple petit désir de sainteté mais il s'agit plutôt d'un immense désir, d'un besoin énorme, de sainteté », comme l'écrit Jules Beaulac dans son livre sur les Béatitudes.

Par cette béatitude, le Seigneur nous invite à cultiver notre besoin de vivre selon ce qu'il attend de nous, à développer et à entretenir notre désir d'être saints c'est-à-dire d'être sanctionnés ou approuvés par Dieu. Avons-nous en notre coeur et en notre vie un tel désir de devenir des saintes, des saints, des icônes de Dieu ? Regardons cette biche qui a soif d'eau vive...Ps 42,2 La sainteté à laquelle le Seigneur nous appelle c'est de vivre avec le Christ, par le Christ et dans le Christ, comme nous le dit St Paul... voilà la véritable sainteté chrétienne...


LES CHEMINS DE LA SAINTETÉ

Les chrétiens sont des gens en amour parce qu'ils se savent aimés de Dieu tels qu'ils sont. N'oublions pas c'est l'amour qui transforme les personnes; l'amour que l'on reçoit et l'amour que l'on donne... Regardons l'aveugle de l'Évangile; pour devenir lumière, pour marcher dans la lumière, que fait-il ? Il ne commence pas par chasser les ténèbres de sa vie, il va d'abord vers la lumière, vers le Seigneur... Il se laisse pénétrer par la lumière du Seigneur et il voit de plus en plus clair... Ainsi en est-il de l’amour que le Seigneur est toujours disposé à nous donner… Il s’agit pour nous de nous exposer à la lumière de cet amour. Il n'y a pas de recettes de sainteté dans ce domaine... il y des chemins de sainteté que le Seigneur lui-même nous a indiqués:

1. Le chemin de notre propre coeur "Si quelqu'un m'aime mon Père et moi nous viendrons et nous ferons chez lui notre demeure ". (Jn 14,23)
2. Le Chemin de la Parole de Dieu "L'homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole venant de la bouche de Dieu".
3. Le chemin de l'Église elle-même (rassemblement) "Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux" (Mt 18,20) Il y a évidemment nos assemblées dominicales mais il y aussi nos repas pris ensemble – nos réunions – etc.
4. Le chemin des pauvres de l'autre "Chaque fois que vous l'avez fait au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous l'avez fait". (Mt 25,40)
5. Le chemin de l'Eucharistie "Je suis le Pain vivant descendu du ciel" (Jn 6,51) Il y l'Eucharistie célébrée (messe) l'Eucharistie consommée (la communion au corps du Christ) L'Eucharistie contemplée.

Voilà autant d'adresses où nous pouvons rencontrer le Seigneur.il y en a bien d'autres... mais celles-là sont à notre portée. Regarder Jésus nous permet de s'ajuster au Père et de prendre l'attitude qui plaît au Père. Comme pour les autres béatitudes, on entre progressivement dans la béatitude : "Avoir faim et soif de la justice" qui veut dire : aspirer à une vie parfaitement conforme à ce que le Père veut que nous soyons des vrais fils, ses vraies filles, qui sont d’autres Jésus en la terre.

«Heureux donc, ceux qui ont faim et soif d'être des justes, car ils seront rassasiés » c'est notre espérance chrétienne. Les affamés, les assoiffés ont comme promesse : ils seront rassasiés... Ils le seront au plus haut point dans la vision éternelle, quand ils verront Dieu tel qu'il est comme dit le psaume l6 : « je serai rassasié quand apparaîtra ta gloire.» Là, il ne restera rien à désirer: « Il rassasie de biens ton désir, et le désir du juste lui sera accordé.» Ps l02, 5 ;


Être ajusté à Dieu dans le concret de la vie c'est appliquer ce que l'Évangile nous enseigne… C'est s'habiller le cœur chaque jour en prenant les mesures de Dieu… C'est avoir des réflexes évangéliques… avoir l'échelle des valeurs de Dieu… Il faut me convertir, me retourner, me détourner de moi-même pour me tourner vers Dieu…

Heureux les affamés et assoiffés de Justice car ils seront rassasiés…

« Dieu regarde chacun de nous comme un saint à construire. Jésus en a les moyens et en est le chemin. L'Esprit est en train de le réaliser ou de l'offrir à tous par l'Église, prolongement et actualité du Christ pour nous, en nous, par nous, les sacrements, ses lieux, ses chemins, ses signes. C'est la béatitude de la faim, de la soif, de l'amoureux de Dieu. Cette béatitude nous fait progressivement vivre notre quotidien, comme un désir goûté toujours plus, de la rencontre et de la communion définitive avec le seul Saint, très Saint, Dieu. De telle sorte que nous devenions toujours plus dégagés de l'aspect pénible de nos souffrances pour mieux les vivre dans l'amour. »

Raymond Truchon, Aujourd’hui les Béatitudes.


TEMPS D’INTÉGRATION

Relire le Sermon sur la montagne Mt 5, 1-48 en changeant le mot JUSTICE par celui de SAINTETÉ…

Suis-je vraiment un affamé ou une affamée de l’Évangile, de la Parole de Dieu ?

Quelqu’un a écrit : « Les chrétiens sont des gens EN AMOUR »…

Suis-je encore en amour avec Jésus Christ ?

Comment cela se manifeste-t-il ?




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Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 16:55

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

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Introduction

Voici la 3è béatitude de ce premier volet des Béatitudes qui proclament un bonheur en relation avec Dieu. Rappelons-nous que : pour atteindre ce niveau de Bonheur, une condition s’impose : « une ouverture sur l’infini » car en dedans de nous existe ce besoin, cette soif d’infini que Dieu seul peut combler. Mais pour combler cette soif d’infini, il est donc nécessaire ;

- de reconnaître ce besoin, pour nous ouvrir, pour accueillir Dieu (1ère béatitude) ;

- de vouloir entrer dans les vues de Dieu pour communier à ce bonheur…

Dieu lui-même va s’occuper de nous rassurer et c’est Dieu qui ajuste la personne à Lui… va nous ajuster à Lui … qui va m’ajuster à Lui…

Cette béatitude HEUREUX LES CŒURS PURS OU LES PURS QUANT AU CŒUR exprime le goût, le désir, la volonté de parvenir à la sainteté… Mais notre histoire personnelle nous oblige à constater nos limites, nos péchés, nos refus d'aimer… Alors se pose la question: Comment vais-je faire pour me retrouver au ciel avec Lui ?

Jouir de sa vision telle que le promet la Béatitude : CAR ILS VERRONT DIEU… ils seront admis en présence de Dieu, ils seront reçus chez Dieu. Cette Béatitude donne une réponse à notre inquiétude et soutient notre Espérance "Oui, nous pouvons espérer malgré nos misères, malgré nos faiblesses…"


Mise au point

Dès le départ faisons une mise au point: le cœur pur ou le pur quant au cœur ne réduit pas la pureté à la seule chasteté du corps. Le Seigneur n'a pas dit: Heureux les corps chastes..., il a dit: Heureux les cœurs purs… Souvenons-nous que dans les Béatitudes, il n’y a rien de négatif… La pureté du corps , bien sûr, va très bien avec la pureté du cœur .. mais cette dernière est plus englobante.

Avoir le cœur pur c’est s’investir, c’est mettre de l’énergie, faire des efforts pour évacuer toute duplicité (être double = montrer une apparence différente, autre de ce que je suis; ce que je pense et ce que je dis ne sont pas dans la même ligne; adopter un comportement différent de la réalité) c’est intentionellement, que je décide de ne pas me montrer pas tel que je suis, c’est prendre un comportement (comportement c’est ce que l’on montre et qui est différent de ce que je suis au fond de mon être…je me protège en répondant à ce que les autres veulent de moi…) Évacuer toute duplicité : c’est dire OUI quand c’est OUI; et NON quand c’est NON. Qui agit ainsi jouira du bien eschatologique par excellence : voir Dieu face à face.

Prenons quelques instants pour survoler et constater les diverses duplicités qui se vivent dans notre monde… sans porter aucun jugement.

Monde de la famille qui vit parfois des rancunes qui sentent le rance, le vieux, ses querelles d'intérêt, ses questions d'héritage, ses disputes, ses cachotteries, ses brouilles, sa petite violence verbale que l'on s'inflige au quotidien...

Monde des relations sociales avec ses sourires en coin, (fait semblant de…) ses manières de prêcher le faux pour savoir le vrai; ses façons de plaire, de séduire pour flatter par devant pour avoir ce que l'on veut (exploiter) et écorcher par-derrière.

Monde du travail avec ses rivalités, ses conflits d'influence, ses mesquineries, son chacun pour soi où l'on joue du coude pour réussir.

Monde des affaires, des grandes et petites affaires... avec ses spéculations, ses manoeuvres d'argent.

Monde de la politique avec sa volonté de puissance, sa jouissance du pouvoir déguisé en idéal philanthropique (ouvert aux autres) ses promesses aguichantes et ses mensonges dorés (promesses d’élection).

Dans le monde religieux, hélas, on retrouve aussi ces mêmes réalités… tout n’est pas « clean » – beaucoup d’ambiguités, de mensonges, de doubles messages, de cachoteries… de masques, de mystères etc…

Et nous vivons dans ce monde, qui ne vit pas, comme on le constate, dans l’esprit du cœur pur, limpide, sans détour. Sans duplicité… sans être double. Comment nous défendons-nous de ce monde? ou Comment ressemblons-nous à ce monde? Comment lui laissons-nous des prises sur notre vie ? Comment la concevons-nous, cette pureté de cœur, comment la définissons-nous ?


Les racines bibliques

Après ce survol, regardons de plus près les racines bibliques pour en comprendre un peu plus le sens et pour en distinguer ce que l'insistance n'est pas la même dans les plus anciens livres bibliques que dans les psaumes et les prophètes. Ce qu’il faut retenir dans ses anciens livres: la pureté est une pureté rituelle: (extérieure, faite de lois, de rites, d'observances.

Lévitique ll, l6 « ... voici les animaux dont vous pouvez manger... »
Lévitique l8, l9 « ne vous souillez par aucune chose... »
Tobie l0, ll « je me gardais des mets des nations... »

Dans les psaumes et les prophètes on donne au mot cœur son vrai sens biblique Pour les Sémites (fils de Sem) Éthiopiens, Araméens, Hébreux et l'ensemble des peuples du Proche-Orient le mot cœur veut dire: la source vive des actions où se trouve engagés autant l'âme que le corps; l'être profond, où je suis vraiment MOI, (LE COMPORTEMENT déguise notre moi profond) pas de cohérence entre ce que je suis : l’ÊTRE et ce que je laisse voir alors c’est le sur-moi (montrer ce que les autres veulent de moi) ce qui apparaît :

- le cœur, c’est le regard, l’intention; la motivation,le pourquoi …
- le point intime où se fait la rencontre des personnes;
- l'origine et le siège de la liberté, de la conscience personnelle, de la conscience morale;
- la personnalité dans l'ensemble de ses facultés : l'intelligence, la volonté, la mémoire.

Bref tout ce qui fait de la personne humaine, dit Aristote, un être spirituel doué de conscience.

Le mot "cœur" dans la Bible n’a pas le sens du cœur matériel, l’organe thoracique le muscle; Le "cœur" dans la Bible , est le siège de la pensée, de la volonté et des sentiments, c'est le fond de la personnalité là où tout commence, et s'organise, là où naissent aussi bien les pensées que les sentiments. (Ni bon, ni mauvais, le sentiment est…)

Devant un sentiment je peux vivre 2 temps :

1) Ce que ma nature ressent… ça ne m’appartient pas;
2) Le 2e temps m’appartient : Qu’est-ce que je fais avec…?

Le mot "pur" sans mélange, (exemple : de l'or pur). Synonyme de simplicité, sans doublure… Le cœur pur est celui dont la tendance est d'être vrai; il est le même dans ses pensées, son agir, son attitude, ce qu'il est et ce qui paraît correspondent. Donc pas de tiraillement, pas d’incohérence c’est l’harmonie, l’unité…

Quand le livre du Deutéronome (ch. 6, v. 6) demande « d'aimer Dieu de toutes ses forces, de toute son âme, de tout son CŒUR, » il fait comprendre que l'amour de DIEU engage toute la personne. Il s'agit d'aimer non seulement sentimentalement mais avec tout ce que l'on est, tel que l'on est. Vérifier si je m’aime d’abord, avant d’aimer les autres et Dieu… Exercice : Qui suis-je ? La pureté recherchée dans cette béatitude est d'ordre moral, (ensemble des règles d'action et des valeurs) comme le décrit les psaumes :

* Psaume 11, 7 « les cœurs purs verront la face de Dieu ».
* Psaume l5, l-2 « Yahvé, qui entrera sous ta tente, habitera sur ta montagne sainte? Celui qui marche en parfait, agit en juste, et dit la vérité de son cœur, sans laisser courir sa langue ».
* Psaume 24, 3-6 « Qui montera à la montagne du Seigneur, et qui se tiendra en son lieu saint? la réponse à cette question c'est la formulation de la Béatitude ... les cœurs purs verront Dieu »..
* Le psaume 24 continue : « Celui qui est innocent de main et pur de cœur, qui n'a pas élevé son âme vers la vanité et n'a pas juré pour tromper son prochain » ... précise les exigences de cette pureté de cœur.

En général :

1. L'être innocent de main (action limpide) action et agir sont limpides;
2. Pur de cœur (pensée - intention) dissocier action et pensée (hypocrisie).

Appplications plus précises :

3. N'a pas élevé son âme vers la vanité (ou la fausseté).
4. Qui n'a pas fait de serment pour tromper.

Telle est la race de ceux qui le cherchent, qui cherchent la face du Dieu de Jacob... Quelqu'un qui est pur de cœur demeure dans la vérité et l'humilité (pauvre en esprit, de cœur).

Psaume 50, 12-13 « Dieu, crée en moi un cœur pur, renouvelle et confirme mon esprit. Loin de ta face ne me rejette pas. »


Perspective biblique

Dans la perspective biblique la pureté de cœur est « la pureté des motivations » pureté d’intention qui pousse la personne à agir, dans la parfaite rectitude de son cœur… en fidélité à elle-même, ne se fait pas des accroire, ne se compte pas d'histoire... Qui sommes-nous pour juger des intentions des autres? Le cœur c’est le lieu de la vérification... le lieu où habite la Vérité.

Le "pur de cœur" ou le cœur pur, du psaume désigne la personne qui se tient devant Dieu en toute honnêteté et intégrité (pas de distance entre ce qu’elle dit et ce qu’elle est est ou ce qu’elle pense). Conformité entre ce que l’on est profondément et ce que l’on laisse paraître = comportement.

Dans ma vie de tous les jours La pureté de cœur évoque la transparence de l'être profond, la source limpide où l'on voit à travers, un livre ouvert que le visage peut parfois refléter. Visage souriant ou attristé, visage grave ou interrogatif (Verbal et non-verbal). L'être humain peut aussi se composer un visage, être hypocrite. On a l'air que l'on veut… se donner une apparence trompeuse faire semblant, être composé (porter un masque dans le langage de la psychologie – faire semblant ou ne pas faire semblant) toujours quelque chose à cacher... plein de mystères… message ambigu, où il faut deviner ce qui est contraire au message clair (savoir dédramatiser) dire les choses telles qu’elles sont et non pas envoyer des doubles messages : « Les clés sont-elles dans le tiroir ? L’auto est-elle libre ? Est-ce qu’il y a quelqu’un qui sort ? … » Cela serait plus simple de dire : Est-ce qu’il y a quelqu’un qui a besoin de l’auto ?… Que dire des personnes mystérieuses ? … La vérité se sait toujours.

La pureté du cœur est la béatitude de la vie intérieure (la vérité de ce que l'on est DU DEDANS). Chaque personne est un être social mais n'oublions pas que cette vie intérieure, peut aussi cachée qu'elle soit, a une dimension publique : on est un être social. Cette vérité que l'on porte en soi, comme un trésor enfoui, s'exprime par une rectitude de vie; une cohérence entre ce que l'on est profondément et ce qui apparaît. Le cœur pur : une beauté intérieure qui produit de beaux fruits extérieurs.

Être pur de cœur c'est prendre le risque de la vérité sur des raisons profondes de nos actions, (je n’ai pas peur des jugements des autres… je peux nommer les vrais motifs de mes actions, je peux rendre compte de mes actions, je n’ai pas honte…pas de cachotteries )

Être pur de cœur c'est ne pas se mentir à soi-même… c'est reconnaître ses erreurs…j'ai fait une embardée maintenant je peux et je veux me ré-aligner sur Dieu, sur Jésus Christ. La vérité n'est pas toujours bonne à dire. Il y a un temps pour la dire. D'autre part, sous prétexte de pureté de cœur, on ne peut devenir redresseur de torts ou manquer à l'élémentaire psychologie, sans laquelle on risquerait de démolir quelqu'un (choisir son « timming », jugement aussi).

Cette béatitude couvre de nombreux champs de l’agir humain et elle a son mot à dire dans les relations avec le prochain. Elle est un faisceau de nombreuses qualités : limpidité des affections, transparence des relations humaine, fidélité à la parole donnée, loyauté dans les engagements, spontanéité des comportements, clarté du regard, cette aptitude a toujours faire confiance, en un mot la vérité sans fard. « Saveur d’infini », Gaston Vachon).

La pureté de cœur est la béatitude de la cohérence de vie incarnée dans des actes, et en même temps non réduite à ces actes. On le sait par expérience, désir et gestes ou actes, ne se fondent pas toujours en pur alliage.

Le cœur pur se sait imparfait car il a fait l’expérience de la misère humaine.

Cette authenticité, cette transparence du cœur pur, Jean-François Six dans son livre les Béatitudes aujourd'hui, la formule ainsi: « Heureux ceux qui sont nets (pas sales mais propres, propres, propres) donc on voit à travers... » Comme l'enfant qui n'est pas double, mais simple, vrai ou il y a accord entre ce qu'il pense, ce qu'il dit et ce qu'il fait.

La pureté de cœur est une affaire entre Dieu et la personne humaine dans l'intimité de ce qu'elle a d'unique et de secret. Donc je ne dois pas juger à partir de ce que je vois des autres, (comportement) mais de ce que Dieu voit. Lui seul sonde les reins et les cœurs. Donner la chance aux coureurs. Je suis plus que ce que je paraîs… l’autre aussi est plus que ce qu’elle paraît…


Tout est pur pour qui est pur

Tout est pur pour qui est pur. Pour que notre cœur devienne de plus en plus pur il nous faut contempler le Seigneur Jésus lui-même quand il vivait sur la terre. Ce qu'il a proclamé, il l'a vécu... Comment le Christ a-t-il vécu lui-même cette béatitude de la pureté de cœur ? Comme tout bon Juif pratiquant, Jésus se soumet aux rites. Luc 2, 22 « Marie et Joseph l'amènent à Jérusalem pour la purification rituelle de sa mère, car selon la Torah la mère est impure pendant 40 jours après la naissance d'un garçon et impure 80 jours après la naissance d'une fille. »

Fondamentalement Jésus vit dans la transparence totale de sa relation au Père dans une communion parfaite avec Lui. À Philippe qui lui demande « Montre-nous le Père » Jésus répond d'emblée « Qui m'a vu a vu le Père car je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn14,8-10) Pour nous chrétiennes d'aujourd'hui qui n'avons vu ni le Fils, ni le Père, le visage de Dieu nous est dévoilé dans le sacrement du frère, de la sœur. Clément d'Alexandrie écrit: « Tu as vu ton frère, tu as vu Dieu ». Voilà à quoi conduit la béatitude de la pureté de cœur : nous désencombrer de ce qui nous empêcherait de reconnaître dans le visage des êtres humains d'aujourd'hui les traits du visage de Dieu et particulièrement chez ceux et celles qui connaissent la détresse, qui ont besoin de la Miséricorde. Jésus a vécu cette béatitude de la pureté de cœur, non pas en la réservant aux bien-portants, mais aux malades "dans leur cœur". Tout au long de sa vie Jésus a vécu cette pureté de cœur en faisant éclater sa miséricorde dans une liberté absolue, à tel point que liberté de cœur et pureté du cœur, c'est du pareil au même. Jésus ne se laissait pas arrêter par les « qu’en dira-t-on »



La Béatitude de Matthieu

La Béatitude de Mt 5, 8 s'inscrit dans le courant de la loi juive comme en témoignent les passages mathéens qui traitent de la pureté du cœur; c'est ce qui explique, corrige ou améliore le texte. L'impureté véritable provient de l'intérieur(du cœur) non des manquements aux règles de pureté rituelle « lire Mt 15, l7-20; » le mal réside dans l'intention, non dans le geste extérieur posé. Le mal - et donc aussi le bien - vient du dedans, non du dehors.

En Mt. 23, 25-28 les scribes et les pharisiens sont dépeints comme le contraire de cette Béatitude parce chez eux, il n'y a pas de correspondance entre le dedans et le dehors; ils paraissent bons mais ils ne le sont pas. De même, au chapitre 6 du Sermon sur la montagne il est dit: « hypocrites » ils posent des actes religieux (aumône, prière, jeûne) pour être vus des hommes, non pour plaire à Dieu (Mt 6, l-6, l6-l8) leur motivation est faussée, leur cœur est donc impur. Mais Jésus ne peut pas tolérer les interdits qui écrasent les gens dans la vie quotidienne et il donne comme norme le cœur d'abord et non pas les prescriptions externes. On lui reproche vivement de passer à table sans s'être lavé les mains, sans les ablutions rituelles.(conscience sociale) ce que les autres pensent… et ma conscience personnelle est-elle active ?

Donnons à Jésus le droit de nous regarder dans notre limpidité intérieure et extérieure... lui seul peut nous amener à faire l'opération-vérité… Vivons en harmonie, comme chrétiens, comme religieuses, avec le dedans et le dehors, soyons transparentes. pas de cachette..pas de détour… = liberté.

Par la proclamation des Béatitudes Jésus révolutionne le contexte légaliste de l'époque... Il mange avec les pécheurs...; l'éloge qu'il fait de cette femme réputée pécheresse (Lc 7, 36-49) Dans cet esprit Jésus a l'audace de dire aux Pharisiens : « Les prostituées vous précéderont dans le Royaume des Cieux. » non pas que Jésus approuve la prostitution, mais il prouve que ce qui compte pour lui, c'est l'amour. Dans le « fond » , Quand on a l'amour on a la possibilité de se laisser purifier.

Jésus dit aussi: « Tout ce que je fais plaît à mon Père... Comme mon Père m'a aimé, je vous ai aimés » Jn l5, 9. Jésus est authentique... il n'y a pas d'écran entre son Père et Lui... Il est en accord avec son Père constamment... tout est clair, net entre eux, « clean » il n'y a rien de double, de compliqué, c'est la limpidité même... Jésus est pleinement habité par le Père… « le Père et moi sommes uns ».

Jésus est fasciné par la pureté du cœur, il ne se lasse pas de contempler la beauté intérieure des gens, tellement qu’il promet aux cœurs purs rien de moins … « ils verront Dieu ».


La promesse de cette Béatitude

La promesse de cette Béatitude : ILS VERRONT DIEU... qui peut se traduire: ils verront bien que c'était Dieu qui était dans leur vie, alors qu'autour d'eux on se moquait de les voir croire à l'invisible. Dans le culte d'Israël « voir la face » d'un grand personnage, c'est être admis en sa présence. Dans l'Écriture : VOIR, C'EST POSSÉDER. Celui qui voit Dieu a obtenu tous les biens que l'on peut concevoir.

VOIR DIEU c'est là un désir qui habite tout croyant. Si la foi consiste à croire en l'invisible, la vision est précisément la mise en présence de l'invisible. C'est aussi le désir de toute personne qui aime: on veut voir les personnes que l'on aime et qui nous aiment. Pour accéder à la vision de Dieu, il n'est pas besoin de revêtir ses plus beaux habits, d'aller se faire coiffer, de se pomponner, de changer son « look » pas plus que d'être en guenilles... Pour voir Dieu il n'est qu'une seule condition, accessible à tout le monde: avoir le cœur pur... transparent, authentique, cohérent, « clean », limpide.

C'est dans la certitude d'un être aimé par le Père, sauvé en Jésus, habité par l'Esprit que la promesse de cette béatitude: « ils verront Dieu » commencent à se réaliser ici-bas. C'est en pratiquant chaque jour l'opération vérité en présence de mon Dieu comme le dit Isaie 48, l7: « Moi Yahvé, je te fais cheminer sur le chemin où tu marches... »

Ce Dieu de vérité, qui me permet d'être moi, d'être vrai, authentique, transparent c'est évidemment l'Esprit de vérité, le Paraclet promis par Jésus... C'est Lui qui m'appelle à cette pureté du cœur - à ce cœur pur tout orienté vers Dieu - toujours tourné vers Dieu - qui voit tout en Dieu et pour qui Dieu saute aux yeux... C'est un cœur qui n'est pas replié sur lui, mais déplié, confondu, intégré dans le cœur de Jésus, le Christ.

Heureuse toi qui as le cœur pur! Heureuse es-tu si tu recherches la limpidité du cœur !

Heureuse es-tu si ton cœur fuit tout ce qui met de l’ombre entre toi et les autres.

Heureuse es-tu si ton cœur, ce lieu où habitent tes pensées les plus secrètes, recherche la pureté.

Heureuse es-tu si dans tout ce que tu fais, tu es nette, claire, ouverte aux autres…


Avec le psalmisite tu peux prier :

Qui montera sur la montagne de Yahvé
Et qui se tiendra dans son lieu saint
L’homme aux mains innocentes au cœur pur
Qui n’a point l’âme encline aux vanités
Ni ne jure pour tromper.
Ps. 24,3-4


TEMPS D'INTÉGRATION :


Cœur pur = Celui qui se tient devant Dieu. « Celui qui marche en parfait, agit en juste, dit la vérité de son cœur » (Ps 15, 2)

« Que votre oui soit oui » (Jc 5,12)

Ces Paroles de Dieu m'invitent à : l’Opération-Vérité"?


Quelle est la qualité de la droiture de mon cœur?

Quelle est la qualité de mes intentions dans tous les domaines ?


Dans mes relations avec les autres, ai-je un regard limpide, authentique, empreint de bonté et qui ne juge pas ?




Dernière édition par Lumen le Mar 11 Juin 2013 - 13:35, édité 1 fois

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Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 17:26

Heureux les doux, car ils possèderont la terre.

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En marche… les humbles…
Heureux les doux car ils possèderont la terre en héritage.
Joie des tolérants,
Ils auront la terre en héritage.
Quel bonheur pour ceux qui sont doux!
Oui, ils hériteront de la terre


Les Béatitudes dans notre relation aux autres :

Nous entrons dans le 2e volet de notre réflexion, soit le Bonheur en relation avec le prochain. Ces béatitudes « Heureux les doux, miséricordieux, les artisans de Paix » suggèrent des attitudes que Jésus a lui-même pratiquées envers les autres. Avec Dieu, on peut toujours croire que ça va bien, il est assez silencieux. Avec le prochain c'est moins facile parce que celui-ci n'est pas nécessairement silencieux… Il arrive assez souvent qu’il s'exprime clairement… St Thomas d'Aquin écrit : « Si nous sommes crées pour être heureux, nous sommes créés pour être heureux avec les autres. »


Avons-nous l’ambition, le désir :

- d’être heureux avec les autres, grâce aux autres ?

- et aussi de rendre les autres heureux ?


Nous avons à être conscientes que nous sommes responsables, d'une certaine façon, du bonheur d'autrui. À ne pas oublier, que dans l’application concrète de chaque Béatitude, il y a une partie qui m’incombe...

Entendons Jésus proclamer : « Heureux les doux », suit la promesse pour l’avenir, « car ils posséderont la terre en héritage » Joie des tolérants, ils auront la terre en héritage

Situation actuelle

Parler aujourd'hui de douceur, de tolérance, c'est presque faire référence à un autre monde, quand on considère la violence aux mille visages qui s'étale devant nos yeux : la guerre entre les pays, la guerre aux terroristes, la violence entre les nations, entre les ethnies d'une même nation, violence dans les foyers, violence entre conjoints, à l'endroit des enfants, entre les individus, à l'endroit des personnes âgées ou invalides, violence verbale, non-verbale, violence psychologique, harcèlement… La violence est tellement présente que le gouvernement du Québec a promulguée une loi sur le harcèlement depuis le 1er juin 2004, je crois …

Aussi que de violences inconnues… La douceur est plutôt mal vue dans le contexte actuel car on l’associe spontanément au comportement du mouton. Être doux comme un mouton équivaut à être entièrement passif… « suiveux ».

Quand Jésus proclame : « Heureux les doux » il ne fait pas l’éloge de la passivité, de la mollesse… Au milieu de notre décor contemporain, Jésus proclame encore aujourd’hui, avec assurance : « Heureux les doux car ils auront la terre en héritage ». Malgré la violence que l’on retrouve dans l'Ancien Testament, celui-ci parle de douceur…


Quel sens donne-t-on à la douceur dans l’ancien Testament ?

Le terme "doux ", dans l'A.T., ressemble au terme "anawin" (humbles ou pauvres) comme nous le montre ce texte des Nombres 12, 3 : "Moïse était un homme très humble (anawin) très doux plus qu'aucun homme sur terre". (Cet homme doux a tué l'Égyptien; brisé les Tables de la Loi…) Dans le contexte, cette affirmation signifie que Moïse était un homme calme, patient et qui ne s'échauffe pas, ne parle pas fort, qui a de la maîtrise. On lit dans l'Ecclésiastique (Si) 45, 4 ce que Yahvé dit en parlant de Moïse « Dans la fidélité, la douceur Yahvé le sanctifia, il le choisit parmi les vivants ».

(Si l, 27) « Car la crainte du Seigneur est sagesse et instruction, ce qu'il aime, c'est la fidélité et la douceur ».

(Si 4,VIII) « Prête l'oreille au pauvre et rends-lui son salut avec douceur… ».

Comme pour d'autres Béatitudes la référence de cette béatitude : « Heureux les doux car ils possèderont la terre » se retrouve particulièrement dans les psaumes. Les mots Terre et pays sont synonymes dans les psaumes. Et c’est au psaume 37, 11 que nous empruntons pour une bonne part sa formulation en particulier les versets 11, 22, 29.

Le verset 11 : « … mais les humbles (les doux) posséderont la terre, réjouis d'une grande paix ».

Le Verset 22 « … les bénis du Seigneur hériteront la Terre , mais les maudits seront abattus »

Le verset 29 « … les justes hériteront la Terre , y vivront à jamais »

Sans aucun doute la ressemblance de ce psaume avec cette béatitude est évidente. Travailler la terre, jouer dans la terre c’est curatif… aucune idée de violence. Des citations de l'A.T. nous prouvent qu’il existe une tradition dans laquelle l'héritage de la terre devient le symbole de la jouissance tranquille d'un bonheur stable. (Bénédiction, récompense). La promesse, réservée aux doux et aux humbles d’hériter de la terre, de posséder la terre est la même que celle faite par Dieu à Abraham.

Dans Gn. 15, 1-8 quand Dieu fait alliance avec Abraham, celui-ci lui demande « … en quoi saurai-je que je posséderai le pays » la terre ...

• Is. 57, l3 « … mais celui qui se fie en moi héritera du pays et possédera ma montagne sainte ».

• Isaïe 60, 2l-22 « … ton peuple ne sera composé que de justes qui posséderont pour toujours le pays ».

Ce pays, dont parle Yahvé, cette terre promise à Israël, vous l'avez deviné, figure le Royaume de Dieu, promis par Jésus aux doux... et que le Bonheur dont jouiront ses disciples arrivera quand le Règne de Dieu sera accompli....

Dans la spiritualité juive, cette terre promise, est devenue le symbole de ce que Dieu donne en récompense d'une vie conforme à sa loi. Cette Béatitude promet une récompense tangible. Le Seigneur ne nous exhorte pas seulement en promettant des biens futurs, mais aussi des biens présents...

La clé de la promesse de cette Béatitude est dans la compréhension du mot « posséder ou hériter ». Dans la Bible , l'héritage s'applique à un patrimoine où les générations se suivent et vivent en paix. L'héritage est un domaine garanti par la loi qui donne le moyen de le retrouver en cas de malheur (Lv. 25)

Dans un peuple ainsi réglé, une certaine douceur commune permet à chacun

- d'aimer sa terre;

- de l'embellir mais pas seulement de l'exploiter;

- d'en préparer l'avenir, au lieu d'en tirer seulement l'immédiat.

Les violents ne font que camper sur la terre, comme Caïn (Gn 4, l6). Seuls les doux, la possèdent et ils y établissent quelques souvenirs du jardin d'Éden. Sans voir leur Dieu face à face, il leur arrive de le deviner. Ce n'est pas sans raison que les civilisations issues du Christ ont toutes été de très grandes civilisations paysannes.



Pour former Jésus en nous, continuons à le contempler tel que Matthieu le présente.

Au chapitre l2, l5-2l, Matthieu brosse le portrait du « Serviteur de Dieu » qui;

- ne dispute pas;

- ne cherche pas de querelles;

- qui ne brise pas le roseau froissé; qui ne le jette pas par terre… ne le démolit pas… ne le casse pas

- n'éteint pas la mèche qui fume encore... ne soyons pas des éteignoirs…

Ces attitudes de Jésus sont sans contredit, celles d'un homme doux. Pour Jésus, les doux ne sont pas des mous, des invertébrés dépourvus de personnalité, un peu insignifiant, sans caractère, ni tempérament. Ce n'est sûrement pas cette sorte de douceur que Jésus a béatifié... mais plutôt des démineurs, des experts qui au risque de leur vie, désamorce les engins meurtriers… Jésus ne casse pas les Tables de la Loi , cependant il chasse, à coups de fouet, les vendeurs du temple. Les paroles violentes et injurieuses que Jésus lance aux Pharisiens, les qualifiant de tous les noms, montrent bien que la douceur de Jésus n'est pas démission mais force, fermeté pour dénoncer ce qu'il faut dénoncer…

Il existe deux autres textes dans l'Évangile de Matthieu qui attribuent directement le qualificatif de « Doux » au Christ. Le premier bien connu : Mt 11, 29... « Mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez soulagement pour vos âmes ». Qu'est-ce qui permet à Jésus d'affirmer cela? C'est la contemplation du Père… La douceur est le propre de Dieu…

Le psaume 27, 4 le proclame ... « …la chose que je demande, savourer la douceur de Yahvé ».

Le psaume 90, 17 « La douceur du Seigneur soit sur nous ! »

Jésus ne s'est jamais opposé à la volonté de son Père. À Gethsémani, quelques heures avant de mourir, il laissera échapper ce cri : « que ce calice s'éloigne de moi, si c'est possible! » mais d'ajouter immédiatement : « Non pas ma volonté, Père, mais la tienne ! » (Mt 26, 39).

Cette dépendance envers son Père, dans la mission confiée, Jésus la vit dans la liberté de l'amour (aime et fais ce que tu veux) c'est ce qui lui permet une émanation de la sagesse qui l'habite. Sagesse qui n'est pas seulement sérénité de l'être, mais aussi l’expression de la présence active de l'Esprit sous les traits de la douceur.

La douceur prend sa source dans l’Esprit… on sait qu’il en est un fruit... On aimerait savoir comment Jésus l'a vécue, cette douceur, au jour le jour, mais les Évangiles demeurent très discrets. Certainement douceur avec sa mère, dans une intimité dont on ignore tout. Douceur avec ses disciples, dans une quotidienneté qui nous échappe. Douceur avec ses amis, dans une proximité qui demeure secrète. Douceur au moment de la Passion.

Le 2e texte du Dimanche des Rameaux nous parle beaucoup de la douceur de Jésus: Mt 2l, 5 « Dites à la fille de Sion; voici que ton roi vient à toi, doux et monté sur un ânon et sur le petit d'une bête de somme ». Au lieu du cheval fringuant, le cheval du combat, du guerrier et du puissant attaquant Jésus monte sur un ânon ce qui veut dire que sa royauté n'a rien du caractère terrible, agressif et vengeur qu'on prêtait au Messie dans certains milieux. Cette image du roi monté sur un ânon, le prophète l'utilise en contraste avec l'idée de guerre, de violence, et d'agression à l'égard des autres.

Arrêté au Jardin des Oliviers, Jésus ne résiste pas et n'admet aucune brutalité : il guérit l'oreille de Malchus et fait rengainer l'épée de Pierre. Il se taira devant ses juges et ne ripostera pas aux injures de ses bourreaux. Cette non-violence de Jésus, qui aurait pu se défendre avec une armée d'anges comme il lui a été suggéré au moment de la tentation au désert, manifeste que la douceur est une des manières de vivre la pauvreté en esprit. Quel renoncement à sa volonté de puissance ne suppose-t-elle pas ! Quelle purification de ses instincts d'agressivité ! Quel dépouillement pour consentir à passer pour faible afin de faire triompher cette force intérieure qu'est la douceur ! Force, oui, car elle porte en elle le plus beau des héritages : la terre, c'est-à-dire la terre promise, le Royaume où il sera clair enfin que les derniers seront les premiers !

Ainsi la parole de Jésus se présentant comme « doux et humble de cœur » confirme bien cette pauvreté qu'est l'humilité, que la béatitude de la douceur suppose (Les Béatitudes, Pierre Talec 58-59). Jésus oppose constamment la non-violence à la violence. Il ne rend pas les coups qu'on lui fait ou qu'on lui donne. Bien au contraire, il se laisse violenter jusqu'à subir des procès, à être flagellé et couronné d'épines, et à mourir sur une croix.

Le Christ, le plus fort, est devenu le plus faible dans l'amour et l'oppression. Il peut sauver le plus dépravé de tous. Pour le Christ, le mal s'annule, il est vaincu. Le pire, c'est la dureté ou l'indifférence. Sa grâce essaie de nous assouplir, de nous raisonner pour que nous devenions vrais, c.à.d. vraiment bons. Son Esprit a pour mission de réaliser ce dessein en nous... Consentons à nous maîtriser, à devenir doux, voilà son unique demande.

C'est bien ainsi que l'entend aussi le Nouveau Testament. Dans les 11 passages des épîtres où figure, le mot "doux" le vocabulaire de la douceur désigne partout une attitude à l'égard d'autrui. Une attitude que l'épître de Jacques oppose à « l'amère jalousie » et l'esprit de chicane, esprit de division (Jc 3, 13) et à laquelle Tt 3, 2 il exhorte Tite en ces termes : « Rappelle à tous qu'il faut ... n'outrager personne, n'être pas batailleur, se montrer bienveillant, témoigner à tous une parfaite douceur ».

« Être bon avec soi-même – être doux avec soi-même » (Désidérata)


La plupart des Pères, des auteurs de spiritualité et des exégètes contemporains comprennent que cette béatitude se rapporte aux personnes qui se montrent douces et bienveillantes dans leurs rapports avec le prochain. À remarquer que si la première béatitude traite d'une disposition d'ouverture à l'égard de Dieu, la douceur présente une attitude de bonté et de respect à l'égard des autres.

Cette béatitude nous apprend que pour vivre à la manière de Jésus, il nous faut être : celui qui ne s'emporte pas devant les contradictions de la vie et sait rester patient dans l'attente d'être comblé.

La douceur exige une transformation – une amélioration : pour changer l'eau dure, il faut du sel pour l'adoucir … de dure, l’eau devient douce. Le sol dur, exige que l’on travaille la terre pour la rendre meuble… capable de produire. Les doux, cœur et tempérament raides, ont été assouplis, transformés… une certaine maîtrise s'est établie.

Cette béatitude est un appel aux disciples de Jésus à vivre à sa manière.

Être doux, c'est le contraire d'être dur, exigeant, sans pitié à l'égard des autres; exiger qu’ils prennent mon pas, mon rythme. Il arrive parfois de considérer la douceur comme une vertu négative comme la marque de quelqu'un fragile, timide etc.

Remarquer combien de fois dans notre langage on utilise le mot « doux » : eau-douce, lumière douce, voix douce, laine douce, hiver doux, pente douce, médecine douce, arriver en douce, filer doux... Dans ces expressions on constate rien d'excessif, rien de brusque, de cassant, de résistant, – c'est plutôt agréable, discret, plaisant, délicat, bienveillant,.

La douceur selon Matthieu n'a rien d'une résignation passive; elle est une attitude (au niveau de l'être) une attitude positive d'accueil du Père de contemplation et de toute personne humaine. Douceur et humilité cohabitent. Les doux sont humbles devant Dieu et sans agressivité devant les personnes. St Augustin écrit: « Les doux cèdent aux injures, ne résistent pas au mal, mais ils sont vainqueurs du mal, par le bien ». Les doux sont des personnes humbles et patientes dans leurs rapports avec autrui. Ils supportent tout et leur attitude contraste avec l'impétuosité des caractères. La douceur est une conquête… on devient doux… Arriver à apprivoiser ses émotions, les dompter, les accueillir… se poser la question : Qu’est-ce que je fais avec…? Le presto n’est pas la solution…

Jules Beaulac écrit : « Quand on évoque la douceur, on pense spontanément à du miel, à du sirop d'érable, à de la soie ou à du satin, à une musique de flûte ou de piccolo ». Il nous arrive de dire d'une personne douce: « C'est de la vraie soie..! » On signifie par là qu'elle ne se fâche jamais ou presque, qu'elle est de commerce agréable, qu'elle entretient de bonnes relations avec à peu près tout le monde.

Nous connaissons tous des personnes qui sont des montagnes de tranquillité; elles dégagent immanquablement des vibrations de douceur. Quand elles arrivent dans un milieu, leurs ondes se répandent sur les autres et leur font beaucoup de bien. Souvent ce sont des personnes effacées, silencieuses, presque oubliées; mais leur seule présence fait du bien à tout le monde. Quand elles sont là, il est pratiquement impossible à qui que ce soit de se mettre en colère: elles apportent la paix, elles désarment par le charme discret de leur douceur. Elles sont loin d'être comme "du papier sablé"... (rugueux). Elles sont comme le muguet, cette petite fleur toute simple qui se fait remarquer non par sa grandeur, mais par son parfum merveilleux qui se répand si vite partout où elle se trouve. (Jules Beaulac, Si tu cherches le Bonheur p.54-55)

La douceur est à la fois souplesse, fermeté et constance – permet de conserver son calme… Un doux a du caractère mais il se maîtrise. Pour s'adapter à notre temps, cette béatitude, pourrait être formulée ainsi : « Heureux les non-violents... les tolérants… ».

Plusieurs définitions de la tolérance qui a un visage positif Concrétisons cette réalité…

Texte du Prions en Église signé : Pierre Guénette

« Ici, il y a moi. Là, il y a l’autre. Entre nous, il y a un espace pour moi et pour l’autre. Cet espace est celui de la tolérance.

La tolérance, c’est le respect, la cohabitation et le partage de nos vérités, de nos valeurs, de nos différences et de nos rêves.

La tolérance m’apprend à mieux me connaître, à devenir moi-même un peu plus chaque jour et, peut-être même, à découvrir des aspects de moi qui m’étaient étrangers. Ces découvertes m’ouvrent aux < étrangetés > de l’autre. L’échange avec lui, les liens que nous tissons contribuent à mon épanouissement et au sien.

La tolérance, c’est un élastique sur lequel on peut tirer … jusqu’à un certain point. C’est une bonne distance – que la sécurité routière donne à cette expression – qui évite les heurts.

La tolérance, est un lieu où nous sommes entre nous, entre gens responsables, solides sur leurs jambes, capables de dépasser la superficialité de leurs émotions et les discours à fleur de peau. Nous pouvons être vrais. La communication passe bien. Il n’y a pas de parasites – mensonges, mauvaise foi ou manipulation – sur les ondes que nous émettons.

La tolérance, c’est un projet à réaliser, une responsabilité à assumer, une mission à accomplir. »


La douceur se définit donc comme une attitude de bienveillance et de non-violence à l'égard des autres. La personne non-violente estime son adversaire. À l'image de Dieu qui ne confond pas le pécheur avec son péché, elle parvient à séparer, de sa violence et de son erreur, la personne qui la frappe, l'agresse (physique, morale psychologique, verbale et non verbale qui ignore). Elle désire convaincre le violent et non le vaincre. La non-violence n'est pas naturelle, à tout le monde… La douceur est voisine de la compassion...

« Ne jugez pas » dit Jésus dans le Sermon sur la Montagne (Mt 7, 1). Juger est en effet un de ces comportements qui, dans les relations entre personnes, s'oppose à la douceur, en portant "attaque" à autrui et en lui causant du tort. (Attaquer c'est de la violence).


Le doux accepte le temps de Dieu et la manière de Dieu. Il n'est donc pas un faible mais, au contraire un croyant qui, avec une grande force d'âme, sait attendre. Les béatitudes sont plus qu’une question de psychologie... elles désignent une attitude choisie à cause de Jésus Christ.

Il est sûr qu'il y a une force toute particulière attachée à la douceur. S'il y a la force brute, et même brutale, il y a également la force calme et sereine des doux. On pourrait la comparer, cette douceur, à la vague discrète qui lentement mais sûrement fait le tour du rocher alors que la vague violente qui veut le fracasser s'en retourne vaincue à la mer. Oui, les doux ont une force spéciale.

Par ailleurs la douceur, qui se fait patience et attention à l'autre, est source d'espérance pour beaucoup de personnes. Comment ne pas remarquer cette douceur chez Jean Vanier qui s'occupe des plus mal en point..; et de Mère Theresa qui a voué sa vie aux plus pauvres... Ces hommes et ces femmes qui prennent le temps d'attendre que l'arbre pousse avant de donner son fruit alors que le rendement, la vitesse et la production sont au-dessus de tout dans notre monde...

La patience accompagne la douceur mais n'oublions pas que pour être capable de patience, de douceur envers les autres il faut d'abord l'être pour soi.

La douceur ne s'achète pas. Elle naît d'un amour, d'une foi, d'une espérance, d'un combat de bonté. Le doux réussit là ou le violent a échoué. Le doux respecte l'autre infiniment, son cœur, sa liberté, ses décisions.

Les vrais doux sont d'abord, par rapport à Dieu, ceux qui acceptent de ne pas posséder Dieu, de ne pas le prendre de force, de ne pas l'acheter par des moyens ascétiques, magiques. Il s'agit de ne pas faire violence à Dieu, de ne pas vouloir à tout prix obtenir de Lui ce que l'on désire; il s'agit de lui faire confiance, d'accepter doucement ce qu'il veut : l'acquiescement au temps est l'un des signes les plus nets de la vraie douceur qui n'enjambe pas sur la Providence. Certains voudraient êtres des saints aussitôt; il y a une longue, patiente et douce mort à soi-même.

Jésus doux et humble de cœur a accepté la volonté de Dieu et l'heure de Dieu après avoir accepté, jour après jour, les impulsions que son Père lui donnait à mesure même de ses rencontres d'intimité avec lui... Jésus ne s'est pas présenté, comme à l'écart de notre condition humaine, une sorte d'ange souriant, qui aurait plané au-dessus de notre monde; Jésus s'est présenté comme un incarné qui a affronté les conflits de la terre.

Le Christ, fort et vainqueur, habite le doux. La force se puise dans la douceur.

Être doux : c'est vivre chez soi sans autodéfense, où un Être cher nous attend pour nous parler, nous écouter dans le calme, la confiance.

Les doux sont malléables sous la main de Dieu qui peut les créer et recréer, sans résistance de leur part. À eux cette terre promise ou coulent le lait et le miel, aliments doux et nourrissants.

« Heureux toi le doux, heureux es-tu si tu te laisse habiter par une soif de Vérité, cette force d’âme qui ne recours plus à la violence. »

Heureux les doux car ils possèderont la terre!
La douceur du Seigneur soit sur vous, sur nous!

Ps 90, 17



TEMPS D’INTÉGRATION

– Que m'apprend cette béatitude : « Heureux les doux car ils recevront la terre en héritage ».

– Est-ce que je me refuse à vivre la béatitude de la douceur en affirmant : « Je n’y peux rien, c’est dans ma nature d’agir ainsi ? »

– Quels sont les derniers gestes de douceur que j’ai posés, alors que j’étais intérieurement bouleversé?

– Qu’est-ce qui a le don de me faire perdre la maîtrise de mes émotions ?

– Qu'est-ce que je pourrais changer ou améliorer, pour que là où j'ai les pieds, ce qui peut ressembler à de la violence disparaisse et que la douceur s'installe ?

« Heureux les doux »… La douceur, il est vrai, est toujours une qualité appréciée dans notre monde parfois si violent. La douceur, enseignée par Jésus, n’est toutefois pas synonyme de « bonasserie » ou de « faiblesse ». C’est une valeur évangélique d’importance : le Seigneur promet aux doux la terre en héritage, rien de moins. C’est un pensez-y bien. Qu’est-ce à dire ? (Réf. Jules Beaulac, Si tu cherches le Bonheur, les Béatitudes)



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Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 18:07


Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde

Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies H_mise10

Joie des êtres compatissants, ils éveilleront la compassion.
Quel bonheur pour ceux qui se laissent toucher par la souffrance des autres,
oui, ils seront eux-même soulagés.



Introduction

Dans la deuxième vague de ce volet sur le bonheur en relation avec le prochain, il faut maintenant aborder certaines réalités qui ne sont pas de tout repos. Rappelons-nous que notre relation avec le prochain ne manque pas de nous éclairer sur notre relation avec Dieu.

« Ce que tu fais au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu le fais ». (Mt 25,40)

Si les doux qui ont une colonne vertébrale, n’attaquent pas, se maîtrisent et se tiennent debout, cela ne suffit pas et Jésus nous appelle à aller plus loin.

Regardons notre monde… Serait-il un monde sans pitié ? La science et la technique qui prétendent tout régenter, font appel à la froide raison mathémathique; la société industrielle ne pense qu’à la rentabilité, suscitant l’âpreté des revendications sociales; la politique comme l’économie connaissent des luttes sans merci; le terrorisme, qui se répand partout, frappe aveuglément; la guerre compte des milliers de morts; et que dire d’un éventuel conflit atomique…

Ce monde ne laisse pas facilement de place aux émotions, aux sentiments, à la compassion active… Ce monde dur et sans pitié fait-il une place à la miséricorde ? à la compassion ?

Pour ce monde dur et sans pitié : Jésus, aujourd’hui comme hier proclame : « Bienheureux les miséricordieux… car ils obtiendront miséricorde. » Bienheureux les matriciels car ils seront matriciés (Chouraqui). Bienheureux ceux qui ont un cœur ouvert à la misère (compatissants) car on accueillera leur misère…


Le sens du mot « Miséricorde »

Ces proclamations révèlent les valeurs de Dieu. Faisons un peu de sémantique, c.a.d. regardons le sens du mot « Miséricorde »… Dans le mot on retrouve les mots misère et cœur.

Dieu, au cœur de la misère des êtres humains. Misère aux cent visages. Misère des corps meurtris. Misère des cœurs blessés. Misère des esprits aliénés. Misère du péché... Misère de... et on pourrait continuer la liste de nos misères. Cette béatitude ajoutée par Matthieu traduit un enseignement de Jésus qui se réfère à une vision de Dieu largement révélée dans l'Ancien Testament (A.T.), Dieu plein de pitié (compassion) qui enseigne la miséricorde de Dieu (le pardon).

Nous savons que la Bible écrite dans 2 langues; grecque et hébraïque nous permet de comprendre un peu mieux le sens au mot « miséricorde » 2 sens différents mais complémentaires.

L'A.T. grec utilise: - l'adjectif "miséricordieux", - le substantif "miséricorde" et - le verbe "faire miséricorde" dans le but surtout de les appliquer à Dieu. La pensée biblique veut faire saisir un attribut essentiel de Dieu dans sa conduite envers les hommes : "Yahvé est un Dieu miséricordieux" (sacrement).

L'A.T. hébreu désigne par le même mot les entrailles et la miséricorde (l'utérus, le sein maternel).

Explorons d'abord l'.A.T. pour comprendre le sens de la miséricorde : compassion et pardon. Disons que l'histoire d'Israël est la merveilleuse saga de la miséricorde divine.

Dans Exode (3, 7-Cool on lit à l'épisode du Buisson ardent : Yahvé dit dans un premnier temps : « j'ai vu la misère de mon peuple; j'ai entendu ses cris devant ceux qui l'accablaient (donc pas insensible à ses appels angoissés); oui, je connais ses douleurs… » Et c'est ainsi que Dieu a montré : 1. Une compassion : il a vu la misère de son peuple déchu... il a été pris aux entrailles… 2. Dans un deuxième temps de la miséricorde : le pardon des péchés, c'est décidé, j'agirai, je le ferai, je le délivrerai ou une autre traduction « Je descendrai le délivrer de la main des Égyptiens et je le ferai monter vers une terre où coule le lait et le miel » (Pays de Canaan)

Dieu a vibré à cette humanité victime de l'erreur, de la faute des origines d'Adam et d'Ève - qui se détournent de Dieu, qui se détournent du bien, pour se tourner vers eux... pour se tourner vers le mal... (c'est le péché)… c'est la fermeture… Moïse est le prophète libérateur… qui est annonce de l’autre libérateur (Jésus le Christ).


Compassion, miséricorde et bienfaisance

Revenons à la compassion qui peut aussi s’appeler de la bienfaisance = habitude à faire du bien donc bienfaisance active de Dieu à l’endroit de toutes sortes de misères, de pauvreté y compris la pauvreté la plus matérielle : L'A.T. définit la miséricorde comme un sentiment de compassion, de pitié, qui incline Dieu vers l'être humain, vers le misérable, au sens fort du terme, pour lui donner ce qu'il n'a pas. Par la compassion, Dieu mesure l'étendue et la profondeur de la pauvreté de ses enfants : manque de nourriture (Ps 111, 4-5), manque de vêtement (Ex 22, 25-26) et de (Gen 3, 21) ou besoin de protection (Ps 86, 14-16)

Être miséricordieux, dit Chouraqui c'est être pris aux entrailles, être matriciel devant une situation de mal ou de misère. À partir de l'A.T. hébreu, on peut donner une définition des miséricordieux qui s'accorde avec l'étymologie du terme français les cœurs attentifs aux misères donc compatissant St Jean Eudes écrivait « celui-là est miséricodieux qui porte dans son cœur, dans ses entrailles, par compassion, les misères des misérables » O.C tome 8 p. 53

Vivre la compassion « miséricordieuse » part d'un état intérieur qui se traduit dans un agir… car la miséricorde en plus d'être active, est une attitude; elle se signale dans la manière d'agir envers autrui (comme la douceur). Les compatissants sont ceux qui effectivement ouvrent leur cœur aux autres et posent des gestes pour soulager leur détresse.

La compassion miséricordieuse c'est la vibration du cœur à toute misère; le remuement des entrailles au contact du malheur; le mouvement qui porte à réparer, soigner, sauver...

Le 2e aspect de la miséricorde de Dieu c’est l’aspect de la bienfaisance (habitude à faire du bien) active de Dieu à l’endroit de toutes les sortes de misères, de pauvreté y compris les plus matérielles : manque de nourriture (Ps 111, 4-5); de vêtement (Ex 22, 25-26) et de (Gn 3, 21); ou besoin de protection (Ps 86, 14-16). C’est la miséricorde compatissante ou la compassion…

La bienfaisance active, la compassion à l'endroit des personnes dans le besoin, besoin de salut. Jésus les a vécues dans sa sensibilité profonde. Elle s'exprime par une tendresse personnalisée faite de compassion, de bienfaisance active, il a fait quelque chose, il agit. Le miséricordieux, c'est celui qui accueille la vie, la protège et la transmet, comme la matrice ou l'utérus accueille la vie, la protège, la transmet.

Des exemples dans : (Mt 20, 34 les aveugles) « Pris de pitié Jésus leur toucha les yeux et aussitôt ils recouvrèrent la vue. Et ils se mirent à sa suite ».

(Mc 9, 22) la veuve de Naim; un fils unique... Le Seigneur fut pris de pitié...

(Mt. l5,32) les foules... Jésus en eut pitié car les gens étaient des brebis sans berger

Texte du Jugement dernier (Mt 25, 31-46) Luc rapporte en (6, 36) les paroles de Jésus à ses disciples; « Devenez compatissant comme votre Père est compatissant ». C'est une prière qu'il leur adresse de la part du Père.


La miséricorde de Dieu

Dans la Bible aussi, le mot la Miséricorde est donc statistiquement appliqué à Dieu, plutôt qu'aux êtres humains, dans une proportion de 3 (homme) à 4 (Dieu). Cette miséricorde s'exerce à l'égard des personnes qui sont dans la misère particulièrement soit la misère du péché; sacrement de la Réconciliation ; le pardon divin;

Et Dieu a été affecté en voyant la misère morale de l'homme et de la femme, en voyant leur malheur... et il a voulu sauver cette humanité en agissant, en faisant quelque chose pour exprimer qu'il est attentif à cette humanité misérable et malheureuse, il est ainsi miséricordieux... Sa décision, en voyant ce désastre : envoyé son Fils, son unique ainsi il donnerait des mains et des pieds à sa miséricorde, il la rendrait concrète. Et Jésus, par sa mort et sa Résurrection, accorde le pardon divin des fautes aux humains blessés par le péché. Et depuis l'avènement Jésus Christ, la miséricorde de Dieu est réelle, effective à chaque fois que nous nous reconnaissons "pécheurs" c.à.d. en situation de besoin de pardon. Le signe visible du sacrement vient confirmer ou vient rendre visible le pardon donné en Jésus. Et c'est la réalité de notre péché qui fait que la grâce de Dieu soit une grâce et notre salut, le salut.

Il n’y a de miséricorde que par référence et participation à la miséricorde de Dieu. Et Jésus l’a compris puisqu’il a dit : « Qui voit le Père voit le Fils et qui voit le Fils voit le Père ».

L'Évangile nous le prouve constamment que Jésus a pratiqué ces deux aspects de la miséricorde : le pardon des péchés. Comme son Père, Jésus a pratiqué le pardon divin, le pardon des péchés donné aux pécheurs; à ceux et à celles qui se reconnaissent pécheurs – faibles et qui s’ouvrent pour accueillir le pardon du Seigneur miséricordieux.

La miséricorde, Jésus en témoigne surtout par sa prédilection pour ceux que l'on appelle les pécheurs qui ont besoin de salut. Souvent les personnes se trompent sur Dieu, ils pensent qu'il est un tyran qui requiert le sacrifice. Jésus brise ce processus de facture à payer et de bouc émissaire : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs; c'est la miséricorde que je veux et le sacrifice ». (Mt 9, l3)

Rappelons-nous : Marie-Madeleine, Lc 7, 36-50; la femme adultère Jn 8, 1-11; la samaritaine Jn 4, 1-42; la parabole de l'enfant prodigue Lc 15, 11-32. Dans tous les cas, on y retrouve le même processus : se reconnaître "pécheur", accueillir le pardon offert en Jésus-Christ.

En regardant le comportement de Jésus nous comprenons mieux le Père miséricordieux, tel que le psaume 86, l5-l6-l7 : « Mais toi, Seigneur , Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d'amour et de fidélité, tourne-toi vers moi, pitié pour moi, donne à ton serviteur ta force et ton salut au fils de ta servante, fais pour moi un signe de bonté... »

Il est exact de dire aussi, au niveau de l'être, que le Christ n'est pas seulement par son agir, miséricordieux, qu'il est la miséricorde (être). En lui, les deux abîmes communiquent : celui de la plénitude aimante de Dieu et celui de la détresse humaine. Au vide, la plénitude... l’ère béatitude.

Par la miséricorde, il va plus loin; il ne se montre pas seulement sensible à la misère, il ne dit pas seulement qu'elle l'atteint et qu'il en souffre: il y remédie. « Tu as pitié de nous, dit le Livre de la sagesse, parce ce que tu peux tout ». (Sag. ll, 25)

La grande leçon des prophètes, c'est que grâce à la miséricorde, la conversion est possible. Les psaumes reprennent le même refrain : éternelle est sa miséricorde. Rappelons-nous David : « Pitié pour moi....en ta grande bonté efface mon péché » La tendresse, avec Dieu, on n'en sort pas, elle est au fond de la miséricorde, elle remonte toujours à la surface. (Psaume 103)

L'.A.T. nous dit que la miséricorde est possible; Dieu n'est pas rancunier... sa miséricorde est infatigable : « Peut-on trouver un Dieu comme toi ? » « Noie nos péchés au fond de la mer » (Mi 7, 18). N'oublions pas qu'il fut un temps dans l'A.T. où Dieu pour se révéler déclarait : « Je suis Dieu et non point homme. Au milieu de toi je suis le Saint » (Osée 11, Cool. Le saint du N.T., d'aujourd'hui, nous le savons, a pris corps en Jésus le Christ : « Je suis Dieu et je suis homme ». L'humanité du Christ donne à sa miséricorde une qualité d'amour au-delà de ce que l'A.T. pouvait suggérer. Que le cœur de Dieu soit aussi un cœur d'homme, voilà que sa miséricorde nous atteint au plus intime de nous-mêmes.

Contemplons Jésus dans sa bienfaisance active envers les personnes qui ont besoin de salut (miséricorde); qui ont besoin de compassion.


Une action de la compassion : Le bon Samaritain

Approfondissons maintenant une action de la compassion en présence de personnes dans le besoin matériel de bienfaisance concrète… Visualisons la parabole du Bon Samaritain.

Compatissant - miséricordieux ce Samaritain pris aux entrailles par le blessé de la route (Luc l0, 33), Chouraqui l'appelle le matriciel, celui qui a été le vrai compagnon proche du Samaritain blessé? Un légiste demande à Jésus : Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle? Jésus lui dit : Dans la loi qu’y-t-il d’écrit ? Il répond : Tu aimeras le Seigneur de tout cœur… etc… et ton prochain comme toi-même pour l’amour de DieuBien répondu, dit Jésus, fais cela et tu vivras… Alors le légiste demande : Qui est mon prochain ? Et Jésus reprit : Un homme… Le maître de la Torah répond à la question « Qui a été le prochain du blessé » « Celui qui l'a matriciez » (qui a pratiqué la miséricorde) (Lc l0, 37).

Regardons de plus près cette parabole qui est éclairante dans notre façon d’être compatissant et compatissante.

La question du départ : « Que faut-il faire pour avoir la vie éternelle en partage ? »

Les personnages:

Un homme blessé par "Les brigands"; qui le laissent là à demi-mort; un prêtre, un lévite passent l'autre côté de la route; ils respectent la loi, ils s'en tiennent à la loi (toucher un mort= une impureté légale), la loi ou l'amour... la loi ou la personne.

Le Samaritain; (ténor de la parabole) les samaritains des indésirables, des colonisés, des parias assimilés aux immigrés, aux étrangers donc des indésirables.

Regardons le Samaritain de plus près : Les gestes sont décrits par des petits verbes incisifs qui nous montrent les nuances multiples et variées de la compassion; était en voyage - quelqu'un qui va à la rencontre de... Le samaritain vit... "Voir" selon l'Évangile suppose la vision de la foi, la vision de l'amour (le lévite ne voit que physiquement) le prochain est celui qui se trouve là... proche, sur notre route. Touché de compassion... il intériorise la vision de l'autre (voit avec le cœur). VOIR – ÊTRE TOUCHÉ (2 activités de la sensibilité que suppose la compassion).

- S'approcha... Comment aimer sans se faire proche. La compassion miséricordieuse suppose une approche spéciale, son approche au Samaritain implique : délicatesse, patience, apprivoisement.. capacité de se faire adopter par celui qui est dans le besoin. La miséricorde n'est pas matérialiste. La compassion se laisse accueillir.

Il faut se faire pardonner d'être miséricordieux. Il faut parfois se faire pardonner d’être ce que l’on est. Il pose des gestes inspirés par sa compassion miséricordieuse :

- Bande les plaies... suppose un soin infini. Soigner à la fois les blessures du corps et les meurtrissures intérieures.

- Verse l'huile et le vin... des soins concrets, une charité en actes...

- Le Samaritain conduit ce malheureux chez l'hôtelier; on ne laisse pas tomber l'autre après les premiers soins d'urgence. À cause de sa compassion il prend en charge le blessé; il s'engage dans un suivi de la charité. (Et c’est pourquoi Chouraqui l’appelle le matriciel parce qu’il a été pris aux entrailles par le blessé et a été le vrai compagnon proche du Samariatain. À travers ce samaritain, la compassion miséricordieuse nous est révélée comme l'être même de Dieu.

RÉPONSE À LA QUESTION DU DÉPART

Lequel a été le prochain ? Celui qui s'est fait proche.

Aux paroles du légiste: Que faut-il faire pour avoir la vie éternelle en partage ?

Jésus lui dit : « Va et toi aussi fais de même. »

De cette parabole 3 mots à retenir :

1 ) PROCHAIN :

Tout est dans le mot ! le prochain est proche… il est tout près de moi, si près que parfois je ne remarque même plus sa présence à force d’être habitué à cette personne qui fait partie de ma vie quotidienne; qui croise ma route de chaque jour. Qu’il soit tout près ou éloigné, le prochain est d’abord celle qui a le plus besoin de moi. Le répéter… Avant tout… Avant le reste. Cette personne a besoin : d’aide; d’être écouté; regardé; d’être soutenu; aimé d’urgence… La personne qui est dans le besoin est toujours mon prochain; elle fait partie de la même famille humaine que moi… elle est de la même famille de Dieu que moi… Tout être humain sans distinction est mon prochain.

2 ) SE RAPPROCHER

Pourquoi se tient-on parfois éloigné du prochain ? Parce que l’on craint d’être entraîné trop loin si on se met à le regarder… Et pourtant on sait bien qu’il n’y a qu’une seule attitude possible devant un être humain : se rapprocher de lui s’il est dans la détresse; se rendre le plus proche possible afin qu’il nous voie et qu’il ne se sente pas seul; venir tout près et l’aider à se relever; l’aider à se tenir debout tout seul, comme un homme, comme une femme. Alors on devient le prochain de ceux et celles qui sont délaissés dans leur fossé de détresse.

3 ) LES SAMARITAINS

Les bons samaritains (les personnes remplies de compassion miséricordieuse) de votre monastère sont connus de l’intérieur et de l’extérieur… Les bons samaritains sur tous les lieux où les vivants appellent de l’aide ! Des vivants qui manquent d’amitié; qui n’ont pas d’abri; pas d’oreilles qui les écoutent; qui sont écartés de partout parce qu’ils sont étrangers (ne partagent nos idées, nos méthodes etc…) qui ne parviennent pas à faire entendre leur voix et leurs droits. Les samaritains : ne mesurent pas leur temps, ils ne calculent pas avant de donner; - ils ne font pas de tri; ils s’approchent de tous sans distinction, car pour eux tous sont des êtres humains criant à l’aide; ils n’ont qu’un souci : venir et secourir sans tarder et sans compter, selon leurs moyens.


Conclusion

En finale la compassion misséricordieuse est révélée comme béatitude dynamique; en mouvement, il s'agit de faire, de poser des actes qui incarnent, qui engendrent l’amour. Ce que je fais engendre l'amour ou tue l'amour ?

Dans son livre : Sermon sur la Montagne, P. Monier p. 45. « Prenez la misère dans votre cœur… Aimez, aidez non la Justice, la Foi, l’Humanité abstraite mais vos proches. Un atôme de bienveillance vaut plus que dix tonnes de vivres. »

Parce que le Christ est ressuscité, les disciples du Dieu vivant ne peuvent pas aujourd'hui, enfermer la béatitude de la miséricorde dans le seul domaine de la vie privée… Sacramentelle.

La béatitude de la miséricorde embrasse tous les services que l'on est appelé à rendre au prochain. Parler de miséricorde nous amène à parler d'une autre sorte de miséricorde : le pardon donné aux autres. La demande à Jésus : « Combien de fois devrais-je pardonner les offenses à mon frère.? Irais-je jusqu'à sept fois? » Mais Jésus répond : « Pas jusqu'à sept fois mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois »

La parabole du débiteur impitoyable se termine sur ces paroles: « C'est ainsi que vous traitera votre Père céleste si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur... ». Au auparavant Jésus avait dit : Mt, 5, 23-26 et Mt 6, l4-l5; « Oui, si vous pardonnez aux hommes leurs manquements, votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous pardonnera pas vos manquements... » « Ne jugez pas pour n'être pas jugés car du jugement dont vous jugez on vous jugera et de la mesure dont vous mesurez on usera pour vous » (Mt. 9, l3)...

La miséricorde, c’est l’état d’âme de celui, de celle qui ne peut voir la misère sans la mettre dans son cœur… Jamais Jésus n’a béatifié « le chacun pour soi ». Le miséricordieux est perméable à la misère des autres, est perméable à l’amour généreux de Dieu.

Heureux toi le misérordieux… Heureux es-tu si la misère des autres te touche le cœur. Heureux es-tu si tu ne le juges pas et si comme le bon Samaritain tu descends de la monture de tes suffisances, tu te penches vers l’autre, tu lui tends la main pour penser les plaies de la vie.

Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde…


TEMPS D’INTÉGRATION

Jésus m’invite à la miséricorde :

Par sa vie; Lc l8,35
Par sa parole; Lc 6,27
Par son pardon; Lc,7,36
Par son enseignement; Lc 6,36
Par ses attitudes; Jn l0,11

Jésus fait miséricorde :

Avec ses mains; Mt,20,29 ; Mc 8,22
Avec ses pieds; Jn 4,1; Jn 4,43
Avec ses yeux; Jn 8,1

¤ Quel geste de miséricorde, de pardon, de réconciliation le Seigneur me demande-t-il
dans le concret de ma vie ?
¤ Miséricorde envers ?
¤ Pardon pour ?
¤ Réconciliation avec…

Bienheureux vous tous qui acceptez de fermer les yeux sur une erreur,
une faiblesse, qui êtes capables d’excuser, de comprendre.

Bienheureux êtes-vous si vous savez prendre du temps
pour apaiser et pour soulager la misère sous toutes ses formes.

Pour Jésus, l’amour effectif des gens dans la misère est prioritaire comme l’est aussi, le pardon effectif des ennemis.

Or, est-il une manière plus belle et plus efficace de pardonner à son ennemi que de l’aider quand il est mal pris ?

Voulons-nous être heureux ?

Pratiquons la miséricorde…

C’est un chemin privilégié de bonheur.

C’est aussi un chemin à notre portée dans la vie de tous les jours…




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Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies Empty Re: Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies

Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 19:02


Heureux les artisans de paix
car ils seront appelés fils de Dieu


Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies H_arti10



Introduction

Si nous réfléchissons sur la notion du bonheur en relation avec les autres, nous sommes bien forcés d’admettre, que ce n’est pas un bonheur répandu et médiatisé, que celui de la douceur, de la paix, de la miséricorde… Ces béatitudes supposent : de la maîtrise de soi; des capacités de générosité qui deviennent source de joie profonde, de cette joie dont parle Jésus dans les Béatitudes.

HEUREUX…

Nous continuons notre marche de pèlerin pour écouter Jésus proclamer, la Béatitude qui favorise : la vie, l’harmonie, la liberté entre en soi et entre les personnes.

HEUREUX LES ARTISANS DE PAIX (CEUX QUI FONT LA PAIX ) ILS SONT APPELÉS FILS DE DIEU … ou PARCE QU'ILS SERONT APPELÉS « FILS DE DIEU ».

Quand on parle de paix il s’agit bien sûr d’absence de querelle, de violence, de guerre. Quand on parle de paix on pense plus souvent à la tranquillité d’esprit… Dans l’Évangile un autre sens peut-être attribué au mot PAIX : Celui de PLEIN DE VIE… Cette Béatitude des artisans de paix peut paraître claire, facile… mais l’est-elle vraiment ? C’est ce que nous verrons.


Expression "les artisans de paix"

Cette expression "les artisans de paix" employée dans la béatitude ne se retrouve pas dans la Bible, sauf en Mt 5, 9 qui est la béatitude. À noter, que cette béatitude n'est pas chez Luc. D'ailleurs c'est ce qui étonne car le thème de la paix est de beaucoup plus fréquent chez Luc que chez Matthieu. Donc le terme "artisan de paix" utilisé en Mt 5, 9 est très rare. Littéralement il signifie : FAISEUR DE PAIX… qui suppose une implication.

Le sens du mot PAIX semble difficile... et peut donner lieu à plusieurs interprétations. Dans notre société, il existe trois catégories de "faiseurs de paix".

1ère catégorie : Les pacifistes qui s'emploient activement à faire ou à refaire la paix là où la division existe entre les humains : là où il y a la violence, à ce qui a trait aux personnes, aux animaux, aux plantes, ils sont anti-nucléaires, antimondialisation, anti….

2e catégorie : Les pacifiques, les personnes qui ont un bon tempérament, désirent la paix. Ces pacifiques sont caractérisés par : Leur absence d'agressivité apparente; leur horreur des querelles et des disputes; leur désir d'éviter tout conflit avec les autres; de vivre en bons termes avec les autres à cause de leur amour de la paix, de la tranquillité et du calme, ce désir les pousse à la tolérance et à la conciliation. Ils veulent vivre en harmonie… ils tricotent la paix.

3e catégorie : Les pacificateurs, ces personnes bien placées dans la société qui usent de leur prestige social pour réparer les injustices faites aux pauvres et aux faibles, qui veulent rétablir la paix en faveur de personnes victimes du désordre social ou de l'injustice, qui veulent ramener la paix et la concorde entre des personnes désunies, et posent des gestes en faveur de la paix suggérée par l'expression « FAISEURS DE PAIX » ... Ils seraient des réconciliateurs, des raccommodeurs au sein de situations conflictuelles vécues par d'autres, des ambassadeurs de paix. Il y en a dans nos communautés, dans nos familles, dans la société… Mais l’expérience nous prouve qu’il y a des personnes par contre qui mêlent les cartes plus qu'elles n’aident…. Elles portent en elles la discorde… elles essaient de réconcilier et divisent plus.

Cette expression "faire la paix" est très fréquente dans les écrits à l'usage du Rabbin. Le mot "paix" dans l'A.T. veut dire SHALOM. Ce mot est employé pour désigner tous les aspects de la vie humaine dans la pleine maturité donnée par Dieu : Justice, vérité, communion, vie, paix. Ce seul mot « SHALOM » résume tous les dons de l'âge messianique; (apportés par le Messie) le nom même du Messie peut se traduire : SHALOM

Dieu est Shalom (PAIX) vient de l'invocation de Gédéon dans le livre des Juges (Jg 6, 24). Après l'apparition de l'ange de Yahvé à Gédéon celui-ci... « Éleva un autel à Yahvé et il le nomma YAHVÉ – PAIX »

La paix souhaitée et recherchée dans l'A.T. n'est pas seulement la stabilité politique mais l'épanouissement intégral des personnes et des collectivités.

Dans certains textes, de l'A.T. le terme "PAIX" peut être traduit ou remplacé par les mots : "SALUT – VIE" en voici quelques-uns :

Is. 9, 5-6 - « Le Messie attendu le "Prince de la Paix" »;
Mi 5, 4 ; - « Lui-même il sera paix ! »
Ps 34, - « Fais le bien, évite le mal, cherche la paix, suis-la jusqu'au bout ».



Un "Évangile de Shalom"

L'Évangile est un Évangile de Shalom selon que Paul l'écrit aux Éphésiens en 6, 14-15... « Tenez-vous donc debout, avec la vérité pour ceinture, la justice pour cuirasse et pour chaussures le zèle à propager l’Évangile de la Paix » et le Dieu proclamé dans cet Évangile est appelé souvent Dieu de Shalom… Dieu de Paix… de la Vie … Mais auparavant disons que : La paix n'est pas un sermon mais une suite d'actes, actes qui disent plus que la parole. Il ne faut pas seulement la proclamer la paix, mais la créer, l'établir, la faire, la bâtir, la réaliser. (Jean-François Six, Les Béatitudes aujourd'hui pp. l45-l46). Essayer de montrer la pertinence de la béatitude des "artisans de paix" est quasi ridicule quand on se place au niveau international. On a parfois l'impression que la guerre, les divisions politiques, idéologiques et économiques règnent en maîtres. Notre monde a un urgent besoin d'artisans de paix pour réconcilier les êtres humains en eux. (On parle et on fait des misions de Paix).

Sur l’arrière-fond de l'A.T. et du judaïsme et prenant en considération le contexte de l'Évangile de Mt, on peut affirmer qu’il existe deux attitudes complémentaires à la béatitude des artisans de paix … La paix intérieure et la paix extérieure.

Regardons la paix tout d’abord à l’intérieur de nous, qui est la paix au niveau de l'être, "à l' intérieur" de la personne : être Shalom – être paix – être vie – être salut, c'est avoir un état d'esprit supposant l’acceptation de son être, de sa personne (je suis bien avec moi-même) de ma condition, de mon choix de vie, ce qui me donne la paix, la joie, la sécurité qui se reflète sur mon visage… je deviens alors reflet de Dieu; cette paix est essentiellement un fruit de l’Esprit qui a sa source en Dieu et qu'il faut savoir accueillir et parfois conquérir.

Le psaume 122 nous parle de l'espérance de la paix sans fin... laisse-moi dire : "Paix sur toi"

La paix intérieure il ne faut pas l'établir à la façon dont parfois on range sa chambre parfois... en lançant tout pêle-mêle, sans ordre… on ferme la porte (ni vu, ni connu)… En d'autres mots, il nous faut avoir le courage de regarder en face (dans la vérité) : notre vie pour la classer, mettre de l’ordre dans ; nos propres contradictions, nos propres guerres intérieures, nos lieux de révolte – nos luttes, nos chicanes, nos batailles, nos troubles, notre inconfort, nos déceptions, etc. Regarder d’où vient notre inconfort, la raison – il y a la santé mais bien d’autres choses. Après les avoir nommé, les accepter, alors cette prise de conscience nous rendra tolérant, doux et libre et en paix… ce qui nous amène à la même attitude pour les autres. N’oublions jamais que le premier compromis, le premier lieu de la paix, c'est moi... La paix intérieure, la liberté intérieure : c'est la vie éternelle ici-bas... c.à.d. notre vie éternelle à vivre actuellement dans les conditions temporelles, temporaires, humaines et dans une nature blessée.

- Tant que je n'arrive pas, par l'intérieur, à accepter ma condition humaine de personne blessée – tiraillée entre le bien et le mal...

- Tant que je n’arrive pas à accepter que j’ai des montées de violence, d’agressivité dans ma propre vie; de dureté, d’exigences pour les autres plus que pour moi…

- Tant que je n’accepte pas que ma violence provoque la violence de l’autre… j’aurai de la difficulté à être "artisan de paix". J’y reviens, car c’est important : il faut travailler à s’aimer soi-même comme l'une des créatures aimées de Dieu, parmi toutes les autres. (Si je n’ai pas été aimé comment arriver à aimer les autres). Pour parvenir à une bonne relation avec soi-même il faut : s'accepter tel que l'on est avec ses ressources et ses potentialités, avec ses points forts et en même temps accepter ses vulnérabilités, ses faiblesses, ses contradictions; il y a une sorte d'affection tranquille de soi-même à vivre, une façon d'être content de ce que l'on est dans l'humilité même de notre histoire et de nos limites, de notre corps, de notre caractère; cette satisfaction n'est pas de l'orgueil c’est tout simplement reconnaître ce qui m'a été donné pour vivre ma mission… "Les mains jointes". Cette acceptation me permet de vivre libre et en paix. La paix avec soi-même demande beaucoup d'humour afin de ne pas vivre en dramatisant tout le temps, ce qui ne règle rien. La personne qui vit cette paix, respecte aisément l'intimité d'autrui, son secret, ses faiblesses, elle en sourit même avec une sorte de complicité fraternelle. Il faut faire de notre cœur un lieu où on peut se reposer avec soi-même sans se plaindre, ni se condamner.

La blessure de nos failles et de nos bêtises durera autant que nous-mêmes; heureuse la personne qui se préoccupe de la paix dans son propre cœur, dans sa propre maison qui a une compassion nette et vraie d’elle-même; qui ne se violente pas, qui ne se dévore pas elle-même; qui apprend à faire confiance à l’autre; qui voit les personnes d’une façon différente, autre que son point de vue limité; qui ne se détruisent pas entre elles; qui peuvent dire paisiblement OUI aux inconvénients aux déterminismes de la vie "limites, âge, maladies, vieillissement".

Quand nous arrivons à vivre en paix avec soi-même; à être passionné de paix; à avoir mis de l'ordre dans sa propre maison, à vider le presto, à être en sécurité avec soi-même car quand nous sommes menacés dans nos sécurités, nous perdons la paix, parce que menacée par l’autre. Le jour où je me parle pour me dire que les talents de l’autre, ses qualités sont des richesses de complémentarité, ce qu’elle est ne m’enlève rien, je vis heureuse, en paix. C’est curieux comme les mauvais coups ou les défauts de l’autre ne produisent pas les mêmes effets. Quand je me sens menacée en profondeur, la paix n'est pas acquise. La paix est comme une roche que l'on jette à l'eau qui engendre un rond toujours plus grand; d'une rive à l'autre.

Seule la paix intérieure va permettre de faire naître la paix extérieure, de la bâtir, de la réaliser. Cette deuxième attitude de faire la paix se situe au niveau de l'agir, extérieur à la personne, qui va vers les autres : qui travaille à la paix. Les artisans de paix sont donc des bâtisseurs et des faiseurs de paix. Bâtir, faire : des verbes actifs qui supposent des activités précises.



Pour être un artisan de paix

Pour être artisan de paix il faut que je porte au cœur l'amour des autres. Autrement je travaille en amateur de la paix ou en bricoleur de paix, c'est dans mes temps de loisir, dans mes temps libres que je bricole. La paix extérieure c'est la paix des personnes qui vivent en relation harmonieuse avec les autres. C'est la relation harmonieuse entre les personnes et les nations. Les artisans de paix extérieure sont les personnes qui créent, qui inventent pour en faire jaillir sa propre expression, c'est l'artiste. Ce sont des artisans de paix extérieure qui travaillent en vue d'inciter les autres à corriger les déficiences de la nature qui enlèvent l'harmonie. Le travail pour la paix est souterrain, opiniâtre, parfois imperceptible; un travail de démineur, un travail de fourmis, sourire en plus. « Heureux les artisans de la paix » c’est-à-dire ceux qui permettent à la paix d’advenir, à la vie de s’épanouir chez les autres et de vivre pleinement heureux.

La paix intérieure, vous le devinez, inspire les gestes à poser pour être artisan de paix extérieure. Le Nouveau Testament reprend à son compte ces aspects de la paix, saint Paul commence la plupart de ses lettres par le souhait de paix.

Rm 12, 18 recommande à ses communautés « de vivre en paix avec tous autant qu'il est possible, autant que cela dépend de nous »
Rm 8, 6 « Le désir de l'Esprit, c'est la vie et la Paix »
Ga 5, 22 « La paix, fruit de l'Esprit »
1 Cor 7, 15 « Dieu vous a appelés à vivre en paix »

Et Jésus que nous apprend-il sur la paix ? Comment la définit-il ? Quels conseils nous donne-t-il pour vivre cette Béatitude ? « Heureux les artisans de Paix ils seront appelés Fils de Dieu »

Lc 2, 4 « Paix aux hommes que Dieu aime ». Voilà comment Dieu salue le monde à son arrivée sur la terre. Voilà le Salut de Dieu, contenu dans ce petit mot "paix". Combien de fois Jésus ne dira-t-il pas à tous ceux qu'il sauve du mal, symbolisé par la maladie : « Va en Paix » ?

Et le Ressuscité n'aura pas d'autre signe du triomphe de la vie sur la mort que ces mots « Paix à vous ! ».Jésus a dit : « C'est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne » (Jn 14, 27).

Jésus a, au fond commencé par mettre les apôtres au défi de vivre ensemble alors qu’ils étaient si différents les uns des autres, si conflictuels entre eux, si désireux de la première place. Jésus brise net la direction de leur agressivité; il leur propose de mettre leurs énergies agressives au travail; de les faire servir à cette aventure impossible qu’est l’amour de l’autre; de consacrer des forces pour établir une relation avec l’autre qui est différent. Ainsi ils les invitent à laisser tomber leurs esprits de jalousie et d’ambition et d’agir comme le Père du Ciel.

Jésus les a initiés à cette grande réalité à l’amour des personnes différentes en leur apprenant non pas à se regarder eux-mêmes mais à regarder leur Père du ciel et à découvrir sa façon d’agir. Jésus n’a pas été un rêveur qui aurait nié la violence; tout au contraire, il a voulu créer de l’harmonie entre des êtres différents. On ne crée pas une harmonie avec des entités semblables. On parlera d’un corps de clairons et non pas d’une harmonie. La fusion n’est pas l’harmonie. Une communauté harmonieuse est un ensemble de personnes où chacune est respectée dans son identité, dans son charisme personnel à l’intérieur d’un charisme communautaire. La Paix privilégie le respect dans la diversité. Elle apporte plus de vie.



La béatitude "des artisans de paix"

La béatitude "des artisans de paix" déclare donc heureux ceux qui font tout pour ramener la bonne entente, la paix entre deux personnes qui ont un différent quelconque. Elle promet de plus que "les artisans de paix" participeront, comme fils et filles au bonheur que le Père établira en son Royaume.

La béatitude des artisans de paix est une béatitude qui part de l’intérieur pour devenir active, elle relève de l'agir (un artisan fait – agit – travaille avec ses mains). Dans cette béatitude de la paix nous y retrouvons de l'action, de l'implication personnelle, nous y voyons aussi comme un résultat de la douceur. Douceur et paix vont ensemble. L'une appelle l'autre, les deux sont opposés à la guerre, à la violence. Un être de douceur pose des gestes de douceur, un être de paix pose des gestes de Paix

La paix est une longue marche qui parfois dure toute la vie. Cette quête interminable de la paix a un trait commun avec les autres béatitudes, perpétuel recommencement. En apprentissage toute notre vie; de chute en chute, de relèvement en relèvement, d'essai en réussite on approche imperceptiblement de l'esprit de pauvreté, de la douceur, de la non-violence, de la sainteté, de la miséricorde. On n'en n'a jamais fini de travailler pour la paix ou même de la pressentir. Elle est un fruit de la présence de l'Esprit Saint. La Paix, fruit de l'Esprit Saint, le démon apporte le trouble…

Nous sommes convoqués : à être artisan de paix, à bâtir une cité de paix; à devenir des entrepreneurs de la paix (initiatives G. Vachon p, 154), à devenir des travailleurs de la paix et non de simples gardiens de la paix, soucieux d’éviter "les histoires", ce qui veut dire confectionner de ses mains, mettre la main à la pâte, s’engager dans une œuvre, y mettre du sien.

Alors comment construire la Paix ? En rejetant la haine; en cessant la guerre; en faisant disparaître la jalousie; en détruisant l’hypocrisie; en éteignant la rancune qui consume lentement le cœur; en privilégiant toutes les qualités aptes à faire régner la paix. Travailler à la promotion de la paix c’est une forme de charité c’est aussi une preuve d’amour, de bienveillance à l’égard des personnes qui nous entourent, de nos ennemis, de nos persécuteurs. La paix se vit dans la réalité de notre quotidien, alors cela implique : pas de médisance, pas de calomnie, pas de colportage qui brisent si facilement la paix. Pour procurer la paix, il faut la posséder, rappelons-nous les 3 passoires de Socrate.

Le Seigneur invite chacune à être rempli des biens de la paix pour la donner aux personnes qui en manquent. De même que la lumière chasse les ténèbres ainsi dès qu'apparaît la paix, toutes les difficultés sont résolues. La personne qui ramène la vie harmonieuse en elle-même, dans son milieu, qui solidifie l’amitié ne fait-elle pas oeuvre vraiment divine. C'est pourquoi la promesse de cette béatitude s’accomplit, se réalise.

Heureux toi l’artisan de paix ! Heureux es-tu si tu te fais l’artisan de la Paix en faisant le premier pas. Heureux es-tu si tu réussis à enlever en toi tout ce qui est germe de haine : l’injustice, l’indifférence, le mépris de l’autre. Heureux es-tu si tu travailles à la paix en favorisant l’écoute et le dialogue. Heureux es-tu si tu fais tout en ton pouvoir pour y arriver et que tu te rappelles qu’avec moi tu peux tout. L’artisan de paix est appelée "fils, fille de Dieu". Je vous laisse ma paix, avait dit Jésus avant de mourir, mais non point comme le monde la donne. Paix qu'il faut vivre tout simplement en respectant la règle d'or de Évangile : « Tout ce que vous voulez que les gens fassent pour vous, faites-le pareillement pour eux, car c'est là la loi et les prophètes. » (Mt 7, 12). « Vous aurez alors la Paix , la Joie au goût d'éternité » (Robert Lebel)



Temps d’intégration

Conseils pour fabriquer la paix, "quelques jalons" (Jules Beaulac).

¤ D'abord de prier l'Esprit saint de nous donner la paix, qu'il fasse de nous des instruments de Paix (Prière de St François d'Assise).
¤ Sommes-nous ordinairement en paix; en dedans de nous ? Avec les autres ?
¤ Qu'est-ce qui nous trouble le plus? Le stress de la vie quotidienne, les autres, tel problème, telle inquiétude ?
¤ Cultivons-nous en notre for intérieur du ressentiment envers les autres ?
¤ Que faisons-nous pour améliorer la paix en nous ? Pour corriger ce qui pourrait la diminuer ou la faire disparaître ?
¤ Dégageons-nous ordinairement des ondes de paix ou de guerre ? Les gens aiment-ils être avec nous ou nous fuient-ils comme la peste ?
¤ Quel est notre degré de patience, de tolérance envers les gens qui nous fatiguent, qui ne pensent pas comme nous, qui ne vivent pas comme nous?
¤ Quand quelque chose m'énerve ce n’est pas nécessairement la faute de l'autre, quelle est notre capacité d'encaisser les coups de la vie ? Quel est notre degré de résistance à rendre les coups ?
¤ Quel est notre degré d'endurance à vivre avec des contrariétés, des échecs, des blessures (les nôtres, celles des autres et celles que les autres nous font ou celles que nous faisons aux autres) ?
¤ Favorisons-nous la Vie dans notre milieu ? On détruit la Vie, la Paix, par le placotage, avant de parler posons-nous 3 questions : Est-ce vrai ? Est-ce beau ? Est-ce utile ?
¤ Quelle est notre capacité d'un vrai dialogue avec les autres, de se parler en vérité et en charité chaque fois qu'il le faudrait ?
¤ Comment retrouvons-nous la paix intérieure ? En priant ? En prenant un bon repas ou un bon repos ? En marchant dans la nature ? (25 minutes de marche valent une valium) En allant visiter un ami ? En parlant de nos difficultés avec une ¤ personne en qui nous avons confiance ?
¤ Jusqu'où va notre désir de pardonner ou de demander pardon quand il le faut ? Etc.




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Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 19:49


Heureux les affligés, car ils seront consolés

Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies H_les_10

En marche… les endeuillés…
« Heureux les affligés car ils seront consolés ».
Joie des éplorés, leur deuil sera plus léger.
Quel bonheur pour ceux qui sont en pleurs, oui, ils seront réconfortés.


(Françoise Dolto)



Introduction

Nous abordons maintenant le troisième volet du Bonheur en relation avec certaines situations (afflictions et persécution). Ces réalités, ces expériences de vie annoncées par Jésus et qui surviennent peu fréquemment, nous invitent à une Espérance possible et réconfortante… Les Béatitudes précédentes nous ont préparés à ces Béatitudes vécues.

La première vague de ce volet proclame : Heureux les affligés… ceux qui vivent l’affliction, ceux qui pleurent… les endeuillés, car ils seront consolés. Dans la langue française, on qualifie une personne "d'affligée" lorsque celle-ci éprouve un grand chagrin, une douleur profonde, en attirant surtout l'attention sur l'état d'âme de cette personne. Cet état d'âme peut toutefois s'extérioriser et se manifester par de la tristesse, des larmes et des lamentations. Il faut noter que cette béatitude ne touche pas une catégorie de personnes, mais des moments auxquels nul n'échappe (affliction, persécution). Ni le riche, ni le pauvre, ni le violent, ni l’artisan de paix ne sont dispensés de vivre des moments de larmes...

Le texte-source où Matthieu s'est inspiré est d'Isaïe 61, 2-3 (mission du prophète) on lit: « Annoncer une année de grâce de la part de Yahvé, un jour où notre Dieu se fera justice pour réconforter les affligés et ceux qui ont de la peine; (la récompense) leur donner un diadème au lieu de cendre, l'huile de la joie (parfum) à la place d'un vêtement de deuil, la louange au lieu du désespoir ».

La Récompense aux personnes affligées : une tenue de fête, au lieu d’un esprit abattu. Quel est le « champ d’action », de cette Béatitude ? Jésus voudrait-il ainsi fournir une espérance pour toutes les souffrances qui jalonnent notre vie ? Nous savons, par expérience, qu’il y a des temps où notre vie oscille entre la joie et la peine, le bonheur et la souffrance, les rires et les pleurs entre la lumière et les ombres…

Les "affligés" dans Matthieu ou Luc sont très concrets; les affligés pleurent leurs parents, leurs amis, leurs sécurités sociales, disparues ou menacées, ils pleurent une perte, une rupture... Cette béatitude vise spécialement les personnes qui vivent dans une grande affliction humaine mais sont appelés à garder une attitude de confiance en Dieu.


Tradition biblique de l’A. T.

Dans la tradition biblique de l'A. T. il y a la petite histoire abrégée des larmes. Avant le déluge : Adam et Ève sont chassés du paradis. Pas une larme. Caïn tue Abel. Il est maudit. Pas une larme. Les premières larmes de la Bible, mentionnées, après le déluge, furent celles d'une mère : Agar « Assise à l'écart, elle éleva la voix et pleura », Gn 21, 16. Pleurs d'Abraham portant le deuil de Sara, Gn 23, 2. Sanglots de Jacob apprenant la fausse nouvelle de la mort de Joseph, Gn 37, 34 et larmes à flots de Joseph à la mort de son père Jacob, Gn 50, 1. Larmes du peuple en déroute au temps de Moise, (Nb 11, 10 et 13). Larmes d'Anne la stérile, (1 S 1, 10). Larmes de David et de Jonathan dans l'effusion des retrouvailles et les embrassades des adieux, (1S 25, 41). Larmes de David à la mort de : Saul et de son ami Jonathan, (2S 1, 12); à la mort du fils que lui donna Bethsabée, (2S 12, 22); à la mort de son fils Absalon, (2S 19, 1). Larmes de rois mais aussi de prophètes. Lamentations de Jérémie et les pleurs de pleureuses annonçant l'exil de 586, Jr 9, 16-17. Isaïe annonce que Yahvé consolera : Is 49, 13 « Yahvé consolera son peuple, il a pitié des affligés ». Isaïe 66, 13 « Comme un homme que sa mère console ainsi moi je vous consolerai ».

Les prières dans les psaumes sont irriguées de larmes : « Je n'ai de pain que mes larmes Les pleurs me rongent les yeux », (Ps 31, 10). Les psaumes décrivent les difficultés de la vie quotidienne vécues par les serviteurs du Seigneur : maladies, persécutions, approche de la mort, deuil, tristesse, trahison, silence de Dieu, (Ps 3, 4, 13, 22, 28, 41, 54, 55, 86). Dans les psaumes il est comme naturel de se tourner vers le Seigneur pour lui dire son affliction. Cette prière en deux temps exprime l’attitude du pauvre de cœur : crier sa douleur au Seigneur et s'appuyer sur lui en toute confiance.

Le psaume 91, 15 : est un bon exemple de cet appui que le Seigneur accorde à la personne qui souffre. Il m’a appelé, je lui réponds. C'est un chant de confiance en Dieu au cœur de l'épreuve. C'est une prière d'espoir, d'assurance, de consolation. On pourrait encore glaner dans la Bible bien d'autres références ayant trait aux affligés, car c'est tout l'histoire du peuple de Dieu qui baigne dans une vallée de larmes. (St Bernard… Salve Régina)

La tradition biblique de l'A.T. décrit le mot "affligé" non seulement une tristesse intérieure, mais surtout une douleur exprimée, une tristesse qui explose au dehors. L’extériorisation d’une douleur particulièrement intense. La situation type qui caractérise le mieux l’affligé est la perte d’une personne aimée : les affligés sont pareils à des gens qui viennent d’être frappés cruellement dans leur affection et qui pleurent une personne, une situation. Le Petit Prince dit : « C’est tellement mystérieux le pays des larmes… » - le petit Prince : « Un jour j’ai vu le soleil se coucher quarante-trois fois… et il ajoute… Tu sais… quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil… » - L’Aviateur ajoute : « le jour des quarante-trois fois tu étais donc tellement triste ?... » Mais le petit Prince ne répondit pas … (Antoine de Saint-Exupéry Le Petit Prince, p.26). Dans la tristesse on apprécie : les petits rayons de soleil du moins il faut s’efforcer de les voir.


Les affligés

Regardons d’une façon rapide aussi quelques affligés du Nouveau Testament : Larmes devant la mort : Jaïre pleure sa fillette, (Mc 5, 39); la veuve de Naïn pleure son fils unique et en l’apercevant, en larmes, Jésus est bouleversé d’émotion, (Lc 7, 13); larmes de Jésus au tombeau de son ami Lazare : Les juifs disent : Voyez comme il l’aimait, (Jn 11, 35-36); Jésus en larmes devant Jérusalem dévoyée, (Lc 19, 41-44); larmes de repentir, de regret et de reconnaissance de Marie-Madeleine qui baigne de ses larmes les pieds de Jésus; larmes de Pierre suscitées par le regard de Jésus; le Christ est affligé par les Pharisiens et par cette bande d'intellos, Sadducéens et docteurs de la Loi; Christ affligé davantage encore de voir ses intimes, ceux qu'il avait choisis, ne rien piger à sa Parole; « et vous aussi allez-vous me quitter ? » et, pour finir, de voir un Judas le trahir; Christ affligé jusqu'à la mort et la mort de la croix, tel que le second Isaïe en avait eu le pressentiment (Isaïe 53, 2-5 à lire).

Jésus Christ a connu la souffrance et il a prié le psaume 117, 5 « Des profondeurs de ma détresse je crie vers Toi Yahvé, Seigneur, écoute ma prière, mon appel… » Entend-il ou n'entend-il pas ? C'est le cri de la foi... cri de révolte aussi. Cri dans le vide. Sur la croix, Jésus souffrant fait appel à son Père : « Pourquoi m'as-tu abandonné? » Ce cri du Christ sur la croix contient tous les cris de détresse du monde entier. Unis à Lui, nous avons la possibilité que nos cris deviennent prière, si on s’unit à Lui. Jésus Christ n'a pas fuit le tragique de la condition humaine, il est allé jusqu'au bout... « Ma vie nul ne la prend c'est moi qui la donne ». Cette béatitude porte donc toutes nos larmes, provoquées par différentes formes de souffrances, et rejoignent ainsi le message de consolation de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos de vos âmes », (Mt 11,28-29). On peut alors interpréter la béatitude dans le sens suivant : Bienheureux êtes-vous, vous qui êtes plongés dans une forme de malheur, de misère, car Dieu va intervenir pour vous.

Dans la Parole de Dieu nous trouvons toujours la phrase qu’il nous faut pour soutenir notre Espérance. Est-ce notre premier réflexe d’aller chercher dans la Parole de Dieu une phrase, un texte réconfortant… Souvent dans les textes de la Liturgie du jour on y trouve ce dont on a besoin. Dieu a aussi souci du sort des affligés; et il leur témoigne sa faveur, par sa promesse : ILS SERONT CONSOLÉS… monde à venir.


Les consolés

L'affliction comme la persécution ne constituent pas des attitudes ou des options de vie mais des expériences pénibles vécues par les disciples de Jésus mais il ne faut surtout pas oublier : sa promesse future « Heureux les affligés car ils seront consolés » Cette consolation promise vient de Jésus, c'est Lui qui lui donne un sens parce que Lui d'abord l'a vécu avant moi. La souffrance et le mal ne sont pas bénéfiques (en soi) mais ce sont les fruits qui en germent qui sont bénéfiques et ces fruits sont : 1) la confiance en Dieu, 2) la foi, 3) la sérénité, 4) l'espérance, 5) la force morale, 6) la joie, 7) la paix.

La béatitude des larmes, dans sa deuxième partie, « ils seront consolés » est promise aux passionnés du Salut. Être consolé par Dieu, c’est être capable aussi d’apporter une consolation. Nous sommes porteurs de la consolation même de Dieu, mais cela ne se fait pas de n’importe quelle manière. Il faut soi-même avoir vécu le deuil pour comprendre comment des phrases toutes faites n’ont pas toujours le mérite ou le don de consoler et d’encourager. Vaut mieux dire : Je suis là, si tu as besoin… que de prononcer des phrases que l’on connaît et qui choquent plus qu’elles n’apportent de soutien.

N’oublions pas que nous sommes toujours seuls à vivre notre propre douleur. Personne ne peut la vivre à notre place. Ce dont nous avons besoin, c’est que quelqu’un nous accompagne, qu’il se fasse proche. Nous avons besoin de quelqu’un qui nous aide à accueillir cette souffrance, qui nous épaule et qui nous soutienne, qui nous reflète notre souffrance et nous aide à trouver les moyens pour vivre le mieux possible ce passage. Mais n’oublions pas, nous avons la réponse au-dedans et que l'on s'affaiblit quand on crie sa peine, sa détresse à droite et à gauche, on perd sa force intérieure. Dans toute vie il y a des expériences difficiles et si on est honnête il nous faut reconnaître qu'elles nous aident à grandir. On ne vit rien pour rien. Faire notre histoire personnelle de larmes et réaliser ce qu’elle nous a apporté des fruits.

Le fondement de cette béatitude des larmes c'est bien la foi pure et dépouillée en Celui qui n'a rien d'autre à dire pour nourrir son espérance: « Je m'en suis sorti », ou plutôt : « L'amour du Père, l’exemple du Christ et la puissance de l'Esprit, m'ont aidé à m'en sortir ». La béatitude des larmes ne s'adresse donc pas aux mendiants de paroles faciles mais aux croyants qui acceptent que leur espérance soit éprouvée dans le clair-obscur de la Passion.

Les textes de l'A. T. et du N. T. rejoignent une sorte de souffrances, inhérentes à la condition humaine et aux aléas de l'existence que l'on appelle les déterministes, les choses que l'on ne peut pas changer. Nommons-en quelques-uns : le quotidien et son usure; on se sent diminuer, moins capable physiquement, moins d’endurance; diminuer moralement, émotivement; pleure plus facilement, moins de relation, alors s'ajoute la solitude qui nous diminue : moins de relations, nous qui avons été très souvent dans un monde de connaissances d'amis assez nombreux... même avec l'âge on demeure des mendiants de la relation humaine; la maladie, la mort; rupture laisser un milieu pour un autre; les séparations, l'incapacité, les infirmités; l'insécurité des autres et les nôtres; insécurité devant une relève non-existante ici; les conflits en nous et autour de nous, dans le monde; l’incompréhension; la solitude, les deuils, l'âge, le vieillissement; les temps de crise, les différentes nuits de la foi, notre propre mort... etc.

Abordons un aspect de l'affliction, de la souffrance qui nous attrape un jour ou l'autre vieillissement ou cette marche vers l'Âge d'Or. Douloureuse cette saison de l'âge, à certains égards, mais heureuse quand on considère qu'elle est en montée continuelle vers ce qui sera la pleine lumière. À cette étape de la vie, la nature humaine, tendue vers l'Éternité, est en perpétuelle progression vers la Résurrection. Elle ne revient jamais en arrière. Dans ce sens, on a raison de parler de vie montante, de marche en avant, à condition de ne pas tenir un discours lénifiant c.à.d. amollissant ou adoucissant au moyen d'un calmant pour atténuer ou apaiser la réalité.


Regarder, affronter, dépasser

La question : Qu'est-ce que Dieu attend de mes plus ou moins vieux jours que je suis en train de vivre en ce moment, ou que je me prépare à vivre, pour me dépasser tant qu'il en est temps ? Ces situations que nous ne choisissons pas c'est la couleur noire de l'existence que l'on s'évertue, tant bien que mal, à faire changer en la couleur verte de l'Espérance. Devant la souffrance (tiraillement) qui nous accable nous avons souvent bien de la difficulté à prendre le temps de la regarder – de l’affronter – de la dépasser. Nous savons (dans notre tête) que Dieu ne veut pas le mal, il le permet, le tolère. Comme il nous a fait libre il nous laisse la possibilité de choisir la manière de la vivre : me battre avec ou la transformer en résurrection.

Dépasser notre douleur ou notre souffrance prend, pour nous croyants et disciples de Jésus un nom; LA FOI... qui donne un sens à notre souffrance et qui nous aide à rendre Dieu présent à cette expérience douloureuse, à le mettre au-dedans de cette expérience. C'est à la suite de ce triple mouvement (regarder, affronter, dépasser) que dans les afflictions, les souffrances, les persécutions, la SÉRÉNITÉ prend le gouvernail de notre vie. La sérénité ne demande qu'à s'embarquer avec nous. La sérénité s'enracine dans la foi ? La foi n'est pas un supplément d'âme, elle fait corps avec la vie. La foi est un « en dedans de l'être » qui prend toute la personne. La foi est passion, elle aide beaucoup quand la souffrance vient empoisonner notre existence. Foi adulte souvent accompagnée de doute mais aussi de certitudes.

Rencontrer Dieu, en l'occurrence, dans une situation douloureuse n'est-ce pas se laisser retourner par Lui... retourner à Lui après avoir pris des détours qui nous ramènent à Lui, le vrai chemin. « Fais-moi revenir, dit le psaume et je reviendrai », telle est la dynamique de la conversion. Il nous faut apprendre, que dans le lot de la vie que Dieu nous a réservé, souffrance et sérénité doivent et peuvent alterner, cohabiter. Il nous faut toujours apprendre à regarder et à affronter la souffrance, pour la dépasser (grandir) par la suite dans ce qu'elle a d'inhumain.

Il nous faut être réalistes et relever le défi, puisque nous n'échappons pas à ces griffes, souffrir en se grandissant alors que la souffrance a quelque chose de diminuant.


« Heureux les affligés... »
Parce qu'ils portent en eux des trésors de fécondité spirituelle et apostolique,
s'ils sont greffés à Jésus comme la branche est greffée au tronc de l'arbre :
alors la sève, la même vie, circule dans les branches
et dans le tronc et permet à tout l'arbre de porter du fruit.

« Heureux les affligés... »
Parce qu'ils seront consolés par leurs frères et sœurs de la terre
qui exerceront envers eux le beau ministère de la compassion.

« Heureux les affligés... »
Parce qu'ils seront consolés par Dieu lui-même,
à qui ils s'uniront en Jésus et qui leur permettra de comprendre
que leur souffrance n'est pas inutile.


TEMPS D’INTÉGRATION

¤ Quelles formes prennent mes souffrances ?
¤ À l'exemple de Pierre, il m'arrive de renier Jésus
¤ Comment Jésus regarde sa souffrance ?
¤ Comment Jésus affronte sa souffrance '?
¤ Comment Jésus dépasse sa souffrance ?
¤ Pour vivre, à la manière de Jésus, qu'est-ce qui pourrait m'aider, dans les souffrances
ou les difficultés de la vie, à continuer à rester debout ?



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Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 20:15

Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux

Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies H_pers10



INTRODUCTION

En marche… Les persécutés pour la justice

« Heureux êtes-vous quand on vous insulte et persécute, quand on dit des mensonges et du mal sur vous, à cause de moi, réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux. Ainsi en a-t-il été des prophètes persécutés avant vous. » (Mt 5, 10-11)

Joie des justes que l’on inquiète, le règne de Dieu leur appartient.

Quel bonheur pour ceux qui sont chassés pour la justice, oui, il est à eux le Royaume des cieux.

Nous avons terminé la béatitude (Heureux les affligés) avec la réalité de nos vies personnelles et aussi de nos vies communautaires. Il nous faut avoir le courage de nous regarder – d’affronter notre réalité. « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice le Royaume des cieux est à eux ». Heureux êtes-vous…. Prenons le temps de regarder l’image : Mains ligotées, enchaînées par moi, par les autres…

Cette 2e vague dans notre relation de bonheur dans les situations difficiles n’est pas tellement enthousiasmante… d’ailleurs, les béatitudes ne sont pas faciles à vivre… Dans cette finale des béatitudes de Matthieu, on trouve deux béatitudes différentes mais qui se tiennent; elles se présentent comme frérot et sœurette. Il y a : - les persécutés pour la justice (sainteté); - et les persécutés pour le Christ… Luc a conservé une unique formule de la béatitude. (Lc 6,22-23).

Dans la gerbe des béatitudes que nous avons essayé d'approfondir, notre monde et peut-être nous-mêmes, préférons trop souvent passer sous silence cette béatitude qui a la couleur du sang. À vrai dire, comment être heureux - quand on est persécuté - même pour la justice ? - quand on est persécuté pour le Christ ? Ce n'est pas évident ! Et disons-le tout de suite : le bonheur promis par Jésus n'est pas d'abord le fait d'être persécuté, mais dans le fait que « le Royaume est à ceux qui souffrent persécution ».

Cette béatitude, est très spéciale : comme la béatitude des pauvres qui ouvre le sermon sur la montagne et présente une vue panoramique des béatitudes, la béatitude des persécutés, ferme le discours sur la colline et résume tout le propos de Jésus sur le bonheur. Cette béatitude des persécutés a une double portée. Elle se rapporte à : Jésus, le Juste persécuté et en Lui, à toutes les femmes et à tous les hommes qui, d'une manière ou d'une autre, sont torturés physiquement mais aussi psychologiquement, moralement, les personnes que l'on dégrade dans leur personnalité. Et quand la béatitude précise: « Heureux vous qui êtes persécutés… à cause de moi » (Jésus), elle nous ouvre à cet amour jumeau où Dieu et l'homme sont réunis. Cette béatitude, à cause de Jésus, qui tourne autour de l'idée de la justice, de la sainteté, ajoute l’idée de la persécution. C'est la béatitude des militants mais seulement des militants non violents. Cette béatitude ne dit pas: Bienheureux ceux et celles qui combattent pour la Justice , mais ceux et celles qui sont persécutés pour le Justice.



DANS L’ANCIEN TESTAMENT

Dans l'Ancien Testament il y a des persécutés pour la justice. Les psaumes rencontrent l’histoire de plusieurs persécutés anonymes qui appellent le Seigneur au secours à cause des méchants qui les assaillent, à cause des mensonges des impies, la calomnie… etc.

Ps 7,2 et 3 « Seigneur mon Dieu, tu es mon refuge; sauve-moi de mes persécuteurs, délivre-moi ! Comme des lions, ils voulaient me déchirer m’emporter sans que personne me délivre. »

Ps 55,3 et 4 « Fais attention à moi et réponds-moi. Bouleversé, je me plains et je divague, car ils déversent sur moi des méfaits et m'attaquent avec colère. »

Ps 31,10-14 « Seigneur, sois mon appui, je suis oppressé, corps et âme. J'ai les yeux rongés par les larmes, tellement j'ai du chagrin. Ma vie se consume en afflictions et mes années s'évanouissent en soupirs. Ma misère a ruiné ma force et mes os se sclérosent. Tous mes détracteurs m'insultent et je ne suis plus qu'un scandale. Je dégoûte mes voisins et j'effraie mes amis. Ceux qui me rencontrent sur le chemin s'éloignent de moi en courant. On ne me reconnaît plus, on m'a oublié, comme un mort, comme un rebut. J'entends les rumeurs des gens à mon sujet, la terreur est à mes côtés. Ils se réunissent contre moi, ils trament ma mort … »

En nous rappelant certains événements de notre vie, ne trouvons-nous pas que certains de ces passages nous les avons vécus. Je suis toujours étonnée de voir comment on se fait souffrir à cause de Jésus. Beaucoup de personnes peuvent prier ce psaume (Ps 31, 10-14).

Les psaumes qui nous présentent souvent la prière d'un juste dans l'épreuve et la persécution contiennent, en général, deux attitudes que l’on retrouve chez les affligés : la tristesse et la confiance… À qui dire sa souffrance ou son malheur ? À part le Seigneur ?

Il y a eu aussi beaucoup de prophètes persécutés. Arrêtons-nous à ce cher Jérémie qui connut un long chemin de croix. Il est la figure par excellence du Juste persécuté. On peut penser en lisant Jérémie que c’était un prophète qui n’était pas bien dans sa peau ? Qui s’est toujours senti persécuté ? Pourtant Jérémie est tout le contraire de quelqu’un au psychisme fragile et dépressif… Ses confessions et ses lamentations ne sont pas dues à une faiblesse de caractère, mais bien à la gravité de la situation qui n’est pas uniquement la sienne mais celle de tout le peuple d’Israël. Comme prophète, il était constamment appelé à annoncer la conversion du peuple d'Israël et à dénoncer ses trahisons et ses péchés. Il subissait les conséquences de sa prédication. Il était persécuté par ses proches, par ses frères, par les gens de sa propre race et de sa propre foi, de sa propre communauté…

Jr 26,7-9 « Quand Jérémie eut achevé le discours que le Seigneur lui avait ordonné de prononcer à l'adresse de tout le peuple, alors les prêtres et les prophètes et tout le peuple se saisirent de lui en disant: "tu as signé ton arrêt de mort". »

Jr 15,15-18 (Très belle prière qui peut ressembler aux nôtres en certaines circonstances).

« Seigneur pense à moi, fais quelque chose en ma faveur et venge-moi de ceux qui me persécutent. Tu es trop patient envers eux et c'est moi qui en souffre ! Tu le sais bien: c'est pour toi que je subis toutes ces injures. Aussitôt qu'une parole de toi me parvenait, je la dévorais, elle me ravissait et elle était la joie de mon cœur. Car c'est ton Nom que je porte, Seigneur, Dieu de l'univers. Jamais je ne me suis assis parmi les rieurs pour m'amuser. Tu m'as forcé à rester seul, rempli de ta colère. Pourquoi ma souffrance dure-t-elle toujours ? Pourquoi ma blessure est-elle incurable et ne veut-elle pas se cicatriser ? Serais-tu devenu pour moi un ruisseau trompeur aux eaux peu rassurantes ? »

Jérémie se lamente devant le Seigneur des difficultés de son travail de prophète, il n'en peut plus, il est souvent tenté par le découragement et il lui arrive régulièrement de vouloir abandonner sa mission. Il souffre et il est malheureux. À plusieurs reprises dans sa vie, Jérémie a traversé de sérieuses crises de vocation : «Trop c'est trop ! Je suis fatigué de travailler pour toi. Pourtant tu sais comme je me suis donné à toi dans l'enthousiasme, combien ta parole ravissait mon cœur ! Pourtant faut-il que ceux qui se donnent à toi en arrachent autant que ça ? N'est-ce pas assez de tout quitter pour toi ? Pourquoi faut-il en plus endurer des persécutions ? » C’est là une prière qui nous ressemble…

Ce n'est pas pour rien que l'on parle parfois de quelqu'un qui se plaint qu'il dit des « jérémiades ». En fait, la lamentation de Jérémie est une très belle prière. Elle n'a rien d'une imprécation blasphématoire. Elle est le cri du cœur d'un serviteur de Dieu qui en arrache et qui le dit haut et fort au Seigneur. Jérémie, au fond de son cœur, aime le Seigneur; aime sa Parole; et il aime également les gens à qui il est envoyé. Mais il souffre du travail qu'il a à accomplir; des insultes et des injures de ses proches; des troubles de toutes sortes qu'ils lui font subir.

Jérémie a su mieux que personne exprimer la souffrance de son peuple. Il rend justice à son peuple et prend conscience qu’il a su dans ces heures particulièrement tragiques, redonner espoir à son peuple… Dans 31, 31-34 il annonce la promesse d’une nouvelle alliance. Comme Jésus, Jérémie n’a pas reçu de Dieu une mission facile (quasi impossible…). Quiconque s'est le moindrement donné au Seigneur sait de quoi Jérémie parle. Et il entre très vite en empathie et en sympathie avec lui …

Avant de regarder Jésus, ouvrons une parenthèse pour nous rappeler la réalité de la persécution au début de l’Église primitive; et le martyr a connu une place importante.

Au moment de la rédaction finale des évangiles, l'Église primitive était déjà entrée dans une phase de persécution sanglante où il fallait soutenir la foi et le courage des premiers chrétiens. Cette situation explique l'importance accordée à la béatitude de la persécution, qui est aussi celle du martyr… c'est ce qui explique que celle-ci est plus développée que les autres persécutions…

Cette béatitude des persécutés, proclamée par Jésus il l’a vécue tout au long de sa vie publique et dans sa Passion : l'inimaginable agonie au jardin de Gethsémani, agonie non pas de maladie mais d'angoisse devant les affres de la mort au péché du monde, à tel point que des gouttes de sang ont perlé sur le front du Fils de Dieu ! Mais peut-être davantage encore quand il dit à son Père « que ce calice s’éloigne de moi », prière qui exprime cette douleur du cœur : - d'être abandonné de ses amis; - trahi par l'un des siens; - arrêté comme un voleur au Mont des Oliviers; - et plus encore que la douleur des coups de fouet, cette humiliation d'être mis à nu, par des soldats ivres, pour être flagellé; - humiliation de la dérision d'être déguisé en roi (fête des fous) Cf : Notre-Dame de Paris; - humiliation sur le chemin du Golgotha, d'être conspué, hué; - avant d'être cloué sur le gibet de la croix, entre deux malfaiteurs.

Cette béatitude des persécutés, Jésus n'avait pas attendu les derniers jours de sa vie pour la vivre, il la vivait depuis longtemps, tout au long de ces jours où les grands prêtres, scribes et pharisiens, n'arrêtaient pas de le narguer en lui tendant des pièges.


LES PERSÉCUTÉS À CAUSE DE JÉSUS

La dernière béatitude s’adresse effectivement à des personnes qui auront à subir l’outrage, la persécution, la calomnie; qui rencontreront la haine et l’exclusion, qui seront rejeté à cause du nom de Jésus. Et c’est précisément par là que leur sort, semblable à celui qu’ont connu les prophètes autrefois, sera le gage d’une récompense merveilleuse dont la perspective doit les réjouir…. Tout cela : À CAUSE DE MOI … Cette béatitude fait référence aux insultes, aux persécutions, aux calomnies infligées et endurées à cause de Jésus Christ, à cause de l’attachement à Lui. Faisons attention aux pseudo-martyrs, aux personnes qui se croient facilement victimes et qui se classent dans cette catégorie de souffre-douleur. (On sait bien c’est parce que c’est moi…).

Il nous faut prendre conscience que toute persécution ou souffrance ne relève pas nécessairement de l’attachement à Jésus Christ. Par exemple, il peut arriver parfois que, dans un excès de zèle, je ne me mêle pas de mes affaires… Que je me fasse remettre à ma place … Il ne faut pas que je pense que cette rebuffade est une insulte relevant de mon attachement au Seigneur… Ce n’est pas à cause de lui que j’essuie telle réprimande, mais à cause de mon manque de jugement. Qu’une personne me rejette parce que je me suis insinué dans sa vie privée n’a rien à voir avec ma marche à la suite de Jésus. Cette personne m’a repoussée à cause de mon indiscrétion.

Il faut savoir défricher, dans la vérité, ce qui m’appartient (personnalité, tempérament, entêtement, mesquinerie, orgueil, opinion personnelle etc.), et ce qui revient à mon engagement à la suite de Jésus. Il ne faut pas non plus, classer trop vite dans cette catégorie « à cause de Jésus » toutes nos petites persécutions, … parfois je cours après.

IL y a les autres persécutions, plus petites, plus subtiles qui nous rejoignent souvent dans le quotidien de notre vie, au jour le jour. Telle personne passe pour une grande naïve parce qu'elle se dévoue pour les autres; telle autre est critiquée dans son enseignement et dans sa pratique de l'Évangile… Telle autre passe pour une « Sainte Nitouche » parce qu'elle ne bavarde pas sur le dos des autres… Souvent nos critères d’évaluation ne sont pas objectifs. La jalousie est elle aussi une grande persécutrice : telle personne ne supporte pas que telle autre fasse plus de bien qu'elle ou différemment d'elle. Et alors elle met tout en œuvre pour la jeter à terre, l'écraser, la dévaloriser : rires, commérages, médisances, calomnies, injures, insultes, étiquetages…indiscrétion…malade de dire la nouvelle, etc. Les racontars sur le dos des autres et surtout dans leur dos, les incompréhensions, les interprétations, (Elle se prend pour une autre … elle veut se faire voir…), le bavardage chronique, les jugements sur les gens, les préjugés entretenus, sont autant de petits coups d'épingle qui finissent souvent par anesthésier, endormir les meilleurs enthousiasmes, et éteint, diminue les plus beaux élans apostoliques. Le pire, c'est que tout cela vient souvent de frères ou de sœurs dans la foi, de compagnes de travail pastoral ou missionnaire… Au lieu d'allumer les individus, ils les éteignent… les coups d'épingle religieusement donnés… pour ne pas dire malicieusement donnés…. On aime grafigner…

Quand on voue sa vie ou une grande partie de sa vie à défendre les sans-voix, les sans-travail, les sans-logis, les sans-défense, les sans-réputation, les sans-pouvoir, on n'est pas toujours compris notamment des gens qui ont une voix, un travail, un logis, une défense, une réputation, du pouvoir… et qu'on dérange ! On fait l'objet de toutes sortes de commentaires : « c'est une illuminé, elle va revenir sur terre, elle croit sauver le monde ...» Il est difficile de continuer à servir les petits quand on fait sans cesse rire de soi, quand on n'est pas compris... Sommes-nous « supporteurs » des engagements des autres… Ne ligotons pas les autres dans leurs élans… ne soyons pas des éteignoirs… ou bien on fait toutes sortes de suppositions… on catalogue. Nous ne sommes douées pour répondre à tous les besoins mais d’autres le sont….

Le persécuté ne souffre pas seulement d’un manque qui vient de l’extérieur, mais du dépouillement de soi-même dont il est l’objet. La personne qui persécute en maltraitant, torturant, martyrisant (physiquement ou moralement) atteint l’autre dans la substance même de son être, de son moi profond. Elle vise à faire de l’autre une loque humaine, une victime résignée, terrorisée qui n’en peut plus. Ne pas donner à l’autre le pouvoir de me jeter en terre…

Les persécutions que nous avons à subir peuvent être aujourd'hui plus subtiles que celle du sang versé. Toutes les formes d'affliction que nous devons endurer pour rester fidèles à ses convictions, à ses options, jusqu'à l'incompréhension, sont des morts à nous-mêmes pour ressusciter. La lumière pascale qui éclaire cette béatitude lui donne toute sa modernité, son actualité, non seulement pour les chrétiens persécutés dans les pays de dictature, mais pour nous-mêmes. Si nous n'avons pas d'ennemis de la foi, c'est peut-être que nous sommes de tièdes témoins des exigences de l'Évangile qui nous entraîne à prendre la croix. Ce langage est dur : qui peut l'entendre ?

Connaissons-nous la risée à cause de nos choix… à cause de notre foi…

(Mt 16,24-25) « Jésus disait à ses disciples: Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il renonce à lui-même et prenne sa croix, et qu'il me suive. En effet quiconque veut sauver sa vie, la perdra; mais quiconque perd sa vie à cause de moi, la sauvera ».

(Jn 15, 19-21) « Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi; s'ils ont obéi à ma parole, ils obéiront à la vôtre aussi. Mais ils vous feront tout cela à cause de moi, parce qu'ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé »

Rappelons-nous ce que nous avons dit tantôt au sujet de Jésus persécuté pour la Justice … nous avons à prendre ses attitudes quand nous sommes persécutés à cause de Lui. La persécution c'est le lot de ceux et celles qui marchent à la suite du Christ. Les souffrances, les larmes et le sang des martyrs provoquent de nouvelles moissons. La Résurrection passe par la mort et cela depuis que Jésus est venu. « Il faut mourir pour vivre » chantons-nous…. La tentation est grande alors de faire… comme Jérémie ? D'abord de se lamenter au Seigneur: c'est injuste, moi qui t'ai donnée ma vie … pourquoi me traiter ainsi ? Ensuite de vouloir tout abandonner. En tout cas, le risque de ne pas pouvoir ou de ne pas vouloir continuer longtemps à ce régime est bien réel !

Et pourtant le Seigneur n'hésite pas à promettre le bonheur aux persécutés « Heureux les persécutés pour la justice ». Heureux les persécutés à cause de moi. Comment Jésus peut-il promettre le bonheur à ceux qui souffrent la persécution ? C'est un non-sens, ce n'est pas évident, loin de là ! Car le bonheur n'est pas dans le fait de souffrir la persécution, c'est clair ! Il faut lire la béatitude jusqu'au bout ; « car le Royaume est à eux » (Espérance). Cette affirmation de Jésus est soutien important pour les personnes qui luttent quotidiennement pour la justice et qui sont persécutées, elle est une source d'espérance et de motivation au cœur de leurs épreuves.


CONCLUSION

S'engager à la suite du Christ pour proclamer, faire respecter et faire vivre son évangile au milieu des persécutions et malgré elles, en être heureux et en éprouver de la joie, cela suppose en effet qu'on soit soutenu par le Christ en cours de route et aussi par d'autres disciples du Christ qui sont, aussi, « fous de Lui ». Cela suppose également d'être porté par une espérance invincible, très grande : « le Royaume sera notre partage ». C'est cela qui est la plongée dans la foi au Seigneur et dans l'espérance quotidienne en son soutien. Cette ultime béatitude renvoie au Bienheureux fondamental par lequel le Christ inaugure sa vie publique

Heureux toi qui es persécuté ! Si tu cherches à vivre ces Béatitudes, inévitablement, tu as auras des ennuis, parce que ton idéal est dangereux. Il met en cause des égoïsmes bien installés. À ma suite, dit Jésus, vis les sans compromissions, tu sentiras une forte paix envahir ton cœur.

Vous êtes bienheureux parce que vous êtes entrés dans la logique de Dieu.
Vous n'avez pas répondu à celui qui vous frappait en frappant plus fort.
Vous n'avez pas répondu au mal par le mal, mais vous avez pardonné.
Vous avez aimé vos ennemis.
Vous avez prié pour ceux qui disent du mal de vous.

PLUS FORT QUE LA MORT…

Je crois au Dieu de la Vie…
Malgré les peines et les souffrances,
Il suscite l’espérance.

Malgré les persécutions et les peurs
Il conduit à la liberté.

Je crois au Dieu de la vie…
Il donne sens à notre vie.
Malgré la mort qui est en nous
Et autour de nous,
Il nous fait ressusciter à chaque jour
À cause du Christ qui meurt et vit pour nous.


TEMPS D’INTÉGRATION


Je prends le temps de relever des événements survenus dans ma vie où j’ai été faussement accusé en raison de mon attachement aux valeurs évangéliques.

Je revois des événements où j’ai été ridiculisé à cause de ma foi. Quelle a été ma réaction profonde ?

Quelle a été ma réaction première quand j’ai été remis à ma place à cause de mon indiscrétion, de mon orgueil, etc. ?

Ai-je été, à l’occasion, assez habile à distribuer quelques « petits coups d’épingle religieusement donnés » ? Je les nomme…




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Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies Empty Re: Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies

Message par Invité Lun 10 Juin 2013 - 20:46

L’homme et la femme des béatitudes

Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies Final_10


Introduction

En regardant les mains avez-vous trouvé votre béatitude … celle que vous vivez… celle qui est facile pour vous ? Avez-vous trouvé la béatitude avec laquelle vous avez de la difficulté à vivre ? Jésus travaille à partir de ce que je suis parce qu’Il m’aime telle que je suis en ce moment-ci de mon histoire.

Tout au long de notre retraite, nous avons contemplé l’Homme des Béatitudes, c’est à notre tour de devenir homme et femme des Béatitudes avec bien sûr mon accent personnel, avec ma couleur personnelle pour devenir UN AUTRE JÉSUS EN LA TERRE.

Au terme de cette retraite, nous avons sûrement pris conscience que chaque béatitude de Matthieu a un sens et une portée qui lui est propre; toutefois elles ne peuvent pas être séparées. Les Béatitudes, loin d’être un point d’arrivée, sont un signal de départ, une mise en route (une attitude du pèlerin). Cet enseignement de Jésus est un appel à la transformation du cœur, de mon propre cœur et par le fait même le monde sera transformé. C’est la Parole de Dieu d’abord et notre témoignage qui changent les autres, c’est une grâce à demander, mon désir rejoint le cœur de Dieu et c’est Lui qui agit et qui convertit.

La personne qui s'engage profondément dans la pratique de l'une des Béatitudes s'ouvre par le fait même à la grâce et aux exigences des autres. Le programme des Béatitudes n'est pas un programme de lois qui s'imposent immédiatement et entièrement mais plutôt la rencontre d'une personne, d’un Amour qui s’appelle Jésus Christ, qui est le Chemin, la Vérité, la Vie. C’est Lui qui est le chemin pour vivre heureux et heureuse dans nos relations avec Dieu, avec les autres et dans des situations difficiles. Vous savez qu’au début le christianisme portait le nom de CHEMIN.

On entre progressivement dans le programme des Béatitudes, après ce temps de retraite, on va continuer notre petit bonhomme de chemin, mais intérieurement il faut croire que quelque chose à changer. Nous sortons différents d’une retraite, comme nous sortons différents de la prière quotidienne, de chaque rencontre avec Jésus Christ. L’Esprit agit à notre insu, j’en suis convaincue, mais la réalisation est une oeuvre, toujours inachevée, c’est le travail de la vie entière. Comme des lumières qui brillent et guident dans les ténèbres, les Béatitudes sont des chemins d'espérance pour l'humanité. Les Béatitudes brillent comme un diamant à huit facettes, comme ces portes de pierres précieuses, dont parle le dernier chapitre (21) de l'Apocalypse, qui ouvrent l'accès à la Jérusalem céleste.

À cause le la rencontre avec le Seigneur des Béatitudes, nous sommes invitées à devenir plus évangéliques dans nos attitudes, nos actions, nos comportements, ainsi nous sommes d’autres Jésus en la terre. Toutefois, ces appels porteurs d’exigences sont liés à la promesse du don eschatologique du Royaume, énoncée dans la deuxième partie de chaque béatitude. Ainsi, la dimension morale (attitude) et la dimension spirituelle ne vont pas sans la dimension eschatologique (du monde à venir) qui la sous-tend. Les Béatitudes posent donc les conditions du bonheur pour le temps présent et d'espérance d'un bonheur à venir (eschatologique).


Un programme de vie

L'ensemble des Béatitudes de Matthieu est un programme de vie proposé aux disciples de Jésus qui désirent aller plus loin dans leur cheminement de foi et qui désirent se faire évangéliser par les Béatitudes données par Jésus Christ; qui veulent faire baptiser leurs attitudes, leurs actions humaines et se laissent rejoindre par Lui. Si vous avez remarqué dans les Béatitudes on ne trouve :

- que peu de « religion », pas de liste de choses à faire…;
- pas de réglementation touchant le culte ou l'organisation hiérarchique;
- pas d'allusion au poids de la volonté divine;
- pas de mention de la prière (des exercices, des vœux, de la vie communautaire).

Ces absences vous ont peut-être paru étranges ? Tout est dans les Béatitudes. Si on se reconnaît "pauvre d'esprit", on sent un urgent besoin de prier. Le pauvre sait toujours pourquoi il prie. Ma rencontre avec Jésus dans la prière m'amène à vouloir vivre à sa manière, à lui ressembler, à être un autre Jésus en la terre, en vivant cohérente avec notre option de vie à vivre la pauvreté avec un cœur libre, détaché, capable d’évaluer mes vrais besoins; réviser mes motivations (pur de cœur); à vivre le célibat consacré pour le royaume avec authenticité; l’obéissance dans mon désir de vivre ajusté à Dieu qui demande un discernement et non une obéissance aveugle.

La vie communautaire a tout un programme tracé dans les Béatitudes. Il serait dangereux de séparer les béatitudes l'une de l'autre. Il serait tout autant dangereux de les séparer du reste de l'Évangile. LES BÉATITUDES sont toutes entières et chacune ÉVANGILE. Après la retraite les Béatitudes vont dormir tranquille, ramasser la poussière ou je vais dire c’était bien beau ou je vais reprendre les feuillets. Les Béatitudes sont porteuses de tous les messages évangéliques. Librement, gracieusement, Dieu s'approche des êtres humains. L'absolue gratuité du Royaume voilà ce que célèbrent les Béatitudes. Je ne mérite rien, tout est don de Dieu (Mirabel : Marie Marois…)

Le bonheur dans l'Évangile ne s'exprime pas de façon extraordinaire. Les personnes qui croient au Christ des Béatitudes sont des hommes et des femmes comme les autres. Elles partagent les conditions communes de vie. Comme tout le monde, elles ne sont pas à l'abri des faux jugements, des médisances, des mensonges. Elles ne sont pas à l’abri du péché : se détourner de Dieu pour se tourner vers soi.

Oui, il y a un bonheur à vivre l'Évangile car les Béatitudes ne dissimulent pas le mal qui empoisonne la création, ni les malheurs qui affectent les personnes humaines. Elles n'expliquent pas pourquoi l'oeuvre d'un Dieu si bon est ainsi infestée. Elles laissent l'énigme en suspens. Rappelons-nous Les Béatitudes révèlent un Dieu de tendresse.

Quand Matthieu a écrit les Béatitudes, il avait vécu le mystère pascal, donc il pouvait proclamer la promesse. Ceux et celles qui écoutent Jésus, qui marchent à sa suite n'ont pas nécessairement à fuir le monde, à mépriser les biens, les plaisirs et les jouissances de la généreuse création, mais ils ne cesseront pas d'être heureux si ces biens leur sont arrachés.

Écouter la parole, sans la mettre en pratique, c'est fausser la relation à Dieu. « Heureux… ceux et celles qui la mettent en pratique » qui agissent … qui désirent faire des efforts. L'intériorité qui se complaît en elle-même, (rester à la chapelle, au lieu d’aller aider…) la contemplation ne dispense pas de l'engagement : voilà ce qui heurte l'idéal évangélique. Jésus a deux mouvements : L’équilibre de la vie apostolique enseigné et vécu par Jésus; contempler son Père; et son Père le renvoie à ses frères et sœurs. Jésus dénonce ceux qui disent et ne font pas. (Mt 7,21) « Ce n'est pas en disant Seigneur, Seigneur, qu'on entrera dans le Royaume des Cieux ».

Dans l’Évangile, il est toujours question de mouvement, d'action, de passage, de transformation. Les Béatitudes ne sont pas statiques... vous entrerez dans le Royaume qui vous appartient. De votre malheur apparent vous êtes transportés dans une béatitude réelle. Vous êtes à présent malmenés, (en vérité, pas dans votre imagination) vous serez un jour récompensés.

Le langage des Béatitudes est celui d'un Dieu qui vient, qui fait marcher, qui revivifie. Chaque béatitude est une force qui transforme la vie; qui reprend les espoirs abandonnés pour forger une espérance neuve; qui opère une trouée dans le mur le plus résistant.

Le peuple des Béatitudes « est le même aujourd'hui et il le sera à jamais » (He. l3, Cool. Mais la sainteté de l'homme, de la femme des Béatitudes s'accorde aux exigences du moment présent : vivre notre temps, ne pas le bouder, ne pas pleurer le passé, le regretter, mauvaise manie qui fait oublier la richesse du moment présent, mais il faut demeurer vigilante.


Un type nouveau de sainteté et de bonheur

Au cours des âges, la sainteté revêt des formes très différentes. Identique en sa substance, la sainteté présente de multiples visages, à la mesure même où elle entend l'appel d'une époque et s'adapte à ses besoins.

Un type nouveau de sainteté, écrit Simone Weil, c'est un jaillissement, une invention, une création. Il y faut plus de génie pour inventer un type nouveau de sainteté qu'il n'en a fallu à Archimède pour inventer la mécanique et la physique. La sainteté, adaptée à notre vie d’aujourd’hui, c'est une demande à faire à Dieu tous les jours, à toute heure, comme un enfant affamé demande toujours du pain. Cette sainteté nouvelle s'engendre au fond des cœurs, elle réclame le don total à Dieu et au prochain, elle réclame des intelligences et des volontés humaines, elle naît de la vie et de l'amour de Dieu, de la vie répondant à l'amour de Dieu (Fêtes et Saisons)

L’Amour appelle l’amour… Par les Béatitudes, Jésus m'invite à réviser mon échelle de valeurs, à me poser les vraies, les bonnes questions. Le bonheur se trouve souvent ailleurs que là où la vie m'amène d'habitude à le chercher. (Lecture de l’événement). Ne m'arrive-t-il pas de rêver d'un bonheur au rabais, alors que Lui, Jésus, m'invite à un bonheur plus intense et durable, en vivant comme fille du Père, en partageant mon expérience, en me conformant à ses sentiments et à ses actions ? Il vient me redire que, si je porte la paix, la miséricorde, le pardon, la justice, je suis heureuse parce que je suis semblable à Lui.

Chaque fois qu'un vrai disciple de l'Évangile surgit au milieu de nous, il apparaît « contagieux » et efficace (le témoignage). En me voyant les personnes ont-elles le goût de l’Évangile, de la vie religieuse ? L'amour se réveille chaque fois que se dresse, au nom du Christ un certain type d'homme, de femme qui sont de vrais témoins du Christ des Béatitudes ?

Cet homme, cette femme des BÉATITUDES c'est le témoin authentique du peuple des Béatitudes, peuple né de l'Évangile et qui croît (qui grandit) à travers les siècles. Il a décidé de prendre l'esprit des paroles de Jésus. Il a été frappé en plein cœur par le précepte que le Seigneur a nommé lui-même son commandement nouveau.

D'une façon inattendue, stupéfiante, le Christ enseigne la priorité du service d'autrui. Il est évident que le précepte de l'amour de Dieu reste premier. C’est à cause de cet amour que l’on devient homme ou femme des Béatitudes… la femme de service qui porte le tablier… . Pour accueillir cet appel à être une personne nouvelle, qu'est l'homme, la femme des Béatitudes, il faut nous livrer à un retournement dont on ne soulignera jamais assez la portée révolutionnaire (monde à l'envers).

Jésus ne demande pas simplement que l'on s'améliore, il nous demande une conversion radicale qui oblige à renaître, qui oblige à changer, à se transfigurer comme François d'Assise qui a trouvé le Christ, qui a changé sa vie en prenant un chemin de rupture qui l’a conduit à la petite église de St Damien. Son regard est devenu tout autre, et son existence quotidienne s'est mise en accord avec ce regard, avec cette vision toute neuve des êtres et des choses. Laisse-toi regarder par le Christ car il t’aime…

Nous n'obéissons pas aux Béatitudes ni au Sermon sur la montagne comme à un ensemble de préceptes qui nous dicteraient, de l'extérieur, des attitudes chrétiennes. NON. Nous imitons quelqu'un, le Christ des Béatitudes. Nous cherchons à lui ressembler, à le former en nous, à le faire vivre et à le faire régner en nous. Or cette ressemblance, cette formation, il la réalise peu à peu en nous et parce qu'elle est de l'ordre de la vie, elle nous marque chaque fois tout entier. Jusqu'au dernier jour nous connaîtrons des réticences, des ratés dans nos attitudes, des craintes dans des activités qui nous effraient plus que les autres, mais Dieu est fidèle; il nous mène là où nous souhaitons aller, là aussi où nous avons peur d'aller.

Dans les textes des Béatitudes, Jésus décrit les traits de son propre visage pour qu’à notre tour nous vivions du bonheur promis aux pauvres, aux affligés, aux miséricordieux, aux affamés et assoiffés de justice, aux cœurs purs, aux doux, aux artisans de paix, à ceux et celles qui souffrent pour la justice. Une chose essentielle à retenir : c’est Lui, le christ le premier qui a vécu les Béatitudes.

Le bonheur promis par les Béatitudes est dès maintenant à porter de main. Aux pauvres en esprit, Jésus n'a point parlé d'une bénédiction divine qui ne porterait ses fruits que dans l'au-delà, (Mt 5, 3) « Le Royaume des cieux est à eux » dit-il...

La vie éternelle commence. Pour une part, les promesses sont tenues. Devant ceux et celles qui aiment, s'ouvrent les portes de la joie. Ce que le monde ne peut pas, et ne pourra jamais nous donner, c'est la formidable réalité qui délivre les hommes, les femmes, en les faisant communier au bonheur même de Dieu ce que le Christ annonce et offre en partage. On peut déjà le lire ce bonheur, sur certains visages, reflet d'un trésor possédé à l'intime du cœur... car n'oublions pas que les Béatitudes sont une proclamation de bonheur, une promesse d'espérance. Sur cette même colline des Béatitudes Jésus a promis : « Et voici que moi je vais être avec vous, toujours jusqu'à la fin du monde... ».

L'homme, la femme des Béatitudes continue et achève la vie de Jésus et il peut dire après St Paul : « Je vis, non, ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus Christ qui vit en moi... ».


CONCLUSION

La visite guidée s'achève, mais l'excursion n'est pas terminée. Au contraire, elle ne fait que commencer. Après une retraite on dit : « c'était dont bien beau » (verbe au passé). C’est le temps, il faut agir, passer de la parole aux actes. C’est toujours l'après retraite qui est difficile car c'est là que ça commence. L'Homme, la femme des Béatitudes prend la route, la vraie route après avoir entendu l'appel de Jésus à marcher sur cette route des Béatitudes.

À nouveau ce matin retentit l'invitation de Jésus « Viens, suis-moi » « Lève-toi et marche ». Le modèle à suivre : JÉSUS. Que ferait Jésus s'il était à ma place ? Pour le disciple il suffit d'être comme son maître. Aussi bien le rappeler clairement : Cette route des Béatitudes mène au Golgotha, mais rappelons-nous ce que le Christ a dit à St Paul « Ma grâce te suffit ». Si nous voulons vérifier si nous sommes homme ou femme des Béatitudes, écoutons Jésus redire à chacun, chacune :

Tu es en marche…
Si tu es conscient de ce qu'il faut changer dans ta vie,
si tu reconnais ta misère, ton erreur, ton péché,
si tu es affligé par les travers de ton cœur.
Marche, avance, car tu as un cœur de pauvre
et le ciel est à toi.

Tu es en marche…
Si tu es attentif à ma parole,
si tu t'efforces de vivre mon Évangile,
de respecter les engagements de ton baptême,
de ta vie religieuse, de ton sacerdoce.
Marche, avance car tu as faim et soif de justice,
faim et soif de sainteté et tu seras sauvé.

Tu es en marche…
Si tu es transparent, si tes pensées et tes actions s'harmonisent,
si tu es vraie avec toi et les autres.
Marche, avance parce que tu es pur quant au cœur
et tu verras Dieu.

Tu es en marche…
Si tu travailles à la transformation de ton tempérament violent,
si tu te laisses adoucir au contact des événements que tu traverses
et des personnes que tu rencontres.
Marche, avance car tu deviens doux
et tu hériteras de la terre promise,

Tu es en marche…
Si tu décides de pardonner plutôt que d'engager la guerre,
si tu déracines de ton cœur la rancune, la violence,
si tu te fais proche, si tu deviens compatissant.
Marche, avance car tu deviens miséricordieux
et Dieu se laissera attendrir le cœur pour toi.

Tu es en marche…
Si tu apprends à faire confiance à l'autre,
si tu deviens agent d'harmonie dans ton milieu,
si tu as tendance à découvrir le bien en l'autre.
Marche, avance car tu es un bâtisseur de paix,
tu favorises le plein de Vie
et Dieu te reconnaîtra comme son enfant.

Tu es en marche…
Si tu te fais proche de ceux et celles qui souffrent,
si tu apportes réconfort et consolation
aux personnes qui vivent un deuil.
Marche, avance car Dieu te réconfortera
et te consolera au milieu de tes épreuves.

Tu es en marche…
Si tu acceptes de mourir à toi-même quotidiennement
pour t'ajuster à la Parole de Dieu,
si tu hérites du sort même de Jésus persécuté
pour sa fidélité à la volonté du Père.
Marche, avance car le Royaume des cieux t'est réservé.

Tu es en marche…
Si tu continues d'afficher ta foi et de la vivre
parce que tu crois sincèrement que tu mérites qu'on se fie à moi
en raison des preuves de mon amour pour toi.
Marche, avance car une récompense superbe t'attend dans les cieux.


Jésus évidemment est l'Homme des Béatitudes. Marie aussi a été la Femme des Béatitudes.

– Pauvre de cœur : ouverte à Dieu, ajustée à Dieu… « Je suis la servante du Seigneur »;
– À chaque jour, Marie dépliait son « oui », s’ajustait à la volonté de Dieu;
– On voit Marie douce, tolérante, pure, transparente, authentique, vraie;
– Miséricordieuse elle porte la misère des autres, à Cana elle est prise aux entrailles « Ils n'ont plus de vin »;
– Pardonne aux malfaiteurs;
– Affligée aux pieds de la croix, elle est debout Stabat Mater Dolorosa;
– Persécutée de la persécution même de son Fils.

Avec Jésus, avec Marie, continuons de marcher, d’avancer sur la route des Béatitudes pour devenir à notre tour : HOMME, FEMME DES BÉATIUDES et rappelons-nous toujours que les Béatitudes, c'est comme les ingrédients d'une recette : « Un PEU plus… que moins ».

Mon souhait : Que le bonheur des Béatitudes demeure en vous jour après jour ainsi vous porterez beaucoup de fruits…


TEMPS D'INTÉGRATION


À la fin de ce parcours de foi, L’HOMME DES BÉATITUDES m’invite à vivre à « sa manière » en prenant le chemin des Béatitudes…


Quelle Béatitude est la mienne ?

Une retraite c’est un temps de grâce…quelle est la grâce de cette retraite ?

AU SEIGNEUR DES BÉATITUDES

Heureux les pauvres de cœur !
Oui, heureux es-tu, Seigneur Jésus,
Car c’est toi le seul Pauvre
Au milieu de tes sœurs et frères.
Enrichis-nous de la pauvreté du cœur
Et donne-nous ton Royaume

Heureux les doux !
Oui, heureux es-tu, Seigneur Jésus,
Car c’est toi seul qui es vraiment
Doux et humble de cœur.
Rends notre cœur semblable au tien
Et fais-nous entrer
Dans la vraie Terre Promise.

Heureux les affligés !
Oui, heureux es-tu, Seigneur Jésus,
Car c’est toi qui fus affligé
Jusqu’à la mort sur la croix.
Donne-nous de partager
Les larmes de notre sœur, de notre frère
Et sois-toi même notre consolation.

Heureux ceux qui ont faim !
Oui, heureux es-tu, Seigneur Jésus,
Car c’est toi seul le vrai affamé
De totale et divine justice.
Donne-nous de partager
Le pain de l’amour avec nos sœurs et frères,
Et rassasie-nous de ta beauté.

Heureux les miséricordieux !
Oui, heureux es-tu, Seigneur Jésus
Car c’est toi seul le vrai miséricordieux.
Donne-nous un cœur de tendresse
À l’égard de nos sœurs et de nos frères,
Et comble-nous de ta miséricorde
Au Jour de ton amour.

Heureux les cœurs purs !
Oui, heureux es-tu, Seigneur Jésus,
Car c’est toi seul le vrai cœur pur.
Mets ta lumière en nos yeux
Et révèle-nous ton Père.

Heureux les artisans de paix !
Oui, heureux es-tu, Seigneur Jésus,
Car c’est toi seul le vrai artisan de paix.
Renverse les barrières de la haine,
Réconcilie le ciel avec la terre
Et fais de nous des enfants du Dieu de la paix.

Heureux les persécutés pour la justice !
Oui, heureux es-tu, Seigneur Jésus,
Car tu souffris pleine persécution
Pour la justice selon l’Évangile.
Rends-nous forts dans les persécutions
Que nous avons à subir pour ton amour
Et donne-nous ton Royaume



Les Béatitudes Au Centre De Nos Vies Marsan10

Sr Lise Marsan, ss.cc.j.m.

Source : http://www.ssccjm.org/spiritualite


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