SAINT JEAN EUDES (1601-1680)
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SAINT JEAN EUDES (1601-1680)
SAINT JEAN EUDES : L’HOMME
1-Saint Jean Eudes et la Croix
On ne peut comprendre l’homme que fut saint Jean Eudes si on oublie que la Croix fut son partage presque continuel. Il désirait s’anéantir en Dieu, c’est-à-dire recevoir des humiliations pour devenir conforme au Christ : il fut servi! Les calomnies se firent souvent si pesantes, si virulentes, si abjectes, que parfois, selon M. Costil, même ses meilleurs et plus fidèles amis “rougissaient de honte quand on parlait de lui et n’osaient prendre son parti, quoiqu’ils fussent très persuadés de son innocence.”
La Croix domine la vie de saint Jean Eudes : douleurs physiques, douleurs morales, épreuves de toutes sortes qui s’abattaient contre ses œuvres. Sa Congrégation fut persécutée, l’Ordre de Notre-Dame de Charité connut des difficultés insensées. Même son apostolat en faveur des Sacrés-Cœurs fut odieusement déformé et combattu par ses ennemis. Mais Jean Eudes supportait tout, car pour lui “la Croix que Notre Seigneur a tant aimée était un grand trésor, et sa sainte Mère et tous les saints l’ont embrassée et portée avec affection.”
Jean Eudes ne s’étonne pas que des milliers de martyrs aient donné leur vie pour Jésus-Christ. Il écrit : “Je ne m’étonne pas si les saints martyrs et tous ceux à qui Jésus a fait connaître et sentir les ardeurs de ce divin amour qui l’a attaché à une croix, ont une soif si ardente et un désir si enflammé de souffrir et de mourir pour lui... Je ne m’étonne pas si plusieurs ont souffert des tourments si atroces, et avec tant de contentement et de joie que les bourreaux étaient plutôt lassés de les tourmenter qu’eux d’endurer... Mais je m’étonne de nous voir maintenant si froids en amour d’un si aimable Sauveur, si lâches à souffrir les moindres choses, si attachés à une vie si misérable et chétive, telle qu’est la vie de la terre, et si éloignés de la vouloir sacrifier pour lui qui a sacrifié une vie si digne et si précieuse pour nous...”
Rempli de cette pensée, Jean Eudes s’était engagé, par vœu, à endurer le martyre, physique ou moral, si l’occasion s’en présentait. Dieu le prit au mot et sa vie devint un incessant martyre. On a retrouvé dans ses papiers, après sa mort, une protestation écrite de sa main avec son sang :
“Ô mon Seigneur Jésus, j’adore cet amour infini par lequel vous vous êtes sacrifié et anéanti vous-même pour détruire le péché et sauver toutes les âmes, et pour faire régner votre Père dans tous les cœurs, dont je vous rends grâces infinies. Et en union de ce même amour, je me donne à vous, mon Sauveur, de tout mon grand cœur, c’est-à-dire de tout votre cœur qui est le mien, pour être écrasé et anéanti entièrement et pour jamais, si tel est votre bon plaisir, et pour souffrir tout ce qu’il vous plaira...”
Dans une autre protestation écrite la même année, on peut lire aussi : “... Je vous supplie seulement de m’accorder une grâce qui est que le désir que j’ai de vous louer et aimer éternellement ne soit point anéanti, mais qu’il subsiste et demeure toujours devant vous pour vous rendre des louanges immortelles et pour vous protester sans cesse et à jamais que je vous aime de tout mon cœur, qui n’est autre que le vôtre que vous m’avez donné en vous donnant vous-même à moi tant et tant de fois...”
2-La vie de piété de saint Jean Eudes.
2-1-Sa dévotion à Jésus
Jésus était devenu l’unique objet des pensées de Jean Eudes Cette habitude, il l’avait acquise à l’école de Bérulle, l’apôtre du Verbe incarné. Il priait souvent en ces termes :
“Venez, ô Seigneur Jésus, venez en moi pour y vivre et régner pleinement, pour vous y aimer et glorifier dignement, pour y accomplir tous les desseins de votre bonté, pour y consommer l’œuvre de votre gloire et de votre pur amour.”
En effet, le long passage de Jean Eudes à l’Oratoire lui avait appris la nécessité d’avoir les mêmes sentiments que Jésus. En sa qualité de prêtre, il s’associait aux intentions de Jésus: adoration, action de grâce, accomplissement de la volonté de Dieu. En qualité d’Hostie, il s’offrait avec Jésus-Christ comme la victime du sacrifice. Il apportait les mêmes sentiments lorsqu’il priait son bréviaire.
Mais, reconnaissant son impuissance à s’acquitter correctement de toutes ses obligations, Jean Eudes se tournait toujours vers la Sainte Vierge, car, disait-il, “nous ne devons point séparer ce que Dieu a uni si parfaitement. Jésus et Marie sont si étroitement liés ensemble que qui voit Jésus voit Marie, qui aime Jésus aime Marie, qui a dévotion à Jésus a dévotion à Marie; Jésus et Marie sont les deux premiers fondements de la religion chrétienne.”
2-2-Sa dévotion à Marie
Jean Eudes avait également et constamment le nom de Marie sur ses lèvres. Il l’appelait la Mère admirable, la Mère de Miséricorde, la Mère de toute dilection, la Toute Bonne... À dix-huit ans il avait choisi Marie pour son épouse et avait passé un anneau au doigt d’une statue de Marie. Symbole de ses fiançailles mystiques? Durant ses missions il répandait des images de la très sainte Vierge. Il restaurait les chapelles qui avaient été élevées à sa gloire. Partout et constamment il invoquait le nom et la protection de Marie.
3-Les amis de saint Jean Eudes
3-1-La compagnie du Saint-Sacrement
Si Jean Eudes a eu beaucoup d’ennemis, il eut aussi beaucoup d’amis. La liste en est très longue, mais nous ne nous y attarderons pas. Par contre, il serait indécent de passer sous silence ses relations avec la Compagnie du Saint-Sacrement et ses liens avec Marie des Vallées.
La Compagnie du Saint-Sacrement a fonctionné pendant environ trente ans. Elle avait été fondée en 1627 par Henri de Levis, Duc de Ventadour et compta dans son sein quelqu’uns des plus illustres et des plus éminents hommes de bien et représentants de la pieuse société de l’époque: Vincent de Paul, Monsieur Olier, Bossuet, le Prince de Conti, Mr de Bernières, les Séguier, Gaston de Renty qui en assura la direction pendant de longues années, et de nombreux évêques dont Alain de Solminihac, évêque de Cahors, M. de Montmorency-Laval premier évêque du Québec [1]. Le but des fondateurs avait été “d’entreprendre tout le bien possible, d’éloigner tout le mal possible, dans toute l’étendue de la charité.”
Jean Eudes fut membre de cette compagnie, et on peut penser qu’il bénéficia largement, et heureusement, de l’influence considérable dont bénéficiaient ses deux amis très chers: les mystiques normands, Gaston de Renty et Mr de Bernières. On estime que sans la protection de la Compagnie du Saint-Sacrement, la Congrégation de Jésus et de Marie, fondée par saint Jean Eudes, aurait été détruite dès sa naissance.
Jean Eudes était aussi en relation fréquente avec de nombreux couvents: les Hospitalières, les Ursulines, les Visitandines, les Carmélites, les Bénédictines de la Sainte Trinité et les Bénédictines du Saint-Sacrement, fondées par Catherine de Bar, en religion Mère Mechtilde du Saint-Sacrement, qui adopta la dévotion envers les Saints-Cœurs de Jésus et de Marie et s’en fit l’infatigable propagatrice. Il convient d’ajouter ici que Jean Eudes entretint une étroite liaison épistolaire avec la petite et sainte carmélite de Beaune, Marguerite-Marie du Saint-Sacrement.
3-2-Saint Jean Eudes et Marie des Vallées
Il est certainement utile, avant d’aborder plus en détails l’œuvre de Saint Jean Eudes, de jeter un coup d’œil rapide sur les relations qui furent les siennes avec Marie des Vallées, la grande mystique de Coutances. C’est à la demande expresse de l’évêque du lieu que Jean Eudes devint le directeur spirituel de Marie des Vallées. Peu à peu, Jean Eudes, appréciant la sainteté de Marie, et donnant foi aux révélations qu’elle recevait, prit l’habitude de la consulter très fréquemment.
Dans son Mémorial Jean Eudes a écrit: “En cette même année 1641, au mois d’août, Dieu me fit une des plus grandes faveurs que j’aie jamais reçues de son infinie bonté; car ce fut en ce temps que j’eus le bonheur de connaître la sœur Marie des Vallées, par laquelle sa divine Majesté m’a fait un grand nombre de grâces très signalées.
Après Dieu, j’ai l’obligation de cette faveur à la très sainte Vierge Marie, ma très honorée Dame et très chère Mère, dont je ne pourrai jamais assez la remercier. Je vous bénis, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents du siècle. Vous l’avez fait ainsi parce que vous l’avez voulu de la sorte.”
Bien que des personnes au jugement sûr, tels les jésuites Cotton et Saint-Jure, ou Messieurs Bernière et Renty aient eu pour elle une grande admiration,[2] Marie des Vallées était très contestée, calomniée et persécutée par de nombreuses personnes, surtout des jansénistes; et les persécutions qu’elle subissait rejaillissaient inévitablement sur Saint Jean Eudes. Mais jamais le Père Eudes ne se départit de l’amitié qu’il portait à Marie des Vallées, même après la mort de cette dernière.
Chaque fois que ce fut nécessaire, Saint Jean Eudes défendit Marie des Vallées. Les attaques contre Marie était si fréquentes, et parfois d’une si mauvaise foi, que ce fut une croix très lourde pour Saint Jean Eudes.
Une amitié fidèle, même après la mort
Saint Jean Eudes, tout à la fois Père, frère et ami spirituel de Marie des Vallées, le demeurera même après la mort de cette dernière, en dépit des attaques de plus en plus virulentes lancées contre la mémoire de Marie et contre lui-même, et particulièrement de la part des jansénistes, qui se sentaient évidemment menacés par la mission de Marie des Vallées et de Saint Jean Eudes [3].
Après la mort de Marie le 25 février 1656, les controverses s’amplifièrent encore. Jean Eudes écrivit : “On m’écrit de Bourgogne, d’Arnay-le-Duc et de Dijon, que notre très chère sœur y est traitée bien différemment. Il y a des pères jésuites qui la publient et soutiennent comme une grande sainte, et il y a d’autres religieux, les frères de ceux qui l’ont persécutée ici (les oratoriens), lesquels disent partout que c’est une sorcière, et disent merveille aussi contre le Père Eudes, qu’ils croient avoir été son directeur. Je leur ai grande obligation de l’honneur qu’ils me font de me joindre avec elle dans leurs calomnies.”
En 1674, les esprits n’étant pas encore calmés, il y eut une grande Assemblée des évêques de Normandie, à Meulan, près de Pontoise. Cette Assemblée eut à se prononcer au sujet du Père Eudes et de Marie des Vallées. Ce sont, curieusement, les principaux ennemis du Père Eudes qui durent faire le compte rendu de cette Assemblée : “En cette Assemblée provinciale des évêques à Meulan, on a loué le P.Eudes, on a fait son éloge et plusieurs évêques lui ont rendu un témoignage public, qu’il est très orthodoxe et très innocent. On a soutenu publiquement... que le Père Eudes n’a rien écrit que de très orthodoxe, que sa doctrine est très catholique, que l’écrit qu’on a composé contre lui et contre Marie des Vallées n’est rempli que de calomnies... Pas un seul évêque ne le taxa d’imprudence, bien au contraire, tous les prélats qui eurent à examiner sa conduite l’approuvèrent sans restriction et partagèrent l’estime qu’ils professaient pour les vertus de la sœur Marie ainsi que la profonde vénération dont il entourait sa mémoire.”
Est-ce cela qui rendit les ennemis du Père Eudes encore plus virulents contre lui? Comme Marie n’était plus là, est-ce lui qui devait affronter la tempête? Un libelle fut bientôt publié contre lui et ses écrits sur Marie des Vallées, et distribué dans toute la France. Le 16 décembre 1674, il écrit à un ami, M. de Bellefond : “Me voici dans une nouvelle persécution plus sanglante que toutes les autres... J’espère que cette dernière persécution est un dernier effort de l’enfer contre nous. Vous ne sauriez croire combien de sortes de calomnies le démon répand de tous côtés contre moi. Mais au milieu de tout cela je chante de tout mon cœur.”
Comme Saint Paul, Saint Jean Eudes savait exulter de joie au milieu des tribulations...
Pourtant Jean Eudes sentait le poids de ces lourdes croix. Il confia un jour à une religieuse : “Mes petites croix ne seraient rien à des épaules plus fortes que les miennes dont la faiblesse plie souvent sous le fardeau. Priez Dieu que mes humiliations m’aident à obtenir un petit grain d’humilité et continuez aussi vos prières pour mes très chers bienfaiteurs (ses ennemis) auxquels je suis très obligé.”
Lors des études pour la cause de béatification de Jean Eudes, le Père Ange Le Doré écrivit en 1915 : “La direction de la sœur Marie des Vallée causa d’abord au Père Eudes autant de traverses et de mortifications qu’elle lui a fait d’honneur par la suite. Devant les juges romains, la sainteté du vénérable P.Eudes et celle de la sœur Marie furent de nouveau établies et confirmées.[4] ”
4-Les ennemis de saint Jean Eudes
Un moine de l’abbaye Notre-Dame de Barbery-en-Cinglais [5], dont le nom nous est inconnu, mais que l’on appelle ordinairement le Moine de Barbery, s’acharna sans relâche à démolir les fondations de Saint Jean Eudes, lesquelles n’avaient cependant pour but que la restructuration spirituelle de la région de Coutances. Ce moine devint l’ennemi le plus acharné de Jean Eudes avec M. Du Four [6], abbé d’Aulnay. Le moine de Barbery n’éveillait aucun soupçon, ce qui lui permettait, comme il l’avoue lui-même, “de veiller avec diligence sur les démarches du bonhomme Eudes et de ses intimes...” Par des méthodes particulièrement inavouables, il se procura le manuscrit que Saint Jean Eudes avait écrit sur la vie de Marie des Vallées...
Ce moine, qui servit la haine de Du Four, écrivit trois cahiers qui transpirent l’esprit gallican et janséniste de l’époque. Ceci explique peut-être cela... Mais comment justifier les calomnies, et, déjà, les techniques de désinformation ? En bref, pour ce moine, les “visions de Marie ne sont que songes creux et ridicules d’un pauvre esprit mélancolique et d’une pauvre créature possédée.” (Saint Jean Eudes est compris dans ce jugement sans appel).
La haine du Père Du Four ira même plus loin encore: il mettra en doute et tournera en dérision les faveurs, parfois mystiques, dont le Père Eudes fut bénéficiaire de la part de la Vierge Marie. Jean Eudes sera même accusé de servir les intérêts d’une puissance étrangère... Le P. Dufour ne peut supporter les grands mystiques, surtout les femmes, dont Catherine de Sienne et Brigitte d’Helfta...
Du Four, en effet, est un gallican convaincu, hérésie alors en pleine expansion, et les fidèles du pape, représentés par les mystiques, devaient coûte que coûte, être détruits. Son attaque contre les mystiques est à ce propos très instructive:
– Les mystiques ne sont que des illusionnés.
– Rien de plus dangereux pour l’État que les mystiques et les visionnaires.
– Le commun (le peuple) qui a un grand penchant pour les choses extraordinaires, est sujet à la crédulité et recherche un moyen de conversion sans peine.
– Et, naturellement : “Toutes les hérésies ont été inspirées par des filles ou des femmes.” Il en découle que :
– Le culte au Cœur de Marie est superstitieux.” Car, n’est-ce pas, la Vierge Marie devient alors la concurrente de Dieu !!!
Parlant de Saint Jean Eudes, le triste Du Four n’hésitera pas à écrire :
“En vérité, c’est une chose assez extraordinaire de voir, dans un siècle éclairé comme le nôtre, (déjà ! et nous n’étions pas encore au siècle des lumières...) rempli de tant d’hommes savants et de prélats si zélés pour la défense de la foy (sic) que l’on ait souffert depuis près de vingt ans des écrits remplis de tant d’impiétés et de tant d’erreurs pernicieuses, sans que l’on en ait ouvert la bouche et sans qu’on en ait fait le moindre bruit.”
Saint Jean Eudes fut reconnu comme un grand saint, et canonisé. Qu’en est-il du moine de Barbery et de l’abbé Du Four ? Toutefois, selon la pensée du Père Lelièvre [7], “ne regrettons pas trop ces odieuses productions, malgré le mal qu’elles ont causé. Il semble que la Providence les a permises pour faire briller mieux la science, la prudence et l’humilité de Saint Jean Eudes, mais aussi pour manifester plus nettement le côté surnaturel, merveilleux de Marie des Vallées. Elles ont été l’épreuve nécessaire aux œuvres de Dieu.”
JEAN EUDES ET LE CULTE LITURGIQUE
DES SACRÉS-CŒURS DE JÉSUS ET DE MARIE [8]
DES SACRÉS-CŒURS DE JÉSUS ET DE MARIE [8]
1-Historique
Le pape Léon XIII a proclamé saint Jean Eudes “auteur du culte liturgique des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie.” Pie X le proclama “Père, Docteur et Apôtre de ce même culte. Le pape Pie XI n’hésita pas à louer “la conduite, dans la propagation de ce culte, de celui qui en est le Père, le Docteur et l’Apôtre, conduite qui excita l’implacable haine des jansénistes.” En effet, la grande force qui commandait l’apostolat de saint Jean Eudes, c’est le rôle unique qu’il joua dans l’établissement, l’organisation et la propagation du culte liturgique des Sacrés-Cœurs.
1-1-Culte rendu au Sacré Cœur de Marie
La dévotion aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie s’est lentement développée au cours des siècles. Puisant dans l’Écriture, de nombreux saints, dont Augustin, Léon, Jean Damascène ou saint Bonaventure, exaltèrent le Cœur très chaste et pur de Marie. Plus tard, au Moyen-Âge, ce furent les saintes Mechtilde, Gertrude et Brigitte qui contemplèrent amoureusement ce saint Cœur de Marie. De nombreux autres saints, dont François de Sales, goûtèrent la douceur de ce Cœur que le peuple de Dieu célébrait. Mais ce culte n’avait pas encore trouvé celui qui lui donnerait les bases doctrinales qui lui manquaient. Ce devait être l’œuvre de saint Jean Eudes.
1-2-Culte rendu au Sacré Cœur de Jésus
La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, au Cœur de chair de Jésus fut plus tardive. D’instinct les âmes pieuses se tournaient vers l’amour et la tendresse que le Cœur de Jésus avait pour nous. Citons saint Benoît et saint Bruno, les saintes Mechtilde, Gertrude, Lutgarde, et bien d’autres; les fils de saint François furent de grands amoureux du Cœur de Jésus. Mais cette dévotion restait d’ordre privé. L’Oratoire, avec Bérulle, Condren et Olier, prépare les derniers chemins vers un culte public en valorisant le culte du Verbe Incarné. Mais il revenait à Jean Eudes d’en préciser la doctrine et d’en organiser le culte public. Il avait été attiré à la dévotion aux Cœurs de Jésus et de Marie par les impressions saintes qu’il avait reçues dans l’oraison, concernant les “belles choses que Notre Seigneur en avait enseignées à sainte Gertrude, sainte Mechtilde et sainte Thérèse.”
2-Les fêtes des cœurs de Jésus et de Marie
Selon le pape Pie X, saint Jean Eudes doit “être regardé comme le Père du culte des Sacrés-Cœurs” car dès le début de la fondation de la Congrégation de Jésus et Marie, il fit célébrer par ses prêtres des fêtes en leur honneur. Faire connaître ces saints Cœurs et les exalter, c’était, selon ses propres termes, la mission que Jésus et Marie lui avaient confiée. Il disait [9] : “ Jésus et Marie m’ont donné leur auguste Cœur, parce que, de sa charité, procèdent et ma vie et mon œuvre.”
2-1-La fête du Saint Cœur de Marie
Le 8 février 1648, à l’occasion de la mission d’Autun, la fête du Saint Cœur de Marie fut célébrée en grandes pompes et entrait ainsi, à titre officiel, dans la liturgie catholique. Dans l’Office de la fête, le Père Eudes cite saint Bonaventure, François de Sales et Bérulle, mais son expression liturgique s’enrichit d’intuitions ou de révélations personnelles : ”C’est une grâce inexplicable que notre très aimable Sauveur nous a faite de nous avoir donné dans notre Congrégation le Cœur admirable de sa très Sainte Mère; mais sa bonté, qui est sans bornes, ne s’arrêtant pas là, a passé bien plus outre en nous donnant son propre Cœur... Il nous a fait ce grand don dès la naissance de notre congrégation... La divine Providence a voulu faire marcher la fête du Cœur de la Mère avant la fête du Cœur du Fils pour préparer les voies dans les cœurs des fidèles à la vénération de ce Cœur adorable...” [10]
2-2-Le fête du Cœur de Jésus
On pense que c’est entre 1668 et 1670 que saint Jean Eudes composa l’Office réservé au divin Cœur de Jésus. Le 29 juillet 1672 il demanda aux membres de sa Congrégation d’en célébrer la fête solennelle le 29 octobre.
Le 24 avril 1671, soit deux mois avant l’entrée de sainte Marguerite-Marie à la Visitation de Paray-le-Monial, Jean Eudes âgé de 70 ans, déclarait: “De toute l’étendue de ma volonté, je me donne à l’amour incompréhensible par lequel mon Jésus et ma toute bonne Mère m’ont donné leur très aimable Cœur d’une manière spéciale, et, en union de ce même amour, je donne ce Cœur comme une chose qui est à moi et dont je puis disposer pour la gloire de mon Dieu; je le donne à la petite Congrégation de Jésus et Marie pour être... le cœur, la vie, la règle des vrais enfants de cette Congrégation... Je le donne aussi, de même, à toutes mes très chères filles, les religieuses de Notre-Dame de Charité, aux Carmélites de Caen et de Dieppe et à tous mes autres enfants spirituels...”
En 1672, Jean Eudes enjoint ses fils à célébrer avec toute la pompe possible, la fête du divin Cœur de Jésus. Plus tard, dans Le Cœur Admirable, il rappellera à ses enfants leur consécration : “Tous les ecclésiastiques de la Congrégation de Jésus et Marie ont un grand sujet de consolation et une obligation très particulière de rendre grâces à Notre Seigneur et à sa très sainte Mère de les avoir appelés et reçus dans une Congrégation, qui appartient d’une manière toute spéciale à leur très aimable Cœur... parce que c’est dans cette Congrégation que l’on a commencé à célébrer solennellement les fêtes du Cœur admirable de Jésus et de Marie.”[11]
Remarque :
Dès 1674, les bénédictines de l’Abbaye royale de Montmartre, où le Père Eudes avait coutume de se rendre, introduisirent dans leur propre, la fête du Cœur de Jésus, soit deux siècles avant l’érection de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre.[12]
2-3-Les fêtes des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie
Cette consécration appelait, par voie de conséquence, la célébration publique du glorieux patronage qui en résultait, et elle entraînait nécessairement l’institution d’une fête dédiée aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie.
La royauté d’amour du Sacré-Cœur s’étendit prodigieusement sur toute la terre. En 1673, un an après la première célébration de la fête publique du Sacré-Cœur, la visitandine, sainte Marguerite-Marie, à Paray-le-Monial, était favorisée de sa première révélation. Deux saints qui ne se connaissaient pas avaient communié au même Amour... Par l’intermédiaire de sainte Marguerite-Marie, le Seigneur confirmait toute l’œuvre de saint Jean Eudes, son dévoué serviteur.
“Béni soit à jamais le Cœur très aimant et le très doux nom de Notre Seigneur Jésus-Christ et de la très glorieuse Vierge Marie, sa Mère.”
3-Pourquoi la fête du Cœur de Jésus ?
L’influence des bénédictines d’Helfta, Gertrude et Mechtilde, a, en quelque sorte, cristallisé les intuitions de Jean Eudes sur le Cœur de Jésus, et c’est à partir de la fête du Cœur de Marie qu’est née la fête du Cœur de Jésus, dont la Messe a été surnommée ”la Messe de feu”. [13]
La fête du Cœur de Jésus, instituée à l’initiative de Jean Eudes, a été célébrée pour la première fois le 20 octobre 1672. Son but: rendre à ce divin Cœur les hommages auxquels il a droit, hommages que l’on peut résumer ainsi :
“Adorer le Cœur d’un Dieu, du Fils unique de Dieu et d’un Homme-Dieu.
“Louer, bénir, glorifier et remercier ce Cœur infiniment libéral pour tout l’Amour qu’Il a porté et portera à jamais au Père éternel, à sa très sainte Mère, à tous les anges, à tous les saints, à toutes les créatures et à nous spécialement.
“Demander pardon à ce très bon Cœur de toutes les douleurs, tristesses, angoisses et martyres très sanglants qu’Il a soufferts pour nos péchés.
“Aimer cordialement et fervemment (sic) ce Cœur tout aimable et l’aimer au nom de ceux qui ne L’aiment point, et Lui offrir tout l’amour de tous les cœurs qui lui appartiennent.” [14]
Comme on le voit, l’Amour est l’acte dominant de la dévotion au Cœur de Jésus.
Le Cardinal Satolli disait, au début du XXe siècle, en parlant des Offices composés par le Père Eudes: “Ces Offices sont empreints d’une piété si suave et si ardente que seul le cœur d’un saint peut rencontrer de pareilles formules.” C’est l’éternel Amour éclatant en notes suppliantes et attendries.”[15]
Jean Eudes prévient, à l’avance, les objections qui ne manqueraient pas de survenir contre la dévotion au Cœur de Jésus: “Si on objecte la nouveauté de cette dévotion, je répondrai que la nouveauté dans les choses de la foi est très pernicieuse, mais qu’elle est très bonne dans les choses de la piété. Autrement, il faudrait réprouver toutes les fêtes qui se font dans l’Église, qui ont été nouvelles quand on a commencé à les célébrer.”
Jean Eudes respectait la tradition de toutes ses forces, mais il croyait aussi que Dieu crée sans cesse du neuf.
__________________________________________________________________________
[1] François de Montmorency-Laval fréquenta L’Ermitage de M. de Bernières, pendant quatre ans, de 1654 à 1658.
[2] Les Bénédictines du Saint-Sacrement conservent, dans leurs archives, les lettres que leur fondatrice, Mère Mechtilde du Saint-Sacrement, échangeait avec Marie des Vallées.
[3] Un autre libelle janséniste ira jusqu’à attaquer Saint Jean Eudes dans sa dévotion au Cœur de la Vierge Marie.
[4] “Naissance du culte liturgique des Sacrés-Cœurs” par P.Ange Le Doré. Publié chez Lethielleux en 1915
[5] Cette abbaye était un carrefour mystique où les grands esprits de l’époque se retrouvaient, dans l’aura discrète de Marie. Le Père Eudes y était tenu en grande estime.
[6] M.Dufour, probablement un janséniste actif avait, à Rouen, rassemblé toutes les forces jansénistes contre le Père Eudes. Le saint prêtre Eudes, choisi par Dieu pour révéler au monde les tendresses de Dieu et sa miséricorde infinie ne pouvait que rencontrer des résistances et des oppositions de la part de ceux qui adoptaient les désespérantes doctrines jansénistes.
[7] Chanoine Eugène Lelièvre, “Anathème pour mes frères” biographie inachevée et inédite de Marie des Vallées
[8] Jean Eudes parle des Sacrés-Cœurs! “En effet Marie n’a précédé son Fils que pour Lui préparer les voies. Là où son Cœur maternel a passé, celui de Jésus resplendit aussitôt.”
[9] dans son Magnificat
[10] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 29.
[11] Par l’intermédiaire de Marie des Vallées, la très sainte Vierge Marie fit savoir à Jean Eudes que” le Cœur de son Fils, c’est son Cœur, et que, en célébrant la fête de son Cœur, on célèbre la fête du très adorable Cœur de son Fils.”
[12] Idem
[13] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 29
[14] “Le Bienheureux Jean Eudes” de Ch. LEBRUN - Éditions P. LETHIEULLEUX - Chapitre 4
[15] “Le Bienheureux Jean Eudes” de Ch. LEBRUN - Éditions P. LETHIEULLEUX - Chapitre 2
( A SUIVRE )
Invité- Invité
Re: SAINT JEAN EUDES (1601-1680)
Merci beaucoup Etoile Bleu pour cette biographie
C'est d'une grande richesse
je me permet de rajouter ce lien, nous avions un membre du forum qui nous manque beaucoup d'ailleurs, qui nous faisait part d'une pensée par jour avec st Jeau Eude.
Voilà ce fil
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t16361-une-pensee-par-jour-avec-saint-jean-eudes?highlight=st+jean+eude
Fraternellement
Flou
C'est d'une grande richesse
je me permet de rajouter ce lien, nous avions un membre du forum qui nous manque beaucoup d'ailleurs, qui nous faisait part d'une pensée par jour avec st Jeau Eude.
Voilà ce fil
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t16361-une-pensee-par-jour-avec-saint-jean-eudes?highlight=st+jean+eude
Fraternellement
Flou
flou- Combat l'antechrist
- Messages : 2282
Inscription : 31/01/2012
Re: SAINT JEAN EUDES (1601-1680)
C'est bien aimable de votre part, je vous remercie pour ce lien.
J-ai souhaité lui envoyé un MP. Mais impossible.
Emmanuel m'a dit que je pouvais poster le fil sur Saint Jean Eudes sans souci.
J'ai des livres de lui que j'apprécie. Il a une façon touchante de parler de Jésus et de Marie.
En fait la plupart des saintes et saints ont cela en commun, n'est-ce pas ?
Ils ont la douceur d'un ciel bleu dans leur pensée, et le feu des deux Coeurs d'Amour de Jésus et Maman Marie, comme un soleil dans leur coeur.
Union de prières Flou et à bientôt.
Fraternellement
"Quand je dis Dieu, c'est un poème,
c'est une étoile dans ma vie,
du feu qui coule dans mes veines,
un grand soleil pour aujourd'hui ! "
J-ai souhaité lui envoyé un MP. Mais impossible.
Emmanuel m'a dit que je pouvais poster le fil sur Saint Jean Eudes sans souci.
J'ai des livres de lui que j'apprécie. Il a une façon touchante de parler de Jésus et de Marie.
En fait la plupart des saintes et saints ont cela en commun, n'est-ce pas ?
Ils ont la douceur d'un ciel bleu dans leur pensée, et le feu des deux Coeurs d'Amour de Jésus et Maman Marie, comme un soleil dans leur coeur.
Union de prières Flou et à bientôt.
Fraternellement
"Quand je dis Dieu, c'est un poème,
c'est une étoile dans ma vie,
du feu qui coule dans mes veines,
un grand soleil pour aujourd'hui ! "
Dernière édition par etoilebleue le Sam 6 Avr 2013 - 16:28, édité 1 fois (Raison : oubi de 2 mots)
Invité- Invité
Re: SAINT JEAN EUDES (1601-1680)
Il a une façon touchante de parler de Jésus et de Marie.
En fait la plupart des saintes et saints ont cela en commun, n'est-ce pas ?
Très bonne réflexion, C'est exactement ça, une façon de parler qui vous donne l'impression de flotter et ils utilisent un langage tellement simple et accessible..
C'est très beau, je ne peux que vous encourager à nous faire découvrir tous ces saints qui vous touchent, car ils enrichissent ce forum
Bonne journée Etoile bleu
et merci
Amicalement
Flou
flou- Combat l'antechrist
- Messages : 2282
Inscription : 31/01/2012
Re: SAINT JEAN EUDES (1601-1680)
LA SPIRITUALITÉ DE SAINT JEAN EUDES
1-Sa place dans l’École Française
On ne comprend bien la spiritualité de Saint Jean Eudes que si on la replace dans son milieu historique. Saint Jean Eudes appartient incontestablement à ce qu’il est convenu d’appeler L’École Française, expression qui désigne le puissant courant ascétique et mystique circulant à travers tout le dix-septième siècle religieux, en France.
Dépendent de ce courant religieux: les Oratoriens, les Sulpiciens, les Lazaristes, les Eudistes, les Monfortains, et les Frères des Écoles chrétiennes. Tous adoptent et professent la même philosophie de Dieu et des hommes. Les plus grands représentants de l’École Française sont: le Cardinal de Bérulle (l’Oratoire); saint Vincent de Paul (les Lazaristes), saint Jean Eudes (les Eudistes), Louis-Marie Grignion de Montfort (les Montfortains), Jean-Jacques Olier (les Sulpiciens), le Père de Condren (successeur de Bérulle). Tous étaient français et tous ont travaillé à la rénovation de la piété en France, et à la restauration du sacerdoce français.
Il est impossible de ne pas citer ici les exclamations amoureuses de saint Jean Eudes, si proches de celles de Bérulle et même de Bossuet :
“Ô divine Essence qui êtes un abîme sans fond et sans borne de merveilles! Ô immense océan de grandeurs! Ô monde incompréhensible de miracles! Ô Trinité de mon Dieu! Ô Simplicité! Ô Éternité sans commencement et sans fin, à qui tout est toujours présent! ô immensité qui remplissez tout, qui contenez tout, et qui rempliriez et contiendriez un monde infini de mondes s’il existait! Ô Infinité qui contenez toutes les perfections imaginables et inimaginables! Ô Immortalité! Ô Invisibilité! Ô Lumière inaccessible! Ô Vérité incompréhensible! Ô abîme de science et de sagesse! Ô Vérité! Ô sainteté de mon Dieu!...”
1-1-Le Mystère de l’Incarnation
Pour saint Jean Eudes comme pour les autres représentants de l’École Française, le mystère de l’Incarnation était la grande spiritualité de l’Oratoire. Jésus-Christ est notre Chef et nous sommes unis à Lui, par notre Baptême, comme membres de son Corps mystique. “Nous sommes unis avec lui corporellement, dit saint Jean Eudes, par l’union de son très saint corps avec le nôtre, en la sainte Eucharistie. ... ainsi nous devons être animés de l’esprit de Jésus, vivre de sa vie, marcher dans ses voies, être revêtus de ses sentiments et inclinations, faire toutes nos actions dans les dispositions et intentions dans lesquelles il faisait les siennes... Le chrétien est dans l’obligation d’adhérer au Christ, comme tout membre à son chef... Devenir, être Jésus, telle doit être l’ambition de tout chrétien...”
1-2-Les conséquences du péché originel
Le dogme du péché originel, et de ses conséquences pour nous, a une grande influence dans la spiritualité de l’École Française. “Nous sommes enfants de péché et de perdition parce que nous sommes nés en péché et en damnation...” Notre nature déchue, humiliée, “doit donc se laisser conduire par la grâce, et s’abandonner sans réserve à son action.”
D’où l’insistance, chez Jean Eudes, comme chez tous les Maîtres de l’École Française, “de s’anéantir", et de faire des actes d’oblation et de donation de soi... Il faut travailler à nous anéantir nous-mêmes, c’est-à-dire notre propre sens, notre propre volonté, notre amour-propre, notre orgueil et notre vanité, toutes nos inclinations et habitudes perverses, tous les désirs et instincts de la nature dépravée, et tout ce qui est de nous-mêmes.”
Malgré tout, nous ne serons jamais sans défaut: Jean Eudes écrit à une religieuse: “Tant que nous serons sur la terre, nous ne serons jamais entièrement exempts des défauts et imperfections de la terre. Ô terre, que tu es insupportable! Ô lieu de péché et de malheur, nous retiendras-tu encore longtemps dedans toi? Ô Jésus, nous tirerez-vous point bientôt après vous?... Quand sera-ce que nous vous aimerons parfaitement? Hâtons-nous, ma chère sœur, hâtons-nous de travailler à l’accomplissement de l’œuvre de Dieu en nous, afin de sortir bientôt de ce lieu de ténèbres et d’horreur pour entrer dans le royaume éternel.
Humilions-nous toujours beaucoup en la vue de nos défauts; mais en même temps, sortons hors de nous-mêmes, fuyons hors de nous-mêmes, comme d’un lieu tout plein de toutes sortes de maux et de misères, pour entrer en Jésus qui est notre maison de refuge et notre trésor, dans lequel nous trouverons toutes sortes de vertus et de perfections pour offrir à son Père éternel en satisfaction de nos péchés et imperfections.”
1-3-Se conformer au Christ
Il s’agit surtout de nous laisser faire par la grâce et d’éloigner de nous tout ce qui pourrait en contrarier l’action. D’ailleurs, affirme saint Jean Eudes, “notre vocation à la grâce nous prédestine à être conformes à l’image du Fils de Dieu.”
Car “Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit et le Cœur de son Fils qui ne cesse de crier: Abba Père!” Insensiblement Jean Eudes nous conduit à la dévotion aux Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie. Il écrit: “Jésus m’a donné son Cœur pour être mon refuge et mon asile, mon oracle et mon trésor, mais il me l’a donné aussi pour être le modèle et la règle de ma vie et de mes actions...”
Jean Eudes, qui avait touché du doigt les ravages opérés dans les âmes par les rigueurs glaciales du jansénisme, comprend la nécessité d’amour pour Dieu, plein de confiance. D’où les accents de feu de l’Office destiné à chanter la gloire des Sacrés- Cœurs: “Donnez-moi votre cœur, mes petits enfants, et je vous donnerai le mien. Notre cœur est dans vos mains, ô Seigneur Jésus: par la force de vos bras, possédez-le à jamais.” (2ème nocturne)
Ou encore :
“Nous vous offrons notre cœur, nous vous le donnons, nous vous le consacrons, nous vous l’immolons. Recevez-le et possédez-le tout entier, purifiez-le, éclairez-le, sanctifiez-le, afin qu’en lui vous viviez et régniez maintenant et toujours aux siècles des siècles!”
1-4-La vie dans l’amour
Ainsi, la vie chrétienne devient “vie de splendeur, vie de vertu héroïque, au souffle de l’Esprit de Vérité et d’amour... où devant la grandeur de Dieu mieux connue, elle comprend sa misère et le néant des créatures... Vie de sérénité radieuse et continue, de joie très douce, intime, profonde, où l’âme, amoureusement et entièrement soumise à Dieu, purifiée, éclairée, transfigurée par la Croix acceptée, embrassée généreusement et de grand cœur, reçoit comme les prémices des lumières béatifiantes du ciel, un avant-goût du bonheur de la patrie. Vie d’union parfaite en toutes choses aux Cœurs Sacrés de Jésus et de Marie, tous les deux inséparablement honorés, servis et aimés,... et dans ces deux fournaises d’amour, vie d’ardent amour, purifiant, illuminant, sanctifiant, transformant, déifiant, qui est comme l’aurore toujours croissante du grand jour de l’éternité.”
2-Saint Jean Eudes et le Cœur de Jésus
2-1-Jésus est l’ami de Saint Jean Eudes
Voici comment Jean Eudes s’adresse à Jésus: “Ô très cher Jésus... je ne désire plus rien, sinon Vous aimer... Que toute ma vie soit un perpétuel sacrifice d’amour et de louange vers Vous.”
Pour Jean Eudes, le Cœur de Jésus est aussi un refuge: “Notre très Saint Sauveur nous a donné aussi son divin Cœur pour être notre refuge et notre asile dans tous nos besoins. Ayons-y recours dans toutes nos affaires. Cherchons-y notre consolation dans nos tristesses et afflictions.”
Calomnié, Jean Eudes ne cherche pas à se défendre, mais à imiter Jésus. “Je ne trouve point dans l’Évangile que notre divin et adorable Maître ait employé les moyens qui sont marqués dans votre lettre... pour se défendre de l’injustice et de la cruauté... Je ne puis me résoudre à faire autre chose sinon de tâcher de l’imiter dans sa patience et dans son silence.” [1]
Jean Eudes, par vœu, le 25 mars 1637, s’offre à Jésus, “en qualité d’hostie et de victime qui doit être sacrifiée à sa gloire et à son pur Amour.” Jean Eudes adore d’abord Jésus dans le martyre qu’il a souffert sur la Croix et auquel Marie a communié, puis il continue: “Je m’offre et me donne, je me voue et consacre à Vous, ô Jésus mon Seigneur, en l’état d’hostie et de victime, pour souffrir en mon corps et en mon âme... toutes sortes de peines... et même pour répandre mon sang et Vous sacrifier ma vie par tel genre de mort qu’il Vous plaira et ce, pour votre seule gloire et votre pur Amour.”
La dernière phrase et la signature sont écrites du propre sang de Jean Eudes : “Que toute ma vie soit un perpétuel sacrifice d’amour et de louange vers Vous... Fait à Caen, en l’Oratoire de Jésus, le 25e de mars 1637.” [2]
Jean Eudes a vécu pleinement cette oblation. Il s’est offert à Dieu pour que Dieu se serve de lui pour anéantir le péché dans le monde, et y établir le Règne de l’Amour de Dieu. Le combat contre le péché lui était familier et il avait compris que le péché “démembre Jésus-Christ, il lui arrache un de ses membres pour le faire membre de Satan.”
D’où sa prière d’offrande: “ Je vous supplie... de m’accorder une grâce: que le désir que j’ai de vous louer et aimer éternellement ne soit point anéanti, mais... qu’il demeure toujours devant Vous... pour vous protester que je Vous aime de tout mon grand cœur qui n’est autre que le Vôtre, que vous m’avez donné en Vous donnant Vous-même à moi, et tant de fois...” Ou encore: “Regardant la très sainte, très sage et très bonne volonté de Dieu, je crie du plus profond de mon cœur : Oui ! Père juste; oui, Père très bon, puisque telle est ta volonté.”[3]
Si petits que nous soyons, le don que nous offrons à Dieu est immense, aussi grand que l’univers, car le Cœur de Christ nous appartient, et, avec lui, le Père nous a tout donné. Jean Eudes contemple l’influence cosmique du Cœur du Christ qui atteint tous les êtres et les fait vivre: “Rien n’échappe à la chaleur de son Amour. Oui, Cœur de feu, diffuse-toi par tout l’univers.” [4] Plus tard, en 1661, il explicitera ce qui était l’âme de son offrande de lui-même:“une immense compassion pour les pécheurs, pour ceux qui risquent de se perdre, faute d’hommes apostoliques qui leur prêtent main.”[5]
Ainsi, le prêtre, contemplant la vie de notre Seigneur, le Souverain Prêtre et le grand Pasteur des âmes, devient “une image vive de Jésus-Christ en ce monde, et de Jésus-Christ veillant, priant, prêchant, catéchisant, travaillant, suant, pleurant, allant de ville en ville et de village en village, souffrant, agonisant, mourant et se sacrifiant soi-même pour le salut de toutes les âmes crées à son image et semblance.” [6]
2-3-La vie mystique
Jean Eudes croyait à la vie mystique dans laquelle c’est l’Esprit-Saint qui a toute l’initiative. Il parlait souvent de la contemplation qui est “un très unique regard et une très simple vue de Dieu, sans discours ni raisonnement, ni multiplicité de pensée...” et qui s’accomplit dans le secret du coeur. Aussi donnait-il de précieux conseils sur la prière silencieuse:
– soutenir l’âme dans sa vigueur par un minimum d’activité... et par des aspirations ou des cris intérieurs tels que: ”O sainteté de mon Dieu! ô Jésus, je Vous adore et je me donne à Vous pour entrer dans toutes les dispositions et intentions que Vous avez eues et que Vous avez voulu que nous eussions tous...”
– purifier souvent son intention, son désir, accueillir humblement et sans inquiétude les périodes plus désertiques ou plus troublées, renoncer à toute possessivité, se tenir dans une humble action de grâce...
– ne s’enfermer dans aucune démarche rigide, mais se tenir le cœur libre et disponible aux invitations de l’Esprit-Saint.[7]
Se tenir disponible aux invitations de l’Esprit-Saint: cela, Jean Eudes l’a fait durant toute sa vie, à travers tous les renoncements qui l’ont libéré de lui-même, chemin de conversion à l’humilité et à la douceur du Christ. La sérénité de Saint Jean Eudes dans sa vieillesse s’était tissée jour après jour à travers ces renoncements qui l’ont conduit vers une nouvelle profondeur d’abandon à Dieu et de consentement à son vouloir aimant, “jusqu’à laisser battre en lui un cœur ouvert, dilaté et épanoui par la ferveur de la sainte charité.” [8]
Jean Eudes est mort en 1680. Mais dès 1671, il avait fait un testament dans lequel il demandait pardon et offrait son pardon: “Je dis, ô Père céleste, du plus profond de mon coeur, pour tous ceux qui m’ont offensé en quelque façon que ce soit..., Père, Pardonne-leur, ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient!”
En union avec Jésus, il se remet entre les mains du Père. Il dépose son âme “dans le très aimable Cœur de Jésus et de Marie, fournaise ardente de l’Amour éternel, les suppliant de l’embraser, consumer et transformer en une très pure flamme de ce divin Amour... De toute l’étendue de ma volonté, je me donne à l’Amour incompréhensible par lequel mon Jésus et sa bonne Mère m’ont donné leur très aimable Cœur d’une manière spéciale, et en union de ce même amour, je donne ce même Cœur comme une chose qui est à moi et dont je puis disposer pour la gloire de mon Dieu. Je le donne à la petite congrégation de Jésus et Marie, pour être le partage, le trésor, le patron principal, le coeur, la vie, la règle des vrais enfants de cette congrégation.”
Enfin, Jean Eudes souhaite que “son dernier soupir soit un acte de très pur amour envers Jésus... Viens, viens, viens, Seigneur Jésus!”[9]
3-L’union à Dieu
Le don total de sa personne à Dieu, don sans cesse renouvelé, devait conduire inévitablement Jean Eudes à un état presque constant d’union à Dieu, et d’union à sa très sainte volonté.
Dans son livre le Royaume de Jésus, publié en 1637, Jean Eudes écrivait déjà: “Ô Jésus, que toutes mes conversations avec le prochain soient consacrées à l’honneur des divines conversations que Vous avez eues en la terre avec les hommes. Faites-moi participant, s’il vous plaît, de l’humilité, douceur, modestie et charité en lesquelles Vous avec conversé avec toutes sortes de personnes.”[10] Et plus tard, en 1662: “Dieu nous garde de faire jamais notre volonté et nous fasse la grâce de reconnaître que nous n’avons pas d’autre affaire en ce monde que de faire en tout et partout la sienne, avec un grand cœur et un grand amour.”[11]
En 1668, au seuil de la vieillesse, Saint Jean Eudes éprouva le besoin de renouveler l’offrande de sa jeunesse en écrivant un long “contrat d’une Sainte alliance avec la très sacrée Vierge Marie, Mère de Dieu”, dans lequel il écrivait: “Comme l’époux et l’épouse doivent demeurer dans la même maison, je souhaite aussi de demeurer avec vous dans le très aimable Cœur de Jésus, qui est votre coeur.”[12]
Jean Eudes était doté d’un tempérament autoritaire et dominateur qu’il eut à vaincre tout au long de sa vie, et la sérénité de ses dernières années fut le fruit d’un long travail de Dieu en lui, et d’une longue familiarité avec Jésus et Marie. “Il dut souvent contempler Jésus dans sa très profonde humilité ou dans sa très grande patience, mansuétude et bénignité. Il s’est donné à lui pour entrer dans son esprit d’humilité et de douceur, pour que Jésus lui-même anéantisse ce qui s’opposait en lui à ces vertus, et les fasse vivre et régner en son cœur.” [13]
Pour conclure ce chapitre sur les relations entre Saint Jean Eudes et le Cœur de Jésus, peut-être n’est-il pas inutile de citer le cri de sa foi : “Si je me croyais, je ne voudrais jamais tenir d’autre langage que celui de JÉSUS, et je ne dirais ni écrirais jamais que cette seule parole : JÉSUS. JÉSUS est un nom admirable qui, par sa grandeur immense, remplit le ciel et la terre, le temps et l’éternité, tous les esprits et tous les cœurs des anges et des saints, et qui remplit et occupe même durant toute l’éternité la capacité infinie du Cœur de Dieu... Ce serait un saint et délicieux langage si, en la terre, on pouvait parler et se faire entendre sans proférer autre chose que cette aimable parole : JÉSUS, JÉSUS. Tant que le cœur me battra dans la poitrine... je ne prêcherai ni écrirai jamais autre chose que JÉSUS et je ne veux point avoir de vie ni d’esprit, ni de langue, ni de plume, que pour annoncer de bouche et par écrit les merveilles et les miséricordes de ce glorieux Nom... Mais j’aimerais beaucoup mieux un cœur pour l’aimer qu’une plume et qu’une langue pour en écrire et en parler. Seigneur, vous pouvez me donner l’un et l’autre, c’est ce que j’espère de votre infinie bonté.” [14]
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[1] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 31
[2] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 4
[3] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 22
[4] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 29
[5] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 22
[6] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 27
[7] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 19
[8] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 33
[9] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 34
[10] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 5
[11] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 22
[12] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 26
[13] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 33
[14] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 34
( A SUIVRE )
"Quand je dis Dieu, c'est un Poème, c'est une étoile dans ma vie, du feu qui coule dans mes veines, un grand soleil pour aujourd'hui !"
Invité- Invité
Re: SAINT JEAN EUDES (1601-1680)
Pour bien comprendre l’amour du P. Eudes pour le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie, il faut essayer de pénétrer un peu dans sa vie mystique. C’est assez difficile car, théologien, missionnaire très actif et fondateur d’Ordre, particulièrement controversé, voire persécuté par ses anciens amis de l’Oratoire, Jean Eudes est resté plus que discret sur ce sujet.
Pourtant un incident arrivé chez les Ursulines de Caen, en 1670, mérite d’être rapporté ici. Jean Eudes s’entretenait avec la supérieure d’un couvent: Mère Renée de Sainte Agnès, et lui parlait des bontés de la Sainte Vierge. “Soudain il s’arrêta et demeura ravi durant un quart d’heure. Quand il revint à lui elle prit la liberté de lui dire: “Mon Révérend Père, la bonne Vierge est venue là?” Il lui avoua que c’était vrai et qu’aussitôt qu’Elle approchait de lui, il perdait ainsi pendant quelque temps l’usage de ses sens; qu’alors Elle lui marquait beaucoup de tendresse par les différents noms qu’Elle voulait bien lui donner, de fils, de serviteur, et quelquefois de père et d’époux; et qu’Elle avait pour lui des bontés inexplicables... Après quoi, craignant de s’être trop ouvert à cette bonne religieuse, il lui recommanda de ne point parler de ce qui s’était passé.”
Ce qu’elle fit, mais elle en mit cependant par écrit le souvenir émerveillé.[15]
Il semble que le Père Eudes, qui vivait habituellement uni avec Marie -on a parlé d’union mystique- ait connu fréquemment ce type d’expérience spirituelle. Ainsi, en 1654, il reçut, de Marie, Saint Jean l’Évangéliste “pour être le protecteur, le modèle et le directeur de ses missionnaires, particulièrement en ce qui regarde la charité...” Ce sont les paroles avec lesquelles il a consigné cette grâce. Marie avait reçu Jean, de Jésus au Calvaire. C’est Elle qui le donnait au Père Eudes et à sa Congrégation. C’est probablement cette intimité, du prêtre qu’il était, avec Marie et Jésus, qui fit écrire au Père Eudes : “Jésus-Christ a voulu mettre entre nos mains ce qu’il y a de plus précieux... ce qui Lui est plus cher que la prunelle de ses yeux, le cœur de son Corps mystique, c’est-à-dire les ecclésiastiques.” [16]
Marie est discrètement présente dans les liturgies et les textes d’offices liturgiques écrits par Saint Jean Eudes, notamment ceux écrits pour la fête du Cœur de Jésus. Comment en serait-il autrement? C’est en Marie que s’est accompli le mystère dont le cœur est l’expression. “’Le Cœur de Marie reçoit du Cœur de Jésus tout ce qu’il possède de vie et de perfection. Par la force même des choses, le culte qu’on lui rend aboutit toujours au Cœur de Jésus, puisque le rôle de Marie est de servir de médiatrice entre Jésus et nous.” [17]
C’est Marie qui, la première, eut avec Jésus, son Fils, un seul et même cœur. C’est en elle que se sont formés le Corps et le Cœur de Jésus. Et c’est elle qui, aujourd’hui encore, nous donne le Cœur de Jésus, toujours associé et uni à son cœur à elle. Cela nous fait comprendre que pour Saint Jean Eudes, “la bienheureuse Vierge Marie n’a qu’un même Cœur avec son Fils bien-aimé.”[18] Ou encore: “Jésus, le très saint Cœur de Marie, est la vie et la joie de nos cœurs pour jamais.” [19]
Marie révèle que le Cœur de son Fils, c’est son Cœur, et qu’en célébrant la fête de son Cœur, on célèbre la fête du très adorable Cœur de son Fils. C’est ce que Jean Eudes exprime particulièrement bien dans l’Office qu’il a lui-même rédigé pour la fête du Cœur de Marie: “Dieu règne dans le Cœur de Marie, venez, adorons-le; c’est lui notre amour et notre vie.” Et encore: “Heureuse Marie, qui as formé le Christ en ton Cœur par la foi et l’amour, tu es bénie entre les femmes, et Jésus, fruit de ton Cœur, est béni.”
Le Christ, la grande Victime, qui s’est offert au Père une fois pour toutes sur l’autel de la Croix, “s’est offert bien des fois sur l’autel du cœur de Marie.” Ce thème est repris dans l’oraison de la messe : “Dieu, tu as voulu que ton Fils unique éternellement vivant en ton propre Cœur, vive et règne dans le Cœur de Marie. Donne-nous de célébrer cette vie très sainte de Jésus et de Marie en un seul Cœur, de n’avoir qu’un seul cœur entre nous et avec eux, et d’accomplir en tout ta volonté avec amour et de grand cœur.” [20] Comme Jean Eudes l’écrivait, “D’elle-même et par elle-même, Marie n’est rien, mais son Fils Jésus est tout en elle: il est son être, sa vie, sa sainteté, sa gloire, sa puissance et sa grandeur.”
Dans le dernier livre du “Cœur Admirable” le Cœur de Jésus est présenté comme une fournaise d’amour à l’égard de Marie sa Mère, fournaise “dont les flammes éclatent dans les dons merveilleux qu’Il a voulu lui faire.”[21]
Pour Jean Eudes, le Cœur de Marie est une mer immense, dont la charité n’a point de bornes et qui fait aimer tout ce que Dieu aime et de la manière qu’Il l’aime, et qu’il faut prier:
“Ô cœur tout aimable de ma très honorée Mère, que le divin amour a dilaté et étendu presque jusqu’à l’infini, que par votre entremise ce même amour prenne une pleine et absolue possession de mon cœur. Qu’il le dilate de telle sorte que je coure avec allégresse dans la voie des commandements de mon Dieu; qu’il me le fasse aimer fortement, purement et uniquement, en tout lieu, en tout temps, en toutes choses et par-dessus toutes choses, et si ardemment que je sois toujours disposé à tout faire, à tout souffrir, à tout quitter pour son amour, et à lui donner et sacrifier toutes choses, afin que je puisse lui dire avec vérité: mon cœur est prêt ô mon Dieu, mon cœur est prêt.”[22]
Pour conclure ce chapitre sur Marie et Jean Eudes, on peut rapporter ici quelques aspects de la théologie de Saint Jean Eudes telle qu’elle est abordée dans ses ouvrages. Jean Eudes “situe le cœur de Marie au sein de la vie trinitaire où elle puise sa vie et reflète, en parfaite transparence, la multiple splendeur de Dieu.”[23] Ou encore: “Dans le cœur de Marie, le Père établit le règne de son amour; le Fils unique s’y prépare une demeure; et l’Esprit, plénitude de l’Amour, en fait son Temple. Il est l’Arche où se cachent les mystères de Dieu en notre humanité.”[24]
N’oublions pas non plus que c’est en Marie, la Mère, “que s’est accompli le mystère dont le cœur est le signe et le langage. La première, elle a eu avec son Fils un seul et même cœur, et elle nous associe à cette communion. Et puis c’est en elle que se sont formés ce corps et ce cœur en qui nous est donné toute plénitude, et c’est elle encore qui le donne[25]
La révélation est close depuis la mort du dernier apôtre. Pourtant, la connaissance de Dieu, de Jésus et de sa sainte Mère n’a cessé de s’affiner au cours des siècles. Cela est particulièrement vrai pour le dogme de l’Immaculée Conception. A ce propos, laissons parler Jean Eudes :
“Je ne m’étonne pas s’il y a eu quelques saints docteurs qui n’ont pas eu autrefois les sentiments que l’Église a maintenant touchant la Conception Immaculée de la bienheureuse Vierge, parce que la vérité de ce mystère n’était pas alors en son jour comme elle l’est aujourd’hui, la lumière de la foi que Dieu a donnée à son Église n’étant pas semblable à un soleil dans son midi, mais à une belle aurore qui s’avance peu à peu sur l’horizon de la même Église.” [26]
( SUIVRE )
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[15] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 26
[16] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 17
[17] “Le Bienheureux Jean Eudes” de Ch. LEBRUN - Éditions P. LETHIEULLEUX - Chapitre 1
[18] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 16
[19] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 18
[20] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 14
[21] “Le cœur Admirable de la Sacrée Mère de Dieu” de Saint Jean Eudes - Livre 12
[22] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 26
[23] Idem
[24] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 14
[25] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 24
[26] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 26
Invité- Invité
Re: SAINT JEAN EUDES (1601-1680)
“Le Cœur de Jésus est le Cœur, le grand Cœur de tout son Corps. Il nous est donné, il nous appartient.”
Saint Jean Eudes est le premier théologien du Cœur de Jésus. Nous rapportons ci-dessous les éléments principaux de cette doctrine. Ce qui paraît essentiel dans cette théologie, ce sont les liens existant entre le Père, le Cœur de Marie, et le Cœur du Fils.
Dès 1648, rédigeant l’Office du Cœur de Marie, Saint Jean Eudes situe Marie au sein de la Trinité, et, sans le dire encore explicitement, dans le Cœur de Jésus. “Dans le Cœur de Marie, le Père établit le règne de son Amour; le Fils unique s’y prépare une demeure; et l’Esprit, plénitude de l’Amour, en fait son Temple: il est l’Arche où se cachent les mystères de Dieu en notre humanité.”
Déjà Jean Eudes considère que le Cœur du Fils, c’est le Cœur de Marie, sa Mère: “Jésus règne dans le Cœur de Marie: venez, adorons-Le; c’est lui notre amour et notre vie.” Car Jésus, sacrifice parfait, avant de s’offrir sur la Croix, “s’est offert bien des fois sur l’autel du Cœur de Marie.” Et Dieu a voulu que son fils unique,“éternellement vivant en son propre Cœur (le Cœur du Père) vive et règne dans le Cœur de Marie.” [27] Dans l’Office de la fête du Cœur de Jésus, qui fut célébrée probablement pour la première fois le 20 octobre 1672, Jean Eudes a fait passer les grands thèmes de sa théologie du Cœur de Jésus.[28]
[size=18]1-Les grands thèmes de la théologie du Cœur de Jésus
1-1-Le premier de ces thèmes, c’est l’attention au cœur de chair de Jésus, ce cœur de chair manifestant l’Incarnation du Seigneur: “Jésus avait, comme sa Mère, un vrai cœur humain que les émotions faisaient battre plus vite et plus fort.” C’est contre ce cœur de chair que le disciple bien-aimé a reposé sa tête.
1-2-Le deuxième thème traite du cœur, signe de l’intériorité. Dans le langage biblique, le cœur désigne la mémoire, ou l’entendement, ou la liberté profonde, ou mieux, la pointe de l’esprit par laquelle se fait la contemplation, ou plus globalement, “tout l’intérieur de l’homme. C’est au centre de son Cœur que Jésus vit sa relation aimante avec le Père qui est tout le sens de sa vie. C’est aussi dans le secret de son Cœur qu’Il nous aime et nous attire à Lui.”
Le Cœur, c’est l’intérieur de Jésus qui nous est donné pour être en nous plus intime que nous-mêmes. C’est en ce sens que nous demandons au Père la grâce de n’avoir qu’un seul cœur avec Jésus et entre nous.
1-3-Le troisième thème présente le Cœur de Jésus comme un feu: le cœur, c’est l’amour, c’est le feu de l’amour. “Mon Cœur, dit Jésus, mon Cœur est amour: qui demeure dans l’amour demeure en mon Cœur, et mon Cœur demeure en lui... Demeurez dans mon Amour... Aimez-vous les uns les autres...” L’amour est la loi de feu de la vie de tous les chrétiens. “Ce feu nous consume, et c’est le sacrifice.”
Les images utilisées par le Père Eudes, fournaise, brasier, flammes dévorantes, expriment l’offrande à laquelle Dieu nous invite en Jésus: il faut aimer, aimer Dieu et notre prochain, aimer en pardonnant comme Jésus le fit Lui-même. “Telle est notre mort de feu, notre communion à la vie intense et lumineuse de Dieu.”
Résumons en reprenant les termes mêmes de Saint Jean Eudes : “L’objet de la dévotion au Cœur de Jésus embrasse à la fois le Cœur corporel de l’Homme-Dieu, son Cœur spirituel et son Cœur divin. En l’Homme-Dieu, nous adorons trois cœurs qui ne sont qu’un même Cœur... Le premier Cœur de l’Homme-Dieu, c’est son Cœur corporel qui est déifié, ainsi que toutes les autres parties de son sacré corps, par l’union hypostatique qu’elles ont avec la Personne du Verbe éternel.
Le second, c’est son Cœur spirituel, c’est-à-dire la partie supérieure de son âme sainte qui comprend sa mémoire, son entendement et sa volonté, et qui est particulièrement déifiée par la même union hypostatique. Son Cœur spirituel, c’est la volonté sainte de son âme sainte, laquelle est une faculté purement spirituelle dont le propre est d’aimer ce qui est aimable et de haïr ce qui est haïssable...
Le troisième, c’est son Cœur divin...Trois cœurs qui ne sont qu’un Cœur, parce que son Cœur divin étant l’âme, le Cœur et la vie de son Cœur spirituel et de son Cœur corporel... ces trois cœurs ne sont qu’un Cœur très unique, qui est rempli d’un amour infini au regard de la très Sainte Trinité et d’une charité inconcevable au regard des hommes.” [29]
Dieu avait dit à Ézéchiel: ”J’enlèverai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur nouveau, un coeur de chair.” Jean Eudes paraphrase: ”Je mettrai en vous mon Esprit et mon Cœur pour que vous aimiez Dieu d’un grand cœur, avec beaucoup d’amour.”
2-Le Père et le Cœur de Jésus
Le Père Eudes montre aussi que le “Cœur de Jésus ne forme avec le Cœur du Père et du Saint-Esprit qu’une fournaise d’Amour à notre égard.” Dans son ouvrage principal sur le Cœur de Jésus, malheureusement non réédité, Jean Eudes s’applique à mettre en lumière l’Amour de Jésus pour son Père et pour nous: “Le Saint-Esprit a bâti le Cœur de Jésus du sang virginal de Marie quand il a fait de lui le siège et l’organe des passions déifiées du Sauveur, quand il nous le montre sur l’arbre de la Croix rompu et brisé par l’excès de la douleur et de l’amour, quand il nous le présente ouvert par la lance de Longin et répandant pour nous jusqu’à la dernière goutte de son sang, quand il nous parle de ses langueurs, de ses abattements et de ses palpitations...” Car “les ardeurs de l’amour de Jésus pour son Père et pour nous ne se sont pas renfermées dans l’enceinte de son âme, elles se sont communiquées à son Cœur de chair et en ont fait en un sens très vrai, une fournaise d’Amour.” [30]
Saint Jean Eudes rappelle que, puisqu’il y a deux natures en Jésus, il y a aussi deux opérations, et partant, deux amours : un amour humain qui est créé, et un amour divin qui s’identifie à l’essence divine incréée et infinie. Il convient de rappeler ici que l’amour divin et incréé du Verbe incarné peut être considéré selon deux points de vue distincts: on peut d’abord le considérer comme l’amour qu’il possède en commun avec le Père et par lequel il est avec lui le principe du Saint-Esprit, et alors c’est l’amour notionnel ou spiration active.
On peut, en second lieu, l’envisager comme l’un des attributs de l’essence divine, et alors c’est l’amour essentiel, qui est commun aux trois personnes de la Sainte Trinité, mais qui ne cesse pas pour cela d’être l’amour de chacune d’elles. Saint Jean Eudes écrit : “Le premier cœur de notre Sauveur, c’est son Cœur divin, qu’il a de toute éternité dans le sein adorable de son Père, qui n’est qu’un cœur et qu’un amour avec le Cœur et l’amour de son Père, et qui, avec le Cœur et l’amour de son Père, est le principe du Saint-Esprit. A raison de quoi, lorsqu’Il nous a donné son Cœur, Il nous a aussi donné le Cœur de son Père et son adorable Esprit.” [31]
A diverses reprises Jean Eudes enseigne que l’amour dont Jésus nous aime est le même que celui dont le Père l’aime: éternel, immense, infini, toujours en acte, et que c’est cet Amour qui a porté le Fils de Dieu à se revêtir de notre nature humaine. Pour le Père Eudes, ”l’objet propre de la dévotion au Sacré-Cœur, c’est, avec le Cœur corporel du Sauveur, son amour créé et son amour incréé.” En conséquence, nous devons rendre au Cœur de Jésus amour pour amour : “Jésus nous a donné son Cœur, donnons-lui les nôtres entièrement et sans réserve... Il nous donne aussi le Cœur de son Père éternel, le Cœur de sa très Sainte Mère... Offrons-lui aussi et lui donnons en action de grâces le Cœur de son Père éternel et le Cœur de sa très Sainte Mère...” [32]
3-Le Cœur du Corps mystique
[size=18]La contemplation de Saint Jean Eudes va plus loin encore: le Cœur de Jésus, c’est un Cœur nouveau, un Cœur immense, un Cœur transpercé, un Cœur douloureux. Le Cœur de Jésus est plénitude du don; il est manifestation de l’amour fou de Dieu pour nous: “Il n’y a qu’un seul sacrifice, celui de Jésus, le Fils bien-aimé qui nous englobe tous, nous ses membres, et tout l’univers qui est son corps dans l’élan de son oui filial...” C’est le thème du Corps mystique : “Le Cœur de Jésus est le cœur, le grand Cœur de tout son Corps. il nous est donné, il nous appartient.”[33]
A une religieuse, Jean Eudes écrivait, vers la fin de sa vie : “Ma fille, savez-vous bien que vous avez deux cœurs, un grand et un petit? Celui-ci, c’est le vôtre, mais le grand est celui de notre bon Sauveur, qui est encore le vôtre, puisque le Père éternel vous l’a donné et que Lui-même s’est donné à vous. Or c’est par cet adorable Cœur qu’il faut aimer Dieu, car que pouvez-vous faire avec votre petit cœur ? Dorénavant dîtes donc: mon Dieu, je vous aime, mais avec et de tout votre grand Cœur.“ Dès lors, si petits que nous soyons, le don que nous offrons est immense, aussi grand que l’univers, car le Cœur du Christ nous appartient, et avec Lui, le Père nous a tout donné. “L’Amour du Christ atteint tous les êtres et les fait vivre: rien n’échappe à la chaleur de son Amour. Oui, Cœur de feu, diffuse-toi par tout l’univers!”
4-Le Cœur blessé et mort d’amour pour nous
Dans une lettre de 1672 adressée à sa congrégation, Jean Eudes écrit : “Quel cœur plus adorable, plus admirable et plus aimable que le Cœur de cet Homme-Dieu qui s’appelle Jésus ?... Ce Cœur auguste qui est la source de notre salut, qui est l’origine de toutes les félicités du Ciel et de la terre, qui est une fournaise immense d’Amour vers nous et qui ne songe, jour et nuit, qu’à nous faire une infinité de biens, et qui est enfin crevé de douleur pour nous en la Croix, ainsi que le Fils de Dieu l’a déclaré à sainte Brigitte.” [34] En effet, selon le Père Eudes, “Jésus est mort de douleur et d’amour pour chacun de nous, et on peut dire, à la lettre, qu’il fut une victime d’amour et de douleur.” [35]
Le Cœur de Jésus, en effet, est plénitude et il est centre : “centre de la Croix, lien de la terre et du Ciel, icône d’unité. En revenant au Cœur, nous allons droit à l’essentiel,” car l’Amour fou de Dieu se manifeste dans le Cœur humain de son Fils bien-aimé. Le Cœur que nous contemplons au centre de la Croix, le Cœur de chair de Jésus est là, brisé, percé par la lance. “C’est dans le drame de la Croix et dans le Cœur ouvert que s’est révélée la gloire de l’Amour, et sa victoire définitive sur la mort; c’est de la blessure du Cœur que l’eau vivifiante a coulé sur le monde. Même si une femme oubliait son enfant, moi je ne vous oublierais pas: voyez, je vous ai gravés dans mes mains et dans mon Cœur.” [36]
Jean Eudes s’arrête longuement sur la Passion du Seigneur pendant laquelle son Cœur a été “navré d’une infinité de plaies très sanglantes et très douloureuses... Ces plaies provenaient, les unes des innombrables péchés du monde... les autres des peines et des souffrances de ses enfants. Le divin Maître fut le premier à en savourer l’amertume, car il en avait la vue très nette dès le moment de son entrée dans le monde... Au jour de sa Passion, toutes ces douleurs d’ordre moral s’ajoutèrent aux tortures physiques que lui firent endurer ses bourreaux.”[37]
Outre l’Amour que Jésus nous a témoigné dans sa Passion, le Père Eudes expose également celui qu’Il nous témoigne dans l’Eucharistie où“pourtant nous l’abreuvons de tant d’ingratitude.”
5-Le Cœur de Jésus est notre trésor
N’oublions pas non plus que le Cœur du Seigneur est un trésor “un trésor immense, inépuisable, qui enrichit le Ciel et la terre d’une infinité de biens...” C’est aussi notre modèle : “Le Fils de Dieu nous donne son Cœur pour être le modèle et la règle de notre vie, mais aussi pour être notre cœur, afin que, par ce Cœur immense, infini et éternel, nous puissions rendre à Dieu tous nos devoirs et satisfaire à toutes nos obligations envers sa divine Majesté d’une manière qui soit digne de ses perfections infinies.” Car, dit Jean Eudes, s’adressant à Jésus :“Vous nous avez donné votre Cœur afin que nous aimions, votre Père et Vous, du même cœur et du même amour dont Vous vous aimez, et que nous fassions usage de ce grand Cœur pour vous rendre nos adorations, nos louanges, nos actions de grâces et tous nos autres devoirs d’une manière digne de vos grandeurs infinies.” [38]
Dès lors, ayant longuement contemplé le Cœur de Jésus, cette fournaise ardente, avec beaucoup d’amour et d’humilité, nous pourrons nous écrier avec Saint Jean Eudes : “Oh! qu’heureux sont les cœurs qui se perdent dans ces divines flammes ! Mais elles demandent (ces flammes) des cœurs humbles, purs, détachés de tout, charitables, fidèles, soumis, embrasés d’un grand désir de plaire à Dieu et tout pleins de confiance en la bonté infinie du Fils de Marie et en la bénignité incomparable de la Mère de Jésus.” [39]
Après avoir connu l’amour de Saint Jean Eudes pour le Cœur de Jésus, n’avons-nous pas, nous aussi, envie de contempler Jésus, et de chanter tout l’Amour de son Cœur ? C’est ce à quoi nous allons nous efforcer.
Cœur du Seigneur Jésus, blessé d’amour pour nous, Cœur de Jésus je Vous adore... Cœur de Jésus Sauveur, venu pour nous montrer l’Amour, je Vous adore et je Vous aime... Cœur de Jésus Amour, brûlant d’Amour pour nous, je Vous contemple et je Vous aime...
Cœeur de Jésus, blessé par une lance, ton sang coule pour nous. Cœur de Jésus-Amour ton Sang est une source, c’est ma source de Vie, c’est ma source d’Amour. Cœur de Jésus ouvert, ouvert par ton Amour, Tu es ma Fontaine de Vie, ma Fontaine d’Amour. Ton Sang est une eau vive, c’est l’eau d’éternité, l’eau qui vivifie tout et qui purifie tout.
Cœur de Jésus, ton Sang est comme un fleuve qui vient semer la Vie, qui vient donner la paix, et répandre la grâce pour les foules immenses qui laveront leurs robes dans ses eaux cristallines. Cœur de Jésus, Agneau immolé, Agneau vainqueur, nous venons tous vers Toi. Nous venons tous vers ce fleuve de Vie pour y laver nos robes et pour les purifier dans le Sang de l’Agneau.
Cœur de Jésus, Coeur de l’Agneau de Dieu, Tu nous accueilles tous... À tous Tu nous dis : “Venez ! Venez, Je suis la Vie, venez, Je suis l’Amour. Venez Je vous attends. Venez Vous reposer dans mon Cœur, je referai vos forces, je Vous rendrai la Vie, Je vous rendrai l’amour. Venez, vous serez tous purifiés. Venez, et dans ma paix je vous ferai renaître.”
Jésus, ô doux Amour, Jésus, ô merveilleux Amour, ô indicible Amour... Jésus, notre cher Amour, nous ne cherchons que Toi. Jésus, nous Te prions pour nous tous, pour tous les hommes que Tu aimes. Jésus, ô doux Amour, ô merveilleux Amour, nous Te prions pour les hommes qui Te cherchent et pour ceux qui ne Te cherchent pas. Accueille-les Jésus, dans tes bras, dans ton Cœur, qu’ils entrent dans ton Corps pour construire ton Royaume, pour glorifier ton Nom, pour que ta volonté : la Volonté de Dieu, se fasse sur la terre, se fasse dans les cœurs, se fasse dans les Cieux.
Jésus, ô tendre Amour, nous savons que ton Cœur nous aime et nous en sommes émerveillés. Jésus, ô délicieux Amour nous nous plongeons dans ton Cœur pour contempler l’Amour, nous nous cachons dans ton Cœur, nous fondons dans ton Amour, nous nous perdons dans tes grâces, nous sommes en paix car nous T’aimons. Jésus, nous nous cachons dans ton Cœur, nous devenons Toi, nous T’aimons. Jésus, nous devenons Toi car ton Sang c’est le nôtre quand il bat au rythme du Tien.
Jésus, apprends-nous les mots de Dieu pour dire l’Amour. Vois, nos lèvres ne savent que balbutier et répéter sans cesse nos pauvres mots humains, ces mots si limités, si pauvres, si incapables de Te chanter l’Amour, l’Amour dont Tu nous aimes.
Cœur du Seigneur Jésus, blessé d’Amour pour nous, Cœur de Jésus Sauveur ouvert pour laisser couler ton Sang, ta Vie que Tu nous donnes, pour nous donner l’Amour... Cœur de Jésus, nous T’aimons et nous T’adorons. Cœur blessé, Cœur ouvert, laisse-nous nous laver dans ton Sang, laisse-nous purifier notre robe, et laisse-nous T’aimer, T’aimer à la folie, T’aimer plus que nous-mêmes, T’aimer à en mourir.
Cœur de l’Agneau de Dieu, de l’Agneau immolé, apprends-nous à T’aimer comme Tu veux être aimé.
BIBLIOGRAPHIE
“Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF
“Le Bienheureux Jean Eudes” de Ch. LEBRUN - Éditions P. LETHIEULLEUX
“Naissance du culte liturgique des Sacrés-Cœurs” par P.Ange Le Doré. Publié chez Lethielleux en 1915
“Anathème pour mes frères” biographie inachevée et inédite de Marie des Vallées du Chanoine Eugène Lelièvre,
“Saint Jean Eudes, Père, Docteur et Apôtre du Culte liturgique des Sacrés-Cœurs” du R.P.Georges, Eudiste - Éditions P. LETHIEULLEUX (1936)
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[27] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 14
[28] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 29
[29] “Le Bienheureux Jean Eudes” de Ch. LEBRUN - Éditions P. LETHIEULLEUX - Chapitre 4
[30] “Le Bienheureux Jean Eudes” de Ch. LEBRUN - Éditions P. LETHIEULLEUX - Chapitre 4
[31] “Le Bienheureux Jean Eudes” de Ch. LEBRUN - Éditions P. LETHIEULLEUX - Chapitre 4
[32] Idem
[33] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 29
[34] “Le Bienheureux Jean Eudes” de Ch. LEBRUN - Éditions P. LETHIEULLEUX - Chapitre 3
[35] “Le Bienheureux Jean Eudes” de Ch. LEBRUN - Éditions P. LETHIEULLEUX - Chapitre 4
[36] “Saint Jean Eudes” de Paul MILCENT - Éditions du CERF - Chapitre 24
[37] “Le Bienheureux Jean Eudes” de Ch. LEBRUN - Éditions P. LETHIEULLEUX - Chapitre 4
[38] “Le Bienheureux Jean Eudes” de Ch. LEBRUN - Éditions P. LETHIEULLEUX - Chapitre 4
[39] “Le Bienheureux Jean Eudes” de Ch. LEBRUN - Éditions P. LETHIEULLEUX - Chapitre 5
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"Quand je dis Dieu, c'est un poème, c'est une étoile dans ma vie, du feu qui coule dans mes veines, un grand soleil pour aujourd'hui ! "
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