Jeudi Saint.Les apôtres s’occupent de préparer le Cénacle (M.Valtorta)
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Jeudi Saint.Les apôtres s’occupent de préparer le Cénacle (M.Valtorta)
Révélations données à Maria Valtorta - Extrait de "L'évangile t'el qu'il m'a été révélé" - Tome 10, ch. 19, page de 159 à 163
C’est le commencement de la souffrance du Jeudi Saint. Les apôtres - ils sont dix - s’occupent activement de préparer le Cénacle.
Judas, grimpé sur la table, regarde s’il y a de l'huile dans tous les lampions du grand lampadaire qui ressemble à une corolle de fuchsia double, car la tige de suspension est entourée de cinq ampoules qui ressemblent à des pétales, puis un second tour, plus bas, qui est une Vraie couronne de petites flammes; puis il y a enfin trois petits lampions suspendus à des chaînettes qui semblent les pistils de la fleur lumineuse.
Puis il saute par terre et aide André à disposer avec art la vaisselle sur la table sur laquelle on a étendu. une nappe très fine. J'entends André qui dit: «Quel lin splendide!» Et l’Iscariote: «Un des meilleurs de Lazare. Marthe a voulu absolument l’apporter.»
«Et ces calices? et ces amphores, alors?» observe Thomas qui a mis le vin dans les amphores précieuses et les regarde avec admiration en se regardant dans leurs fines panses et il en caresse les poignées ciselées d’un oeil de connaisseur.
«Qui sait quelle valeur, hein?» demande Judas Iscariote.
«C’est travaillé au marteau. Mon père en serait fou. L’argent et l’or en feuilles se plient facilement à la chaleur. Mais traité ainsi...Un moment peut tout abîmer. Il suffit d’un coup mal donné. Il faut en même temps de la force et de la légèreté. Tu vois les poignées? Elles sont tirées de la masse et ne sont pas soudées. Choses de riches... Pense que toute la limaille et le dégrossissement se perdent. Je ne sais pas si tu me comprends.
«Hé! si je comprends! C’est comme fait un sculpteur.»
«Tout à fait cela.»
Tous admirent, puis retournent à leur travail. Tel dispose les sièges et tel autre prépare les crédences.
Pierre et Simon entrent ensemble.
«Oh! vous êtes venus finalement! Où êtes-vous allés de nouveau? Après être arrivés avec le Maître et nous, vous vous êtes enfuis de nouveau» dit l’lscariote.
«Encore une tâche avant l’heure» répond brièvement Simon.
«Tu es mélancolique?»
«Je crois qu’avec ce qu’on a entendu en ces jours et de ces lèvres que jamais on ne trouve mensongères, il y en a bien une raison.»
«Et avec cette puanteur de... Bon! tais-toi, Pierre» murmure Pierre entre ses dents.
«Toi aussi!... Tu me sembles fou depuis quelques jours. Tu as la figure d’un lapin sauvage qui sent derrière lui le chacal» répond Judas Plscariote.
«Et toi, tu as le museau de la fouine. Toi aussi, tu n’es pas très beau depuis quelques jours. Tu regardes d’une façon... Tu as même l’oeil de travers... Qui attends-tu ou qu’espères-tu voir? Tu sembles plein d’assurance, tu veux le faire paraître, mais tu as l’air de quelqu’un qui a peur» réplique Pierre.
«Oh! Quant à la peur!... Tu n’es certainement pas un héros, toi non plus!»
«Personne de nous ne l’est, Judas. Tu portes le nom du Macchabée, mais tu ne l’es pas. Moi, je dis avec mon nom: “Dieu fait grâce”, mais je te jure que j ’ai en moi le tremblement de qui sait porter malheur et d’être surtout dans la disgrâce de Dieu. Simon de J onas, rebaptisé “la pierre”, est mou maintenant comme de la cire près du feu. Il ne se cramponne plus par sa volonté. Lui, que je n’ai jamais vu trembler dans les plus violentes tempêtes! Mathieu, Barthélemy et Philippe semblent des somnambules. Mon frère et André ne font que soupirer.
Les deux cousins, qui ont la douleur de la parenté avec celle de l’amour pour le Maître, regarde-les. Ils semblent déjà des vieillards. Thomas a perdu son entrain, et Simon semble redevenu le lépreux épuisé d’il y a maintenant trois ans tant il est creusé par la douleur, je dirais corrodé, livide, avili» lui répond Jean.
Judas : "nous avons été tous séduits par sa douce fascination de malade"
«Oui. Il nous a tous suggestionnés par sa mélancolie» observe l’Iscariote.
«Mon cousin Jésus, mon Maître et Seigneur et le vôtre, est et n’est pas mélancolique. Si tu veux dire par ce nom qu’il est triste à cause de la douleur excessive que tout Israél est en train de Lui donner, et que nous voyons, et l’autre douleur cachée que Lui seul voit, je te dis: “Tu as raison”. Mais si tu uses de ce terme pour dire qu’il est fou, je te l’interdis» dit Jacques d’Alphée.
Judas : «Et n’est-ce pas de la folie qu’une idée fixe de mélancolie? J’ai fait aussi des études profanes, et je sais. Il a trop donné de Lui- même. Maintenant il a l’esprit épuisé.»
«Ce qui signifie de la démence. N’est-ce pas?» demande l’autre cousin Jude, apparemment calme.
Judas : «Tout à fait cela! Il avait bien vu ton père, juste de sainte mémoire, à qui tu ressembles pour la justice et la sagesse! Jésus, triste destin d’une illustre maison trop vieille et frappée de sénilité psychique, a toujours eu une tendance à cette maladie, d’abord douce, puis toujours de plus en plus agressive.
Tu as vu comme il a attaqué pharisiens et scribes, sadducéens et hérodiens. Il s’est rendu la vie impossible comme un chemin couvert d’éclats de quartz. Et c’est Lui qui les a semés. Nous... nous l’aimions tant que l’amour nous l’a caché. Mais ceux qui l’ont aimé sans l’idolâtrer: ton père, ton frère Joseph, et Simon au début, ont vu juste... nous devions ouvrir les yeux en les écoutant. Au contraire, nous avons été tous séduits par sa douce fascination de malade. Et maintenant... Hélas!»
.
"et d’un puissant revers de main il couche Judas sur un des sièges et avec une colère contenue"
Jude Thaddée qui, aussi grand que l’Iscariote, est justement en face de lui et paraît l’écouter paisiblement, a un déclic violent et d’un puissant revers de main il couche Judas sur un des sièges et avec une colère contenue, sans éclat de voix, se penchant, siffle sur son visage de lâche, et Judas ne réagit pas, craignant peut-être que le Thaddée soit au courant de son crime: «Voilà pour la démence, reptile!
Et c’est seulement parce que Lui est à côté et que c’est le soir de Pâque que je ne t’étrangle pas. Mais réfléchis, réfléchis bien! S’il Lui arrive du mal et qu’il n’est plus là pour arrêter ma force, personne ne te sauve. C’est comme si déjà tu avais la corde au cou et ce seront ces mains honnêtes et fortes d’artisan ‘galiléen et de descendant du frondeur de Goliath qui feront ton affaire. Lève- toi, mollasson libertin! Et surveille ta conduite.»
Judas se lève, livide, sans la moindre réaction. Et, ce qui me surprend, personne ne réagit au nouveau geste du Thaddée. Au contraire!... Il est clair que tous approuvent.
.
"Jésus entre"
L’ambiance est à peine redevenue tranquille que Jésus entre. Il se présente au seuil de la petite porte par laquelle sa grande taille passe difficilement, met le pied sur le petit palier et, avec son sourire doux et triste, dit en ouvrant les bras: «La paix soit avec vous. Sa voix est lasse comme celle de quelqu’un qui souffre physiquement et moralement.
Il descend, caresse la tête blonde de Jean qui est accouru près de Lui. Comme s’il ignorait tout, il sourit à son cousin Jude et il dit à l’autre cousin: «Ta mère te prie d’être doux avec Joseph. Tout à l’heure il a demandé aux femmes de mes nouvelles et des tiennes. Je regrette de ne l’avoir pas salué.»
«Tu le feras demain.»
«Demain‘?... Mais j’aurai toujours le temps de le voir... Oh! Pierre! Nous allons rester finalement un peu ensemble! Depuis hier, tu sembles pour Moi un feu follet. Je te vois, puis je ne te vois plus. Aujourd’hui je puis presque dire que je t’ai perdu. Toi aussi, Simon.
«Nos cheveux plutôt blancs que noirs peuvent t’assurer que nous ne nous sommes pas absentes par désir de la chair» dit Simon avec sérieux.
«Bien que... à tout âge on peut avoir cette faim... Les vieux! Pires que les jeunes...» dit l’Iscariote offensif.
Simon le regarde et il va répliquer. Mais Jésus le regarde aussi et dit: «Tu as mal aux dents? Tu as la joue droite enflée et rouge.» «Oui, j ’ai mal. Mais ce n’est pas la peine de s’en occuper.» Les autres ne disent rien, et l’affaire se termine ainsi.
«Avez-vous fait tout ce qu’il fallait faire? Toi, Mathieu? Et toi, André? Et toi, Judas, as-tu pensé à l’offrande au Temple?»
Les deux premiers, aussi bien que l’Iscariote, disent: «Tout est fait de ce que tu avais dit de faire pour aujourd’hui. Sois tranquille.»
«Moi, j’ai apporté les primeurs de Lazare à Jeanne de Chousa, pour les enfants. Ils m’ont dit: “Elles étaient meilleurs ces pommes!” Elles avaient la saveur de la faim, celles-là! Et c’était tes pommes» dit Jean souriant et rêvant.
Jésus aussi sourit à un souvenir...
«J’ai vu Nicodème et Joseph» dit Thomas.
«Tu les as vus? Tu as parlé avec eux?» demande l’Iscariote avec un intérêt exagéré.
«Oui. Qu’y a-t-il d’étrange‘? Joseph est un bon client de mon père.»
«Tu ne l’avais pas dit avant... C’est pour cela que j’ai été étonné...» Judas essaie de dépailler l’impression, qu’il avait donnée d’abord, de son inquiétude pour la rencontre de Joseph et de Nicodème avec Thomas.
«Il me semble étrange qu’ils ne soient pas venus ici pour te vénérer. Ni eux, ni Chousa, ni Manaèn... Aucun des...»
Mais l’Iscariote, avec un faux rire, interrompt Barthélemy et il dit: «Le crocodile se terre quand il le faut.»
«Que veux-tu dire? Qu'insinues-tu?» demande Simon, agressif comme il n’a jamais été.
«Paix, paix! Mais qu’avez-vous? C’est la soirée pascale! Jamais nous n’avons eu un si digne apparat pour consommer l'agneau. Consommons donc la cène dans un esprit de paix. Je vois que je vous ai beaucoup troublés par mes instructions de ces derniers soirs. Mais, vous voyez? J’ai fini! Maintenant je ne vous troublerai plus.
Tout n’est pas dit de ce qui se rapporte à Moi. Seulement l’essentie. Le reste... vous le comprendrez par la suite. Il vous sera dit... Oui. Il viendra Celui qui vous le dira! Jean, va avec Judas et un autre, prendre les coupes pour la purification. Et puis assoyons- nous à table.» Jésus est d’une douceur déchirante.
Jean avec André, Jude Thaddée avec Jacques, apportent la vaste coupe, y versent l’eau et offrent l’essuie-mains à Jésus et à leurs compagnons qui font la même chose avec eux. La coupe (qui est un bassin de métal) est mise dans un coin.
«Et maintenant à vos places. Moi ici, et ici (à droite) Jean et ...
http://vincent.detarle.perso.sfr.fr/catho/passion.htm
C’est le commencement de la souffrance du Jeudi Saint. Les apôtres - ils sont dix - s’occupent activement de préparer le Cénacle.
Judas, grimpé sur la table, regarde s’il y a de l'huile dans tous les lampions du grand lampadaire qui ressemble à une corolle de fuchsia double, car la tige de suspension est entourée de cinq ampoules qui ressemblent à des pétales, puis un second tour, plus bas, qui est une Vraie couronne de petites flammes; puis il y a enfin trois petits lampions suspendus à des chaînettes qui semblent les pistils de la fleur lumineuse.
Puis il saute par terre et aide André à disposer avec art la vaisselle sur la table sur laquelle on a étendu. une nappe très fine. J'entends André qui dit: «Quel lin splendide!» Et l’Iscariote: «Un des meilleurs de Lazare. Marthe a voulu absolument l’apporter.»
«Et ces calices? et ces amphores, alors?» observe Thomas qui a mis le vin dans les amphores précieuses et les regarde avec admiration en se regardant dans leurs fines panses et il en caresse les poignées ciselées d’un oeil de connaisseur.
«Qui sait quelle valeur, hein?» demande Judas Iscariote.
«C’est travaillé au marteau. Mon père en serait fou. L’argent et l’or en feuilles se plient facilement à la chaleur. Mais traité ainsi...Un moment peut tout abîmer. Il suffit d’un coup mal donné. Il faut en même temps de la force et de la légèreté. Tu vois les poignées? Elles sont tirées de la masse et ne sont pas soudées. Choses de riches... Pense que toute la limaille et le dégrossissement se perdent. Je ne sais pas si tu me comprends.
«Hé! si je comprends! C’est comme fait un sculpteur.»
«Tout à fait cela.»
Tous admirent, puis retournent à leur travail. Tel dispose les sièges et tel autre prépare les crédences.
Pierre et Simon entrent ensemble.
«Oh! vous êtes venus finalement! Où êtes-vous allés de nouveau? Après être arrivés avec le Maître et nous, vous vous êtes enfuis de nouveau» dit l’lscariote.
«Encore une tâche avant l’heure» répond brièvement Simon.
«Tu es mélancolique?»
«Je crois qu’avec ce qu’on a entendu en ces jours et de ces lèvres que jamais on ne trouve mensongères, il y en a bien une raison.»
«Et avec cette puanteur de... Bon! tais-toi, Pierre» murmure Pierre entre ses dents.
«Toi aussi!... Tu me sembles fou depuis quelques jours. Tu as la figure d’un lapin sauvage qui sent derrière lui le chacal» répond Judas Plscariote.
«Et toi, tu as le museau de la fouine. Toi aussi, tu n’es pas très beau depuis quelques jours. Tu regardes d’une façon... Tu as même l’oeil de travers... Qui attends-tu ou qu’espères-tu voir? Tu sembles plein d’assurance, tu veux le faire paraître, mais tu as l’air de quelqu’un qui a peur» réplique Pierre.
«Oh! Quant à la peur!... Tu n’es certainement pas un héros, toi non plus!»
«Personne de nous ne l’est, Judas. Tu portes le nom du Macchabée, mais tu ne l’es pas. Moi, je dis avec mon nom: “Dieu fait grâce”, mais je te jure que j ’ai en moi le tremblement de qui sait porter malheur et d’être surtout dans la disgrâce de Dieu. Simon de J onas, rebaptisé “la pierre”, est mou maintenant comme de la cire près du feu. Il ne se cramponne plus par sa volonté. Lui, que je n’ai jamais vu trembler dans les plus violentes tempêtes! Mathieu, Barthélemy et Philippe semblent des somnambules. Mon frère et André ne font que soupirer.
Les deux cousins, qui ont la douleur de la parenté avec celle de l’amour pour le Maître, regarde-les. Ils semblent déjà des vieillards. Thomas a perdu son entrain, et Simon semble redevenu le lépreux épuisé d’il y a maintenant trois ans tant il est creusé par la douleur, je dirais corrodé, livide, avili» lui répond Jean.
Judas : "nous avons été tous séduits par sa douce fascination de malade"
«Oui. Il nous a tous suggestionnés par sa mélancolie» observe l’Iscariote.
«Mon cousin Jésus, mon Maître et Seigneur et le vôtre, est et n’est pas mélancolique. Si tu veux dire par ce nom qu’il est triste à cause de la douleur excessive que tout Israél est en train de Lui donner, et que nous voyons, et l’autre douleur cachée que Lui seul voit, je te dis: “Tu as raison”. Mais si tu uses de ce terme pour dire qu’il est fou, je te l’interdis» dit Jacques d’Alphée.
Judas : «Et n’est-ce pas de la folie qu’une idée fixe de mélancolie? J’ai fait aussi des études profanes, et je sais. Il a trop donné de Lui- même. Maintenant il a l’esprit épuisé.»
«Ce qui signifie de la démence. N’est-ce pas?» demande l’autre cousin Jude, apparemment calme.
Judas : «Tout à fait cela! Il avait bien vu ton père, juste de sainte mémoire, à qui tu ressembles pour la justice et la sagesse! Jésus, triste destin d’une illustre maison trop vieille et frappée de sénilité psychique, a toujours eu une tendance à cette maladie, d’abord douce, puis toujours de plus en plus agressive.
Tu as vu comme il a attaqué pharisiens et scribes, sadducéens et hérodiens. Il s’est rendu la vie impossible comme un chemin couvert d’éclats de quartz. Et c’est Lui qui les a semés. Nous... nous l’aimions tant que l’amour nous l’a caché. Mais ceux qui l’ont aimé sans l’idolâtrer: ton père, ton frère Joseph, et Simon au début, ont vu juste... nous devions ouvrir les yeux en les écoutant. Au contraire, nous avons été tous séduits par sa douce fascination de malade. Et maintenant... Hélas!»
.
"et d’un puissant revers de main il couche Judas sur un des sièges et avec une colère contenue"
Jude Thaddée qui, aussi grand que l’Iscariote, est justement en face de lui et paraît l’écouter paisiblement, a un déclic violent et d’un puissant revers de main il couche Judas sur un des sièges et avec une colère contenue, sans éclat de voix, se penchant, siffle sur son visage de lâche, et Judas ne réagit pas, craignant peut-être que le Thaddée soit au courant de son crime: «Voilà pour la démence, reptile!
Et c’est seulement parce que Lui est à côté et que c’est le soir de Pâque que je ne t’étrangle pas. Mais réfléchis, réfléchis bien! S’il Lui arrive du mal et qu’il n’est plus là pour arrêter ma force, personne ne te sauve. C’est comme si déjà tu avais la corde au cou et ce seront ces mains honnêtes et fortes d’artisan ‘galiléen et de descendant du frondeur de Goliath qui feront ton affaire. Lève- toi, mollasson libertin! Et surveille ta conduite.»
Judas se lève, livide, sans la moindre réaction. Et, ce qui me surprend, personne ne réagit au nouveau geste du Thaddée. Au contraire!... Il est clair que tous approuvent.
.
"Jésus entre"
L’ambiance est à peine redevenue tranquille que Jésus entre. Il se présente au seuil de la petite porte par laquelle sa grande taille passe difficilement, met le pied sur le petit palier et, avec son sourire doux et triste, dit en ouvrant les bras: «La paix soit avec vous. Sa voix est lasse comme celle de quelqu’un qui souffre physiquement et moralement.
Il descend, caresse la tête blonde de Jean qui est accouru près de Lui. Comme s’il ignorait tout, il sourit à son cousin Jude et il dit à l’autre cousin: «Ta mère te prie d’être doux avec Joseph. Tout à l’heure il a demandé aux femmes de mes nouvelles et des tiennes. Je regrette de ne l’avoir pas salué.»
«Tu le feras demain.»
«Demain‘?... Mais j’aurai toujours le temps de le voir... Oh! Pierre! Nous allons rester finalement un peu ensemble! Depuis hier, tu sembles pour Moi un feu follet. Je te vois, puis je ne te vois plus. Aujourd’hui je puis presque dire que je t’ai perdu. Toi aussi, Simon.
«Nos cheveux plutôt blancs que noirs peuvent t’assurer que nous ne nous sommes pas absentes par désir de la chair» dit Simon avec sérieux.
«Bien que... à tout âge on peut avoir cette faim... Les vieux! Pires que les jeunes...» dit l’Iscariote offensif.
Simon le regarde et il va répliquer. Mais Jésus le regarde aussi et dit: «Tu as mal aux dents? Tu as la joue droite enflée et rouge.» «Oui, j ’ai mal. Mais ce n’est pas la peine de s’en occuper.» Les autres ne disent rien, et l’affaire se termine ainsi.
«Avez-vous fait tout ce qu’il fallait faire? Toi, Mathieu? Et toi, André? Et toi, Judas, as-tu pensé à l’offrande au Temple?»
Les deux premiers, aussi bien que l’Iscariote, disent: «Tout est fait de ce que tu avais dit de faire pour aujourd’hui. Sois tranquille.»
«Moi, j’ai apporté les primeurs de Lazare à Jeanne de Chousa, pour les enfants. Ils m’ont dit: “Elles étaient meilleurs ces pommes!” Elles avaient la saveur de la faim, celles-là! Et c’était tes pommes» dit Jean souriant et rêvant.
Jésus aussi sourit à un souvenir...
«J’ai vu Nicodème et Joseph» dit Thomas.
«Tu les as vus? Tu as parlé avec eux?» demande l’Iscariote avec un intérêt exagéré.
«Oui. Qu’y a-t-il d’étrange‘? Joseph est un bon client de mon père.»
«Tu ne l’avais pas dit avant... C’est pour cela que j’ai été étonné...» Judas essaie de dépailler l’impression, qu’il avait donnée d’abord, de son inquiétude pour la rencontre de Joseph et de Nicodème avec Thomas.
«Il me semble étrange qu’ils ne soient pas venus ici pour te vénérer. Ni eux, ni Chousa, ni Manaèn... Aucun des...»
Mais l’Iscariote, avec un faux rire, interrompt Barthélemy et il dit: «Le crocodile se terre quand il le faut.»
«Que veux-tu dire? Qu'insinues-tu?» demande Simon, agressif comme il n’a jamais été.
«Paix, paix! Mais qu’avez-vous? C’est la soirée pascale! Jamais nous n’avons eu un si digne apparat pour consommer l'agneau. Consommons donc la cène dans un esprit de paix. Je vois que je vous ai beaucoup troublés par mes instructions de ces derniers soirs. Mais, vous voyez? J’ai fini! Maintenant je ne vous troublerai plus.
Tout n’est pas dit de ce qui se rapporte à Moi. Seulement l’essentie. Le reste... vous le comprendrez par la suite. Il vous sera dit... Oui. Il viendra Celui qui vous le dira! Jean, va avec Judas et un autre, prendre les coupes pour la purification. Et puis assoyons- nous à table.» Jésus est d’une douceur déchirante.
Jean avec André, Jude Thaddée avec Jacques, apportent la vaste coupe, y versent l’eau et offrent l’essuie-mains à Jésus et à leurs compagnons qui font la même chose avec eux. La coupe (qui est un bassin de métal) est mise dans un coin.
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