Le Vatican va-t-il échouer au test de transparence?

Le Vatican va-t-il échouer au test de transparence?

Mis en ligne le 17/06/2012

Benoît XVI a voulu instaurer la transparence dans cette banque où transitent les dons destinés aux Eglises et où les congrégations et les religieux ont des comptes.

Le Vatican risque d'échouer début juillet au test des experts Moneyval du Conseil de l'Europe sur la transparence financière, auquel il a soumis sa banque, l'Institut pour les oeuvres de religion (IOR), a rapporté dimanche le quotidien italien Il Fatto Quotidiano.

Selon le journal, qui affirme avoir eu connaissance des éléments principaux contenus dans un rapport de ce comité d'experts européen, le Vatican risque d'avoir des notes insatisfaisantes pour huit des seize "recommandations fondamentales" en matière de recyclage. Et donc de ne pouvoir figurer ensuite, comme il l'espérait, dans la "White list" des Etats transparents.

Benoît XVI a voulu instaurer la transparence dans cette banque où transitent les dons destinés aux Eglises et où les congrégations et les religieux ont des comptes. Dans le passé, des fonds suspects recyclés, notamment de la mafia, sont passés par l'IOR, donnant lieu à des scandales retentissants. Une enquête de la justice italienne se poursuit encore aujourd'hui sur un transit de fonds suspects.

Fin 2010, une nouvelle institution, l'Autorité d’information financière (AIF), confiée au cardinal italien Attilio Nicora, avait été créée pour mieux traquer les mouvements bancaires peu clairs. Une loi antirecyclage était entrée en vigueur en avril 2011. Mais une loi, en janvier suivant, l'avait complétée, renforçant les pouvoirs de la Secrétairerie d'Etat au détriment de l'AIF.

L'assemblée générale de Moneyval doit décider à Strasbourg si les réformes à l'IOR sont "largely compliant", "compliant" (largement conforme ou conforme) ou "partially compliant", "non compliant" (partiellement conforme ou non conforme). Selon Il Fatto Quotidiano, dans huit domaines, Moneyval s'apprêterait à retenir ces deux catégories négatives.

Le limogeage du patron de l'IOR, l'Italien Ettore Gotti Tedeschi, fin mai, est lié en partie à de fortes divergences internes au sein de sa direction en prévision de la décision de Moneyval.

Il semble que deux conceptions se soient affrontées: celle de Gotti Tedeschi, pour aligner cette banque très spéciale sur les critères des banques italiennes et internationales, et celle du secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone et d'une partie du Vatican, soucieux de maintenir la souveraineté de l'IOR, non pour cacher des transactions criminelles, mais plutôt pour permettre la poursuite d'opérations financières discrètes pour l'évangélisation et les Eglises en difficulté.
Lalibre