Apprendre à exprimer sa colère
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Apprendre à exprimer sa colère
Yves Boulvin
est formateur en relations humaines, psychologue et consultant. Il organise depuis de nombreuses années des stages en entreprise,parallèlement à son activité de thérapeute. Il anime depuis plus de dix ans les émissions Foi et psychologie retransmises sur différentes radios francophones
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" Dieu a mis en nous une énergie de vie considérable, et il nous en faudra pour réagir à toutes les circonstances de notre vie et pour entrer dans l’infini de l’Amour de Dieu. Or, si cette énergie au départ est positive : l’amour qui répond à l’Amour, l’amour qui cherche l’Amour, elle se retourne rapidement dans notre enfance à cause des manques affectifs que nous avons pu vivre ou ressentir, et des obstacles que l’on a mis à la réalisation de nos désirs, besoins et projets. Tout cela a créé en nous des révoltes, des désirs inconscients de mort, suivis de profondes culpabilités.
Accueillir l’enfant en colère
On a considéré pendant longtemps qu’un enfant qui se mettait en colère « faisait des caprices » et s’il rouspétait, on le rabrouait avec parfois des phrases assassines du type : Tu es méchant. C’est ainsi que nous avons accumulé tout un tas de colères que bien souvent nous avons refoulées parce que « ça ne se faisait pas » ou que nous avions à être un gentil petit garçon ou une gentille petite fille.
Heureux les parents qui savent dire devant la colère de leur enfant : Je comprends que tu sois en colère car l’autre jour, je n’ai pas vraiment répondu à ton attente. J’étais fatiguée. Comprends à ton tour que je ne suis pas toujours disponible. Aussi, pour l’avenir, je te propose de…
Le rôle des parents est d’accueillir et de comprendre ces colères et de les orienter positivement. Par exemple, le sentiment d’injustice que, à tort ou à raison, vit un enfant, peut faire de lui plus tard un insurgé de Dieu comme l’abbé Pierre, ou un saint extrêmement doux comme tous ces saints colériques dans leur enfance qui, ayant ensuite rencontré l’Amour ont transformé l’énergie de leur colère en ardeur, en action et en service pour le Seigneur.
Des boucs émissaires
Aujourd’hui, je me rends compte que je fais payer à d’autres mon passé alors qu’ils n’en sont pas responsables. Fatigué en rentrant le soir, je me dispute avec mon conjoint ; en fin de journée, je m’irrite contre mes enfants ; j’ai des boucs émissaires, par exemple telle personne qui rentre au mauvais moment dans mon bureau ou tel automobiliste qui fait - selon moi - une erreur de conduite… Je reconnais mon passé blessé à travers les réactions disproportionnées et répétitives que j’ai vis-à-vis de certaines personnes, souvent proches, ou bien à certains moments de la journée, par exemple sous l’effet du stress ou de la fatigue.
Les poubelles psychiques
Alors, de la même façon que je vais aux toilettes chaque jour et que je me libère ainsi de ce qui m’encombre, que je sors mes poubelles plusieurs fois par semaine, sans y revenir, je vais apprendre à sortir mes poubelles psychiques dans des lieux faits pour cela : en faisant du sport, en tapant sur un punching-ball, en allant crier en forêt, en écrivant pour moi des lettres incendiaires que je n’enverrai pas, en faisant une thérapie individuelle ou de groupe… Dans tout cela, je veille à pouvoir sortir ce qui m’encombre, sans me défouler sur quelqu’un qui n’est pas responsable de ce que j’ai vécu antérieurement. Certains thérapeutes proposent des rendez-vous quotidiens avec nos colères pendant à peu près un mois, pour entrer dans la compréhension véritable de ce qui les a déclenchées et pouvoir totalement les liquider.
Une autre façon de gérer nos exaspérations est de les transformer par l’art, la musique, le chant ou toute autre expression de ce genre. Quoi qu’il en soit, je ne m’enferme pas dans la croyance que la colère est quelque chose de négatif en soi. Dans le cas contraire, je risque de la refouler, de trop contenir mes emportements et de sombrer dans un état de passivité, de fatigue, d’apathie, comme le font certains adultes à qui l’on disait quand, enfants, ils se mettaient en colère : Tu es fatigué, va te coucher !
Chercher des solutions plutôt que des coupables
La colère exprime en général une blessure d’amour, un sentiment d’injustice ou d’incompréhension, un dynamisme créateur qui a du mal à trouver sa place. Ainsi au lieu de la combattre, de l’enfouir ou de trouver un bouc émissaire, je vais lui redonner un sens positif. Lorsque je me sens en colère, que je sens ma poitrine en feu, je vais d’abord me mettre dans un bain d’Amour, un cœur à Cœur avec Dieu, si doux, si tendre, si aimant, qui va m’aider à relativiser (Est-ce si grave ?), à percevoir les causes de mon irritation et à me sentir totalement compris.
Ensuite, une fois pacifié, je vais pouvoir me demander quelle action accomplir maintenant. Est-ce que je peux faire changer la situation ? Qu’ai-je à dire et comment le dire ? J’apprends à me positionner par rapport aux personnes avec qui je me sens en conflit. Ni persécuteur ni victime, ni « paillasson » ni « hérisson », je m’exerce à chercher des solutions plutôt que des coupables (1). Quand tu…, je réagis mal parce que je… Aussi, je te propose de… Ce qui nous permettrait tous les deux de… Qu’en penses-tu ? Ou encore : Quand je fais ou dis…, je vois bien que tu le vis mal et que tu réagis fortement. Pourtant, mon intention est de… Aussi, je te propose de…
Tout ce qui s’applique aux autres s’applique d’abord à moi-même. Me mettre en colère contre moi-même, m’en vouloir, ou m’en vouloir de m’en vouloir, me fait tourner en rond et m’enferme dans un cercle vicieux. Or je vois bien que la simplicité de cœur à laquelle je suis invité, c’est d’accepter mes erreurs et de mettre en place de nouvelles dispositions.
Comprendre ou juger ?
M’en vouloir signifierait que je continue à me juger, que j’ai l’ambition illusoire d’être parfait immédiatement et que je continue à vivre dans la croyance que je ne peux être aimé que si je suis impeccable. Faut-il vraiment mériter l’amour ? Comprendre ou juger, il faut choisir… Dieu m’apprend à être mon meilleur ami, à être plus doux avec moi-même.
Si je me rends compte qu’en fait, je suis tout petit devant Dieu (Puis-je façonner un corps humain, édifier des montagnes, placer des astres dans les cieux ?) et qu’Il est ce Père-Mère qui aime son enfant infiniment ; si par ailleurs je pardonne moi-même à mes enfants leurs erreurs, je sais que je me tromperai encore et encore mais que, à chaque fois, inspiré par l’Esprit Saint, je tirerai la leçon, je prendrai les décisions qui s’imposent et j’agirai au bon moment. "
SOURCE :1 J-D Chiffre et C. Rubaud, L’affirmation de soi, éd. Bernet-Danilo 1999.
est formateur en relations humaines, psychologue et consultant. Il organise depuis de nombreuses années des stages en entreprise,parallèlement à son activité de thérapeute. Il anime depuis plus de dix ans les émissions Foi et psychologie retransmises sur différentes radios francophones
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" Dieu a mis en nous une énergie de vie considérable, et il nous en faudra pour réagir à toutes les circonstances de notre vie et pour entrer dans l’infini de l’Amour de Dieu. Or, si cette énergie au départ est positive : l’amour qui répond à l’Amour, l’amour qui cherche l’Amour, elle se retourne rapidement dans notre enfance à cause des manques affectifs que nous avons pu vivre ou ressentir, et des obstacles que l’on a mis à la réalisation de nos désirs, besoins et projets. Tout cela a créé en nous des révoltes, des désirs inconscients de mort, suivis de profondes culpabilités.
Accueillir l’enfant en colère
On a considéré pendant longtemps qu’un enfant qui se mettait en colère « faisait des caprices » et s’il rouspétait, on le rabrouait avec parfois des phrases assassines du type : Tu es méchant. C’est ainsi que nous avons accumulé tout un tas de colères que bien souvent nous avons refoulées parce que « ça ne se faisait pas » ou que nous avions à être un gentil petit garçon ou une gentille petite fille.
Heureux les parents qui savent dire devant la colère de leur enfant : Je comprends que tu sois en colère car l’autre jour, je n’ai pas vraiment répondu à ton attente. J’étais fatiguée. Comprends à ton tour que je ne suis pas toujours disponible. Aussi, pour l’avenir, je te propose de…
Le rôle des parents est d’accueillir et de comprendre ces colères et de les orienter positivement. Par exemple, le sentiment d’injustice que, à tort ou à raison, vit un enfant, peut faire de lui plus tard un insurgé de Dieu comme l’abbé Pierre, ou un saint extrêmement doux comme tous ces saints colériques dans leur enfance qui, ayant ensuite rencontré l’Amour ont transformé l’énergie de leur colère en ardeur, en action et en service pour le Seigneur.
Des boucs émissaires
Aujourd’hui, je me rends compte que je fais payer à d’autres mon passé alors qu’ils n’en sont pas responsables. Fatigué en rentrant le soir, je me dispute avec mon conjoint ; en fin de journée, je m’irrite contre mes enfants ; j’ai des boucs émissaires, par exemple telle personne qui rentre au mauvais moment dans mon bureau ou tel automobiliste qui fait - selon moi - une erreur de conduite… Je reconnais mon passé blessé à travers les réactions disproportionnées et répétitives que j’ai vis-à-vis de certaines personnes, souvent proches, ou bien à certains moments de la journée, par exemple sous l’effet du stress ou de la fatigue.
Les poubelles psychiques
Alors, de la même façon que je vais aux toilettes chaque jour et que je me libère ainsi de ce qui m’encombre, que je sors mes poubelles plusieurs fois par semaine, sans y revenir, je vais apprendre à sortir mes poubelles psychiques dans des lieux faits pour cela : en faisant du sport, en tapant sur un punching-ball, en allant crier en forêt, en écrivant pour moi des lettres incendiaires que je n’enverrai pas, en faisant une thérapie individuelle ou de groupe… Dans tout cela, je veille à pouvoir sortir ce qui m’encombre, sans me défouler sur quelqu’un qui n’est pas responsable de ce que j’ai vécu antérieurement. Certains thérapeutes proposent des rendez-vous quotidiens avec nos colères pendant à peu près un mois, pour entrer dans la compréhension véritable de ce qui les a déclenchées et pouvoir totalement les liquider.
Une autre façon de gérer nos exaspérations est de les transformer par l’art, la musique, le chant ou toute autre expression de ce genre. Quoi qu’il en soit, je ne m’enferme pas dans la croyance que la colère est quelque chose de négatif en soi. Dans le cas contraire, je risque de la refouler, de trop contenir mes emportements et de sombrer dans un état de passivité, de fatigue, d’apathie, comme le font certains adultes à qui l’on disait quand, enfants, ils se mettaient en colère : Tu es fatigué, va te coucher !
Chercher des solutions plutôt que des coupables
La colère exprime en général une blessure d’amour, un sentiment d’injustice ou d’incompréhension, un dynamisme créateur qui a du mal à trouver sa place. Ainsi au lieu de la combattre, de l’enfouir ou de trouver un bouc émissaire, je vais lui redonner un sens positif. Lorsque je me sens en colère, que je sens ma poitrine en feu, je vais d’abord me mettre dans un bain d’Amour, un cœur à Cœur avec Dieu, si doux, si tendre, si aimant, qui va m’aider à relativiser (Est-ce si grave ?), à percevoir les causes de mon irritation et à me sentir totalement compris.
Ensuite, une fois pacifié, je vais pouvoir me demander quelle action accomplir maintenant. Est-ce que je peux faire changer la situation ? Qu’ai-je à dire et comment le dire ? J’apprends à me positionner par rapport aux personnes avec qui je me sens en conflit. Ni persécuteur ni victime, ni « paillasson » ni « hérisson », je m’exerce à chercher des solutions plutôt que des coupables (1). Quand tu…, je réagis mal parce que je… Aussi, je te propose de… Ce qui nous permettrait tous les deux de… Qu’en penses-tu ? Ou encore : Quand je fais ou dis…, je vois bien que tu le vis mal et que tu réagis fortement. Pourtant, mon intention est de… Aussi, je te propose de…
Tout ce qui s’applique aux autres s’applique d’abord à moi-même. Me mettre en colère contre moi-même, m’en vouloir, ou m’en vouloir de m’en vouloir, me fait tourner en rond et m’enferme dans un cercle vicieux. Or je vois bien que la simplicité de cœur à laquelle je suis invité, c’est d’accepter mes erreurs et de mettre en place de nouvelles dispositions.
Comprendre ou juger ?
M’en vouloir signifierait que je continue à me juger, que j’ai l’ambition illusoire d’être parfait immédiatement et que je continue à vivre dans la croyance que je ne peux être aimé que si je suis impeccable. Faut-il vraiment mériter l’amour ? Comprendre ou juger, il faut choisir… Dieu m’apprend à être mon meilleur ami, à être plus doux avec moi-même.
Si je me rends compte qu’en fait, je suis tout petit devant Dieu (Puis-je façonner un corps humain, édifier des montagnes, placer des astres dans les cieux ?) et qu’Il est ce Père-Mère qui aime son enfant infiniment ; si par ailleurs je pardonne moi-même à mes enfants leurs erreurs, je sais que je me tromperai encore et encore mais que, à chaque fois, inspiré par l’Esprit Saint, je tirerai la leçon, je prendrai les décisions qui s’imposent et j’agirai au bon moment. "
SOURCE :1 J-D Chiffre et C. Rubaud, L’affirmation de soi, éd. Bernet-Danilo 1999.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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