les pélerins atterrissent à Lourde...

Erreur de GPS: les pélerins atterrissent à Lourde... à 90 km de Lourdes

LOURDE — La Vierge de Lourde, dressée contre son rocher d'où suinte une source, n'a jamais fait de miracle. Pourtant, des croyants continuent de venir jusqu'à elle au lieu de se rendre dans le Lourdes des apparitions de Bernadette Soubirous, trahis par l'orthographe et leur GPS.

Entre Lourde, petit village de 93 habitants dans le piémont pyrénéen en Haute-Garonne, et Lourdes, la célèbre cité mariale des Hautes-Pyrénées, forte de 15.200 habitants, le "s" final n'est pas la moindre des différences.

C'est un "s" fatal au pèlerin qui oublie de le taper sur l'écran de son GPS. Avec quelque 90 km de plus à rouler pour atteindre sa véritable destination.

"En cette saison, période des grands pèlerinages de Lourdes, nous avons une voiture de personnes qui se sont trompées tous les deux jours", témoigne le maire de la petite commune, Robert Amblard.

Le plus curieux, c'est que les deux localités possèdent une statue de la Vierge, toutes deux placées sur un rocher d'où coule une source. Les égarés peuvent donc prendre la sculpture en bronze de Notre-Dame du Floraire (200 kilos pour 1,53 m), érigée en 1892 à la suite "d'une guérison dans la famille de Eléonore Dagieu", pour celle des Sanctuaires de Lourdes. Cette guérison n'a jamais été attestée.

Alain Brugeilles, dont la maison jouxte le site, note que la confusion n'est pas un phénomène nouveau: "Beaucoup de gens se sont toujours perdus". D'ailleurs, son père avait fini par s'équiper de cartes régionales et de dépliants de Lourdes qu'il offrait aux pèlerins fourvoyés pour les remettre sur le droit chemin.

"Mais avec le GPS, cela s'est multiplié", dit-il.

Espagnols, Tchèques, Polonais, Sri-Lankais, mais aussi des Français venant de départements aussi proches que le Tarn, soit 50 à 60 personnes par an, viennent se perdre dans les petites rues en pente du village.

"Il y a 3 ans, un gros camping-car s'est arrêté dans la nuit devant le rocher. Ils ont planté et allumé 6 à 7 petites bougies", se rappelle-t-il.

Un soir, vers 22H00, Jean Marchesin a reçu quatre couples de Grande-Bretagne. "Ils cherchaient leur hôtel", se souvient-il. Les pélerins sonnent aussi chez Geneviève Clenet, qui habite en face de l'église: "Ils demandent la grotte, je leur indique le rocher. Et certains ne vont pas plus loin. Le pèlerinage s'arrête là", sourit-elle.

Pour le maire, cette célébrité involontaire ne change rien pour le village. "Cela ne nous apporte rien, ni gêne, ni quoi que ce soit: nous n'avons pas de commerce dans la commune, donc il n'y a aucun effet".

En revanche, cela multiplie les tracas. Il reçoit régulièrement des demandes d'extrait de naissance de personnes nées à Lourdes, des renseignements sur un accident qui s'est produit dans la cité mariale des Hautes-Pyrénées... "C'est amusant", lâche-t-il.

Mais il ne sourit plus quand on lui suggère de débaptiser la commune ou d'en changer l'orthographe pour bien le différencier de Lourdes: "Hors de question", tranche-t-il, offusqué.