Le saint Zovko de la Gospa ne l'est pas en vérité

LE PÈRE JOZO, UN "FRANCISCAIN DÉSOBÉISSANT"


En appendice: Le décret de suspension du père Jozo Zovko

par Marco Corvaglia





Celui qui parle dans la séquence qu'on vient de voir, extraite de l'émission Top Secret, diffusée sur Retequattro le 16 janvier 2008, est le père Jozo Zovko, curé de Medjugorje au début des évènements.

"Le frère Jozo Zovko est un franciscain désobéissant": voici ce qu'écrivait le 18 novembre 2002 l'évêque de Mostar, Ratko Perić dans un courrier (n° 1942/2002) envoyé à Mgr Michaël J. Bransfield, recteur de la basilique National Shrine of the Immaculate Conception de Washington.

Le père Jozo a toujours promu activement Medjugorje dans le monde, accompagné parfois des "voyants", comme cela se faisait chaque année, jusqu'en 2008, au cours de la traditionnelle rencontre milanaise au Mazda Palace. Chaque pèlerinage organisé à Medjugorje prévoyait régulièrement, durant toute l'année 2008 encore, la rencontre avec ce franciscain au bourg voisin de Široki Brijeg. En 2009, la situation a changé suite aux sévères mesures disciplinaires prises par l'Ordre des Frères Mineurs, comme nous le verrons.

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Sceptique, dit-on, les tous premiers jours, le père Jozo a ensuite affirmé que la Vierge avait commencé à lui apparaître, plus irrégulièrement, à lui aussi, particulièrement quand il fut incarcéré un an et demi par les autorités yougoslaves, sous l'accusation (en réalité non prouvée) d'être un "subversif".
La Vierge, le 21 octobre 1981, d'après les voyants, a affirmé: "Jozo est un saint, je vous l'ai déjà dit." [Cf. R. Laurentin, Corpus Chronologique des Messages, OEIL, 1987, p.159]


Comme nous le verrons, l'opiniâtre désobéissance du père Jozo a été de très nombreuses fois sanctionnée officiellement (il n'y a aucune discussion possible à ce sujet).

Reconstruisons la suite des évènements en utilisant la documentation qui m'a été fournie directement par l'évêché de Mostar (et publiée officiellement en croate).

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En 1989, alors que le père Jozo Zovko est curé de Tihaljina, à quelques kilomètres de Medjugorje, l'évêque en charge, Mgr Pavao Žanić, suite à de très graves accusations (sans liens avec les apparitions) déplace le franciscain, le prive de la "juridiction et mission canonique dans le diocèse de Mostar-Duvno et Trebinje-Mrkan" (lettre 622/89, du 23 août 1989).
Cela signifie en pratique que désormais, il n'a plus la faculté de confesser ("juridiction confessionnelle") et il n'est plus curé, tandis qu'il peut continuer à célébrer la messe.


Il est bon de rappeler que, par rapport au devoir d'obéissance, le fait que les accusations soient fondées ou non n'a aucune importance, c'est pourquoi nous n'aborderons même pas le sujet.
Le père Jozo, cependant, a continué à confesser, malgré l'interdiction qui lui avait été faite et, ce faisant, il a provoqué automatiquement sa "suspension a divinis" (poena suspensionis latae sententiae), qui comporte aussi l'interdiction de célébrer la messe (l'évêque, toutefois, à ce point, choisit de ne pas officialiser cette dernière sanction, espérant que le frère se repentirait).

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Frère Jozo fit appel, au Vatican, à la Congrégation pour l'évangélisation des peuples. Celle-ci, le 15 février 1990 publia la lettre 5675/89, par laquelle elle approuvait l'action de Mgr Žanić et, en plus, recommandait que le franciscain soit envoyé dans un "couvent éloigné de Medjugorje".


Pour toute réponse, le 25 juillet 1991 (par la lettre 377/91), la province franciscaine d'Herzégovine proposa à l'évêque d'affecter le père Jozo au couvent de Široki Brijeg, à moins de trente kilomètres de distance de Medjugorje, et dans le même diocèse. L'évêque (par la lettre 557/91, du 30 juillet 1991) répondit: "Je ne peux en aucune manière confirmer… la nomination de frère Jozo Zovko à Široki Brijeg". Et, le 2 septembre de la même année (par la lettre 649/91) il répèta que le franciscain n'avait pas la "juridiction et mission canonique" pour Široki Brijeg et ajoutait: "J'ai su que frère Jozo Zovko, et ce nonobstant l'interdiction qui lui a été signifiée par écrit, agit pastoralement et administre les sacrements dans la paroisse de Široki Brijeg".

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Le père Jozo était à Široki Brijeg et dans son état d'insubordination, avec l'appui d'une partie de ses confrères, en août 1993 encore, lorsque devint évêque de Mostar Mgr Ratko Perić (actuellement en charge).
Le 11 novembre suivant, la Congrégation pour l'évangélisation des peuples écrivit au père général de l'ordre franciscain: "Dans le diocèse de Mostar, il y a quatre frères mineurs qui, bien que privés de juridiction, continuent à exercer le ministère sacerdotal. Il s'agit des pères Jozo Zovko (et…) qui, en opposition à ce qui a été décidé par ce dicastère dès 1990 au sujet de leur affectation à des couvents éloignés de Medjugorje, continuent à exercer le ministère sacerdotal, demeurant dans des communautés religieuses situées à proximité de la paroisse susdite."

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En 1994, Mgr Perić, après avoir visité la paroisse de Široki Brijeg et avoir rencontré le père Jozo lui-même, lui envoya la lettre 423/94 du 14 juin:


"Le jour de la visite canonique et de la confirmation à Široki Brijeg, le 12 juin 1994, j'ai d'abord demandé à l'administrateur paroissial si vous confessiez dans l'église. Il m'a répondu qu'il ne vous mettez pas dans le tour des confessions mais que, quelques fois vous confessiez dans le confessionnal de l'église. Ensuite, je vous l'ai demandé personnellement. Vous aussi m'avez confirmé confesser parfois, lorsque les fidèles vous le demandaient, malgré que vous étiez conscient que la juridiction confessionnelle vous avait été retirée. Et si vous êtes, en qualité que prêtre, assis dans le confessionnal, les gens, évidemment viendront se confesser."

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Constatant la persistance, au cours des années, de la condition de désobéissance, l'évêque de Mostar, le 26 juin 2004, officialisa la privation des facultés sacerdotales, encore en vigueur aujourd'hui.
L'évêché de Mostar, suite à mes demandes à ce sujet, m'a envoyé le 19 mars 2008 cette communication:


"Frère Jozo Zovko n'a le droit d'exercer aucun acte sacerdotal sur le territoire du diocèse de Mostar-Duvno. Ceci est identique à la "suspension a divinis", c'est-à-dire la suspension du droit de célébrer les mystères, sacrements, divins, particulièrement la Sainte Messe et, naturellement, d'entendre les confessions."

Le décret en question est constitué par la lettre 843/2004, dont je rapporte ici la partie conclusive :

"Conformément à la norme du Code de droit canonique, en l'espèce au canon 1336, $ 1, p. 2 et canon 1338, $ 2, protégeant cette Église de vos méfaits, n'entrant pas dans la discipline religieuse de votre communauté, et considérant votre désobéissance rebelle dans cette Église et votre non observance des dispositions de vos évêques, par la présente je déclare que, sur le territoire du diocèse de Mostar-Duvno et Trebinje-Mrkan, vous n'êtes autorisé en aucune manière à accomplir les actes sacerdotaux, en particulier vous n'avez aucun droit d'entendre les confessions des fidèles.
En tant qu'évêque diocésain, je vous invite de nouveau à régulariser votre statut sacerdotal, comme je vous l'ai souvent demandé jusqu'à maintenant, si vous voulez être et agir dans cette église locale.
Je peux vous faire voir, ici, à Mostar, sur votre requête écrite, toute la documentation disponible qui se trouve dans cet évêché, relative à votre activité pastorale illégale comme aussi à votre vie morale.
Je vous informe en même temps que ce décret sera proclamé dans le prochain numéro de Vrhbosna, bulletin officiel de ce diocèse.
Je vous salue avec déférence et vous recommande au Seigneur.
Ratko Perić"
Et, de fait, le décret a été publié sur Vrhbosna, 3/2004, pp. 293-298.

En vertu de la privation des facultés sacerdotales, le père Jozo ne devrait pas dire la messe (ni confesser, naturellement) dans tout le diocèse. Et l'église de l'Assomption, annexe au couvent de Široki Brijeg, en tant qu'église paroissiale, est sous la pleine autorité de l'évêque de Mostar.

Eh bien, le franciscain a contrevenu souvent à cette interdiction (ce qui, pour l'Église, constitue un "sacrilège"), comme j'ai pu, entre autres, le constater personnellement le 28 juin 2007, dans l'église de l'Assomption de Široki Brijeg (ci-contre, deux photos que j'ai prises durant cette célébration de 18h30).

Le 16 avril 2007, l'évêque Perić, au couvent franciscain de Humac, avait du rappeler ce qui suit :

"C'est l'expression d'une pure décision des curés eux-mêmes, ainsi que des autres membres du personnel pastoral de Medjugorje le fait qu'un membre de votre province, frère Jozo Zovko, à qui il a été interdit d'exercer le ministère sacerdotal dans ce diocèse, ait été invité cette année à guider le Chemin de Croix à Medjugorje, et qu'il lui ait été consenti d'entendre les confessions" [paroles extraites du discours publié intégralement sur Crkva na Kamenu, bulletin pastoral diocésain, 5/2007, pp. 33-35].

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Il est bon de préciser que la notification du statut irrégulier du père Jozo Zovko a été publiée à plusieurs reprises, particulièrement sur la presse officielle [Cf. Crkva na kamenu (L'église sur les pierres)], bulletin pastoral du diocèse, Mostar, 7/1995, p.4 ; Vrhbosna, 3/1996, p.223; Glas Koncila (La voix du concile), 23/1996, du 9 juin 1996, p.18 ; Mir i jedinstvo (Paix et unité), Mostar, 1997, p.221; Crkva na kamenu, 2/2001, p.21; Ogledalo Pravde (Speculum iustitiae), Mostar, 2001, pp. 51-54, 178; Vrhbosna, 2/2001, p.192; Vrhbosna, 2/2002, p.161; Vrhbosna, 1/2003, p.65; Vrhbosna, 1/2004, pp.70-72).

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Durant environ vingt ans, le père Jozo a donc ignoré les ordres formulés par les deux évêques qui se sont succédés.
L'Ordre des frères mineurs a, à son tour, pris de sévères mesures contre le franciscain en février 2009.
Voyons ce qui est arrivé: ce mois-là, subitement, le père Jozo à quitté Široki Brijeg pour se transférer au couvent en partie en ruine qui se trouve sur la petite île croate de Badija. Autant le couvent que l'île elle-même sont déserts. La nouvelle a été communiquée aux fidèles de Medjugorje par un fax signé du franciscain lui-même (la version italienne, du 9 février 2009, est au contraire signée par sa collaboratrice, Vesna Cuzić). Voici le document:


Document provenant du site www.medjugorje.comze.com

On y lit, entre autre: "Nous voulons vous informer par la présente que, pour des raisons de santé, de repos, de convalescence et de début des travaux de maçonnerie sur l'île de Badija, le père Jozo Zovko a demandé à ses supérieurs la permission de demeurer en dehors de sa province, ce qui a été approuvé par l'administration de la province."

La réalité s'est révélée très différente.
Le 24 février 2009, déjà, dans le numéro 693 de la revue croate Nacional paraissait l'exclusivité suivante (version on-line):

Le frère Jozo Zovko, prêtre charismatique, le symbole principal du phénomène Medjugorje au cours des 27 dernières années, n'a pas quitté volontairement l'Herzégovine, annonçant son transfert dans le couvent en ruine et désert sur la petite île de Badija, près de Korcula. Le frère Jozo ne s'est pas retiré volontairement à Badija pour des raisons de santé et de convalescence, comme il l'a publié la semaine passée, mais il a été envoyé en exil par la province franciscaine d'Herzégovine.
Après 18 années de résistance et de désobéissance, il a dû obéir au décret du Saint Siège de février 1990.

L'article, signé Željko Rogošić, fait explicitement référence à l'injonction que fit le Vatican (Congrégation pour l'évangélisation des peuples) au père Jozo, en 1990, d'aller dans un "couvent éloigné de Medjugorje".

Le journal commente:

Le père Zovko n'est pas allé loin de Medjugorje. Il s'est installé dans le couvent franciscain de Široki Brijeg, où il a été gardien.
Il est resté étroitement lié à Medjugorje […].
L'an passé (déjà) le gouvernement de la province franciscaine d'Herzégovine avait demandé au frère Jozo de se soumettre finalement à la sanction, en se rendant à Badija pour collaborer à la restauration du couvent franciscain que la république croate avait restitué aux frères de Zadar en 2003, mais dans un très mauvais état. Les frères de Zadar l'ont donné à la province franciscaine d'Herzégovine, qui le gèrera 99 ans.
Le frère Jozo n'avait alors pas obéi au décret du gouvernement de l'ordre franciscain des frères mineurs. […].
Beaucoup se demandent comment il se peut que, au bout de 18 ans, Jozo ait finalement obéi à la décision de l'Église […]. Le Vatican formera bientôt une commission pour réexaminer les évènements de Medjugorje […]. Jozo a, à présent, décidé de ne pas faire obstacle à ce processus.

L'ordre des frères mineurs a imposé à Jozo, durant cette phase, une condition d'isolement absolu, avec interdiction de contacts, soit personnels qu'épistolaires, avec les fidèles. L'interdiction inclue la diffusion de la méditation sur le message mensuel de la Vierge que le père Jozo envoyait à la communauté internationale de prière de la "Visitazione" qu'il a lui-même fondée et que dirige Matteo Rossi, son plus proche collaborateur italien. On l'apprend par un communiqué de juillet 2009 signé par Rossi lui-même, envoyé à tous les membres de la communauté et diffusé par certains sites medjugorjistes. Nous en rapportons ici la partie initiale:

"Lettre de la Communauté internationale de Prière de la "Visitazione"
Très chère Famille de la prière,
C'est le cœur plein de tristesse que nous vous informons que ne sera plus envoyée la méditation que le père Jozo faisait sur le message mensuel que la Reine de la Paix donne à Medjugorje. Comme on le sait bien désormais, le père Jozo ne peut plus avoir de contacts ni personnels ni épistolaires avec personne et, donc, nous aussi, la Communauté internationale de Prière de la "Visitazione", sommes privés de cette lumière spirituelle que les réflexions du père Jozo transmettait à nos âmes et à notre vie."
(lien à titre de documentation: www.apostolidellareginadellapace.it)

En novembre 2009, le père Jozo a été transféré à Frohleiten, en Autriche, sur décision du provincialat franciscain d'Herzégovine (Cf. aussi: Newsletter Les Enfants de Medjugorje, 12 décembre 2009)

Il aura fallu donc 20 ans pour obtenir son obéissance.
Marco Corvaglia
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APPENDICE: LE DÉCRET DE SUSPENSION DU PÈRE JOZO ZOVKO
Texte original en croate

Traduction intégrale (en italien)
Traduction partielle (en anglais)