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Israël peuple de Dieu

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Message par Gaëlle Sam 24 Avr 2010 - 21:56

http://shofar.free.fr/SHOFAR/ISRAEL%20PEUPLE%20DE%20DIEU.htm

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Message par Gaëlle Sam 24 Avr 2010 - 22:11

La lumière est le symbole du peuple d'Israël.

Les huit lumières de la Menorah renvoient à huit phases de l'histoire juive et portent, à travers les siècles et les pérégrinations, un message d'espoir et de vérité.

L'écusson de l'actuel Etat d'Israël symbolise la Menorah, ce qui veut signifier que de la terre juive doive rayonner vers le monde entier la lumière, la culture, la vérité et la justice.
La lumière est le symbole du peuple d'Israël.
Le prophète Isaïe a dit : " Dieu sera pour toi une lumière éternelle." (Isaïe, 60.)

L'écusson de l'actuel Etat d'Israël symbolise la Menorah, ce qui veut signifier que de la terre juive doivent rayonner vers le monde entier la lumière, la culture, la vérité et la justice.
La véritable lumière juive est la Torah qui constitue la culture suprême. Lorsque le monde était encore plongé dans l'obscurité, la lumière divine s'est levée au Sinaï, et Dieu proclama les Dix Commandements qui se sont gravés profondément dans le coeur de l'humanité. Mais seuls nous, les Juifs, avons été choisis pour porter la lumière divine et pour proclamer la vérité de Dieu.

Ainsi parle le prophète : " Lève-toi, deviens lumière, car ta lumière est apparue. L'obscurité couvre la terre et les peuples sont dans les ténèbres; mais au-dessus de toi D.ieu rayonnera et les peuples marcheront vers ta lumière. " (Isaïe, 60.)

Et vraiment, depuis trois millénaires, Israël mène un dur combat contre l'obscurité provoquée par bien des peuples, contre la force, la contrainte, la soif de puissance et de domination, la corruption. Et bien que nous ne possédions qu'une lumière faible et modeste, elle a été capable de traverser la brume épaisse et d'envoyer un rayon de clarté dans l'obscurité, conformément à la parole : "Une lumière, faible et petite, peut vaincre les plus noires ténèbres."
Pendant des millénaires, nous avons vécu dans les conditions les plus difficiles, avons été chassés de pays en pays; nous avons été pourchassés et haïs, et malgré tout, nous avons pu nous maintenir, grâce à la lumière éternelle que nous avons portée avec nous au cours de nos pérégrinations. Cette lumière nous a offert sa protection, ainsi que la colonne de feu a autrefois protégé nos aïeux et leur a montré le chemin à travers le désert.

SOUS LE SIGNE DE LA LUNE

Ainsi l'histoire de notre peuple est une alternance de lumière et d'obscurité, et à chaque nouvelle lune nous prononçons une prière de grâces.
La première lumière se leva lors de la création du monde : " Et D.ieu dit Que la lumière soit. Et la lumière fut. Et D.ieu vit que la lumière était bonne. Alors D.ieu sépara la lumière de la nuit." et " D.ieu créa les deux grandes lumières et les étoiles, afin qu'ils éclairent le jour et la nuit."

Ces lumières divines brillent encore actuellement et personne n'a jamais pu réduire leur éclat ni les éteindre.
Les peuples comptent leurs jours d'après le soleil, mais nous, les Juifs, les comptons d'après la lune. Les autres peuples jouissent de la clarté éclatante du soleil ils vivaient et vivent tranquilles sur leur sol et ne craignent personne. Mais notre peuple est davantage exposé aux ténèbres de la nuit. Parfois notre vie est éclairée par la lune, mais cette faible lueur disparaît toujours rapidement derrière les noirs nuages nocturnes et nous sommes à nouveau enveloppés d'obscurité.

Ainsi l'histoire de notre peuple est une alternance de lumière et d'obscurité, et à chaque nouvelle lune nous prononçons une prière de grâces pour la lumière qui s'allume toujours à nouveau pour nous et nous apporte un nouveau miracle. La prière se termine par le souhait que l'éclat de la lune devienne aussi puissant et grand que celui du soleil, et qu'une vie heureuse et satisfaisante nous soit également accordée.

La deuxième flamme de la Menorah a été allumée par Abraham : l'humanité sommeillait dans l'obscurité et ne connaissait point de D.ieu. Alors, Abraham s'éveilla et alluma une lumière : la lumière divine de la vérité, de la foi et de l'équité. Il réussit à forcer le chemin pour sa philosophie et sa conception de l'Unité de D.ieu, et il a tout fait pour conduire l'humanité aberrante sur le droit chemin. Et cette lumière de la foi qu'Abraham a su, inculquer dans le cœur des hommes, a éclairé l'horizon du monde et a fait disparaître les faux D.ieux.

Point n'est besoin d'une tour de Babel pour monter au ciel et y chercher D.ieu. Nous trouvons D.ieu en nous-mêmes et partout. Mais tous les superstitieux qui voulaient atteindre D.ieu par la tour de Babel ont été détruits avec celle-ci.

LA TRILOGIE PEUPLE JUIF, TORAH, TERRE D'ISRAEL

Comme on ne peut traverser un désert, la nuit, sans être guidé par une lumière, ainsi nous ne pouvons faire aucun pas dans la vie sans la Torah.

La troisième flamme de la Menorah jaillit au Mont Sinaï. C'est là que D.ieu lui-même se révéla à son peuple et lui dit : " Je suis votre D.ieu qui vous ai délivrés de l'esclavage d'Egypte. " La lumière de la Torah,, qui, du Mont Sinaï, rayonna sur toute l'humanité, mais qui n'a été reçue que par le peuple juif, confère à celui-ci sa haute dignité et sa particularité nationale. Par elle, Israël a été promu peuple de D.ieu, et cette lumière est demeurée son guide jusqu'à ce jour. Comme on ne peut traverser un désert, la nuit, sans être guidé par une lumière, ainsi nous ne pouvons faire aucun pas dans la vie sans la Torah.

La Torah assure notre existence, et sans elle nous sommes exposés à tous les dangers. Israël n'a que très peu d'amis dans le monde, mais beaucoup d'ennemis qui ont hérité d'Esaü leur haine injustifiée. Telle une citadelle puissante la Torah nous protège de ces ennemis et les retient lorsqu'ils veulent nous frapper. Par la Torah nous nous sentons anoblis; nous nous trouvons sur un poste élevé et regardons avec commisération les hommes qui renient la parole de D.ieu et agissent contre elle.

La quatrième lumière de la Menorah a été l'entrée d'Israël dans la terre à lui promise par l'Eternel. C'est là seulement qu'Israël trouva son bonheur et sa sécurité. Erets Israël n'est pas seulement pour nous un territoire national, mais un pays rempli de Kedoucha (sainteté), un pays béni par D.ieu et où règne une atmosphère divine. C'est là que le peuple juif peut s'élever spirituellement et moralement, s'épanouir complètement et rayonner - de cette lumière que D.ieu attend de lui. Comme un enfant a besoin de sa mère qui le soigne et l'élève, le peuple juif a besoin de la Terre sainte qui est pour lui une mère spirituelle.

LE RAYONNEMENT DU PREMIER TEMPLE

Mais la prise de possession de la Terre sainte n'achevait pas le destin d'Israël et sa vocation.
Israël devait encore avoir un roi, oint par D.ieu, pour donner au pays la structure et la manière de vivre correspondant aux besoins d'un pays saint et au vœu de l'Eternel. Cela fut fait par le roi-psalmiste David, qui consolida l'Etat juif et lui donna son caractère. Ce fut la cinquième lumière de la Menorah : un Etat juif, un royaume juif, comme D.ieu l'avait désiré et qui lui fut fidèlement soumis.

Israël et son pays atteignirent leur point culminant lorsque le roi Salomon monta sur le trône de son père. Le roi David avait la lourde charge de faire, toute sa vie durant, la guerre aux peuples voisins et de tremper constamment son épée dans le sang. II était toujours vainqueur, mais la guerre continuelle n'en pesa pas moins comme un cauchemar sur Israël, qui ne trouva pas la force ni le calme nécessaire pour construire son pays, et se développer. Cet état de choses ne changea qu'avec l'avènement du " roi de la paix", Salomon, qui, grâce à sa sagesse inspirée par D.ieu, a su acquérir le respect et l'amitié de tous les peuples.

Ainsi s'instaura une ère de paix.

Pendant quatre siècles le Temple fit rayonner sa lumière sur Israël qui atteignit alors la période la plus glorieuse de son existence, période faite de paix, de liberté et de bonheur.

Le roi Salomon la mit à profit pour satisfaire le désir de D.ieu de voir élever un Temple à Jérusalem, ce que David avait voulu faire de son vivant sans avoir pu y parvenir. Ce fut la sixième flamme allumée par Israël, car le Temple était le refuge et le lieu de rassemblement de tout le peuple qui y faisait ses pèlerinages à chaque fête, qui y apportait ses sacrifices et qui y était touché par la sainteté. Au Temple, les cœurs de tous les Juifs s'unissaient dans le lien de l'amour divin. Le Temple rapprochait Israël de son D.ieu qui y faisait reposer sa Che'hina (Présence), et de là émanait la grande lumière divine de la Menorah qui ne s'éteignit jamais tant que le Temple exista. Bien des peuples sont allés à Jérusalem pour y recevoir eux aussi la sanctification et l'inspiration spirituelle. Tous les yeux étaient toujours tournés vers la sainte ville de Jérusalem, où le Sanhédrin avait son siège. "La Torah émane de Sion, et la parole de D.ieu de Jérusalem." (Isaïe, 2.)

Pendant quatre siècles le Temple fit rayonner sa lumière sur Israël qui atteignit alors la période la plus glorieuse de son existence, période faite de paix, de liberté et de bonheur. Tous les peuples respectaient hautement Israël.

Puis arriva un nouveau changement : mal guidé par des rois impies, Israël dut quitter son pays. Le Temple fut détruit et la grande lumière de sa Menorah fut éteinte, comme le prophète Jérémie l'avait prédit. Pendant soixante-dix ans les Juifs vécurent dans l'exil babylonien, comme sous un voile sombre. Mais alors apparurent Zorobabel, Ezra et Néhémie qui reconduisirent le peuple dans sa patrie.
Ils reconstruisirent le Temple détruit et rallumèrent la Menorah. Ce fut la septième lumière qui a duré à nouveau quatre siècles et qui apporta le bonheur à Israël.

L'ESPRIT DE LA MENORAH

Mais des temps difficiles suivirent cette période: l'hellénisme s'empara d'Israël, et tenta, par des lois barbares prévoyant même la peine de mort en cas d'observance de la circoncision, du Sabbat et des fêtes, etc., d'éteindre la lumière d'Israël et de provoquer la décomposition d'Israël par l'intérieur.

Il s'en fallut de peu qu'Israël eût cessé d'exister en tant que peuple de Dieu.

L'ennemi osa porter sa main même sur le Temple, qu'il ne détruisit pas comme l'avaient fait les Babyloniens, mais qu'il profana en faisant égorger des porcs sur l'autel divin. Certains traitres juifs se prêtèrent à ce processus de destruction.
Ce fut la Période la plus noire de toute l'histoire d'Israël, même par rapport à l'exil babylonien où les Juifs avaient au moins la possibilité d'avoir une vie juive et où beaucoup de Yechivot furent créées.

Matthathias et ses fils, les Macchabéens apparurent à la dernière heure comme sauveurs, et proclamèrent la guerre sainte contre l'ennemi intérieur et extérieur.
Quand les ténèbres les plus noires s'étendaient sur Israël, quand le destin d'Israël et le destin de la Torah semblait scellé, quand Israël se trouvait dans l'abîme spirituel, survint le grand miracle divin : Matthathias et ses fils, les Macchabéens apparurent à la dernière heure comme sauveurs, et proclamèrent la guerre sainte contre l'ennemi intérieur et extérieur. Ils provoquèrent un zèle sacré et partirent en lutte contre les ennemis supérieurs en force et en nombre. Leurs armes furent leur héroïsme et la conviction de la pérennité d'Israël. D'après les estimations humaines, leur lutte était d'avance vouée à l'échec, car pouvait-on imaginer que quelques milliers de guerriers sans armement suffisant pourraient triompher d'un si puissant empire ?

Mais ils osèrent entreprendre le combat parce qu'ils savaient que, de toutes manières ils étaient perdus et qu'ils préféraient mourir en combattant pour sauver l'honneur juif. Et alors se produisit le miracle : quelques hommes, animés d'une force divine, l'emportèrent sur des millions d'ennemis. Israël fut sauvé et le Temple fut purifié. Un second miracle se produisit, puisque la petite quantité d'huile pure qui restait dans sa petite fiole, et qui, normalement n'aurait suffi que pour un jour, permit d'alimenter la Menorah pendant huit jours pleins. C'est pourquoi nous célébrons pendant huit jours la fête de 'Hanoucca, la fête de la lumière.
Ainsi, Mattathias et ses fils allumèrent la huitième, la plus grande lumière de la Menorah de Dieu. Ils avaient sauvé l'honneur juif, l'honneur de Dieu, et l'honneur de la Torah, et ils avaient assuré pour toujours l'avenir de l'esprit juif.

Plus tard, ce Temple fut également détruit et Israël dut à nouveau quitter le pays. Mais l'esprit subsista. La clarté émanant de la Ménorah existe toujours encore et éclaire les cœurs juifs chaque année, lors, de la fête de 'Hanoucca. Les huit lumières symbolisent les points de clarté dans notre histoire. Elles nous soutiennent et nous encouragent lorsque l'obscurité extérieure veut paralyser nos forces. Elles attirent nos regards vers la Menorah éternelle pour y puiser le courage et le réconfort, ainsi que l'espoir en de nouveaux miracles et en une lumière encore beaucoup plus forte, qui sera la Lumière qu'apportera le Messie.


Source : http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=634

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Message par Gilles Sam 24 Avr 2010 - 22:34

Pourquoi Catholiques pour Israël?



Quel est l'intérêt d'un apostolat comme Catholiques pour Israël?

Quels sont les défis et les problèmes actuels dans l'Église et dans le monde auxquels Catholiques pour Israël espère faire face?

Arrière fond historique: Israël et le Messie

L’histoire de la Bible est avant tout l’histoire d’un peuple : le peuple d’Israël. Le fait incroyable est que ce peuple, à présent mieux connu comme le peuple juif, ait survécu jusqu’à présent, après avoir vécu quasiment 4000 ans soit sous domination étrangère soit exilé de sa terre.

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Nous lisons dans le livre de la Genèse l’histoire des pères fondateurs d’Israël sur la terre de Canaan et comment Dieu leur donna, ainsi qu’à leur descendance, cette terre comme possession éternelle (Gn 13, 14-17 ; 17, 7-7 ; 26, 3 ; 35, 12). Dans les premiers chapitres du livre de l’Exode, nous voyons ce peuple devenir une grande nation, tout en étant asservi par les égyptiens, puis Dieu délivrer miraculeusement les hébreux et les adopter comme une nation mise à part pour Lui par le biais d’une alliance solennelle et du don de la Torah. Environ quarante plus tard, nous voyons Dieu ramener Son peuple sur la terre de Canaan en accord avec Ses promesses aux patriarches. Puis, sur une période de plusieurs siècles, le peuple passe progressivement d’un groupe de clans désorganisés à un royaume puissant mais de courte durée sous David et Salomon, pour connaître alors la division, le déclin, la destruction et l’exil à Babylone. Le retour à Sion après soixante dix ans et le rétablissement de la vie religieuse juive dans leur patrie est à nouveau décrit dans la Bible comme le témoignage de la fidélité de Dieu, tout en préparant la scène pour la raison d’être ultime d’Israël : la venue du Messie, Celui qui devait amener la lumière et le salut de Dieu jusqu’aux extrémités de la terre et par qui toutes les nations connaîtraient le Dieu d’Israël.

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Celui qui est la Parole Eternelle et le Fils de Dieu s’est fait chair et Il était juif : Fils d’Abraham, fils d’Israël et Fils de David. Au départ, la mission de Jésus était pratiquement totalement dirigée vers Son peuple, les « brebis perdues d’Israël », dans le respect et la continuité du judaïsme de son temps, et avec la déclaration explicite qu’il n’était pas venu pour abolir la Loi et les prophètes mais pour les accomplir (Mt 5, 17). C’est seulement après la mort sacrificielle de Jésus, sa résurrection et son ascension qu’il est devenu clair pour ses disciples qu’il n’était pas venu seulement pour les juifs mais aussi pour les païens (Ac 10), qui étaient alors invités à être « greffés » à travers le Messie à l’olivier d’Israël (Rm 11, 19-24) et à partager le salut universel que Dieu avait promis depuis longtemps à travers les prophètes.

Juifs et païens réconciliés dans l’Église ?

La lettre aux Ephésiens décrit sous forme de modèle théologique ce que le Messie devait accomplir entre les juifs et les païens : tandis qu’auparavant les juifs étaient isolés des autres peuples en raison de leur consécration spéciale à Dieu, à présent le Messie, « notre paix » devait venir pour faire des deux peuples « un seul, détruisant la barrière qui les séparait (…) en tuant l’inimitié » afin que nous ayons « tous deux en un seul Esprit, libre accès auprès du Père » (Eph 2, 14-18). La description est ici idyllique : les juifs et les païens enfin réconciliés, unis dans le Messie d’Israël dans une adoration commune de Dieu le Père, chacun ayant un appel distinct, cependant sans hostilité.

Comment cette cohésion fraternelle entre juifs et païens au sein de l'Église s'est-elle vécue? Au départ, l'Église était dans son intégralité juive. Lorsque les païens commencèrent à entrer dans l'Église, les judéo-chrétiens soulevèrent une question inévitable: les païens devaient-ils être circoncis et devaient-ils garder la Torah (Loi) de Moïse pour être sauvés (Actes 15, 1-5)? Les apôtres et dirigeants de l'Église à Jérusalem répondirent catégoriquement non : les païens, comme les juifs, étaient justifiés et sauvés par la foi en Christ et non par l'observance de la Loi (Ac 15, 6-11; Ga 2, 16.21); par conséquent, ils n'avaient pas à être circoncis et à suivre la Loi de Moïse (Ac 15, 18-21). Cela était de fait fortement déconseillé: l'apôtre Paul parle vigoureusement aux chrétiens de Galatie issus du paganisme tentés de se faire circoncire: "si vous vous faites circoncire, le Christ ne vous servira de rien" (Ga 5, 2).

D'autre part, les chrétiens issus du judaïsmee ne cessèrent pas d'être juifs. Il n'aurait jamais traversé l'esprit des apôtres et des premiers chrétiens issus du judaïsmee que le fait d'accepter le Christ signifiait oublier le judaïsmee et l'observance de la Torah et joindre une autre religion. Paul , lors d'un voyage en Grèce, fit circoncire Timothée, de mère juive et de père grec (Ac 16, 3). Et à son retour à Jérusalem, Paul fut salué par Jacques et les anciens qui avec enthousiasme l'informe que "des milliers de juifs ont embrassé la foi et ce sont tous de zélés partisans de la Loi" (Ac 21, 20). Cependant des rumeurs circulaient selon lesquelles Paul enseignait les juifs "à abandonner Moïse, leur disant de ne plus circoncire leurs enfants et de ne plus suivre les coutumes" (Ac 21, 21). Pour montrer que ces rumeurs étaient fausses, Paul accepta de faire un voeu au Temple et montrer ainsi qu'il vivait aussi en plein accord avec la loi (Ac 21, 24).

Nous avons vu combien dans le Nouveau Testament l'union entre les juifs et les païens au sein de l'Église du Messie ne brouille pas l'identité distincte de chaque groupe. Il est vrai qu'il n'y a "ni juif ni grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus" (Ga 3, 28), cependant tout comme l'identité distincte et le rôle de l'homme et de la femme n'ont pas été abolis par le venue du Christ, il en de même pour l'identité et le rôle distincts des juifs et des païens au sein de l'Église.

Relations entre juifs et chrétiens.

Le seul problème avec ce portrait idéal des juifs et des païens réconciliés dans l'Église, unis dans la foi tout en maintenant leurs vocations distinctes est que cela ne s'est jamais produit- ou du moins pas en pratique. Bien que l'union des juifs et des païens dans l'adoration commune du Dieu d'Israël est théologiquement accomplie en Christ et s'est réalisée à petite échelle à de multiples reprises depuis la naissance du christianisme jusqu'à nos jours, nous n'avons pas encore vu le type de réconciliation à grande échelle que Paul décrit dans sa lettre aux Ephésiens. Bien au contraire, le judaïsme et le christianisme sont devenus très tôt deux religions séparées, divorcées l'une de l'autre et souvent hostile l'une envers l'autre.

Que s'est-il passé? Le problème commença lorsque les dirigeants juifs et la majorité du peuple juif rejetèrent leur Messie et commencèrent à persécuter l'Église naissante. Se créa alors une division au sein du judaïsmee même au début du deuxième siècle, lorsque les juifs qui avaient accepté Jésus furent exclus des synagogues et rejeté par les leurs. Dans le même temps, avec l'afflux massif des païens convertis dans l'Église, les chrétiens issus du judaïsmee devinrent une minorité et en quelques siècles disparurent presque tout à fait. L'Église fondée par le Messie juif, qui avait pour but d'être l'accomplissement du judaïsmee devint majoritairement composée de chrétiens issus du paganisme, ayant peu voire aucune admiration pour le peuple dont le Christ est issu.
Israël peuple de Dieu Svaytii1_b

Les Pères de l'Église, quasiment tous d'origine païenne et en raison du rejet par les juifs de Jésus et de la persécution contre l'Église primitive, ont très tôt entrepris une offensive théologique et polémique contre le judaïsmee tout en établissant les fondements théologiques de la foi chrétienne. Puisque la majorité des juifs avaient rejeté Jésus, le judaïsmee ne pouvait plus être considéré comme la religion mère mais plutôt comme une religion rivale. Par conséquent, délégitimiser la validité du judaïsmee après la venue du Christ devint partie intégrale de l'argumentation en faveur de la vérité du christianisme. Ceci s'est mis en place par l'exposition de plusieurs thèmes récurrents:





  • Les juifs ont rejetés leur Messie, le Fils de Dieu. Ce sont des "meurtriers du Christ", coupables de déicide, d'avoir tué Dieu.
  • Parce que les juifs ont rejeté le Christ, Dieu a révoqué son élection d'Israël et a choisi à la place l'Église afin qu'elle soit le "nouveau et véritable Israël".
  • Le rejet des juifs par Dieu s'est manifesté visiblement par la destruction du Temple en 70 ap JC et la dispersion dans tous les pays du monde qui s'en est suivie. En rejetant le Christ, les juifs ont abandonné leur héritage de la terre d'Israël donné par Dieu et depuis lors sont condamnés à errer perpétuellement comme signe de leur incroyance.
  • La loi, la prière, la tradition et l'interprétation scripturaire juives ont été toutes accomplies dans le christianisme et par conséquent sont devenues obsolètes. Tout ce qui est sacré aux yeux des juifs, tel le Shabbat, les fêtes bibliques et les loi alimentaires furent systématiquement dénigrées et considérées comme des rites vides, inefficaces et périmés.



Comme conséquence de cette théologie, la situation décrite dans le Nouveau Testament dans lequel les chrétiens issus du judaïsmee ne cessèrent pas d'être juifs fut très vite oubliée. Les juifs qui vinrent à croire en Jésus furent poussés à renoncer explicitement à leur héritage juif, à leurs coutumes et traditions. Cette politique d'assimilation a accentué l'impression parmi les juifs qu'embrasser le christianisme n'était rien d'autre qu'une trahison totale de leur passé et son rejet. Il va sans dire que cela eut aussi comme conséquence l'échec de la mission de l'Église d'amener les juifs à Jésus.
Cette théologe anti-judaïque des Pères s'est vite transformée en une législation et une discrimination anti-judaïque, qui s'est à son tour détériorée en un antisémitisme chrétien qui a duré pendant la majeure partie de l'histoire chrétienne et a causé d'indicibles souffrances au peuple juif: baptêmes forcés, actes de violence et de persécution, croisades, calomnies, l'Inquisition, expulsions, ghettos, pogroms, et condamnations à mort qui ont marqué périodiquement la vie des juifs vivant dans les pays chrétiens jusqu'à récemment.Israël peuple de Dieu Israel

Trois évènements décisifs

Trois événements décisifs du siècle dernier ont eu un impact irréversible sur les relations judéo-chrétiennes. Le premier fut l'essor du sionisme à la fin du 19ème siècle, un mouvement visant à encourager le retour du peuple juif sur la terre d'Israël et qui devint un des faits les plus remarquables de l'histoire humaine. Le second évènement fut brutalement bref, cependant il contribua à accentuer le sionisme, à savoir l'Holocauste nazi. La disparition des juifs d'Europe a choqué la conscience mondiale et a indirectement menée à une miraculeuse résurrection 3 ans plus tard: la naissance de l'État d'Israël, suivie en 1967 par le retour de Jérusalem sous la souveraineté juive pour la première fois en quasiment 2000 ans. Beaucoup ont vu dans ces évènements un nouveau témoignage de la fidélité de la parole de Dieu, qui il y a longtemps avait promis à travers les prophètes tels Jérémie et Ézéchiel qu'il ramènerait les enfants d'Israël sur la terre qu'Il avait promis à leurs ancêtres. Que l'on soit d'accord ou pas avec cette interprétation de l'Écriture, l'Holocauste et la renaissance d'Israël a forcé le monde chrétien à repenser sa position théologique vis-à-vis du judaïsme et du peuple juif. Depuis lors, et particulièrement après le concile Vatican II, les relations judéo-chrétiennes se sont considérablement améliorées.
Le troisième évènement remarquable du vingtième siècle a été la renaissance du mouvement du judaïsme messianique. Pour la première fois depuis le premier siècle de l'Église, une large communauté de juifs croyant en Jésus s'est formée à la fois en Israël et dans les nations. Ce mouvement a connu une croissance significative, particulièrement depuis la réunification de Jérusalem en 1967, et constitue une présence en Israël dont il faut tenir compte.

Le bilan aujourd'hui

L'Holocauste, la renaissance d'un état juif sur la terre d'Israël et la montée du mouvement du judaïsme messianique ont créé des nouveaux défis pour l'Église du vingtième et du vingt et unième siècles. Catholiques pour Israël espère être un forum où ces problèmes et ces défis peuvent être abordés et discutés.
Quels sont les problèmes particulièrement importants aujourd'hui?



  • Le problème de l'antisémitisme dans le monde et même dans l'Église est loin d'avoir disparu. L'Église, il est vrai, a déclaré que "L’hostilité ou la défiance de nombreux chrétiens envers les juifs, au cours des temps, est un fait historique douloureux, cause d’un profond regret de la part de chrétiens conscients que (...) les juifs sont nos frères très aimés, et que, en un certain sens, ils sont vraiment "nos frères aînés" " (MR 5.4). L'Église considère que le manque de respect et d'amour de la part des chrétiens envers nos "frères ainés" a constitué une offense grave qui nécessite "un appel à la conscience de tous les chrétiens d’aujourd’hui; il exige un " acte de repentir " (teshuva), et devient une incitation à redoubler les efforts en vue d’être " transformés par un renouvellement de l’intelligence " (Rm 12, 2) et que soit maintenue la " mémoire morale et religieuse " de la blessure infligée aux juifs. Dans ce domaine, tout ce qui a déjà été fait pourra être confirmé et approfondi." (MR 5.4). Comment pouvons-nous contribuer de façon positive à confirmer et à approfondir ce regret de l'Église pour les péchés du passé commis contre les juifs, ainsi qu'à un respect et à une appréciation renouvelés du peuple de l'alliance? Comment pouvons-nous contrer la réémergence de l'antisémitisme dans le monde d'aujourd'hui?
  • Le problème du supersessionisme (théologie du remplacement) est toujours largement répandu au sein de l'Église. Beaucoup de chrétiens croient et enseignent, contrairement à la doctrine officielle de l'Église, que l'alliance avec Israël s'est achevée en Jésus et dans l'Église, et que le seul rôle qui reste au peuple juif est d'abandonner le judaïsme et de se convertir au christianisme. Comment pouvons nous affirmer la vocation particulière d'Israël tout en restant fidèle à l'appel missionnaire permanent de l'Église?
  • Très souvent, l'antisémitisme et le suppersessionisme vont de pair avec l'anti-sionisme et une irrationnelle attitude anti-Israël. Les vieux préjugés ont du mal à mourir. Ceux qui étaient convaincus que Dieu avait totalement oublié le peuple juif ont été pris par surprise en 1948 lorsque l'État d'Israël a été fondé, et de nouveau en 1967 lorsque Jérusalem est retournée sous souveraineté juive. Les anti-sionistes répugnent à l'idée que Dieu soit de fait derrière le retour du peuple d'Israël sur la terre d'Israël, malgré le fait que c'est une des promesse le plus souvent répétée dans la Bible hébraïque, qui n'a jamais été abolie par le Nouveau Testament. Ces personnes vont souvent jusqu'à affirmer que l'existence de l'État juif est illégitime, souvent au travers d'une déformation et d'une démonisation systématiques de son rôle dans le conflit au Moyen Orient, tout en excusant la haine, les agressions et la violence envers Israël de la part de ses ennemis voués à sa destruction. De plus, pour beaucoup de chrétiens palestiniens vivant en Terre Sainte et qui ont personnellement souffert du conflit israélo-palestinien, il est devenu presque impossible d'approcher la signification théologique de la terre d'Israël aujourd'hui, de façon détachée et objective. Lorsque l'identité nationale prend le pas sur la foi chrétienne, la théologie devient inévitablement influencée par la politique. Un des plus gros problèmes de l'Église en Terre Sainte aujourd'hui est la politisation de l'Église et la description parfois erronée que certains dirigeants chrétiens (palestiniens) peuvent transmettent au monde concernant la situation politique et religieuse en Israël et au Moyen Orient. Comment devons-nous considérer le retour des juifs sur la terre que Dieu a promis à leurs ancêtres à la lumière des Saintes Écritures et de la Sainte Tradition, sans oublier de trouver une solution juste au conflit du Moyen Orient pour tous les habitants de la Terre Sainte?
  • En réaction de l'ancienne erreur du supersessionisme, l'erreur opposée, une hérésie plus moderne, a récemment trouvé écho, même chez certains chrétiens influents, à savoir l'erreur de la théologie de la double alliance , l'idée que les juifs sont déjà dans une alliance salvifique avec Dieu et donc, par conséquent n'ont pas besoin de croire en Jésus pour être sauvés. Ainsi, de nombreux catholiques ont oubliés que l'Évangile est "force de Dieu pour le salut de tout croyant, du juif d'abord..." (Rm 1, 16), et ils ont soit abandonné soit négligé la mission de l'Église de partager la bonne nouvelle de Jésus le Messie à son propre peuple. Il est souvent dit et entendu que le nombre de chrétiens en Terre Sainte et au Moyen Orient est en déclin. Ce qui n'est pas dit, par contre, c'est le fait que beaucoup de dirigeants chrétiens locaux découragent activement l'évangélisation des non chrétiens (juifs et musulmans). Pouvons-nous attendre de l'Église en Terre Sainte qu'elle prospère si ses dirigeants trahissent le coeur même de sa mission? Comment pouvons-nous partager l'Évangile du salut avec les juifs (et les musulmans) avec sensibilité, respect et amour?
  • La montée du judaïsme messianique témoigne de l'oeuvre du Saint Esprit: plus qu'aucune époque auparavant de nombreux juifs découvrent le Messie. Les juifs messianiques insistent généralement sur le fait qu'en croyant en Jésus, ils ne deviennent pas chrétiens mais demeurent juifs. Cette attitude est en partie légitime, car, comme nous l'avons vu, il est important que les juifs qui viennent à croire en Jésus conservent leur appel et leur vocation particuliers comme fils et filles d'Israël. Cependant, en restant à l'extérieur de l'Église ils abandonnent de nombreux dons et bénédictions que le Messie a donné à son Église (voir: Pourquoi être catholique?). Comment l'Église catholique peut-elle créer un "espace" afin que les juifs qui trouvent le Messie puissent recevoir la plénitude de Ses dons et de ses bénédictions dans l'Église, tout en se sentant "à la maison" en son sein dans un environnement authentiquement judéo-catholique qui apprécie l'héritage et les traditions du peuple juif? En particulier, en raison du nombre grandissant de juifs qui viennent à la foi en Christ mais qui désirent continuer à vivre une vie de juif observant, comment l'Église catholique peut-elle encourager et faciliter l'observance de la Torah pour les judéo-catholiques?



Source : www.israelcatholic.com

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Message par Gaëlle Dim 25 Avr 2010 - 0:00

Pour l'information des personnes ouvertes. Je ne fais pas partie des Adventistes pas plus que des Témoins de Jéhovah. Il est intéressant d'écouter d'autres communautés que celle du christianisme romain ; celui-ci ne peut plus se replier sur lui-même en ignorant le discours des autres, sans pour autant y adhérer intégralement.

La synagogue et l’église
Jacques B. Doukhan
Selon sa coutume, il entra dans la synagogue le jour du sabbat. » (Luc 4 : 16.)
« Sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. » (Matthieu 16 : 18.)
Le premier passage décrit une coutume de Jésus quand il était sur la terre, une coutume de tous les sabbats. Il rendait un culte à son Père à la synagogue juive ou au temple. C’est là une coutume que ses disciples ont plus tard suivie en allant de ville en ville lors de leurs voyages missionnaires, comme on le voit dans le livre des Actes.

Le deuxième passage contient une promesse : Jésus lui-même édifiera l’Eglise là où il sera adoré comme Seigneur et Sauveur du monde. Les apôtres, tout en célébrant leur culte dans les synagogues, parlaient beaucoup de l’Eglise en tant que corps du Christ et en tant que communauté de croyants en Christ, envoyée par Dieu.

C’était l’époque apostolique. Mais depuis, l’histoire ne parle que de luttes et de conflits entre la synagogue et l’église, entre les juifs et les chrétiens.
Cette lutte est-elle nécessaire ? La haine devrait-elle marquer les relations entre ces deux communautés ? Pouvons-nous essayer de nous comprendre et d’apprendre les uns des autres ? La réponse doit être « oui » pour trois raisons : les deux communautés ont énormément en commun ; le christianisme peut beaucoup apprendre du judaïsme ; et le judaïsme peut beaucoup apprendre du christianisme.

Les points communs

Le christianisme et le judaïsme partagent les mêmes racines. D’abord les Ecritures. Jésus et les disciples n’avaient qu’une seule Bible : l’Ancien Testament. En effet, le Nouveau Testament continue l’Ancien et l’amplifie.
Puis la théologie. Le christianisme et le judaïsme partagent tous deux le concept d’un Dieu personnel ayant créé le monde. Le récit de la chute, l’appel d’Abraham, la nature de l’alliance, les dix commandements et l’insistance des prophètes sur l’éthique, tout cela fait partie de l’héritage commun des deux groupes religieux.
Enfin, il y a l’histoire. La philosophie de l’histoire selon laquelle Dieu est aux commandes, selon laquelle l’histoire va vers son apogée en un mode linéaire, est commune aux deux religions. L’Eglise fait remonter son histoire à l’église dans le désert ; elle tire son énergie et son inspiration des promesses faites aux enfants d’Israël. De plus, l’Eglise a grandi sur le sol d’Israël. Les premiers chrétiens étaient tous des juifs fidèles. Jésus était juif.

L’Ancien Testament, ainsi que le midrashim, les paraboles juives, faisaient partie de ses enseignements. Tous ses disciples étaient juifs. La plus grande partie — sinon l’ensemble — du Nouveau Testament a été écrite par des juifs qui se référaient constamment aux Ecritures et traditions juives.
Avec tant en commun, pourquoi devrait-il y avoir conflit entre les deux religions ? Ne devraient-elles pas au contraire apprendre l’une de l’autre ?

Ce que le christianisme peut apprendre du judaïsme

L’Eglise peut établir une connexion avec Israël et apprendre de lui son amour des Ecritures. Les Ecritures hébraïques ont été préservées par le travail tenace des scribes juifs, qui ont recopié les anciens manuscrits avec soin, et aussi par les juifs fidèles, qui les ont lus à la synagogue au cours des siècles. Moïse, Isaïe, les Psaumes et le Cantique des cantiques sont encore psalmodiés dans la langue originale. Grâce aux juifs, les chrétiens ont accès au texte hébreu de l’Ancien Testament, à la pensée hébraïque des auteurs du Nouveau, et même aux prières hébraïques, par lesquelles Jésus lui-même a adoré son Père. Le rôle des Ecritures dans la vie et dans les services de culte des juifs peut être chéri également par les chrétiens.

L’Eglise peut aussi apprendre du judaïsme la signification plus profonde de la loi, des dix commandements, des lois alimentaires, du sabbat et de tout le code éthique. Les juifs n’ont pas seulement préservé tout cela par écrit, mais ils en sont aussi des témoins par leur façon de vivre. L’Eglise a besoin des juifs pour repenser la théologie de la loi. Les chrétiens ont une telle tendance à insister sur la grâce qu’ils ont souvent ignoré la valeur de la justice et de l’obéissance. On a trop souligné l’importance des émotions, des sentiments et des expériences subjectives aux dépens de la fidélité, de la volonté et du devoir objectif d’obéissance.

Dans le même ordre d’idée, l’Eglise a besoin des juifs pour redécouvrir la valeur et la beauté intrinsèques de l’étude de la Parole de Dieu, qui vient d’en haut et qui recèle sa propre vérité, prête à être découverte. Trop souvent, la Bible est utilisée comme preuve dans une dispute théologique, ou comme une inspiration sentimentale et creuse lors d’une méditation religieuse. Il est vrai que le chrétien peut s’attendre à l’illumination et aux directives de l’Esprit pour comprendre les Ecritures, mais il est naïf de le substituer à leur étude personnelle.

Les chrétiens peuvent aussi apprendre de la manière d’adorer des juifs : leur révérence pour le Dieu souverain, leur respect des Ecritures et leurs chants collectifs, qui impliquent des efforts intellectuels, de la sensibilité esthétique, une profonde émotion, ainsi le mouvement du corps. En y prêtant attention, les chrétiens pourraient être inspirés à rendre leurs services d’adoration plus créatifs et plus satisfaisants.

Une autre valeur religieuse que les chrétiens peuvent apprendre des juifs est la joie de vivre, le goût de la fête et la capacité à recevoir le don de Dieu dans la création. Dès les débuts, avec l’influence du gnosticisme, surtout celui de Marcion, le christianisme s’est opposé à la foi en un Dieu de la création, de la beauté et des sens. On a essayé d’établir une distinction entre le Dieu de l’Ancien Testament et celui du Nouveau. Elle se reflète parfois dans la théologie chrétienne du dimanche, interprété comme signe du salut, à l’opposé du sabbat, signe de la création. Ce dualisme a influencé des générations de chrétiens et a produit une religion triste qui trouve suspects le rire et le plaisir. Les chrétiens peuvent apprendre des juifs comment veiller à leur vie physique autant qu’à leur vie spirituelle. Ils peuvent apprendre d’eux leur vue holistique de la vie. Ce qu’ils mangent, ce qu’ils boivent — tout ce qu’ils font affecte l’ensemble de leur être. Les chrétiens, comme les juifs, peuvent affirmer que la religion est un mode de vie et pas simplement une tournure d’esprit.

Ce que les juifs peuvent apprendre du christianisme

L’histoire montre qu’Israël a besoin de l’Eglise. Ce sont les chrétiens qui ont fait connaître le Dieu d’Israël à travers le monde. Ils ont traduit la Bible hébraïque et transmis son message au monde entier. De l’Amazone en Afrique, de l’Alaska en Australie, on a raconté l’histoire de Joseph et les psaumes de David aux gens simples et aussi aux moins simples. La théologie juive du particularisme a été complétée par l’universalisme chrétien, ce dernier ayant apporté la vérité biblique aux confins de la terre. L’une des conséquences de cette mission chrétienne est la connaissance de l’Ancien Testament et de l’existence d’Israël. C’est l’un des paradoxes de l’histoire les plus ironiques et les plus intéressants.

Sans l’Eglise, le judaïsme serait peut-être resté une religion insignifiante et obscure qui aurait bien pu disparaître.
Les juifs ont ignoré le Nouveau Testament délibérément, bien qu’il ait été écrit par des juifs avant même l’époque de la composition du Talmud. Ils tireraient un grand bienfait de la lecture de ces textes, car ces derniers ne rendent pas seulement témoignage de la vie et des croyances des juifs du premier siècle, mais ils contiennent aussi de précieuses vérités qui pourraient renforcer et enrichir leurs racines juives.

En fait, des juifs bien au courant de leurs propres Ecritures et traditions sont à même de comprendre le Nouveau Testament mieux que les chrétiens eux-mêmes, qui y projettent souvent leur propre vision des choses. Les juifs découvriraient que le Nouveau Testament n’est pas aussi étrange qu’ils ne le croient. Après tout, il a été écrit dans le cadre d’une conception du monde moulée par l’Ancien Testament. Dans cette optique, ils pourraient même mieux saisir leur propre héritage. Le sens et la beauté des Ecritures hébraïques sont souvent mis en valeur par les explications du Nouveau Testament. Les récits du rabbi de Nazareth, ses paraboles et ses enseignements, les surprendront par leur couleur juive et par les grands idéaux juifs qu’ils transmettent.

La grâce (hesed) n’est pas unique au message chrétien.

Le judaïsme la chérit aussi.

Les juifs peuvent toutefois apprendre des chrétiens que le salut n’est pas par mitzwoth (loi), mais par Dieu qui descend dans l’histoire et agit en faveur de son peuple. Ils ont besoin d’en apprendre davantage sur la proximité de Dieu, le Dieu qui va jusqu’à entrer dans le processus complexe de l’incarnation de façon à parler avec les hommes, être avec eux et les sauver. Abraham Heschel avait certainement pensé à cette réalité quand il observait que « la Bible n’est pas la théologie de l’homme mais l’anthropologie de Dieu ».*

En s’instruisant sur l’incarnation de Dieu, les juifs comprendront mieux le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob — le Dieu qui parla face à face avec Moïse, le Dieu qui combattit pour Israël à Jéricho et qui parla à travers les prophètes. Et cette perspective apportera même un nouveau souffle à leur mitzwoth. La loi ne sera plus accomplie comme une corvée obligatoire, mais elle se développera et jaillira du cœur comme un fruit résultant de leur relation personnelle avec Dieu.

...
Les dix points de Seelisberg


Juste après la Seconde Guerre mondiale, des ecclésiastiques catholiques et protestants, conscients de la terrible force de l’antisémitisme qui atteignit son apogée sous le 3ème Reich, se réunirent avec leurs collègues juifs pour préciser 10 points dans le but d’éviter « des présentations ou des conceptions fausses, inadéquates ou erronées... de la doctrine chrétienne ».
1. Souvenez-vous qu’un seul Dieu s’adresse à nous tous par l’Ancien et le Nouveau Testament.
2. Souvenez-vous que Jésus est né de mère juive, de la descendance de David et du peuple d’Israël, et que son amour et son pardon éternels embrassent son propre peuple et le monde entier.
3. Souvenez-vous que les premiers disciples, les apôtres et les premiers martyrs étaient juifs.
4. Souvenez-vous que le commandement fondamental du christianisme — aimer Dieu et son prochain, déjà proclamé dans l’Ancien Testament et confirmé par Jésus — concerne et les chrétiens et les juifs dans toutes les relations humaines sans exception.
5. Evitez de donner une distorsion ou une mauvaise représentation du judaïsme biblique ou post-biblique dans le but de faire l’éloge du christianisme.
6. Evitez d’utiliser le mot « juifs » dans un sens exclusif pour désigner les ennemis de Jésus, et les mots « les ennemis de Jésus » pour désigner l’ensemble du peuple juif.
7. Evitez de présenter la Passion d’une manière qui attribue le caractère odieux de la mort de Jésus à tous les juifs ou à eux seulement. Seule une faction des juifs de Jérusalem ont exigé la mort de Jésus, et le message du christianisme a toujours été que ce sont les péchés de l’humanité qui étaient représentés par ces juifs, et que ce sont les péchés de tous les hommes qui ont conduit Christ à la croix.
8. Evitez de faire allusion aux malédictions scripturales, ou au cri d’une foule en colère : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » sans garder à l’esprit que ce cri ne compte pas face aux mots infiniment plus lourds de notre Seigneur : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. »
9. Evitez de promouvoir la notion superstitieuse que le peuple juif est réprouvé, maudit et destiné à la souffrance.
10. Evitez de parler des juifs comme si les premiers membres de l’Eglise n’avaient pas été des juifs.
Publié en 1947 par l’International Council of Christians and Jews

Né en Algérie de parents juifs, Jacques Doukhan (doctorat de l’Université de Strasbourg et Th.D. d’Andrews University) enseigne l’hébreu et l’exégèse de l’Ancien Testament à Andrews University. Il est aussi rédacteur en chef de Shabbat Shalom/L’Olivier, une revue juive et chrétienne publiée en anglais et en français. Parmi ses livres : Drinking at the Sources, Daniel et Hebrew for Theologians. Son adresse : Andrews University ; Berrien Springs, Michigan 49104-1500 ; U.S.A.
Référence
• Abraham Heschel, Man Is Not Alone : A Philosophy of Religion (New York : Octagon Books, 1972), p. 129.

Source : http://dialogue.adventist.org/articles/08_2_doukhan_f.htm

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Message par pierre34 Mer 14 Juil 2010 - 19:30

LA MISSION DES JUIFS DANS LES TEMPS PRÉSENTS ET À VENIR
PREMIERE PARTIE : NOS CRAINTES ET NOS ESPÉRANCES TOUCHANT LE RÈGNE DE DIEU
CHAPITRE I : NOS CRAINTES.
SOMMAIRE : I. Nos voeux pour le Règne universel de Dieu sur la terre. - II. Les deux tiers du genre humain aux pieds des idoles. -
III. La moitié de l'Europe séparée de l'Eglise de Jésus-Christ. - IV. Mission divine de la France paralysée par la Franc-Maçonnerie. -
Celle-ci vise l'Eglise au coeur. - V. L'empire de Satan sur les âmes depuis le commencement du monde. - Place restreinte occupée par
le Souverain légitime. - VI. L'Antéchrist, son portrait. - Proximité de la fin du monde : cette opinion détruit nos espérances. – VII. Satan
résume ses conquêtes et conclut à sa victoire définitive sur le Christ.
I. Je suis persuadé, cher lecteur, que vous désirez vivement l'extension du Règne de Dieu sur la terre, et que votre
noble coeur, dans ce qu'il a de plus intime et de plus sincère, exhale sans trêve ni merci cette prière de la reconnaissance
et de la piété filiale : Adveniat regnum tuum ; Seigneur, que la terre entière soit soumise à Votre sainte Loi ! Que toute nation,
toute langue et toute tribu Vous reconnaisse et Vous adore ! Désormais, qu'il n'y ait plus qu'un seul troupeau sous la
houlette d'un seul pasteur !
Cependant, je le vois, un nuage de tristesse assombrit votre visage, et, comme autrefois les disciples d'Emmaüs,
votre âme est partagée entre la crainte et l'espérance.
Je sais bien, dites-vous, que le bras de Dieu n'est pas raccourci, qu'il régit le monde physique par une volonté sage et
inflexible ; mais l'homme, sa plus belle créature ici-bas, l'homme doué par lui d'intelligence et de liberté, l'homme seul
abuse et fait contraste au milieu de ce merveilleux concert.
II. L'univers, dans sa plus vaste partie, n'est-il pas courbé sous le joug de Satan ? Parcourez la Chine, l'Inde et mille
autres contrées de l'Asie ; dites-nous, si vous le pouvez, le nombre de leurs idoles ? Pourriez-vous compter les nègres de
l'Afrique et les sauvages de l'Océanie ? Quelle dégradation ! Que d'âmes avilies et que n'a point régénérées le baptême
de Jésus-Christ ! Le Christianisme, il est vrai, brille d'un certain éclat dans les deux Amériques. Là encore, cependant,
que de plages inexplorées par nos missionnaires ! Que de peuples qui se croient vivants et qui pourtant sont assis à
l'ombre de la mort !
III. Enfin, dans notre vieille Europe, si fière de ses progrès, chez ces nations privilégiées où s'est implanté, a grandi et
s'est développé le Règne de Jésus-Christ, n'y a-t-il rien à déplorer ? Le flambeau de la foi, je le veux bien, a parcouru
successivement chacune de ces fertiles contrées ; toutes sont modelées d'après sa divine empreinte, toutes recèlent encore
dans leurs flancs son influence salutaire ; cependant, ne dirait-on pas qu'à l'instar des individus, l'ingratitude est le
crime des nations ? Combien d'entre elles ont secoué le joug maternel de l'obéissance et de l'autorité ? Combien ont voulu
se séparer de cette tendre Mère que nous, chrétiens de coeur et d'âme, appelons l’Eglise ! Elle seule, cependant,
tient le secret de la vraie civilisation ; elle seule possède la vertu d'enfanter à Dieu et à la patrie des chrétiens
dignes de ce nom.
IV. L'une de ces nations, privilégiée entre toutes, reçut d'en haut une sublime mission. C'était le jour de son baptême
et de celui de son roi. L'eau qui régénère coulant sur son front, sa tête humide encore de l’huile sainte, elle promit en face
du sanctuaire, en présence des ministres de la plus haute hiérarchie, elle promit, par la bouche de Clovis, de défendre
sa divine Mère contre ses ennemis ; d'être, en un mot, le soldat du Christ : noble mission, sublime prérogative dont le
ciel et la terre furent témoins et qui fut ratifiée par Dieu Lui-même, comme le prouveront les événements.
Fière de son poste d'honneur, je la vois cette Fille aînée de l'Eglise, cette noble France, – quelle gloire pour nous de
citer son nom ! – je la vois toujours à la brèche, traversant les âges, brandissant son épée, fidèle à son serment. Je la
trouve à Poitiers pulvérisant avec Martel l'Islamisme qui menaçait d'anéantir sa foi. A la tête de Pépin et de Charlemagne,
elle fonde un vaste empire chrétien, et dote l'Eglise de Rome d'un riche patrimoine : ingénieuses précautions de l'amour
filial qui veut sauvegarder l'indépendance de sa Mère. - Plus tard, sa vaillante épée brille avec non moins d'éclat dans la
main de nos preux : elle vole en Terre-Sainte, délivre le tombeau et venge le Christ.
De si belles actions (Gesta Dei per Francos) resteront-elles sans récompenses ? Tant de valeur au service du droit
le plus sacré n'attirera-t-elle pas les regards de Celui à qui rien n'échappe ? Loin de nous cette pensée. L'ange qui protège
la France voit, contemple, inscrit tout en caractères indélébiles ; et lorsque l'heure de l'épreuve aura sonné, lorsque
cette terre des héros, surprise par le malheur, sera presque anéantie, Dieu Lui-même enverra de Sa droite un secours
éclatant, irrécusable : Il jettera la terreur et l'effroi dans ces bataillons jusqu'alors invincibles, et la France, sauvée par la
main de Jeanne d'Arc, reverra ses plus beaux jours de gloire. - Depuis cette époque mémorable jusqu'à nos jours, quatre
siècles s'écouleront : siècles d'honneur et de victoires s'il en fut jamais ! Loin de renier son passé, la France portera haut
l'étendard de Jésus-Christ. Ses chefs se glorifieront du titre de rois très chrétiens. Parmi toutes les nations de la terre, la
Fille aînée de l'Eglise obtiendra la première place : ainsi l'aura voulu le Christ qu'elle défendra si vaillamment dans la personne
de Son Vicaire1.
Telle fut la mission de la France pendant quatorze siècles de splendeur ; telle, sans doute, elle devait fleurir à jamais
entre toutes les puissances de la terre ; le ciel eût-il donc oublié Ses bienfaits ?
Que les temps sont changés ! Naguère si chrétienne, si passionnée pour la gloire de son Christ, cette France aujourd'hui
abjure son passé, renie ses plus chères aspirations. Naguère, sentinelle vigilante, elle gardait intact le domaine de
Pierre ; aujourd'hui, muette, perfide, traître à son Dieu, cette même France livre à de criminels sectaires le dépôt sacré.
Naguère elle combattait, aujourd'hui elle déserte. Naguère elle protégeait l'Oint du Seigneur, le Pontife de Rome ; aujour-
1 La Révolution éclata par suite d'un mal qui existait à l’état latent. A dessein nous le passons sous silence, pour y revenir longuement,
IIè Partie, chap. V.
5
d'hui elle l'abandonne sans défense au gré de ses ennemis. Naguère elle stigmatisait l’erreur et flétrissait l'impiété : aujourd'hui
elle préconise le mensonge et flatte toutes les passions. Naguère elle maudissait les contempteurs de sa foi ;
aujourd'hui on outrage toute morale, on insulte tout ce qui rappelle Dieu sur la terre : elle ne répond que par un sourire de
complaisance et de satisfaction. Naguère elle voilait tout ce qui pouvait blesser les regards ; aujourd'hui elle étale et répand
à profusion l'ordure et l'obscénité. Naguère elle plantait la croix et portait le nom du Sauveur sur des plages infidèles
; aujourd'hui, ce signe de la Rédemption, elle l'arrache même du coeur de ses enfants.
Par quelle fatalité se serait opérée cette subite transformation ? Quoi ! cette noble France aurait tout rejeté, tout répudié,
tout abjuré de son glorieux passé ! Le sang des preux ne coulerait plus dans ses veines ! Les fils des Croisés auraient
oublié le Christ et leur antique serment !
Ah ! je le comprends, la France ne s'appartient plus ; un joug satanique s'appesantit sur elle ; un monstre inconnu
jusqu'alors enveloppe sa victime, l'étreint, la déchire cruellement, et n'a de repos qu'elle n'ait rendu le dernier soupir.
La France haletante, épuisée, semble à deux doigts de sa perte.
Dans cette France bien-aimée il y a donc deux camps, deux chefs bien distincts. D'un côté, Satan personnifié dans le
Radicalisme et la Franc-Maçonnerie ; de l'autre, Jésus-Christ personnifié dans Son Eglise et dans ceux qui combattent
avec elle. D'une part, c'est la haine, la révolte et le blasphème contre Dieu et Son Christ ; de l'autre c'est le respect,
l'amour et la vénération pour ce qu'il y a de plus sacré. De part et d'autre, c'est une lutte à mort ; renverser l'ordre social,
détruire l'oeuvre de Jésus-Christ, anéantir Dieu Lui même : tel est le complot de la secte infernale.
Ce n'est pas sur la France seule, mais sur la chrétienté tout entière que la vaste conspiration étend ses immenses
réseaux. Il s'agit, en effet, d'atteindre dans toutes ses parties, d'attaquer sous toutes ses faces, de ruiner de fond en
comble le Royaume fondé par Jésus-Christ. Or, toutes les nations qui tour à tour ont été vivifiées par la grâce du baptême
étant comprises principalement dans les limites actuelles de l'Europe et du nouveau continent, c'est donc au milieu
des peuples chrétiens, Cité de Dieu sur la terre, que se dresse le théâtre de la lutte. Sur ce champ de bataille, s'il est
un point où l'ennemi se porte plus serré, où le combat soit plus vif, c'est là sans doute où abondent l'amour et le dévouement
à Jésus-Christ : crime capital, irrémissible, qui ne peut trouver grâce aux yeux de la secte maçonnique.
Ce combat, aux gigantesques proportions, se livre dans l'Eglise tout entière, sur tous les points de sa vaste enceinte.
Les parties les plus vivement attaquées de son corps mystique sont l'âme et la tête. Avant tout, c'est donc le Souverain-
Pontife entouré de sa hiérarchie, puis notre illustre patrie, notre France catholique dont la glorieuse mission fut d'être
le soldat du Christ ; oui je le répète, voila le foyer du monde chrétien, le phare lumineux, le point central que visent plus
pressés les traits de la phalange de Satan.
V. Ce coup d'oeil rapide, jeté sur le monde entier, nous afflige profondément. A la vue de cette vaste conspiration,
notre âme s'indigne et frémit tour à tour. Cependant, je le dis avec peine, si noir que soit ce tableau, il y manque une
ombre, le travail est inachevé, et, en qualité de juge impartial, cette oeuvre, je dois la mettre sous vos yeux aussi entière
que possible.
Nous, chrétiens, catholiques, enfants dévoués à la sainte Eglise, les intérêts de Dieu parmi les hommes ne sont-ils
pas les nôtres ? La cause de Jésus-Christ sur la terre n'est-elle pas essentiellement notre cause ? Son empire souverain,
Son Règne absolu et universel sur les âmes, en un mot, Sa conquête du monde entier dans l'ordre spirituel, n'est-ce
pas l'objet du plus ardent de nos voeux ? Or l'action prépondérante et salutaire de Jésus-Christ ne s'est bien exercée jusqu'ici
que sur un petit coin de l'univers ; son rôle, si marqué qu'il soit dans son étroite sphère, n'occupe cependant qu'une
place restreinte sur la vaste scène du monde. Depuis Caïn jusqu'au déicide consommé par les Juifs, l'universalité des
hommes demeure courbée sous le joug du démon. Le déluge envoyé pour punir les crimes de la terre en suspend à
peine le cours, et à la naissance du Sauveur toutes les nations disséminées sur le globe, Juifs exceptés, s'avilissent aux
pieds des idoles. Tout était Dieu, dit Bossuet, excepté Dieu Lui-même !
De ce moment, il faut le reconnaître, l'empire de Satan reçoit une profonde blessure. Les Apôtres se partagent l'univers
et le sillonnent dans toutes ses parties. Le grain de sénevé qu'ils sèment partout germe promptement et produit ce
grand arbre où viennent s'abriter les enfants de Dieu.
Cependant, nous le confessons avec douleur, si grand que soit cet arbre, si répandue qu'on suppose la prédication de
l'Evangile, si nombreux que soient les fidèles de Jésus-Christ, leur nombre est loin d'égaler celui des hommes qui,
n'ayant aucune connaissance du Dieu véritable, adorent les plus monstrueuses divinités. A ces idolâtres en nombre infini,
si nous joignons les hérétiques et les schismatiques de mauvaise foi, puis cette multitude d'impies qui, vivant au sein de
l'Eglise, ont juré la destruction du Royaume de Jésus-Christ, ce spectacle nous arrache des larmes. Nous le disons dans
l'amertume de notre âme, les rôles nous paraissent intervertis, le Souverain s'est effacé, Satan a dominé, Satan a gouverné.
Satan, cruel despote, usurpant tous les droits du Maître, a régné sur l'univers presque entier.
VI. Ce tableau, présenté sous toutes ses faces, nous révèle un mal étendu, profond, sans limites ; au point de vue révolutionnaire,
la perversité humaine a fait de tels progrès, qu'au dire d'un grand nombre, elle doit rester sans remède, et
est un signe de la proximité du grand et épouvantable jour du Seigneur qui sera le dernier. Il est de foi, en effet, que le
monde présent doit finir par le feu et se dissoudre dans un embrasement universel : «Les cieux passeront, les éléments
embrasés seront dissous et la terre et tout ce qu'elle renferme sera consumé par le feu». (II Pierre, III, 10)
Sans vouloir préciser ni le jour ni l'heure de cette catastrophe finale, nous sommes en droit cependant d'affirmer, avec
le Sauveur lui-même, qu'il y aura des signes avant-coureurs de ce deuxième et dernier avènement. En présence de
l'apostasie générale des Nations, en face de la profondeur et de l'universalité de la malice des hommes, ne sommesnous
pas fondés à conclure que le règne du mal va s'étendre de plus en plus ; que, dans les secrets de la Providence, le
monde actuel, chargé d'ans et vieilli dans le crime, verra prochainement s'accomplir la sentence de destruction prononcée
contre lui. En conséquence, que la charité va se refroidir universellement, que le flambeau de la foi va graduellement
s'éteindre ; qu'enfin, va se révéler, apparaître au monde l’homme de péché, l'Antéchrist en personne qui fera subir
à l'Eglise de Dieu la plus sanglante des persécutions.
6
En lui s'incarnera, pour ainsi dire, toute l'impiété, toute la rage des tyrans qui l'auront précédé. Il sera l'image la plus
parfaite, le type le plus accompli de Satan lui-même. Dans sa personne, Dieu le permettant ainsi, se résumeront toutes
les aspirations, tous les voeux sacrilèges formés par l'enfer contre l'Eglise de Jésus-Christ. Au début de son règne, les
Juifs, trompés par ses étonnants prodiges, l'accepteront pour le Messie qu'ils attendent. Se substituant à Dieu Lui-même,
il se fera dresser des autels et forcera les hommes de lui rendre les honneurs divins. Aux supplices les plus raffinés il
saura joindre avec une telle puissance la ruse et l'artifice, que, si c'était possible, les élus eux-mêmes seraient séduits.
Enfin l'apostasie deviendra si générale, si nombreux seront les hommes qui renonceront à Jésus-Christ, que le nombre
des justes sera réduit aux plus minimes proportions. De sorte que le souverain Juge, paraissant alors sur les nues pour
juger le monde, pourrait vous demander à vous-mêmes s'il reste encore quelques traces de foi sur la terre.
Appuyés sur de graves autorités, nous pouvons donc conclure que nous touchons à la fin des temps. Mais, s'il en
est ainsi, nos espérances relatives au Règne de Dieu sont vaines et il n'y a nulle place pour un triomphe universel, éclatant
et durable de la sainte Eglise sur la terre. En conséquence, le Règne de Dieu va pâlir de plus en plus ; l'unique
Maître du monde, Celui qui seul a reçu de Son Père toutes les nations en héritage, Jésus-Christ, en face de Son ennemi,
va céder la place ; et Satan, l'antique usurpateur, de reprendre le terrain perdu, et l'univers presque entier de retomber
comme autrefois sous le pied de son féroce vainqueur.
VII. Jadis l'Archange, vengeur des droits de Dieu, terrassait Satan et le chassait du ciel avec ces paroles : Quis ut
Deus ? Qui est semblable à Dieu ? Aujourd'hui, le vaincu d'alors, mais vainqueur à son tour, l'insulte à la bouche, répond
: Il est vrai, le ciel n'est plus mon empire ; mais la terre, depuis le commencement du monde, est mon vaste domaine.
La plupart des hommes se prosternent devant moi et m'adorent ; ce qui m'a été ravi aux jours néfastes où ma
gloire a pâli, aujourd'hui je le ressaisis. Ces nations, naguère fidèles et dévouées à Jésus-Christ, renient leur passé, elles
redeviennent ma proie. Les peuples chrétiens renoncent à leurs croyances, le Christ est chassé du milieu des siens.
Elle aussi, cette vaillante nation des Francs, abjure la mission de ses ancêtres. Ce rempart de l'Eglise, je l'ai renversé
; ce soldat qui, jour et nuit, veillait à la garde de Pierre, je l'ai mis en fuite ; cet invincible bouclier, aux pieds duquel
tombaient émoussés les traits de l'ennemi ; aujourd'hui, ces armes protectrices, je les ai tournées contre le ciel lui-même.
Il n'est pas éloigné ce jour où mon empire sera sans partage. Dans ses vastes limites, il comprendra non seulement les
peuples idolâtres qui n'ont jamais servi d'autre roi que Satan ; mais les nations chrétiennes, à leur tour apostates, se rangeront
elles-mêmes sous mon étendard. Ces nations, jusqu'alors fidèles à Jésus-Christ, j'en ai pour garant la parole prophétique,
consommeront de plein gré leur apostasie ; elle ne sera plus partielle comme autrefois, mais générale, universelle.
Mon image la plus parfaite, le type le plus accompli de mes aspirations forcera les hommes de toute langue, de
toute tribu, de se prosterner devant moi et de m'adorer. Cet empire, qui ne connaîtra point de limites, durera jusqu'au
deuxième et dernier avènement du Fils de Dieu. Mon assurance s'appuie sur Sa parole infaillible. En effet, Lui-même déclare
que, lors de Sa venue pour juger le monde, jamais il n'y aura eu si peu de foi sur la terre, et, partant, il n'y aura
presque plus d'adorateurs de Son Nom. Je conclus que mon empire va croître de plus en plus, qu'il brillera d'un vif éclat
jusqu'à la fin des temps, et qu'au moment où le Fils de l'homme descendra du ciel dans l'appareil de Sa gloire, mon empire
sans bornes sera porté au faîte de sa splendeur. Je suis dès aujourd'hui et serai à jamais vainqueur dans la lutte ;
c'est donc à juste titre que la terre à mes pieds m'adore et me reconnaît pour son roi.

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Message par pierre34 Mer 14 Juil 2010 - 19:32

CHAPITRE II : NOS ESPÉRANCES.
SOMMAIRE : I. Spectacle idéal de l'univers conquis à Jésus-Christ. - II. Obstacles à cette conquête. - III. Les prophètes annoncent
cet empire universel de Notre-Seigneur Jésus-Christ. - IV. Spectacle de la transformation des âmes. - V. Apôtres destinés à renouveler
la face de la terre. - VI. Notre conduite à l'égard des Juifs. - Ecueil signalé par saint Paul. - VII. L'olivier sauvage, figure de notre stérilité
propre. - VIII. Notre amour pour l'olivier franc, notre mépris pour ses branches naturelles : inconséquence de cette conduite. - IX. La
résurrection des Juifs est possible, facile et même certaine. - X. Il faut désirer cette résurrection : la reconnaissance nous en fait un devoir
; d'autre part, elle doit amener le Règne universel de Notre-Seigneur Jésus-Christ. - XI. La communion de tous les peuples décrite
par un Juif converti. - XII. A quelle époque faut-il placer l'Apostolat des Juifs ? - XIII. L'opinion des quarante-cinq jours est-elle chimérique
? - XIV. L'histoire a ses proportions : conséquences à déduire.
I. Ce langage sera-t-il le nôtre ? Dieu, dont les voies sont impénétrables, voudrait-Il laisser indéfiniment à Son ennemi
la plus large part, ne se réservant pour Lui que la plus petite ? Ces milliers d'infidèles, qui peuplent nos îles et nos continents,
gémiront-ils jusqu'à la fin des temps sous l'odieuse tyrannie de Satan ? ou bien, ces nobles créatures, aujourd'hui
dégradées et pourtant, aussi bien que nous, céleste reflet de la divine beauté, sortiront-elles un jour rajeunies et purifiées
par le baptême de Jésus-Christ ? L'insondable Miséricorde leur enverra-t-elle un secours extraordinaire, une phalange
d'apôtres zélés, proportionnés à ce vaste champ du Père de famille ? Sous le feu de cette parole évangélique, la foi renaîtra-
t-elle ? Ces morts, qui se croient vivants, ressusciteront-ils à la vie de la grâce ? Ces millions d'âmes adorerontelles
Celui qu'elles pourront appeler le Père des miséricordes, le Dieu de toute consolation ? Reconnaîtront-elles Jésus-
Christ pour leur unique Sauveur ? Ne formeront-elles plus qu'un seul troupeau sous la houlette du Pasteur des pasteurs,
de l'Evêque de Rome ? J'en suis sûr, cher lecteur, c'est là par excellence le souhait de votre âme. Des voeux que vous
formez, aucun ne lui est plus cher. S'il est un rêve dont votre zèle se soit bercé, c'est, à coup sûr, ce retour de toutes les
nations idolâtres à l'unité, à la connaissance du Fils de Dieu ! Tous les peuples de la terre, l'univers entier, soumis au
meilleur des Rois, quel beau rêve ! Dix fois le jour, au plus profond de votre être, vous renouveliez ce voeu ; qu'il advienne
ce Règne mille fois béni, où tant d'âmes recouvreront leur dignité première ! Qu'elle s'accomplisse sur la terre
cette adorable volonté que les anges exécutent au ciel avec tant d'harmonie ! Que partout Il soit connu, aimé, adoré, ce
Nom trois fois saint !
II. Mais il faut l'avouer, ce voeu, jusqu'ici, vous semblait irréalisable : Nobles sentiments, disiez-vous, précieux désirs
qui n'échappent pas aux regards de Celui qui découvre les plus secrètes pensées, et qui attirent sur nos têtes l'immortelle
7
récompense ! Mais cette conversion générale et merveilleuse des nations idolâtres qui peuplent notre globe, il n'y faut
point compter ! Quelques âmes çà et là, quelques familles isolées, quelques tribus peut-être sortiront de cette mort qui
les glace ; mais, ce nombre infini d'âmes, avilies, dégradées, détruire leurs idoles, renoncer à leur superstition, réformer
leurs moeurs et leur conduite, se christianiser, se refaire, en un mot, il faudrait, disiez-vous, une création nouvelle,
chose impossible !
D'ailleurs, ajoutiez-vous, partiraient-ils plus nombreux nos missionnaires pour ces plages lointaines ? supposerait-on
des coeurs plus brûlants ? le feu sacré ne dévore-t-il pas leur poitrine ? n'ont-ils pas soif du salut des âmes ? trouverait-on
jamais plus d'abnégation, plus de dévouement ? craignent-ils les privations ? redoutent-ils les supplices et les tortures,
nos apôtres intrépides ? est-ce qu'ils ne courent pas au-devant de la mort ? la palme du martyre, n'est-ce pas le comble
de leurs voeux ? qui donc alors opérerait une telle transformation ? par quel prodige de Sa droite le Tout-Puissant renouvellerait-
Il la face de la terre ?
III. Tel était votre langage ; cependant, nous sommes heureux de vous le dire avec assurance, ces voeux que vous
inspire votre piété filiale, un jour ils se réaliseront, c'est notre plus ferme espoir ! Ils viennent, en effet, et en toute
hâte, ces temps de pacifique conquête ; ils ne sauraient ni manquer, ni retarder leur course. L'heure en est fixée dans les
conseils de la Providence. «Tous les peuples, s'écrie David, tous les peuples jusqu'aux extrémités de la terre se souviendront
du Seigneur et retourneront à Lui ; car c'est au Seigneur qu'appartient l’empire, et Il gouvernera toutes les nations».
(Ps. XXI) - Ailleurs, le même roi, toujours animé de l'esprit prophétique, nous décrit cette merveilleuse conquête avec une
précision qui ne permet d'émettre aucun doute à ce sujet : «Sa domination s'étendra depuis une mer jusqu'à l’autre, et
depuis le fleuve jusqu'aux extrémités de la terre. Les habitants de l'Ethiopie se prosterneront devant Lui : les rois d'Arabie
et de Saba Lui apporteront leurs dons» (Ps. LXXI).
Le Seigneur, contemplant avec amour cette admirable propagation de l'Evangile par toute la terre et les peuples revenant
en foule à l'unité, parle à Son Eglise en ces termes. : «Etends l’enceinte de tes pavillons, développe les voiles de
tes tentes, n'épargne rien, allonge tes cordages, affermis tes pieux. Car tu pénétreras à droite et à gauche, ta postérité
héritera des nations et tu rempliras les villes de la terre». (Is., LIV)
Si l'empire du démon n'était un jour brisé, si Satan, maître de l'univers, retenait à jamais les hommes du monde entier
esclaves de ses volontés, où serait donc notre Dieu fort et terrible ? ce lion de la tribu de Juda ? ce Dieu vengeur du
crime, qui résiste aux superbes, qui ne cède Sa gloire à personne ? ce Dieu jaloux de Son autorité, qui ne put souffrir un
seul instant la révolte de Lucifer, qui creusa l'abîme avec Ses feux dévorants pour punir l'ange rebelle ? Quoi ! ce Dieu
puissant se laisserait ravir à jamais ce qu'Il a de plus cher ! Ravir Son trône, Sa gloire, Son autorité sur la terre ! –
Non, il n'en sera pas ainsi. C'est de ce grand Dieu qu'il est écrit : «Les rois de la terre se sont levés, et les princes se
sont ligués contre le Seigneur et contre Son Christ ; rompons leurs liens, ont-ils dit, et rejetons loin de nous leur joug».
(Ps. II) C'est le cri satanique, c'est la Révolution frémissant de rage et se révoltant contre l'autorité de l'Eglise qu'elle veut
anéantir. Réussiront-ils dans leurs sacrilèges entreprises ? Gardez-vous de le croire, ajoute le Prophète : «Ils ont médité
de vains complots. Celui qui habite dans les cieux, se met hors de la portée de leurs traits et se rira d'eux». Il se fait un
jouet de leurs manoeuvres : pour Lui ce sont des jeux d'enfants qu'Il renversera au moindre signe de Sa volonté. «Il
leur parlera dans Sa colère, et dans Sa fureur Il les confondra». (Ps. II)
IV. Il n'en faut donc point douter, le règne des méchants sera détruit. Dans un avenir plus prochain peut-être que
vous ne pensez, Dieu se lèvera et confondra la Révolution qui a juré sa perte1. C'est alors que, Ses ennemis n'étant plus,
Dieu répandra sur toute la terre les effets d'une miséricorde inconnue jusqu'alors. En ce jour mille fois béni, connu et arrêté
dans les secrets de Sa divine prescience, Il enverra cette phalange d'apôtres zélés qu'Il tient en réserve pour ce
grand événement. A l'heure marquée, elle se trouvera formée et prête à partir sous l'impulsion du souffle divin. Comme
autrefois les Apôtres, instruits dans toutes les langues et portés sur des chars mille fois plus rapides, ils volent aux extrémités
de la terre, se portent partout, évangélisent toute nation, toute race disséminée sur le globe et les ramènent au bercail
du bon Pasteur. Témoin à l'avance de ce merveilleux spectacle, le prophète inspiré mettait autrefois ces consolantes
paroles dans la bouche du Seigneur : «Je vais donner des ailes à Ma parole, atteler le feu à Mes chars, saisir Mes
apôtres comme dans un tourbillon, et les transporter en un clin d’oeil au milieu des nations barbares».
Ils sont par excellence les messagers de la bonne nouvelle : leur mission est de renverser et de détruire le culte
de Satan, puis de refaire et de renouveler la face de la terre en implantant partout le Règne de Jésus-Christ. Leur
ardente parole, plus énergique que l'action du feu sur la glace, fond, liquéfie tout ce qu'elle rencontre sur son passage. La
parole créatrice rend la chaleur et le principe vital à ces âmes mortes et ensevelies dans le péché. Si endurcis qu'ils
soient, les coeurs s'amollissent ; si perverses que soient les volontés, si vieillies qu'on les suppose dans le mal, la grâce
de Dieu tombant à flots, l'orgueil s'humilie, les vices se déracinent, les montagnes s'abaissent, les rochers se fendent et
coulent comme la cire. O merveilleux changement ! Déjà il me semble les contempler ces peuples régénérés par la grâce
de Jésus-Christ. Purifiés de leurs souillures, ils bénissent à jamais le Dieu puissant et miséricordieux. Sanctifiés, rajeunis
par l'ineffable Bonté, ils célèbrent à l'envi Ses louanges et Ses bienfaits. De leurs coeurs embrasés s'échappe le cri de la
reconnaissance et de l'amour.
V. Mais ici je comprends votre légitime désir ; puisque le Règne de Dieu doit s'établir un jour sur toute la terre, et que
la conversion des nations idolâtres est un événement certain, nous sommes fondés à le croire, quels moyens la Providence
emploiera-t-elle pour l'accomplissement d'un tel prodige ?
Grande sera votre surprise, je le présume ; aussi j'ai hâte de vous faire remarquer que dans l'exécution de Ses desseins,
Dieu se sert ordinairement de moyens qui excitent le mépris ou l'étonnement des hommes ; en cela, vous en
conviendrez, ne se montre que plus visible l'action providentielle.
1 Tout nous porte à croire que ce grand événement pourra coïncider avec la fin du deuxième millénaire de l'ère chrétienne, c’est-à-dire
dans un siècle environ ; ce laps de temps est un point imperceptible dans la durée des Ages.
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Des branches sèches, arides, séparées de leur tronc depuis de longues années, voilà le chétif instrument de l'infinie
sagesse ! Ces rameaux coupés et desséchés, bons tout au plus à servir d'aliment au feu, oui, ce misérable instrument,
disons-le de suite, ce sont les Juifs.
Eh quoi ! y pensez-vous ? Ce peuple déicide, cette race de vipères, ce peuple qui, dans sa haine pour le Sauveur,
poussait ce cri sauvage : loin de nous ce malfaiteur ! qu'Il soit crucifié ! qu'Il meure ! que Son sang retombe sur nous et
sur nos enfants ! ce peuple prévaricateur, sans cesse en révolte contre le Dieu qui le tira de la servitude de l'Egypte, qui,
tous les jours et pendant quarante ans, le nourrit de la manne tombée du ciel ; ce peuple qui, plutôt que d'adorer son
Dieu, aima mieux se prosterner aux pieds d'un veau d'or ; qui, noirci de tous les crimes, a mérité une éternelle réprobation
; que Dieu a exterminé, presque anéanti par toutes les horreurs de la guerre et de la famine ; ce peuple sur lequel
pèse encore la malédiction du Ciel ; qui a répudié son vrai Libérateur ; qui, vingt fois, s'est fabriqué un messie de sa façon
(les abbés Lémann en comptent vingt-cinq) ; qui a vu réduire en cendres et son temple et la ville sainte ; qui, au milieu
de ces ruines fumantes, a refusé d'ouvrir les yeux et d'ôter le bandeau qui nourrit encore ses illusions ; ce peuple que
Dieu, dans Sa juste colère, a chassé de la terre promise, a dispersé à travers toutes les nations ; qui, partout errant, vit
sans prêtres, sans autel, sans sacrifice ; ce peuple qui ne fusionne nulle part, irrécusable témoin de la vengeance divine ;
ce peuple écrasé sous le poids de la vindicte universelle, et qui, cependant toujours fier, toujours arrogant, ne relève la
tête que pour assujettir les autres ; ce peuple âpre au gain et que, naguère encore, l'Europe chrétienne redoutait comme
une plaie ; qui remplit aujourd'hui et nos écoles et nos gymnases, qui possède à son service et nos banques et nos principaux
organes de publicité : ce peuple haïssable, et que nous ne haïssons en effet que trop justement ; quoi ! cet être
malfaisant, devenir le missionnaire de Dieu ! le messager de Ses divines volontés ! l'instrument de Ses miséricordes
! l'apôtre dont la parole de feu doit embraser saintement l'univers ! y pensez-vous ? Si encore il revenait à la
foi de ses pères, renonçait à ses idées d'exclusion, d'absolutisme, à ses rêves d'universelle domination ! Mais comment
s'opérerait ce retour à Dieu, alors que chez lui toute volonté s'applique au mal !
Oui, je le répète, si telle est la glorieuse mission de ce peuple abhorré, il se trouve en ce moment bien indigne de la
remplir. A lui surtout nous appliquerons la maxime : Medice, cura te ipsum ; Médecin, guérissez-vous le premier. Avant
d'opérer un miracle tel que doit être celui de la conversion des infidèles, il lui faut, à lui, entreprendre tout d'abord sa
propre transformation, et ce sera là le plus étonnant des prodiges.
VI. Enormes, dites-vous, sont les fautes des Juifs ; mais aussi, avouez-le, ces griefs, vous avez su les mettre en évidence.
Ce peuple indocile, tout le monde en convient, s'est rendu très coupable à l'égard de la souveraine Majesté,
puisque Dieu, si clément qu'Il soit, les a traités avec tant de rigueur. Cependant, nous ne devons pas être à leur endroit
plus sévères que la Providence ne l'a été elle-même, ni désespérer plus que Dieu n'a désespéré Lui-même. Il nous est
défendu de maudire au delà des limites que la Justice par essence a posées elle-même à Ses malédictions. J'irai plus
loin : à Dieu seul appartient et la vengeance et la malédiction, parce que Lui seul reçoit l'outrage du péché ; à Lui seul
par conséquent d'exercer la justice et le châtiment. A Dieu seul appartient le jugement, parce que Lui seul peut sonder
la profondeur du crime ; Lui seul par conséquent sait appliquer la peine comme il faut et dans les justes limites de la
culpabilité.
Donc, si coupables qu'aient jamais été les Juifs, si griefs que soient encore aujourd'hui leurs égarements, nous ne devons
ni les mépriser, ni les condamner, et moins encore lancer contre eux l'anathème de la malédiction1. Notre
conduite à l'égard des Juifs nous est tracée par l'Apôtre lui-même dans son Epître aux Romains. Agir autrement, c'est
tomber dans l'écueil qu'il signalait aux fidèles de son temps. Cet écueil était de se prévaloir de la grande miséricorde que
Dieu avait exercée envers le peuple des Nations, par suite de la réprobation des Juifs. Ceux-ci, en effet, après leur déicide
furent rejetés : les Nations jusqu'alors infidèles, au contraire, furent appelées à la connaissance de Notre-Seigneur
Jésus-Christ. Les Gentils concluaient qu'ayant moins de prévarications, ils avaient, aux yeux de Dieu, plus de mérites
que les Juifs. Ils prétendaient qu'ils avaient reçu le don de la Foi comme une récompense de leurs vertus naturelles. Ils
avançaient, en même temps, que les Juifs, par leurs crimes et leurs révoltes, s'étaient rendus indignes de ce bienfait, et
concevaient des sentiments de suffisance à l'égard de ces derniers.
C'est de tels sentiments d'orgueil que l'Apôtre combat dans l'Epître en question. Il démontre aux Gentils que le
flambeau de la Foi qui les éclaire, loin d'être la récompense d'une vertu ou d'un mérite préexistant chez eux, est au contraire
un don purement gratuit ; qu'étant vides de tout mérite, que ne possédant aucune vertu propre dont ils puissent
se glorifier, Dieu dans Sa bonté a eu pitié d'eux, et, sans y être obligé, les a fait sortir des ténèbres de l'idolâtrie, les appelant
à la lumière de l'Evangile. - Ce danger, que saint Paul signalait aux fidèles dont nous tenons en ce moment la place,
il nous le signale encore aujourd'hui. Les Juifs sont tombés, c'est vrai ; ils se sont endurcis dans leur péché, c'est vrai ; ils
ont attiré sur leurs têtes les rigueurs de la vengeance divine ; il faut le reconnaître, cet épais bandeau qui leur cachait
alors la vérité, après dix-neuf siècles d'épaisses ténèbres, ils ne l'ont point encore rejeté. Disons-le, la justice de Dieu
n'est pas encore satisfaite. Cependant, faut-il leur jeter la pierre ? faut-il les mépriser ? faut-il insulter à leur châtiment,
et de leurs errements faut-il prendre occasion de se glorifier ? Oh ! non, jamais ! Nous, chrétiens, instruits par l'Apôtre des
Gentils que nous représentons aujourd'hui, héritiers de la foi de nos devanciers, nous n'hériterons point de leur suffisance,
ni de leurs prétentions : «Quel avantage avez-vous que vous n’ayez reçu ? Si donc vous l'avez reçu, pourquoi
vous glorifier, comme si vous le teniez de vous-mêmes ?» - L'Apôtre ne pouvait s'exprimer plus clairement.
VII. Pour nous mieux convaincre de notre stérilité propre et de notre impuissance absolue dans l’ordre de la
grâce, saint Paul établit entre les Gentils et l'olivier sauvage les rapports suivants : enrichis aujourd'hui des dépouilles des
Juifs, les Gentils figurent l'olivier sauvage dont les branches ont été entées contre nature sur l'olivier franc. En effet,
1 Nous indiquons ici la règle générale de tolérance, suivie dans tous les temps par l'Eglise vis-à-vis du Juif, et à laquelle chaque chrétien
doit conformer sa conduite privée. Nous ne voulons nullement blâmer les princes chrétiens qui par mesure de prudence ont refusé
au Juif les droits civils et politiques dont il a toujours abusé. (Voir IIè partie, chap. IV. § 5.)
9
d'après l'ordre établi, l'arbre franc doit se greffer sur l'arbre sauvage, et les fruits qui en résultent, loin d'être amers, sont
agréables au goût ; parce que le fruit tire directement sa nature et ses propriétés, non pas de la tige qui porte la greffe,
mais de la greffe d'où sort le fruit lui-même. Ainsi, cet arbre qui naguère produisait des fruits amers, donnera désormais
des fruits délicieux. Vous le voyez, cette merveilleuse transformation de la nature du fruit, c'est à la branche nouvellement
insérée qu'il faut l'attribuer. Nous aussi, dit l'Apôtre, nous avons été greffés ; mais, pour nous, l’ordre naturel n'a pas été
observé, autrement nous n'eussions jamais rapporté que de mauvais fruits, car nos branches ont été coupées et séparées
de leur tige naturelle, et ensuite insérées sur l'olivier franc (procédé qui est contraire à l’ordre établi).
Or, ces rameaux, sauvages de leur nature, devraient donc naturellement rester tels, et ne produire que de mauvais
fruits ; mais, par un prodige éclatant de la Toute-Puissance à notre égard, cet ordre de choses a été renversé : l'olivier
franc qui porte aujourd'hui nos rameaux leur communique sa nature avec ses admirables propriétés, ainsi nos branches
n'ont maintenant d'autres qualités que celles de l'olivier franc, et les fruits qu'elles produisent sont doux, agréables et délicieux.
C'est nous, dans la personne de nos ancêtres, nous, peuple des Nations, qui depuis tant de siècles marchions dans
les ténèbres de l’erreur, c'est nous que l’Apôtre désigne ici sous le nom de Gentils ; nous étions l'olivier sauvage. Le jour
où nous avons reçu le bienfait de la Foi, nous avons été greffés sur l'olivier franc, et nos oeuvres, qui jusqu'alors n'avaient
aux yeux de Dieu aucune valeur dans l’ordre surnaturel, aujourd'hui ces oeuvres sanctifiées, divinisées en quelque sorte,
nous obtiennent des trésors incomparables de grâces et de mérites, et nous donnent un droit réel de posséder les biens
impérissables, de voir Dieu tel qu'Il est dans Ses infinies perfections et de jouir éternellement de Ses inénarrables beautés.
VIII. Oui, nous les saluons avec allégresse ces Patriarches de l'ancienne loi, ces saints Prophètes, modèles si parfaits
de notre foi et de notre espérance. Qu'ils soient à jamais bénis, ces Apôtres zélés, qui ont ramené nos pères à la
bienfaisante lumière de l'Evangile. Louanges et actions de grâces au Dieu des miséricordes qui nous députa de tels missionnaires.
Amour et reconnaissance à Jésus-Christ, principe et fondement de notre justification. Gloire et honneur à Sa
divine Mère, qui par ses admirables vertus affermit dans l'Eglise naissante les prémices de la Gentilité. Voilà les solides
fondements, les colonnes inébranlables sur lesquelles nous reposons. Ils sont l'olivier franc sur lequel nous sommes greffés,
cet arbre mystérieux dont la sève régénère, vivifie et divinise toutes les branches qui reposent sur lui. A cet olivier qui
donne la vie, à ces colonnes qui nous soutiennent, nous vouons une reconnaissance sans bornes ; c'est le cri de notre
coeur.
Cependant, à l'égard de ces personnages auxquels vous consacrez un éternel amour, votre conduite est inexplicable ;
ce qui leur est cher, n'est rien pour vous ; ce qui les touche de près, ne vous touche nullement. La prunelle de leurs yeux,
la plus délicate fibre de leur coeur, en un mot, ce qu'ils ont de plus précieux, n'est pour vous d'aucune valeur. Il y a plus,
cet objet de prix, vous le rejetez, vous le détestez, vous le haïssez, vous eussiez voulu peut-être le supprimer, et voici de
quelle manière.
Cet olivier franc, disons-nous, porte en ce moment les rameaux sauvages auxquels il communique toutes les qualités
de sa sève ; et ces rameaux étrangers, nous l'avons expliqué longuement, c'est nous. Mais, cet olivier, n'a-t-il point des
branches naturelles ? Oui, certes, et il n'en faut pas douter. Et alors, ces branches propres à la tige ne lui sont-elles
point chères plus que toute autre ? Si parfaite que soit notre insertion, si solidement greffées que soient les branches
étrangères, celles-ci ne devront jamais ni se glorifier, ni se prévaloir sur les autres. Pour connaître la valeur des branches
naturelles, il suffit de connaître le prix de la tige elle-même. Or, cette tige, nous venons de le voir, est ce qu'il y a de plus
vénérable, et ce qui par-dessus tout fait l'objet de notre amour. Ce sont les Patriarches, les Apôtres, Jésus-Christ Luimême
et Sa divine Mère ; ils sont, ne l'oublions jamais, l'olivier franc qui daigne recevoir notre greffe. Mais ces illustres
personnages ne sont-ils pas la fine fleur de la nation juive ? n'en sont-ils pas le coeur et l'âme, la tête et la tige ? disons-
le ouvertement, ne sont-ils pas Juifs eux-mêmes ? Leurs branches naturelles sont donc les Juifs ; oui, ces Juifs au
milieu desquels nous vivons, ces Juifs épars à travers toutes les Nations ; ces Juifs enfin que nous dédaignons, l'évidence
nous le démontre, ce peuple leur est très cher ; ils sont la prunelle de leurs yeux, la fibre la plus sensible de leur
coeur. Mépriser les Juifs, c'est haïr la tête elle-même.
Je l'avoue, l'incrédulité des Juifs les a fait retrancher de leur tige ; mais cette tige est sainte, dit l'Apôtre, et, en considération
de cette sainteté, ils sont toujours chers à Dieu. Aujourd'hui, c'est vrai, ce sont des rameaux desséchés, séparés
de leur tronc ; mais Dieu, en qui réside par essence la paternité, conserve pour eux des entrailles de Père ; Il souffre
de ce retranchement : un père peut-il cesser d'aimer son fils ? L'enfant, si prodigue qu'il soit, peut-il être délaissé par l'auteur
de ses jours ? la tête peut-elle oublier ses membres, si malades qu'ils soient ? Il vient donc ce jour, et l'heure en est
fixée où la Justice sera satisfaite. Rapprochées de leur tronc, ces branches jusqu'alors sèches seront de nouveau entées.
Elle sera facile à Dieu, cette insertion, car si nous, Gentils, avons été entés contre toute loi établie, serait-il difficile
de greffer de nouveau les Juifs sur leur tige naturelle ? Gardez-vous de fouler aux pieds ces rameaux desséchés, dit
l'Apôtre, car vous êtes simplement une branche entée, et vous ne portez pas la racine ; au contraire, c'est la racine qui
vous reçoit, donc elle ne vous doit rien. C'est vous qui lui devez beaucoup ; et aux Juifs, leurs enfants, en considération
des Pères, vous êtes aussi grandement redevables d'amour et de vénération.
IX. Elle est donc possible et même facile à réaliser cette conversion des Juifs. Je dis plus, Dieu la souhaite ardemment,
et c'est Lui-même qui nous l'affirme par l'organe de Son Apôtre : son admirable comparaison tirée de l'olivier nous
en fournit toutes les preuves. Mais du domaine de la possibilité doit-elle passer dans l’ordre des faits ? En un mot, avonsnous
l'assurance que cette résurrection spirituelle doit un jour s'accomplir ? Au même endroit de son Epître aux Romains,
saint Paul répond à cette question d'une manière non moins concluante : «Est-ce que Dieu a rejeté Son peuple ? Non
assurément, car moi-même je suis Israélite, de la race d'Abraham et de la tribu de Benjamin ! Je suis Israélite et le plus
grand des pécheurs, mais l’énormité de mes crimes n'a point empêché Dieu de me compter au nombre de Ses élus. Il en
sera de même pour Israël». «Les Juifs sont-ils donc tombés de façon que leur chute soit sans ressource ? A Dieu ne
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plaise ; mais leur chute est devenue une occasion de salut pour les Gentils». «Une partie d'Israël est tombée dans
l’aveuglement jusqu'à ce que la plénitude des nations soit entrée dans l'Eglise et qu'ainsi tout Israël soit sauvé, selon qu'il
est écrit : il sortira de Sion un Libérateur qui bannira l’impiété de Jacob». La preuve que tout Israël sera sauvé, c'est que
: «Les dons et la vocation de Dieu sont immuables et Il ne s'en repent point». (Rom., XI)
X. Loin de nous plaindre de cette réconciliation, nous la hâterons de nos voeux les plus sincères ; la reconnaissance
nous en fait un devoir. En effet, pourrions-nous ne compter pour rien l'honneur et le bienfait de connaître le Fils de Dieu,
et d'être par milliers rangés sous le glorieux étendard de la croix ; or, cet honneur, ce bienfait, ce nombre prodigieux,
c'est à la ruine des Juifs que nous en sommes redevables ; si donc, ajoute l'Apôtre (Rom., XI, 12,15), leur retranchement,
à lui seul, a pu donner au monde, dans votre personne, une telle richesse spirituelle, quels avantages, quel déluge
de grâces, quelles abondantes bénédictions n'attirera pas sur l'univers entier leur résurrection ? si la perte
des Juifs a été le salut d'un grand nombre de chrétiens, que sera leur rappel sinon le retour de la mort à la vie ?
Cependant, Seigneur, nous le confessons, Votre oeuvre par excellence n'avance point ; cette oeuvre gigantesque, si
chère à votre coeur ; cette oeuvre d'où dépendent Votre gloire et Votre honneur ; cet empire universel que Satan Vous a
ravi ; cette investiture que Vous avez reçue de Votre Père, mais que Vous n'avez point encore exercée sur le monde ; en
un mot, ce Règne absolu, sans limites, sur toutes les nations de la terre ; oui, nous le reconnaissons, cette tâche, sans
nos frères, est au-dessus de nos forces. A eux, Seigneur, d'apporter à Vos pieds ces riches dépouilles ; à eux, l'honneur
incomparable d'achever cette merveilleuse conquête ! Faites-les sortir au plus vite du sommeil qui les glace ; envoyez
chez eux cette affreuse disette que Vous envoyâtes autrefois aux enfants de Jacob, afin que, pressés, vaincus par
la famine, ils se mettent à Votre recherche ; qu'ils fixent sur Vous leurs yeux mouillés des larmes du repentir, et Vous reconnaissent
pour le vrai Joseph, pour leur frère qu'ils ont percé.
XI. Qui, mieux qu'un Israélite déjà converti, nous peindra cet admirable retour que l'Ecriture nomme la réconciliation
des frères avec leurs frères, des pères avec leurs enfants ?
«La réconciliation des frères avec leur frère (paroles des abbés Lémann : La question du Messie) ! nous ne dirons rien
des tendresses de Jésus-Christ pour Ses frères, il faut laisser à Joseph le secret de son pardon et de son amour ! Mais
nous dirons nos tendresses et notre dévouement pour Lui.
«Entre toutes les qualités qui forment le génie de notre nation, il en est deux plus remarquables que toutes les autres,
la vivacité de sentiments et la ténacité. La vivacité de sentiments : notre nation ne hait rien ou n'aime rien faiblement ;
dans son amour comme dans sa haine, elle va jusqu'à l'extrême ! Et la ténacité : car voici quarante siècles que nous attendons
Celui que nous devons aimer ! Or, lorsque l'esprit de grâce se mettra enfin dans cette vivacité et cette ténacité ;
lorsque nos yeux s'ouvriront : lorsque nous apercevrons en masse que Celui que nous attendons depuis quarante siècles
est déjà passé ; que Lui-même depuis vingt siècles nous attend les bras étendus ; lorsque nous verrons avec la clarté du
soleil que nous avons eu le malheur de Le crucifier, et qu'enfin les nations chrétiennes qui auraient dû nous Le faire connaître,
ne Le connaissent presque plus, et ne L'aiment plus à leur tour ; à ce moment, grand Dieu ! ce sera parmi nous
l'explosion d'un amour qui s'en voudra de sa méprise, et qui, se retournant irrité, s'en prendra à tout l'univers. Et
nous nous lèverons, et alors recommenceront nos courses à travers les espaces, et là où avait passé le Juif errant,
repassera le Juif redevenu apôtre.
«Nous avons vu au livre de l'Apocalypse cet irrésistible apostolat de notre peuple : et il était cet Ange revêtu d'une
nuée, de cette nuée qui autrefois avait ombragé et protégé nos pères : Angelum amictum nube. Et sur sa tête il y avait un
arc-en-ciel, l'arc-en-ciel ou le signe du pardon et le signe des beaux jours, et iris in capite ejus. Et son visage était comme
le soleil ; c'était ce même éclat, ces deux cornes de lumière qui autrefois avaient illuminé le visage de Moïse, et facies
ejus erat ut sol. Et ses pieds étaient comme des colonnes de feu, comme des colonnes de feu pour broyer les obstacles
au royaume catholique ; et pedes ejus tanquam columnæ ignis. Et il tenait à la main un petit livre ouvert, ce petit livre ouvert,
c'est-à-dire l'Evangile fermé pour ce peuple tout seul durant dix-neuf siècles : Et habebat in manu sua libellum apertum.
- Et alors, ajoute l'Apocalypse, mettant le pied droit sur la mer et le pied gauche sur la terre, parce que ce peuple
géant était dispersé et sur la terre et sur la mer, il fit entendre sa voix, et sa voix était comme celle d'un lion qui rugit : Et
clamavit quemadmodum cum leo rugit (Apoc, x, 1-3).
«O saints mugissements de notre peuple, ô Lion de la tribu de Juda, quand tu rugiras, le monde sera comme ébranlé
aux accents de ton rugissement d'amour, à ce grand cri : Je L’ai trouvé Celui que j'aime (Cant., IX, 4) ; ce sera le grand
réveil, ce sera la résurrection de la mort à la vie, ce sera l'allégresse et l'Alleluia, une sorte de matinée de Pâques. La
matinée de Pâques, ou la réconciliation de tous les peuples, la communion universelle : voilà dix-neuf siècles que l'Eglise
l'essaie chaque année à pareil jour, qu'elle la prépare et qu'elle l'attend ! O Eglise, dresse tes tables et revêts tes plus
beaux habits de fête. Lorsque sur la poitrine de Joseph le peuple juif aura penché sa tête, à coté, le peuple chrétien penchera
de nouveau la sienne ; et ce sera ce spectacle ravissant, annoncé dans le dernier verset des vieux prophètes : la
réconciliation des coeurs des pères avec leurs enfants, et des coeurs des enfants avec leurs pères : Cor patrum ad filios
et cor filiorum ad patres eorum» (Mal., IV, 6).
XII. Mais ces temps admirables, où les placerons-nous ? comment les concilier avec l'horrible tableau que nous
tracions au début de cet entretien ?
Ne disions-nous pas, en effet, que notre époque si troublée revêtait tous les caractères de l'apostasie générale des
nations ; que cette apostasie irait toujours croissant jusqu'au règne de l'Antéchrist, et qu'alors elle serait à son apogée ?
N'avons-nous pas ajouté que le règne de cet homme de péché, au sentiment de graves auteurs, serait suivi à court intervalle
de l'embrasement de la terre, et, conséquemment de la fin du monde ? S'il en est ainsi, où placerons-nous
l'époque si mémorable de la conversion des Juifs, puis le retour à Dieu des nations infidèles ?
Ces réflexions, qui se présentent d'elles-mêmes à l'esprit, renferment toute la difficulté. Nous y répondrons en exposant
brièvement ce qui est admis de part et d'autre, avec les conséquences qui en découlent naturellement. Le lecteur
lui-même sera juge et verra quel sentiment il lui faut embrasser.
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XIII. L'Antéchrist, arrivé au souverain pouvoir, régnera trois ans et demi, et, pendant ce règne de courte durée, les
Juifs, désabusés par la prédication d'Elie et la défaite de l'Antéchrist, se convertiront. Ces deux faits sont admis de part et
d'autre ; mais, de la défaite de l'Antéchrist à la destruction de la terre, l'opinion qui tient pour la proximité de la fin du
monde, se fondant sur un texte de Daniel, n'admet qu'un intervalle d'environ quarante-cinq jours1. C'est, néanmoins,
durant ce très court laps de temps que nos contradicteurs placent l'accomplissement des plus grands événements dont
voici sommairement l'exposé : Les Juifs devront se disperser à travers toutes les nations, sillonner le monde, l'évangéliser,
le réformer, et l'amener à la connaissance et à l’adoration du Christ vainqueur. Mais bientôt cette ère de splendeur
jusqu’alors inconnue, cette plénitude des nations, comme parle l'Ecriture, à peine éclose, disparaîtra subitement, la foi
diminuera avec non moins de célérité, et enfin s'éteindra totalement. Donc, et ce sera notre conclusion, la diffusion de
l'Evangile par toute la terre, cet éclat, ce dépérissement, et finalement cette extinction complète de la foi chez toutes les
nations du globe : en un mot, l'oeuvre la plus gigantesque, la plus surhumaine que l’on puisse concevoir devra grandir,
briller, s'obscurcir et disparaître dans un laps de temps presque imperceptible ; y ajouterait-on quelques années, qui ne
voit tout le ridicule d'une pareille conception ? D'ailleurs, on ne voit pas quel avantage il y ait à attendre le 1335è jour qui,
dans l'opinion que nous combattons, doit être témoin de l'embrasement de la terre, de la mort de tous les hommes et de
l'avènement du juge redoutable. Ce texte, au contraire, sert avantageusement notre cause.
De même, on ne peut dire en faveur de cette opinion que le retour des Juifs s'opérera bien avant la venue de l'Antéchrist,
et que l'ère de splendeur précédera de longtemps son apparition ; impossible, disons-nous, d'admettre cette hypothèse,
puisque la grande époque de foi ne sera que le rayonnement de la conversion des Juifs, et que d'autre part l'éminent
personnage, (nous expliquons sa mission dans la IIIè partie, elle contient le dénouement) celui qui doit être le point
de départ et comme le signal de cet admirable retour, ne paraîtra dans le monde qu'au moment de la persécution de
l'homme de péché, et que le ciel l'enverra tout exprès pour ramener à la foi de leurs pères les enfants d'Israël2.
XIV. De ces principes découlent une foule de conséquences que chacun peut tirer soi-même, et qui montrent jusqu'à
l'évidence combien est inadmissible le système que nous rejetons.
En effet, l'histoire a ses proportions, dit Bossuet ; or, est-il à supposer qu'un événement tel que doit être l'apostolat des
Juifs puisse s'accomplir en quelques jours, voire même en quelques années ? Si rapides que soient les chars qui porteront
les missionnaires jusqu'aux limites extrêmes du globe, si ardente que soit leur parole, si efficace que soit la grâce de
Dieu, si merveilleuse que soit cette conquête, il n'est pas possible, malgré l'industrie humaine, et il ne peut être dans les
desseins de Dieu qu'elle se réalise dans le court intervalle de quelques mois, moins encore dans l'intervalle de quarantecinq
jours ; car le moyen de transport le plus étonnant que nous connaissions, la vapeur, exige des mois entiers pour porter
nos missionnaires dans l'Extrême Orient ; tous les pays idolâtres seraient-ils à cette époque pourvus de chemins de
fer et de télégraphes, qu'il faudrait encore à nos apôtres cinq ou six mois pour pénétrer jusqu'aux îles les plus reculées.
Mais si le voyage seul exige ce laps de temps, peut-on croire que les coeurs s'amolliront comme par enchantement ? Que
de temps ! que de patience ! que de travaux ! que de souffrances physiques et morales pour instruire, persuader et transformer
ces races déchues et dégradées ! Peut-on supposer plus laborieux enfantement ? Quoi ! à des habitudes vicieuses
et invétérées succéderaient instantanément des habitudes de tempérance et de régularité ! En quelques heures,
en quelques années même, des moeurs corrompues feraient place à des moeurs saintes et chrétiennes ! Nous ne pouvons
croire qu'il en soit ainsi. Alexandre, le plus grand des conquérants dont parle l’Ecriture, na-t-il pas mis dix ans pour
former son empire ? Au plus invincible des généraux de l'antique Rome, à César, n'a-t-il pas fallu des années entières
pour soumettre la Gaule et ses trois millions d'hommes ? Je le concède. Rome a conquis le vieux monde, deux cents millions
d'êtres humains ont plié sous ses lois ; ainsi le voulut la Providence pour la prompte propagation de l'Evangile ; mais
pour agglomérer toutes les parties de cet empire, combien de temps fut nécessaire ? C'est trop peu de compter ici les
jours, les mois, les années même ; il fallut de longs siècles, et après huit cents ans de patience et de désintéressement,
d'habileté et d'héroïsme, après des luttes sans nombre et des combats acharnés, après avoir rougi le monde avec des
flots de sang humain, la Rome des Césars, bien qu'au faîte de sa prospérité, reconnut pourtant la faiblesse de sa conquête.
Démembrée peu à peu par les hordes barbares qu'elle n'avait pu enchaîner, elle comprit l'exiguïté de son enceinte
comparée à la vaste étendue de l'univers.
En présence de ces faits, et puisqu'il s'agit de comparer, que sont, dites-moi, les cinquante millions d'hommes vaincus
par Alexandre ? Que sont les peuples innombrables que César a domptés ? Qu’est-il lui-même, ce colosse romain avec
ses deux cents millions de têtes courbées sous son joug de fer ? Que sont-ils ces hommes, si on les compare au nombre
prodigieux d'âmes que les Juifs devront conquérir à Jésus-Christ ? Basés sur cette proportion, combien faudra-t-il de
siècles à nos ouvriers apostoliques pour se rendre maîtres de ce vaste champ du Père de famille ?
Il y a plus, c'est relativement facile de soumettre les corps, parce que la force brutale, seule, préside à ce genre de
conquête ; mais toute autre est la conquête de la liberté pleine et entière, toute autre est la soumission parfaite du coeur
1 Suarez émet Ie sentiment qu'après l’Antéchrist le monde ne subsistera plus que l’espace de quarante-cinq jours (Disput. LIV, section
2) Il fonde son opinion sur la prophétie de Daniel qui, annonçant que la persécution de l'homme de péché durera 1290 jours, ajoute :
heureux celui qui parviendra jusqu'au 1335è jour !
2 Cornélius a Lapide semble parfois souscrire à l'opinion qui n'admet que quarante-cinq jours pour donner à ceux qui auront failli dans
la persécution de l'Antéchrist le temps du repentir : Dabuntur lapsis, ut poeniteant, ad minimum 45 dies ; deinde Christus veniet ad judicium,
omnesque resurget. (T. XIX, p. 163. Edit. Vives). Cependant, en maints autres endroits, il reconnaît que l'opinion des quarantecinq
jours est insuffisante pour opérer les merveilles qui suivront la défaite de l'Antéchrist (p. 165). Il cite complaisamment le chapitre
XXIX, v. 9, d'Ezéchiel qui lui donne une latitude de sept ans pour le rétablissement de l'Eglise et la période de splendeur. Enfin, il paraît
fort aise de reproduire le sentiment de Maldonat et de plusieurs autres, qui, plus hardis, avancent que le nombre sept exprime une
quantité indéfinie, et peut signifier un nombre beaucoup plus élevé. Les fidèles, dit l'auteur, auraient ainsi plus de temps pour fonder
des églises en Palestine et dans le monde entier : car, ajoute-t-il, les docteurs et les saints enseignent communément que, l'Antéchrist
une fois mort et sa fourberie mise à découvert, toutes les nations se convertiront à Notre-Seigneur Jésus-Christ. (Comm. in Ezechiel,
XXXIX, 9)
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et de la volonté, et il ne s'agit ici que de cette conquête. Toutefois, ce qui surpasse les forces de l'homme n'excède en
rien la puissance de Dieu ; témoin la Gentilité qui, bien que païenne et toute livrée à la corruption du coeur, sous l'action
victorieuse de la grâce, a cependant réformé ses moeurs. Nombre d’âmes, jusqu'alors avilies, retrouvèrent leur dignité
première ; les plus nobles vertus s'épanouirent sur la terre, et des légions de vierges et de martyrs peuplèrent la cité du
ciel ; néanmoins, loin de nous toute illusion : jusqu'ici la conversion des peuples exigea toujours un long temps, et la parole
de Bossuet : «L'histoire a ses proportions», pourra toujours avec plus ou moins de rigueur s'appliquer à ces nations
qui, abjurant leurs erreurs, reviennent à Dieu. Cette conversion de la Gentilité ! oublierait-on ce qu'elle exigea de patience,
de fatigues, de sueurs et de sang versé ? A elle seule la Rome idolâtre, et tout entière à ses débauches, réclama
trois cents ans pour sa transformation ! Mais quand elle sera venue cette heure solennelle de la conversion du monde
entier, Dieu suivra-t-Il la même progression ? Procédera-t-Il avec la même lenteur ? Sera-ce dix ou vingt siècles qu'Il emploiera
pour ce grand ouvrage ? La perfection des instruments qu'Il prépare, et le nombre des missionnaires qu'Il tient en
réserve pour cette pêche miraculeuse, nous portent à croire qu'elle s'accomplira dans un temps relativement court ; cependant
c'est le secret du Roi et nul, que nous sachions, ne saurait le pénétrer.
L'histoire, elle aussi, fortifie nos espérances touchant le Règne de Dieu. Ce sera l'objet d'une deuxième partie.

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Message par pierre34 Mer 14 Juil 2010 - 19:35

DEUXIÈME PARTIE - PREUVE TIRÉE DE L'HISTOIRE
L'histoire confirme nos espérances, en faisant passer dans le domaine des faits le Règne de Dieu prédit et chanté par
les prophètes inspirés, et annoncé par la Tradition.
Au onzième chapitre de son Epître aux Romains, saint Paul nous enseigne que la Réprobation des Juifs a été pour
nous, peuple des Nations, la source d'une grande richesse spirituelle. En effet, les Apôtres, franchissant les limites de la
Judée, portent le flambeau de l'Evangile par toute la terre ; cette prédication, depuis dix-neuf siècles qu'elle se perpétue,
a donc procuré le bonheur du ciel à une infinité d'âmes, dont le nombre s'est accru de siècle en siècle. Nous l'appelons la
première richesse apportée au monde à l'occasion de l'incrédulité des Juifs.
Mais l'Apôtre distingue une autre richesse, de même ordre et plus merveilleuse encore, que doit procurer aux hommes
le retour des Juifs. Ceux-ci, en effet, revenus de la mort à la vie, se feront les missionnaires du Dieu qu'ils auront
rejeté, et convertiront les nations infidèles. A cause de son universalité, cet admirable retour, tenant du prodige, est
appelé par saint Jean la première résurrection. Il y aura donc pour le monde une deuxième richesse apportée à la terre,
non plus cette fois par l'incrédulité, mais par l'apostolat des Juifs convertis.
Instruits par saint Paul du plan divin qui doit faire la richesse spirituelle des nations d'abord, et ensuite celle du monde
entier, nous constatons, après Bossuet et les docteurs de l'Eglise, que le vaste Empire Romain a été suscité de Dieu, qui
s'en est servi comme d'un immense véhicule, en vue d'apporter aux nations la première richesse dont parle l'Apôtre.
Mais ce premier apostolat ne s'est bien exercé jusqu'ici que sur le monde romain ; lui seul, par conséquent, a pu profiter
comme il faut de cette première richesse. Si donc nous pouvions constater que de nos jours la Providence ramène
tous les peuples à l'unité, et qu'elle se construit un char plus merveilleux que le premier, propre à porter le Règne de Dieu
par toute la terre, ne serions-nous pas en droit de conclure que la seconde richesse, annoncée par saint Paul, est à la
veille d'être accordée aux hommes ? Tel est le service signalé que nous réclamons de l'histoire. A elle de démontrer que
notre assertion n'est pas une simple hypothèse, mais la plus consolante des vérités.
De là, deux sections dans cette partie.
La première nous montre Dieu suscitant l'Empire Romain pour donner cours à Son Evangile : c'est le premier char
évangélique. On y voit sa nécessité, ses services multiples et enfin les causes de sa destruction.
La deuxième section nous montre le Tout-Puissant broyant tous les peuples pour refaire le monde sur un plan
nouveau ; en même temps, nous assistons à la construction de ce char merveilleux que Jésus-Christ prépare pour
Son triomphe universel.
PREMIÈRE SECTION - L'EMPIRE ROMAIN OU LE PREMIER CHAR ÉVANGÉLIQUE
En créant l'Empire Romain, Dieu lui confia une triple mission :
1è Mission : L'Empire Romain sert de véhicule aux missionnaires de l'Evangile.
2° Mission : L'Empire Romain défend de son glaive les droits de Jésus-Christ.
3° Mission : L'Empire Romain retarde la venue de l'Antéchrist.
Avec l'histoire, nous ajoutons :
Cause de la destruction de l’Empire Romain : L'Empire Romain ôte l'obstacle qui retient l’Antéchrist.
CHAPITRE I (PREMIÈRE MISSION DE L'EMPIRE ROMAIN)
L'EMPIRE ROMAIN IDOLÂTRE, OU LES OUVRIERS INCONSCIENTS DE LEUR MISSION.
Sommaire : I. Deux sortes d'ouvriers concourent aux oeuvres divines. – II. Dieu choisit Rome, et lui donne l'empire du monde pour
faciliter aux Apôtres la prédication de l'Evangile. - III. En créant un vaste empire, Dieu détruit toute nationalité comme étant un obstacle
à la marche de ses missionnaires. - IV. Dans l'oeuvre de la Rédemption, Rome sera le véhicule de la gloire de Dieu. - V. Le démon,
pour rendre stérile l'oeuvre de la Rédemption, fait de Rome le centre du paganisme. - La Rome païenne fera sans le savoir l'oeuvre de
Dieu. - VI. L'Evangile étant prêché, Dieu, pour venger ses saints, détruit Rome ; mais en récompense de ce qu'elle a servi de monture
aux messagers de sa parole, Il la convertit et l'établit centre de la catholicité. - VII. L'Eglise est appelée à franchir les limites de l'Empire
Romain. - VIII. Le plan que Dieu s'est tracé pour la prédication de l'Evangile par les Apôtres indique le plan qu'Il doit suivre pour l'apostolat
des Juifs convertis. - IX. Dieu réclame du premier instrument tous les services qu'il peut rendre. A quel moment Dieu doit-il le briser
et préparer le second instrument de Ses oeuvres ?
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I. C'est un axiome connu de tout le monde, que celui qui veut une fin prend les moyens nécessaires pour l'obtenir ; or,
ce principe que personne n’ignore, qui mieux que la Providence a su l'employer dans l'exécution de Ses divines volontés
?
Lorsque Dieu a voulu établir Son Règne sur la terre, Il s'est toujours servi du ministère des hommes. Les uns, initiés
au plan divin, y concourent directement ; les autres n'y prennent qu'une part indirecte. Ces derniers s'agitent et ne
voient pas la main puissante qui les dirige. Ils s'imaginent ne travailler que pour leurs intérêts personnels, et, sans le savoir,
ils concourent à l'oeuvre surnaturelle et divine, inconscients de leur sublime mission.
Ainsi, quand Dieu veut fonder sur la terre Son Eglise, chargée de faire connaître au monde l'oeuvre de la Rédemption,
et d'en appliquer aux hommes les effets salutaires, pour réaliser Sa pensée Il choisit douze Apôtres, leur dévoile Ses
profonds mystères, leur découvre le but et l'importance de leur mission et les qualités qu'elle exige d'eux. Mais, parce
qu'ils doivent se livrer sans réserve au ministère des âmes, sans se préoccuper des obstacles politiques et matériels dont
ils se reposent sur Dieu, il faut que la Providence pourvoie dans une large mesure au côté matériel et terrestre, aplanisse
les voies, fournisse les moyens de transport ; en un mot, puisque les ouvriers apostoliques doivent parcourir le
monde, il faut que ce vaste champ, ouvert à leur zèle, soit en même temps accessible à leurs pas. Donc, pour ce travail
qui consiste à renverser tout obstacle de quelque nature qu'il soit, et à rendre l'abord libre et facile, il faut des ouvriers
d'un ordre inférieur, dont la mission soit de préparer les voies aux missionnaires ; ce but, Il l'obtiendra en fondant l'Empire
Romain.
II. Il y a trois mille ans, Dieu, dans Sa prescience, connaissant l'infidélité future des Juifs, répudie cette nation déicide,
et décrète que l'Evangile sera porté chez les nations idolâtres.
C'est alors qu'au milieu de la Gentilité Il se forme un peuple inconscient de ses glorieuses destinées : Rome est fondée.
Elle entre dans le plan divin ; sans le savoir, elle exécutera les ordres du ciel. - Eh quoi ! dites-vous, ce repaire de
voleurs, cette troupe d'aventuriers, cet asile de brigandage seconder l'action providentielle ! coopérer aux oeuvres du
Tout-Puissant ! Y pensez-vous ?1 – Et pourquoi tant le mépriser, cet instrument, vous, peuple, qui raisonnez de la sorte ?
Auriez-vous quelque droit personnel, quelque privilège incommunicable et dont vous seul, à l'exclusion des autres, auriez
le monopole ? D'un vase d'ignominie, s'il plait à Dieu d'en faire un vase d'élection, que vous importe ? Dieu n'est-Il pas
libre ? seriez-vous en droit de mettre des bornes, de dicter des lois, d'imposer des conditions à l'infinie Bonté ? Oui, je le
répète, et ne vous en déplaise, si vil que soit à vos yeux cet instrument, Dieu va l'ennoblir et le rendre digne de sa haute
mission.
Dans ce but, il lui inspire l'estime des plus nobles vertus : piété filiale, amour de la patrie, constance, fidélité, frugalité,
désintéressement, héroïsme, quoi de plus beau chez un peuple qui ne connaît point encore le grand Dieu qui l'agite ?2
Déjà cependant un vague pressentiment, un instinct naturel, une sorte d'inspiration lui fait entrevoir sa future grandeur et
le rôle important que la Providence lui a marqué sur la scène du monde3. Ces vertus, tout humaines qu'elles sont, il les
porte au plus sublime degré. Parmi tant de rivaux, à lui le premier rang, à lui l'empire du monde, à lui l'honneur d'être l'instrument
physique des desseins du Très-Haut. Vingt fois, cette Rome prédestinée, je la vois sur le point de succomber ;
vingt peuples jaloux de sa gloire ont juré sa perte ! Surprise et accablée par un implacable ennemi, vingt fois je la condamne
à périr, et vingt fois, soutenue par une main puissante et invisible, elle se relève plus forte et plus terrible que jamais
!
Au dehors, guerres perpétuelles, luttes incessantes ; à l'intérieur, dans son sein, guerres civiles, dissensions, révoltes,
conjurations, tout conspire à son entière destruction.
Cette fois, dites-vous, c'en est fait, sa ruine est certaine et le nom romain lui-même va disparaître de la face de la
terre ! Hommes de peu de foi, à quoi pensez-vous ? Vous ignorez donc que Dieu veut un empire universel pour la diffusion
de Son Evangile, et que Rome, dans le plan éternel, a été choisie pour cette divine mission ?
III. Mais cet empire universel, en quoi facilite-t-il la propagation de l'Evangile, et qu'a-t-il de si intimement lié avec l'établissement
de la religion sur la terre ? Vous-mêmes soyez juges.
Au jour de la Pentecôte, revêtus de la force de l'Esprit-Saint, les Apôtres se partagent le monde, et, dociles à la voix
du Maître, ils se disposent à le parcourir. Naguère timides, craintifs, faciles à s'effrayer, soudain les voilà transformés ; ils
ne redoutent maintenant ni les verges, ni la prison, ni la mort ; la flamme nouvelle et mystérieuse, qui les a rendus forts,
les embrase en même temps qu'elle les éclaire. Ils sentent l'irrésistible attrait de répandre partout la bonne nouvelle. Mais
comment sillonner ce vaste champ du Père de famille ? Où sont les moyens de transport ? où sont les vaisseaux qui porteront
nos missionnaires jusqu'aux limites extrêmes du globe ?4
Toutefois, cette immense moisson qu'il s'agit de cueillir, ce monde, en un mot mûr pour la vendange, au lieu d'être
réuni sous un sceptre unique, supposons-le, pour un instant, fractionné par milliers de peuplades dont chacune possède,
en propre, indépendance et autonomie. Que d'obstacles se dressent à la diffusion de l'Evangile ! Autant de peuples,
1 Romulus, nourri dans la guerre, bâtit Rome qu'il peupla de gens ramassés : bergers, esclaves, voleurs qui étaient venus chercher la
franchise et l'impunité dans l'asile qu'il avait ouvert à tout venant. Il nourrit ce peuple farouche dans l'esprit de tout entreprendre par la
force. (Bossuet, Histoire universelle, IIIè partie.)
2 Romulus établit l’ordre et réprima les esprits par des lois très saintes. Il commença par la religion qu'il regarda comme le fondement
des Etats. Il la fit aussi sérieuse, aussi grave que les ténèbres de l'idolâtrie le pouvaient permettre.
3 Je ne mets de bornes ni à l'étendue, ni à la durée de son Empire. J'ai voulu qu'il fût immense, éternel :
His ego nec metas rerum, nec tempora pono :
Imperium sine fine dedi... (Enéide de Virgile, Ier livre.)
4 Dieu, qui avait résolu de rassembler le peuple nouveau de toutes les nations de la terre, a premièrement réuni les terres et les mers
sous ce même Empire Romain. Le commerce de tant de peuples, autrefois étrangers les uns aux autres et depuis réunis sous la domination
romaine, a été un des plus puissants moyens dont la Providence s’est servi pour donner cours à l'Evangile. (Bossuet, Histoire
universelle, IIIè partie.)
14
autant de coutumes, autant de variétés de langage, autant de susceptibilités à ménager, autant de rivalités sur lesquelles
il faudra compter ! Chacun de ces peuples, il faut le croire, aura des limites déterminées, et, par contre, des barrières qu'il
ne sera pas toujours sûr de franchir. Mais enfin cet obstacle, tout matériel qu'il est, les espaces, il faudra pourtant les
vaincre, car la parole divine est formelle : Allez à travers toutes les nations ; vous serez Mes témoins jusqu'aux extrémités
de la terre ; et alors, que de temps, que de labeurs pour atteindre les peuples les plus éloignés !
Cependant, je l'accorde, les Apôtres d'abord et ensuite leurs successeurs, après de longues années et nonobstant
mille traverses, ont enfin pénétré successivement chez la plupart de ces peuples innombrables. A force de constance, ils
y ont implanté la foi et laborieusement enfanté à Jésus-Christ de florissantes chrétientés. Je le veux encore, ces jeunes
plantes promettent le plus bel avenir. Mais alors, comment se conservera l'unité de foi ? Chacune de ces églises, on le
sait, devra être en relation constante avec le premier siège, celui de Pierre, roc inébranlable qui seul a le pouvoir d'affermir
ses frères.
Ainsi, de nouveau et toujours, se dressera le même obstacle ; éparses sur l'immensité du globe, je les vois ces nombreuses
églises en butte à l’oppression, traitées de rebelles et réduites au plus affreux esclavage. Non, jamais le divin
Crucifié ne flattera les passions ; Sa morale impartiale est faite pour tous ; elle oblige tous les hommes, grands et petits,
savants et ignorants, rois et sujets ; elle exalte les humbles, abaisse les superbes et réprime les convoitises de la chair.
Le plus grand nombre de ces despotes, je le suppose, n'admettent point cette austère morale qui flétrit leur conduite.
Sous prétexte d'ordre et de tranquillité, ils jettent dans les fers sectateurs et novateurs de la nouvelle doctrine. Mais ce
qui est mille fois plus funeste que la mort – car le despote exerce chez lui une vraie tyrannie, et nul, sans ordre ou permission
de sa part, n'a droit de franchir les limites de son territoire ; nul, s'il est suspect, ne peut ni transmettre, ni recevoir
soit message, soit communication, sans que le tyran en soit informé – oui, je le répète, ce qui pour ces chrétientés naissantes
est plus à redouter que tous les supplices, toute relation de la tête avec les membres et des membres avec leur
chef se trouve interceptée. Défense rigoureuse à ces chers néophytes de communiquer avec leurs pères dans la foi !
Pour eux, désormais, plus de lumières, plus de conseils, plus de consolation ! Les voilà séparés de ceux qui les engendrèrent
à Jésus-Christ ; de ceux qui jadis leur transmettaient la sève divine et le pain de la sainte Eucharistie ; de ces
Pères qui seuls pourraient encore les soutenir au moment de l'épreuve et entretenir chez eux la vie de la grâce.
Bientôt, cette multitude d'églises ne présente plus qu'un vaste corps languissant dont l'arrêt de mort est déjà prononcé.
En effet, le démon, tournant à son profit cette affreuse séquestration, répand à profusion l'ivraie, étouffe la bonne semence.
Le mensonge a libre cours, et l’erreur ne rencontrant plus d'obstacle sérieux se propage rapidement. Si la parole
infaillible pouvait se faire entendre, si Pierre avait accès pour affermir ses frères et paître ses brebis, sans nul doute, les
fidèles sauraient discerner la vérité et reconnaître l’imposture. Loin d'en être ainsi, de toute part s'élèvent de faux prophètes.
Forts de l'impunité, et certains de n'être point contredits par une parole autorisée, ils se disent ouvriers du Père
de famille et messagers de la bonne nouvelle. Loups ravissants, ils se couvrent de la peau de la brebis ; sous leur pernicieuse
influence, la lumière s'éteint de plus en plus, partout prévaut le mensonge, car le mal est si habile à se déguiser
qu'il revêt toutes les formes du bien. Enfin les coeurs droits, les consciences délicates elles-mêmes ne savent plus discerner
la vérité. Désordre et confusion sont à leur comble.
Si les choses fussent arrivées de la sorte, si le divin Fondateur n'eût prévu et sondé toute la profondeur du mal,
l'Eglise de Dieu, sapée par la base et tarie aux sources mêmes de sa jeunesse, eût infailliblement péri. Cependant c'est
dans cette situation, la plus critique que l’on puisse concevoir, que se trouveraient cette multitude d'églises éparses sur la
face du globe, obligées le plus souvent de vivre loin de leurs chefs, isolées du premier siège, séparées de la pierre fondamentale
sur laquelle, sous peine de mort, elles doivent reposer.
Mieux vaut cent fois, les prisons, les tortures et la mort elle-même avec toutes ses horreurs. Séparés de leur tête, les
membres demeureraient-ils vigoureux et actifs ? Les branches éloignées de leur tige conserveraient-elles leur fraîcheur
et leur souplesse ? Au contraire, ne les voit-on pas languir, dessécher et enfin mourir ?1
Cette loi qui existe dans l’ordre physique, Dieu l’a rendue non moins impérieuse pour toute société humaine, et principalement
pour la plus parfaite qui soit l'oeuvre de Ses mains, je veux dire pour Son Eglise, dont tous les membres, à
moins de cesser de vivre, doivent être en rapport constant avec la tête qui leur communique la lumière, la chaleur et la
vie. Que ces membres soient soumis à toute sorte d'épreuves, peu leur importe, il en résulte même une vigueur nouvelle,
une sorte de jeunesse. «Le sang des martyrs, a dit un Père, n'est-il pas une semence de chrétiens ?» (Tertullien)
Mais, ce qui est absolument funeste à la nature même de cette divine constitution, c'est l'isolement, c'est la séquestration
des membres d'avec la tête ; pour eux c'est dépérir, s'étioler et la mort à courte échéance.
IV. Ce mal profond n'existera jamais dans l'Eglise de Jésus-Christ, car toutes les oeuvres de Dieu sont marquées au
coin de l'infinie sagesse. Barrières, obstacles de tout genre, en un mot, tout ce qui pourrait ralentir la marche de Ses missionnaires
et retarder la formation de Son Eglise ; tout ce qui, dans ce corps mystique, serait de nature à tarir la source
de la vie ou à produire l'isolement, Dieu le renverse et le réduit en poudre.
Sur le point d'entreprendre la grande oeuvre de la Rédemption, il me semble que l'auguste Trinité tient conseil, Dieu
le Père s'exprime en ces termes : «Assez longtemps les hommes se sont déshonorés par le culte des idoles ; ces dieux
de bois, de pierre ou de bronze ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n'entendent pas, des mains qui ne peuvent
toucher, et des pieds impuissants à la marche. Il est temps qu'ils sachent que ces statues inertes sont incapables de leur
procurer le bonheur. Ces âges de ténèbres et de superstition, il est temps qu'ils les méprisent2.
1 Ainsi ont péri au Japon et dans les Indes les chrétientés fondées, il y a trois siècles, par saint François Xavier. Tel a été le sort de la
plupart des églises établies en dehors des provinces romaines à la naissance du christianisme.
2 Paraphrase du discours de saint Paul devant l'Aréopage (Actes des Apôtres, XVII, 21-30).
15
«Elle est venue, cette heure, où toute âme raisonnable va adorer Dieu. Il Me tarde de Me communiquer aux hommes,
de leur montrer que Je suis leur Père et que Je les aime d'un amour infini. Je vais leur députer Mon Fils unique ; ils Le
verront au milieu d'eux, ils L'aimeront, car en toutes choses, Il se fera semblable aux hommes. J'enverrai Mes Apôtres
annoncer cette bonne nouvelle jusqu'aux extrémités de la terre. Afin que rien ne les arrête dans leur course, et que Mon
oeuvre de prédilection s'accomplisse rapidement, Je vais me former un peuple tout exprès et lui confier cette noble mission.
«En récompense de ses vertus naturelles, c'est Rome que Je choisis. Partout Je la soutiendrai, partout la victoire
marchera devant elle. Elle va détruire toute principauté, subjuguer toute nation, toute race, toute tribu1. Plus de nationalités,
plus de tyrans, plus de despotes, plus d'obstacles à la prédication de Ma parole. Je veux que ce peuple géant, sous
un sceptre unique, gouverne le monde entier. Comme moyen d'assurer sa conquête, Je lui inspirerai le génie des
grandes choses. De larges voies de communications, comme autant d'artères, porteront dans toutes les régions de ce
vaste corps la jeunesse et la fécondité. Ces voies solidement construites, d'une longueur prodigieuse, relieront entre elles
toutes les cités et atteindront les limites les plus reculées de l'Empire. - Rome, instrument de Mes desseins, ne croira travailler
que pour sa gloire, augmenter sa prospérité, étendre de plus en plus le contour de sa vaste enceinte, et affermir à
jamais sa domination sur tous les peuples de la terre.
«En même temps, Je lui donnerai l'empire des mers ; de son foyer, comme d'un point central, partiront pour les îles
les plus lointaines ses innombrables vaisseaux2. Le pilote, inconscient de sa noble destinée, s'imagine ne porter qu'une
fortune éphémère et ne servir que les intérêts d'une insatiable cupidité. Etrange erreur, ô pilote ! ces navires ballottés par
la tempête ne sont que les exécuteurs dociles de Mes volontés. On y voit confondus, cote à côte, les intérêts les plus divers
: ici les affaires du temps, à côté les affaires de l'éternité ; ici la politique des hommes, à côté les décrets impénétrables
de Ma sagesse ; ici la fortune chancelante de César, à côté la glorieuse destinée d'une Eglise immortelle ; ici les
conquérants d'un empire terrestre, à côté les conquérants du Royaume céleste. La Rome des Césars n'admire que les
premiers, elle voit en eux ses chargés d'affaires, ses proconsuls, ses officiers, ses commerçants, Je veux dire les promoteurs
et les soutiens de sa puissance ; Moi, le Tout-Puissant, Mes regards de complaisance sont pour les seconds ; ce
sont mes bien-aimés ; eux seuls sont la raison d'être de cet appareil de grandeur humaine ; eux seuls accompliront Mes
oeuvres ; ils sont Mes Apôtres, Mes chargés d'affaires et les messagers de la parole qui doit renouveler la face de la
terre.
«Pour toi, ô Rome, sache-le bien, je t'ai donné la puissance, non pour assouvir tes passions, ni même pour servir exclusivement
tes intérêts périssables, mais pour porter Mon Nom jusqu'aux extrémités de la terre. Les vaisseaux sans
nombre qui font ton orgueil, ne l'oublie pas, c'est de Moi que tu les tiens ; ta mission est de porter chez toutes les nations
dont se compose ton Empire les intrépides champions de Ma cause. Cet immense réseau de voies, tous ces moyens de
transport, si Je te donne le génie de les concevoir et la puissance de les exécuter, c'est à condition qu'il n'y ait pas une
tribu, pas une cité, pas une peuplade qui ne puisse être visitée par les missionnaires de Mon Evangile. Dans Mes desseins,
ta puissance n'est que le marchepied de cette puissance spirituelle que Je veux établir par toute la terre. Ton Empire
terrestre n'est autre chose que l'immense véhicule de Ma gloire, de Mon Nom, de Mes intérêts. Tu es cette monture
vigoureuse qui doit porter Mes chargés d'affaires dans toutes les parties de ton Empire jusqu'aux îles les plus lointaines.
Oui, Je le redis dans l'ivresse de Mon coeur, cette puissance que Je veux être sans égale, ce génie de grandes oeuvres,
ce nombre prodigieux de vaisseaux, ces longues voies de communications, voilà ce char merveilleux que Je prépare depuis
des siècles pour la diffusion de Mon Evangile.
V. Toutefois, dans cette entreprise toute divine, il n'y aura pour toi nul motif de te glorifier. Seule, Mon action providentielle
éclatera dans tout son jour, et voici comment :
«L'ennemi juré de Ma gloire, craignant que tu ne mettes ton génie au service de Ma cause, a su te captiver dès le
principe et tromper tes nobles instincts ; d'abord, il a sollicité et obtenu tes adorations, puis il t'a précipitée dans les vices
les plus dégradants ; en même temps, il t'a inspiré une soif insatiable d'orgueil et d'ambition. Enfin, voulant par avance
paralyser les effets de Ma miséricorde sur le monde, il s'est servi de ton génie pour établir partout le culte de ses idoles.
Mais toi, qui dois être sans le savoir la coopératrice de Mes oeuvres, toi, que je compare à un coursier docile que dirige
Ma main puissante et invisible, tu porteras jusqu'aux plages inconnues, dans la personne de Mes ambassadeurs, la semence
de Ma parole. Mes Apôtres la sèmeront partout, elle germera d'une façon prodigieuse, et produira une abondante
moisson.
«Ici, ta mission étant terminée, est-ce que je ne serais pas libre de te congédier ? Ce char, qu'en ta personne Je
m'étais préparé de longue main, ne pourrais-Je pas le briser, alors que Ma parole sera portée par toute la terre ? Mais
non, en agissant ainsi, le monde pourrait se méprendre sur le mobile qui t'a fait agir jusqu'ici ; il pourrait t'attribuer une
part volontaire et glorieuse dans l'établissement de cette oeuvre divine, croire qu'elle est tienne et que tu as un droit rigoureux
à la reconnaissance des peuples chrétiens. Avant donc de te briser, il faut que l'univers, dans les événements qui
suivront, voie la nature de tes actes, et puisse apprécier comme il faut la valeur de tes intentions.
«Aussitôt que la semence de Ma parole aura germé et produit dans ton Empire une abondante moisson, voici quelle
sera ta conduite : surprise et frémissante de rage à la vue de cette chrétienté qui, sans autorisation de ta part, se sera
implantée chez toi ; à la vue de ces générations de vierges et de martyrs qui remplissent tes villes et les places publiques,
ne laissant vides que tes temples (Paroles de Tertullien), et par contre, l'oeuvre de Satan, l'objet de tes voeux,
étant frappée au coeur, c'est alors que tu voudras étouffer dès son berceau Mon Eglise déjà florissante. Trois siècles
durant, tu feras appel aux plus affreux supplices pour noyer dans le sang des martyrs le nom chrétien.
1 Nous sommes enfin venus à ce grand empire qui a englouti tous les empires de l'univers et dont nous respectons encore les lois... Je
parle de l'Empire Romain (Bossuet, Histoire universelle).
2 Voir Bossuet, Histoire universelle. Sur la grandeur de l'Empire Romain.
16
«Il sera donc démontré, qu'en secondant Mes vues, tu n'étais que le mandataire inconscient de Mes desseins,
puisque, voyant grandir cette oeuvre, tu auras employé toute ta puissance pour tenter sa ruine. Efforts inutiles ! Toi, au
contraire, la plus altière des cités, toi qui abreuvais les nations de la terre à la coupe de tes voluptés, toi qui persécutais
Mes élus et faisais mourir Mes bien-aimés, par un juste châtiment de Mon courroux, tu seras condamnée à périr ! Cette
droite, qui jusqu'alors te portait au faîte de la grandeur, Je la retirerai, Je te renverserai et t'égalerai à la terre, et tout l'univers
retentira du bruit de ta chute. Ainsi, éclatera à la face des peuples la sagesse de Mes conseils et la force de Mon
bras. Dans cette élévation et cet effondrement de ta puissance, en face des progrès de Mon Eglise, le monde ne verra en
toi que l'aveugle instrument de Mes volontés. Dans le char de triomphe de tes vainqueurs, on reconnaîtra ce char autrement
merveilleux destiné, dans ta personne, à l'éclatant triomphe de Mon Evangile».
VI. Cette Rome qui s'est enivrée du sang des martyrs, la voilà donc renversée, anéantie, réduite en cendres, sous les
coups des barbares, exécuteurs de la justice de Dieu. Ses saints, Dieu les a vengés. Ils sont anéantis ces rêves de grandeur,
d'immortalité, de maîtresse des nations. Oui, ces désirs, Dieu les a détruits dans ce qu'ils renferment de fatuité,
d'orgueil et de vaine gloire. A Dieu donc, et pour toujours, ô Rome, ces jeux sanguinaires où tu rassasiais de sang humain
tes appétits sauvages ! A Dieu, et pour toujours, cette fierté imprimée à ton nom ! A Dieu, et pour toujours, la majesté
de tes empereurs et le titre de reine des nations ! A Dieu, et pour toujours, ces palais de marbre, ces vaisseaux, ces
légions qui te rendaient la plus orgueilleuse des cités ! Par de tels coups de Sa Providence, Dieu t'a montré ton néant ; en
t'égalant au sol, il te donne à comprendre que Lui seul est grand !
Cependant, ce n'est pas en vain que Rome, dès le principe, a été choisie pour porter au loin la semence de l'Evangile.
En empruntant pour Ses missionnaires ce char merveilleux, le Maître souverain a contracté à son égard une sorte de
dette, et Dieu, si jaloux pour Lui-même de reconnaissance, voudrait-Il se laisser taxer d'ingratitude ? Oh ! non, il n'en
peut être ainsi ; ce que Rome a fait autrefois, inconsciente de sa mission, elle le fera désormais librement et avec amour.
Dieu, en l'humiliant, l’a convertie ; de vase d'ignominie qu'elle était, elle deviendra vase d'élection1. C'était le repaire de
tous les crimes, le foyer de la corruption ; le démon se servait de sa puissance invincible pour soumettre le monde à son
odieuse tyrannie ; aujourd'hui, c'est le centre de la catholicité, l'arsenal qui renferme tous nos moyens de défense, la
forteresse inaccessible aux ennemis du nom chrétien, le rempart que ne peuvent abattre les puissances de l'enfer, le roc
inébranlable au pied duquel expire impuissante la rage de ceux qui ont juré sa perte. Elle est le sanctuaire de la justice, la
règle de toute morale, la tête et l'appui des nations chrétiennes, le phare lumineux qui seul lance sur le monde entier les
rayons de l'indéfectible vérité ; c'est le foyer d'amour d'où partent ces nombreux apôtres qui embrasent l'univers du feu de
la charité. Hier, elle rêvait un empire terrestre, celui-ci est d'un ordre infiniment supérieur ; il s'exerce sur les âmes, il atteint
les consciences, ses décrets sont ratifiés, même dans le ciel. Cet empire, dont elle se glorifiait, avait pourtant des limites
; il était chancelant, périssable, soumis aux révolutions, aux caprices des hommes ; celui-ci n'a point de bornes icibas
; il s'étend sur l'univers entier ; il ne vient point des hommes, mais de Dieu Lui-même ; il n'est point soumis aux changements,
il existera aussi longtemps que le monde : la Rome que Dieu vient de relever s'appellera désormais la Ville-
Eternelle.
VII. L'immense territoire fécondé par les sueurs des ouvriers évangéliques se trouve donc, au début, renfermé dans
les limites de l'Empire Romain, dont la vaste enceinte comprend une bonne partie de la terre habitée.
L'Eglise, sans aucun doute, est appelée à franchir les bornes de ce royaume terrestre, elle dont les destinées sont
immortelles et dont les conquêtes doivent atteindre les limites extrêmes de notre globe. En effet, si étendu qu'il fût, cet
Empire était cependant bien restreint, si on le compare à l'immensité de la terre entière. Son territoire, semblable à un
immense anneau, n'entourait qu'une seule mer, la Méditerranée ; l'Egypte, la Palestine, la Syrie, l'Asie Mineure, la Grèce,
l'Italie, les Gaules, les Espagnes et tout le nord de l'Afrique, voilà sommairement l'Empire en question. Or, au milieu de
ces terres s'étendait un lac immense que nous appelons Mer Intérieure ou Méditerranée. Celle-ci, baignant toutes les
provinces de l'Empire, portait les légions, les munitions de guerre, la force et la puissance dans toutes les parties du colosse
; partout elle distribuait la vie et la fécondité. Jamais Rome ne pénétra bien avant dans l'intérieur des terres : témoin
l'Afrique dont elle connut à peine la dixième partie : témoin le centre et les vastes plaines du nord de l'Europe, qui échappèrent
absolument à son ambitieuse conquête. L'Asie presque entière resta en dehors de ses frontières. Ni l'Océanie, ni
l'Amérique ne doivent figurer dans cette nomenclature, étant inconnues du monde des anciens.
Ce territoire, si restreint qu'il soit, comparé au reste du globe, hâtons-nous de le dire, renfermait cependant la plus
grande partie des habitants de la terre ; c'était, pour ainsi dire, le monde connu, le reste était barbare.
Rome, c'était la culture de l'esprit, le monde des lettres. Les principales villes de l'Empire possédaient des écoles célèbres
où l'on enseignait les sciences, la littérature, l'éloquence, la philosophie, les arts, l'architecture, la peinture, la
sculpture, la musique. Tout en conservant son caractère altier, égoïste et cruel qu'elle tenait du paganisme, la Rome idolâtre
porta néanmoins bien haut le génie et la puissance des hommes. Ainsi le voulait la Providence pour l'accomplissement
de Ses oeuvres. Mais, s'il est vrai qu'il y a deux mille ans, le monde pouvait s'appeler l'univers Romain, aujourd'hui
ce même langage, appliqué à l'état actuel du monde, n'aurait plus aucun sens. En effet, depuis cette date éloignée, les
races ont multiplié presque à l'infini, dociles au commandement du Créateur : Crescite et mutiplicamini et replete terram.
La population du globe augmentant chaque jour, et les peuples reculant sans cesse le cercle de leur enceinte, ont atteint
depuis plusieurs siècles les extrémités de la terre.
Il n'est point de solitude, point de terre autrefois déserte, point d'île perdue qui ne soit aujourd'hui largement peuplée ;
partout, la race humaine croît sur d'énormes proportions, partout s'élargit le champ du Père de famille, et partout la moisson
plus abondante que jamais réclame de nombreux ouvriers.
1 Une autre Rome, toute chrétienne, sort des cendres de la première, et c'est seulement après l'inondation des barbares que s’achève
entière la victoire de Jésus-Christ sur les dieux romains qui seront non seulement détruits, mais oubliés.

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Message par pierre34 Mer 14 Juil 2010 - 19:37

VIII. Voici notre conclusion touchant le plan divin dans l'établissement du Règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la
terre :
1° Dieu a préparé de longue main le char destiné à cette glorieuse mission.
2° Dieu a voulu, dans le principe, l'unité de gouvernement comme étant plus favorable à l'unité de foi et à la prédication
de Sa parole.
3° Dieu a permis que le démon, au début, détournât à son profit satanique l'admirable instrument de ses conquêtes.
Or, cette conduite de la Providence dans la publication de l'Evangile par le ministère des Apôtres, nous indique la
marche qu’elle doit suivre dans la merveilleuse prédication faite par les Juifs convertis ; et puisque, dans la première,
Dieu s'est ménagé des ouvriers d'un ordre inférieur, inconscients de Ses divines volontés, pourquoi n'agirait-Il pas de
même pour l'apostolat des Juifs dont l’étonnante conversion, nous ne cesserons de le publier, doit être pour le monde
entier la source d'une incomparable richesse spirituelle ?
Eh bien, nous osons l'affirmer, ces ouvriers, déjà la Providence leur a distribué leur tâche ; il y a plus, ils travaillent depuis
longtemps, et sans le savoir, à leur sublime mission. Oui, Il est à l'oeuvre notre Dieu puissant ; et, à l'activité qui se
déploie de toute part, il est permis de croire qu'un avenir relativement prochain nous réserve les plus graves événements,
et que l'Eglise de Dieu, purifiée par l'épreuve, verra le plus éclatant et tout à la fois le plus universel de ses
triomphes.
IX. Avant de préparer l'instrument que le Fabricateur souverain destine à seconder l'apostolat des Juifs, l'ordre des
choses n'exige-t-il pas que le premier instrument, ayant rendu tous les services qu'en attendait le Constructeur, ait cessé
d'être utile et enfin soit détruit ? Ce ne sera donc qu'après la disparition de cet instrument que le second devra être
mis en chantier. Ce brisement du premier devra tenir en éveil les esprits attentifs ; il marquera sans doute une ère de
transition, un nouvel ordre de choses ; en un mot, à sa façon d'agir, la Providence fera comprendre qu'elle veut imprimer
au monde une nouvelle direction. Là où le commun des hommes ne verra qu'un progrès matériel, inexplicable, sans
but ; là où l'oeil superbe et animal prendra occasion de s'enfler d’orgueil, en s'attribuant la gloire de ces merveilleuses découvertes
; l'âme, tout entière à la reconnaissance et à l'amour, apercevra la main puissante et maternelle qui prépare
aux hommes un nouveau déluge de grâces. Dans cette révolution pacifique et toute providentielle, il découvrira un tout
savamment organisé, où chaque partie conspire au même but ; il reconnaîtra ce gigantesque véhicule que le Souverain
Maître destine à Sa gloire ; il admirera ce char rapide qui, cette fois sans restriction, doit porter le Règne de Jésus-
Christ jusqu'aux extrémités du globe. Il découvrira l'Ordonnateur suprême qui comble les vallées, perce les montagnes
et fraie la route aux messagers de sa parole ; d'avance, il contemplera l'univers renouvelé, et tous les hommes
réunis dans une même foi. Or, le premier instrument de Dieu est-il aujourd'hui brisé ? A ce fait mémorable, s'il existe,
peut-on assigner une époque déterminée, une date précise ? Sur ces trop légitimes questions l'histoire, les annales de
l'Eglise et les prophètes inspirés fournissent de précieux renseignements : à nous de les recueillir et d'en saisir toute l'importance.
Il paraît, sans doute, bien étrange de mettre en question un fait sur lequel nous avons appuyé longuement dans ces
dernières pages, à savoir, si, à l'époque où nous sommes arrivés, l'Empire Romain est détruit ; qu'on nous permette cependant
de procéder de la sorte, il est des questions complexes qu'on ne peut résoudre par une simple réponse.
Nous verrons les desseins de Dieu sur cette puissance temporelle le jour où la croix mystérieuse apparaît dans les
airs, et remplace désormais les aigles romaines. Nous avons ainsi l'espoir de préciser la date mémorable où cet instrument
des oeuvres divines s'efface à tout jamais.
CHAPITRE II (DEUXIÈME MISSION DE L'EMPIRE ROMAIN)
LE SAINT-EMPIRE ROMAIN, OU LA PUISSANCE DU GLAIVE DÉFENDANT LES DROITS DE JÉSUS-CHRIST.
SOMMAIRE : I. En détruisant Rome sous les pieds des Barbares, Dieu a-t-Il brisé l'instrument de Ses oeuvres ? Devons-nous conclure
qu'Il va incontinent préparer les voies à l'apostolat des Juifs ? - II. Dieu glorifie Son Eglise avant même de consommer le châtiment
qui menace Rome. - III. Comment Rome, que Dieu condamne à périr, pourra-t-elle, par la suite des âges, être le soldat du Christ
? - IV. La puissance impériale passe de Rome à Constantinople qui devient le siège du Saint-Empire Romain. - V. Partage de l'Empire
Romain : l'Orient et l'Occident. - Peuples que la Providence destine à faire revivre le rameau occidental. - VI. Accomplissement de la
prophétie de Daniel. – VII. Rang qu'occupe la France parmi les royautés qui forment le Saint-Empire d'Occident. - VIII. Conduite des
Empereurs d'Orient à l'égard de l'Eglise. - IX. Jusqu'à sa chute, Constantinople demeure officiellement le siège du Saint-Empire Romain.
- Sa chute étant le signal d'un monde qui croule, Dieu ménage à l'Europe de solennels avertissements. - X. Tableau synoptique
ou l'on embrasse les différentes phases de l'Empire Romain.
I. Le grain de sénevé confié à la terre par la prédication apostolique, ce grain que le Fils de Dieu destine à devenir un
grand arbre sort à peine de terre, serait-ce le temps de le moissonner ? Donc, l'oeuvre de Dieu n'est encore qu'à son début
; donc, loin de passer à un autre ordre de choses, c'est le moment pour la Providence de faire grandir sa semence,
de lui donner son parfait développement, afin qu'elle produise tous les fruits qu'en attend le Père de famille.
Aussi, est-ce pour atteindre ce but que Dieu vient de détruire, dans l'instrument matériel de Ses oeuvres, ce qui faisait
obstacle au développement de Son Eglise ; voilà pourquoi Rome, tête du paganisme, vient d'entendre l'arrêt de sa condamnation,
voilà pourquoi nous voyons encore ses ruines toutes fumantes.
Cependant, cet instrument ne renferme-t-il rien de bon ? Ce qui était mauvais, satanique, je le concède, devait disparaître
; mais, cette force matérielle, au lieu de l'anéantir, Dieu n'a-t-il point dans les secrets de Sa puissance un moyen de
la faire revivre et de l'employer tout entière au service de la vérité ? Ce bras puissant, qu'il serait beau d'en faire un bras
protecteur ! Quelle consolation pour l'Eglise naissante de voir cette puissance invincible, ce courage à toute épreuve seconder
son zèle, humilier ses ennemis ! D'ailleurs, l'Eglise, rougie depuis trois siècles dans le sang des martyrs, n'a-t elle
pas démontré qu'aucune puissance terrestre ne peut l'abattre ? N’a-t-elle pas prouvé qu'elle est divine dans son institu18
tion ? N'est-il pas juste qu'elle respire enfin et voie se fermer pour elle l'ère des persécutions ? Ces généreux chrétiens,
que leur attachement à Jésus-Christ tient ensevelis dans les catacombes, n'ont-ils pas mérité de confesser au grand jour
le Dieu qu'ils adorent ? Sera-t-il éternellement relégué dans les antres de la terre ce culte du Dieu véritable ? Quoi ! l'impiété
et le sacrilège, le mensonge et l'erreur auraient seuls, et à tout jamais, le droit de cité ! Seule, la vertu baisserait la
tête ! Le démon régnerait sans partage ! Le Maître souverain abdiquerait Son empire !
Loin de nous cette pensée ; la justice qui vient d'exiger le châtiment de Rome, réclame non moins impérieusement la
glorification des enfants de Dieu, je veux dire le triomphe de l'Eglise sur le paganisme ; soyons donc sans crainte : si
Dieu n'a pas été sourd à la voix de la vengeance, Il le sera moins encore aux gémissements de Ses bien-aimés.
II. Avant même de consommer la ruine de celle qui extermine Ses saints1, Il veut la victoire complète de la vérité
sur le mensonge ; Il exige que la vertu, exaltée et replacée dans ses droits d'honneur, voie de ses yeux la défaite de
Ses ennemis. C'est trop peu, Il veut que le glaive qui jusqu'alors a frappé Son Epouse chérie favorise désormais l'élan de
Son amour. Le tyran d'hier va devenir le zélé défenseur de la cause de Dieu ; la main qui tout à l'heure égorgeait sa
victime, la consolera bientôt, lui faisant oublier les tourments du passé. Les temples d'hier, édifiés à l'idolâtrie, seront demain
réduits en poudre et consacrés au Dieu des chrétiens. Pour tout dire, cette puissance romaine dont la glorieuse
destinée fut de faciliter le cours de l'Evangile, qui ensuite pendant trois siècles fit une guerre acharnée à l'Eglise de Dieu,
cette puissance invincible est loin d'avoir terminé la noble mission que le ciel autrefois lui confia. Par un prodige ineffable
de Sa droite, Dieu convertit ses Empereurs ; hier persécuteurs, ils revendiquent aujourd'hui le titre de soldats du Christ.
Cette puissance reconnaît enfin les desseins de Dieu sur elle : jusqu'ici elle s'est trompée ; maintenant elle brûle ses
idoles et adore Celui qu'elle proscrivait ; elle veut recevoir le signe de la régénération et le caractère des enfants de Dieu
; sa force, son génie, ses ressources incomparables, dorénavant elle les emploie à développer partout le Règne de Jésus-
Christ.
III. Ici les faits semblent se contredire. Comment Rome, que Dieu condamne à périr et dont la sentence va sûrement
recevoir son exécution, pourrait-elle, tout en périssant, conserver sa puissance temporelle ? Comment, dans la suite des
siècles, serait-elle pour l'Eglise un bras protecteur ? Devrait-elle renaître de ses cendres et redevenir plus forte que jamais
? – Ce qui paraît impossible ou inexplicable à nos yeux n'est qu'un jeu dans les conseils de l'infinie Sagesse.
Une Rome, il est vrai, doit renaître de ses cendres ; mais c'est la Rome pontificale, dépourvue de tout appareil militaire,
dont le commandement ne s'exerce que sur les âmes. Elle ne tient sous ses ordres ni esclaves, ni légions ; elle
n'enchaîne point les vaincus. Son pouvoir sans limite n'inspire aucune crainte aux autres villes de la terre. Son domaine
ne vient point de ce monde2 et son rôle ne ressemble en rien à celui de César.
Mais tout autre est la puissance romaine qui doit se perpétuer dans la suite des âges ; c'est cette puissance terrestre
dont nous ne cessons d'entretenir notre lecteur. Elle doit naître de la Rome idolâtre, y puiser toute sa force matérielle,
toute son autorité, tout son prestige. En se communiquant sans réserve, la Rome païenne semble épuisée et ne pouvoir
survivre à ce mystérieux enfantement. Elle prépare ainsi les voies à Dieu qui veut l'éteindre, venger Ses saints, et de ses
cendres la faire revivre pour accomplir de plus glorieuses destinées. Nous appuyons longuement sur ce fait historique,
qui nous dévoile, mieux que tout discours, l'action puissante et miséricordieuse qui remue le monde entier pour procurer
le salut des âmes ; qui, d'un peuple vieilli et corrompu, sait tirer une génération nouvelle, ceinte de l'auréole de la pureté.
Nulle part ailleurs que dans la fondation de l'Eglise, on ne voit le récit d'aussi merveilleuse transformation. Ici, c'est un
spectacle inouï, une douce ivresse que la bonté de Dieu ménage à Son Eglise, jusqu'alors humiliée. Donc, du sein de la
vieille cité païenne, surgit une autre Rome toute nouvelle, parée des grâces de la jeunesse et des lauriers de la victoire.
Son front, régénéré par l'onde baptismale, inspire l'effroi aux ennemis du nom chrétien. Les démons tremblent, leurs
images renversées sont foulées aux pieds ; le paganisme croule et comprend que sa dernière heure a sonné.
Cependant le sénat s'émeut ; il a peine à quitter l'objet qui flatte ses passions. Le vainqueur demeure inébranlable ;
ses convictions, basées sur la raison, soutenues par un prodige de la grâce et par la vertu du Tout-Puissant, triomphe de
tous les obstacles. Il n'emploie ni flatterie, ni contrainte ; la vérité s'impose d'elle-même, la grâce illumine les intelligences,
fortifie les volontés. Enfin, tout ce qu'il y a d'hésitant, de timide se trouve entraîné par l'exemple du souverain : sa douceur
et sa modération ont su lui concilier tous les coeurs. La victoire de Jésus-Christ sur le paganisme est complète.
Constantin – c'est le nom du premier Empereur romain converti – fut donc le premier héros suscité de Dieu pour terminer
l'ère des persécutions, abolir l'idolâtrie et pourvoir à l'indépendance de l'Eglise. Il comprit qu'il était le bras choisi de
Dieu pour protéger le Pontife de Rome contre les usurpations des tyrans ; il reconnut qu'il devait être ce mur bienfaisant,
cette haie qui entoure la Vigne du Seigneur, assurant au Vicaire de Jésus-Christ pleine liberté d'agir, et de se mouvoir à
son gré dans la sphère de son domaine spirituel. Telle est la mission toute sacrée que la Providence confie à cette puissance
romaine, qui renaît et se perpétue tout ensemble dans la personne de Constantin.
IV. Guidé par l'esprit de Dieu qui voulait que Rome fût pour toujours la ville des Papes, et d'ailleurs tout pénétré de la
majesté pontificale, dont il craignait par sa présence et celle de ses successeurs d'amoindrir la dignité et de gêner l'action
salutaire, l'Empereur quitta Rome et transporta le siège de son Empire à Byzance sur les rives du Bosphore.
Byzance s'appellera désormais Constantinople, du nom de Constantin, son second fondateur. A l'honneur d'être la
nouvelle Rome impériale, elle joindra un autre titre qui ne pouvait être accordé à sa devancière ; car le ciel l'investit d'une
mission sacrée, celle de protéger l'Oint du Seigneur, le Pontife suprême de la Loi nouvelle. Nonobstant les travaux et
les sollicitudes de son gouvernement, l'Empereur travailla de toutes ses forces à l'extension du Règne de Jésus-Christ. Il
réprima l’erreur naissante, assista en personne au concile de Nicée, non pour peser sur les décisions de la sainte assemblée,
mais pour affermir son autorité par l’éclat de sa présence. C'est ainsi qu'il affirmait publiquement sa foi, et se
1 La conversion de l'Empereur Constantin eut lieu en 312, la chute de Rome n'eut lieu qu'au siècle suivant.
2 Regnum meum non est de hoc mundo. Non eripit mortalia qui regna dat coelestia.
19
montrait l'intrépide soldat du Dieu qui, naguère, le rendait victorieux1. Ainsi fut consacrée dans la personne de Constantin,
avec charge et privilège de passer à ses successeurs, la mission de cet Empire terrestre que, de ce jour, nous appellerons
avec l'histoire le Saint-Empire Romain.
V. L'Empire, eu égard à sa vaste étendue et d'ailleurs menacé par les hordes barbares, ne pouvait être gouverné que
par un homme de génie. Théodose le comprit, et comme ses fils n'avaient que des talents fort médiocres, il partagea
l'Empire en deux parties à peu près égales : les provinces orientales formèrent l'Empire d'Orient, dont le siège demeura
fixé à Constantinople ; les provinces occidentales furent l'apanage de l'Empire d'Occident.
En tarissant la source des hommes de génie, la Providence voulait que ce morceau de l'Empire, l'Occident, devînt tout
ensemble la proie et la récompense de ces peuples encore barbares, aux moeurs simples et chastes, qui écouteraient la
voix de l'Eglise, et dont les royaumes, gouvernés par des chefs plus dociles, formeraient autant de chrétientés florissantes.
Ces générations nouvelles, avides de la vérité, il fallait à tout prix les soustraire aux doctrines pernicieuses, à l'influence
délétère, à l'esprit d'orgueil dont les princes d'Orient étaient pour la plupart tout imprégnés. Voilà pourquoi le rameau
que Théodose veut implanter en Occident ne peut prendre racine ; Dieu le brise et le détruit pour toujours, en 476,
dans la personne de Romulus Augustule. On voit alors les barbares fondre comme un torrent impétueux sur le territoire
que leur assigne la Providence. Ayant à leur tête des conducteurs intrépides, ils constituent un monde nouveau sur les
débris de l'ancien ; chaque peuple forme une nationalité ou royaume distinct, sous la direction de son roi respectif.
VI. Ainsi s'accomplit la vision de Daniel relative à l'Empire Romain qui lui fut montré sous l'emblème d'une bête terrible
et prodigieusement forte (Daniel, VII). Elle avait de longues dents de fer et des ongles d'airain. Elle mangeait, broyait et
foulait aux pieds ce que les dents avaient épargné. Elle était fort différente des trois premières et avait dix cornes sur le
front. - Le Prophète ayant demandé l'explication de cette vision mystérieuse, il lui fut répondu que la quatrième bête serait
le quatrième royaume qui dominerait sur la terre ; que les dix cornes de ce même royaume seraient dix rois qui régneraient
sur son territoire.
L'interprétation suivante que donnent tous les commentateurs n'est point arbitraire, puisque le Prophète reçut luimême
l'explication de ce qu'il voyait.
Cette quatrième bête avec ses dents de fer et ses ongles d'airain, qui dévorait, broyait et foulait aux pieds tout le
reste, c'est Rome païenne broyant et engloutissant toute la terre. Elle différait des précédentes : successivement
royaume et république, république et Empire ; sous des rois, sous des consuls, sous des tribuns, sous des décemvirs,
sous des dictateurs, sous des Empereurs, Rome, en dévorant tous les empires, s'en appropriait ce qu'ils avaient de plus
fort, mais ne ressemblait à aucun. Ensuite, il pousse à cette bête dix cornes ou dix rois. Ce nombre dix désigne l'universalité,
cette dizaine de rois barbares dont nous parlons en ce moment, ils démembrent l'Empire Romain et établissent
dans ses provinces des royautés soumises au Christ-Roi, lesquelles subsistent encore aujourd'hui.
VII. Parmi ces rois que le Christ appelle en vainqueurs et qu'Il destine à former la république du Saint-Empire en Occident,
il nous est glorieux de citer notre belle France. Nous pouvons même dire, avec un légitime orgueil, qu'elle brille au
premier rang dans la personne de Clovis, de Pépin, de Charlemagne et de saint Louis. Les nombreux témoignages d'affection
et de reconnaissance que lui prodiguèrent les Souverains Pontifes rendent un éclatant hommage de son dévouement
à l'Eglise de Jésus-Christ.
Naguères encore l'illustre cardinal Pie célébrait ainsi les glorieuses prérogatives de la France : «O peuple des
Francs, remonte le cours des siècles, consulte les annales de tes premiers règnes, interroge les gestes de tes ancêtres,
les exploits de tes pères, et ils te diront que dans la formation du monde moderne, à l'heure où la main du Seigneur pétrissait
de nouvelles races occidentales pour les grouper comme une garde d'honneur autour de la seconde Jérusalem, le
rang qu'Il t'a marqué, la part qu'Il t'a faite, te placent à la tête des nations catholiques. Tes plus vaillants chefs se sont
proclamés les sergents du Christ, les lieutenants de Dieu ; et l'Eglise reconnaissante de tes services chevaleresques t'a
adjugé la plus glorieuse des primogénitures».
Ici se présente un fait au-dessus de tout éloge, c'est en même temps une date que nous ne pouvons passer sous silence
: nous voulons dire le rétablissement et la consécration du Saint-Empire Romain en Occident, par le plus grand de
nos rois. Charlemagne reçoit du Pape Léon III la couronne impériale avec le titre d'Empereur des Romains, l'an 800.
VIII. Telle, sans doute, et plus généreuse encore, fut la conduite des Empereurs de Constantinople à l'égard du Vicaire
de Jésus-Christ. Constantinople ! qui pourrait dire les titres de ce siège incomparable fondé par le magnanime
Constantin ! Résidence officielle et prédestinée du soldat du Christ ! rempart inexpugnable que le ciel fortifiait, à l'avance,
en face de la puissance musulmane ! forteresse qui, pendant onze siècles, eut mission de défendre la chrétienté ! Cette
prodigieuse longévité, il faut le croire, fut la récompense de son attachement à Jésus-Christ. Sans doute que ses Princes,
sentinelles vigilantes, méritèrent, dans l'accomplissement de leur tâche, l'éloge flatteur de soldats sans peur et sans reproche
! Hâtons-nous de le dire, il n'en fut rien. Nous voyons qu'infidèle à sa mission, souvent apostate et persécutrice
de l'Eglise, elle mérita d'être démembrée à bref délai. Dieu l'amoindrît toujours dans la suite des siècles en raison
de son infidélité. Enfin, réunissant en elle tous les vices et toutes les frivolités : perfidie, bassesse, hérésies, schismes ;
surnommée à bon droit Bas-Empire, Dieu l'eût sans doute de longtemps rayée du milieu des nations, si les temps marqués
pour sa chute n'eussent été dans les desseins de Dieu comme une transition ou passage à un autre ordre de
choses, comme une date qu'elle devait rigoureusement atteindre.
IX. Croirait-on, ajoute l'histoire, que cet Empire en lambeaux porte toujours le titre d'Empire Romain ? les Grecs se
disent, à l'exclusion de tout autre peuple, les descendants des illustres Romains, héritiers de leur valeur et de leur gloire,
et il n'y a plus chez eux que lâcheté, ruses et intrigues. Leurs Empereurs s'intitulent successeurs des Césars, héritiers de
1 Pour rappeler aux générations cette mission glorieuse que Constantin reçut du ciel, et comme témoignage de reconnaissance des
immenses services qu'il rendit à l'Eglise, les Souverains Pontifes ont placé à Rome dans le vestibule de la basilique de Saint-Pierre,
d'après un plan colossal, la statue équestre de l’Empereur Constantin. On dirait qu'il veille encore à la garde de Pierre.
20
leur domaine, de leur puissance et de leurs privilèges ; l'histoire l'atteste1 ; Rome elle-même, malgré leur indignité, leur
reconnaît encore ce titre glorieux2. Constantinople est donc jusqu'au jour de sa ruine le siège du Saint-Empire Romain, et
son chef porte tout à la fois officiellement la couronne des Césars et le glaive des défenseurs du Christ.
Ne serait-ce que par un effet de pur hasard que la Providence aurait conservé sur une tête aussi infidèle à sa mission,
dans un Empire aussi perfide, de longs siècles durant, le nom le plus honorifique, le symbole par excellence de la bravoure,
de l'honneur et du dévouement à la cause de Notre-Seigneur ? Avouons-le, ce fait est ménagé par une main divine.
L'Empire Romain, nous le savons, joue le principal rôle dans les destinées du monde : témoin Daniel, qui, sous les
emblèmes les plus saisissants, nous découvre sa marche à travers les âges. Il nous le montre remplissant tous les temps
depuis tantôt trente siècles, ayant une intime connexion avec cette pléiade de royaumes qui s'élèvent aujourd'hui sur son
territoire, ayant des rapports déterminés avec les graves événements qui se déroulent dans le monde et l'agiteront jusqu'à
la venue l'Antéchrist, par lequel il doit être broyé à son tour. Aussi, quand les temps marqués pour sa destruction
sont arrivés, pour Dieu plus d'obstacle : Il donne libre cours à Sa justice ; Il appelle les Turcs qu'Il charge d'exécuter
Ses divines volontés. Constantinople tombe sous le cimeterre de Mahomet II en 14533.
Le siège de cet Empire infidèle à sa mission étant renversé, nous verrons au chapitre Vè quelles en seront les désastreuses
conséquences pour l'Europe chrétienne. De nouveaux principes feront naître de nouvelles tendances et
amèneront une révolution dans l’ordre des choses.
X. Mais avant de passer outre, il est bon de concentrer, dans une vue d'ensemble, le chemin parcouru depuis la fondation
de l'Empire Romain et celui qui nous reste à franchir. Appuyé sur la Tradition, nous admettons comme indubitable
que l'Empire Romain ne cessera d'exister jusqu'à l'arrivée de l'Antéchrist.
Païen à sa naissance, l'Empire Romain demeure tel onze siècles durant ; et, dans cet espace de temps, nous comptons
deux périodes distinctes. Pendant près de huit siècles, l'Empire travaille à sa formation : c'est la construction du char
1 A la seconde croisade, alors que Conrad, Empereur d'Occident, était de passade à Constantinople, l'Empereur Manuel Comnène,
jeune homme de vingt-cinq ans, fier de son autorité et jaloux de sa gloire, s'indigna que le prince allemand portât comme lui le nom
d'Empereur et prétendit être l'héritier des Césars.
Constantinople étant prise par les Croisés, dans le partage qui eut lieu, l'un des seigneurs croisés prit la qualification de seigneur d'un
quart et demi de l'Empire Romain : Dominus quartæ partis et dimidiæ Imperii Romani. N'est-ce pas une preuve, entre mille, que même
les princes d'Occident reconnaissaient à cette ville coupable son titre honorifique ?
2 Le titre honorifique de Nouvelle Rome Impériale, ou Siège du Saint-Empire Romain, valut aux patriarches de Constantinople d'occuper,
dans les Conciles, la première place après le Pontife Romain : le Siège de Constantinople étant reconnu le premier après celui de
Rome. - En vertu de cet ancien privilège, le patriarche de Constantinople jouit toujours des mêmes honneurs, comme on a pu s'en
convaincre de nos jours au Concile du Vatican.
3 Lorsqu'un monde, à cause de ses crimes, est condamné à périr, aux approches de sa destruction Dieu lui a toujours ménagé de solennels
avertissements. Ainsi Noé, sur l'ordre de Dieu, ne cesse pendant cent ans d'annoncer le déluge aux hommes impénitents. -
On se rappelle la mission de Jonas, criant par toute la grande cité : «Encore quarante jours et Ninive sera détruite !» - Plus loin, c'est le
Sauveur Lui-même qui prononce la sentence : «Tes ennemis t'entoureront, te presseront de toute part, et te feront disparaître des
villes de la terre». Peu de temps après, l'ingrate Jérusalem était rasée et les Juifs exterminés. - Saint Jean, à son tour, prédit la chute
de la grande Babylone ; il parle de la Rome païenne.
Or, la destruction de Constantinople par le précurseur de l'Antéchrist devant faire époque dans les âges du monde ; cette ville privilégiée,
nous le redisons, ayant été marquée dans les desseins de Dieu pour être le siège du soldat du Christ : et Constantin, sur l'indication
du ciel, s'y étant effectivement transporté ; cette tête du Saint-Empire Romain, illustre à tant de titres, devant être, en disparaissant,
le signal de l'effondrement du vaste Empire chrétien prédit par Daniel : cette ruine immense devant amener le réveil du mystère
d'iniquité, produire l'apostasie des nations, et finalement enfanter l'Antéchrist : n'est-il pas vrai de dire qu'elle est le signe précurseur de
la fin d'un monde qui croule ? N'est-elle pas, à l'instar de Jérusalem, une image frappante de la consommation de toutes choses ?
N'est-elle pas effectivement un signe, éloigné il est vrai, mais réel, du jugement dernier ! Mais alors, n'était-ce pas le moment de faire
entendre au monde de solennels avertissements ! et à l'exemple d'Hénoch, le dernier et le plus grand des prédicateurs de pénitence,
de prêcher aux nations l'approche du jugement qui allait abattre leur tête impénitente !
Donc, il était juste que cette chute mémorable eût aussi son prophète. Elle l'eut, en effet, dans la personne de saint Vincent Ferrier.
Cet homme de Dieu apparaît à la fin du XIVè siècle : il annonce que le jugement dernier est proche, et qu'avant l'expiration de huit
lustres, on verrait un signe précurseur de la catastrophe finale. En effet, moins de quarante ans après cette prédiction, Mahomet II
s'emparait de Constantinople. «Saint et prophète dès sa jeunesse, dit Mgr Gaume, cet être surhumain grandit au milieu de l'étonnement
universel. L'esprit de Dieu repose sur lui ; Il est dans son coeur qu'Il brûle d'un zèle inconnu depuis saint Paul, dans son esprit
qu'Il illumine des clartés de l'avenir, dans ses mains qui sèment les miracles par milliers, sur ses lèvres qu'Il ouvre à la parole la plus
prodigieusement puissante qu'on ait entendue. Pendant vingt ans, il parcourt l’Europe entière, et pendant vingt ans l'Europe entière
frémit, palpite sous sa voix puissante. Il prêche dans sa langue maternelle, et est entendu dans tous les pays. Il annonce au monde
qu’il a été envoyé spécialement par le souverain Juge pour annoncer l’approche du dernier des jours. - Comme Pierre, comme Paul,
comme tous les grands missionnaires du christianisme, il prouve sa mission par d'éclatants miracles».
Sanctionnant de sa haute autorité la mission divine de notre prophète, l'Eglise, par l'organe du Souverain Pontife Pie II, la compare à
celle de l'Ange de l'Apocalypse. Elle s'exprime ainsi dans sa bulle de canonisation : «Il eut les paroles de l'Evangile éternel pour annoncer,
comme l'Ange qui volait par le milieu du ciel, le règne de Dieu à toute langue, à toute tribu et à toute nation, et pour démontrer
l’approche du jugement dernier».
Voilà pour l'Europe qui allait entrer en dissolution. Mais il fallait à la cité coupable des avertissements plus personnels. Cette mission
providentielle est confiée au Pape Nicolas V. Ce Pontife, voyant que l’on travaillait inutilement à la conversion des Grecs, leur annonce
de la part de Dieu les préparatifs que les Turcs font contre eux, puis il les presse d'ouvrir les yeux sur leur opiniâtreté passée :
«Selon la parabole de l'Evangile, ajoute-t-il. Dieu attend pour voir si le figuier, après avoir été cultivé avec tant de soin, portera enfin du
fruit ; mais si, dans l’espace de trois années que Dieu leur accorde encore, il n'en porte point, l’arbre sera coupé par sa racine, et les
Grecs seront entièrement accablés par les ministres de la justice divine, que Dieu enverra pour exécuter l’arrêt qu’Il a déjà prononcé
dans le ciel».
Trois ans après, l'orgueilleuse Constantinople était livrée à la fureur des Turcs. Il s’y fit un carnage affreux, le massacre des habitants
dura trois jours, et rien n'échappa à l'épée des vainqueurs. N'avions-nous pas raison de dire que ce châtiment est comparable à celui
de la cité déicide et à celui de la Rome idolâtre !
21
évangélique ; et pendant trois siècles il accomplit aveuglément sa mission providentielle, je veux dire qu'il sert de véhicule
sur son territoire aux messagers de la bonne nouvelle.
- Mais, dans les desseins de Dieu, la Puissance romaine doit être consacrée au service de la vérité : voilà pourquoi à
l'Empire Romain idolâtre succède le Saint Empire Romain1. La chaîne des événements dont il se compose se partage en
trois périodes aussi distinctes que les deux qui précèdent.
- La première, depuis sa fondation par Constantin, converti au catholicisme, jusqu'à la chute de Constantinople (330 à
1453). Pendant cette première période, le Saint-Empire Romain, personnifié dans son premier siège qui est Constantinople,
se dresse comme un obstacle à la manifestation de l'Antéchrist : c'est ce que nous démontrerons au chapitre Vè.
Cette période dure onze siècles.
- Dans la seconde période (1453 à 1806), le titre glorieux de Saint-Empire Romain s'efface graduellement et périt au
commencement de notre siècle ; c'est la période de l’affaissement. L'apostasie n'étant guère qu'à son début, l'Antéchrist
ne se révèle pas encore. L'Apôtre, en effet, nous donne l'assurance que l'apostasie doit précéder l'homme de péché ; ce
n'est donc apparemment qu'au temps où cette défection sera consommée que se manifestera l’adversaire de Jésus-
Christ. C'est dans cette période que l’on entrevoit la construction du second char évangélique.
- Enfin, le laps de temps qui doit s'écouler entre le commencement du siècle présent et la venue de l'Antéchrist, comprend
la troisième période. Quelle en sera la durée ? nous l'ignorons ; mais nous pouvons dire avec certitude qu'elle verra
disparaître de fond en comble l'oeuvre chrétienne formée par le Saint-Empire. Déjà, nous voyons tomber une à
une toutes ces institutions. L'Eglise de Jésus-Christ, ramenée au plus absolu dénuement des siècles de persécutions,
sera réduite à exercer son culte en secret. L'état pauvre, abject et méprisé où la trouva Constantin, n'est qu'une
faible image de la servitude où la réduiront de nouveau la violence et les artifices de son plus terrible ennemi.
Nous appelons cette dernière, la période d'apostasie ; elle débute avec le XIXe siècle et ne doit se terminer qu'à la
mort de l'Antéchrist.
L'Empire Romain, outre la mission de faciliter le cours et la prédication de l'Evangile, ayant reçu un rôle important à
remplir vis-à-vis de l'Antéchrist, il est hors de doute que cet empire ait eu, à toutes les périodes de son existence, une intime
connexion d'une part avec la Cité de Dieu, de l'autre avec le mystère d'iniquité que saint Paul voit reparaître dès le
berceau de l'Eglise et qui doit enfanter l'homme de péché.
Tels sont le rôle et les rapports intimes que nous nous proposons d’exposer dans le chapitre IVè (Troisième mission
de l'Empire Romain). Pour être plus complet et ne rien omettre de ce qui peut éclaircir notre sujet, nous ferons d'abord
connaître le mystère d'iniquité avant et après le déluge. Il est bon de remarquer que le mystère d'iniquité, qui est un
dans ses principes et ses tendances, correspond à tous les âges de l'humanité. Depuis Caïn jusqu'à l'Antéchrist, il forme
une longue chaîne dont tous les anneaux se touchent.
De l'ensemble de ce travail jaillira une lumière plus abondante, à la faveur de laquelle il nous sera facile de suivre le
flot toujours montant de la perversité humaine, jusqu'au jour où elle atteindra son dernier degré de consommation. De là,
matière au chapitre suivant qui servira de préambule à la troisième mission de l’Empire Romain et aux causes qui doivent
amener la chute de cet Empire.

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Message par pierre34 Mer 14 Juil 2010 - 19:39

CHAPITRE III : LES DEUX CITÉS AVANT ET APRÈS LE DÉLUGE
SOMMAIRE : I. Le mystère d'iniquité en général. - II. La Cité de Dieu et la Cité du démon. - Les deux Cités commencent avec le
monde. - Pourquoi Dieu les fait-Il périr indistinctement dans le déluge ? - III. Pour prévenir le mélange funeste, Dieu se choisit un
peuple à part et l'entoure d'un mur protecteur. - IV. Malgré tant de précautions, le mystère d'iniquité se forme au sein du peuple privilégié.
- V. Relativement à la venue du Messie-Libérateur, Juifs et Gentils sont dans une disposition d'esprit diamétralement opposée. -
VI. Le monde fractionné en trois groupes distincts. - VII. Loin d'être détruite, la Cité bien-aimée deviendra le fondement de l'Eglise. -
VIII. L'Eglise est appelée à fusionner deux éléments qui ont toujours paru infusionnables. - IX. Seules, les Nations forment les recrues
de la Cité bien-aimée depuis dix-neuf siècles. - X. Significations du terme discessio, en grec η άποστάσιά.
I. Le mystère d'iniquité, que saint Paul voyait reparaître de son temps, est le travail ténébreux que le démon opère en
opposition avec l'oeuvre de Jésus-Christ. C'est un travail occulte de la part de Satan, dont l'action sur les hommes
échappe à nos regards : sous ce rapport, c'est donc une oeuvre qui tient du mystère. Ce qui n'est pas moins incompréhensible,
mystérieux, c'est de concevoir comment des hommes qui devant Dieu sont comme s'ils n'étaient pas, peuvent
écouter les inspirations d'une puissance ennemie, et tenter de détruire l'oeuvre de l'Etre puissant et fort qui régit le
monde. Ce qui est toujours inexplicable, mystérieux, c'est de voir ces mêmes hommes essayer, d'une part, d'anéantir
l'oeuvre de la Rédemption, oeuvre par excellence de miséricorde et d'amour instituée en leur faveur : et, d'autre part, de
faire triompher l'oeuvre satanique dont le but avoué n'est autre que la haine de Dieu, et, par voie de conséquence, la
perte des hommes.
La mesure dans laquelle s'amasse l'iniquité est encore pour nous pleine de mystères, puisque cette mesure échappe
à la faiblesse de nos regards et que nous ignorons dans quelle proportion monte l'iniquité : par contre, ne pouvant préciser
le jour où elle sera comble, nous ne pouvons déterminer le moment où éclatera la colère de Dieu. Saint Paul
avait donc toute raison d'appeler mystère le travail de la secte antichrétienne.
II. Le Sauveur prêchait ouvertement Sa doctrine en présence des multitudes suspendues à Ses lèvres. Cette doctrine
du Maître, à laquelle il faut joindre Ses fatigues, Ses privations, Ses oraisons continuelles, Ses souffrances et Sa mort,
1 Rome étant détruite par les barbares, l'Empire Romain n'a pas cessé d'exister : telle est l'interprétation de Corneille Lapierre. Au sentiment
contraire il répond : Aliud esse Romam, aliud esse Romanum Imperium ; Romanum enim Imperium et Romanus Imperator sine
Roma consistere possunt...Roma capta ab Hunis et Gothis et postea a Genserico, non desiit Romanum Imperium, nec Romanus lmperator,
uti nec desiit Romanus Pontifex esse S. Léo. Mansit enim tunc Honorius Romanus Imperator, licet Raxennæ degeret... Omnes
Rudulphum Imperatorem modernum vocant Imperatorem Romanum (Corn. Lap. T. XIX, p. 155).
22
tendaient vers un but unique : combattre l'orgueil de l'homme et les convoitises de la chair, rendre l'homme meilleur et
digne de posséder le ciel d'où le péché l'avait exclu. Ceux qui, à l'exemple du Christ et de Ses Apôtres, entreprennent ce
noble et salutaire travail, font partie de la Cité de Dieu sur la terre.
Mais il y a toujours eu, depuis le commencement des siècles, un parti d'hommes inspirés par Satan qui ont tenté de
ruiner l'oeuvre de l'infinie miséricorde. Cette société perverse commence avec le monde, et partout elle se trouve, dans le
cours des âges, mêlée à celle des enfants de Dieu ; toujours châtiée et quelquefois détruite par les effets de la colère divine,
elle renaît sans cesse, se développe, grandit et doit parvenir à l'apogée de ses désirs le jour où l'Antéchrist apparaîtra
sur la terre.
D'un côté, c'est Caïn dont le regard sombre et criminel fuit l'oeil de Dieu. Le fratricide forme une société d'hommes qui,
fidèles imitateurs de leur père, suivent en toutes choses les instincts de l'esprit mauvais. Ils opèrent ainsi l'oeuvre de
l'ange rebelle. C'est donc à juste titre que cette société s'appelle la Cité du diable sur la terre. - Abel, au contraire, plaît
à Dieu parce qu'il Le sert avec amour et fidélité. C'est dans la postérité de Seth surtout que se recrute la Cité de Dieu.
Mais comme le mal a toujours eu plus d'empire que le bien, les oeuvres de la chair prévalurent ; la Cité du mal prit
d'énormes proportions : presque plus de bien nulle part. Pourquoi Dieu, qui vainement avait employé les avertissements
et les menaces et fait preuve d'une patience sans bornes, pourquoi Dieu, dans ces conditions, aurait-il conservé plus
longtemps une race d'hommes qui Le déshonorait, L'insultait, traînant Son image dans la fange ? L'arrêt en est donc porté.
Un déluge d'eau détruira tous les hommes ; seul, le juste Noé sera excepté.
III. Après le déluge, le mystère d'iniquité revêt un caractère nouveau. Voyant renaître la perversité des siècles passés,
voyant l'inclination des hommes pour l'idolâtrie, Dieu change de tactique : Il sépare le bon grain du mauvais, Il se crée un
peuple de choix dans la personne d'Abraham qui Lui est demeuré fidèle. Ce peuple d'élection, Dieu veut qu'il soit enté
sur la foi. Mais avant de devenir le père des croyants, la souche d'une postérité nombreuse, honorée des faveurs et de
l'amitié de Dieu, Abraham devra être soumis aux plus rudes épreuves ; s'il en sort victorieux, les promesses lui seront
faites, et l'assurance lui sera donnée que sa race jouira du privilège exclusif de mettre au monde le Fils de Dieu selon
la chair. Les autres nations seront abandonnées à la dépravation de leur coeur. Dans la crainte qu'il ne devienne
pervers lui-même, le peuple choisi ne devra point communiquer avec le peuple des Nations, il portera même dans sa
chair le signe sensible de son alliance avec Dieu, et tout à la fois la marque visible de son retranchement d'avec l'infidélité.
Dieu lui donne une Loi, écrite de Sa main divine, et lui rappelle ainsi la loi naturelle, gravée dans le principe au fond de
son être. Dieu lui concède un temple, un autel, des prêtres et des sacrifices ; autant de moyens de préserver sa foi, et de
conserver l'amour et le respect qu'il doit à l'auteur de tant de bienfaits. Voilà donc le juste séparé de l'impie : une haie
bienfaisante, un mur protecteur le met à l'abri de la séduction.
IV. Malgré tant de précautions, le mystère d'iniquité sut pénétrer jusqu'au coeur de ce peuple bien-aimé. C'est même
chez lui qu'il revêt une malice inconnue jusqu'alors, et, à chaque page de son histoire, retentit à nos oreilles le cri féroce
et satanique à l'adresse de l'homme juste : «Mettons-le à mort et jetons-le dans une fosse profonde. - Cernons le Juste,
emparons-nous de sa personne, parce qu'il s'oppose à nos complots. - Opprimons la vertu, reléguons-la dans les profondeurs
de la terre. - Effaçons sa mémoire du milieu des hommes et partageons-nous ses dépouilles. - Nous ne voulons
pas qu’Il Règne sur nous. - Nous Lui préférons Barabbas. - Otez-Le ; crucifiez-Le».
Ici le trait caractéristique du mystère d'iniquité, ce n'est plus la corruption de la chair : il faut croire cependant qu'elle
existe, mais il n'en est point question, sa malice se porte ailleurs. Il s'agit ici d'un péché bien autrement grave. C'est une
guerre à outrance, une lutte à mort contre l'homme vertueux : image vivante de Dieu sur la terre. Sa présence est
une gêne, Ses paroles un blâme, Ses actions une censure, Sa vue un reproche qu'on ne peut souffrir. Il doit être effacé,
rayé; Il est condamné à disparaître pour toujours : «Eradamus eum de terra viventium et nomen ejus non memoretur amplius
».
Cette guerre à la vertu, à l'innocence, à l'Envoyé de Dieu commence avec les enfants de Jacob. Ils ont conçu contre
Joseph une haine implacable ; sa mort est résolue. Plus tard, c'est aux prophètes que s'attaque le mystère d'iniquité.
Ces envoyés de Dieu ont mission de parler ouvertement, de reprocher au peuple indocile ses crimes et l'endurcissement
de son coeur. Loin de s'humilier, ces futurs déicides se ruent sur les prédicateurs importuns et les font mourir par les plus
affreux supplices. Enfin, Dieu leur députe Son Fils unique : Sa douceur les irrite, Ses miracles provoquent leur colère,
Ses bienfaits font naître chez eux des projets homicides. Il leur découvre avec charité la perversité de leurs coeurs, ils
frémissent de rage. Il se dit le Fils de Dieu, Dieu Lui-même, égal en toutes choses à Son Père, et leur en donne des
preuves accablantes : la sentence de mort est prononcée. En leur présence, Il ressuscite Lazare, mort depuis quatre
jours ; c'en est trop, le mystère d'iniquité tient conseil : «Que faisons-nous ? disent les Princes des Prêtres, les Scribes et
les pharisiens, nous n'avançons à rien». Il se dit Dieu, et nous avons hâte d'arriver à nos fins. Donc, tous à l'oeuvre et au
plus vite.
V. Il nous est facile de conclure que Juifs et Gentils présentent à la naissance du Messie Libérateur une disposition
d'esprit diamétralement opposée. Les Gentils, tout entiers à l'idolâtrie, ont cependant assez de lumière pour sonder la
profondeur de l'abîme où ils sont plongés, et l'impossibilité où ils sont d'en sortir d'eux-mêmes et sans le secours du Restaurateur
de toutes choses. Ils sont dans l'attente de l'Envoyé extraordinaire que le ciel leur promet ; de leur coté, il n'y a
donc point d'hostilité contre Lui. Tout au contraire, ils hâteraient Sa venue si ce pouvoir leur était donné. Certains qu'ils
sont de la proximité de Son apparition, on les voit anxieux et empressés à Le recevoir ; ils n'attendent que le signal de Sa
manifestation.
Cette disposition des esprits chez les Gentils nous est clairement indiquée par la conduite des Mages. Ils se tiennent
en éveil. Le signe du grand Roi apparaît ; de suite ils se mettent en marche, heureux de constater le lieu de Sa naissance
et de lui offrir leurs adorations.
VI. On voit qu'au moment où les Juifs consomment le mystère d'iniquité, le monde entier, sous le rapport qui nous occupe,
se trouve fractionné en trois groupes distincts :
23
1° Le peuple des Nations : c'est le monde païen. Bien que livré au culte des idoles, il attend le Réparateur promis et
se dispose, suivant l'idée qu'il s'en forme, à lui faire bon accueil. Ajoutons que nombre d'entre eux, tels que les Mages,
méritent de faire corps avec la Cité de Dieu, à laquelle, sans le savoir, ils sont unis d'esprit et de coeur.
2° La Cité de Dieu proprement dite. Elle vit au sein du peuple déicide et en forme la plus petite partie. Ce sont les
saintes femmes, les disciples, les Apôtres, en un mot, toutes les âmes dévouées à Notre-Seigneur Jésus-Christ.
3° La Cité du démon. C'est le corps de la nation juive, Saducéens et Pharisiens sont à leur tête ; c'est chez eux
que se consomme le mystère d'iniquité. On y médite les plus noirs complots contre le Juste par excellence : haïr le
Sauveur, Le couvrir d'opprobres, et avant tout Le rayer du nombre des vivants, tel est le mobile de toutes leurs actions, la
raison de leurs assemblées, le terme de leurs aspirations. Ces chefs, mille fois plus coupables que les Gentils, forment
avec ceux qu'ils conduisent et qu'ils inspirent le peuple ingrat, révolté, homicide qui tuait hier ses prophètes et qui aujourd'hui
crucifie son Dieu.
VII. En présence de cet état de choses, quelle sera la conduite de la Providence ? Il est manifeste qu'elle ne se trouve
plus, comme autrefois, dans la dure alternative ou de blesser les droits imprescriptibles de Sa justice, ou d'anéantir la
race des hommes ; car si Dieu se trouve en face d'une Cité criminelle et impénitente que Sa justice va détruire, pourrait-Il
d'autre part oublier la Cité qui n'a cessé de combattre avec Lui ? Pourrait-Il l'envelopper dans une ruine commune ? Pourrait-
Il être aimé des Siens sans les payer de retour ? Soyons donc sans crainte. Les justes, loin de périr, recevront de leur
divin Fondateur les marques les plus sensibles de tendresse et de confiance. Le Maître les établira intendants de Sa
maison, ambassadeurs de Son Royaume. Tel est le but qu'Il atteint dans l'établissement de Son Eglise. La Cité bienaimée
en forme le premier noyau. Le Sauveur y choisit Ses douze Apôtres. Ce sont les douze colonnes qui supportent
cette construction merveilleuse. Il établit Pierre chef suprême de la Cité nouvelle. Il lui communique tout ensemble la solidité
et la dureté du roc, afin que l'Edifice qui repose sur cette pierre vivante puisse toujours, à travers les siècles, défier la
main destructive du temps et les menaces de la tempête.
VIII. Il est à remarquer que cette Eglise sainte et radieuse, que Jésus-Christ vient de fonder sur la terre, est appelée
à fusionner deux éléments qui paraissent inconciliables. Juifs et Gentils, divisés autrefois comme aujourd'hui de race et
de croyance, en se réunissant un jour dans l'Eglise, ne feront plus qu'un avec le peuple des Nations, n'ayant qu'un seul
baptême, qu'un seul Maître. Mais avant qu'ils chantent leur cantique à la louange de Notre-Seigneur : «Benedictus qui
venit ni nomine Domini ; Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur», avant cette époque que nous voudrions hâter de
nos voeux, la fusion demeure impossible.
Cette réunion parfaite, nous aimons à le faire remarquer, vient de s'opérer partiellement au jour mémorable de la
première Pentecôte chrétienne. En ce jour béni où chaque peuple de la terre, ou plutôt le souffle divin, envoie des quatre
coins de l'univers à Jérusalem Ses représentants, la Cité de Dieu qui vit au sein du peuple juif, Cité de race juive, formée
des Apôtres, des disciples et de tant d'autres qui partagent la doctrine du Sauveur, fusionne avec le peuple des Nations.
Cette multitude, venue de toutes les parties du globe, ne formera désormais qu'une société, unie par les liens les plus
étroits d'une même religion. Dociles à la voix de Pierre, dont l'Esprit-Saint se sert pour les éclairer, ils n'ont tous qu'une
même Foi, une même Espérance, un même Amour. Les intérêts qui les unissent ensemble sont d'un ordre tellement
supérieur à ceux de la terre, les biens mis en commun ont une telle valeur si on les compare aux biens d'ici-bas, que
cette variété de nations, oubliant les biens périssables, ne forme plus qu'un peuple unique, le peuple chrétien. Si parfaite
doit être la fusion, que l'Apôtre ne veut plus qu'il soit question parmi eux ni de Grec, ni de Romain, ni de Juif, ni de Gentil ;
tous tairont ces distinctions de nationalités, se souvenant avant tout qu'ils sont disciples du Christ. Tous participant aux
sacrements, assis à la même table, buvant à la même coupe, se nourrissant de la même chair divine, se rappelleront
qu'ils sont les membres du même corps, n'ayant qu'un Chef, Notre-Seigneur Jésus-Christ. (Rom. X)
L'Eglise, en attendant ce retour à l’unité, se présente aux regards d'Israël, comme un stimulant, les provoquant à revenir
à la foi de leurs Pères. De même que, dans l'ancienne Loi, le peuple juif était une lumière pour l'infidélité, de même
dans la Loi nouvelle – mais les rôles sont changés – Dieu dresse Son Eglise comme une colonne de vérité à la face des
Juifs, afin qu'elle amollisse leurs coeurs endurcis et les ramène à l'adoration du Fils de Dieu qu'ils ont rejeté1.
IX. D'après ce que nous venons de dire, il est facile de conclure que le peuple des Nations est aujourd'hui le bienaimé,
puisque jusqu'à ce jour – à part le noyau juif dont nous avons parlé, – il est entré seul dans l'Eglise de Jésus-Christ
; puisque le corps entier de cette divine société, y compris la tête, ne se recrute que parmi les Gentils ; non pas que les
Juifs soient malicieusement exclus de la communauté de ses biens spirituels, mais ils demeurent réfractaires à l'action
bienfaisante, et le flambeau qui porte la chaleur et la fécondité jusqu'aux dernières limites de notre globe, n'éclaire dans
le camp d'Israël que des aveugles qui se dérobent à la clarté du jour.
Pour nous, Gentils, ayant dans notre enceinte le foyer de la lumière, possédant chez nous cette Eglise auguste, dont,
par privilège, nous sommes les membres, et jouissant de cette faveur inestimable depuis tantôt vingt siècles, une crainte
involontaire devrait envahir notre âme ; cette crainte, c'est l'Apôtre qui nous l'inspire et son langage nous fait croire qu'elle
est fondée.
Il est à craindre que les Nations, depuis si longtemps préférées aux Juifs, ne prennent de là occasion de s'enorgueillir.
Il est à craindre que cette suffisance à l'endroit d'Israël ne les aveugle elles-mêmes ; il est à craindre qu'elles oublient Celui
qui les a réhabilitées et ennoblies, placées et maintenues dans une condition mille fois préférable à celle de leurs
frères, et, qu'au lieu de retourner à Jésus-Christ toute louange, elles n'attribuent effectivement cette supériorité à leurs
mérites personnels. Il est à craindre que Dieu, à son tour, ne se retire d'elles, et ne les abandonne à l'esprit de vertige. Il
est à craindre que Dieu fatigué de leurs crimes, outré de leurs ingratitudes, ne les rejette loin de Sa face, et que leur état
ne devienne pire que celui des Juifs déicides.
1 Rom. XI, 2 : «Par le péché des Juifs, le salut est venu aux Gentils» qui devaient aussi leur donner de l’émulation. Saint Paul (verset
14) essaie d'exciter chez ceux de sa race une sainte émulation par I'exemple des Gentils.
24
Saint Paul, celui de tous les fils d'Israël qui a vu le plus clair dans les destinées de ces deux peuples, en nous annonçant
clairement, d'une part, que l'incrédulité a été la perte des Juifs et la cause de leur réprobation, nous fait entendre, de
l'autre, que l'esprit de vertige et d'orgueil doit aussi frapper un jour les Nations superbes et les rendre apostates. Il dit ouvertement
que l'endurcissement d'Israël nous a valu dans l'ordre spirituel d'incomparables richesses, la connaissance de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, et, en même temps qu'il nous révèle avec une certaine réticence le secret qui lui tient au
coeur, il nous donne à comprendre que notre suffisance et notre mépris des Juifs tombés, attirera le même fléau sur
nos têtes superbes.
Ce crime d'apostasie, contre lequel le peuple des Nations vient d'être prémuni, l'Apôtre, écrivant aux Thessaloniciens,
assure qu'il arrivera un temps où ce crime sera consommé chez elles, et que cette époque précédera la venue de
l'Antéchrist.
X. Le terme discessio, que les traductions rendent par le mot français apostasie, défection, embrasse les trois significations
suivantes, comme on peut le voir dans Corneille Lapierre :
1° Apostasie de la foi chrétienne chez le peuple des Nations, c'est-à-dire rejet absolu de toute révélation. Cet état, le
plus funeste que l’on puisse imaginer, découle du suivant. Il enfantera au sein de la société chrétienne le déisme, le rationalisme,
le darwinisme et toutes les élucubrations que nous réserve l'esprit satanique.
2° Défection à l'égard du Pontife de Rome. Par là, on doit entendre que les Nations se sépareront de la foi romaine,
c'est-à-dire de l'Eglise catholique, et embrasseront le schisme et l'hérésie. Cet état intermédiaire sera le fruit
de celui que nous plaçons en troisième lieu.
3° Affaissement progressif et disparition totale du Saint-Empire Romain. C'est le premier dans l’ordre des temps, au
sentiment de Corneille Lapierre. Il arrivera infailliblement par la désorganisation de la puissance temporelle établie par
Constantin et Charlemagne en vue de défendre, par le glaive, l'Eglise de Dieu sur la terre.
En ce qui touche la royauté temporelle du Pape, les conséquences logiques qui découlent de ces explications sont la
disparition du domaine temporel dont le Saint-Empire dota jadis l'Eglise de Rome ; ensuite l'abandon complet où se trouvera
réduit le Souverain-Pontife, par suite du principe de non-intervention et par le retrait de tout bras protecteur. Tout en
conservant le sens exact de Corneille Lapierre, nous pouvons encore traduire le terme discessio et surtout l'expression
grecque, η άποστάσιά, par le mot français la Révolution. Tel est le sens rigoureux de sa définition générale dont voici en
note le texte latin1.
Enfin, nous ne pouvons nous empêcher de mettre en évidence le sentiment si judicieux de notre commentateur qui
pense que le terme de la Vulgate discessio signifie en premier lieu l'effacement complet du Saint-Empire Romain, indiquant
ainsi le renversement du principal obstacle à la venue de l'Antéchrist. Nous sommes donc fondés à croire que
l'abaissement progressif du Saint-Empire donnera libre cours à l'apostasie générale des Nations, dont il sera comme le
précurseur, et que cette apostasie enfantera l'homme de péché sous le règne duquel elle recevra sa consommation.

pierre34
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Message par pierre34 Mer 14 Juil 2010 - 19:41

CHAPITRE IV (TROISIÈME MISSION DE L'EMPIRE ROMAIN)
L'EMPIRE ROMAIN, SECONDANT LES VOEUX DE L'APÔTRE, RETARDE LA VENUE DE L'ANTÉCHRIST.
SOMMAIRE : I. Enumération des principaux faits à étudier touchant l'Antéchrist. - II. La Cité de Dieu mérite plus que jamais de voir
graviter autour d'elle les événements qui agitent le monde. - III. L'Enfer dut se déchaîner contre l'Eglise dès son berceau et hâter la venue
de l'homme de péché. - IV. Une intervention divine et éclatante devient nécessaire pour arrêter le flot dévastateur. La raison la réclame,
saint Paul l'annonce en termes couverts. - V. Cette intervention a lieu effectivement par l'étonnante conversion des Empereurs.
- VI. Saint Paul dit qu'un obstacle s'oppose à la manifestation de l’Antéchrist. - Quel est cet obstacle ? – VII. Prédictions contenues
dans le texte de saint Paul. - Leur rapport avec la vision de Daniel. - Signification de la quatrième bête et de ses dix cornes. - VIII. Motifs
pour lesquels saint Paul emploie des termes couverts pour désigner l'Empire Romain. - Les saints Pères, plus explicites, laissent
voir la pensée de l'Apôtre. - IX. Comment l'Empire Romain, même idolâtre, a-t-il pu être un obstacle à la manifestation de l'Antéchrist. -
X. Le démon, ne pouvant plus tuer les corps, s'en prend au mur d’enceinte lui-même. – XI. Justement frustrés de la bénédiction divine
et de l'Empire du monde, les Juifs vouent au peuple des Nations une haine implacable. - XII. Précautions prises par les rois chrétiens
pour la sûreté publique. - XIII. Cette conduite prouve que les voeux de l'Apôtre ont été exaucés.
I. L'Antéchrist étant le coryphée de l'apostasie des Nations, le type le plus accompli des aspirations de Satan, condensant
dans sa personne tous les voeux sacrilèges formés par la secte antichrétienne depuis le commencement des
siècles, il importe de savoir si ce personnage extraordinaire sera produit dans le monde par la voie ordinaire, ou s'il doit
être une réelle et vivante incarnation du démon ? A quelle race il appartiendra et quel peuple lui donnera naissance ?
Cette apostasie, au moment où elle apparaît, a sans doute des ramifications dans les générations antérieures ? Peut-être
nous faut-il en voir les traces dans les premiers âges du christianisme ? Mais alors, pourquoi dix-huit siècles pour obtenir
si peu de progrès ? D'où vient ensuite ce développement subit ? Faut-il admettre qu'un obstacle s'est dressé dans le
cours des âges, et que le monstre refoulé, comprimé sous le poids d'un pied robuste, s'il a parfois soulevé sa tête menaçante,
n'a pu toutefois, durant cet intervalle, se débarrasser des étreintes et rester vainqueur dans la lutte ?
A ces questions du plus haut intérêt se rattachent les principaux faits de l'histoire. Nous essaierons, en les groupant,
de leur donner leur raison d'être à la lumière des saintes Ecritures.
II. Dans ce travail d'investigation, deux points doivent fixer nos regards : c'est, d'une part, la Cité de Dieu qui brille au
firmament des âges avec un éclat toujours croissant ; de l'autre, le mystère d'iniquité qui s'efforce de détruire l'action salutaire
de Dieu sur les hommes.
1 Dicessio, η άποστάσιά, id est defectio et rebellio qua quis déficit a suo principe, illique rebellat, scilicet illa insignis, plena et generalis
(hoc enim induit articulus η) et generale nomen apostasiæ, quod nulla hic gentis aut loci nominatione restringitur aut determinatur, qua
scilicet pleræque et passim omnes gentes discedent et déficient tum a Romano Imperio, tum conséquenter a Romano Pontifice et Ecclesia,
tum denique a fide et Christo.
25
Depuis le commencement du monde jusqu'à la fondation de l'Eglise où nous sommes arrivés, nous en avons suivi la
trace. Ces points de repaire ont été la raison d'être, le lien nécessaire et tangible des grands événements qui se sont
succédé dans le cours des siècles. Sans eux, tout reste inexplicable : le déluge et l'arche de Noé, la tour de Babel et la
confusion des langues, la dispersion des peuples et l'élection d'Abraham ; l'histoire du peuple de Dieu tout entière, ses
victoires et ses défaites, enfin sa réprobation et l'appel des Gentils ; tous ces faits, ramenés aux deux points en question,
se suivent, se lient ensemble et composent un tout, une immense chaîne dont tous les anneaux se touchent et dont nos
Livres saints nous donnent l'intelligence.
Pourquoi n'en serait-il pas de même après l'établissement de l'Eglise et pendant la période de sa longue durée sur la
terre ? Son passage à travers le monde tracerait-il un sillon moins lumineux que précédemment ? Aurait-elle moins de
vertu qu'autrefois pour attirer les regards du Très-Haut ? Ne mériterait-elle plus de faire graviter autour d'elle, comme autour
de leur centre commun, les événements qui se déroulent dans le monde ? Au contraire, est-ce que cette Eglise bienaimée,
formée par le Christ en personne, n'est pas mille fois plus florissante que n'était la Cité de Dieu au temps du
peuple juif ? Au lieu de ne renfermer, comme jadis, qu'un petit nombre de citoyens, ne les compte-t-elle pas par milliers
dans son sein ? Au lieu d'être circonscrite dans l'enceinte d'Israël, na-t-elle pas étendu ses conquêtes par tout l'univers,
et n'est-elle pas destinée à le soumettre en entier à la domination du Christ-Roi ?
III. S'il en est ainsi, peut-on croire que l'enfer ne s'est pas déchaîné sur la terre ? que le démon n'a pas employé ruse
et artifice pour bouleverser le monde et grossir le nombre de ses adeptes ? La Cité impie aurait-elle vu d'un oeil indifférent
diminuer son empire en raison des accroissements du christianisme ? Aurait-elle vu sans frémir les nombreuses recrues
qui ont passé dans le camp des saints ? La rage infernale ne dut-elle pas être à son comble, lorsqu'elle apprit que l'Eglise
fondée par Jésus-Christ était impérissable ? Dans ces conditions, peut-on supposer que Satan n'a pas mis tout en oeuvre
pour hâter la venue de l'homme de péché, cet autre lui-même, ce conquérant qu'il sait par les saintes Lettres devoir lui
soumettre la terre entière ? Mais alors, il faut croire qu'à l'origine même du christianisme, a côté de l'Eglise sainte et bienaimée,
s'est formé le mystère d'iniquité, et que l'Enfer, irrité comme une légion de bêtes féroces, s'est rué sur le camp
des saints.
Ces faits, qu'un examen attentif nous amène à prévoir, l'Ecriture et l'histoire de l'Eglise nous font connaître de point en
point leur accomplissement.
Que le mystère d'iniquité se soit formé au sein de l'Eglise naissante, saint Paul nous le dit ouvertement : Mysterium
jam operatur iniquitatis (II Thess., II, 7). Qu'il y ait eu des hérésies, des schismes, il nous en informe dans son Epître aux
Corinthiens : «J’apprends y dit-il, qu'il y a parmi vous des divisions et des ruptures». (I Corinth., XI, 18) Saint Jean parle
de son côté de Diotrèphe comme du schismatique le plus emporté. Personne n'ignore avec quel zèle les judaïsants voulaient
introduire l'obligation d'observer les rites de la Loi mosaïque, entre autres la circoncision et la distinction des
viandes. On sait qu'il fallut un concile tenu par les Apôtres pour tuer dans son germe une erreur des plus injurieuses à
Notre-Seigneur, à l'efficacité de Sa grâce et à la vertu de Sa mission divine. Des esprits turbulents mettaient le désordre
et la confusion dans l'Eglise de Dieu. Ils se séparaient du corps des Pasteurs, altéraient les saintes Ecritures et les expliquaient
suivant leur sens dépravé1.
En même temps qu'il tente la ruine de l'Eglise de Dieu par la discorde, le schisme et l'hérésie, Satan veut encore la
noyer dans le sang. Dans ce but, il souffle partout la haine du nom chrétien. Pour mieux réussir, il gagne à sa cause la
puissance des Empereurs. Le feu, le fer, le glaive, le plomb fondu, les grils, les chevalets, Satan met tout en oeuvre ; et
par tout l'Empire, et par toute la terre et sur toutes les mers, il agite tout, bouleverse tout, jurant d'anéantir la Cité de
Dieu.
Sûrs de l'impunité, parce qu'ils sont les maîtres du monde, les tyrans exercent leur rage avec la dernière cruauté. Le
sang coule de toute part en telle abondance que l’on entrevoit dans la férocité des Néron et des Domitien l’homme de
péché. Plusieurs pensent même que l'Eglise de Jésus-Christ touche à sa dernière phase et croient distinguer, sous les
traits sanguinaires et artificieux du despote, l'Antéchrist en personne annoncé par saint Paul. Ces persécuteurs, il est
vrai, ne sont pas encore l’impie en question, toutefois ils en sont les précurseurs incontestables, les images vivantes, et,
par la similitude des caractères, nous reconnaissons aisément le voisinage du fils de perdition, dont l'Enfer hâte sensiblement
la venue.
IV. En cela il n'y a rien qui puisse surprendre ; au contraire, Satan agissant en maître absolu sur le monde, et le gouvernant
par les suppôts voués à sa cause et héritiers de sa haine, il est indubitable que la manifestation de l’homme de
péché, si elle suit son cours, devra se produire à bref délai, et qu'elle ne peut être empêchée que par une intervention divine
qui mette obstacle aux criminels projets de Satan.
Cette intervention aura-t-elle lieu ? Nous le verrons à l’instant : l'étude de la question nous démontre clairement que la
Providence, dont la conduite est sage, dont la parole ne peut manquer d'atteindre Ses fins, se doit à elle-même de ne pas
donner libre cours à la malice du démon, ni permettre incontinent l'apparition de l'Antéchrist.
Rappelons d'abord sommairement les raisons de convenance exposées plus haut.
Il était juste que la Cité de Dieu, cachée depuis trois siècles dans les catacombes, célébrât à ciel ouvert les louanges
du Maître de toutes choses. Si l'oeuvre divine fût restée indéfiniment dans les antres de la terre, le démon eût fait croire
aux hommes que le culte des chrétiens était de contrebande. Le Souverain de l'univers devait à Sa dignité de produire au
grand jour la société qu'Il avait fondée en personne. Après l'épreuve, Il devait la récompense. L'Eglise, pendant l'ère des
persécutions, n'était qu'à la période de sa formation ; l'ordre des choses exigeait, qu'au lieu de la détruire, son auteur lui
1 La doctrine de ces novateurs contient en principe celle de toutes les hérésies qui se développèrent dans la suite. Ainsi les Ariens
descendent en ligne droite de Cérinthe et d'Ebion contre lesquels saint Jean écrivit son Evangile. Les Nestoriens et les Eutychéens ont
de même, par avance, été réfutés par cet Apôtre. Le Pélagianisme et tout ce qui tient à cette hérésie n'est, au sentiment de saint Augustin,
qu'un Judaïsme déguisé, introduit dans l'Eglise dès sa naissance. Il éclata d'abord à Antioche, donna lieu au concile de Jérusalem
et fut combattu par saint Paul dans ses Epîtres aux Galates, aux Romains et aux Hébreux.
26
accordât croissance, développement et prospérité. Semblable à une plante, l'Eglise avait besoin, d'abord, de prendre
racine ; aussi, trois siècles durant, elle est arrosée par le sang des martyrs : mais, l'arbuste une fois enraciné, c'est le devoir
du jardinier de le laisser croître, s'étendre et rapporter son fruit. A l'ère des persécutions, ne doit donc pas succéder
pour l'Eglise l'ère de l'effacement, et, moins encore, celui de la destruction ; c'est, au contraire, pour cette divine et féconde
société le temps de se recueillir, de combiner ses moyens d'action, de se répandre et de rapporter des fruits
dignes du céleste jardinier, c'est-à-dire de prêcher ouvertement l'Evangile par toute la terre, de procéder à la conversion
des royaumes et des peuples, et de les amener soumis et croyants aux pieds du Christ souverain des Nations.
Ces raisons de convenance prouveraient, à elles seules, la vérité de notre thèse ; mais nous avons de plus la parole
de saint Paul qui nous assure que l'impie ne doit venir qu'après l'apostasie générale de la foi ; or, pour que les Nations
deviennent apostates, il faut que l'Evangile, sortant des catacombes, s'impose de lui-même et sans contrainte ; il faut que
le peuple romain, en reconnaissant la fausseté de ses idoles, l'accepte de grand coeur et le pratique. Ce n'est qu'après
cette acceptation et cette profession volontaires que saint Paul aperçoit dans le lointain des âges, les Nations infidèles à
Dieu rejeter leur croyance, répudier leur foi, méconnaître Celui qu'elles auront adoré pendant des siècles. A cette époque
seulement, nous le répétons, l'Apôtre voit poindre l'apostasie. Puis il ajoute que cette défection, ce rejet de la foi sera suivi
de l'apparition de l'Antéchrist en personne. Donc, soyons sans crainte, bien que le démon nous ait montré dans les
Empereurs païens des images sensibles de l’adversaire du Christ, bien qu'il ravage la Vigne du Seigneur, bouleverse tout
sur la terre et hâte de ses voeux l'avènement de cet impie qui osera s'asseoir dans le temple de Dieu, se fera passer pour
Dieu Lui-même, de cet homme de péché qui exterminera les saints, suscitant contre l'Eglise la plus sanglante et la plus
artificieuse des persécutions ; cependant cette Providence, nous venons de nous en convaincre, ne donnera pas incontinent
libre cours à la rage de Satan.
Mais alors, on le conçoit, il faut une intervention divine ; et elle ne peut être que manifeste, si l'on pense à la violence
du courant. A l'immensité, à la profondeur du flot envahissant, il faut une digue en rapport avec la poussée qu'elle rencontre.
Cette intervention d'en haut sera donc visible, éclatante. Cette poussée, ce flot dévastateur, c'est la puissance
romaine, puissance sans égale dans le monde, mise tout entière au service de la Cité du démon. Donc, l'obstacle qui devra
se dresser devant cette rage toute-puissante et paralyser ses efforts, ne pourra être suscité que par un bras toutpuissant.
Ce pied robuste que nous verrons se poser sur la tête du monstre, de ce dragon qui est l'âme de la Cité du mal,
sera un fait miraculeux, ménagé par l'infinie Miséricorde. Ce lion rugissant qui déchire impunément les brebis du Pasteur,
qui donc le terrasserait ? Ce sanglier géant, fougueux, sans rival, qui donc, sinon une main divine, aurait la force de le
réduire à l'impuissance ?
V. Disons-le de suite, ce problème qui surpasse de beaucoup les forces de l'homme, la Providence le résout par la
soudaine et étonnante conversion des Empereurs païens ; et par là elle fonde le Saint-Empire Romain dans la personne
de Constantin le Grand.
Qui ne voit de suite la grandeur et le merveilleux de cette victoire ! Les projets de Satan sont renversés ; l'Antéchrist
que l’on attendait à bref délai, le voilà renvoyé à de longs siècles ; le flot qui menaçait de tout engloutir, non content d'arrêter
sa course furibonde, retourne en arrière. En lui imprimant une direction toute contraire, la Providence lui assigne
pour mission de tout entraîner à sa remorque. Le voilà, ce pied robuste, posé désormais sur la tête du monstre ! Changé
en brebis docile, mais conservant sa force première, le lion rugissant protégera désormais le troupeau de Jésus-
Christ ! Le sanglier géant, sans rival, abandonnant sa férocité naturelle, se fera le défenseur de la Cité bien-aimée !
VI. Maintenant il nous sera plus facile d'entendre saint Paul sur cette question. Après avoir dit que, déjà de son temps,
s'opère le mystère d'iniquité qui devait produire l'Antéchrist avant les temps fixés, si les événements eussent suivi leur
cours, il ajoute qu'un obstacle le retient ; puis, en termes voilés, il désigne cet obstacle et souhaite qu'il dure aussi longtemps
que possible (II Thess., II, 6, 7, Cool. Les saints Pères ayant compris que l'obstacle désigné par saint Paul est
l'Empire Romain, nous concluons de suite qu'au témoignage de l'Apôtre la puissance romaine arrête, pour un temps, le
cours et la manifestation de l'Antéchrist1.
Mais, n'est-ce pas principalement après sa conversion que l'Empire Romain devient un obstacle à la venue du fils de
perdition ? Jusqu'alors, au contraire, et avant cette conversion, cet Empire lui préparait les voies, accomplissait ses voeux
sanguinaires, exterminait les saints. Travaillant d'après ses inspirations, il était l'exécuteur fidèle de ses criminelles volontés.
Aussi, ses oeuvres colossales, ses entreprises merveilleuses, il les appliquait à développer le règne de l'Antéchrist et
à détruire le Règne de Dieu. Si donc saint Paul souhaite que cet Empire Romain dure longtemps pour éloigner l'avènement
de l'impie qu'il redoute pour l'Eglise, s'il parait inviter les fidèles à prier pour la conservation de cette puissance, il
semble évident que l'Apôtre parle avant tout de l'Empire converti, qu'il sait, par une vision claire de l'avenir, devoir se
faire chrétien et protecteur de l'Eglise qu'il persécute.
VII. Ces paroles renferment donc les prédictions suivantes :
1° la conversion du colosse romain annoncée plusieurs siècles avant son accomplissement ;
2° que le Saint-Empire Romain sera l'obstacle destiné par la Providence à retarder l'éclosion et l'avènement de l'Antéchrist,
et, par contre, à défendre de sa vaillante épée l'Eglise de Jésus-Christ contre les agressions de Ses ennemis ;
3° que la chute de cet Empire sera le signal de l'apostasie générale qui doit enfanter l‘homme de péché ; en effet,
l'obstacle étant enlevé, le monstre aussitôt de lever la tête et de reprendre le cours de ses projets ; c'est ce que l'Apôtre
exprime en toutes lettres aux versets suivants 4 et 8. «Et alors, dit-il, apparaîtra I'IMPIE, LE FILS DE PERDITION qui se
pose en ennemi, et s'élève au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu, ou qui est adoré, jusqu'à s'asseoir dans le temple
de Dieu, se faisant passer lui-même pour Dieu» (II Thess., II, 8, 4)
1 Pour ne pas entraver la marche du raisonnement nous remettons les citations si concluantes des saints Pères au § VIII.
27
On peut inférer de là que la puissance de l'Antéchrist se fraiera passage au moyen du glaive, et, qu'en détruisant
l'Empire de la force consacrée à Jésus-Christ, elle accomplira l'oeuvre satanique, étant elle-même devenue puissance
très redoutable.
Ainsi cette prédiction de saint Paul a des rapports frappants avec la vision de Daniel (VII). Ce prophète voit une quatrième
bête prodigieusement forte ; sur sa tête, poussent dix cornes ; puis, il en surgit une onzième qui détruit les dix
premières.
Par cette quatrième bête et ses dix cornes, les saints Pères et les commentateurs entendent l'Empire Romain, et l'ensemble
des royaumes chrétiens qui se sont établis sur son territoire. Avant de recevoir des cornes, c'est la bête, et rien
que la bête avec sa force prodigieuse mise au service d'appétits bas et féroces.
Tel est l'Empire Romain avant sa conversion ; c'est la force brutale et sanguinaire, s'il en fut jamais ; qu'on se rappelle
l'histoire des persécutions. Les dix cornes qu'elle reçoit indiquent son fractionnement, et en même temps, la royauté véritable
dont elle est investie et qu'elle n'avait pas auparavant : «Servire Deo, regnare est. Servir Dieu, dit saint Paul, c'est
être vraiment roi».
C'est la royauté de Jésus-Christ acceptée par l'Empire Romain qui, de ce jour, devient particulièrement le champ fécondé
par les sueurs des ouvriers évangéliques ; c'est donc sa conversion que le prophète annonce à dix siècles de distance.
La bête qui vient de perdre ses instincts reste puissance : la corne en étant le symbole, mais puissance protectrice
: la corne étant aussi l'instrument de la défense. C'est indiquer la mission de l'Empire converti, ou le Saint-Empire
Romain mis au service de l'Eglise de Dieu, c’est encore donner à conclure que toute principauté chrétienne a le devoir de
mettre son épée au service de la plus sainte des causes. Dans la onzième corne, les interprètes voient l'Antéchrist qui
doit vaincre et soumettre les dix premières à sa domination. Cette explication relative à la onzième corne est, aussi bien
que la précédente, en parfait accord avec le texte de saint Paul. En effet, l'Apôtre dit (versets 4, 7, Cool qu'au moment de la
disparition du Saint-Empire Romain, apparaîtra «l’impie qui se pose en ennemi, s'élève au-dessus de ce qui est appelé
Dieu, se faisant adorer dans le temple et passer pour Dieu lui-même» ; l'Apôtre, en un mot, semble dire que l’exaltation
de l’impie est la conséquence et même la cause de l'abaissement et de la destruction de l'Empire. Daniel, de son côté,
annonce qu'une onzième corne s'élève et terrasse les dix autres1. Par là, les deux textes se complètent l'un l'autre, et
donnent à comprendre que l'Antéchrist, en se révélant peu à peu par l'apostasie dont il sera précédé, fera disparaître
l'Empire Romain et le détruira lui-même, de fond en comble, au jour de son apparition. Ainsi encore l'a compris la Tradition,
comme nous le voyons au § suivant.
VIII. Pour annoncer que l'Empire Romain est l'obstacle désigné par la Providence afin de retarder la manifestation de
l'Antéchrist, et que la chute du colosse sera le signal de l'avènement de l’homme de péché, saint Paul emploie des
termes qui voilent sa pensée : «Seulement, dit-il, que CELUI qui LE retient, LE retienne jusqu'à ce qu'IL meure»2.
C'est afin de ne pas choquer l'orgueil des maîtres du monde, qui croyaient leur Empire indestructible, que saint Paul
évite d'employer un terme désignant clairement l'Empire Romain. Mais le sens de ce passage, qu'il a voilé par raison de
prudence, se trouve expliqué par la Tradition.
En effet, une tradition existait à ce sujet parmi les premiers chrétiens, et voici comment elle s'était accréditée :
Lorsque l'Apôtre était au milieu de ses chers Thessaloniciens, il leur avait dit de vive voix ce qui retenait l'Antéchrist,
de sorte qu'ils connaissaient par avance l'obstacle qui s'opposait au développement et à la production de l’homme de péché
: «Et vous savez, leur dit-il, ce qui le retient maintenant... Ne vous souvient-il pas que lorsque j’étais encore avec
vous, je vous disais ces choses ?» (Versets 15, 16) Cet obstacle que les Thessaloniciens savaient de la bouche de saint
Paul, la Tradition l'a transmis et nous le fait suffisamment connaître ; elle nous dit, par la bouche d'Augustin, que c'est
l'Empire Romain : «Que l'Empire qui préside aujourd'hui aux destinées du monde, écrivait ce Père de l'Eglise, peu après
la conversion des Empereurs, exerce sa mission jusqu'à ce qu'il soit rayé de la face de la terre, et alors se révèlera cet
impie que tout le monde sait devoir être l'Antéchrist : Qui modo imperat imperet, donec de medio tollatur, et tunc revelabitur
ille iniquus quem significare Antichristum nullus ambigit» (Cité de Dieu, ch. XIX)
Mais rien de plus précis que ce témoignage de saint Jean Chrysostome : «On pourra demander, dit-il, ce que l'Apôtre
entend par ces paroles : «Vous savez ce qui empêche qu'il ne paraisse, et ensuite on voudra savoir pourquoi il a parlé si
obscurément. Qu'est-ce donc qui l'empêche de paraître ? Les uns disent que c'est la grâce du Saint-Esprit ; les autres,
l'Empire Romain ; et je suis fort de cet avis. Pourquoi ? Parce que s'il avait voulu parler du Saint-Esprit, il se serait expliqué
clairement : et d'ailleurs, il y a longtemps que les dons gratuits ont cessé. Mais, parce qu'il a en vue l'Empire Romain,
il a raison de parler d'une manière couverte et énigmatique, pour ne pas irriter inutilement les Romains. Il dit donc seulement
que celui qui tient, tienne jusqu'à ce qu'il soit ôté, c'est-à-dire, quand l'Empire Romain sera ôté du monde, alors l'Antéchrist
viendra. Quand cet Empire sera détruit, l'Antéchrist le trouvera vacant, s'en emparera et entreprendra de s'arroger
l'empire des hommes et même de Dieu. Car, comme les autres Empires qui précédaient ont été renversés, celui des
Assyriens par celui des Perses, celui des Perses par celui des Macédoniens, et celui des Macédoniens par celui des
Romains ; de même, celui des Romains sera renversé par l’Antéchrist, et l'Antéchrist sera exterminé par Jésus-Christ».
(II Thess., Homil. IV)
Dans tous ces témoignages qui expriment la pensée de saint Paul et des prophètes sur les destinées de Rome, il est
à remarquer que les Pères qui vivent sous les Empereurs païens voilent toujours plus ou moins leur pensée, à l'exemple
de l'Apôtre, afin de ne pas attirer l'attention des tyrans dont ils connaissent la susceptibilité. Mais sous les Césars chrétiens,
moins orgueilleux, ils usent de leur liberté. Lactance, mort en 325, dit ouvertement que le nom romain doit un jour
1 L’Antéchrist, représenté par une corne, s’en attribuera les glorieux symboles ; seuls, ses actes prouveront qu'il fait l’oeuvre satanique.
2 «Tantum ut qui tenet nunc, teneat donec de medio fiat», que l'on peut encore traduire ainsi : «Seulement, que celui qui tient maintenant,
tienne jusqu’à ce qu'il disparaisse» verset 7.

pierre34
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Message par pierre34 Mer 14 Juil 2010 - 19:44

accomplis2.
CHAPITRE V (CAUSES DE LA DESTRUCTION DE L'EMPIRE ROMAIN)
L'EMPIRE ROMAIN ÔTE L'OBSTACLE QUI RETIENT L'ANTÉCHRIST.
SOMMAIRE : I. Cause fondamentale de la ruine du Saint-Empire. - II. Dans le droit païen. César est empereur, souverain pontife et
dieu. - III. Dans le droit chrétien, le Christ seul est le Roi des nations. - IV. Droits absolus du Christ sur l'individu, sur la famille, sur les
sociétés. - V. Le César chrétien est le lieutenant du Christ-Roi. - Le césarisme païen enfante la Révolution. - VI. Obligations du César
chrétien : il protège l'individu, la famille, la société et l'Eglise comme étant les oeuvres de Dieu. - VII. Le droit païen s'implante à Constantinople.
- VIII. Maux incalculables qu'il attire sur l'Eglise d'Orient. - IX. Implanté en Allemagne, il suscite la querelle entre le Sacerdoce
et l'Empire. - X. Il brise l'admirable faisceau de la République chrétienne, fait sortir les princes français de leur rôle et imprime à la
Renaissance un caractère païen. - XI. Il plonge dans le schisme la moitié de l'Europe chrétienne. - XII. Dieu accorde à Son Eglise des
Empereurs plus fidèles à leur mission. - XIII. Dieu préserve la France du sort des nations schismatiques. - XIV. Louis XIV, suivant les
traces de Philippe le Bel, érige en dogme les prétentions gallicanes. - XV. Louis XV élargit les voies à la Révolution. - XVI. Pourquoi
dans l'explosion du volcan le peuple est-il l'instrument de la Justice divine ?
I. Mais si l'Empire Romain, autrement dit les princes chrétiens ont fidèlement rempli leur mission sacrée, Dieu le voulant
ainsi, relativement à la dure servitude qu'ils ont imposée aux Juifs ; si, grâce à leur épée victorieuse, l'Antéchrist caché
dans les flancs de la nation perfide n'a pu naître et se produire au grand jour ; si, pendant de longs siècles, ils ont eu
l'instinct de leur conservation en tenant sous leurs pieds leur ennemi commun, leur futur vainqueur, on n'en peut dire autant
de leur fermeté à rejeter les principes subversifs de toute société, quelque solides qu'en paraissent les bases. Sous
ce rapport, leur vue a été moins perspicace, leur entendement moins éclairé, leur politique moins sage.
De la tête, en effet, le poison destructeur devait nécessairement gagner les membres, et le colosse, si vaste qu'il fût, si
robuste qu'il ait paru dans le cours des siècles, devait fatalement périr ; et, par contre, l'implacable adversaire de grandir,
s'élever toujours et finalement régner sur les débris de l'Empire vaincu. - Ainsi, la chute de l'Empire Romain et l'élévation
du fils de perdition est amenée insensiblement par la faute des premiers chefs du Saint-Empire. Les peuples instruits à
l'école de leurs conducteurs et, comme eux, frappés de l'esprit de vertige, sous prétexte de liberté, d'égalité et de fraternité,
mettent la dernière main au travail de démolition. Bientôt ils auront fait disparaître l'obstacle d'où provenait leur force et
leur supériorité ; ils ignorent que la digue qu'ils démontent par pièce, une fois disparue, doit causer leur ruine, et
que le serpent qu'ils réchauffent sur leur sein leur donne infailliblement la mort.
C'est ainsi que la Providence, par un juste châtiment de Sa vengeance, va les rendre esclaves de la puissance redoutable
que, de longs siècles durant, ils avaient enchaînée.
II. Mais, direz-vous, quels sont les principes pernicieux que professent les chefs du Saint-Empire, principes subversifs
de toute constitution et qui, dans le cours des âges, devaient forcément amener la destruction de leur Empire ?
Ces principes puisent leur source au coeur même de la législation païenne.
Sous la Rome idolâtre, les Empereurs, en vertu de la loi Regia, prétendent tenir du peuple romain lui-même un pouvoir
absolu dans le gouvernement temporel et spirituel de leurs sujets. On les traite à l'égal des dieux, on les salue
par ces termes : Eternité, Divinité. Le César païen est donc tout à la fois Empereur, Souverain-Pontife et dieu. Ces trois
attributs réunis sur leurs têtes sont symbolisés, dit Mgr Gaume, par un médaillon représentant une tête d'empereur avec
cette inscription : Divus Cæsar, lmperator et Summus Pontifex. Dans les choses temporelles, César réunit dans sa personne
auguste tous les pouvoirs et toutes les fonctions de l'Etat. Il use d'un pouvoir absolu de paix et de guerre. Il est
chef suprême dans l'ordre politique, administratif, civil, législatif et économique. César est tout à la fois consul, proconsul,
sénateur, président du Sénat qu'il convoque ou dissout à sa volonté, tribun du peuple et tribun perpétuel. César évoque à
son tribunal toutes les causes et les juge en dernier ressort et sans appel. Il est le droit incarné, la loi vivante ; ses
édits, ses décrets, ses lettres, ses rescrits, son opinion personnelle et son bon plaisir ont force de loi : Quod principi placuit
legis habet vigorem. Ce pouvoir sans limite repose à perpétuité dans la personne sacrée de l'Empereur.
Dans l’ordre économique et domestique, César se déclare l’unique pater familias, il s'immisce dans la famille, s'arroge
tous les droits du père sur les enfants et sur la propriété. Il se réserve le droit de sanctionner les testaments et les donations
; il se regarde le premier propriétaire de l'Empire ; ou plutôt, il abolit pour les citoyens le droit de propriété qu'il
exerce seul dans sa plénitude, faisant mettre dans son trésor les fortunes particulières comme la fortune publique. César
ne se fait pas seulement un jeu de l'honneur, de la liberté et de la vie des citoyens, mais il ne respecte pas davantage la
conscience et l’âme de ses subordonnés ; il règle tout ce qui regarde le culte religieux, et détermine par des cérémonies
1 Saint Irénée, saint Ambroise, saint Augustin, saint Grégoire, Théodoret, saint Jean Damascène, saint Anselme, Rupert, le vénérable
Bède et beaucoup d'autres font sortir l'Antéchrist d'une famille juive. C'est aussi le sentiment de Cornelius a Lapide qui énumère tous
ces témoignages (T. XII, page 178, édit. Vives). II n'en saurait être autrement, dit le cardinal Gotti, cité par saint Liguori, car si l'Antéchrist
n'était juif, les Juifs ne voudraient pas le reconnaître pour leur Messie. (T. XVIII, p. 287)
2 Après toutes les dénominations que saint Paul attribue à l’Antéchrist, nous concluons avec l'ensemble des Docteurs et des Pères,
avec saint Augustin, saint Thomas et le savant Bellarmin que ce malfaiteur aux proportions effrayantes, ce colosse d'impiété et de dépravation
sera un sujet humain. L'Antéchrist sera donc de notre race, il aura le visage et les traits de l'homme, le même sang que le
nôtre coulera dans ses veines. Conséquemment, il ne sera ni une incarnation du démon, ni un démon émané de l'Enfer ou travesti
sous une forme humaine, ni un mythe ou personnage allégorique dans lequel les saintes Ecritures et les Pères auraient voulu manifester,
par une vue d'ensemble, l'universalité des tyrans, des persécuteurs et des hérésiarques qui ont combattu contre Dieu et contre
Son Eglise depuis l'origine des temps.
31
et des prières publiques les rapports entre l'homme et la divinité. Comme tout le reste, la religion est soumise à son
absolue puissance. - Enfin, César est dieu. Marchant de pair avec les divinités de l'Olympe, il a ses temples, ses autels,
son culte, ses prêtres, ses adorateurs qui lui rendent les honneurs divins ; et, enfin, après sa mort, il est placé officiellement
au rang des dieux.
Le César antique ne reconnaissait donc aucun supérieur, ni aucune autre puissance que la sienne. Son pouvoir illimité
ne subissait aucun contrôle, et s'exerçait tout ensemble dans le domaine temporel et le domaine spirituel. Le césarisme
païen – c'est ainsi que nous appelons cette monstrueuse omnipotence – se résume dans ce mot de Caligula, Empereur,
Auguste, Souverain-Pontife et dieu : «Souvenez-vous que tout m'est permis, que j'ai tout droit et que ce droit
s'étend sur tout le monde». (Memento omnia mihi et in omnes licere)
III. Que le paganisme ait méconnu les véritables bases sur lesquelles doit reposer toute société solidement constituée
; que les Empereurs idolâtres, usurpant le droit du Dieu qu'ils ignoraient, se soient crus investis d'un pouvoir illimité ;
que le peuple romain ait accordé une obéissance d'esclave à ceux qu'il regardait comme des divinités terrestres, on le
conçoit aisément si l'on considère les épaisses ténèbres qui ensevelissaient le monde païen.
Il n'appartenait qu'à l'Evangile de dissiper l’erreur en répandant sur le monde des flots de lumière. Le Christ, en venant
sur la terre, y apportait la véritable royauté, et, s'Il a méprisé pour Lui-même l'éclat dont s'entoure la majesté
royale, Il n'a point rejeté le titre de Roi. Il y a plus, Il nous déclare que Son Père Lui a offert en héritage toutes les nations
et l'univers entier pour domaine : «Filius meus es tu, postula a me, et dabo tibi gentes hereditatem tuam, et possessionem
tuam omnes fines terræ» (Ps., II, 7, Cool
Il a accepté cet héritage, puisqu'Il nous assure avoir reçu l'investiture de cette sublime royauté des mains de Son
Père, sur la sainte montagne de Sion, et qu'ainsi, de par la suprême autorité de Dieu, Lui, Son Fils, égal en toutes choses
au Père, a été constitué Souverain de tous les hommes, de tous les peuples et de tous les rois qui habitent la terre :
«Ego autem constitutus sum Rex ab Eo super Sion montem sanctum ejus». (Ibid. 6).
Pour montrer aux Juifs qu'ils n'étaient point exceptés de cette loi universelle, ni affranchis de Sa domination, qu'Il
demeurerait leur roi nonobstant leur déicide, malgré leur volonté bien arrêtée de Le répudier pour leur chef, «Nolumus
hunc regnare super nos», Il charge l'exécuteur de leurs volontés criminelles, le faible Pilate, de leur intimer l'ordre du
Ciel. Pour cette circonstance solennelle, Il l'inspire et le rend soudainement énergique. Les Juifs lui disaient : N'écrivez
pas qu'Il est le Roi des Juifs, mais qu'Il s'est dit le Roi des Juifs : «Noli scribere, Rex Judoeorum, sed quia ipse dixit, Rex
sum Judæorum». Mais Pilate de répondre avec courage : Ce que j'ai écrit, demeure écrit, rien n'y peut être changé :
Quod scripsi, scripsi. (Jean, XIX, 21, 23).
*IV. Le Pére ayant donné sans restriction, la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ embrasse tout à la fois l’ordre de
la nature et celui de la grâce, le temps présent aussi bien que l'Eternité. Cette royauté s'exerce donc sur la terre dans le
domaine des choses temporelles aussi bien que dans les choses spirituelles, sur les corps aussi bien que sur les âmes.
Conséquemment, son droit s'étend sur chacun des hommes pris individuellement, sur la famille et sur les nations ; et ce
droit est inaliénable.
Composé d'un corps et d'une âme unis ensemble pour concourir au même but qui est la connaissance et la possession
de Jésus-Christ, Roi, Souverain et Maître absolu de toutes choses, l'homme a des devoirs à remplir envers luimême
: le corps et l’âme, voilà un champ à cultiver, un instrument à perfectionner, un talent à multiplier. A son corps, il
doit la conservation, la nourriture et le vêtement. Loin de le flatter, il doit à l'exemple de saint Paul le châtier rudement et
le tenir dans une perpétuelle servitude, afin qu'il soit, jusqu'au terme de sa carrière, un compagnon docile et mérite le salaire
promis. Son âme, il la purifie de toute souillure, afin qu'elle attire les regards de son Roi.
Notre-Seigneur ayant seul la propriété de ce domaine privé, toute puissance étrangère qui voudra s'en arroger les
droits, y pénétrer de vive force, y commander en maître, commettra un crime de lèse-majesté. Tel est le crime du césarisme
qui se faisait un jeu de l'honneur, de la liberté et de la vie de ses sujets, qui ne respectait pas même la conscience
et l'âme de ses subordonnés.
Notre-Seigneur, nous l'avons dit, exerce Son droit dans la famille : Son autorité réside dans le père et la mère qui ont
mission de Le représenter. En retour et comme récompense du travail imposé, Il veut que tous les membres de la famille
les paient d'amour et de vénération. Tes père et mère honoreras, afin de vivre longuement.
La famille, tel est le champ d'action confié au père et à la mère, chefs et dépositaires de l'autorité de Notre-Seigneur.
C'est à eux que s'adresse ce commandement du Maître : «Croissez et multipliez». Donc, obligation pour eux d'accepter
les fruits de leur union ; obligation de prodiguer à leurs enfants tous les soins que réclame leur faiblesse, de leur fournir le
vêtement et la nourriture, et de veiller à la conservation de leurs jours ; obligation de leur procurer la culture intellectuelle
et morale, de former leurs jeunes coeurs à la vertu et de les conduire à Dieu par un culte public, pratiqué dans la famille.
Ce travail excédant de beaucoup les forces de l'homme, le Maître souverain le revêt en quelque sorte pour cette fonction
d'une nature surhumaine, et en cela se montre le doigt divin. Lui, naguère, chétif peut-être, irrésolu, violent, se trouve subitement,
dans le domaine de ses attributions, doué d'une patience à toute épreuve, d'une volonté que rien n'ébranle ; ce
roseau lutte aujourd'hui contre la tempête ; il se prodigue, il se multiplie, il n'est soins dont il n'entoure l'objet qui lui est
confié. Quel prodige s'est-il passé ? D'où vient cette transformation ? En constituant l'homme chef de la famille, le Tout-
Puissant a déposé dans son coeur, avec le sentiment du devoir, un amour plus fort que la mort.
Tel est l'ordre admirable voulu par la Providence, loi établie sur un plan divin, loi basée sur l'amour et qui n'a d'autre
auteur que Dieu Lui-même.
De quel droit les tyrans renverseront-ils cette divine harmonie ? César sera-t-il bien autorisé de mettre le trouble dans
la famille, d'en dissoudre les liens, de forcer les volontés les plus sacrées, de substituer son autorité tyrannique à celle du
père, de pénétrer dans ce sanctuaire inviolable, d'en confisquer les biens pour satisfaire sa cupidité ? N'est-ce pas la désorganisation,
la violence et le vol le plus effronté érigé en système par le chef du pouvoir civil ? N'est-ce pas le despotisme
se substituant au législateur souverain, érigeant en dogme et tout à son profit le principe de la Révolution ?
32
V. Notre-Seigneur Jésus-Christ a des droits imprescriptibles non seulement sur chacun des hommes, non seulement
sur la famille, nous l'avons amplement démontré, mais sur la Société elle-même, je veux dire sur les Etats, sur les Empires,
en un mot sur toutes les puissances de la terre, quelque redoutables qu'elles soient. La donation est complète.
Dieu le Père a dit à Son Fils : «Je Te donnerai les nations en héritage et pour domaine l'univers entier». Jésus-Christ
étant le Maître absolu des nations, Il a mis à leur tête des souverains qu'Il a investis d'une sublime fonction ; Il les a constitués
ses mandataires pour le bien des peuples. «Il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, dit l'Apôtre, et
celles gui existent ont été établies par Lui. Le prince, ajoute-t-il, est le ministre de Dieu pour faire le bien». Que les rois
n'oublient donc jamais l'enseignement de saint Paul, à savoir, qu'ils n'ont pas une autorité propre, absolue, indépendante
sur leurs sujets. Ils tiennent leur autorité, non pas d'eux-mêmes, mais de la glorieuse royauté du Christ dont ils sont les
chargés d'affaire. Qu'ils n'aient donc pas la prétention de s'égaler à leur Maître. Dans la crainte qu'ils oublient cette recommandation,
Lui-même, leur Souverain, leur tient ce langage au livre de la Sagesse : «C'est par Moi que les rois règnent
et que les législateurs font des lois équitables ; c'est en Mon Nom qu'ils exercent la justice et le commandement sur
leurs peuples» (Parab. Salomon, VIII et IX). Pour avoir méconnu la notion fondamentale de ses devoirs, le césarisme n'a
pas su se maintenir dans le rôle que la Providence confie à la puissance temporelle. Se faisant l'oppresseur de ses
peuples, il a franchi les bornes de ses attributions, bouleversant tout ordre, désorganisant toute institution ; s'arrogeant
tout pouvoir, se substituant à toute autorité légitime, ne reconnaissant dans l'ordre spirituel, aussi bien que dans l’ordre
politique, administratif et domestique, d'autre droit que le sien, suivant le mot de Caligula : «Souvenez-vous que tout
m'est permis, et que mon droit s'étend sur tout le monde».
VI. D'après les principes que nous venons d'exposer touchant l'origine du pouvoir, César a des droits ; mais aussi,
contrairement aux prétentions de Caligula, ce droit a des limites.
Il est incontestable que la fonction des princes est non pas de démolir les institutions qui ont Dieu pour auteur, mais
d'y prêter leur concours, et de les seconder dans la mesure de la puissance qu'ils ont reçue. Or, nous ne cessons de le
dire, la fin dernière de l'homme est la connaissance et la possession de Dieu. Avant tout, Dieu veut que la création tout
entière converge sans cesse vers ce terme qui est Lui-même. Il a tant à coeur cette tendance, cette fin dernière, que,
pour réaliser Sa pensée, Il a institué publiquement une société d'hommes revêtus d'un caractère sacré, investis d'un sacerdoce
éternel. Choisie et dirigée par Lui, formée à Son école et instruite de Ses lèvres divines, cette société est chargée
d'enseigner à tous les hommes, aux plus humbles sujets comme aux plus fiers monarques, leurs obligations envers
le Souverain qui, en les créant, les convie à Ses noces éternelles.
Les autres institutions qui viennent de Dieu gravitent autour de celle-ci, dont elles ne sont que les humbles suivantes.
La famille, par exemple, est chargée de lui fournir les éléments premiers ; aussi le prince y assure-t-il l'ordre et la prospérité
; il la protège contre la violence ou l'arbitraire, et la met en mesure de remplir la charge que la Providence lui confère.
Ainsi le pouvoir confié au prince donne libre cours à l'action de l'Eglise de Jésus-Christ sur la terre, ainsi il apaise toute
passion, éloigne tout obstacle qui entraverait sa marche bienfaisante. Donc, loin de mettre cette divine institution hors la
loi, loin de traiter ses Pontifes comme une classe suspecte, le prince voit en eux la plus saine portion de son peuple. Loin
de paralyser son recrutement, il en favorise l'essor ; loin d'obscurcir la majesté de son culte et la pompe de ses cérémonies,
il en rehausse l'éclat par sa royale présence. Se souvenant de la parole du Maître : «Allez par toute la terre, enseignez
à toute nation», il lui donne sans restriction la liberté que réclame son ministère d'apôtre. Il lui fournit tout moyen
d'instruire et de catéchiser, toute spontanéité dans ses oeuvres, toute initiative dans ses institutions. Comparant sa
charge de Lieutenant du Christ-Roi avec celui de l'Eglise désarmée, il saisit les rapports des deux fonctions, il voit la
similitude et la distinction des rôles, il comprend que dans la pensée de Dieu les liens les plus sacrés doivent les unir à
jamais ; que tous deux, l'Eglise et l’Etat, chacun dans sa sphère, doivent concourir au même but, construire un édifice
splendide à la gloire de leur Souverain, le Roi par excellence.
Telle est la mission de la puissance temporelle, et, en particulier, du César chrétien. Mission sublime, puisque le
Maître lui a confié dans une si large mesure les destinées de Son Règne sur la terre.
VII. Cependant Constantinople, nous l'avons suffisamment expliqué dans l'historique de sa longue durée, ne suivit
point l'exemple de Constantin, son illustre fondateur, ni celui du grand Théodose. Il ne faut pas en rechercher la cause
dans une disposition passagère, dans l'humeur plus ou moins malveillante de tel ou tel de ses Empereurs. Le crime des
chefs du Saint-Empire d'Orient est un crime permanent de lèse-majesté. Ils se sont créés une législation hostile aux
droits de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur les Empires, Ils ont fait revivre dans leurs codes la monstrueuse omnipotence
du César idolâtre. Ils se sont constitués, comme ce dernier, les adversaires de la suprême autorité du Christ sur les
hommes, sur les familles, sur les sociétés. II est vrai qu'ils inscrivent en tête de leurs lois le nom de Notre-Seigneur Jésus-
Christ, in nomine Domini Jesu Christi ; mais ce n'est là qu'une hypocrisie, la forme chrétienne masque le régime
païen : «Dans l'Empire devenu chrétien, dit Coquille, le droit et le gouvernement restèrent païens». Suivant trop exactement
la tradition des adorateurs des faux dieux, le césarisme byzantin se met au-dessus des lois ; princeps legibus solutus
est (Dig, I, I). Il proclame les chefs du pouvoir la loi vivante, «Dieu, dit Justinien, auteur du code en question, a soumis
les lois à l'Empereur et a fait du prince la loi animée» (Illi Deus leges subjecit, cumque legem animatam constituit). Qui ne
voit que subordonner toute législation à la volonté personnelle du prince, c'est renverser l'ordre divin relatif à la constitution
des royautés chrétiennes ? c'est abandonner tout l'ordre politique, civil, économique et social au caprice d'un seul
homme et l'armer d'un pouvoir discrétionnaire sur toute chose ?
Imbus de ces principes, les Empereurs de Constantinople, autant que ceux de la Rome païenne, s'autorisent de la loi
Regia, et concentrent en eux tous les droits de leurs sujets. Ils se regardent comme la personnification du peuple tout entier,
et, s'identifiant tous les intérêts comme toutes les passions du peuple, ils s'assurent une autorité sans limite.
Dignes émules de César idolâtre, ils trouvent moyen, par une législation tortueuse, de pénétrer dans le domaine privé,
dans celui de la famille, et de se constituer les uniques propriétaires de l'Empire. En général, nous pouvons dire que la
législation justinienne respire le double sentiment de l'omnipotence du prince et de la nullité des autres hommes. Les
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Pandectes, en effet, sont le code de l'absolutisme. Le césarisme byzantin admet en principe la distinction des deux pouvoirs,
temporel et spirituel, mais en pratique il introduit le chef de l'Etat dans le sanctuaire réservé aux Pontifes.
VIII. Voilà pourquoi nous les voyons réunir des conciles de leur propre autorité, s'ingérer dans le gouvernement spirituel
de l'Eglise, prétendre mieux connaître les intérêts de cette divine société que les Pontifes eux-mêmes.
Dans leur faux zèle pour la religion, ne lancent-ils pas des décrets concernant le dogme, la morale, la discipline, le
culte, la liturgie et l'administration spirituelle de l'Eglise ? On se souvient qu'ils poussent l'audace jusqu'à déposer ou introniser
des évêques de leur choix. Nous les avons vus suivre la voie de la persécution sanglante et verser le sang des
sujets rebelles à leur fanatisme (qu'on se rappelle les Empereurs Iconoclastes ou briseurs d'images). Enfin, ils passent
leur vie dans des entreprises absolument schismatiques, réservant toutes leurs faveurs pour les partisans de l'erreur et
de la révolte contre le Saint-Siège. Leur conduite nous rappelle forcément les prétentions du despotisme païen. Celui ci
s'intitulait Empereur, Souverain-Pontife et dieu. Si le césar byzantin n'ose, en plein christianisme, se faire dresser des autels,
du moins se laisse-t-il entourer d'une nuée d'adulateurs et de légistes qui, en l'élevant outre mesure, le font sortir du
rôle confié au chef du Saint-Empire.
Le résultat final de cet oubli de ses devoirs fut d'asservir à l'Etat nombre de prélats courtisans et flatteurs, d'entraîner
ainsi tout l'Orient dans le schisme et de hâter la ruine d'un Empire absolument infidèle à sa mission.
IX. Mais le mal est contagieux, l'Europe chrétienne en fit bientôt la triste expérience. En effet la doctrine pernicieuse, si
chère à l'orgueil byzantin, s'introduisit en Allemagne et produisit les mêmes effets désastreux sur les chefs du Saint-
Empire.
A l'époque des Croisades, au contact forcé des princes d'Occident avec Constantinople, les légistes inondent l'Italie
et l'Allemagne, et, avec ces derniers, fond un déluge de maux. Ils enseignent que la puissance temporelle est d'institution
divine au même titre que la puissance spirituelle. Ils affirment que l'Empereur est l'unique souverain, l'unique propriétaire,
l'unique loi du monde. Ils n'assignent à la loi d'autre origine, d'autre borne, d'autre règle que le bon plaisir du prince,
suivant l'axiome : Ce qui plaît au prince a force de loi. Ils décernent à l'Empereur un domaine illimité non seulement sur la
fortune, mais sur la vie de tous les hommes, en vertu de ce principe du droit césarien, qu'ils veulent remettre en vigueur :
Non solum nostrorum bonorum, sed nostrorum corporum Dominus est. «Le prince, disent-ils, est le maître non seulement
de nos biens, mais encore de nos personnes».
Engagés dans cette voie périlleuse, il n'est pas étonnant que les Empereurs aient essayé de changer les rôles, et
d'asservir l'Eglise qu'ils devaient protéger. On comprend aisément que pour assouvir leur ambition, ils aient voulu contraindre
cette divine société à leur servir de marchepied ; ainsi s'explique le rêve monstrueux du césar allemand : commander
à tous les rois et à tous les peuples de la terre, et, pour obtenir cet Empire universel, amener le Pape à frapper
de son glaive spirituel tous ceux contre lesquels serait tiré le glaive matériel de l'Empereur. Aucun pontife ne voulut consentir
à cette iniquité : telle est la véritable cause de l'oppression des Empereurs contre les Papes légitimes. De là cette
longue querelle du Sacerdoce et de l'Empire qui remplit les onzième et douzième siècles.
X. De Charlemagne à saint Louis, l'Europe chrétienne présente, sous le rapport qui nous occupe, un ravissant
spectacle. La Religion est le lien puissant qui groupe autour du Père commun les fidèles de tous les Etats du centre et
de l'Occident. L'esprit chrétien est tellement enraciné dans les masses, toutes les classes de la société portent si haut
l'amour et la vénération envers le Chef de l'Eglise, que tous, rois, princes, seigneurs et sujets, l'ont spontanément constitué
comme un tribunal suprême devant lequel ils s'inclinent. Tous écoutent sa voix, tous se soumettent à ses décisions.
Voilà pourquoi, pendant des siècles entiers, les efforts et l'opiniâtreté des Empereurs sont impuissants à rompre cette
merveilleuse unité. Les armes spirituelles sont alors plus terribles entre les mains du Souverain-Pontife que le glaive
matériel de l'Empereur. Dans l'exécution de ses criminels desseins, il est un bras qui arrête le despote, délivre ses sujets
du serment de fidélité ; l'Empereur, abandonné des siens et obligé de mettre fin à des entreprises sacrilèges, se réconcilie
avec celui qu'il devrait protéger, et donne à la république chrétienne l'assurance d'une paix durable.
Le lien puissant qui unissait alors les princes chrétiens a inspiré à Mgr Freppel ces paroles si concluantes : «Depuis
Charlemagne jusqu'aux Croisades et des Croisades jusqu'à la conquête du Nouveau-Monde, tous les grands mouvements
de l'histoire se sont opérés sous l’empire de l'idée religieuse, inspirant et fécondant l'activité des peuples. C'est
l'union de l'Eglise et de l'Etat qui a permis de réaliser cette merveille d'organisation chrétienne qui est appelée si longtemps
la république chrétienne».
Léon XIII n'est pas moins explicite : «A cette époque, dit le savant Pape, la philosophie de l'histoire gouvernait les
Etats ; l'influence de la sagesse chrétienne et sa divine vertu pénétraient les lois, les institutions, les moeurs des peuples,
tous les rangs et tous les rapports de la société civile. Alors, la religion instituée par Jésus-Christ, solidement établie dans
le degré de dignité qui lui est dû, était partout florissante, grâce à la faveur des princes et à la protection légitime des magistrats.
Alors, le Sacerdoce et l’Empire étaient liés entre eux par une heureuse concorde et l'amical échange de bons offices.
Organisée de la sorte, la société civile donna des fruits supérieurs à toute attente, dont la mémoire subsiste et subsistera,
consignée qu'elle est dans d'innombrables documents que nul artifice des adversaires ne pourra corrompre ou
obscurcir. Tous ces biens dureraient encore si l'accord des deux puissances avait persévéré» (Encyclique sur la Constitution
chrétienne des Etats).
Cependant le poison qui avait gagné les Empereurs et introduit en Allemagne le servilisme honteux de Constantinople
devait exercer plus profondément ses affreux ravages. En effet, caressant l'orgueil des princes, flattant les passions des
grands et armés du droit païen, les légistes répandent partout l'esprit d'indépendance à l'égard du Saint-Siège ; ils
brisent enfin le lien sacré qui unit entre eux les princes chrétiens.
Philippe le Bel accueille avec empressement ce qui favorise son ambition. Imprimant donc à sa politique religieuse
une direction toute opposée à celle qu'avaient suivie ses illustres prédécesseurs, il établit entre la France et le Pape un
mur de séparation qui eut pour notre pays les plus fâcheuses conséquences. Enfin la chute de Constantinople, attendue
depuis des siècles, met le comble au déchaînement des passions. Tout ce qu'elle renferme de célébrités dans l'ordre ju34
diciaire, politique, artistique et littéraire se replie sur l'Europe centrale, principalement sur l'Allemagne et l'Italie. Si jusqu'alors
Constantinople a gardé le secret de la science et des arts, depuis longtemps aussi, ne l'oublions pas, elle est
pour le reste de l'Europe un foyer de corruption. S'il est vrai de dire qu'elle donna naissance, dans nos provinces, à des
écoles célèbres, et qu'elle y imprima ce mouvement prodigieux qui prit le nom de Renaissance, il n'est pas moins vrai de
constater que ce nouvel ordre de choses servit, avant tout, à la glorification du paganisme : «Ce mouvement, s'il eût
été sagement contenu, dit un historien de mérite, n'aurait eu pour résultat que d'épurer le goût, en donnant au vrai la
beauté de la forme ou de l'expression ; mais par l'abus qu'on en fit, il devint une aberration de l'esprit humain, et rejeta
la société chrétienne dans un paganisme sinon formel, du moins idéal...» Aussi, vit-on de tous côtés une véritable invasion
des dieux et des déesses qu'honoraient jadis Athènes et la Rome idolâtre. Palais, jardins, fontaines, bosquets,
places publiques se peuplèrent d'une légion de statues dont la vue blessait les regards. Ce fut, dans toute sa crudité, le
retour aux idées et aux formes païennes.
XI. Il n'en fallait pas davantage pour déchaîner toutes les passions. Des principes révolutionnaires, des exhibitions
malsaines engendrèrent la dépravation des moeurs et l'esprit de rébellion au sein de la société chrétienne. C'est alors
que, l'orgueil et la passion dominant la foi et la raison, on voulut s'affranchir de toute loi, ne dépendre d'aucun supérieur
dans l'ordre religieux et moral ; et, quand Luther prêcha la désobéissance envers le Saint-Siège et autorisa tous les dérèglements,
vite on se rangea sous la bannière du libre-examen. Ainsi se formèrent les Eglises nationales et schismatiques
dont Henri VIII, en Angleterre, et les empereurs de Russie se constituèrent les chefs ; ainsi périt la foi en Ecosse et
en Danemark, en Suède et en Norvège ; ainsi, dans l'Europe centrale, nombre d'Etats se détachèrent du Saint-Empire
pour vivre dans une indépendance schismatique : terribles représailles infligées aux Empereurs qui durant plusieurs
siècles avaient étonné le monde par le scandale de leur rébellion au Vicaire de Jésus Christ.
XII. A l'époque du démembrement du Saint-Empire, les Empereurs appartiennent depuis plusieurs siècles à la maison
des Habsbourg. Cette famille continuera à fournir les chefs du Saint-Empire jusqu'au commencement de notre siècle,
époque où disparaîtra leur titre officiel. Nombre de ces princes portent dignement la couronne impériale et semblent
prendre à tâche de faire oublier les luttes sacrilèges entreprises par les Henri et les Barberousse.
Sous ce rapport, Dieu avait récompensé les efforts persévérants de ses Pontifes ; car nous voyons avec bonheur les
Rodolphe, les Sigismond, les Charles-Quint, les Ferdinand s'unir aux Papes pour repousser, d'une main, le Croissant qui
menaçait d'engloutir l'Europe entière, et opposer, de l'autre, une digue puissante aux maux incalculables enfantés par la
Réforme. Mais le scandale, parti jadis du milieu de leurs rangs, devait suivre son cours jusqu'aux plus infimes degrés de
l'échelle sociale.
XIII. Sans une protection spéciale d'en haut, la France eût eu le même sort que l'Allemagne, l'Angleterre et la Russie
; mais le ciel qui avait tant fait pour elle, en lui rendant l'intégrité de son territoire par la mission de Jeanne d'Arc, sut
aussi la débarrasser des étreintes du Protestantisme. Ses blessures une fois cicatrisées, on la vit pour un instant, cette
France bien-aimée, enrayer dans le sens catholique le mouvement imprimé par la Renaissance ; on vit se développer
dans son sein les oeuvres de charité. Les Vincent de Paul, les Olier, les Bérulle préparaient la voie à la brillante époque
que l'histoire appelle le grand siècle. Mais cette heureuse impulsion, qui n'était sans doute que l'avant-goût d'un avenir
plus durable, céda bientôt devant le courant qui entraînait toutes choses vers un dénouement fatal. En effet, le césarisme,
qui avait enfanté la Réforme, nous conduit directement à La Révolution. Nous voyons cette dernière, à son tour,
faire disparaître le titre officiel de Saint-Empire, détruire toute royauté protectrice des droits de Jésus-Christ, favoriser le
développement et les projets impies de la nation qui doit donner le jour au fils de perdition.
XIV. Pendant que Louis XIV portait la France au faite de sa splendeur, pendant qu'il éblouissait l'Europe et s'éblouissait
lui-même par l'éclat de sa gloire, alors, aussi, le fier monarque faisait renaître en sa personne et à son avantage le
césarisme païen. Si le roi ne tenait pas au Pape un langage insolent et n'exerçait pas sur le Vicaire de Jésus-Christ les
brutalités de Philippe le Bel, du moins, consolidait-il le mur de séparation élevé par son prédécesseur entre la Papauté et
le royaume très chrétien. Par son ordre, les Evêques de France se réunissent à Paris et déclarent que les rois et les souverains
ne sont soumis à aucune puissance ecclésiastique, par l'ordre de Dieu, dans les choses temporelles ; qu'ils ne
peuvent être déposés, ni directement ni indirectement, par l'autorité des Chefs de l'Eglise ; que les sujets ne peuvent être
dispensés de la soumission et de l'obéissance qu'ils lui doivent : «Il est très vrai en un sens, dit un savant théologien, que
les souverains ne sont soumis à aucune puissance ecclésiastique par l'ordre de Dieu dans les choses temporelles, c'està-
dire en tant que ces choses restent purement temporelles et qu'elles n'intéressent en rien le salut ; mais du moment où
ces choses, quoique temporelles, viennent intéresser le salut éternel des princes et des peuples, par l'emploi légitime ou
criminel qui en est fait ; du moment où elles créent, pour celui qui les administre, une obligation de conscience, dire que
les rois et les souverains à qui appartient la suprême administration ne sont soumis, en ce point, à aucune puissance ecclésiastique,
et que leurs sujets ne peuvent être dispensés, en aucun cas, à leur égard du serment de fidélité, c'est mettre
à une autorité, divine dans sa source, des bornes que le Roi des rois, le Souverain des souverains ne lui a pas posées ;
c'est rendre les sujets à tout jamais esclaves des tyrans et des despotes, monarques ou démagogues ; ce n'est pas
faire une politique sacrée, mais bien plutôt une politique affranchie, sous ce rapport, de toute morale et de toute religion»
(Bianchi, Traité de la Puissance ecclésiastique).
Ainsi Louis XIV voulait marcher de pair avec le Chef de l'Eglise. Non content d'imposer au parlement ses volontés, il
entendait commander en maître aux assemblées du clergé, et, à l'instar des Empereurs grecs, diriger les Conciles du
royaume. En même temps qu'il se donnait un pouvoir absolu, sans contrôle, et qu'il asservissait le clergé français. Louis
XIV ouvrait les portes au goût déplorable et aux idées malsaines de la Renaissance. Pendant que les dieux impurs de
l'Olympe envahissaient le sol français, inondant les palais et les places publiques, on vit à la cour, dans l'entourage du
prince et parmi les grands, la dépravation des moeurs et le mépris des lois de Dieu. Occupé de ses rivalités, absorbé par
son ambition, le roi très chrétien, bien qu'il s'honorât de ce titre glorieux, demeurait souvent inactif en face des plus
grands intérêts de la religion. Voilà pourquoi, malgré les pressants appels des Souverains Pontifes, nous ne le voyons
35
point figurer à la défense de Vienne et de l'Europe chrétienne, menacée de tomber sous le joug du Croissant. Le Césarisme
et la Renaissance, en créant la Réforme, avaient rompu l'unité de la république chrétienne ; chaque puissance, ne
se laissant plus toucher par des motifs d'intérêt général, se renfermait exclusivement dans les étroites limites d'un
égoïsme déshonorant.
XV. Mais, direz-vous, un mal parti de si haut, et qui tendait à prendre de plus larges proportions, fut sans doute conjuré
sous le règne suivant ? Il n'en fut rien ; au contraire, les scandales de la Régence précipitèrent la marche du torrent et
achevèrent de tout perdre. La porte étant ouverte à toutes les convoitises, et le sentiment religieux étant profondément
affaibli : d'autre part, le régime précédemment établi par celui qui avait dit : «L'Etat c'est moi» étant le régime de l'absolutisme,
une réaction devait nécessairement se produire, et, cette fois, elle se dirigea contre cette royauté qui s'était ellemême
révoltée contre la suprême autorité du Christ, en niant les droits de Son Vicaire et en mettant à ses pieds l'illustre
Eglise de France ; contre cette royauté, dont l'exemple avait donné libre cours à toutes les passions mauvaises, qui, sentinelle
endormie, avait laissé croître cette philosophie athée et railleuse, dont Voltaire était le coryphée. N'était-il pas juste
que le Maître souverain, au lieu de se laisser écraser comme infâme, broyât effectivement ceux qui avaient mission
d'empêcher de tels blasphèmes ? Donc, le seul lien qui pût encore arrêter le flot révolutionnaire étant brisé, la religion
étant méprisée, bafouée, vilipendée ; le Fils de Dieu, le Roi par excellence, étant traîné dans la boue : cette fois, ditesvous,
la mesure des iniquités est comble, il faut un exemple terrible dont le contrecoup retentisse dans le monde entier.
XVI. Le scandale venant d'en haut, l'impiété et l’insulte à Dieu partant des classes dirigeantes pour se répandre sur
les masses, n'est-il pas juste que la Providence se serve des petits, des opprimés, de ceux que l’on a scandalisés, dévoyés,
du peuple en un mot, pour exécuter les rigueurs de Sa justice ? Ce peuple, déjà instruit à se passer de Dieu,
achève son éducation à l'école des droits de l’homme1. A ce foyer de lumière, il apprend que le pouvoir suprême réside
dans les masses, qu'il en tire son origine première ; que les rois ont usurpé l'autorité du peuple ; alors, pourquoi gémiraitil
plus longtemps dans l'oppression ? Si la propriété n'est qu'une fiction, si la fortune n'est autre chose qu'un vol légalement
organisé, pourquoi verser tant de sueurs pour engraisser les détenteurs des deniers du peuple ?
Si Dieu Lui-même n'est qu'un vain mot, inventé par les despotes de toute nuance comme moyen d'asservissement, ne
faut-Il pas Le supprimer ? En conséquence, guerre à la religion ! mort aux prêtres ! Cette doctrine incendiaire se propage
rapide comme l'éclair, le vertige est universel, le feu est aux poudres. Dieu le veut ! La France en délire va être pour l'Europe
entière l'exécuteur de Ses hautes oeuvres !
Louis XVI est la première victime. Le roi-martyr, en portant sa tête sur l'échafaud, paie la dette de ses aïeux. La noblesse
subit le même sort. «Les trônes sont renversés, les grandeurs foulées aux pieds, les cendres des rois jetées au
vent, les autels profanés, les églises converties en temples de la déesse Raison, et, au milieu de toutes les ruines, le paganisme
se montre non plus comme une idée embellie par les fictions des poètes, mais comme une réalité hideuse et
sanglante. Avec le culte des forces de la nature et l'idolâtrie de la chair, on vit se produire les proscriptions de Marius et
de Sylla, et les jours de la Terreur firent renaître les atrocités de la République païenne».

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Message par pierre34 Mer 14 Juil 2010 - 19:46

DEUXIÈME SECTION
CHAPITRE VI - BRISEMENT DU CHAR ROMAIN. LE RÈGNE DE L'UNITÉ SE PRÉPARE.
CONSTRUCTION DU SECOND CHAR ÉVANGÉLIQUE.
Le Tout-Puissant se sert de la Révolution pour broyer les Nations, infidèles à leur mission et refaire le monde sur un
plus vaste plan. En même temps, il construit le char merveilleux qu'Il destine au triomphe de Son Eglise sur la terre.
SOMMAIRE : - I. Le XIXè siècle offre un spectacle tout à la fois lamentable et consolant. - II. Enivrée de ses principes d'égalité, la
France émancipe la nation juive. - III. D'accord avec leurs ennemis, les Nations apostates travaillent, sans le savoir, à l'effondrement
de leur puissance. - IV. La France, sortie de la fange révolutionnaire, retombe dans un despotisme mieux calculé. - V. Napoléon, instrument
de la franc-maçonnerie. - VI. Napoléon comparé à Charlemagne. - Son rôle dans la destruction du Saint-Empire. - VII. Description
de la Révolution : variété dans la forme, unité dans le plan. - VIII. Ses chefs, plutôt cosmopolites que français. Plus de catholicisme
! - Périsse plutôt la patrie avec sa gloire, sa fortune, ses aspirations, ses enfants ! - IX. L'exécution du plan satanique est un
chef-d'oeuvre d'hypocrisie. - X. On poursuit la déchéance des races latines, et le rétablissement du règne de Satan. - XI. Ce Règne
universel de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la terre fait suite à la disparition des Empires annoncée par Daniel. - XII. Dans les deux
camps, tout se prépare pour la grande unité. - XIII. La disette d'Israël indique comme très prochaine la Réconciliation. - Cette famine
spirituelle coïncide avec la construction des chariots de Jacob. - XIV. Dieu explique que Lui seul, et non le hasard, est la source du génie
et de ses admirables productions. - Il en fait l'instrument de Son Règne. - XV. Dieu rappelle que le premier instrument eut mission
d'unifier l'univers romain en vue de l'Evangile. - XVI. La foi devant être prêchée et implantée par toute la terre, et le génie romain ne
pouvant suffire à cette tâche, nécessité de créer un nouvel instrument plus perfectionné. - Sa description : la poudre à canon, l'art
d'imprimer, les chars de feu, le fluide électrique, les téléphones. – XVII. En créant cet ensemble de merveilles, Dieu n'a pu se proposer
le triomphe de la Révolution, mais bien plutôt la glorification de Son Fils : la raison l'exige, la mission du prophète Elie nous en donne la
certitude.
I. Avec l'ère de la Révolution s'ouvre la période d'Apostasie proprement dite annoncée par saint Paul. Nous remarquons,
en effet, que les royautés protectrices des droits de Jésus-Christ, sous l'influence des principes révolutionnaires,
ont disparu de la vaste enceinte du Saint-Empire Romain, et fait place au règne antichrétien, à l’athéisme légal. Çà et
la, dans cette période, nous distinguons au milieu d'immenses ruines quelques dévouements isolés ; mais le titre officiel
de soldat du Christ est rayé pour ne plus reparaître. Depuis la chute de Constantinople, point de départ de l'effondrement
1 La Déclaration des droits de l'homme fut publiée par l'Assemblée nationale le 20 août 1789. Elle pose en principe l'indépendance de
l'homme vis-à-vis du pouvoir divin et humain. Taine a dît que tous les articles de la Déclaration des droits de l'homme sont autant de
poignards dirigés contre la société humaine, qu'il n'y a qu'à pousser pour faire entrer la lame.
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général, l'immense véhicule ménagé par la Providence s'est rendu de moins en moins utile, alors que ses services paraissaient
indispensables1. Il entre avec le XIXe siècle dans une phase nouvelle qui présage, à bref délai, sa totale destruction.
En effet, bientôt l'Occident sera plus coupable que l’Orient. Or, on sait que les mêmes causes conduisent invariablement
à des résultats analogues : si donc le schisme et l'esprit de révolte ont attiré dans cette partie de l'Empire le
précurseur immédiat de l'Antéchrist, et consommé sa ruine le jour où Constantinople, tomba sous les pieds de l'ennemi
du Christ ; il n'est pas douteux que l'Occident, suivant une voie plus mauvaise encore, n'attire sur lui-même et sur l'Empire
tout entier le dénouement fatal, prévu et annoncé par toute la Tradition.
Mais alors, direz-vous, puisqu'au début de notre siècle le Saint-Empire est en partie détruit, le mystère d'iniquité,
que saint Paul nous montre en formation de son temps, va donc reparaître en toute liberté ? Satan qui provoquait les
despotes idolâtres à ravager la Vigne du Seigneur, à persécuter l'Eglise de Jésus-Christ, à faire mourir les saints, va
donc faire entendre un immense cri de joie ? Son oeuvre impie, interrompue pendant de longs siècles, il doit donc la
poursuivre avec plus d'ardeur, certain de la victoire ? Ce pied robuste que le bras tout-puissant avait posé sur la tête du
monstre étant levé, celui-ci, sans doute, de relever sa tête plus menaçante que jamais ? Le lien sacré qui unissait entre
eux les princes chrétiens étant brisé, la nation qui doit donner le jour au fils de perdition devra donc sortir de son
état d'abjection ; il est à croire que nous la verrons se dresser et caresser l'espoir d'une prochaine domination.
Mais à côté des débris épars du char romain, s'élèvera sans doute ce gigantesque véhicule, autrement merveilleux,
que le Tout-Puissant destine à la glorification de Son Fils, à l'établissement, sur toute la terre, de Son Règne universel
que le Prophète et l'Apôtre nous annoncent avec tant de précision. Tel est le spectacle, tout à la fois lamentable et
consolant, qu'offre à nos regards le XIXè siècle.
II. Nous ne pouvons nous empêcher de croire que la France, même égarée par le souffle révolutionnaire, ne soit
entre les mains de Dieu comme un instrument puissant qui, en exécutant sur elle-même et sur l'Europe coupable les divines
vengeances, prépare de loin les voies au nouvel ordre de choses et brise tous les obstacles qui s'opposent
à la réalisation de Son Règne sur le monde.
La France, en effet, nous l'avons expliqué plus haut, a reçu la mission spéciale d'accomplir les oeuvres de Dieu ;
elle est par élection le missionnaire de Son Evangile, le bras droit de la sainte Eglise romaine, et parmi toutes les royautés
chrétiennes qui forment le Saint-Empire, elle brille au premier rang ; tel est son tempérament, sa constitution, sa
vie ; telles sont ses aspirations.
Puisque la France est tout ensemble, par privilège et par nature, destinée à exécuter les oeuvres du Christ au sein des
nations, qu'elle le veuille ou ne le veuille pas, qu'elle vole en Terre-Sainte comme au temps des Croisades, ou que, nouveau
Jonas, elle fuie loin de la face du Seigneur, comme aux jours néfastes de la Révolution ; qu'elle plante la croix sur
des plages inhospitalières, ou que, prise de vertige, elle établisse le règne de Satan, Dieu se sert de son égarement
pour tourner toutes choses à Sa gloire. Donc, soyons attentifs ; de mieux en mieux, nous la verrons à l'oeuvre.
Puisque le Règne de Dieu approche et qu'il ne doit plus y avoir bientôt qu'un troupeau et qu'une bergerie, il est clair que
pour cette seconde prédication de l'Evangile, aussi bien que pour la première, il y a un nivellement à établir, des barrières
à briser, des obstacles à renverser ; il faut un nouvel Empire, vingt fois plus vaste que le colosse romain, qui, broyant
toute principauté, unifiant toute langue, toute nation, toute tribu, réunisse tous les peuples de la terre sous un sceptre
unique.
Dans ce travail de nivellement, il est, j'en suis sûr, un peuple que la Providence n'oubliera pas, car les temps de son
humiliation sont près d'expirer. «Si méconnaissable qu'il soit, si abject qu'on le suppose, il vous est toujours cher, ô mon
Dieu ! Pour le tirer de la servitude d'Egypte, vous multipliâtes autrefois châtiments et prodiges ! De nos jours encore, si
c'est nécessaire, Vous agiterez le monde ; Vous le bouleverserez, s'il le faut ; car cette perle fut jadis à Vos yeux d'un prix
inestimable ; et aujourd'hui, si justement méprisée qu'elle soit devant les hommes, Vous êtes assez puissant pour lui
rendre, malgré la rouille qui la ternit, son lustre incomparable. Ce prodige, Vous le ferez éclater à la face de l'univers.
Forts de Votre promesse, nous l'attendons ce jour ; nous la hâterons avec toute la vivacité de notre foi cette heure à jamais
bénie, où Vous rendrez à cet enfant prodigue l'éclatante blancheur de son innocence première».
En effet, du sein de la tourmente révolutionnaire, de ce pêle-mêle indescriptible, véritable chaos où le Créateur fusionne
tous les éléments de la société et procède à la formation d'un monde nouveau, à la fin du siècle dernier, sortit
émancipé le Juif en faveur duquel le Maître Souverain remue l'univers. Louis XVI, obéissant au mouvement général qui
tendait à faire disparaître les inégalités choquantes, abolit, à l'endroit d'Israël, toute séquestration, toute peine infamante,
détruisant ainsi la malédiction qui depuis des siècles pesait sur la nation déicide. Bientôt après, la France enivrée de ses
principes d'égalité dépassera la pensée de son auguste chef et achèvera l'oeuvre voulue par la Providence : Israël, désormais
incorporé à la nation, jouira sans restriction aucune des droits de citoyen français. De ce jour à jamais mémorable,
lui est accordée toute fusion avec notre société : libre fréquentation des écoles publiques, droit d'association, droit
d'initiative, droit de fonder des établissements de commerce, des banques, des organes de publicité ; habileté absolue
aux fonctions, charges et dignités de l'Etat.
Quelle ivresse chez ce peuple jusqu'alors durement traité ! Lui, écrasé depuis dix-huit siècles sous le pied robuste du
colosse romain, honni, méprisé à la face des Nations ! anéanti sous le poids de la vengeance divine ! le temps de son
1 Loin d'imiter les Huniade, les Scanderbeg, les Charles de Lorraine, les Juan, les Sobieski, et mille autres héros, les rois chrétiens de
l'Europe demeuraient sourds à la voix des Souverains Pontifes qui prêchaient la croisade contre les envahissements des Turcs victorieux.
Pie II, voyant l'inutilité de ses efforts, en mourut de douleur. Après la chute de Constantinople, l'Islamisme, triomphant sur
toute la ligne dans l'Empire d'Orient, jurait par les serments les plus terribles d'engloutir l'Occident tout entier et d'y implanter
la religion de Mahomet. En présence de l'indifférence des princes chrétiens, il est permis de croire que si le bras de Dieu ne l'eût arrêté,
le précurseur de l'Antéchrist eût réalisé ses projets ambitieux. Dans un suprême effort tenté sous les murs de Vienne, une
faible armée, vêtue pauvrement, anéantit les forces musulmanes et leur enleva, pour toujours, l'espoir de s'emparer de leur proie. Le
doigt de Dieu est là.
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esclavage touche à son terme. Oubliant le passé, Dieu ôte les entraves de ses pieds, fait tomber de ses mains les
chaînes qui le garrottaient et brise les liens qui le serraient de toute part ; dorénavant, Dieu lui donne la liberté des nations
chrétiennes, le droit de lever la tête et de regarder le ciel avec amour ; et cette insigne faveur n'est point un rêve,
c'est la plus belle des réalités ! Sans doute que, cédant à l'impulsion de son coeur, il va chanter l'hymne de la reconnaissance,
ouvrir les yeux, reconnaître la mission des juifs et adorer la main divine qui le fait entrer dans la société française,
dans cette France généreuse que le Christ chérit et qu'Il vient de choisir comme instrument de Sa miséricorde.
Pour l'heure présente il n'en peut être ainsi. Cette conversion est certaine, et le Règne de Dieu qu'elle doit amener sur
le monde est un fait arrêté dans les décrets de la divine prescience ; mais, hélas ! il faut auparavant que le mystère d'iniquité
s'opère de plus en plus ; il faut même qu'il reçoive sa consommation par l'apparition de l'homme de péché ; il faut
qu'Israël lui donne naissance, et, d'accord avec les nations apostates, lui prépare les voies.
III. Avant donc que le Juif redevienne le peuple de choix, il est destiné, lui, l'ennemi juré du nom romain, à
exécuter les rigueurs de la justice divine sur les Nations apostates. Dans l'exécution de ce plan, ils ne saisiront pas
le but qu'elle poursuit ; leurs yeux fermés ne découvriront pas la main qui les dirige et conduit toutes choses à Ses fins. Il
y a plus, ce cataclysme du monde romain, auquel ils travaillent avec ardeur, va s'accomplir avec le concours et l'assentiment
des chefs des Nations, de sorte qu'eux aussi, unis aux Juifs leurs futurs vainqueurs, ils vont poursuivre avec frénésie,
et sans le comprendre, l'oeuvre de leur propre destruction. De leurs mains, ils vont hâter la ruine de leurs
royaumes et l'effondrement de leur puissance.
IV. Cependant la France chrétienne, purifiée par l'épreuve, parut un instant renaître de la fange, et, débarrassée de
ses étreintes, s'avancer plus radieuse par un ciel sans nuage. Vain espoir ! Ce mouvement, dirigé par les chefs francsmaçons,
fit retomber l'Eglise dans un despotisme mieux combiné ; d'une part le tyran fit mine d'accorder ce qu'il supprimait
de l'autre. On sentit la main d'un habile meurtrier qui se vantait de fermer des plaies, de guérir les blessures, de conserver
une existence précieuse, et l'Eglise ne recueillait de ces fallacieuses promesses qu'une large dose de servitude.
Aux yeux du public, on la traitait avec une certaine bienveillance, on relevait les autels, on entourait la victime de pourpre
et d'honneur, et l'on se flattait, en secret, de l'envelopper de chaînes et de forger des armes qui la viseraient au coeur. La
victime, ornée de guirlandes et de bandelettes, ne devait prendre que plus sûrement le chemin du Calvaire...
Ces dernières paroles ont trait à l'asservissement de l'Eglise par Bonaparte, qui feignit de lui rendre son entière liberté
au sortir de la Révolution. Ayant émancipé le Juif, la France personnifiée dans ses chefs s'unit désormais au Juif
franc-maçon pour consommer l'oeuvre destructive ; c'est ce qui ressort des §§ suivants.
V. En 1799, les sociétés secrètes étaient sous le coup de la restauration de Louis XVIII, rentrant en vertu d'un mouvement
exclusivement national. C'était le rétablissement de la vraie monarchie, de l'antique constitution dépouillée des
abus ; c'était la religion chrétienne, épurée par le martyre et débarrassée des souillures du Jansénisme, reprenant la direction
de la nation chrétienne. Au contraire, la dictature de Napoléon, c'était le maintien des confiscations révolutionnaires,
les droits de l’homme restant à la base des institutions et des lois, l'Etat indépendant de la loi de Dieu et se posant
comme le seul arbitre de la morale. Ce parti prévalut, ayant à sa tête la secte maçonnique, et Bonaparte fut l'instrument
de ses oeuvres. En effet, revenu d'Egypte, Napoléon fit de concert avec Sieyès et quelques révolutionnaires francsmaçons
avancés, le coup d'Etat du dix-huit brumaire destiné, dans leur pensée, à sauver la Révolution menacée de tant
d'excès et d'impérities.
«Le directeur haut-maçon, Barras, l'avait nommé au commandement de l'armée d'Italie. Devant lui, la francmaçonnerie
transalpine avait préparé les voies ; les portes des places s'étaient ouvertes à l'envi ; les républiques
s'étaient formées de toutes parts ; la trahison minait ce qui restait encore. - Napoléon avait présidé à la première destruction
du pouvoir temporel de la Papauté, en se servant des loges maçonniques de Rome pour organiser des insurrections
factices» (Deschamps, Les sociétés secrètes, tom. II. p. 177).
«Bonaparte, dit Thiers, s'était rendu à Bologne pour faire la loi au Pape». - Il écrivait à Joubert : L'armée est à trois
jours de Rome ; je suis à traiter avec cette prêtraille, et pour cette fois-ci, saint Pierre sauvera encore le Capitole en nous
cédant ses plus beaux Etats».
Le jour même du traité, il écrivait au Directoire : «Mon opinion est que Rome, une fois privée de Bologne, Ferrare, la
Romagne, et des trente millions que nous lui ôtons, ne peut plus exister ; cette vieille machine se détraquera toute seule»
L'idée napoléonienne est, on le voit, parfaitement identique à l'idée maçonnique.
Arrivé en Egypte, Bonaparte reniait le christianisme dans la première proclamation qu'il fit aux Egyptiens : «Cadis,
Imans, etc., dites au peuple que nous sommes amis des vrais musulmans ; que nous respectons Dieu, son prophète et
l’Alcoran. N'est-ce pas nous qui avons détruit le Pape ? N'est-ce pas nous qui avons détruit les chevaliers de Malte, parce
que ces insensés croyaient que Dieu voulait qu'ils fissent la guerre aux musulmans ? Dieu est Dieu, et Mahomet son prophète
! Ne craignez rien pour la religion du prophète que j'aime».
Plus tard, à Sainte-Hélène, il disait : «Après tout, ce n'est pas qu'il eut été impossible que les circonstances m'eussent
amené à embrasser l’islamisme». Les conversations de Sainte-Hélène prouvent que les croyances de Napoléon ne dépassaient
pas le vague déisme de la Maçonnerie : «Tout proclame l'existence de Dieu, disait-il... mais toutes nos religions
sont évidemment les enfants des hommes...»
Louis-Napoléon définit ainsi la mission de Bonaparte : «La Révolution mourante, mais non vaincue, avait légué à Napoléon
l'accomplissement de ses dernières volontés. Eclaire les nations, dut-elle lui dire... exécute en étendue ce que j'ai
dû faire en profondeur ; sois pour l'Europe ce que j'ai été pour la France. Cette grande mission, Napoléon l'accomplit jusqu'au
bout !» (Idées napoléoniennes, tome. I. OEuvres de Napoléon III).
Napoléon était donc un franc-maçon avancé, son affiliation remontait aux premiers temps de la Révolution, et son
règne a été l'époque du plus grand épanouissement de la Maçonnerie.
M. de Maistre, signalant ce fait, écrivait : «Est-il chef ou dupe, ou peut-être l'un et l'autre, d'une société qu'il croit connaître
et qui se moque de lui ?»
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Chef et instrument, voilà ce qu'il était pour les sociétés secrètes, et elles devaient le briser le jour où il ne serait plus
instrument docile. Sentant la nécessité de donner satisfaction à la majorité catholique qui partout déjà rouvrait les églises
et ramenait les prêtres fidèles, Napoléon fit le Concordat ; mais en le négociant, il avait toujours la pensée d'asservir
l'Eglise et la Papauté.
Quelques jours après sa signature, comme l'impie Volney lui demandait : Est-ce là ce que vous aviez promis ? «Calmez-
vous, lui répondit le premier consul, la religion en France a la mort dans le ventre, vous, en jugerez dans dix
ans» (Mémoires du cardinal Pacca).
Ainsi, il est démontré par ces aveux de Bonaparte lui-même que, dans sa pensée, le Concordat n'avait jamais été une
oeuvre en faveur de la religion, mais bien pour lui-même une affaire de calcul et d'ambition, et, comme maçon, d'accord
avec les intimes de la Maçonnerie, un moyen plus efficace pour détruire le Catholicisme que la constitution civile de
la Constituante et la persécution sanglante de la Convention.
«Le Pape protesta hautement contre les articles organiques, dès qu'ils parvinrent à sa connaissance ; les évêques ne
les ont jamais reconnus ; mais l'Etat, dans les jours mauvais, s'en sert comme d'une menace, et si Dieu permet jamais
que les forces vitales du pays soient assez affaissées pour laisser libre cours aux desseins d'un gouvernement persécuteur,
il trouvera toutes les voies préparées dans la législation que le prétendu restaurateur de la religion en France a
inaugurée le jour même où il promulguait le Concordat» (Deschamps, Les sociétés secrètes, t. II, p. 203 et 261).
Napoléon a dévoilé sa pensée, en racontant, dans ses conversations à Sainte-Hélène, le but qu'il poursuivait quand il
extorquait le Concordat à Fontainebleau au Pape prisonnier, séparé de tous ses conseillers et affaibli par la maladie.
«Dès lors, dit-il, j'allais relever le Pape outre mesure, l'entourer de pompe et d'hommages ; j'en aurais fait une idole, il fût
demeuré près de moi. Paris fût devenu capitale du monde chrétien ; et j’aurais dirigé le monde religieux, ainsi que
le monde politique».
Cet homme était vraiment l'incarnation de la Franc-Maçonnerie et de ses desseins de despotisme sur les âmes.
Soutenu par les loges maçonniques, le génie militaire de Napoléon marcha de victoire en victoire jusqu'en 1809. –
«L'Ordre le considérait comme un instrument destiné à renverser toutes les nationalités européennes. Après ce gigantesque
déblai, il espérait réaliser plus facilement son plan d'une république universelle. Tous ces faits n'ont eu lieu que
lorsque la Maçonnerie croyait marcher à son but par la république et par la dictature napoléonienne. Dès que les chefs
maçonniques comprirent que le despotisme impérial se concentrait, tout entier, dans une ambition personnelle et des intérêts
de famille, et que la Maçonnerie n'avait été pour lui qu'un instrument, dès ce moment commence à bouillonner l'effervescence
populaire par le moyen du Tugendbund, oeuvre des sommités maçonniques, et la dictature marche à peu
près de défaites en défaites jusqu'à l'île d'Elbe et à celle de Sainte-Hélène, comme elle avait auparavant marché, avec
l'appui de la Maçonnerie et de ses trahisons, de victoires en victoires» (Eckert. La Maçonnerie, tome II).
VI. Napoléon Ier occupant une place marquée sur la scène du monde au début du dix-neuvième siècle, nous tenons à
bien faire connaître la nature de son rôle, en quoi il concourt à la destruction du Saint-Empire Romain et la part qui lui revient
dans la période naissante de l'apostasie des Nations.
Nous remarquons qu'il termine la période où disparaît le titre officiel du Saint-Empire Romain, et inaugure le règne de
l'athéisme légal. Issu d'un sang juif, suivant Disraeli (Voir Drumond, La France Juive, t. I, p. 300), il demeure la figure
sensible de l'homme de péché. En France, par le Code et les Articles organiques dont il est l'auteur, il pose les principes
de l'Etat sans Dieu. Sa persécution contre l'Eglise de Jésus-Christ est un chef-d'oeuvre d'hypocrisie. Il s'annonce comme
restaurateur d'une religion dont il serait, si c'était possible, le destructeur. Il se compare à Charlemagne, et, par une sanglante
ironie, il détruit son oeuvre de fond en comble1.
Charlemagne avait fondé, l'an 800, le Saint-Empire d'Occident. Napoléon fait disparaître de la scène du monde le rôle
glorieux de soldat du Christ. Au traité de Presbourg, 1800, il abolit pour jamais ce titre honorifique et dix fois séculaire ; en
même temps, il fait disparaître les Electorats, et oblige François II à se contenter, désormais, du titre modeste d'empereur
d'Autriche.
Charlemagne, auteur des Capitulaires, donne à la loi divine la sanction et l'appui du prince chrétien. - Napoléon, par
son recueil de lois apostates, forge des armes pour tuer la religion catholique, et traite cette divine société comme
une étrangère importune à laquelle, suivant les circonstances, on refuse le pain et le droit de vivre. Usant de ce glaive
homicide, n'avons-nous pas vu naguère les chefs du pouvoir violer le sanctuaire des religieux, faire le siège des monastères,
répandre le sang, briser les clôtures, supprimer le traitement du clergé, faisant de cette menace et du service militaire
une arme de servilisme et de destruction ?
Charlemagne, dans ses conquêtes, se propose avant tout la gloire de Dieu et l'extension du Règne de Jésus-Christ
sur les âmes : les faits le démontrent. - Napoléon se proclame l'ami et le protecteur de toute religion dissidente, favorise
chez les peuples qu'il soumet le règne maçonnique et ne songe qu'à satisfaire une ambition sans frein.
Charlemagne avait doté l'Eglise de Rome d'un riche patrimoine. - Napoléon dépouille le Pape de ses Etats, et, pour
sanctionner ce vol sacrilège, il établit son fils roi de Rome.
Charlemagne traite le Pape avec tous les égards dus au Vicaire de Jésus-Christ. - Napoléon l'arrache de son palais,
l'emmène prisonnier dans une terre étrangère et le réduit à la plus dure captivité2.
1 Le cardinal Guibert a pu dire de Napoléon III qu'on devrait frapper une médaille où d'un côté, on représenterait Charlemagne avec la
devise Erexit, et de l'autre, Napoléon avec celle-ci : Destrexit. Nous croyons qu'avec plus de vérité encore on peut tenir le même langage
à l’adresse de Napoléon Ier.
2 La légende du bréviaire nous montre Napoléon, dans cette circonstance, sous les traits d'un tyran : «Pie VII, dit-elle, ne voulant pas
obtempérer aux voeux sacrilèges de Napoléon, celui-ci le fait enlever à main armée de son siège pontifical, et le retient dans une
étroite prison pendant cinq années consécutives, principalement à Savone, lui ôtant tout moyen de gouverner l'Eglise. L'histoire des
siècles précédents n'offre point d'exemple d'une telle persécution : Nullo similis persecutionis in priscis annalibus exemplo». (Extrait du
Brév. Rom. Notre-Dame Auxiliatrice, 24 mai).
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Il fallut user de stratagème pour faire accepter à Charlemagne la couronne impériale. - Napoléon, peu soucieux d'ailleurs
des pratiques religieuses, se sert toutefois de la religion comme d'un marchepied pour servir ses intérêts, leur donnant
une sorte de consécration. Dans ce but, il prépare à grand bruit la cérémonie de son couronnement qu'il termine par
une injurieuse et grotesque parodie : après avoir séparé le Souverain-Pontife de sa Ville bien-aimée et soumis ce vieillard
à un long et pénible voyage, n'obéissant en cela qu'à des instincts inqualifiables, sous les yeux étonnés du Pontife, il saisit
la couronne impériale et se couronne de sa propre main1.
Charlemagne, après un règne incomparable qu'aucun revers n'avait assombri, s'éteint plein de gloire et de mérite, en
l'année 814. - En 1814, la Providence, voulant sans doute montrer aux peuples que Napoléon n'était que l'instrument de
Ses vengeances sur les rois de l'Europe et sur les Nations coupables châtie la perversité de ses intentions en brisant la
verge qu'agitait sa main redoutable. Abandonné des francs-maçons, vaincu, humilié, confondu à la face de ses ennemis,
elle l'envoie dans la vigueur de son âge terminer sa pénible existence sur le rocher de Sainte- Hélène.
L'arbre mauvais ayant produit ses fruits ; le despote ayant frappé le Chef de l'Eglise ; celui-ci étant dépouillé de ses
Etats, privé de sa liberté et traîné au fond d'un cachot ; aucune tête couronnée ne conservant, désormais, ni le titre, ni le
rôle glorieux de Chef du Saint-Empire Romain ; un Etat franc-maçon lui étant substitué2 : d'autre part, cette phalange de
rois chrétiens, qui formaient le Saint-Empire, n'étant plus ; ne sommes-nous pas en droit de dire qu'elle est ruinée cette
haie protectrice des droits de l'Eglise ? Cette ville forte où les catholiques puisaient leur indépendance et leur liberté ; ce
rempart élevé par la reconnaissance de Constantin, renouvelé en Occident par la piété de Charlemagne ; ce boulevard
que le Fils de Dieu voulait être la sauvegarde de la chrétienté, la voilà renversée ; c'est à peine s'il en reste quelques vestiges.
Un tel effondrement rappelle celui de Constantinople. Encore une étape, et nous verrons le triomphe complet de
l'Antéchrist.
VII. Telles furent les oeuvres de la France révolutionnaire au début de ce siècle. Depuis lors, elle ne cesse de promener
sa torche incendiaire sur l'Europe, faisant mille efforts pour réduire en cendre l'édifice de la chrétienté. Ses chefs,
quels qu'en soient le nom, le nombre et la variété, quelle que soit la fécondité de leurs expédients, de quelque régime
qu'ils soient porteurs ; qu'ils soient tribuns, proconsuls, dictateurs, césars, souverains constitutionnels, ou monarques absolus,
tous, serviteurs plus ou moins gagés de la Révolution, se succèdent pressés et rapides comme la pensée. Leur
oeuvre, qui, dans cette mobilité des choses, ne devrait présenter qu'incohérence, désunion, impéritie, demeure au contraire
entière, stable et habilement conduite. Il existe, en effet, dans l'ombre un plan savamment conçu, une haine implacable
veille avec patience à sa parfaite exécution. Se dissimulent dans les coulisses les têtes dirigeantes ; elles
tiennent les fils de la trame, président à l'action, et, dociles au commandement qu'ils reçoivent, apparaissent sur la scène
ou disparaissent, quitte à revenir s'ils sont plus souples, les personnages qui accomplissent l'oeuvre destructive.
En effet, si variée qu'elle soit dans ses formes, si multiple qu'elle apparaisse par les dénominations sans nombre dont
elle s'affuble, la Révolution est une dans son plan de destruction. Elle a toujours compris que, pour s'exercer plus efficacement,
l'oeuvre satanique doit être dirigée par une main unique et puissante. Le plan de la secte est donc de ramener
le monde à l'unité de gouvernement ; voila pourquoi la Révolution, que le disciple bien-aimé a vue sous l'emblème
d'un léopard muni de pieds d'ours et d'une gueule de lion, se donne pour mission de renverser toute barrière qui
s'oppose à sa course. Si elle emprunte au léopard sa bigarrure, à l'ours sa souplesse, au lion sa férocité, c'est afin de
pénétrer partout plus profondément, plus universellement, plus perfidement. De ses points de repaire, elle se répand
d'abord sur les royaumes chrétiens, gravit les degrés du trône et trouve moyen de s'y asseoir. De ces hauteurs où elle
plane, elle descend l'échelle sociale, en parcourt tous les degrés, et s'y forme de nombreuses recrues, car elle se plie aux
circonstances, se façonne à tous les goûts, accepte même toute religion bien qu'elle se propose de les détruire toutes.
Elle suit les courants qu'elle se voit impuissante à remonter, et sait par une sage lenteur les tourner à son profit. Enfin,
elle prend tous les masques, afin de n'effrayer personne et de gagner tout le monde à sa cause. Aux grands et aux
souverains, elle promet les plus hautes fonctions de l'Etat, le gouvernement des peuples, l'empire du monde. Aux classes
intermédiaires, elle assure les honneurs, l'or et les plaisirs ; aux petits, aux délaissés, elle fait entrevoir une douce fraternité,
où tous les citoyens jouissent d'une égalité parfaite, où tous les rangs de la société sont confondus. Plus de propriété
! leur crie-t-elle, plus de distinction ! Tel est le secret qui vaut à la Révolution sa force, son universalité, sa variété et le
nombre prodigieux de ses adeptes.
De ce langage menteur provient cette haine implacable de la paresse contre le travail, du vice contre la vertu, de l'indigence
contre la fortune. De là, cet appel à toutes les convoitises, ce déchaînement des passions, cet esprit de révolte
qui fermente dans toutes les têtes. De là, cette soif insatiable de l'or, cette ambition qui ne sait plus de bornes. De là, ces
armements formidables, ces engins destructeurs, ces chocs terribles entre puissances rivales. De là, s'opère en grand ce
gigantesque travail qui tend à faire disparaître toute nationalité, toute langue, toute tribu : travail entrepris par les chefs
eux-mêmes des Nations, par les rois, par les Empereurs unis aux Juifs, leurs vainqueurs à bref délai. De là, ce retour logique
à cette grande unité, à cette république universelle que poursuit la secte antichrétienne (M. de Maistre disait, il y
a soixante ans, que le monde d'aujourd'hui marche de plus en plus à l'unité de gouvernement).
VIII. L'esprit maçonnique vise tellement, en les noyant dans le flot révolutionnaire, la fusion de tous les peuples de la
terre, que les chefs de l'Ordre, reniant ce qu'ils devraient avoir de plus cher et abjurant tout sentiment patriotique, procla-
1 A peine le Concordat signé, le nouveau Charlemagne n'est déjà plus en accord avec l*Eglise. Il imagine, sans être chrétien, la cérémonie
du sacre et dans cette cérémonie il fait des réserves qui en annulent l'effet. Il se couronne de ses propres mains, niant à cet
acte du couronnement toute sa signification, et le peuple croit qu'il a été couronné par le Pape». (Coquille, Univers. 7 mars 1887).
2 L'idée arrêtée par la secte a été de détruire le Saint-Empire romain germanique, et, de nos jours, elle poursuit encore la destruction
de la maison d'Autriche pour réunir toute l'Allemagne sous la dynastie prussienne. Nous remarquons que tous les hommes distingués
de l'Empire allemand actuel sont des francs-maçons avancés ; l'empereur lui-même est frère et protecteur de tout l'ordre maçonnique.
Le prince impérial item. (Extrait de la Franc-Maçonnerie, par d'Estampes et Claudio Jannet).
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ment ouvertement dans le mystère de leurs loges n'appartenir à aucune nation. Ils se disent citoyens de l'univers et ne
travailler que pour le triomphe de la cause commune, la république universelle. Leurs paroles se traduisent par des actes.
Parvenus, comme en France, au gouvernement d'un peuple qu'il s'agit de déchristianiser, ils préfèrent suivre le plan
maçonnique et sacrifier les intérêts de la nation, la France dût-elle en périr ! Et elle périra infailliblement, si les voeux de la
secte se réalisent. Un coup d'oeil attentif nous édifiera sur leurs patriotiques intentions.
En vain trente-cinq millions de Français déclarent nettement qu'ils sont catholiques, qu'ils ont été baptisés et veulent
mourir dans le sein d'une religion qu'ils ont sucée avec le lait maternel ; en vain ils exigent qu'on donne à leurs enfants
une éducation conforme à leur croyance ; en vain le moribond réclame, au seuil de l'éternité, les consolations suprêmes
de sa foi ; en vain le soldat, sur le champ de bataille, appelle l'ami et le soutien de sa jeunesse ; en face de la mort, vainement
il réclame cette force morale que donne, seul, le témoignage d'une bonne conscience. Ces voeux si sacrés, si légitimes,
si patriotes qu'ils soient, ne seront point exaucés. En voici le motif : placés dans la balance qui décide des destinées
de la France, ces trente-cinq millions de Français ne sont d'aucun poids, n'ont aucune valeur. Aux yeux de la secte,
le catholicisme est hors la loi. «Les catholiques ne sont pas des citoyens comme les autres» (Goblet, ministre des cultes).
«Le pays, c'est nous» (Papinaud). «Les catholiques sont hors la loi» (Ducoudray, Semaine de Versailles, 9 juin 1887).
Les catholiques sont des intrus qu'il s'agit d'expulser, dont il faut pour le moment ne tenir nul compte. Catholicisme et cléricalisme
sont une même chose, or le cléricalisme voilà l'ennemi. Donc, le maçon obligera le soldat de mourir sans prêtre,
le moribond attendra vainement les suprêmes consolations. Loin de recevoir l'enseignement religieux, l'enfant devra se
laisser instruire par des maîtres qui se rient de toute croyance, étudier des livres que lui interdit sa foi, embrasser une
doctrine que repousse sa raison, qui méprise sa dignité de chrétien, qui foule aux pieds son amour pour Dieu : ainsi l'a
décrété la secte impie.
«Aujourd'hui, dit Mgr Goux, évêque de Versailles, que répondre à l'enfant qui questionne sur notre commune origine ?
Quelles sont les idées que les prétentions modernes ont mises à la place de celle de la divinité créatrice ? La Genèse et
l'histoire du premier couple d'Adam et d'Eve créés à l'image de Dieu, sont traitées de fables. On préfère chercher l'origine
de la race humaine dans ces informes embryons qui se meuvent dans la vase des étangs, et on travaille à faire remonter
par des transformations successives et incompréhensibles les premiers germes de la race humaine… Plutôt que de
croire à la création de l'homme et de la femme par un Dieu tout-puissant, on nous donne pour ancêtres un singe et une
guenon».
Pour éviter de susciter les colères on met en avant mille prétextes, tissus de mensonges et d'hypocrisie. On invoque
la nécessité de faire des économies budgétaires ; fort de cet argument, ou taille, on rogne, ou supprime à sa guise
le budget d'une religion qu'on a juré de détruire. De ce travail épurateur sortira sans doute une nouvelle édition moins volumineuse.
Avec quel étonnement ne voit-on pas surgir, comme indispensables et toujours croissantes, de fabuleuses
dépenses que les ressources entières d'un Etat florissant sont impuissantes à équilibrer ! Ainsi, d'une part, on économise
pour détruire le Règne de Jésus-Christ dans la nation, et, d'autre part, on ruine cette même France par un gaspillage
sans nom.
On invoque la nécessité de ne pas froisser les opinions ; le but réel étant de coopérer avec les frères et amis à
l'oeuvre destructive, on donne satisfaction à une infâme minorité de dissidents, et l'on ne craint pas de blesser tout un
grand peuple dans ses plus chères convictions.
Pour déchristianiser une nation, il existe un moyen sûr de réussir ; c'est d'empêcher la divine semence de s'implanter
dans le coeur de l’enfant. Lorsqu'elle est enracinée, la foi se perd difficilement ; mais si l'on parvient à écarter le semeur,
si on le met dans l'impossibilité de remplir son ministère sacré, on obtiendra une jeunesse qu'aucun frein solide ne retiendra
dans le devoir ; une jeunesse viciée, corrompue, disposée à commettre tous les crimes : tel est le plan immoral, destructeur,
antifrançais, antisocial que Satan seul peut avoir inspiré ; et avec quel cynisme s'opère ce sacrilège attentat !
Sous prétexte de chasser l'ignorance, de propager l'instruction dans les masses et d'alléger les charges de la famille,
on créera l'école gratuite et obligatoire. Qu'y a-t-il en soi de plus inoffensif et de plus libéral ? Mais cette loi, qui devrait
être toute à l'avantage de la société, est entre les mains de la secte un moyen sûr d'étouffer le catholicisme dans son
germe. En effet, l'enseignement n'est gratuit qu'à la condition essentielle d'être en même temps laïque, c'est-à-dire athée,
libre-penseur, sans Dieu. En d'autres termes, le but premier visé par l'impiété est l'enseignement athée. Elle le rend obligatoire,
afin qu'englobant toutes les générations et tous les rangs de la société, aucun enfant ne puisse échapper au poison
meurtrier ; elle y ajoute la gratuité qui servira tout à la fois d'amorce à l'indigence et de calmant contre l'indignation1.
Mais voici une autre arme non moins hypocrite que les précédentes, la neutralité. On ne souffrira désormais, dans
les écoles où s'élève l'enfant du peuple, aucun emblème rappelant les mystères de la religion des Français. Qui ne voit
que le signe auguste de la Rédemption offusquerait le maçon ou le libre-penseur ? Donc, on sera sans pitié pour la croix,
vite elle disparaîtra ; toute statue ou tableau que l’on soupçonnerait de cléricalisme subira le même sort. L'instituteur luimême,
quel que soit d'ailleurs son savoir, quelque recommandable que soit sa vertu, s'il n'a répudié tout caractère reli-
1 «Quant aux républicains, ce n'est pas du tout dans le but de développer l'instruction qu'ils ont dépensé avec tant d'ardeur l'argent des
contribuables, c'est leur haine de l'Eglise, de la liberté, et de leur intérêt propre. L'obligation, en effet, n'a pas augmenté sensiblement
le nombre des élèves ; la gratuité n'est qu'un leurre ; mais on n'enseignera plus le catéchisme à l'école et les républicains ont dans
l'instituteur, en chaque village, un agent électoral» (le baron de Mackau à la Chambre des députés, séance du 29 janvier 1887)
A-t-on consulté le pays sur l'instruction laïque ? Jamais, et on a bien fait. Le pays, mal éclairé, aurait peut-être répondu : non. Mais il y
avait des raisons de droit supérieur et de civilisation pour faire cette réforme. Elle a été faite et il n'y a que les fanatiques qui s'en plaignent.
- Qui a tenu ce langage ? Le chef de l'extrême gauche, M. Clemenceau. L'aveu, on le voit, est absolument cynique ; mais après
cela, comme il peint bien ces Jacobins qui font sonner si haut leur respect pour le suffrage universel ! Le suffrage ! excellent pour eux
et bien éclairé quand il leur donne le pouvoir et leur répond : Oui ; tranquillement conspué et mis au rancart, quand il s'avise de se
montrer indépendant ou de répondre : Non. (Sem. de Versailles, 9 janv. 1887.)
41
gieux sera congédié à bref délai. Le prêtre, l'ami et le directeur de l'enfance, se sent mal à l’aise dans cet asile qu'empoisonne
le souffle de Satan1.
Tous ces moyens d'éteindre la foi dans le coeur de l'enfant sont bien puissants sans doute, cependant la secte a jugé
son travail imparfait tant que la mère conserverait ses principes religieux. On a pensé à bon droit qu'avec le lait maternel,
la mère inocule dans les veines de l'enfant la foi qu'elle porte dans son coeur. Il fallait donc des lycées où les jeunes filles
élevées en citoyennes perdraient, avec la foi, cette auréole de retenue qui doit ceindre leur front. Telles sont les mères
républicaines que la Révolution prépare aux futures générations et dont elle veut peupler la France.
L'oeuvre impie et antisociale que poursuivent les ennemis de l'Eglise et de la France peut donc se résumer ainsi :
éteindre la foi sur le sol français, agir principalement sur le coeur de l'enfant qu'il faut corrompre et avilir ; en même temps,
ruiner la fortune publique et particulière, en multipliant les désastres financiers, les gaspillages sans nom, les expéditions
lointaines et arbitraires, et, finalement, conduire la France à une catastrophe inévitable, dont chaque étape est escomptée
et mise à profit par ces cruels vampires.
L'exécution de ce plan satanique est lui-même un chef-d'oeuvre d'hypocrisie. La victime devra être immolée comme à
son insu ; le christianisme devra disparaître sans pousser un cri, du moins sans provoquer de trop grandes colères.
L'acteur sera tout ensemble l'avocat, l'ami et le bourreau de sa victime. Ici le réel oppresseur jouera le rôle de l'opprimé. Il
paraîtra protéger, défendre et venger une victime, dont il ne sera, aux yeux clairvoyants, que l'impitoyable meurtrier. Sur
la scène, on paiera le public de phrases sonores ; on mettra en avant les droits du peuple ; on fera sonner haut les mots
de patriotisme, de tolérance et de liberté. La France est-elle vaincue ? on se proclame son défenseur, on fait appel à tous
les sentiments généreux. Levées en masses ! guerre à outrance ! crie-t-on de toute part, tous à la brèche ! Et, dans les
coulisses, pendant que le sang ruisselle et que la France écrasée semble anéantie, on fume des cigares exquis ; puis,
détail insignifiant, on puise abondamment dans les caisses publiques, avant de fuir prestement en lieu sûr (allusion à la
retraite précipitée de Gambetta à Saint-Sébastien, Espagne, en face des Prussiens).
Maintenant qu'à force de bruit le personnage en scène s'est proclamé libérateur de la patrie, maintenant qu'il est repu
et que le désastre national lui vaut l'or, les étoffes précieuses et le plaisir, maintenant que les frères l'ont solidement implanté,
il lui faut remplir ses engagements, détruire ce qu'on appelle la superstition, manger du prêtre à satiété, adroitement
toutefois et sans compromettre les intérêts électoraux. Voici le procédé : sur la scène, l'acteur, par une heureuse
inspiration, distingue entre la religion des masses et le cléricalisme ou intolérance religieuse. La première, il la dira utile et
nécessaire aux masses, il s'en proclamera l'ami et le soutien ; par contre, il signalera le second comme l'ennemi irréconciliable
du progrès ; il criera fort : Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! Puis il fera entendre au peuple qu'il est urgent de purger
la république, que le moyen d'atteindre le mal et d'assurer le repos, c'est d'expulser les religieux. Dans les coulisses, les
amis félicitent l'acteur. Cléricalisme ! religion du peuple ! habile distinction, crie-t-on de toute part. Comme si le catholicisme
ne formait pas un tout compacte qu'ils savent être indivisible ! Mais les frères ont compris qu'en fractionnant leur
victime ils arriveraient plus sûrement à sa destruction2. Toutes les loges sont en liesse ; le succès obtenu présage que
l'on peut tout oser pour l'avenir.
Cependant la campagne anticléricale, par elle-même peu lucrative, a vidé les poches ; et comme on n'a pas toujours
pour les remplir de grosses guerres à son service, on emploiera comme moyen terme les petites guerres, les expéditions
lointaines : il faut être prudent, agir à l'écart et ne pas nuire aux élections maçonniques. Juste à propos, sur la scène, on
aperçoit des points noirs à l'horizon. L'ennemi, répètent les échos, devient menaçant, il faut venger l'honneur national !
réprimer l'insolence des Kroumirs ! A la hâte une expédition s'organise, et, sans consulter les représentants de la nation,
– trop de lumière ferait échouer l'entreprise – on vole en Tunisie.
Dans les coulisses, on rit gaîment. Des Kroumirs ! on en trouve à peine l'ombre ! Mais le tour est admirablement joué ;
les frères se réjouissent, et l'or pleut abondamment dans les caisses vides.
Toutefois, ce n'était là qu'une bagatelle, la Tunisie ! Il fallait une mine inépuisable. On la trouve dans le Tonkin. Le
Tonkin !!! ce gouffre toujours béant qui engloutit la fortune de la France, et boit le plus pur sang français ! Qui donc a décrété
cette ruineuse expédition ? Est-ce le peuple français ? Jamais ? Sont-ce les mandataires de la volonté du peuple ?
Pas davantage ! Demandez à ceux qui exploitent la fortune publique, à ces mercenaires qui, n'ayant dans les veines aucune
goutte de sang français, s'attachent à leur victime et n'ont de repos qu'ils n'aient consommé sa ruine.

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Message par pierre34 Mer 14 Juil 2010 - 19:48

X. Si la Providence permet aux événements de suivre leur cours, il est facile de prévoir que le vaste plan de la secte
antichrétienne doit forcément aboutir à la déchristianisation, à la déchéance et à la disparition totale des races latines,
où s'est implanté plus particulièrement le Règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Du glaive consacré au service de
la vérité, bientôt il n'en restera plus aucune trace ; l'or, l'industrie, les moyens de communications, les puissances de lo-
1 M. le ministre de l'instruction publique informe les recteurs que d'ici à cinq ans (Loi scolaire du 30 octobre 1880), il ne doit plus y avoir
que des instituteurs laïques. En conséquence, il leur notifie qu'à l'expiration de cinq ans, les novices congréganistes qui auront contracté
un engagement décennal devront rentrer dans la vie civile et poursuivre leur carrière dans l'enseignement public. (Sem. de Versailles,
9 janvier 1887.)
Mgr Hugonin, évêque de Bayeux, dans sa lettre pastorale du 25 janvier 1887, indique clairement le but de cette loi d'ostracisme :
«Notre-Seigneur Jésus-Christ a été banni de nos écoles, il était logique que les instituteurs religieux le fussent à leur tour. L'oeuvre est
consommée. Malgré la constitution qui proclame l'égalité des citoyens devant la loi et leur admissibilité à toutes les fonctions, les religieux
sont exclus de celle de l'enseignement, non par incapacité, mais uniquement parce qu'ils sont religieux et qu'ils ont promis à
Dieu de consacrer leur vie à l'éducation des enfants, et particulièrement des enfants pauvres. On veut former une France nouvelle
sans religion et sans Dieu. Par une amère dérision, c'est au nom de la liberté de conscience qu'on impose aux familles chrétiennes,
surtout à celles qui sont pauvres, un système d'éducation réprouvé par les Souverains Pontifes et par les évêques du monde catholique
».
2 «La distinction entre le catholicisme et le cléricalisme est purement officielle, subtile, pour les besoins de la tribune : mais ici, en loge,
disons-le hautement et pour la vérité, le catholicisme et le cléricalisme ne font qu'un». (Paroles du F∴ Condavaux à la loge de l’Etoile
du Nord de Lille.)
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comotion passent visiblement aux mains d'une faible minorité. Celle-ci, armée de la perversité d'un droit nouveau, que les
loges ont fabriqué tout exprès pour son usage, et mettant à profit l'énergie des plus récentes découvertes, a juré de détruire
l'ancien ordre de choses et de faire mentir la parole solennelle de Notre-Seigneur affirmant que Son Eglise correspondra
à tous les temps, subsistera dans tous les siècles.
On voit clairement de nos jours qu'il s'agit de remettre sur son trône Satan, le roi détrôné, l'antique usurpateur des
droits de Dieu. Il est aisé de comprendre que ce monarque, hier déchu, rentrant aujourd'hui dans son ancien domaine, va
remettre en vigueur l’enseignement païen avec ses violences et ses artifices. On conçoit sans peine qu'armé des mille
bouches de la presse, il va vomir par toute la terre une doctrine absolument opposée à l'esprit qui, depuis quinze siècles,
anime les nations chrétiennes ; il est hors de doute qu'il va exercer contre le Saint-Empire Romain, jusqu'alors son vainqueur,
une haine implacable, allumée par la rage des démons, une haine que la langue humaine se refuse à décrire.
XI. Mais si l'Eglise, en vertu des promesses divines qui lui sont faites, est assurée de se perpétuer jusqu'au dernier
avènement du Sauveur, il n'en est pas de même des nations et des royaumes qui subsistent aujourd'hui sur la terre. Au
contraire, l'esprit prophétique nous donne à entendre, par deux célèbres visions de Daniel, que les royaumes qui forment
le Saint-Empire Romain seront à leur tour disloqués, pulvérisés, et que sur leurs cendres encore fumantes s'élèvera un
autre colosse plus gigantesque, qui réunira sous son empire tous les habitants de la terre. Ainsi l'a compris la Tradition,
nous l'avons exposé plus haut. En effet, sur la bête, symbole de l'Empire Romain idolâtre, s'élèvent dix cornes ou
royaumes, qui sont en dernier lieu vaincues par une onzième corne plus forte. Celle-ci fait disparaître les dix premières et
règne seule à leur place. Le Prophète ajoute que cette onzième corne, qui n'est autre que l'Antéchrist, à son tour sera
broyée pour faire place au Règne universel du Très-Haut et de Ses Saints sur la terre (Daniel, VII, 24-27).
Ailleurs, l'énorme statue à la tête d'or, à la poitrine d'argent, au ventre et aux cuisses d'airain, aux jambes et aux pieds
de fer mêlé d'argile, est réduite en poudre par la petite pierre qui, se détachant de la montagne, vient frapper les pieds de
la statue et la renverser. Cette pierre, en effet, prend de telles proportions qu'elle remplit toute la terre. De la statue, il n'en
est plus mention ; elle ne subsiste plus ; sa place est désormais occupée par la pierre détachée de la montagne.
Or, Notre-Seigneur Jésus-Christ et Son Eglise bien-aimée sont ici figurés par la pierre en question. La statue
colossale représente les quatre grands Empires qui, à tour de rôle, ont gouverné le monde : l'Empire de Babylone, celui
de Cyrus, celui d'Alexandre et enfin l'Empire Romain. Suivant l'interprétation commune, ces quatre grands Empires et celui
de l'Antéchrist, une fois disparus de la scène du monde, feront place au Règne universel de Notre-Seigneur sur la
terre.
XII. Ainsi, de toute manière, nous tendons vers l'unité. Dans le camp de nos ennemis, Satan renverse, disloque et
réduit en poudre pour mieux asseoir l'universalité de son règne ; et le Tout-Puissant se sert de ces ouvriers, inconscients
du résultat final de leur besogne, pour préparer les voies à la manifestation de Son éclatant triomphe sur tous les
peuples1.
Le Juif émancipé accomplit ce travail de déblaiement avec un entrain que tempère une sage lenteur, que guide une
prudence consommée ; car, pour lui, le moment est solennel : il s'agit de ce qui fait son attente et l'objet de ses voeux depuis
quarante siècles ; il s'agit de la manifestation, à bref délai, de son Messie, dont une intelligence supérieure lui fait
pressentir l’approche. Il hâte et favorise cette éclosion en lui frayant la route, en aplanissant les voies, en comblant les
vallées, en perçant les montagnes, renversant, en un mot, tout obstacle qui nuirait à son développement ; une activité
fiévreuse règne dans tous les rangs. - D'après ces données, nous serions tentés de conclure que le Juif est loyal dans la
poursuite de son Messie ; qu'à l'exemple de saint Paul, il cherche de bonne foi la lumière ; qu'il la combat par une ignorance
involontaire et l'embrasserait avidement, si un rayon victorieux de la grâce la manifestait à ses yeux.
Cependant, il est loin d'en être ainsi. Quelques-uns, il est vrai, ont cette droiture d'intention ; aussi, les voyons-nous,
ces nouveaux Saüls, tomber sur le chemin de Damas. Leur voix, d'accord avec le changement subit de leur coeur, se fait
entendre et crie : «Seigneur, que voulez-Vous que je fasse ?» Ils deviennent par excellence le missionnaire de Dieu auprès
de leurs frères : ce sont les pionniers de cette phalange d'apôtres que la suprême Miséricorde tient en réserve, et
qu'elle lancera dans toutes les directions au jour de l'étonnante conversion du corps entier.
Toutefois, ce n'est encore que les prémices. Le reste, fatigué dans son attente, pris de vertige et de désespoir, se fabrique
un Messie d'un nouveau genre. Le plus grand nombre, perdant la foi, se jettent dans les bras du matérialisme
et du panthéisme. Comme aux jours ténébreux de la passion du Sauveur, Satan les guide, inspire leur ardeur,
forme leurs complots, dirige le plan d'attaque. Il affirme que le Messie attendu n'est autre chose qu'une ère de prospérité,
où le Juif commandera aux peuples de la terre ; que la nature elle-même travaille de concert avec eux ; qu'elle leur découvre
ses secrets, leur livre ses véhicules de feu, ses forces, inconnues jusqu'alors, et dont la puissance doit leur assurer
la conquête du monde2.
XIII. Oui, vraiment, ô Israël, tu es plongé dans une affreuse disette ! Naguère encore, tu étais ce peuple dont la foi au
Messie à venir faisait le caractère distinctif. Tu n'existais, tu ne vivais, tu ne respirais que pour ton Messie. Trompées par
un mirage incessant, tes espérances ne s'étaient point démenties ; tes épreuves, tes humiliations, disons-le mot, l'écrasement
dont tu fus l'objet de la part des nations n'avaient fait que les raviver au lieu de les éteindre. Que les temps sont
1 L'Arien franc-maçon procède avec la fougue inhérente à sa nature ; le Juif franc-maçon, plus calculé, arrive plus sûrement au même
but.
2 «L'avènement du Messie, dit Cahen, est bien moins l'apparition matérielle de l'Etre tout-puissant, Roi, Prophète ou Dieu, que
l’éclosion d'une grande époque au point de vue religieux, social et moral».
«Le Messie est venu pour nous, le 28 février 1790, avec la Déclaration des droits de l'homme. Le Messie que nous attendons, c'est la
diffusion des lumières, c'est la reconnaissance de tous les droits, c'est l’émancipation de l’humanité entière». (M. S. Cahen, traducteur
de la Bible)
«Le véritable Rédempteur, dit Michel Weil, n'est pas une personnalité, mais Israël transformé en phare des nations, élevé aux nobles
fonctions de précepteur de l'humanité». (Extrait de la Question du Messie, par les abbés Lémann)
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changés ! Toi, peuple d'élection, dont le sang fut destiné à former la chair du Libérateur promis ; toi, marqué d'un sceau
indélébile entre tous les peuples (la circoncision) ; toi, dont la tige est sainte, et dont le couronnement doit apporter à la
terre ses plus beaux fruits ; aujourd'hui, tes chefs, pris de désespoir, renoncent à leur dignité, méconnaissent leurs privilèges.
A leur sens, David a dit des paroles que les générations n'ont point comprises. Le Seigneur, dont ce grand roi s'intitule
l'humble serviteur, n'est plus qu'un mythe, une époque plus ou moins fantastique, une oasis au milieu des déserts
brûlants ; et c'est au moment où la main divine t'exalte, que tu cesses de comprendre ta véritable grandeur. Nouvel enfant
prodigue, tu foules aux pieds ta robe éclatante ; tu dédaignes l'anneau royal qui brillait à ton doigt ; tu vends la
chaussure qui rehaussait tes pieds : tu préfères mourir de faim. Tu t'abaisses au niveau de l'homme sans Dieu. Ce Jéhovah
que tu ne nommais qu'en tremblant, aujourd'hui tu oses côtoyer celui qui le blasphème ! tu le renies, ce grand Dieu,
dans ses promesses ! tu l'abjures ! Que dis-je, tu fais cause commune avec celui qui a juré sa destruction. Tu nages dans
l'or périssable et, cependant, la disette spirituelle t'a affaibli à tel point que, si le Tout-Puissant n'avait promis de te faire
revivre, on pronostiquerait ta mort à bref délai. Avouons-le, cet état lamentable est inouï dans les annales d'Israël. Jamais
si horrible famine n'avait sévi parmi les enfants de Jacob1.
Il n'y a point lieu toutefois de s'attrister outre mesure ; au contraire, instruits par les divines Ecritures, nous savons qu'à
l'affreuse disette d'Israël doit succéder la période de réconciliation. L'époque de la suprême détresse est, en même
temps, celle où se préparent les chariots qui doivent transporter Jacob et toute sa famille dans la fertile Egypte. C'est
l'heure où Israël, n'étant plus qu'un vaste corps sans vie, doit, sous l'action d'une force mystérieuse, retrouver son principe
vital et refleurir à jamais. Qu'il est consolant d'apercevoir la main puissante qui, à côté d'un mal incurable, prépare
dans les causes visibles le remède qui doit infailliblement le guérir ! Qu'elle est douce à entendre cette voix créatrice qui
doit opérer de telles merveilles !
XIV2. «Un suprême effort de Ma tendresse, nous crie-t-elle, va renouveler la face de la terre. Dans ce pressant appel,
les idolâtres, ces ouvriers de la onzième heure, vont enfin se rendre aux sollicitations de la grâce. Ayant passé tout le jour
sans rien faire, eux aussi vont travailler à Ma vigne. Pourrait-on se méprendre sur la grande oeuvre que Je poursuis ?
Ces immenses préparatifs, seraient-ils le fruit du hasard ? N'ai-Je pas compté et pesé tous les mondes qui roulent dans
les espaces ? N'ai-Je pas supputé les grains de sable de la mer, les gouttes d'eau de l'Océan, les feuilles qui ombragent
les forêts ? Si J'ai formé les astres qui brillent au firmament, si Mon bras puissant les maintient à de prodigieuses distances,
en même temps qu'Il les dirige avec ordre et symétrie, qui douterait que Ma Providence veille sur le détail aussi
bien que sur l'ensemble de l'ouvrage ? Je dispense aux oiseaux du ciel et aux poissons de la mer la nourriture et le vêtement.
Mes serviteurs seraient-ils traités avec moins d'égards et de tendresse ? Un seul cheveu tombe-t-il de leur tête
sans Ma permission ? Oublierait-on que Je suis l'auteur de toute science, la source de toute lumière et que tout don découle
de Ma puissance et de Ma libéralité ?
«C'est de Mon sein, toujours fécond, que les nations, aussi bien que les individus, puisent l’inspiration et le génie. De
Moi seul émanent le beau, le vrai, tous les arts ; en quelque lieu qu'ils brillent, ils sont un rayon de Ma Sagesse qui
éclaire les êtres intelligents et se peint dans la perfection de leurs ouvrages. La nature physique elle-même, que Je livre à
la sagacité des hommes, est un présent de Ma bonté. Elle recèle dans ses lianes des trésors d'énergie que la science,
pour l'ordinaire, ne peut que constater. Ces secrets, Je ne les communique qu'aux heures et dans les proportions voulues
par Ma Providence, tantôt pour la correction et l'amendement des peuples, toujours pour leur avantage et leur félicité, jamais
pour leur perte. En même temps que ces découvertes concourent au progrès matériel, Je m'en sers comme d'un
véhicule pour conduire les peuples à leur fin dernière.
XV. «Maintenant que vous êtes instruit à l'école de Ma Sagesse, il vous sera facile de constater que Je mets tout à
contribution, et les hommes et les peuples avec leur génie, quand il s'agit de l'établissement de Mon Règne sur la terre.
Pour peu que vous soyez attentifs, votre oeil a distingué le grand peuple chargé de cette mission. Rome s'est élevée
entre toutes les villes de la terre. Pourquoi lui aurais-Je donné l'éloquence des Grecs ou la science des Egyptiens ? Inutile
qu'elle fût le berceau des arts. Elle les cultiva, sans doute, avec gloire ; mais là n'était point le théâtre de ses actions.
Destinée à porter Mes missionnaires chez tous les peuples connus, vous ne serez point surpris qu'elle ait aspiré à la
conquête du monde. Avec quels traits de ressemblance, Daniel nous la représente dans ce travail de déblaiement ! Au
dire du Prophète, c'est une bête monstrueuse, elle engloutit tous les peuples, mais, en même temps, elle se les assimile.
Elle broie tout, mais c'est afin de recomposer un plus vaste corps, une merveilleuse unité, un colossal Empire qu'elle
commande en souveraine. Enfin, l'oeuvre préparatoire est achevée, le terrain est déblayé, les routes sont tracées, le char
est construit, la monture sellée ; d'autre part, le temps est calme et l'univers jouit d'une paix sans égale ; tout invite le
voyageur à partir. N'est-ce pas, en effet, l'heure solennelle où Mes Apôtres reçoivent l'ordre de parcourir le monde et d'y
porter la bonne nouvelle ?
«Au cours des siècles suivants, l'action de Ma Providence s'affirme de plus en plus. En effet, Rome s'étant faite la corruptrice
des nations, Je la détruis dans ce qu'elle renferme de criminel ; mais le fruit de son incomparable génie, Je veux
qu'il lui survive et qu'il demeure. C'est l'instrument précieux dont Je me sers avec avantage pour les développements
successifs et la conservation de Mon Eglise. Pendant onze siècles, la Rome que J'ai fait renaître de ses cendres n'aura
de véhicule plus perfectionné. Qu'y a-t-il de plus logique ? tel empire, tel génie, telle puissance d'instruments. Puisque la
Rome idolâtre a construit pour la Rome chrétienne un char magnifique, n'est-il pas dans l'ordre des choses que cette
1 La disette des Juifs, à notre époque, est ainsi décrite par les abbés Lémann : «Ils rejettent le surnaturel ; nient l'inspiration des Livres
saints ; ils en appellent au libre examen ; ils se glorifient de n'avoir plus ni autel, ni sacrifices ; ils ne reconnaissent plus de sacerdoce ;
ils méprisent le Talmud ; ils ne respectent plus les lois alimentaires ; ils n'observent plus le Sabbat ; ils mutilent les prières ; ils admettent
les mariages mixtes ; ils abandonnent la circoncision ; ils ne font plus élever leurs enfants dans l'étude et la pratique du judaïsme ;
ils n'ont plus la sainteté de vie». (Question du Messie)
2 Dans ce § et les deux suivants Dieu annonce le second char : Il montre en deux mots comment il fait suite au premier ; puis
Il en fait la description, visant surtout le côté matériel du char.
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dernière le mette à son service, de préférence et à l'exclusion de tout autre, pendant la période de son existence ? Si Je
l'eusse brisé plus tôt, les hommes m'eussent accusé d'imprévoyance ou d'impéritie ; j'eusse manqué, ce semble, de résolution
ou de suite dans l'exécution de Mon plan. Donc, loin d'être surpris, vous reconnaissez la sagesse de Ma conduite
que Je résume en ces mots : De la conversion de Constantin à la chute de Constantinople, point de modification sensible,
à plus forte raison, point de changement radical dans l'instrument de Mes oeuvres : Ma providence devait s'y opposer.
XVI. «Mais à cette date mémorable, vous observez dans le cours des choses une solution de continuité, apparaît un
nouvel ordre de choses. Cela tient, d'une part, à la sentence de destruction prononcée contre les Nations apostates ; de
l'autre, aux desseins miséricordieux que Je forme pour la création d'un monde nouveau1. Puisque l'Empire Romain est
condamné à périr, vous remarquerez vous-même qu'il Me faut, pour abattre ces solides remparts et châtier les coupables,
un engin destructeur d'une force inconnue jusqu'alors. D'autre part, cet engin ne sera pas moins nécessaire pour
briser les barrières que les rois idolâtres opposent depuis tant de siècles à l'extension de Mon Règne. Ce nouvel instrument
des rigueurs de Ma justice, la poudre à canon, comparable à la foudre, et plus terrible dans ses effets, trouvez donc
naturel qu'il tonne à la journée décisive où tombe Constantinople, tête orgueilleuse du colosse que Je veux abattre.
«L'Orient étant rejeté, et sa révolte devant soustraire à Mon obéissance la moitié de l'Europe chrétienne, Mes regards
se sont portés sur l'Amérique. Ce géant, perdu au milieu des mers, séparé du reste des humains dont il ignore lui-même
l'existence, le Nouveau Monde, c'est le nom que Je lui donne, peuplé de millions de sauvages, Ma volonté expresse est
qu'il reçoive la succession de l'Orient schismatique. Mais là se dresse un obstacle qui parait insurmontable. Mes apôtres,
dites-vous, ont reçu ordre de franchir la Mer Ténébreuse (l'Océan Atlantique portait le nom de Mer Ténébreuse avant la
découverte de l'Amérique) et d'aborder les plages lointaines, les retraites inaccessibles de ce déshérité de Mes biens ;
car Je veux lui rendre, avec ses droits au ciel, sa dignité première. Cette entreprise, Je le répète, est périlleuse, et le génie
romain lui-même se reconnaît impuissant à la conduire à bonne fin. Ses pilotes, il est vrai, sillonnent les mers qui baignent
son Empire, pénètrent dans tous les golfes ou s'exerce sa domination, à la condition toutefois qu'ils longent les
côtes. Malheur à celui qui, cédant à une téméraire audace, veut sonder l'inconnu ! Malheur au nautonier qu'une tempête
furieuse a jeté au loin sur des mers inexplorées ! il lui faut errer à l'aventure. Sans guide, sans direction, sa perte est certaine.
Cependant Mes serviteurs ont ordre de partir ; il faut donc établir entre le monde ancien et le nouveau que Je convoque
au festin des noces, à travers l'immensité des mers, un service de transport, organisé de façon qu'il assure dorénavant
le passage aux messagers de Ma parole. Le char romain, dites-vous, ne peut remplir ces conditions, donc il doit
être perfectionné ; et, pour peu que vous soyez attentifs, vous découvrirez la main qui préside à ce travail ; ce sera
l'oeuvre de Ma Sagesse, n'en doutez pas. Déjà Christophe Colomb a entendu sa voix, c'est l'homme qu'elle destine à ouvrir
le passage. En même temps qu'elle l'inspire et le façonne à toute épreuve, elle lui prépare un guide sûr, éclairé, incorruptible.
Ni l'or, ni les menaces n'ont d'empire sur sa volonté. A toute heure du jour et de la nuit, quelle que soit la violence
de la tempête et la grandeur du danger, l'aiguille aimantée, la boussole, en un mot, c'est le nom de ce guide incomparable,
offrira, de ce jour, au pilote ses services, la lumière de ses conseils, la sûreté de sa direction. C'est un nouvel
empire que Je donne à l'homme sur l'élément liquide. Celui-ci devient en ses mains une monture plus docile. Si fougueuse
qu'elle soit, si loin qu'elle entraîne le cavalier, ce dernier, mesurant désormais l'écart, s'oriente et reprend sûrement
la route un moment abandonnée. A tant de qualités, reconnaissez un trésor inappréciable, un don de Ma sagesse2.
Ce sont les premiers essais de ce char merveilleux que Je refais à neuf. Ce perfectionnement, vous le pensez bien, en
appelle un second, puis un troisième. Croyez que Je n'aurai de repos que la construction n'en soit entièrement achevée.
«En effet, dans le même siècle, apparaît l’art d'imprimer, autre don de Ma libéralité, l’une des principales gloires de
Mon char, l'un de ses plus essentiels attributs. Parole étrange, n'est-ce pas ? singulier paradoxe qui renverse toutes vos
idées.
«Le démon, J'en conviens, surtout au dix-neuvième siècle, a tellement mis à profit cette importante découverte ; par
ses résultats effrayants, la presse facilite à tel point l'extension du règne des méchants, qu'à votre sens, c'est un fléau inventé
par Ma juste colère pour punir l'orgueil des hommes, permettre à la Cité perverse de se développer et hâter l'avènement
de l'homme de péché. Pour tout dire, vous pensiez que c'était un des signes précurseurs et immédiats de la catastrophe
finale qui doit engloutir le genre humain tout entier.
«Hommes craintifs, vous oubliez vite les enseignements de Ma sagesse ! L'heure solennelle où l'horizon s'élargit, le
siècle où Je livre le Nouveau Monde au zèle de Mes ouvriers, ne peut être celui où il se faille prendre de crainte et
d'alarmes.
1 Les principes révolutionnaires émanés de Constantinople produisent sur l'Occident les effets dissolvants dont nous avons parlé plus
haut. La destruction de l'Empire en est une conséquence logique, et la justice divine en prononce la sentence. Les engins destructeurs,
tels que la poudre à canon et autres forces similaires et plus énergiques encore, sont autant d'instruments dont le Tout-Puissant se
sert pour faire sauter les murs de séparation. Comme au début de la formation de la Rome païenne, le démon utilise ces armes puissantes
pour asseoir son règne satanique sur une république universelle. Dans son plan d'unification, les puissances catholiques qui offrent
le moins de résistance sont les premières à être noyées dans le flot révolutionnaire. Ainsi, de nos jours, l'impiété détruit les principautés
italiennes, y compris les Etats pontificaux, pour asseoir la Révolution sur l'Italie désormais une et indivisible. Récemment encore,
nous assistions au démembrement et à la disparition complète de la Pologne. Cette terre essentiellement catholique, qui produisit
les Sobieski et sauva l'Europe chrétienne des invasions du Croissant, méritait bien d'attirer sur elle toute la rage de Satan. II en est
des nations comme des individus. Dieu veut aussi parmi elles Ses martyrs. Entre autres victimes, Il s'est choisi la Pologne et l’Irlande.
Nous avons l'invincible confiance que la Révolution, cette autre bête plus monstrueuse qui aujourd'hui dévore, broie et assimile
toutes choses, à son tour sera vaincue, et que, sur le terrain préparé, Dieu établira le règne universel de Son Fils.
2 Le peuple qui avait le plus contribué à la découverte de l'Amérique et à son évangélisation méritait une récompense. Dieu la voulut
grande et indéniable à la face des nations. Tel est le secret et le point de départ de la prépondérance espagnole à cette époque. L'Espagne
avait porté le règne de Dieu chez un monde idolâtre ; en retour et comme par surcroît, elle reçut la richesse, l'honneur et la
puissance. Quoi de plus digne de la Sagesse qui préside au gouvernement des peuples !
45
«L’art d'imprimer n'est autre chose qu'un nouveau jet de lumière, venu juste à point, et dont Je me sers pour seconder
l'oeuvre de Mes Apôtres1. En vertu de ce secret, dont Je leur révèle l'existence et les effets prodigieux, Je reproduis leur
parole, Je la multiplie à l'infini, Je la répands à profusion ; et la vérité, qui trop souvent fût restée inaccessible, pénétrant
dans la chaumière du pauvre et de l'affligé, bannit la tristesse, apporte la joie et le bonheur, en même temps qu'elle
éclaire, échauffe et allume autour d'elle le feu de la charité dont Je veux embraser le monde. C'est ainsi que Je prépare,
conserve et complète le travail des champions de Ma cause.
«Pour faire sortir les âmes du péché rien de plus puissant, Je l'admets, que les mâles accents de la parole évangélique
; aussi l'univers romain a-t-il pu renoncer à ses idoles, réformer ses moeurs et devenir chrétien, longtemps avant
l'apparition de ce nouvel auxiliaire de Mes oeuvres ; le ministère de la parole fut et sera toujours indispensable (Fides ex
auditu) : Je ne veux donc, pas plus qu'autrefois, supprimer la présence, le labeur et l'abnégation de Mes missionnaires.
Mais aujourd'hui, nouvel ordre de choses, nouveaux moyens d'action.
«La presse, en effet, restée stationnaire pendant trois siècles, entre avec le dix-neuvième dans une phase nouvelle.
Les auxiliaires que Je lui prête sont d'une puissance telle et leurs effets si prodigieux que, munis de ces instruments, les
hommes sont en train de changer la face de la terre. Mes apôtres et tous ceux qui combattent avec Moi oublieraient-ils
leur rôle ? Vous-mêmes soyez juges. Leurs productions littéraires, dans quelque idiome et sous quelque forme qu'elles
paraissent, livres, brochures, feuilles périodiques, tendent toutes au même but, l'extension de Mon Règne sur la terre. Ce
fruit de leur labeur, de leur science, de leur attachement à Mes droits souverains, sont autant de miroirs où se reflètent
tous les traits du missionnaire, où se peint la valeur de Mes guerriers. Disons-le, ce sont autant de messagers de Ma parole,
autant de défenseurs de la plus sainte des causes. Portés sur des chars de feu, ils vont au Nord et au Midi, à
l'Orient et à l'Occident ; ils pénètrent habilement chez tous les peuples, inondant leurs provinces, leurs villes, leurs assemblées,
leurs demeures ; remplissant auprès de tous leur divine mission : arrosant, fécondant et partout faisant croître
l'immense moisson du Père de famille.
«Toutefois, si Mes chars de feu aident puissamment la presse dans son oeuvre d'évangélisation ; avant tout, Je veux
qu'ils servent de monture à Mes apôtres, à ceux-là de préférence que Je tiens en réserve pour la résurrection du
monde. L'entreprise, dites-vous, est surhumaine, elle renverse toutes nos conceptions et doit être en Mes mains divines
le plus étonnant des miracles ! Trouvez donc à propos que les instruments tiennent eux-mêmes du prodige. Aussi, voyezvous
comme ils arrivent tous à point ! comme ils se prêtent un mutuel concours ! comme ils conspirent tous au même but,
formant une merveilleuse unité, dont, sans dommage, nul rouage ne peut être supprimé !
«Et, d'abord, attire vos regards le mécanisme si justement vanté des chars en question. Vous admirez la gravité de
leur marche, la distribution, l’ordre et le fonctionnement de chacune de leurs parties. Ici le poids du colosse s'unit à la
beauté de la forme, à l'agilité de la course, au plus utile confort. Loin de nuire à la vitesse de locomotion, cette longue file
de chariots, cette masse incomparable, obéissant à une force prodigieuse de traction, glisse, fend l'espace, et défie le vol
de l'oiseau. De distance ! on n'en parle plus. Par contre, et dans la même mesure, s'agrandit le temps si précieux de Mes
infatigables champions. Leur travail, croyez-le bien, s'effectue dans les mêmes proportions. Là, c'est un fluide aussi
prompt que la pensée ; ses effets surprenants sont le complément de Mes véhicules, leur indispensable corollaire. Le
fluide électrique est une plume mystérieuse et gigantesque au moyen de laquelle l'homme écrit sa pensée à l'autre extrémité
du globe. Je dis plus : vous parlez, et le fil conducteur, supprimant le temps et l'espace, vous met en présence de
votre chargé d'affaire, fût-il sur les plages lointaines de l'Amérique, fût-il relégué aux antipodes, vous le sentez à vos côtés,
il entend votre voix, il distingue votre accent, il vous reconnaît, il vous appelle par votre nom et ce phénomène est réciproque
(tels sont les services que rend le téléphone).
«Ainsi la presse, les voies ferrées, la vapeur, le fluide électrique et ses merveilleuses applications, voilà les immenses
réseaux que J'étends sur le monde, voilà les futurs instruments de Mon Règne universel ; autant de canaux qui doivent
féconder une luxuriante moisson ; autant de filets qui attireront les âmes à la connaissance et à la glorification de Mon
Nom2.
XVII. «Qui ne voit que si la Révolution tenait indéfiniment dans ses mains les instruments de Mon Règne universel ; si
les chefs apostats des Nations, si les rois idolâtres, maîtres absolus de ces merveilleuses découvertes, les appliquaient
exclusivement à l'oeuvre satanique : en un mot, si de ce jour Satan restait seul maître du champ de bataille jusqu'à Mon
deuxième et dernier avènement, qui ne voit que Je n'eusse travaillé que pour les intérêts de Mon implacable ennemi, lui
fournissant des armes meurtrières pour ravager Ma vigne bien-aimée, pour tuer Mes serviteurs sans défense ? Qui ne
voit que J'eusse abdiqué sans retour Mon pouvoir souverain, rendant illusoire Mon titre inaliénable de Roi des rois, de
Seigneur des nations ? Il est clair que J'eusse préparé moi-même les voies au règne exterminateur de Mes saints. Mais
alors, qu’aurais-Je fait de Mon honneur et de Ma dignité ? Où seraient Mes promesses et cet amour sans limite que Je
porte à Mes serviteurs ? Donc, loin de vous de telles pensées. Le flot révolutionnaire, Je l'avoue, monte et s'étend
chaque jour ; Je dis plus, il porte dans ses flancs le comble de la perversité des hommes.
«En effet, dans le camp de la Révolution, toute chair, comme aux jours de Noé, a corrompu sa voie. Ne comptant pour
rien d'égaler les crimes punis par le déluge, l'impiété moderne s'unit aux Juifs déicides. Comme aux jours de la passion
du Sauveur, elle demande à grands cris la mort du Fils de Dieu ; et la rage avec laquelle elle poursuit la destruction de
Son oeuvre, démontre suffisamment qu'elle ne le cède en rien au Juif de l'ancienne Loi. Mais, ce que ce dernier n'a jamais
tenté : détruire Dieu et substituer l'homme à l'Etre suprême, la Révolution, elle, se flatte de le consommer ; elle
a juré d'anéantir Jéhovah Lui-même et de se faire adorer. Pour un temps seulement, Je lui donne le glaive, le prestige, la
1 La presse est une oeuvre pie, d'une utilité souveraine (paroles de Pie IX) : Léon XIII enchérit encore et lui prodigue ses encouragements
et ses bénédictions.
2 Parlant des desseins de Dieu dans les inventions modernes, Lacordaire disait, il y a quarante ans, que la matière était le canal par où
doit passer l'esprit et le souffle de Dieu.
46
force et les légions ; qu'elle se hâte d'accomplir jusqu'au bout son oeuvre satanique. Enfin, l’impie va paraître en personne
; ayant vaincu les Nations, subjugué les rois idolâtres, ayant réduit en poudre et leurs temples et leurs idoles,
s'étant fait adorer comme Dieu par toute la terre, croyant son triomphe définitif et son empire assuré, c'est alors que Je le
réduirai à néant, Je le tuerai par le souffle de Ma bouche. Mais, gardez-vous de croire que ce soit la consommation ; au
contraire, tout étant détruit, c'est alors que Je rétablirai toutes choses ; alors Mon Epouse bien-aimée sortira plus
radieuse de cette cruelle épreuve ; alors Je renouvellerai sa parure comme celle du printemps ; alors le Sacerdoce
et l'Empire seront unis comme aux plus beaux jours de Constantin, de Charlemagne et de saint Louis.
L'Eglise entrera, cette fois, dans une phase de splendeur inouïe. Ce sera son triomphe éclatant, universel, définitif
sur la Révolution. Délivrée désormais de son plus terrible adversaire, elle reprendra sa marche victorieuse et
bienfaisante à travers la longue série des siècles».
Ce langage que nous prêtons à l'infinie Sagesse, notre lecteur le comprend, n"est pas de pure fantaisie1 : ce que l'histoire,
l'expérience, des arguments de raison et les plus graves autorités nous font conjecturer du sort qui attend la Révolution
et du triomphe final que Jésus-Christ prépare à Son Eglise, qu'on veuille bien s'en souvenir, se trouve confirmé
d'une façon indiscutable par la mission toute providentielle du prophète Elie. En effet, guidés par la révélation, nous
sommes en mesure d'affirmer que Dieu le fera sortir du lieu de sa retraite pour convertir les Juifs, écraser la Révolution
dans la personne de l'Antéchrist, restaurer toutes choses et dans l'ordre spirituel et dans l'ordre temporel, préparer l'ère
de splendeur, réaliser les voeux de la chrétienté touchant l'unique troupeau, l'unique Pasteur. Alors la terre étant digne
d'être jugée, vu l’énormité de ses crimes, et le Juge étant sur le point de venir en personne la frapper, cet insigne précurseur
apaisera la colère du Seigneur et ajournera, à de longs siècles, le grand et épouvantable jour qui sera le dernier. Ce
sera la matière d'une troisième partie.

pierre34
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Message par pierre34 Mer 14 Juil 2010 - 19:50

TROISIÈME PARTIE : AVÈNEMENT ET MISSION DU PROPHÈTE ELIE
SOMMAIRE : I. Certitude de l'avènement d'Elie. - II. Preuves de l'enlèvement et du retour d'Elie. - III. Preuves qui établissent la
mission de ce Prophète. - IV. Elie retardera l'arrivée du Souverain Juste. - V. Sous l'image de la destruction universelle prédite par
Notre-Seigneur, on reconnaît aisément l'ouvrage de la Révolution. - VI. A l'occasion de l'apostasie des Nations et de la destruction universelle,
Dieu ramène Israël au bercail. - VII. Humbles dans l'épreuve, nous resterons invincibles à la pensée d'un triomphe incomparable.
- VIII. Tableau du retour et de la conversion des Juifs, d'après les Prophètes. Leur ardente prière, modèle de la nôtre. - IX. Appel
aux prières des fidèles pour la conversion des Juifs.
I. Quoi ! ce Prophète qui vivait au sein de la nation juive, il y a trente siècles ; qui, dans son zèle pour la Loi, osa aborder
le roi d'Israël, l'impie Achab, lui rappeler ses crimes, les lui reprocher amèrement et avec autorité ! Quoi ! ce vieillard
démodé reviendrait parmi nous en chair et en os, bravant les anathèmes de la société moderne ! Il remplirait publiquement,
au nom de Dieu l'étonnante mission de changer les Juifs en apôtres, de tuer la Révolution et de reculer le jugement
dernier ! Hâtons-nous de le dire, notre lecteur nous a bien compris.
On le voit, cet événement extraordinaire, qu'un avenir relativement prochain nous réserve, vaut bien la peine d'en établir
la certitude. A nous donc d'en recueillir avec soin les preuves, et de faire ressortir toutes les conséquences que comporte
un tel sujet.
II. Ce prophète ayant achevé le temps de sa première mission, ne quitta point ce monde de la façon commune ; il fut
ravi et soustrait aux regards des hommes. Ayant à remplir auprès d'eux une seconde mission, il était juste que, loin de
mourir, il restât plein de vie, prêt à revenir au premier signal.
Le texte sacré, racontant ce prodige dans les moindres détails, nous apprend qu'Elie marchait, s'entretenant avec Elisée,
son principal disciple, lorsqu'un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent tout à coup l’un de l’autre, et Elie
monta au ciel par le moyen d'un tourbillon (IV Rois). Elisée comprit, dès ce moment, que son illustre maître n'avait été dérobé
aux yeux des hommes que pour un temps, et cette persuasion, passant dans l'esprit des Juifs, y forma cette tradition,
qui dure encore parmi eux, qu'Elie doit revenir pour préparer les voies à l'avènement du Messie.
La croyance au retour d'Elie est donc aussi ancienne que l'enlèvement de ce prophète. Mais Dieu a voulu de plus en
conserver la tradition expresse dans les saintes Ecritures. Malachie nous assure que Dieu enverra un jour Elie «pour
convertir le coeur des pères à leurs enfants, et le coeur des enfants à leurs pères» (Malachie, IV, 5, 6), c'est-à-dire,
comme l'explique l'Ecclésiastique, «pour rétablir les tribus de Jacob» (Ecclésiastique, XLVIII, 10). Mais rien n'est plus précis
que cette parole de Jésus-Christ Lui-même : «Il est vrai qu’Elie doit venir et qu'il rétablira toutes choses» (Matth., XVII,
10 : Marc, IX, 11).
1 «Nous attendons avec la confiance la plus entière, s'écriait Pie IX, proclamant le dogme de l'Immaculée Conception, que, par la puissance
de la bienheureuse Vierge Marie, l'Église notre sainte Mère, délivrée de toutes les difficultés et victorieuse de toutes les erreurs,
fleurira dans univers entier, ramènera à la vie de l'unité toutes les âmes qui s'égarent, de sorte qu'il n'y aura plus qu'un seul troupeau
sous la conduite de l'unique Pasteur». (Bulle Ineffabilis, 8 décembre 1854.)
«Dans cette lutte de l'Eglise contre la Révolution, dit d'autre part Mgr de Ségur (La Révolution, p. 23 et 143), l'un des deux partis tôt ou
tard sera vaincu, et ce sera la Révolution. Elle paraîtra peut-être triompher pour un temps…, parce que la société a commis, depuis
quatre siècles, dans toute l’Europe, d'énormes attentats qui appellent le châtiment... : mais après le vendredi saint, vient toujours le dimanche
de Pâques... Saluons d'avance le triomphe promis à la vérité. Après l'heure des ténèbres, la sainte Eglise ressuscitera glorieuse
et régnera par tout l'univers».
«De nos jours, écrit le vicomte de Maumigny, on attaque le christianisme partout : dans les actes et dans les sciences, dans l'Eglise et
dans l'Etat ; en Europe comme en Asie, dans le nouveau monde et dans l'ancien ; donc, il triomphera partout et en tout. A quel moment
! Dieu seul le sait, mais le fait est certain ; car l'Eglise ne pouvant périr, son triomphe est toujours en proportion de la lutte.
«Nous croyons donc aux prédictions de la presse, mais nous y croyons pour le triomphe de l'Eglise, pour la défaite complète de la Révolution.
Lorsqu'elle aura pu réaliser dans l'univers tous ses rêves d'orgueil..., alors, mais alors seulement, l'Eglise triomphera pleinement
». (Univers du 12 décembre 1858)
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Jésus-Christ confirme en cela ce que l'on croyait communément dans la synagogue des Juifs ; mais il en corrige ce
que l'ignorance ou l'erreur y avaient mêlé. «Pourquoi donc, avaient dit les disciples, les Pharisiens et les Scribes enseignent-
ils que la venue d'Elie doit précéder celle du Messie ? Quod Eliam oportet primum venire ?» Voilà une croyance
universelle ; voilà ce que l'on prêchait dans la Chaire de Moïse. Elie doit venir, aucun Juif n'en doutait ; mais cette nation
ne connut point l’ordre de temps ménagé par la Providence ; autrement elle eût distingué les différents avènements du
Messie prédits par les prophètes. Le dernier, qui sera un avènement de gloire et d'éclat, doit être précédé de celui d'Elie ;
c'est ce que Notre-Seigneur confirme par ces paroles qui expriment un temps futur : Il est vrai qu’Elie viendra ; Elias quidem
venturus est (Matth., XVII, 11). Mais le premier avènement devait être aussi précédé de Son précurseur, comme de
Son Elie ; c'est ce que les Pharisiens et les docteurs de la Loi ne voulurent point comprendre, et s'aveuglant les premiers,
ils précipitèrent avec eux dans une ruine commune tous ceux qui les suivirent aveuglément. Cet autre Elie parut en effet,
«Oui, dit le Seigneur à Ses disciples, Je vous le dis, Elie est déjà venu, et ils ne l’ont point connu ; et ils ont fait contre lui
tout ce qu'ils ont voulu. Ce que les disciples comprirent fort bien avoir été dit de Jean-Baptiste» (Matth., XVII, 12). Cet
autre Elie qui a paru avant le premier avènement, c'est donc Jean-Baptiste ; mais Jean-Baptiste n'était point Elie en personne.
Notre-Seigneur le désignait de la sorte, parce que Jean-Baptiste venait revêtu de l'esprit et de la force d'Elie, et
qu'il exerçait, comme le fera un jour ce prophète, les fonctions de précurseur.
C'est ce qui explique que la croyance à l'avènement futur d'Elie a passé dans l'Eglise. La Tradition est invariable sur
ce point, et ce que saint Augustin disait de son temps peut encore se dire de nos jours, que rien n'est plus gravé dans
l'esprit de tout les fidèles, ni plus attesté par leurs discours, que le retour d'Elie parmi les hommes avant le jugement dernier
: Celeberrimum est in sermonibus cordibusque fldelium (Civ. Dei, c. XXIX).
III. L'Ecriture et la Tradition ne laissent aucun doute sur le genre de ministère d'Elie. Il viendra pour appeler et faire entrer
le peuple juif dans l'Eglise. Nous avons déjà entendu le Seigneur Lui-même parlant par le prophète Malachie : «Je
vous enverrai le prophète Elie ; il réunira le coeur des pères avec leurs enfants et le coeur des enfants avec leurs pères».
L'ange Gabriel dit à Zacharie que telle devait être la fonction de Jean-Baptiste, parce qu'il devait être rempli de l'Esprit
d'Elie : ce qui confirme que c'est à quoi Elie, à plus forte raison, sera employé en personne, et qu'il sera visiblement envoyé
pour les Juifs de son temps comme Jean-Baptiste leur fut envoyé dans le sien.
Le livre de l'Ecclésiastique commente en quelque sorte cet endroit de Malachie : «Vous qui avez été destiné, y dit l'auteur
sacré à Elie, pour réunir les coeurs des pères à leurs enfants et pour réunir les tribus de Jacob» (Eccles., XLVIII, 10).
C'est donc à ce rétablissement des tribus de Jacob, c'est à la conversion de tout le peuple juif, dont les ruines couvrent
depuis tant de siècles la face de la terre, qu'Elie est destiné. C'est ainsi qu'il réunira le coeur des pères à leurs enfants.
Les Juifs sont les enfants des patriarches, ils sont la postérité d'Abraham ; mais les coeurs des pères sont divisés
d'avec les coeurs de leurs enfants. L'incrédulité de ceux-ci les a rendus ennemis. Ils seront un même coeur avec Abraham,
quand ils en auront reçu la foi ; et cette foi leur sera donnée par le ministère d'Elie. «Il rappellera les incrédules à
la prudence des justes» (Luc, I, 7).
Saint Hilaire compare le ministère qu'exercera un jour Elie avec celui des Apôtres employés d'abord à convertir les
Juifs. C'est par les Apôtres que tous ceux qui se convertirent alors, embrassèrent la foi. C'est ainsi que par la prédication
d'Elie, après une longue incrédulité de ce peuple, ce qui restera, croira à Jésus-Christ : Pars Judæorum, ut per Apostolos
credidit, ita per Eliam est creditura et justificanda per fidem (comment in Matth., xxv, 5).
Nous avons déjà vu qu'au temps de saint Augustin la croyance au retour d'Elie était générale et gravée dans les
coeurs des fidèles ; mais on publiait en même temps que ce prophète viendrait pour donner aux Juifs l'intelligence de la
Loi, et que par son ministère ils croiraient au vrai Christ qui est le nôtre (Per, hunc Eliam mirabilemque prophetam
exposita sibi lege..., Judæos in Christum nostrum esse credituros, celeberrimum est in sermonibus cordibusque fidelium,
De Cit. Dei., c. XXIX).
Elie, continue saint Augustin, expliquera donc spirituellement aux Juifs cette même Loi de Moïse qu'ils entendent
grossièrement et d'une manière charnelle. C'est ainsi qu'il tournera le coeur des pères vers leurs enfants, en faisant que
ceux-ci entendent la Loi au même sens que leurs pères, c'est-à-dire les prophètes et Moïse lui-même, qui en était un,
l'ont entendue.
Nous croirons sans peine qu'on nous dispensera d'entrer dans le détail des autres preuves que la Tradition fournit
pour la destination d'Elie. Elles sont sans nombre et uniformes. D'ailleurs, il n'est encore aujourd'hui aucun catholique instruit,
qui ne pense absolument sur ce point ce que les fidèles pensaient au temps de saint Augustin. Mais ce qu'il n'est
pas aisé de concevoir, c'est qu'on ait pu se laisser aller à regarder l'avènement d'Elie comme contigu au jugement dernier.
C'est une erreur presque universelle depuis plusieurs siècles. On s'est accoutumé à n'envisager le retour d'Elie dans
le monde qu'avec frayeur et tremblement. On croit que, dès qu'Il viendra, Jésus-Christ sera sur le point de paraître, et il
suffisait, ce semble, de faire un peu d'attention à ce qu'on croyait déjà de la mission d'Elie, pour conclure que ce prophète
doit retarder le jour de la colère du Seigneur, bien loin d'en annoncer la proximité.
IV. Pesons attentivement les paroles qui ont trait au retour d'Elie, et n'oublions pas ce que nous venons de rapporter
des saints Pères touchant la mission de ce prophète.
Ce ne sera pas sans doute pour nous annoncer le Souverain Juge comme tout prêt à paraître qu'Elie viendra, s'il doit
venir, au contraire, pour détourner la vengeance ; or c'est précisément là une des fins de la mission de ce prophète ;
«Vous, dit l'Ecclésiastique, qui avez été destiné pour adoucir la colère du Seigneur par des jugements que vous exercerez
au temps prescrit ; Qui scriptus es in judiciis temporum lenire iracundiam Domini !» (Ecclesiast, XLVIII, 10
Le Seigneur sera alors fort irrité ; mais ne l'est-Il pas dans tous les temps, puisque dans tous les temps Il est offensé ?
Il s'agit donc d'une colère extraordinaire. L'iniquité se sera extrêmement accrue dans ces derniers temps. Les hommes
auront fort abusé, non seulement de la longue patience et des bienfaits de Dieu, non seulement de Ses châtiments et des
différents fléaux dont Il les aura frappés, mais leur crime par excellence, crime de lèse-majesté, crime irrémissible, ce
semble, et qui nulle part ne trouvera grâce, ce sera d'avoir employé leur puissance, les dons de Dieu et les instruments
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de Son Règne a détruire l'oeuvre de Jésus-Christ, à détruire Dieu Lui-même. Il sera donc à craindre que ce Juge en
courroux n'éclate en personne par un dernier coup. Elie paraîtra, et le Seigneur sera apaisé. Rien de plus expressif que
ces paroles : adoucir la colère du Seigneur. La colère aura donc passé. Le Juge ne viendra point : ou du moins ne viendra-
t-Il point de si tôt, ou pour mieux dire, de longtemps. «Dieu se met-Il en colère tous les jours et à toute heure ?» dit
David (Ps. XVII, 12)
On ne doit donc pas penser que dès qu'Elie aura rempli son ministère, Jésus-Christ doive venir mettre fin à toutes
choses par ce dernier jugement. Il ne viendra alors qu'irrité contre les péchés des hommes, et Il ne le sera plus puisque
la colère aura été adoucie.
Cette vérité nous est marquée sous d'autres expressions dans le prophète Malachie : «Je vous enverrai, dit le Seigneur,
le prophète Elie avant que le grand et épouvantable jour du Seigneur arrive» (Malach., IV, 3). Ce ne sera donc
point immédiatement avant, ni pour ce grand et épouvantable jour, mais auparavant. Ce jour n'arrivera point que le prophète
Elie n'ait été envoyé auparavant. C'est un ordre de temps et une suite d'événements que vous devez observer. Il
faut que le monde voie encore une fois les jours d'Elie, et Elie lui-même, avant qu'il voie le grand et épouvantable jour du
Seigneur. Et que viendra faire Elie ? Nous l'avons déjà appris, adoucir la colère du Seigneur. Cette colère sera donc bien
allumée ? Sera-t-il donc à craindre en ces tristes temps qu'Il ne vienne ? C'est ce qu'Il nous déclare tout de suite dans
Son prophète : «Je vous enverrai Elie, de peur que l’on ne Me voie venir Moi-même et que Je frappe la terre d’anathème.
Ne forte veniam et percutiam terram anathemate (Malach., XV, 6).
Voilà la terre immédiatement avant Elie, dans un état où il semble que Jésus-Christ n'a plus qu'à venir la frapper
d'anathème. A ne consulter que la malice et la corruption de la terre et la justice de Celui qui a droit de la punir, il viendra
un temps où le mal sera monté à son comble, et le Juge n'aurait plus qu'à paraître dans les nues, et ce temps se terminera
à Elie. Mais ce prophète descendra lui-même du lieu où il a été enlevé, il se mettra entre le Seigneur et la terre ; il fera
finir la cause de l'anathème, il adoucira la colère, et le Juge ne viendra point, quoique naturellement Il dût venir.
Une conséquence à tirer de tout ce qu'on vient de voir, c'est que, depuis la fondation de l'Eglise, la terre doit se trouver
deux fois digne d'être frappée d'anathème. c'est-à-dire d'être jugée : une fois quand Jésus-Christ viendra effectivement
la juger, ce qui est incontestable,et une fois lorsque Elie apparaîtra, puisque son avènement empêchera Jésus-
Christ de venir Lui-même en qualité de Juge.
V. Il n'y a point de doute que les hommes d'alors seront bien coupables puisqu'ils mériteront d'être jugés. Notre-
Seigneur nous donne même à entendre qu'il y aura une dégradation telle de Ses oeuvres, qu'il n'y en aura jamais eu de
semblable. En effet, il nous assure qu'Elie, lorsqu'il sera venu, «rétablira toutes choses ; restituet omnia». Il trouvera
donc toutes choses détruites. L'expression est forte ; Jésus-Christ parle d'un renversement absolu de toutes choses,
rien n'est excepté, et la même expression est répétée par deux Evangélistes (Matth., XVII, 11 ; Marc, IX). Ainsi, il n'y a rien
à rabattre. La destruction sera si étendue, si profonde, qu'il sera vrai de dire qu'il n'y aura plus rien à détruire ; que le mal
aura tout gagné, que les méchants n'auront rien épargné, qu'ils auront porté la main sur tout ce qu'il y aura de sacré et
de saint.
Nous lisons dans l'Ecclésiastique qu'Elie rétablira les tribus de Jacob ; il les trouvera, en effet, détruites. Voilà donc
une destruction de toutes choses qu'Elie trouvera. Mais est-ce uniquement de cette destruction, ou plutôt de cette ruine
du peuple juif, que parle Jésus-Christ, quand Il dit qu'elle finira et que toutes choses seront rétablies par Elie ? Il est vrai,
Elie trouvera les tribus de Jacob détruites, et elles ne seront pas rétablies avant qu'il ne vienne, puisque c'est lui et non
un autre qui les rétablira. Mais voulez-vous que ce soit uniquement à cette sorte de destruction que Jésus-Christ fasse
attention quand Il dit qu'Elie rétablira toutes choses ? Dans cette supposition, vous ne trouverez point sur la terre ce sujet
de condamnation, cette cause d'anathème qui annoncera la proximité du jugement dernier, et qui L'attirerait infailliblement
si Elie ne devait point venir auparavant.
Le Seigneur sera irrité, il sera nécessaire d'adoucir Sa colère ; et ce sont, ou les Juifs, ou les idolâtres qui auront allumé
cette colère à l'excès, mis le comble à la mesure générale qui doit frapper tous les hommes et non le peuple des Nations,
alors en possession de l'Eglise et du Royaume de Jésus-Christ. Dans ce cas, le Seigneur ne se voit point dans la
nécessité de menacer la terre de Sa dernière malédiction. S'Il ne fait attention qu'aux désordres de ceux de Sa propre
maison : rien ne l'oblige de commencer par là Son jugement ; toutes choses y seront bien réglées, les préceptes du Seigneur
suffisamment observés pour qu'Il soit content, ou du moins pour qu'Il ne s'embrase point de zèle, jusqu'à être sur le
point de descendre et de mettre tout en feu. Mais si la chose doit être ainsi, pourquoi Elie ne sera-t-il pas venu plus tôt ?
Que n'est-il venu même depuis plusieurs siècles, si c'est uniquement la ruine des tribus de Jacob qui doit l'attirer ? Que
n'est-il venu au moins après la dispersion générale de cette nation ? Il y a dix-neuf siècles que le peuple juif périt et que
les débris en sont épars, comme une poussière que le vent disperse aux quatre coins de la terre. Le même raisonnement
s'applique aux idolâtres.
Mais pourquoi nous étendre plus longtemps sur une difficulté qui se détruit d'elle-même, et que nous avons résolue
d'avance par tout ce que nous avons déjà dit ? - Elie retrouvera les Juifs dans l'état où nous les voyons encore, il les rétablira
: cette destruction sera donc réparée ; mais elle est ancienne, et il s'agit d'une autre qui soit récente, quoiqu'elle
ait dû avoir ses commencements et ses progrès, et qu'au temps d'Elie elle doive être à son comble. Il s'agit donc d'une
destruction, non étrangère mais domestique ; d'un mal qui aura son siège au sein des Nations privilégiées, et d'un mal
monté à l'excès, sans remède du côté des hommes. Elie sera l'envoyé de Dieu pour y remédier ; il purifiera tout de
nouveau l'autel et lui rendra son lustre et sa pureté, comme il fit autrefois : «Curavit altare Domini quod destructum fuerat
». Il trouvera la religion comme blessée à mort, et d'une blessure que les hommes croiront mortelle ; Elie la guérira.
Toutes les institutions, chargées de la protéger, seront détruites ; Elie les rétablira. Cette restauration devant être
complète, elle ne serait telle et la joie du Père de famille resterait imparfaite, si les Israélites, nos frères, restaient dans
leur aveuglement : Elie enlèvera le voile qui obscurcit leurs yeux, et les ramènera dans le giron de la sainte Eglise romaine.
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Sous cette image de destruction universelle que Notre-Seigneur nous met Lui-même devant les yeux, qui ne reconnaîtrait
la perversité, les ruines et la main persécutrice de la Révolution ? Celle-ci, en effet, nous l'avons dit plus haut,
étant essentiellement destructive1, il viendra un temps où elle verra momentanément ses voeux accomplis, car toutes
choses seront détruites, et ce temps sera celui du prophète Elie. Destruction universelle des royautés religieuses, tous
les peuples réunis sous un empire satanique ; la religion méprisée, et obligée, comme à la période des persécutions
sanglantes, de se retirer dans les antres de la terre. Les prêtres, pour se soustraire à la rage de l’homme de péché,
contraints de célébrer les saints Mystères dans le plus absolu dénuement, dans les retraites les plus cachées. La
terre couverte d'écoles sans Dieu ! L'impiété et l'immoralité s'étalant au grand jour ! De justice, il n'y en aura plus pour le
chrétien sur la terre. Nul ne pourra ni vendre, ni acheter en public s'il n'a renié sa croyance, foulé aux pieds la croix, renoncé
à Jésus-Christ ; tous, en effet, devront porter le caractère de la bête, c'est-à-dire de l'Antéchrist. - Tout culte, même
celui des idoles, sera proscrit ; seul, l’homme de péché devra recevoir les adorations de tous les hommes. Que de défaillances
! que de chutes lamentables ! que d'apostasies ! L'oeuvre de Jésus-Christ paraîtra anéantie, et elle le serait,
en effet, si Dieu n'envoyait un secours extraordinaire.
VI. Cette destruction de toutes choses que Notre-Seigneur nous annonce pour le temps d'Elie, et qui doit être universelle
et complète chez les Nations aussi bien que chez les Juifs, nous est également prédite par saint Paul sous les
termes d'incrédulité et d'apostasie. Au dire de l'Apôtre, le crime des Nations doit prendre de telles proportions que
Dieu, piqué au vif, se retournera du coté d'Israël et lui fera miséricorde. Tel est le but que vise l'argumentation apostolique
aux versets 26, 30 et 31 (Rom., XI). L'incrédulité aura fait de tels ravages du côté des Nations, que la mort, qui est la destruction
de la vie, peut seule en donner une juste idée : Le salut des Juifs, dit saint Paul, sera pour le monde entier le retour
de la mort à la vie ; c'est alors que Juifs et Gentils, se reconnaissant coupables au même degré, s'uniront pour toujours
dans une sainte amitié. Plus de place pour la haine, toute bouche sera fermée et le monde entier soumis à Dieu.
Le sommeil de mort aura été si profond et, partant, le réveil si inattendu qu'il n'y aura plus qu'un cri sur toute la terre,
tel que celui-ci : «O profondeur des trésors de la science et de la sagesse de Dieu, que Ses jugements sont impénétrables
et Ses voies incompréhensibles !» Car, qui a connu les desseins de Dieu ? Qui Lui a donné quelque chose le
premier, pour prétendre récompense ? Tout est de Lui, tout est par Lui, tout est en Lui. Que toute gloire Lui soit rendue
dans tous les siècles.
Les passages suivants, tirés des saints Pères, prouvent que nous avons donné le vrai sens des paroles de saint Paul.
Ils annoncent que l'incrédulité des Nations ne sera pas moins criminelle que celle des Juifs, et que leur péché sera pour
Dieu le point de départ et le motif de la conversion des Juifs.
«La chute d'Israël, dit Origène, a été l'occasion de la vocation des Gentils. Nous avons pris leur place, nous sommes
devenus le vrai royaume de Juda ; mais nos derniers temps seront semblables pour le péché à ceux des Juifs, si même
ils ne doivent être pires»2 ().
Saint Jérôme commente ainsi le même passage de saint Paul : «Le péché des Juifs a fait le salut des Gentils, et de
l'incrédulité des Gentils viendra à son tour la science d'Israël3. C'est ainsi que Dieu dispense toutes choses avec bonté et
dans Sa toute-puissance, rendant les péchés des uns utiles aux autres. Ainsi, à présent, il veut que la chute d'Israël fasse
la richesse du monde et des Gentils ; il résultera un jour quelque chose de semblable des péchés des Gentils, car il faut
bien qu'ils pèchent à leur tour»4.
VII. Nous comprendrons mieux encore que notre incrédulité, déjà commencée, se portera aux derniers excès, si nous
faisons attention que saint Paul (Epître aux Thessaloniciens) la caractérise du nom d'apostasie ; ce sont les ravages de
la Révolution que l'Apôtre prévoit5. De là son zèle et sa charité pour nous en préserver. A ses fils bien-aimés, qui devaient
dans le cours des siècles assister aux divisions de l'Orient, entendre la voix des Luther, des Calvin, des Henri VIII,
et de tant d'autres réformateurs ; à nous surtout qui vivons au sein d'une société travaillée par une presse ordurière et
sceptique, et plus encore à ceux qui verront à son apogée l'apostasie générale, il découvre l'avenir. Il nous apprend
que le mystère d'iniquité, grandissant dans la suite des âges, sera consommé au sein des Nations, et par les Nations
elles-mêmes. C'est ainsi qu'il nous prémunit contre les surprises et les séductions ; ainsi l'épreuve, loin de nous
abattre, nous rendra plus patients et le combat plus courageux.
Cette ligne de conduite, qui nous est inspirée par l'Apôtre, se trouve en parfait accord avec les paroles du Maître ; car
si Notre-Seigneur exige que nous soyons toujours humbles et défiants de nous-mêmes, Il ne veut pas de découragement.
Voilà pourquoi Sa prédiction, qui suppose des objets bien affligeants, évite de prononcer le terme de ruine. Il veut
que notre esprit considère avant tout le rétablissement de toutes choses ; il veut que ce triomphe éclatant soit l'objet
de nos plus chères espérances, et que notre coeur s'y repose avec délices ; dans ce but, il désigne hautement et par son
nom le restaurateur incomparable qu'Il tient en réserve. Il veut que nous sachions bien que cet envoyé extraordinaire
guérira effectivement les plaies de notre société, et qu'en présence d'un vaste corps en décomposition, il lui rendra la vie
avec le fonctionnement parfait de tous ses organes. Par là, Il nous donne l'assurance que cette résurrection, impossible
aux yeux de nos ennemis, ne laissera rien à désirer.
Pouvait-Il mieux nous prédire ce Règne universel qu'Il nous enseigne à demander chaque jour dans l'oraison dominicale,
cette Royauté sans conteste sur tous les peuples de la terre ? Tel est l'unique troupeau que l'Eglise ap-
1 On lit dans le catéchisme révolutionnaire de Bakounine : «Le révolutionnaire méprise toute science présente. Il ne connaît qu'une
seule science : la destruction. - II étudie la mécanique, la physique, la chimie et peut-être la médecine, mais ce n'est que dans le but de
détruire.
2 Origène, homélie IV sur Jérémie. «Novissima nostra similia futura sunt peccatis Judæorumu, imo pejora».
3 Saint Jérôme, Cant. des Cant., homélie I. «Delicto eorum salus Gentibus facta est et rursum incredulitate Gentium scientia Israël,
hahes utrumque apud Apostolum».
4 Origène, Explic. de l’Epît. aux Rom., chap. II. «Tunc sanefiet ex Gentium delictis quæ necessario delinquunt tale aliquid».
5 Voir l'explication du même terme discessio, η άποστάσιά, IIè Partie, chap. III, § 20.
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pelle de tous ses voeux ! Telle est, dépouillée de ses vues mesquines, la restauration de ce royaume d'Israël qui, n'étant
plus désormais resserré dans les étroites limites de la Judée, comprendra toute la famille chrétienne répandue sur la face
du globe. Ils seront, enfin, accomplis ces temps et ces moments que la puissance du Père prépare pour cette bienheureuse
réconciliation.
Il sera de longue durée ce Règne du Fils de Dieu ! Ayant tant fait pour enrichir le monde, permettrait-Il incontinent
la perte de telles richesses ? Ayant ressuscité le genre humain à la vie de la grâce, souffrirait-Il qu'il rentrât de sitôt dans
la pourriture du tombeau ? Quoi ! les ossements desséchés d'Israël ne se seraient revêtus de chair, n'auraient recouvré
le mouvement et la vie que pour rentrer bientôt dans les ombres de la mort ! Le Règne que la multitude des siècles auraient
appelé de leurs voeux serait de tous le plus éphémère ! Quoi ! le plus beau spectacle qu'il sera donné à la terre de
contempler, disparaîtrait comme une fumée ! et, d'autre part, le divin Architecte n'aurait remis Ses chars à neuf que pour
les briser de suite et sans pitié !
Non, cher lecteur, il n'en peut être ainsi ; je dis plus, de telles pensées seraient une injure à l'infinie Sagesse, un outrage
à la bonté de notre grand Dieu. Il nous est permis de penser que les siècles passés ne sont que la préparation de
l'avenir, l'aurore d'un beau jour de fête, le prélude du plus ravissant spectacle ! Nous caressons l'espoir que cette période
de splendeur ne le cédera point en durée à celle qui l'aura précédée. Elle sera mesurée, n'en doutons pas, à la largeur et
à la profondeur des vues du Tout-Puissant. Sans doute qu'à la suite des siècles la foi s'affaiblira graduellement, puisque
le Fils de l'homme met en doute s'il en restera quelques vestiges lorsqu'Il viendra juger la terre ; mais qui pourrait supputer
combien d'années s'écouleront entre deux avènements dont l'un, celui d'Elie, aura pour effet de rétablir, et l'autre, celui
de Jésus-Christ, de réduire le monde en cendres ? (Solvet soeclum in favilla, Prose des morts) Rétablissement et destruction
du monde, n'est-ce pas deux termes opposés et qui supposent entre eux un immense intervalle de temps ?
VIII. La mission d'Elie étant inséparable de la conversion des Juifs, et cette conversion devant faire la richesse du
monde entier dans l’ordre de la grâce, prier pour le retour des Juifs est donc par excellence une oeuvre d'apostolat.
Dieu Lui-même nous inspire ces voeux si conformes à Son coeur par la bouche de Ses prophètes : «Vous vous lèverez,
s'écrie David, et vous aurez pitié de Sion», parce qu'il est venu le temps de la miséricorde, l'instant marqué approche (Ps.
CI, 14,15). Pourquoi et comment connaissez-vous que cette miséricorde, promise depuis tant de siècles à Sion, est
proche ? «Parce que ses pierres, ses décombres même, sont chères à vos serviteurs, leur tendre compassion s'étend
jusqu'à la poussière de ses murs. Ils ne désirent rien tant que de la voir rebâtie. Ils voient son pays désolé, et cette vue
les afflige profondément».
Rien n'est plus touchant dans les Saintes Ecritures que le spectacle de ces âmes confondues aux pieds de la divine
Majesté, La priant de se laisser fléchir en faveur du retour d'Israël. Voici quelques-uns de leurs accents : «Rassemblez
toutes les tribus de Jacob et qu’elles deviennent Votre héritage, comme elles ont été au commencement. Ayez pitié de
Votre peuple qui a été appelé de Votre Nom, et d'Israël que Vous avez traité comme Votre fils aîné. Ayez compassion de
Jérusalem, de cette ville que Vous avez sanctifiée, de cette ville où Vous avez établi Votre repos. Remplissez Sion de la
vérité de Vos paroles ineffables et Votre peuple de Votre gloire» (Eccli., XXXVI, 13).
«Vous avez dit, Seigneur… Je ferai avec eux une autre alliance qui sera éternelle, afin que Je sois leur Dieu et qu'ils
soient Mon peuple». (Baruch, XXXIV, 28, 35).
«Seigneur, après Vous être mis en colère, Vous Vous souviendrez de Votre miséricorde. Renouvelez nos prodiges et
faites des miracles qui n’aient point encore été vus» (Habac., XXXVI).
Mêlés à leurs frères égarés, les Juifs convertis unissent leurs efforts aux nôtres. L'écho, par la bouche des prophètes,
nous redit l'angoisse de leur âme et la ferveur de leurs supplications. «Vous, Seigneur, qui subsistez éternellement dans
une paix souveraine, souffrirez-Vous que nous périssions à jamais ? Seigneur tout-puissant, écoutez maintenant la prière
des morts d’Israël et des enfants de ceux qui ont péché devant Vous et qui n'ont pas écouté la voix du Seigneur leur
Dieu ; à cause de cela les maux nous accablent et s'attachent inséparablement à nous. Ne Vous souvenez plus des iniquités
de nos pères, mais souvenez-Vous en ce temps-ci de Votre main et de Votre Nom... Voilà que nous sommes aujourd'hui
dans notre captivité, où Vous nous avez dispersés, pour être un sujet d’outrage et de malédiction, et un exemple
de la peine due aux iniquités de nos pères qui se sont retirés de Vous, Seigneur, notre Dieu» (Baruch, III).
L'Esprit de grâce et de prières n'aura pas vainement inspiré ces immenses désirs aux coeurs des fidèles. Etant par
excellence force et lumière, Il fera descendre de son lieu de repos le prophète Elie, et, par son ministère, Il produira
l'étonnante conversion si vivement sollicitée pour les âmes justes1. Quel saisissant tableau que cet admirable retour des
Juifs ! Ici les prophètes abondent en traçant ces pages d'or. On voit les Israélites revenir de toutes les parties de l'univers,
inondant Jérusalem, la ville de vérité, la montagne sainte, et par là les prophètes désignent la sainte Eglise Romaine que
Dieu a établie centre de la vérité, la montagne où Dieu rend Ses oracles par l'organe infaillible de Son Vicaire.
Il est très permis de croire que ces prophéties auront aussi leur accomplissement dans le sens littéral ; c'est-à-dire que
les Juifs, mettant à profit la facilité et la vitesse des moyens de transport que la Providence suscite à dessein, reviendront
en Palestine, rebâtiront Jérusalem sur un plus vaste plan, et la repeupleront comme autrefois.
Voici ce que le Seigneur leur dit par Isaïe : «Alors Je changerai toutes Mes montagnes en un chemin APLANI, Mes
vallées seront COMBLÉES, et Mes sentiers seront REHAUSSÉS, afin qu'ils marchent avec une entière FACILITÉ (Isaïe,
XLIX, 11). - Baruch dit de même : «Le Seigneur a résolu d’ABAISSER toutes les montagnes élevées et les plus grands rochers,
et de combler les vallées en les APLANISSANT avec le reste de la terre, afin qu'Israël y passe RAPIDEMENT
pour la gloire de Dieu» (Baruch, V, 7). - Habacuc, suivant le Père Lallemant, ne s'explique pas moins clairement à ce sujet
: «Quand le temps de Sa miséricorde sera venu, Il saura me donner l'AGILITÉ des cerfs pour regagner la Judée»
(Habacuc, III, 19).
1 Isaïe et plus tard saint Paul l'annoncent par ces paroles : «Il sortira de Sion un libérateur qui bannira l*impiété de Jacob.
(Isaïe, XLIX, 20. - Rom., XI 26.)
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Zacharie, à son tour, s'exprime ainsi sur le retour d'Israël : «Voici ce que dit le Seigneur des armées : Je suis revenu à
Sion et J’habiterai au milieu de Jérusalem, et Jérusalem sera appelée la ville de la vérité, et la montagne du Seigneur sera
appelée la montagne sainte. On verra encore dans les places de Jérusalem des vieillards et des vieilles femmes et
des gens qui auront un bâton à la main pour se soutenir à cause de leur grand âge, et les rues de la ville seront remplies
de petits garçons et de petites filles qui joueront sur les places publiques... Je vais sauver Mon peuple en le faisant venir
des terres d'Orient et des terres d'Occident1. Je les ramènerai et ils habiteront au milieu de Jérusalem. Ils seront Mon
peuple et Je serai leur Dieu dans la vérité et dans la justice».
«Durant de longs jours, dit Osée (Osée, III), les enfants d'Israël seront sans roi, sans prince, sans sacrifice, sans autel,
sans Ephod et sans théraphim ; et après cela ils reviendront et ils chercheront le Seigneur leur Dieu et David leur roi».
«Je rassemblerai, est-il dit dans Jérémie (Jér.. XXXII et XXXIII), les habitants de Jérusalem de tous les pays où Je les
aurai chassés dans Ma fureur, dans Ma colère et dans Ma grande indignation. Je les ramènerai en ce lieu et Je les y ferai
demeurer en assurance, Je les établirai comme ils étaient au commencement ; Je les purifierai de toutes les iniquités
qu'ils ont commises contre Moi et Je leur pardonnerai tous leurs péchés. Toutes les nations de la terre Me loueront avec
des cris d'allégresse. Ce sera pour moi une louange et une exaltation parmi tous les peuples qui apprendront tous les
biens que Moi, leur Seigneur, Je dois leur faire».
Quelle part toutes les nations de la terre ont-elles prise au retour des Juifs après leur captivité ? Aucune. Mais lorsqu'Israël
sera délivré des peines qu'il mérite, et qu'il fixera ses regards sur Celui qu’il a percé, les nations, témoins de
cette conversion, exalteront le nom de Dieu et le Loueront avec des cris d'allégresse.
Au retour de la captivité, les prophètes annoncent une vraie justice, un coeur changé, un esprit nouveau (Ezéch.,
XXXVI). Des promesses si étendues nous dévoilent ce qui se passera au grand jour de la réconciliation. Chacun d'eux
gémira, se frappera la poitrine avec une vraie componction, pleurera et fera un grand deuil (Zach., XIII). Tout le pays sera
dans les larmes, une famille à part et une autre à part. Ils diront tous avec Isaïe (Is., LIX) dans l’amertume de leur âme :
nous allions comme des aveugles le long des murailles, nous marchions à tâtons comme si nous n'avions point d'yeux,
nous heurtions en plein midi comme si nous eussions été dans les ténèbres ; nous nous trouvions ensevelis dans une
profonde obscurité comme les morts. Nous rugissions tous comme des ours, nous soupirions et nous gémissions tous
comme des colombes.
IX. Nous sommes heureux de terminer notre tâche par la reproduction d'un imprimé qui a paru naguère sous le titre :
Appel aux prières des fidèles pour la conversion des Juifs. Cet appel a déjà été entendu par des milliers de personnes
dans toutes les parties du monde, car il a été traduit en treize différentes langues, et particulièrement en allemand, en
anglais, en arménien, en espagnol, en grec moderne, en hollandais, en hongrois, en italien, en polonais, en slavon, en
turc2. Nous le faisons suivre avec les hautes approbations dont il a été revêtu.
1 Zacharie, VIII. Ce n'est que dans la dernière captivité qui dure encore que les Juifs ont été emmenés en Occident ; dans
les précédentes ils furent conduits à l'Orient de Jérusalem.
2 On peut se procurer ces prières pour la propagande à la libraire de l'OEuvre de Saint-Paul, 6, rue Cassette, Paris.
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APPEL AUX PRIÈRES DES FIDÈLES POUR LA CONVERSION DES JUIFS
Des prières se font sans cesse pour la conversion des peuples idolâtres et pour des nations schismatiques ; d'autres
familles particulières sont journellement recommandées à nos bonnes oeuvres ; il y a une nation, une famille qui est digne
de pitié et que nous oublions peut-être trop dans nos prières. Ce sont les Israélites non convertis, plus connus sous le
nom vulgaire de JUIFS.
Pourquoi les Israélites ne deviendraient-ils pas aussi l'objet de notre pieuse sollicitude ? d'autant plus que la SAINTE
FAMILLE tient son origine de cette nation, et que tout sacrifice ayant pour objet la conversion de ce peuple doit réjouir les
coeurs de JÉSUS, de MARIE et de JOSEPH.
Conjurons donc le Seigneur, par nos prières et par nos jeûnes, de délivrer les Israélites de cet esprit sourd et muet qui
les empêche de comprendre et de professer notre sainte Religion, et de leur adresser encore ces consolantes paroles :
Je répandrai sur vous de l’eau pure, et vous serez purifiés de toutes vos souillures ; Je vous donnerai un coeur nouveau,
et Je mettrai un esprit nouveau au milieu de vous ; J'ôterai de votre chair le coeur de pierre, et Je vous donnerai un coeur
de chair ; Je ferai que vous marcherez dans la voie de mes préceptes (EZÉCH., XXXVI).
PRIÈRE
SEIGNEUR, Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, qui parmi toutes les nations aviez élu les ISRAÉLITES pour devenir
Votre peuple et Votre héritage privilégié, considérez l’état déplorable dans lequel ils gémissent depuis si longtemps ;
ils sont abreuvés de mépris et d'opprobres, parce qu'ils ont méconnu Votre Fils JÉSUS-CHRIST ; ils ne reconnaissent
pas encore leur erreur ni leur aveuglement, nous implorons donc pour eux Votre miséricorde, Seigneur, et Votre lumière.
Ouvrez Vos entrailles de miséricorde pour les brebis égarées de la maison d'Israël, afin qu'elles reviennent au bercail
du véritable Pasteur, et que l'Enfant Prodigue retrouve la maison paternelle.
Exaucez, Seigneur, nos prières, nous les joignons à celles de leurs frères convertis, et aux mérites de JÉSUSCHRIST
expirant sur la croix et disant : O mon Père ! pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font.
Levez enfin le voile de dessus leurs coeurs, afin qu'ils reconnaissent avec nous NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST.
Amen.
IMPRIMATUR :
MECHLINIÆ, 13 Maii 1854, P. CORTEN, Vic. Gen.
BRUGIS, 13 Maii 1854, J. SCHERPEREEL, Vic. Gen.
GANDÆ, 18 Maii 1854, J. TOLLENAERE, Can. Lib. Cens.
TORNACI, 19 Maii 1854, A. P. V. DESCAMPS, Vic. Gen.
LEODII, 20 Maii 1854, H. NEVEN, Vic. Gen.
COURTRAI, 13 Avril 1856, IGNACE SAMHIRI, Patriarche d’Antioche des Syriens

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Aime la prière

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Message par pax et bonum Mer 14 Juil 2010 - 19:57

Oh,là là,Quand j'aurai lu tout cela,je serai très vieux!
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