Le wokisme sous toutes ses coutures

Avec un regard différent envers ce phénomène qui se répand en Occident comme une flambée de poudre et qui domine le discours public, Bernard Germain est l'auteur de Déconstruire la woke idéologie. Il remet les pendules à l'heure sur l'origine de ce courant nauséabond, ses objectifs, sa finalité. 



Harfang : tout d'abord, il existe autant de définitions du wokisme que de dénonciateurs de ce courant idéologique. Comment le définissez-vous ?

Bernard Germain :Si je devais résumer en une formule ce qu'est le wokisme, je dirais que c'est ... une dictature. 

Afin d'expliquer cette réponse lapidaire, le meilleur exemple est fourni par le livre de Georges Orwell «1984» et publié en 1949, décrivant une société totalitaire dont on ne peut qu'être frappé par ses similitudes avec la société à laquelle aspirent les wokistes. 

Tout y est dans l'ouvrage d'Orwell, et dans le détail. La novlangue, langage extrêmement pauvre qui ne permet plus aucune subversion ni rébellion (aujourd'hui «ludique» est un mot trop difficile pour des élèves au baccalauréat en France en 2022, qui amena 30% des candidats à rendre une copie blanche car ils ne comprenaient pas le sujet contenant ce mot. Ceci étant le résultat de la destruction de notre école par les wokistes et les progressistes, qui fait que les jeunes ne savent plus lire ni écrire, ni compter. La France est aujourd'hui au 23e rang sur 27 du classement PISA au même niveau que la Bulgarie).

- La réécriture des articles du Times (journal dans 1984) et de l'histoire selon les besoins du Parti (aujourd'hui l'histoire de la colonisation ou de l'esclavage est réécrite dans les manuels d'histoire et dans les médias français). 

- La disparition des individus dans des «trous de mémoire» en fonction des besoins des autorités (aujourd'hui c'est la «cancel culture» qui efface les personnages incorrects).

- L'emploi constant d'oxymore, dans 1984 «la guerre c'est la paix», «l'ignorance c'est la force» (et aujourd'hui l'anti-racisme c'est le racisme ... anti-blanc)

- La police de la pensée qui traque les déviants (aujourd'hui le «politiquement incorrect» constamment invoqué par les bien-pensants afin de dénoncer comme «infréquentables, fascistes ou personne d'extrême-droite» tout individu contestant la doxa progressiste)

- L'omniprésence de Big Brother qui surveille en permanence la population (comme c'est pratiqué aujourd'hui en Chine, système qui s'étend partout grâce au covid ou par exemple avec la décision du Conseil Départemental de la Sarthe de faire porter des bracelets électroniques à 30 000 jeunes dès la rentrée 2022. Prélude à un système de contrôle généralisé de la population ... pour son bien). 

Si notre société, par l'action et la victoire des wokistes, devenait une société comme celle de 1984, ce serait indiscutablement une société totalitaire, une authentique dictature. 

Harfang : vous parlez de véritable dictature, mais en quoi le wokisme est-il dictatorial ? 

BG : le wokisme de manière global est une dictature  puisque la société qu'il souhaite est très proche de celle décrite dans 1984. Mais pour être plus précis, j'aurais dû préciser que c'est principalement la dictature des minorités. 

Pour me faire comprendre je vais prendre un exemple que nous avons vécu en France ces dernières années. Chez nous, comme probablement au Québec, 95% de la population sont hétérosexuels. Donc 5% environ font partie de ce qu'ils nomment LGBTQIA+. Pour les wokistes, le simple fait d'indiquer ces chiffres constitue une discrimination. Les wokistes ne supportent pas qu'il y ait une majorité et une minorité. Ils exigent que tout le monde soit traité de la même manière et donc ait les mêmes droits. Mais le droit est fait en fonction de faits majoritaires dans la société. Il en est ainsi pour tout ce qui concerne la famille, le mariage, les enfants et les droits de succession. 

En 1998, les homosexuels ont réclamé le droit de vivre en couple et que ce soit reconnu par la société. Il y a donc eu la mise en place du PACS, qui n'est pas vraiment un mariage mais est reconnu par la loi et prononcé par le maire. Il peut être aisément annulé, sans procédure de divorce. Ils ont ensuit demandé à pouvoir se marier. On appela cette revendication «le mariage pour tous». Cela provoqua une énorme mobilisation contre cette demande. Des manifestations gigantesques eurent lieu pendant des mois à travers toute la France. En vain. Finalement le gouvernement céda et autorisa le mariage des couples homosexuels. 

Logiquement dans la foulée, les couples de femmes demandèrent le droit d'avoir des enfants, en dehors de l'adoption. Jusqu'à un passé récent, la Procréation Médicalement Assistée (PMA) était réservée aux couples hétérosexuels ayant des problèmes de fertilité. Par ailleurs, la PMA était gratuite. Une nouvelle fois, le gouvernement céda et les couples de lesbiennes furent autorisés à accéder à la PMA. Gratuitement, elles aussi. Au nom de l'égalité entre les hommes et les femmes, les couples homosexuels masculins demandèrent bien sûr à bénéficier de la même possibilité d'avoir des enfants. Mais, il y a un problème. Il est impossible à deux hommes de concevoir un enfant. C'est la nature. Il faut donc obligatoirement une tierce personne, une femme. C'est la Gestation Pour Autrui (GPA). 

Sauf que là on passe une barrière éthique que jusque là on s'interdisait totalement de franchir en France : la marchandisation des corps. Or, la GPA, c'est payant partout ou cela est pratiqué. C'est pour cela qu'à ce jour la GPA est interdite en France. Mais, hypocritement, l'État civil français accepte d'inscrire les enfants nés à l'étranger de GPA, lorsqu'ils arrivent en France. Les pressions sont énormes sur l'État et le gouvernement pour qu'il cède aussi sur ce point. 

Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour comprendre qu'un jour, un homme politique, pour gagner quelques voix aux élections, acceptera de mettre en oeuvre la GPA et de la légaliser en France. Du même coup sera légalisée la marchandisation des corps ! 

Le dernier étage de la fusée, c'est l'eugénisme. Des enfants ... comme on les veut. De nombreux laboratoires travaillent déjà sur le sujet, notamment aux États-Unis. Si nous franchissons cette ultime étape, toutes nos barrières éthiques et morales seront tombées. Faut-il rappeler que le personnage historique qui pratiquait l'eugénisme afin d'obtenir des enfants blonds aux yeux bleus s'appelait ... Adolf Hitler. 

Au final, nous voyons qu'au nom de l'égalité de traitement entre la majorité et la minorité, les homosexuels, c'est à dire moins de 5% de la population, ont fait plier notre société et mis cul par dessus tête tout le droit de la filiation qui existait en France. Par ailleurs, ils auront fait franchir à notre société toutes les barrières éthiques qui existaient depuis des lustres et que nous pensions immuables. Le wokisme, au nom de l'égalité, impose en réalité la dictature de la minorité sur la majorité. Le wokisme est une dictature. 


(à suivre)

Harfang : pensez-vous que les wokistes peuvent réussir à imposer cette société totalitaire, notamment en France et en Europe ?

BG : On peut légitimement se demander si les universités aux USA ne sont pas des asiles de fous à ciel ouvert. Mais ce serait une tragique erreur d'en déduire que les idées wokistes qui y prospèrent n'ont aucune chance de s'imposer en France et en Europe, car trop cinglées pour notre continent. 

Le danger est bien réel, je dirais même que sur ce plan, il est minuit moins cinq - En effet, les dirigeants des grandes entreprises de demain sont actuellement dans nos universités et nos grandes écoles. Il se trouve qu'elles sont gravement contaminées par le wokisme. C'est particulièrement le cas à Science-Po, à l'École Normale Supérieure et dans la quasi totalité des universités, singulièrement dans les départements de sociologie. 

Tout cela est fort préoccupant, car demain, du haut des postes qu'ils occuperont dans les entreprises ou dans des institutions, les wokistes auront les moyens d'imposer aux entreprises et au pays des réformes qui bouleverseront totalement nos conceptions et l'identité de notre pays. 

Lorsqu'on voit ce qui se passe dans les plus grandes entreprises et dans les médias américains on peut légitimement redouter que notre pays connaisse une pareille évolution. C'en serait terminé de la France des lumières, de la culture française qui rayonnait dans le monde entier et qui constituait un phare pour de nombreux pays. 

Je suis donc obligé de reconnaître que le danger est bien réel et cela justifie qu'une offensive de grande ampleur soit menée contre cette idéologie mortifère qui menace sérieusement de dévaster notre pays. Et comme la France a un rôle évident en Europe, si la France sombre, c'est à très court terme toute l'Europe qui va sombrer à sa suite. Par contre, si la France se bat et sait résister, on peut raisonnablement penser que cela donnera un coup d'arrêt à l'implantation du wokisme sur notre continent. 

Harfang : comment expliquez-vous que l'Europe de l'Est semble immunisée à ce virus idéologique, pour reprendre l'expression de Mathieu Bock-Côté ? 

BG : J'observe tout d'abord que c'est principalement l'Occident qui est visé par l'offensive des wokistes. En Chine, dans le continent indien, en Afrique (sauf l'Afrique du sud), là où l'islam règne, il n'y a aucune action ni aucune adhésion aux thèses wokistes. 

Il n'y a que l'Europe qui est visée, ainsi que tout le continent américain, donc prioritairement les États-Unis, le Canada et le Québec. Et d'ailleurs, c'est très logique puisque c'est l'homme blanc qui constitue l'ennemi à abattre.

(à suivre)

(suite)


Pourquoi les pays de l'Europe de l'est semblent immunisés contre le virus du wokisme ? Parce qu'ils ne sont pas encore tombés dans l'abîme dans lequel nous sommes en train de sombrer.

En France, par exemple, sur la base de la doxa progressiste et wokiste, nous ne cessons de haïr notre pays, nous battons notre coulpe en permanence à chaque occasion qui se présente. Par exemple, notre président Macron, lors d'un voyage en Algérie a reconnu que la France avait commis un «crime contre l'humanité» avec la guerre d'Algérie. Il ne cesse de présenter la France comme une nation ayant un passé odieux et détestable, par exemple, en invoquant l'Afrique. Il ne rate jamais une occasion de salir son pays, son histoire et son action passée. 

A titre d'exemple, on dit couramment que la France a pillé les pays africains lors de la colonisation. 

C'est parfaitement faux. Ainsi en Algérie [qui n'existait pas à cette époque] lorsque les Français ont débarqué sur les plages d'Alger en 1830, il n'y avait absolument aucune infrastructure. La France a dépensé des sommes colossales pour équiper et construire ce pays : écoles, routes, ponts, hôpitaux, ports, aéroports, etc. ont été intégralement payés par les Français. Ce sont les Français qui seraient en droit de présenter une facture aux Algériens. C'est cela, la vérité. 

Depuis le départ des Français, toutes ces infrastructures se sont largement dégradées car à la tête du pays se trouvent des dirigeants corrompus jusqu'à l'os et qui ne restent en place que par la violence d'État doublée d'une propagande incessante contre la France qui serait encore responsable de tous les malheurs actuels des Algériens ... 60 ans après la fin de la guerre d'Algérie. Et le président français de cautionner tous ces mensonges au lieu de les dénoncer. 

Comment s'étonner dès lors que nombre de Français ne défendent plus leur drapeau, leur pays, leur culture, leur identité, leur histoire. Ils ont honte d'être français et saisissent toutes les occasions pour s'agenouiller et demander pardon, alors que n'avons aucune raison de le faire. 

Les pays de l'Europe de l'Est ont encore des valeurs, une identité, une culture et l'amour de leur pays. Ils refusent de se plier à la doxa progressiste et wokiste qui vient de Bruxelles et réclame qu'ils mettent eux aussi le genou  à terre et appliquent servilement ses ukazes bureaucratiques, non élus. 

Par exemple, Bruxelles exige qu'ils s'ouvrent à la propagande LGBT. Victor Orban, le dirigeant de la Hongrie, refuse et fait voter une loi interdisant la propagande LGBT dans les écoles. La Pologne fait à peu près la même chose. En réponse, l'Europe les dénonce avec des mots très durs, plus durs les uns que les autres et surtout coupe les subventions à ces deux pays, invoquant les «valeurs de l'Europe» qui ne sont pas respectées.

Mais d'où sort ce machin  appelé - les valeurs de l'Europe. Rappelons que les fondateurs de l'Europe comme De Gasperi étaient des Démocrates Chrétiens. Étaient-ils pro-LGBT ? Bien sûr que non. Ce n'est en fait qu'une invention de bureaucrates hors-sol datant de seulement quelques années et qu'ils entendent imposer à toute l'Europe. Certains pays refusent de se coucher, et résistent, principalement les pays de l'Est. Il en va de même pour l'immigration. Le peuple hongrois ne veut pas mourir. Il refuse cette immigration qui est en fait une véritable invasion organisée et planifiée par Bruxelles. C'est aussi une source de conflit majeur avec les bureaucrates de Bruxelles. 

Ajoutons que dans ces pays de l'Est, c'est spécialement vrai pour la Pologne, la religion catholique est très présente et la population très pratiquante, contrairement à la France, pourtant «fille aînée de l'Église», qui se déchristianise à grande vitesse. Cela permet à la Pologne de garder un attachement à des valeurs et à une morale qui sont autant d'obstacles à l'implantation du wokisme dans ces pays.

(à suivre)

(suite)




Harfang : Les tenants de l'école de Francfort dénoncent la société patriarcale comme profondément tarée, pervertie par le modèle familiale autoritaire pourtant Pierre Valentin diagnose le wokisme comme étant une résultante des familles trop couveuses. Selon Valentin, comment naquit le sentiment d'injustice à la base du wokisme ?

BG : Tout d'abord permettez-moi de dire un mot sur l'école de Francfort. C'était un institut de recherche sociale fondée en 1923 à Francfort par Max Horkheimer et Théodor Adorno. Ils étaient marxistes. Certes des marxistes critiques, mais des marxistes. Ils sont d'ailleurs élaboré la «théorie critique». L'école de Francfort a vécu ses début au milieu d'une période historique particulièrement troublée. Dans les années 30 il y avait le stalinisme en URSS et l'accession du nazisme au pouvoir en Allemagne à partir de 1933. 

Ils se sont donc interrogés de manière très concrète autour de nombreux thèmes comme par exemple qu'est-ce que le prolétariat, quelle est sa nature ? Ainsi quand Marx dit que le prolétaire est celui qui ne possède pas les moyens de productions, est-ce qu'on épuise la définition ? Dans quelle catégorie mettre le petit boulanger qui possède son commerce ? Si l'on s'en tient à la définition de Marx , alors on doit le mettre mettre dans la catégorie des bourgeois et exploiteurs. De même que le patron salarié d'une très grosse entreprise devrait être classé dans les prolétaires, puisque salarié. 

Ils se sont également interrogés sur le rôle du prolétariat. Est-ce que son avant-garde éclairée est destinée à faire la révolution ? Est-ce que le prolétariat est obligé de se constituer en parti pour faire la révolution ? L'exemple de la révolution russe répond oui. Eux s'interrogent.  

Et la montée du fascisme, d'ou cela vient-il ? Ils réfléchissent aussi à la question de l'autorité, au rôle de la famille dans ce mécanisme-là. L'autorité, le père de famille, la famille en tant que cellule de base dans laquelle le père, le chef, est un peu un dictateur. 

Enfin, ils réfléchissent sur les causes du racisme. Pourquoi y a-t-il du racisme et de l'antisémitisme ? En définitive, l'école de Francfort pense en termes concrets à de nombreux thèmes : le capital, le prolétariat et son rôle, le fascisme, l'autorité, la famille, le racisme ... etc. Par simplification on pourrait dire qu'ils cherchent à adapter leur attachement au marxisme à leur époque et à cette occasion à répondre à plusieurs problèmes qu'ils se posent. 

C'est très différent de la grille d'analyse et de lecture de la société par les wokistes. Pour ces derniers, la grille de lecture du XXe siècle  basée sur l'existence d'une lutte de classes. c'est terminé. Place à la lutte des races ! Pour les wokistes la société est divisée en deux groupes opposés et irréconciliables : les dominants et les dominés. Les dominants ce sont les blancs, qu'ils en aient ou non conscience et quelle que soit leur place dans la société. Les dominés sont tous ceux qui ne sont pas blancs ainsi que les minorités. 

Lorsque l'école de Francfort parle de la famille, elle le fait en des termes et avec une approche qui n'ont rien à voir avec la manière dont les wokistes posent le problème. Pour ces derniers, le patriarcat est dénoncé en Occident parce que c'est l'homme blanc hétérosexuel qui est en cause. Mais le wokiste n'attaque nullement le patriarcat existant dans les pays «arabes» ou l'islam règne en maître, car l'homme dans ces pays est un racisé (non blanc). Et le wokisme n'attaque aucun racisé. 

Le wokisme plonge ses racines dans ce qu'on a appelé la «french theory», c'est à dire le courant philosophique post-moderne qui s'est développé en France dans les années 1970. les principaux représentants de ce courant étaient Bourdieu, Derrida, Badiou et Foucault. Ces penseurs français, à l'époque, adoptèrent volontiers un discours anticapitaliste, par contre ils refusaient la centralité de la lutte contre le capitalisme et déniaient à la classe ouvrière un rôle historique dans ce combat, contrairement aux marxistes. Chez tous ces penseurs français, la classe ouvrière était devenue ringarde et dépassée comme acteur historique, car trop «conservatrice». 

C'est cette même analyse qui conduira la gauche, particulièrement le parti socialiste via son think thank «Terranova» à se détourner des couches populaires  pour lui préférer comme base électorale toutes les minorités ainsi que la diversité, mot qui en fait se traduit par immigrés. Ces penseurs vont donc préférer à la classe ouvrière les «taulards» (Foucault), les minorités notamment les immigrés (Badiou), les mouvements féministes (Foucault). 

Tous ces penseurs qui ont prospéré après 1968 ont en commun de considérer, comme Michel Foucault, que la question du pouvoir central d'État est complètement dépassée et qu'il est nécessaire de s'opposer d'abord aux «micro-pouvoirs» et à tout ce qui amène à la soumission des individus. Michel Foucault et les autres membres  de cette école post-moderne trouveront rapidement des adeptes outre-Atlantique pour reprendre leurs thèses.

Voilà pourquoi, même si l'école de Francfort et les wokistes abordent par exemple le problème de la famille et du patriarcat, ils le font en des termes forts différents. L'école de Francfort ne m'apparaît donc pas comme la source d'inspiration des wokistes.

Si on poursuit la lecture ...





Harfang : Et concernant ce que dit Pierre Valentin, qu'en pensez-vous ?

BG : Pierre Valentin a remarquablement analysé ce qu'est le wokisme. Sa thèse sur le rôle et l'impact de l'éducation donnée par les parents américains à leurs enfants est parfaitement fondée. On ne peut toutefois pas avec cette seule explication comprendre pourquoi le wokisme  reprenant les concepts de la french theory a connu un développement foudroyant aux USA. 

Trois éléments expliquent, selon moi, cette percée spectaculaire du wokisme aux USA. 

- Au XVIIe siècle, de nombreux puritains protestants ont quitté l'Angleterre notamment pour échapper aux persécutions religieuses. L'Amérique représentait pour eux un immense espace vierge où ils allaient pouvoir reconstruire, en partant de zéro, une société débarrassée de toutes les tares de la vieille Europe. Cette idée de totalement déconstruire la société pour en reconstruire une nouvelle débarrassée des tares de l'ancienne est l'idée clé du wokisme, qui se décline ensuite en de multiples aspects.  

- Le second élément à prendre en compte est l'argument invoqué par Pierre Valentin concernant l'éducation des enfants américains, il écrit à ce sujet :

L'immense majorité des étudiants woke ont des parents nettement plus aisés que la moyenne américaine. Lukianoff et Haidt (deux psychologues) se sont penchés sur l'éducation qu'ont reçue ces jeunes. Les parents de classes aisées ont tendance à surveiller leurs enfants bien plus que les parents des classes populaires. 


Dans les classes populaires, les parents laissent leurs enfants passer plus de temps avec leurs camarades, sans adultes. Ces enfants s'habituent donc à régler leurs différents tout seuls. Chez les enfants des classes aisées, l'érosion progressive du temps moyen de leurs instants de jeu libre empêcherait le bon développement de l'enfant, un fait montré notamment dans les travaux du psychologue français Jean Piaget.


 Manquant ces moments cruciaux, l'enfant garderait, une fois adolescent et jeune adulte, le besoin de régler ses désaccords avec ses semblables par le recours à une intervention extérieure, souvent issue d'une autorité formelle [...] en d'autres termes, les 'helicopters parents", ces parents qui surveillent en permanence leurs enfants, génèrent des "helicopter bureaucracies", et la surprotection de l'enfant  devient la surprotection de l'étudiant dans le monde universitaire. Cette surprotection a généré une fragilité, et cette fragilité entraîne une demande de surprotection. La surprotection est donc un processus qui s'autoalimente. Sans surprise, la culture forgée par ces jeunes sacralise la protection, et se voit qualifiée par ces deux psychologues de "safetyism", terme que l'on pourrait traduire par «protectionnite». 


Ce besoin de surprotection fait qu'arrivés à l'âge adulte, les jeunes, qui dans leur enfance ont bénéficié de ce contexte de surprotection parentale puis par la bureaucratie universitaire, recherchent dans leur vie adulte la même surprotection . Il la trouve dans la surprotection judiciaire, faisant appel à tout propos et souvent hors de propos aux tribunaux, à la moindre «offense» ou dès qu'ils se sentent «blessés». 


Cela explique la judiciarisation de la vie américaine, qui est en train de se répandre en occident et en France, pour tout et n'importe quoi. Cela explique aussi les "safe space" crées dans les universités américaines, où ces jeunes peuvent venir se réfugier. 



- Enfin le dernier point expliquant cette percée foudroyante du wokisme est le recours à la dénonciation. Aux USA, contrairement à la France, elle est absolument banale et ne pose aucun problème à la population. Et les wokistes usent et abusent de ces dénonciations de faits ou d'individus, notamment au travers des réseaux sociaux et de tous les moyens à leur disposition. 




Harfang : C'est un mouvement protéiforme issu de la convergences des luttes. Comment ces forces plurielles peuvent-elles se conjuguer ?

BG : Le wokisme est protéiforme, mais il n'est pas issu de la convergence des luttes. C'est sa nature protéiforme qui rend nécessaire la convergence des luttes afin d'unifier des mouvements combattant chacun dans un secteur en un seul mouvement ayant des objectifs communs.

Un bon exemple est fourni par le combat qui est mené en Europe pour détruire nos nations, nos cultures, notre identité, c'est à dire notre civilisation. Des gens très différents se retrouvent sur ce même objectif alors qu'a priori on ne les imagine pas s'unir.

Sur TV Liberté :



La contre-offensive qui s'organise ...

Belle amitié entre ces deux penseurs que la foi (l'un croyant, l'autre pas) ne sépare pas bien au contraire