Paris Match et les talibans
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Paris Match et les talibans
extrait de " le Monde "
"PROMOTION DES TALIBANS"
Les talibans s'attaquent au point faible des démocraties occidentales en menant une guerre de communication à destination de leur opinion publique, a estimé jeudi le ministre de la défense, Hervé Morin. Interrogé sur France-Inter, il n'a pas explicitement condamné Paris Match, tout en posant la question : "Est-ce qu'on doit faire la promotion des talibans ?" L'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit (Verts) a, lui, dénoncé "un côté abject" du reportage de l'hebdomadaire. Pierre Moscovisci (PS) s'est dit "un peu mal à l'aise avec ce reportage". "L'idée de mettre en scène les talibans, de donner de la crédibilité à leurs menaces n'est pas une idée qui me plaît (...). Je trouve ça très, très gênant", a ajouté le secrétaire national du PS chargé des relations internationales.
Paris Match a publié des photos montrant deux combattants islamistes arborant des Famas, le fusil d'assaut des forces françaises pris aux soldats tombés dans l'embuscade. L'un d'eux porte un uniforme quasi complet : treillis, Famas, casque, masque de protection. L'hebdomadaire a annoncé avoir restitué mercredi au ministère de la défense la montre de l'un des soldats tués, que son reporter a obtenue des talibans.
Que pensez vous de ce voyeurisme la ?
"PROMOTION DES TALIBANS"
Les talibans s'attaquent au point faible des démocraties occidentales en menant une guerre de communication à destination de leur opinion publique, a estimé jeudi le ministre de la défense, Hervé Morin. Interrogé sur France-Inter, il n'a pas explicitement condamné Paris Match, tout en posant la question : "Est-ce qu'on doit faire la promotion des talibans ?" L'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit (Verts) a, lui, dénoncé "un côté abject" du reportage de l'hebdomadaire. Pierre Moscovisci (PS) s'est dit "un peu mal à l'aise avec ce reportage". "L'idée de mettre en scène les talibans, de donner de la crédibilité à leurs menaces n'est pas une idée qui me plaît (...). Je trouve ça très, très gênant", a ajouté le secrétaire national du PS chargé des relations internationales.
Paris Match a publié des photos montrant deux combattants islamistes arborant des Famas, le fusil d'assaut des forces françaises pris aux soldats tombés dans l'embuscade. L'un d'eux porte un uniforme quasi complet : treillis, Famas, casque, masque de protection. L'hebdomadaire a annoncé avoir restitué mercredi au ministère de la défense la montre de l'un des soldats tués, que son reporter a obtenue des talibans.
Que pensez vous de ce voyeurisme la ?
P4572- Dans la prière
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Re: Paris Match et les talibans
Afghanistan
L'artillerie lourde des talibans
Mise à jour le vendredi 5 septembre 2008 à 17 h 16
Le nouvel ambassadeur du Canada en Afghanistan, Ron Hoffmann, a reconnu vendredi une force revigorée aux talibans.
Il dit être confiant que les forces canadiennes sauront adapter leur stratégie aux changements de tactiques des talibans.
Mercredi, ces nouvelles tactiques ont permis aux talibans d'ébranler les Forces canadiennes en Afghanistan.
Nouvelles tactiques meurtrières
L'embuscade qui a coûté la vie à trois soldats canadiens mercredi dans le sud de l'Afghanistan a été minutieusement préparée par le mollah Mohibullah, indique le Globe and Mail.
Un responsable du gouvernement afghan ayant de bons contacts avec les talibans a déclaré au journal torontois que le mollah Mohibullah a fait appel aux différents groupes de talibans du sud de l'Afghanistan pour qu'ils lui fournissent deux ou trois de leurs meilleurs combattants et qu'ils les équipent du meilleur équipement de combat possible.
Ce dirigeant taliban est aussi un magistrat du système de justice parallèle mis en place par les talibans dans une zone à l'ouest de Kandahar.
Les blindés percés
Le mollah Mohibullah a obtenu environ 45 combattants d'élites bien équipés, avec des armes très puissantes telles que des lances-roquettes, des mitrailleuses lourdes, des 82 mm (canons portatifs anti-char), a ajouté le responsable afghan.
Les soldats canadiens, qui patrouillaient à bord d'un véhicule blindé, ont d'abord heurté une mine antipersonnel puis ont été la cible notamment d'une arme antichar de 82 mm, rapporte le Globe and Mail.
De fabrication russe, les armes anti-char de 82 mm sont notamment capables de percer les véhicules blindés des Canadiens.
Les insurgés utilisent rarement des armes aussi puissantes et lourdes, puisqu'elles rendraient leur fuite plus difficile après l'attaque d'un convoi militaire.
Le quotidien affirme que l'attaque a eu lieu à environ 15 km à l'ouest de Kandahar, dans la région dite de Pashmul. Les Forces canadiennes ont refusé de préciser l'endroit.
Une parties des informations recueillies par le journal ont été corroborées par des sources militaires canadiennes.
La chance des talibans
En entrevue à la Presse canadienne jeudi, le chef d'état-major de la défense, Walter Natynczyk, a dit que les récents succès des talibans dans leurs attaques contre les forces de l'OTAN en Afghanistan étaient des coups de chance.
Le général affirme qu'il y a avait eu bon nombre de tentatives ratées des talibans d'attaquer les forces de l'OTAN mais que seulement leurs succès attiraient l'attention.
Il reconnaît que les attaques sont plus nombreuses mais dit ne pas croire que l'aide aux talibans venant de l'extérieur du pays ait joué un rôle dans cette recrudescence de la violence.
Plus de 190 soldats de la force internationale sont morts en Afghanistan cette année. Le record de 22 décès en 2007 risque d'être dépassé.
Radio-Canada.ca avec Agence France Presse et Presse canadienne
Gilles. Ville de Québec- Canada
L'artillerie lourde des talibans
Mise à jour le vendredi 5 septembre 2008 à 17 h 16
Photo: AFP/Terence White Talibans armés |
Le nouvel ambassadeur du Canada en Afghanistan, Ron Hoffmann, a reconnu vendredi une force revigorée aux talibans.
Il dit être confiant que les forces canadiennes sauront adapter leur stratégie aux changements de tactiques des talibans.
Mercredi, ces nouvelles tactiques ont permis aux talibans d'ébranler les Forces canadiennes en Afghanistan.
Nouvelles tactiques meurtrières
L'embuscade qui a coûté la vie à trois soldats canadiens mercredi dans le sud de l'Afghanistan a été minutieusement préparée par le mollah Mohibullah, indique le Globe and Mail.
Un responsable du gouvernement afghan ayant de bons contacts avec les talibans a déclaré au journal torontois que le mollah Mohibullah a fait appel aux différents groupes de talibans du sud de l'Afghanistan pour qu'ils lui fournissent deux ou trois de leurs meilleurs combattants et qu'ils les équipent du meilleur équipement de combat possible.
Ce dirigeant taliban est aussi un magistrat du système de justice parallèle mis en place par les talibans dans une zone à l'ouest de Kandahar.
Les blindés percés
Le mollah Mohibullah a obtenu environ 45 combattants d'élites bien équipés, avec des armes très puissantes telles que des lances-roquettes, des mitrailleuses lourdes, des 82 mm (canons portatifs anti-char), a ajouté le responsable afghan.
Les soldats canadiens, qui patrouillaient à bord d'un véhicule blindé, ont d'abord heurté une mine antipersonnel puis ont été la cible notamment d'une arme antichar de 82 mm, rapporte le Globe and Mail.
De fabrication russe, les armes anti-char de 82 mm sont notamment capables de percer les véhicules blindés des Canadiens.
Les insurgés utilisent rarement des armes aussi puissantes et lourdes, puisqu'elles rendraient leur fuite plus difficile après l'attaque d'un convoi militaire.
Le quotidien affirme que l'attaque a eu lieu à environ 15 km à l'ouest de Kandahar, dans la région dite de Pashmul. Les Forces canadiennes ont refusé de préciser l'endroit.
Une parties des informations recueillies par le journal ont été corroborées par des sources militaires canadiennes.
La chance des talibans
En entrevue à la Presse canadienne jeudi, le chef d'état-major de la défense, Walter Natynczyk, a dit que les récents succès des talibans dans leurs attaques contre les forces de l'OTAN en Afghanistan étaient des coups de chance.
Le général affirme qu'il y a avait eu bon nombre de tentatives ratées des talibans d'attaquer les forces de l'OTAN mais que seulement leurs succès attiraient l'attention.
Il reconnaît que les attaques sont plus nombreuses mais dit ne pas croire que l'aide aux talibans venant de l'extérieur du pays ait joué un rôle dans cette recrudescence de la violence.
Plus de 190 soldats de la force internationale sont morts en Afghanistan cette année. Le record de 22 décès en 2007 risque d'être dépassé.
Radio-Canada.ca avec Agence France Presse et Presse canadienne
Gilles. Ville de Québec- Canada
Gilles- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Paris Match et les talibans
10 sept. Défense
Que fait la France en Afghanistan?
Roland Hureaux
Avec l’embuscade tragique qui a coûté la vie à dix de ses soldats, la France a compris brusquement qu’elle était engagée en Afghanistan dans une vraie guerre. Avant tout, ces soldats méritent notre hommage et, avec leur famille, notre compassion. Ils sont vraiment « morts pour la France ». Honneur à eux. My coutry, right or wrong disent les Américains. Mais l’émotion n’interdira pas longtemps de poser la question de la justesse de l’engagement de 3000 soldats français dans la guerre d’Afghanistan.
Quelles peuvent en être les justifications ? Pour les États-Unis, il s’agissait au départ de « punir » et de chasser du pouvoir les complices de l’attentat du 11 septembre : le régime taliban du mollah Omar, lequel abritait Ben Laden et les camps d’entraînement d’Al Qaida.
Gent fort ingrate au demeurant puisque le mouvement taliban avait été créé de toutes pièces par les Américains en 1994 afin, déjà, de punir et chasser du pouvoir un de leurs protégés, Gulbuddin Hekmatyar maladroitement compromis dans un premier attentat contre le World trade center.
L’objectif de chasser les talibans fut très vite atteint, à un prix il est vrai lourd : pour les 3000 victimes du 11 septembre, plus de 100 000 victimes civiles et militaires afghanes environ, dont la quasi totalité n’était impliquée ni de près ni de loin dans l’attentat de New York. « Œil pour œil, dent pour dent », dit l’antique adage biblique, finalement point si inhumain : on est, on le voit, dans cette affaire, très au-delà du compte.
L’incapacité des Américains à installer un pouvoir stable à Kaboul (leur refus d’une restauration du roi Zaher Chah n’a pas facilité les choses) et la haine bien naturelle de l’occupation étrangère ont vite permis aux talibans de reprendre du poil de la bête au point qu’ils seraient déjà revenus à Kaboul si celle-ci n’était défendue par les Occidentaux.
La « guerre des civilisations » ?
On arrive au second but de la guerre : empêcher une faction susceptible de protéger les terroristes islamiques de reprendre le pouvoir. La guerre en Afghanistan ne serait dans cette perspective que la pointe avancée de la lutte de l’Occident contre le terrorisme, singulièrement islamique, un avatar de la nécessaire « guerre des civilisations ».
Ce but de guerre s’inscrit dans une conception aujourd’hui répandue — et qui a largement inspiré le récent Livre blanc de la défense nationale — de « stratégie globale », selon laquelle le concept de défense du territoire national au sens classique serait périmé, à la fois parce que territorial et parce que national.
L’idée de contrer un parti pro-terroriste semble tenir la route sur le papier. Elle ne prend cependant pas en compte un certain nombre de données concrètes :
la base afghane n’a joué qu’un rôle accessoire dans le 11 septembre : loin d’être un coordonnateur tout-puissant, Ben Laden a surtout labellisé cet attentat — et d’autres ; si les « camps afghans » ont permis une mise en condition idéologique de certains comparses, l’attentat du 11 septembre a d’abord été préparé en Occident par des éléments occidentalisés, arabes et non afghans ;
de toutes les façons, les talibans contrôlent aujourd’hui suffisamment de territoire pour protéger Ben Laden ; est-il vrai, comme le disent certains militaires français, que les Américains à qui ils avaient signalé sa position, ont refusé de l’arrêter ? Comme si le méchant devait rester vivant jusqu’à la fin du film !
il n’y a plus eu d’attentat significatif aux États-Unis et dans la plupart des pays d’Europe depuis 2001 ;
l’efficacité de la coordination policière entre les partenaires occidentaux, singulièrement entre les États-Unis et la France, est la cause principale de ce reflux du terrorisme : c’est là un facteur autrement sérieux, dans la lutte contre le terrorisme, que d’obscurs combats dans les vallées du Panshir ;
les talibans se préoccupent peu de Ben Laden : ils ont d’abord le sentiment de se battre pour défendre leur patrie et leur foi ; c’est d’ailleurs leur force ;
si les talibans revenaient au pouvoir, il y aurait moyen par des frappes ciblées de les dissuader d’apporter un concours aux terroristes, concours qui, de toutes les façons, vu leur position géographique, ne pourrait être que modeste ;
le vivier des talibans est la tribu des Pachtounes à cheval sur la frontière du Pakistan : ce pays immense, bien plus peuplé que l’Afghanistan, à la « gouvernance » catastrophique, travaillé par les intégrismes, disposant de l’arme nucléaire et pourtant protégé par les États-Unis, représente un risque autrement grave pour la paix que ne le serait un Afghanistan islamiste ;
le concept de « sécurité globale », dépassant le seul cadre militaire, est à la mode : malgré ses défauts, le régime taliban avait supprimé la culture du pavot ; sept ans après l’Afghanistan fournit 93 % de l’opium consommé en Occident !
À supposer que malgré ces considérations, on accepte encore la logique « guerre contre les talibans = guerre contre le terrorisme », il faudrait pour que notre engagement soit justifié, qu’on ait l’espoir de gagner cette guerre.
Or aucun stratège raisonnable n’imagine aujourd’hui une telle victoire possible. Comment croire qu’un engagement en définitive assez limité, viendra à bout de milices aguerries et bien armées, recrutées dans des tribus aux fortes traditions guerrières, se battant dans un terrain particulièrement difficile qu’elles seules connaissent, et qui, après avoir résisté à la colonisation, ont tenu pendant dix ans la dragée haute aux Russes, voisins directs engagés avec des moyens autrement puissants ? Cette guerre est, de l’avis commun, encore bien plus mal emmanchée que ne l’était celle du Vietnam.
On dira en désespoir de cause que, même s’il ne peut gagner la guerre, l’Occident se doit d’être présent à cet endroit là pour marquer une attitude offensive dans la guerre générale qui est menée contre l’islamisme. Mais à quel coût et jusqu’à quand ?
De plus cyniques — il en est dans nos états-majors — avouent en privé que peu importe la légitimité de cette guerre : elle est un utile terrain de manœuvre en vraie grandeur, permettant aux armées de l’OTAN de rester aguerries. C’est faire bien peu de cas des victimes civiles afghanes, d’autant plus nombreuses que les bombardements indiscriminés, aussi habituels en ces circonstances que contre-productifs, sont pratiqués à grande échelle.
La défense est d’abord nationale
Mais par-delà les considérations d’opportunité se pose la question de principe de la « stratégie globale ».
Qui ne voit que les considérations géostratégiques fumeuses peuvent justifier n’importe quelle expédition lointaine ? Elles vont en tous les cas à l’encontre de la conception traditionnelle, capétienne si l’on veut (mais aussi bien républicaine) de la défense nationale : dans cette conception, la guerre est tenue pour une chose grave qui ne se justifie que quand se trouve en jeu pour un pays un intérêt à la fois essentiel, spécifique, et certain. Si la lutte contre le terrorisme est assurément un intérêt essentiel, il s’en faut de beaucoup qu’il soit certain ni spécifique.
Nous avons montré le caractère incertain du lien entre la lutte contre le terrorisme et la guerre civile d’Afghanistan. Même si les États-Unis furent bien peu solidaires de la France au temps où celle-ci subissait de plein fouet le terrorisme tout aussi islamiste du FIS algérien, on veut bien admettre que par son ampleur, l’attentat du 11 septembre mérite notre solidarité, mais pas au point que l’intérêt de la France soit entièrement fondu dans un intérêt occidental unique.
Un pays n’est pas une entité abstraite perdue dans le champ de la mondialisation : il a une géographie et une histoire particulières qui déterminent ses intérêts propres. Même si ses frontières nationales ne sont pas pour le moment menacées, la France a des intérêts spécifiques, notamment en Afrique, qui ne sauraient être sacrifiés, comme on s’apprête à le faire, à des considérations de « stratégie globale ». Empêcher les milices jandjaouies d’entrer au Tchad est aussi important pour nous que fermer la route de Kaboul aux talibans. L’Afghanistan se trouve très clairement en dehors des zones d’intérêt traditionnelles de la France.
Cette conception de la défense nationale fut celle du général de Gaulle qui, lui, savait combien la guerre est une chose grave : c’est peut être pourquoi il termina deux guerres et n’en commença aucune ; il fut aussi, on l’ignore trop, à partir de 1962, plus avare d’expéditions outre-mer qu’aucun de ses successeurs.
La vertu qui gouverne cette conception est la prudence, laquelle ne signifie nullement une quelconque pusillanimité munichoise, mais implique au contraire de savoir frapper fort quand il le faut, c’est à dire rarement. Le faut-il dans le cas de l’Afghanistan ? Les considérations qui précèdent montrent clairement que non.
Pour en savoir plus :
■ Général Jean-Germain Salvan, Géorgie, Afghanistan… Un militaire s’interroge, Décryptage, 1er sept. 2008
Que fait la France en Afghanistan?
Roland Hureaux
Avec l’embuscade tragique qui a coûté la vie à dix de ses soldats, la France a compris brusquement qu’elle était engagée en Afghanistan dans une vraie guerre. Avant tout, ces soldats méritent notre hommage et, avec leur famille, notre compassion. Ils sont vraiment « morts pour la France ». Honneur à eux. My coutry, right or wrong disent les Américains. Mais l’émotion n’interdira pas longtemps de poser la question de la justesse de l’engagement de 3000 soldats français dans la guerre d’Afghanistan.
Quelles peuvent en être les justifications ? Pour les États-Unis, il s’agissait au départ de « punir » et de chasser du pouvoir les complices de l’attentat du 11 septembre : le régime taliban du mollah Omar, lequel abritait Ben Laden et les camps d’entraînement d’Al Qaida.
Gent fort ingrate au demeurant puisque le mouvement taliban avait été créé de toutes pièces par les Américains en 1994 afin, déjà, de punir et chasser du pouvoir un de leurs protégés, Gulbuddin Hekmatyar maladroitement compromis dans un premier attentat contre le World trade center.
L’objectif de chasser les talibans fut très vite atteint, à un prix il est vrai lourd : pour les 3000 victimes du 11 septembre, plus de 100 000 victimes civiles et militaires afghanes environ, dont la quasi totalité n’était impliquée ni de près ni de loin dans l’attentat de New York. « Œil pour œil, dent pour dent », dit l’antique adage biblique, finalement point si inhumain : on est, on le voit, dans cette affaire, très au-delà du compte.
L’incapacité des Américains à installer un pouvoir stable à Kaboul (leur refus d’une restauration du roi Zaher Chah n’a pas facilité les choses) et la haine bien naturelle de l’occupation étrangère ont vite permis aux talibans de reprendre du poil de la bête au point qu’ils seraient déjà revenus à Kaboul si celle-ci n’était défendue par les Occidentaux.
La « guerre des civilisations » ?
On arrive au second but de la guerre : empêcher une faction susceptible de protéger les terroristes islamiques de reprendre le pouvoir. La guerre en Afghanistan ne serait dans cette perspective que la pointe avancée de la lutte de l’Occident contre le terrorisme, singulièrement islamique, un avatar de la nécessaire « guerre des civilisations ».
Ce but de guerre s’inscrit dans une conception aujourd’hui répandue — et qui a largement inspiré le récent Livre blanc de la défense nationale — de « stratégie globale », selon laquelle le concept de défense du territoire national au sens classique serait périmé, à la fois parce que territorial et parce que national.
L’idée de contrer un parti pro-terroriste semble tenir la route sur le papier. Elle ne prend cependant pas en compte un certain nombre de données concrètes :
la base afghane n’a joué qu’un rôle accessoire dans le 11 septembre : loin d’être un coordonnateur tout-puissant, Ben Laden a surtout labellisé cet attentat — et d’autres ; si les « camps afghans » ont permis une mise en condition idéologique de certains comparses, l’attentat du 11 septembre a d’abord été préparé en Occident par des éléments occidentalisés, arabes et non afghans ;
de toutes les façons, les talibans contrôlent aujourd’hui suffisamment de territoire pour protéger Ben Laden ; est-il vrai, comme le disent certains militaires français, que les Américains à qui ils avaient signalé sa position, ont refusé de l’arrêter ? Comme si le méchant devait rester vivant jusqu’à la fin du film !
il n’y a plus eu d’attentat significatif aux États-Unis et dans la plupart des pays d’Europe depuis 2001 ;
l’efficacité de la coordination policière entre les partenaires occidentaux, singulièrement entre les États-Unis et la France, est la cause principale de ce reflux du terrorisme : c’est là un facteur autrement sérieux, dans la lutte contre le terrorisme, que d’obscurs combats dans les vallées du Panshir ;
les talibans se préoccupent peu de Ben Laden : ils ont d’abord le sentiment de se battre pour défendre leur patrie et leur foi ; c’est d’ailleurs leur force ;
si les talibans revenaient au pouvoir, il y aurait moyen par des frappes ciblées de les dissuader d’apporter un concours aux terroristes, concours qui, de toutes les façons, vu leur position géographique, ne pourrait être que modeste ;
le vivier des talibans est la tribu des Pachtounes à cheval sur la frontière du Pakistan : ce pays immense, bien plus peuplé que l’Afghanistan, à la « gouvernance » catastrophique, travaillé par les intégrismes, disposant de l’arme nucléaire et pourtant protégé par les États-Unis, représente un risque autrement grave pour la paix que ne le serait un Afghanistan islamiste ;
le concept de « sécurité globale », dépassant le seul cadre militaire, est à la mode : malgré ses défauts, le régime taliban avait supprimé la culture du pavot ; sept ans après l’Afghanistan fournit 93 % de l’opium consommé en Occident !
À supposer que malgré ces considérations, on accepte encore la logique « guerre contre les talibans = guerre contre le terrorisme », il faudrait pour que notre engagement soit justifié, qu’on ait l’espoir de gagner cette guerre.
Or aucun stratège raisonnable n’imagine aujourd’hui une telle victoire possible. Comment croire qu’un engagement en définitive assez limité, viendra à bout de milices aguerries et bien armées, recrutées dans des tribus aux fortes traditions guerrières, se battant dans un terrain particulièrement difficile qu’elles seules connaissent, et qui, après avoir résisté à la colonisation, ont tenu pendant dix ans la dragée haute aux Russes, voisins directs engagés avec des moyens autrement puissants ? Cette guerre est, de l’avis commun, encore bien plus mal emmanchée que ne l’était celle du Vietnam.
On dira en désespoir de cause que, même s’il ne peut gagner la guerre, l’Occident se doit d’être présent à cet endroit là pour marquer une attitude offensive dans la guerre générale qui est menée contre l’islamisme. Mais à quel coût et jusqu’à quand ?
De plus cyniques — il en est dans nos états-majors — avouent en privé que peu importe la légitimité de cette guerre : elle est un utile terrain de manœuvre en vraie grandeur, permettant aux armées de l’OTAN de rester aguerries. C’est faire bien peu de cas des victimes civiles afghanes, d’autant plus nombreuses que les bombardements indiscriminés, aussi habituels en ces circonstances que contre-productifs, sont pratiqués à grande échelle.
La défense est d’abord nationale
Mais par-delà les considérations d’opportunité se pose la question de principe de la « stratégie globale ».
Qui ne voit que les considérations géostratégiques fumeuses peuvent justifier n’importe quelle expédition lointaine ? Elles vont en tous les cas à l’encontre de la conception traditionnelle, capétienne si l’on veut (mais aussi bien républicaine) de la défense nationale : dans cette conception, la guerre est tenue pour une chose grave qui ne se justifie que quand se trouve en jeu pour un pays un intérêt à la fois essentiel, spécifique, et certain. Si la lutte contre le terrorisme est assurément un intérêt essentiel, il s’en faut de beaucoup qu’il soit certain ni spécifique.
Nous avons montré le caractère incertain du lien entre la lutte contre le terrorisme et la guerre civile d’Afghanistan. Même si les États-Unis furent bien peu solidaires de la France au temps où celle-ci subissait de plein fouet le terrorisme tout aussi islamiste du FIS algérien, on veut bien admettre que par son ampleur, l’attentat du 11 septembre mérite notre solidarité, mais pas au point que l’intérêt de la France soit entièrement fondu dans un intérêt occidental unique.
Un pays n’est pas une entité abstraite perdue dans le champ de la mondialisation : il a une géographie et une histoire particulières qui déterminent ses intérêts propres. Même si ses frontières nationales ne sont pas pour le moment menacées, la France a des intérêts spécifiques, notamment en Afrique, qui ne sauraient être sacrifiés, comme on s’apprête à le faire, à des considérations de « stratégie globale ». Empêcher les milices jandjaouies d’entrer au Tchad est aussi important pour nous que fermer la route de Kaboul aux talibans. L’Afghanistan se trouve très clairement en dehors des zones d’intérêt traditionnelles de la France.
Cette conception de la défense nationale fut celle du général de Gaulle qui, lui, savait combien la guerre est une chose grave : c’est peut être pourquoi il termina deux guerres et n’en commença aucune ; il fut aussi, on l’ignore trop, à partir de 1962, plus avare d’expéditions outre-mer qu’aucun de ses successeurs.
La vertu qui gouverne cette conception est la prudence, laquelle ne signifie nullement une quelconque pusillanimité munichoise, mais implique au contraire de savoir frapper fort quand il le faut, c’est à dire rarement. Le faut-il dans le cas de l’Afghanistan ? Les considérations qui précèdent montrent clairement que non.
Pour en savoir plus :
■ Général Jean-Germain Salvan, Géorgie, Afghanistan… Un militaire s’interroge, Décryptage, 1er sept. 2008
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Re: Paris Match et les talibans
DEUXIEME ATTAQUE :
vendredi 24 octobre 2008
Encore attaqués en Afghanistan: les Français abandonnent deux missiles
Lors de violents combats contre les talibans, 300 paras ont dû abandonner un poste de tir Milan et deux missiles.
Une unité française de 300 hommes a été sévèrement accrochée par une centaine de talibans, samedi, en Afghanistan, à une soixante de kilomètres au nord-est de Kaboul. L'affrontement s'est déroulé dans le secteur de la vallée d'Alasaï, où les Français menaient une reconnaissance dans le cadre d'une action coordonnée avec les Américains.
Selon le porte-parole de l'armée française en Afghanistan, le lieutenant-colonel Bruno Louisfert, «l'embuscade était bien préparée. Profitant de l'étroitesse des lieux, les soldats ont dû se replier avec le soutien de tirs de mortier (de 120 mm) et une intervention aérienne ».
Quatorze insurgés auraient été tués au cours des combats, d'après une estimation de la Force internationale d'assistance et de sécurité (Isaf). Un soldat français a été touché par une balle, mais celle-ci a été arrêtée par son gilet pare-balles et il s'en est tiré avec un hématome.
Au cours de l'engagement, les servants d'un poste de tir de missiles Milan ont été contraints de se replier, laissant sur place leur matériel ainsi que deux missiles. « Malgré des tentatives répétées, il n'a pas été possible de les récupérer. Le poste de tir pèse 16 kg, les missiles 11 kg chacun. Il fallait choisir entre la vie des hommes et le matériel », a expliqué le porte-parole militaire.
« Une perte problématique »
Les tentatives visant à détruire le lance-missiles et ses munitions (le Milan est une arme antichar, mais qui peut être utilisé contre des positions défensives) ont échoué. Les soldats « étaient trop près des maisons et le risque de dommage collatéral trop grand. Les insurgés cherchent systématiquement l'imbrication dans les villages afin de limiter nos possibilités d'action » et pour provoquer « des dommages collatéraux. Mais il n'y en a pas eu ».
Le lieutenant-colonel Louisfert reconnaît « que la perte des missiles est problématique », mais il ajoute : « Les utiliser avec efficacité demande un certain savoir-faire, une formation.» Samedi, les forces de la coalition étaient retournées, pour la première fois, depuis l'embuscade du 18 août (qui avait causé la mort de 10 soldats), jusqu'au village de Sper Kunday, dans la vallée d'Uzbin.
Selon le blog de Jean-Dominique Merchet (Libération), « au même moment, deux opérations étaient conduites dans les secteurs voisins pour tenter de fixer les insurgés. Les Américains se sont engagés dans la province de Laghman et les Français dans le district de Kapisa.» C'est là que la colonne française est tombée sur un os.
vendredi 24 octobre 2008
Encore attaqués en Afghanistan: les Français abandonnent deux missiles
Lors de violents combats contre les talibans, 300 paras ont dû abandonner un poste de tir Milan et deux missiles.
Une unité française de 300 hommes a été sévèrement accrochée par une centaine de talibans, samedi, en Afghanistan, à une soixante de kilomètres au nord-est de Kaboul. L'affrontement s'est déroulé dans le secteur de la vallée d'Alasaï, où les Français menaient une reconnaissance dans le cadre d'une action coordonnée avec les Américains.
Selon le porte-parole de l'armée française en Afghanistan, le lieutenant-colonel Bruno Louisfert, «l'embuscade était bien préparée. Profitant de l'étroitesse des lieux, les soldats ont dû se replier avec le soutien de tirs de mortier (de 120 mm) et une intervention aérienne ».
Quatorze insurgés auraient été tués au cours des combats, d'après une estimation de la Force internationale d'assistance et de sécurité (Isaf). Un soldat français a été touché par une balle, mais celle-ci a été arrêtée par son gilet pare-balles et il s'en est tiré avec un hématome.
Au cours de l'engagement, les servants d'un poste de tir de missiles Milan ont été contraints de se replier, laissant sur place leur matériel ainsi que deux missiles. « Malgré des tentatives répétées, il n'a pas été possible de les récupérer. Le poste de tir pèse 16 kg, les missiles 11 kg chacun. Il fallait choisir entre la vie des hommes et le matériel », a expliqué le porte-parole militaire.
« Une perte problématique »
Les tentatives visant à détruire le lance-missiles et ses munitions (le Milan est une arme antichar, mais qui peut être utilisé contre des positions défensives) ont échoué. Les soldats « étaient trop près des maisons et le risque de dommage collatéral trop grand. Les insurgés cherchent systématiquement l'imbrication dans les villages afin de limiter nos possibilités d'action » et pour provoquer « des dommages collatéraux. Mais il n'y en a pas eu ».
Le lieutenant-colonel Louisfert reconnaît « que la perte des missiles est problématique », mais il ajoute : « Les utiliser avec efficacité demande un certain savoir-faire, une formation.» Samedi, les forces de la coalition étaient retournées, pour la première fois, depuis l'embuscade du 18 août (qui avait causé la mort de 10 soldats), jusqu'au village de Sper Kunday, dans la vallée d'Uzbin.
Selon le blog de Jean-Dominique Merchet (Libération), « au même moment, deux opérations étaient conduites dans les secteurs voisins pour tenter de fixer les insurgés. Les Américains se sont engagés dans la province de Laghman et les Français dans le district de Kapisa.» C'est là que la colonne française est tombée sur un os.
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