Portraits de curés de campagne
2 participants
Page 1 sur 1
Portraits de curés de campagne
ARTICLE FAMILLE CHRETIENNE
EXCLUSIF MAG -
Rencontre avec le Père Gilles Gracineau, 70 ans, prêtre du diocèse de Limoges
«Tu seras Vendéen, mon fils » chantait Didier Barbelivien dans son album consacré aux guerres de Vendée. « Tu seras prêtre, mon fils », semble avoir murmuré le Seigneur à l’oreille du petit Gilles. C’était dans les années 1950. Le collégien a 13 ans. Il hésite sur la réponse à donner à l’appel qu’il entend. Ou perçoit. Ses parents sont des paysans de Vendée. « La vie chrétienne affleurait chez eux, se souvient-il. Ils comptaient tout simplement sur le Bon Dieu et nous faisaient faire la prière du soir en famille. » Près de soixante ans plus tard, Gilles Gracineau est prêtre. Non dans sa Vendée natale où ses aïeux, tous paysans, lui ont donné un goût prononcé pour la terre. Mais aux confins de la Haute-Vienne et de la Creuse. Sur le plateau de Millevaches, plus exactement. Curé de la paroisse Saint-Anne des Monts et Rivières, à Eymoutiers, bourgade de quelque deux mille habitants, le Père Gilles laisse entrevoir un homme passionné par l’Évangile et par son annonce.
Pourtant, à la tête de vingt-cinq clochers d’une région qui n’a pas toujours porté les prêtres dans son cœur et qui est loin, très loin, du « réconfort ecclésial » des grandes villes, notre curé pourrait laisser percer un certain découragement. Au lieu de quoi, sans ignorer les difficultés et « le combat spirituel » qu’il lui faut livrer, il offre une figure heureuse du ministère de prêtre en campagne. « Je n’ai jamais regretté une seconde la voie que j’ai choisie », peut-il même dire tout en cassant quelques noix sur la table de sa cuisine.
Le petit Vendéen, dont les aïeux s’étaient rebellés contre la République pourfendeuse de prêtres, a choisi la voie du sacerdoce en entrant au petit séminaire à l’orée de l’adolescence. Mais au grand séminaire de Luçon, patatras ! Dans la grande déroute de l’après-Concile, les « turbulences » le découragent. Il abandonne le séminaire, lui-même à l’abandon, quitte sa Vendée natale et trouve un emploi dans la Creuse. Après quoi, « toujours soucieux de faire connaître le Christ », il finit par s’engager dans la Congrégation du Prado. Cette communauté fondée par le bienheureux Père Antoine Chevrier l’accueille en son sein. Il est ordonné prêtre en 1975 « par - 18 °C, l’hiver », se souvient-il, à Felletin, à nouveau dans la Creuse. Depuis, à part un intermède de sept ans près de Lyon au service de ses frères pradosiens et un temps de prière et de césure l’année dernière, le Père Gracineau est resté attaché à cette région du Limousin.
« Le ministère rural est beau, mais à l’épreuve », reconnaît-il, sans aucune amertume ou acrimonie. Derrière le côté à la fois très ordinaire de l’apparence – en le croisant on pourrait croire qu’il est lui-même un agriculteur local – et le ton direct – le tutoiement facile par exemple –, une vie sacerdotale profonde semble animer cet homme du terroir. « Quand, dans nos territoires hyperruraux et dévitalisés, on ne voit aucun enfant au catéchisme, quand les jeunes semblent inatteignables, quand l’assistance à la messe est si peu nombreuse, il faut alors voir l’œuvre de l’Esprit Saint. Ce dernier agit. Il faut Lui faire confiance et déceler chez ceux que nous rencontrons les prémices d’une rencontre avec le Seigneur, d’un début de chemin, d’une réconciliation, voire d’une conversion. Nous, les prêtres, nous ne sommes que des serviteurs. Nous ne voyons pas immédiatement le fruit de notre ministère. »
En attendant, ce fils spirituel du bienheureux Antoine Chevrier continue son apostolat de proximité et de « ministère itinérant » à la façon de saint Paul, l’Apôtre qui l’inspire au quotidien. À Eymoutiers par exemple, « antre de la libre-pensée », les prêtres ne doivent pas, selon lui, n’être que « des fonctionnaires de Dieu qui distribuent les sacrements, mais bien des pasteurs qui vivent l’Évangile ». Dans ce territoire magnifique, où de plus en plus de jeunes en quête d’une vie « plus saine, communautaire et même spirituelle » viennent s’implanter, le Père Gilles Gracineau veille et n’abandonne pas. De même que « le Christ n’aurait pas donné sa vie s’il n’y avait rien à sauver », notre septuagénaire n’a pas lui-même donné sa vie pour rester les bras croisés.
Rencontre avec le Père Benoît Lemieux, 48 ans, prêtre du diocèse de Coutances et Avranches.
Depuis 1402, année où l’on a des sources historiques fiables, la famille Lemieux est enracinée dans la Manche. Un rejeton a surgi de la souche : Benoît Lemieux. Pas d’ascendance royale pour ce Manchois, mais un sacerdoce dans les campagnes du bocage normand. Aujourd’hui curé à Cerisy-la-Salle, à la tête de la paroisse Saint-François-d’Assise regroupant douze clochers, le Père Lemieux vit au cœur du diocèse de Coutances et Avranches.
Ses parents agriculteurs lui ont transmis la foi. Mais c’est par une voie toute mariale qu’il a entendu l’appel à se faire « tout à tous » dans le sacerdoce : « Grâce à mes parents, j’avais pu participer à un pèlerinage diocésain à Lourdes avec mille autres jeunes, se souvient-il. J’avais 20 ans. Dès lors, la question du sacerdoce s’est posée à moi. Puis les JMJ de Czestochowa en 1991 m’ont aidé à continuer à écouter cet appel. » À 24 ans, il entre au séminaire de Caen. Il est ordonné à 32 ans, en l’an 2000. Malgré un intermède à Rome à l’Institut Jean-Paul-II où il passe une licence canonique de théologie morale, le Père Lemieux reste enraciné dans son diocèse d’origine.
Comme pour beaucoup de prêtres des campagnes, la voiture est son instrument quotidien. « Malgré les kilomètres et les petites routes incommodes, je souhaite garder un ministère de proximité. » On sent ce prêtre soucieux de ses paroissiens et de l’ensemble des habitants. Sensible à leur sort, à leur vie. « J’aimerais avoir davantage de temps, ne serait-ce que pour visiter plus de malades à domicile où à l’hôpital », avoue-t-il. À 48 ans, on perçoit un homme solidement ancré dans son terroir, tant par ses aïeux que par son ministère. Un homme du cru, en somme. Et qui passe une bonne partie de son temps à « rencontrer les familles là où elles vivent et à les recevoir au presbytère ».
Seul prêtre du canton, il ne souffre pas de solitude quand « beaucoup, notamment dans les grandes villes », sont touchés par ce fléau moderne. « J’ai une chance incroyable d’être en relation quotidienne avec des personnes », affirme même notre prêtre. Avant d’ajouter : « Mais il ne faut pas compter son temps. »
Loin des salons parisiens et de tout apparat fastueux, il poursuit son ministère sans mot dire. Si le mieux est l’ennemi du bien, Lemieux est ami du Bien. Du Bien Suprême, à qui il a voué sa vie et que chaque matin, à la messe, « entouré d’une dizaine de fidèles », il tient entre ses mains au moment de l’élévation. Le moment phare de sa journée, celui auquel il tient « plus que tout ». « Faites ceci en mémoire de moi. » Deux mille ans après le Christ, le Père Benoît Lemieux fait cela en sa mémoire.
Joseph Vallançon
lien article:
http://www.famillechretienne.fr/foi-chretienne/temoignages/portraits-de-cures-de-campagne-1-2-le-ministere-rural-est-beau-mais-a-l-epreuve-197361
sga- MEDIATEUR
- Messages : 1324
Inscription : 13/06/2014
M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
- Messages : 26371
Age : 69
Localisation : Vendée (Marie du 85)
Inscription : 12/01/2016
Sujets similaires
» La campagne du "sexe entre hommes" campagne homophobe? (Pétition)
» Quelques portraits de Chrétiens morts en martyrs en 2017 – Souvenons-nous d’eux!!
» SÉMINAIRE DE HAUT NIVEAU Prévention Avortement:invitez évêques, curés
» TROIS PORTRAITS DE L'ANTÉCHRIST
» Inde : Affichage de portraits diffamatoires du Christ
» Quelques portraits de Chrétiens morts en martyrs en 2017 – Souvenons-nous d’eux!!
» SÉMINAIRE DE HAUT NIVEAU Prévention Avortement:invitez évêques, curés
» TROIS PORTRAITS DE L'ANTÉCHRIST
» Inde : Affichage de portraits diffamatoires du Christ
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum