Spoliation, violence, déshumanisation: le cauchemar des tutelles
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Spoliation, violence, déshumanisation: le cauchemar des tutelles
Huit années d'enquête, un résultat qui fait froid dans le dos: dans "les Dépossédés", Valérie Labrousse raconte le calvaire des personnes fragiles placées sous tutelle judiciaire. Et révèle l'existence d'une véritable mafia. Extraits.
A l’issue d’une plongée de plusieurs années dans le petit monde obscur de la tutelle judiciaire, Valérie Labrousse vient d’écrire un livre d’enquête stupéfiant. On y découvre une maltraitance quasi institutionnelle, où ne s’exerce aucun contrôle ou presque. Qu’une vieille dame tombe sur un mouton noir du milieu, et se met en place l’engrenage mortifère.
Un tuteur malhonnête ou négligent, qu’il travaille dans un hôpital, une association, ou qu’il exerce en libéral, agit toujours avec la complicité active ou passive des «charognards de la tutelle» écrit l’auteur, notaire, marchand immobilier ou commissaire priseur, juge et autre directeur de pompes funèbres. Tout un petit monde susceptible de prendre sa part de marché tutélaire, cet «or gris» si facile à ramasser, et encore plus si un médecin vient poser un diagnostic de paranoïa, coupant court à toute protestation. Siphonage d’une assurance-vie, maison de famille revendue à des prix sans rapport avec ceux du marché, vol de meubles : aucune statistique à ce jour sur cette pagaille lucrative.
Dans ce mal contemporain, qui s’abat sur l’handicapé psychique à qui on «oublie» de verser son pécule de survie comme sur le vieillard maltraité en maison de retraite, que son protecteur officiel ne défendra pas dans un réflexe de soutien à l’institution, Valérie Labrousse, en lectrice attentive d’Hannah Arendt, entrevoie les symptômes de la banalité du mal - servilité, relativisme de l’horreur, refus du jugement moral et rationalisme bureaucratique sur fond d’indifférence à la souffrance de l’autre, au-delà de l’anecdote. Voici en exclusivité l’avant-propos de ce travail exceptionnel.
Anne Crignon
Extraits
Qu'est devenue Mme Novikoff ?
Vous savez, un jour, au large des côtes brésiliennes – alors que le soleil disparaissait à l’horizon – j’ai vu l’océan si mêlé de sang qu’il était noir. On avait mouillé à Fortaleza et quelques-uns, parmi nous, avaient sorti leurs lignes pour taquiner le poisson. C’est moi qui ai eu la première prise. Un requin. Et puis un second requin est arrivé, et un troisième – jusqu’à ce que la mer paraisse entière faite de requins, de plus en plus nombreux, sans plus une seule goutte d’eau. Mon requin s’était blessé en se dégageant de l’hameçon et l’odeur, ou la couleur, ou le fait qu’il se vide de son sang – tout ça a rendu les autres fous. Les bêtes se sont mises à s’entre-dévorer. Dans leur frénésie, elles se sont mangées elles-mêmes. On sentait dans l’air l’excitation du meurtre, comme un vent qui pique les yeux et des flots s’élevait la puanteur de la mort. Je n’ai jamais rien vu de pire… Jusqu’au petit pique-nique de ce soir. Et vous savez quoi ? Pas un seul requin, dans cette bande de cinglés, n’a survécu.
Orson Welles
La Dame de Shanghai. Traduction Dorothée Zumstein
Paris, hiver 2007. Je suis à la recherche d’une vieille dame de quatre-vingt-huit ans qui vient d’appeler au secours un collectif luttant contre les abus tutélaires.
Un certain Gilles B serait venu frapper à sa porte...
Source et suite:
http://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20140926.OBS0467/spoliation-violence-deshumanisation-le-cauchemar-des-tutelles.html
A l’issue d’une plongée de plusieurs années dans le petit monde obscur de la tutelle judiciaire, Valérie Labrousse vient d’écrire un livre d’enquête stupéfiant. On y découvre une maltraitance quasi institutionnelle, où ne s’exerce aucun contrôle ou presque. Qu’une vieille dame tombe sur un mouton noir du milieu, et se met en place l’engrenage mortifère.
Un tuteur malhonnête ou négligent, qu’il travaille dans un hôpital, une association, ou qu’il exerce en libéral, agit toujours avec la complicité active ou passive des «charognards de la tutelle» écrit l’auteur, notaire, marchand immobilier ou commissaire priseur, juge et autre directeur de pompes funèbres. Tout un petit monde susceptible de prendre sa part de marché tutélaire, cet «or gris» si facile à ramasser, et encore plus si un médecin vient poser un diagnostic de paranoïa, coupant court à toute protestation. Siphonage d’une assurance-vie, maison de famille revendue à des prix sans rapport avec ceux du marché, vol de meubles : aucune statistique à ce jour sur cette pagaille lucrative.
Dans ce mal contemporain, qui s’abat sur l’handicapé psychique à qui on «oublie» de verser son pécule de survie comme sur le vieillard maltraité en maison de retraite, que son protecteur officiel ne défendra pas dans un réflexe de soutien à l’institution, Valérie Labrousse, en lectrice attentive d’Hannah Arendt, entrevoie les symptômes de la banalité du mal - servilité, relativisme de l’horreur, refus du jugement moral et rationalisme bureaucratique sur fond d’indifférence à la souffrance de l’autre, au-delà de l’anecdote. Voici en exclusivité l’avant-propos de ce travail exceptionnel.
Anne Crignon
Extraits
Qu'est devenue Mme Novikoff ?
Vous savez, un jour, au large des côtes brésiliennes – alors que le soleil disparaissait à l’horizon – j’ai vu l’océan si mêlé de sang qu’il était noir. On avait mouillé à Fortaleza et quelques-uns, parmi nous, avaient sorti leurs lignes pour taquiner le poisson. C’est moi qui ai eu la première prise. Un requin. Et puis un second requin est arrivé, et un troisième – jusqu’à ce que la mer paraisse entière faite de requins, de plus en plus nombreux, sans plus une seule goutte d’eau. Mon requin s’était blessé en se dégageant de l’hameçon et l’odeur, ou la couleur, ou le fait qu’il se vide de son sang – tout ça a rendu les autres fous. Les bêtes se sont mises à s’entre-dévorer. Dans leur frénésie, elles se sont mangées elles-mêmes. On sentait dans l’air l’excitation du meurtre, comme un vent qui pique les yeux et des flots s’élevait la puanteur de la mort. Je n’ai jamais rien vu de pire… Jusqu’au petit pique-nique de ce soir. Et vous savez quoi ? Pas un seul requin, dans cette bande de cinglés, n’a survécu.
Orson Welles
La Dame de Shanghai. Traduction Dorothée Zumstein
Paris, hiver 2007. Je suis à la recherche d’une vieille dame de quatre-vingt-huit ans qui vient d’appeler au secours un collectif luttant contre les abus tutélaires.
Un certain Gilles B serait venu frapper à sa porte...
Source et suite:
http://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20140926.OBS0467/spoliation-violence-deshumanisation-le-cauchemar-des-tutelles.html
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