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Avez vous lu Bobin ?

2 participants

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Message par M56735 Dim 27 Oct 2013 - 10:10

Voilà un écrivain talentueux, à l'esprit large des grands espaces qui ne préfère pourtant que le suc de nos existences, la sainteté des gestes posés.
C'est un amoureux du beau et du bon...
Peut-être a-t-il un petit problème avec le Vrai de la terre...encore que...il faut tout percer avec ce trop peu d'amour qui réside en nos coeurs.
Seigneur augmente en moi la charité.
Bobin est à lire, à relire...on ne se lasse pas de puiser dans ses métaphores.
C'est tout de même autre chose que les romans " fleurs bleues ".



https://youtu.be/5YiwhsK6_bo

M56735
Veut-etre un saint/e

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Message par Maud Dim 27 Oct 2013 - 10:32

Pour vous remercier M- DARC voici votre vidéo



Amicalement
Maud
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Citoyen d'honneur vers la sainteté

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Message par M56735 Dim 27 Oct 2013 - 19:04

L’homme qui marche

Extraits du livre de Christian Bobin
©Texte de Christian Bobin, 1995


Il marche. Sans arrêt il marche. Il va ici et puis là. Il passe sa vie sur quelque soixante kilomètres de long, trente de large. Et il marche. Sans arrêt. On dirait que le repos lui est interdit. Ce qu’on sait de lui, on le tient d’un livre.

Avec l’oreille un peu plus fine, nous pourrions nous passer de ce livre et recevoir de ses nouvelles en écoutant le chant des particules de sable, soulevées par ses pieds nus.

Rien ne se remet de son passage et son passage n’en finit pas. Ils sont d’abord quatre à écrire sur lui. Ils ont, quand ils écrivent, soixante ans de retard sur l’événement de son passage. Soixante ans au moins. Nous en avons beaucoup plus, deux mille.

Tout ce qui peut être dit sur cet homme est en retard sur lui. Il garde une foulée d’avance et sa parole est comme lui, sans cesse en mouvement, sans fin dans le mouvement de tout donner d’elle-même. Deux mille ans après lui, c’est comme soixante. Il vient de passer et les jardins d’Israël frémissent encore de son passage, comme après une bombe, les ondes brûlantes d’un souffle. Il va tête nue. La mort, le vent, l’injure, il reçoit tout de face, sans jamais ralentir son pas.

A croire que ce qui le tourmente n’est rien en regard de ce qu’il espère.

A croire que la mort n’est guère plus qu’un vent de sable.

A croire que vivre est comme il marche... sans fin

L’humain est ce qui va ainsi, tête nue, dans la recherche jamais interrompue de ce qui est plus grand que soi. Et le premier venu est plus grand que nous: c’est une des choses que dit cet homme. C’est l’unique chose qu’il cherche à nous faire entrer dans nos têtes lourdes. Le premier venu est plus grand que nous : il faut détacher chaque mot de cette phrase et le mâcher, le remâcher. La vérité, ça se mange. Voir l’autre dans sa noblesse de solitude, dans la beauté perdue de ses jours. Le regarder dans le mouvement de venir, dans la confiance à cette venue. C’est ce qu’il s’épuise à nous dire, l’homme qui marche: ne me regardez pas, moi. Regardez le premier venu et ça suffira, et ça devrait suffire. Il va droit à la porte de l’humain. Il attend que cette porte s’ouvre. La porte de l’humain, c’est le visage. Voir face à face, seul à seul, un à un.

Dans les camps de concentration, les nazis interdisaient aux déportés de les regarder dans les yeux sous peine de mort immédiate. Celui dont je n’accueille plus le visage---et pour l’accueillir, il faut que je lave mon propre visage---celui-là, je le vide de son humanité et je m’en vide moi-même. Il est juif par sa mère, juif par son père, éternellement juif par cette façon d’aller partout sans trouver nulle part un abri, merveilleusement juif par son amour enfantin des devinettes---comme l’oiseau qui interroge par son chant et reçoit pour toute réponse une pierre et chante encore, même mort chante, encore, encore, encore, bien après que la pierre qui l’a tué est redevenue friable, poussière, silence, moins que silence, rien, et toujours cette vibration du chant pur dans le rien manifesté du monde.

La mort est économe, la vie est dépensière. Il ne parle que de la vie, avec ses mots à elle: il saisit des morceaux de la terre, les assemble dans sa parole, et c’est le ciel qui apparaît, un ciel avec des arbres qui volent, des agneaux qui dansent et des poissons qui brûlent, un ciel infréquentable, peuplé de prostituées, de fous et de noceurs, d’enfants qui éclatent de rire et de femmes qui ne rentrent plus à la maison, tellement de monde oublié par le monde et fêté là, tout de suite, maintenant, sur la terre autant qu’au ciel.

C’est une pesanteur des sociétés marchandes et toutes les sociétés sont marchandes, toutes ont quelque chose à vendre que de penser les gens comme des choses, que de distinguer les choses suivant leur rareté, et les hommes suivant leur puissance. Lui, il a ce coeur d’enfant de ne rien savoir des distinctions. Le vertueux et le voyou, le mendiant et le prince, il s’adresse à tous de la même voix limpide, comme s’il n’y avait ni vertueux, ni voyou, ni mendiant, ni prince, mais seulement, à chaque fois, deux vivants face à face, et la parole dans le milieu des deux, qui va, qui vient.

Ce qu’il dit est éclairé par des verbes pauvres; prenez, écoutez, venez, partez, recevez, allez. Il ne parle pas pour attirer sur lui une poussière d’amour. Ce qu’il veut, ce n’est pas pour lui qu’il le veut. Ce qu’il veut, c’est que nous nous supportions de vivre ensemble. Il ne dit pas: aimez-moi. Il dit: aimez-vous. Il y a un abîme entre ces deux paroles. Il est d’un côté de l’abîme et nous restons de l’autre. C’et peut-être le seul homme qui ait jamais vraiment parlé, brisé les liens de la parole et de la séduction, de l’amour et de la plainte. C'est un homme qui va de la louange à la désaffection et de la désaffection à la mort, toujours allant, toujours marchant. Il ne fait pas de l’indifférence une vertu.

Un jour il crie, un autre jour il pleure. Il traverse tout le registre de l’humain, la grande gamme émotive, si radicalement homme qu’il touche au dieu par les racines. Il est doux et abrupt. Il brise, il brûle et il réconforte. La bonté est en lui comme une matière chimiquement pure, un diamant. Son esprit est légèrement absent, et ce rien d’absence est sa manière d’être attentif à tout. Pris dans un chaos de désirs et de plaintes, serré par une foule qui se bouscule ses faveurs comme on voit des moineaux s’abattre en nuée sur un seul morceau de pain, il distingue très bien le frôlement d’une seule main sur un pan de son manteau, il se retourne aussitôt et demande qui l’a touché, qui lui a dérobé une part de sa force.

La voleuse---car c’est bien sûr une femme, car les femmes ont su très vite connaître en lui la plus grande intelligence vivante, l’intelligence du don, car les femmes ne se trompent pas sur la lumière qui sort de lui, c’est la même qui s’en va d’elles pour baigner les chairs de leurs enfants---la voleuse par amour est celle qui l’a sans doute le mieux entendu: prenez ce que je vous donne, je vous le donne sans condition et, parce que je vous le donne absolument, il y en a absolument pour tous---ce qu’on partage se multiplie. Il dit qu’il est la vérité. C’est la parole qui est la plus humble qui soit. L’orgueil, ce serait de dire: la vérité, je l’ai. Je la détiens, je l’ai mise dans l’écrin d’une formule. La vérité n’est pas une idée mais une présence.

Rien n’est présent que l’amour. La vérité, il l’est par son souffle, par sa voix, par sa manière amoureuse de contredire les lois de pesanteur, sans y prendre garde. Que des millions d’hommes se soient nourris de son nom, qu’ils aient peint son visage avec de l’or, fait retentir sa parole sous des coupoles de marbre, cela ne prouve rien quant à la vérité de cet homme. On ne peut accorder crédit à sa parole en raison de la puissance historique qui en est sortie: sa parole n’est vraie que d’être désarmée. Sa puissance à lui, c’est d’être sans puissance, nu, faible, pauvre---mis à nu par son amour, affaibli par son amour, appauvri par son amour.

Telle est la figure du plus grand roi d’humanité, du seul souverain qui ait jamais appelé ses sujets un à un, à voix basse de nourrice. Le monde ne pouvait l’entendre. Le monde n’entend que là où il y a un peu de bruit et de puissance. L’amour est un roi sans puissance, dieu est un homme qui marche bien au-delà de la tombée du jour. Quelque chose avant sa venue le pressent.

Quelque chose après sa venue se souvient de lui. La beauté sur la terre est ce quelque chose. La beauté du visible est faite de l’invisible tremblement des atomes déplacés par son corps en marche. Il vient d’une famille où on travaille le bois. Il travaille les coeurs qui sont autrement durs que le bois. Ils sont quelques-uns à entrer dans son travail. Il les forme avec peine aux principes d’une économie nouvelle: on ne fait rien par série, on va de l’unique à l’unique. On ne vend pas, on donne.Il parle souvent de son père. Un adulte qui parle de son père, c’est un homme qui réchauffe une ombre. Lui, c’est différent.

On dirait, comme il en parle, que son père n’est pas dans le passé mais dans l’avenir.Son père a le verbe haut. Sa voix effarouche les bêtes et les hommes. Le père a réputation d’orage, le fils vient l’apaiser, l'apprivoiser. Il dit: mon père, voyez, c’est comme un homme qui avait deux fils, un calme et un fou qui a voulu sa part d’héritage tout de suite et qui l’a dépensée en vins, en femmes, en jeux de toutes sortes. Ensuite il a eu faim, le fou, il n’avait plus un sou en poche et il est revenu honteux à la maison. Il s’est caché dans un coin et il mangeait avec les bêtes. Le père, quand il l’a découvert, l’a serré dans ses bras, l’a tiré en pleine lumière et a décidé d’une grande fête, pour tout le monde. L’autre fils a râlé, ça ne lui plaisait pas, autant de dépenses d’un seul coup et pour qui, pour un ingrat, un fainéant, à quoi ça sert d’être raisonnable, économe et fidèle, à quoi ça sert alors?

Le père buvait, chantait, riait. Il n’a rien entendu de ces reproches. C’était un homme particulier: il n’entendait que la joie---pour le reste, il était sourd. Sa mère, il n’en parle jamais. Elle est partout dans lui. C’est une petite paysanne, presqu’une adolescente. C’est sur son visage qu’il a ouvert les yeux pour la première fois. Cette première fois est pour lui comme pour tout être humain, inscrite au plus profond de la chair, ineffaçable.

Dans les campagnes, on dit d’un enfant qu’il “tient” plutôt de son père ou plutôt de sa mère. Lui, il “tient” de sa mère l’ampleur de son regard, et la douceur maintenue jusque dans ses paroles, ses paroles les plus rudes. Elle le voit mourir. C’est la pire chose qui puise arriver à une mère. Il n’y a pas de mots pour cette douleur. Il n’y a aucun mot dans aucune langue pour ce qui nous arrache vivant à notre vie. Il n’y a que ses mots à lui qui sont plus que des mots. Il ne semble pas suivre le chemin connu de lui. On pourrait même parler d’hésitations. Il cherche simplement quelqu’un qui l’entende. Cette recherche est presque toujours déçue, son chemin est celui des déceptions, d’un village à l’autre, d’une surdité à la suivante.

Ainsi l’eau sous la terre, quand elle cherche une issue, rompant, tournant, revenant, revenant, repartant---jusqu’au coup de génie final: le grand fleuve surgissant à l’air nu, la dernière digue pulvérisée. Bien peu arrivent à suivre son pas. Une poignée d’hommes et quelques femmes. Les femmes ont un vieux lien conjugal avec la fatigue et le refus de la fatigue.Vers la fin, il annonce que “là où il va” personne ne pourra le suivre et que ce n’est par un abandon, puisque “là où il va” il sera avec la même bienveillance continuée pour chacun. Les sociétés nous prennent en quantités, en blocs, en masses, en chiffres. “Là où il va”, nous ne pourrons aller autrement que lui: seul---comme à un rendez-vous.

Les quatre qui décrivent son passage prétendent que, mort, il s’est relevé de la mort. Là est sans doute le point de rupture: cette histoire qui emprunte par bien des côtés à la lumière sereine d’Orient, prend ici une dimension incomparable. Ou l’on se sépare de cet homme sur ce point-là, et on fait de lui un sage comme il y en a eu des milliers, quitte à lui accorder un titre de prince. Ou on le suit, et on est voué au silence, tout ce qu’on pourrait dire étant alors inaudible et dément. Inaudible parce que dément. L’homme qui marche est ce fou qui pense que l’on peut goûter à une vie si abondante qu’elle avale même la mort.

Ceux qui emboîtent son pas et croient que l’on peut demeurer éternellement à vif dans la clarté d’un mot d’amour, sans jamais perdre souffle, ceux-là, dans la mesure où ils entendent ce qu’ils disent, force est de les considérer comme fous. Ce qu’ils prétendent est irrecevable. Leur parole est démente et cependant que valent d’autres paroles, toutes les autres paroles échangées depuis la nuit des siècles?

Qu’est-ce que parler?

Qu’est-ce qu’aimer?

Comment croire et comment ne pas croire?

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