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Catholiques et Orthodoxes en route vers l'unité

3 participants

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Catholiques et Orthodoxes en route vers l'unité Empty Catholiques et Orthodoxes en route vers l'unité

Message par Fabrice Remy Jeu 20 Oct 2011 - 20:55

Très long, mais très très intéressant :

Les Étapes Vers Une Église Réunifée : Esquisse d’une Vision Orthodoxe-Catholique de L’avenir


La Consultation théologique entre orthodoxes et catholiques d’Amérique du Nord
Université Georgetown, Washington, DC


Le 2 octobre 2010

1.  PROLOGUE

Depuis près de quarante-cinq ans, la Consultation théologique entre orthodoxes et catholiques d’Amérique du Nord se réunit régulièrement pour discuter des principaux problèmes pastoraux et doctrinaux qui empêchent nos Églises de partager la même vie de foi, les mêmes sacrements et un unique témoignage aux yeux du monde. Nous avons cherché à paver la voie à la pleine communion eucharistique en nous reconnaissant et en nous acceptant les uns les autres comme faisant partie intégrante de l’Église fondée par Jésus Christ.

2. UN POINT DE DESACCORD CENTRAL

Au fil de nos échanges, il est devenu de plus en plus clair que le facteur de division le plus important entre nos traditions a trait à la diversité croissante, depuis la fin de la période patristique, entre nos façons de comprendre la structure même de l’Église, et entre autres les formes d’autorité qui paraissent essentielles à l’être de l’Église aux niveaux local, régional et mondial.  Au cœur de nos différences : la façon dont chacune de nos traditions comprend l’exercice approprié de la primauté pour le gouvernement de l’Église, aussi bien à l’intérieur des diverses régions du monde chrétien qu’au sein de la chrétienté prise comme tout.  Pour être pleinement le Corps du Christ – pour être à la fois « orthodoxe » et « catholique » -- faut-il que la communauté locale rassemblée pour célébrer l’Eucharistie soit unie aux autres Églises qui partagent la foi apostolique non seulement par l’Écriture, la doctrine et la tradition mais aussi par des structures d’autorité communes à l’échelle mondiale – et notamment par la pratique d’une synodalité universelle en union avec l’évêque de Rome? 

En fait, il ne semble pas exagéré de dire que l’obstacle principal qui empêche les Églises orthodoxe et catholique de progresser régulièrement vers l’unité sacramentelle et pratique a été et continue d’être le rôle que joue l’évêque de Rome dans la communion catholique internationale. Alors que pour les catholiques le fait de rester en communion avec l’évêque de Rome par la foi et les sacrements représente un critère nécessaire pour être Église au sens plein, pour les orthodoxes comme pour les protestants, c’est justement le fait que le pape ait prétendu régir l’enseignement et la vie de l’Église qui s’écarte le plus de l’image de l’Église que nous présentent le Nouveau Testament et les premiers textes chrétiens. Pour citer les paroles prudentes et nuancées du pape Jean-Paul II, « la conviction qu’a l’Église catholique d’avoir conservé, fidèle à la Tradition apostolique et à la foi des Pères, le signe visible et le garant de l’unité dans le ministère de l’évêque de Rome,  représente une difficulté pour la plupart des autres chrétiens, dont la mémoire est marquée par certains souvenirs douloureux » (Ut Unum Sint, 88). 

3. DES HISTOIRES DIVERGENTES

Les racines historiques de nos différentes façons de voir remontent à plusieurs siècles. Les structures d’autorité épiscopales et régionales se sont développées de manières différentes dans les Églises chrétiennes et sont fondées jusqu’à un certain point sur des attentes sociales et politiques qui remontent au début du christianisme. Dans l’antiquité chrétienne, la réalité première de l’Église locale, située dans une ville et rattachée par des préoccupations particulières aux autres Églises de la même province ou région, a servi de modèle principal pour l’unité de l’Église. L’évêque de la métropole ou de la capitale provinciale en vint rapidement à être reconnu comme celui qui devait présider les synodes réguliers des évêques de la province (voir le Canon apostolique 34).  En dépit de différences structurelles entre les régions, le sentiment de partager la foi et les mêmes origines apostoliques, sentiment qui s’exprimait dans la communion eucharistique et la reconnaissance mutuelle entre évêques, unissait ces communautés locales dans la conscience de former une seule Église alors que la communauté de chaque localité estimait incarner pleinement l’Église des apôtres.

Dans l’Église latine, le sentiment de l’importance distincte de l’évêque de Rome à titre de premier porte-parole, mais non pas le seul, de la tradition apostolique, remonte au moins au deuxième siècle et s’est exprimé de diverses façons. Au milieu du quatrième siècle, les évêques de Rome ont commencé à intervenir de manière plus explicite dans les disputes doctrinales et liturgiques en Italie et dans l’Occident latin et, jusqu’au septième siècle, ils ont joué un rôle de plus en plus influent, bien que plus distant au plan géographique, dans les controverses christologiques qui divisaient profondément les Églises orientales. Ce n’est qu’au onzième et au douzième siècles, à l’époque de ce qu’on appelle les réformes grégoriennes, que les évêques de Rome, en réaction aux empiètements répétés des autorités civiles à l’encontre de la liberté et de l’intégrité de l’Église, ont commencé à revendiquer l’indépendance d’une Église catholique centralisée, selon un modèle qui allait s’avérer particulier à la société occidentale. Peu à peu s’est répandue dans le christianisme latin une vision de l’Église du Christ  formant un seul corps universel et socialement indépendant : parallèle à la structure civile de l’Empire, formé d’Églises locales ou « particulières » et maintenu dans la cohésion par l’unité de foi et l’unité sacramentelle avec l’évêque de Rome; cette façon de voir a fini par devenir, en Occident, le schéma normatif de la représentation de l’Église comme tout.

Même au Moyen Âge, cependant, cette conception centralisée de l’Église universelle n’était pas partagée par les Églises orthodoxes. En avril 1136, par exemple, un légat romain, l’évêque allemand Anselme de Havelberg, se rendit à Constantinople et entreprit une série de dialogues iréniques, sur les problèmes qui divisaient les Églises, avec le représentant de l’empereur byzantin, l’archevêque Nicétas de Nicomédie.  Au cours de leurs conversations, Nicétas exprima à plusieurs reprises son amour et son respect pour le siège de Rome, qui avait eu traditionnellement la « première place » parmi les trois sièges patriarcaux (Rome, Alexandrie et Antioche) qu’on regardait depuis des temps très anciens, dit-il, comme « des sœurs ». Nicétas fit valoir que l’objet principal de l’autorité de Rome parmi les autres Églises était son droit de recevoir les appels des autres sièges « dans les affaires disputées » : dans ce cas, « les questions qui ne pouvaient être décidées par des règles assurées devraient être soumises à son jugement » (Dialogues 3.7:  PL 1217 D).  Mais les décisions des synodes occidentaux qui se tenaient alors sous l’autorité du pape ne pouvaient lier les Églises orientales, estimait Nicétas. « Même si nous ne différons pas de l’Église romaine puisque nous professons la même foi catholique, étant donné que n’avons pas participé à des conciles avec elle à notre époque, pourquoi devrions-nous accepter des décisions qui ont été rédigées sans notre accord et sans même que nous en ayons eu connaissance? » (ibid., 1219 B). Pour la conscience orthodoxe, déjà au douzième siècle, l’autorité particulière traditionnellement attachée au siège de Rome devait être interprétée dans le contexte de la pratique synodale régulière qui réunit des représentants de toutes les Églises.

Au milieu du dix-neuvième siècle, l’accent placé en Occident sur l’autonomie politique et sociale de l’Église était devenu une caractéristique centrale d’une ecclésiologie typiquement catholique. Les disputes de la Réforme au sujet de la nature des institutions de l’Église et de l’importance des traditions ecclésiales avaient amené la théologie catholique à souligner l’autonome institutionnelle de l’Église d’une manière qui n’avait d’équivalent ni dans la pensée patristique ni dans l’Orient chrétien.  Les défis posés par les Lumières à la foi religieuse et les menaces des nouvelles formes absolutistes de l’État séculier qui se développaient dans l’Europe du dix-neuvième siècle mettaient en question la compétence et même le droit des institutions catholiques d’enseigner et de servir leurs propres fidèles.  Dans ce contexte, on peut voir dans l’insistance même de la constitution Pastor Æternus du premier concile du Vatican (1870) sur la capacité de l’Église catholique de formuler la vérité au sujet de l’auto-révélation de Dieu d’une manière libre et non apologétique et de trouver les critères pour juger de cette vérité afin de la formuler à l’intérieur de sa propre tradition, la réaffirmation de la conception apostolique d’une Église appelée par le Christ à enseigner et à juger selon ses propres structures (voir, par exemple, Mt 16,18; 18,15-20; Lc 10,16).  Mais la formule dont se sert Vatican I pour décrire l’autorité des officiers de l’Église catholique – en particulier sa définition du « primat de juridiction véritable et authentique » du pape sur chaque Église locale et sur chaque évêque chrétien (DS 3055, 3063), et son insistance sur l’idée que le pape « lorsqu’il agit en tant que pasteur et enseignant de tous les chrétiens... possède l’infaillibilité dont le divin Rédempteur voulait que soit dotée son Église pour définir la doctrine »  ont choqué les critiques de l’Église catholique et sont demeurées depuis lors objet de débat et de réinterprétation au sein du monde catholique. Malgré la tentative du Deuxième Concile du Vatican (Lumen Gentium 23-25 [1964]) pour mettre en contexte et raffiner ce portrait de l’autorité papale et de la structure de l’Église, la conception qu’a l’Église catholique de l’autorité d’enseigner et du pouvoir de décider confiés au pape et le peu de contrepoids institutionnel auquel est soumis ce dernier constituent un facteur important de division entre l’Église catholique et les Églises en dehors de sa communion. 

Dans le monde oriental, les structures d’autorité et de communauté ecclésiales se sont développées selon un modèle un peu différent à compter du quatrième siècle. L’évêque de Constantinople fut reconnu « patriarche » en 381, ne le cédant en préséance qu’à l’évêque de « l’ancienne Rome »; après le concile de Chalcédoine (451), il exerça une autorité supra-métropolitaine dans le nord de l’Empire d’Orient et fut responsable de l’effort missionnaire à l’extérieur des frontières impériales. Son siège, avec les patriarcats de Rome, d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem, fut reconnu dans la législation de l’empereur Justinien, au sixième siècle,  comme formant une « pentarchie » investie d’une autorité primatiale sur toutes les Églises. Mais pendant que l’Église d’Occident continuait de développer son indépendance institutionnelle sous l’autorité de l’évêque de Rome, à la fin de l’Antiquité et au début du Moyen Âge, les Églises d’Orient demeuraient  pleinement intégrées au tissu religieux et politique de l’Empire romain tardif, alors même que le territoire de celui-ci se rétrécissait sous la pression des Arabes et des Turcs.  Les grandes définitions doctrinales de l’Église demeurèrent lois d’Empire; la préservation de l’unité chrétienne était une priorité impériale importante. Et lorsque l’Empire romain d’Orient s’effondra finalement devant les envahisseurs turcs en 1453, les Églises des patriarcats d’Orient se sont partagé la tâche sociale et politique d’unifier et de protéger les minorités chrétiennes dans les pays dominés par divers chefs musulmans. Dans les territoires slaves au nord et à l’est, de nouveaux sièges métropolitains et de nouveaux patriarcats continuèrent de se développer après la chute de Constantinople et assumèrent la mission d’unifier les populations récemment converties au christianisme et qui présentaient globalement des caractéristiques géographiques, linguistiques et ethniques communes. Le primat avait un caractère moins supranational que celui qu’il avait acquis dans l’Église latine; ce que nous appelons aujourd’hui l’autocéphalie – l’indépendance ecclésiastique accompagnant l’émergence de l’État-nation – était devenu le modèle qui sous-tendait l’organisation ecclésiastique.

Dans toutes les sociétés humaines, la coutume et l’habitude tendent à devenir loi. Les structures qui étaient apparues graduellement, sous la pression de l’évolution culturelle et politique, finirent par être perçues, dans l’Orient chrétien comme dans le christianisme occidental, comme normatives pour la vie de l’Église. Mais à notre époque justement, où le pouvoir centralisé est de plus en plus ressenti comme oppresseur et où les identités et les traditions nationales le cèdent toujours plus à la complexité des migrations, des communications de masse et des forces supranationales, on continue de se questionner sur la valeur durable de ces structures. Dans nos discussions, et en fait dans les discussions entre nos deux Églises, ces questions fondamentales sur la valeur normative de nos structures actuelles sont incontournables. 

4.  CE QUE NOUS AVONS EN COMMUN

Malgré un désaccord sur la place de l’évêque de Rome dans la cohésion mondiale du christianisme, il nous semble toutefois évident que ce que nous avons en commun, comme chrétiens orthodoxes et catholiques, dépasse de loin nos différences. Nos deux Églises soulignent que la continuité de l’enseignement apostolique est le noyau de notre foi, foi reçue dans le contexte d’interprétation de la communauté chrétienne historique. Toutes deux croient que notre vie ecclésiale est centrée sur la Divine Liturgie, qu’elle est formée et nourrie en chaque croyant(e) par la Parole de Dieu et par les sacrements de l’Église : le baptême, l’onction avec le saint chrême et la réception de l’Eucharistie marquent, dans chacune de nos Églises, l’entrée des croyant(e)s dans le Corps du Christ alors que l’ordination par l’évêque en met certains à part pour exercer de façon permanente le ministère sacramentel et l’autorité, et que le mariage d’un chrétien et d’une chrétienne au sein de la communauté liturgique en fait des signes vivants de l’union du Christ et de l’Église. Nos deux Églises reconnaissent que « l’Église de Dieu existe là où il y a une communauté réunie par l’Eucharistie, présidée directement, ou à travers ses presbytres, par un évêque légitimement ordonné dans la succession apostolique, enseignant la foi reçue des apôtres, en communion avec les autres évêques et leurs Églises. » (Commission mixte internationale, Document de Ravenne [2007], 18).  Nos deux Églises reconnaissent aussi les différentes formes de primauté, comme l’affirme le Document de Ravenne : « la primauté, à tous les niveaux, est une pratique fermement fondée dans la tradition canonique de l’Église » même s’« il existe des différences de compréhension concernant la manière dont cette primauté doit être exercée et également concernant ses fondements scripturaires et théologiques » (ibid., 43). Nos deux Églises vénèrent Marie, la Mère de Dieu, première entre ceux qu’a transformés la grâce de la Rédemption du Christ, et toutes deux honorent une troupe nombreuse de saints et de saintes de toutes les époques, dont plusieurs sont communs à nos deux traditions. Nos deux Églises sont attachées à d’anciennes pratiques qui aident les fidèles à grandir dans la sainteté, elles accordent du prix à l’ascèse personnelle et au jeûne, honorent les images saintes, promeuvent la vie monastique et donnent une grande valeur à la prière contemplative.  De toutes ces façons, la vie de nos Églises puise aux mêmes sources spirituelles.  Il existe déjà entre nous un degré de communion important.

5. UNE QUESTION URGENTE 

Étant donné les dons divins que nous partageons, il nous semble donc d’autant plus urgent de voir nos Églises se rapprocher d’une manière visible pour les hommes et les femmes de notre temps. La division de nos deux familles chrétiennes depuis près de mille ans sur des questions importantes de théologie et de discipline ecclésiastique et le fait, par conséquent, qu’elles ne partagent plus la communion sacramentelle qui nous unissait pendant le premier millénaire ne contreviennent pas seulement à la volonté de Dieu, telle qu’elle s’exprime dans la prière de Jésus à la Dernière Cène quand il demande que ses disciples « soient un » (Jean 17,21), mais constituent aussi un grave obstacle à l’engagement chrétien concret dans le monde et à la réalisation effective de notre mission de prêcher l’Évangile. Les mariages qui unissent des membres de nos deux traditions sont de plus en plus répandus, surtout dans les pays multiethniques, ce qui cause aux familles concernées de sérieux problèmes pour l’éducation et la pratique chrétienne.  Autant de facteurs qui appellent de façon urgente nos Églises à surmonter leur division. À l’heure où un monde fortement laïc ne cesse de recourir à de nouveaux moyens de communication et de promouvoir la compréhension au sein de sa diversité culturelle et politique, il est urgent que les chrétiens orthodoxes et catholiques trouvent le moyen d’actualiser ensemble leur tradition de foi commune et d’offrir au monde un témoignage commun de la Seigneurie de Jésus. Pour être ce que nous sommes appelés à être, nous avons besoin les uns des autres. Comme l’a dit le Deuxième Concile du Vatican, «  les divisions entre chrétiens empêchent l’Église de réaliser la plénitude de catholicité qui lui est propre » (Unitatis Redintegratio, 4). Pour devenir ce que nous sommes, effectivement et de manière permanente, nous ne pouvons renoncer à rétablir entre nous la pleine communion eucharistique. Il est évident qu’il faudra pour cela établir de part et d’autre de nouvelles structures d’autorité, mieux harmonisées : nouvelles conceptions de la synodalité et de la primauté dans l’Église universelle, nouvelles approches de l’exercice de la primauté et de l’autorité dans nos deux communions.

6. LA FORME DE LA COMMUNION 

Il est difficile de prédire à quoi ressemblerait une structure mondiale de communion ecclésiale, sacramentelle et spirituelle entre nos deux Églises. Elle devrait cependant présenter, entre autres, les caractéristiques suivantes:

a) La reconnaissance mutuelle: les grandes unités du christianisme orthodoxe et catholique, notamment les patriarcats et les autres Églises autocéphales, se reconnaîtraient mutuellement comme incarnant de manière authentique la seule et unique Église du Christ, fondée sur les apôtres. Ce qui inclurait la reconnaissance de notre accord fondamental sur les dogmes chrétiens centraux, révélés dans l’Écriture et articulés par des conciles œcuméniques reconnus de part et d’autre, en dépit de variantes dans nos traditions théologiques et liturgiques.

b) Une confession de foi commune: nos deux Églises confesseraient la même foi chrétienne fondamentale, telle qu’elle s’exprime dans le canon chrétien de l’Écriture et dans les credos traditionnels des Églises. La « foi de Nicée », dans laquelle les anciens conciles reconnaissaient la base de la foi et de la pratique chrétiennes, est reçue plus pleinement dans sa forme originelle, adoptée par le concile de Constantinople de 381et interprétée dans les canons et prescriptions des autres conciles œcuméniques reçus par les chrétiens orthodoxes et catholiques.  Comme nous le suggérions dans notre déclaration de 2003,  «Le Filioque: une question qui divise l’Église?», la forme grecque originale du credo de 381, à cause de son autorité et de son ancienneté, devrait devenir la forme commune de la profession de foi dans nos deux Églises. 

c) La diversité acceptée: différentes parties du corps unique du Christ pourraient puiser à leurs histoires et à leurs traditions culturelles et spirituelles respectives et vivre entre elles dans la pleine communion ecclésiale sans qu’aucune partie soit contrainte de renoncer à ses traditions et à ses pratiques (voir Unitatis Redintegratio, 16).

d) Le partage liturgique: les membres de toutes les Églises en communion pourraient recevoir les sacrements dans les autres Églises; les prêtres et les évêques exprimeraient leur unité par la concélébration et, dans la liturgie, on ferait mémoire dans les diptyques des responsables des autres Églises. En outre, on encouragerait d’autres formes de prière liturgique commune pour qu’elles deviennent une pratique régulière à laquelle participeraient nos deux Églises.

e) La synodalité/conciliarité: les évêques des Églises réunifiées se rencontreraient régulièrement dans des synodes régionaux qui régiraient la vie commune et les relations des Églises dans une région particulière et seraient une occasion de correction et de soutien mutuel. Les évêques de toutes les Églises seraient invités à participer pleinement aux conciles œcuméniques qui pourraient être convoqués. La synodalité fonctionnerait aux différents niveaux des institutions ecclésiastiques : local, régional et mondial.  À part les structures épiscopales de la synodalité, les laïcs participeraient activement à cette dimension de la vie de l’Église. 

f) La mission: toutes les Églises partageraient une préoccupation commune pour ce qui affecte directement leur unité ainsi que pour leur mission auprès des non-chrétiens. En tant qu’Églises sœurs, elles participeraient à des efforts conjoints pour promouvoir la mise en œuvre d’une perspective morale chrétienne dans le monde.

g) La subsidiarité: conformément au principe ancien reconnu comme normatif pour les structures humaines bien organisées, les instances « supérieures » de l’autorité épiscopale n’interviendraient normalement que lorsque les instances « inférieures » seraient incapables de prendre ou d’appliquer les décisions nécessaires à la continuité de l’union dans la foi.  Ce qui voudrait dire notamment que, au moins dans les Églises orthodoxes et catholiques orientales, les évêques seraient élus par les synodes locaux ou selon d’autres méthodes traditionnelles. Ceux qui seraient élus aux principaux offices épiscopaux ou primatiaux se présenteraient aux autres responsables de l’Église à leur niveau, à leur propre patriarche et à l’évêque de Rome, premier parmi les patriarches, en échangeant des lettres de communion selon l’ancienne coutume chrétienne. L’évêque de Rome informerait aussi les patriarches orientaux de son élection. 

h) Renouveau et réforme.  Une croissance ordonnée est essentielle à la santé et au bien-être de l’Église, ce qui signifie à la fois continuité et changement. Pour l’Église, le renouveau est un aspect essentiel de cette croissance : la redécouverte continuelle de son identité fondamentale en tant que Corps du Christ, fondée sur son expérience du mystère pascal, dans une disponibilité constante à adopter de nouvelles formes de vie commune et de témoignage pour s’adapter à de nouveaux contextes historiques. Comme l’affirme un aphorisme médiéval, « l’Église a un besoin constant de réforme » (ecclesia semper reformanda).  En concrétisant leur catholicité grâce à la pleine communion, les Églises catholique et orthodoxe réaliseraient cette vie de réforme de manière nouvelle et inespérée, et s’engageraient à vivre un renouveau et une croissance continus – mais ensemble désormais. La vie dans la communion mutuelle serait vécue dans l’attente d’une nouvelle Pentecôte où des gens de plusieurs nations et de diverses cultures soient transformés par la Parole vivante de Dieu.

7. Le rôle de la papauté.  Dans une telle communion d’Églises, le rôle de l’évêque de Rome devrait être défini avec soin, à la fois en continuité avec les anciens principes structurels du christianisme et en réponse au besoin d’un message chrétien unifié dans le monde d’aujourd’hui. Même si les détails de ce rôle devraient être précisés de manière synodale et exigeraient de part et d’autre le désir sincère de tenir compte des préoccupations de l’autre, cette primauté romaine renouvelée présenterait probablement les caractéristiques suivantes:

a) L’évêque de Rome serait, en vertu de l’ancienne coutume, le « premier » parmi les évêques du monde et les patriarches régionaux. Sa « primauté d’honneur » signifierait, comme dans l’Église primitive, non seulement une préséance honorifique mais l’autorité de prendre de vraies décisions en fonction des contextes dans lesquels il intervient. Ses relations avec les Églises orientales et leurs évêques devraient cependant être foncièrement différentes des relations qui sont actuellement de mise dans l’Église latine. Les Églises catholiques orientales actuelles auraient les mêmes  rapports avec l’évêque de Rome que les Églises orthodoxes actuelles. Le leadership du pape s’exercerait toujours en vertu d’un engagement sérieux et concret envers la synodalité et la collégialité. 

b) Conformément à l’enseignement des deux conciles du Vatican, tout le monde reconnaîtra que l’évêque de Rome n’a d’autorité que dans un contexte synodal/collégial: en tant que membre et tête à la fois du collège des évêques, en tant que patriarche doyen parmi les primats des Églises et en tant que serviteur de la communion universelle.  La juridiction « ordinaire et immédiate » de chaque évêque à l’intérieur de son Église particulière serait « affermie, renforcée et défendue » par le ministère de l’évêque de Rome (Vatican II, Lumen Gentium, 27; voir Vatican I, Pastor Aeternus, 3).  Dans une Église réunifiée, cette conception de l’autorité papale et de l’autorité épiscopale, qui se complètent et se renforcent l’une l’autre, devrait s’élargir pour inclure les modèles beaucoup plus complexes des pouvoirs locaux, primatiaux et patriarcaux qui se sont développés dans les Églises orientales depuis l’époque patristique.

c) Le ministère fondamental de l’évêque de Rome à l’échelle mondiale serait de promouvoir la communion de toutes les Églises locales: de les appeler à demeurer ancrées dans l’unité de la foi apostolique et à observer les canons traditionnels de l’Église. Il le ferait à titre de témoin de la foi de Pierre et Paul, rôle qu’il a hérité de ses premiers prédécesseurs qui ont présidé à l’Église dans la ville où Pierre et Paul ont donné leur dernier témoignage.

d) Son rôle universel s’exprimerait aussi dans la convocation et la présidence de synodes réguliers de patriarches de toutes les Églises, et de conciles œcuméniques, le cas échéant. Dans l’Église occidentale, cette fonction de présidence l’amènerait régulièrement à convoquer et à diriger des synodes d’évêques.  En accord avec le ministère œcuménique universel du pape, les relations de la curie romaine aux évêques locaux et aux conférences épiscopales dans l’Église latine deviendraient moins centralisées: ainsi, par exemple, les évêques  auraient-ils plus de contrôle sur l’ordre du jour et sur les documents finals des synodes, et le choix des évêques se ferait de nouveau normalement au niveau local.

e) Si devait surgir entre des évêques et leurs primats un conflit qui ne pourrait être résolu au niveau local ou régional, on attendrait de l’évêque de Rome qu’il organise un processus d’appel juridique, que pourraient mettre en œuvre des évêques locaux conformément au canon 3 du Synode de Sardica (343).  En cas de dispute entre primats, on attendrait de l’évêque de Rome qu’il intervienne comme médiateur et qu’il guide les parties vers une solution fraternelle. Et pour les crises doctrinales qui pourraient éventuellement affecter l’ensemble de la famille chrétienne, les évêques du monde entier auraient le droit de faire appel à lui pour recevoir des orientations doctrinales, comme l’a fait Théodoret de Cyr, en 449, en consultant Léon Ier pendant la controverse sur la personne du Christ qui précéda le concile de Chalcédoine (Ep. 113).

8.  DES ETAPES PREPARATOIRES 

Pour préparer la restauration éventuelle de la pleine communion au sein d’une Église réunifiée, formée par les traditions orthodoxe et catholique, un certain nombre d’étapes pourraient s’avérer utiles.

a) Des délégations d’évêques orthodoxes et catholiques, dans un pays ou dans une région, pourraient commencer à se rencontrer régulièrement pour se consulter sur des questions pastorales. Des patriarches et des représentants des Églises orthodoxes autocéphales et autonomes pourraient aussi rencontrer sur une base régulière le pape, des évêques catholiques éminents et des officiers de la curie à des fins de consultation et de planification.

b) Le pape et les primats orthodoxes pourraient inviter tous les fidèles sous leur autorité à reconnaître leurs Églises respectives comme des « Églises sœurs » qui réalisent pleinement la foi apostolique dans la doctrine, les sacrements et la vie ecclésiale, en dépit des formes historiquement différentes selon lesquelles est célébrée notre liturgie, enseignée notre doctrine et structurée notre vie communautaire.

c) On pourrait organiser des célébrations liturgiques et des activités communes de prière et d’apostolat social auxquelles participeraient des laïcs des deux communions en vue d’amener les chrétiens orthodoxes et catholiques à prendre davantage conscience sur le plan pratique de leur foi commune et de leur dépendance de Dieu.

d) Enfin, de nouvelles structures d’autorité, précisant concrètement les relations entre primats locaux et régionaux, devraient être instituées, après une consultation faite en commun, peut-être par un concile œcuménique.

9.  QUESTIONS ET PROBLÈMES EN SUSPENS 

Face à ces perspectives de croissance à long terme vers l’unité ecclésiale, nous avons bien conscience que plusieurs graves questions théologiques, liturgiques et structurelles ne sont toujours pas résolues et devront être examinées plus avant. Par exemple:

a) Dans quelle mesure la fonction distinctive du pape s’enracine-t-elle dans le Nouveau Testament? Jusqu’à quel point doit-on considérer que le rôle de Pierre dans le Nouveau Testament établit un modèle d’autorité dont auraient « hérité » les évêques de Rome, du fait que leur Église se trouve sur le site vénérable du martyre de Pierre?  Si certains Pères de l’Église présentent le Pierre de l’Écriture comme un modèle pour tous les évêques, ou même pour toute la communauté croyante, d’autres – et notamment des évêques de Rome des quatrième et cinquième siècles – ont souligné le lien unique et même mystique entre Pierre et les papes qui ont dirigé par la suite l’Église locale de Pierre. Dans quelle mesure ces interprétations de l’Écriture reflètent-elles simplement des ecclésiologies différentes?  

b) Quelles limites faudrait-il reconnaître, au niveau canonique et sur le plan théologique, à la prise d’initiatives par l’évêque de Rome dans une Église réunifiée à l’échelle universelle? Quelles limites faudrait-il reconnaître à l’autorité et à la juridiction des autres patriarches? Qui a autorité pour définir ces limites? Jusqu’à quel point la formule du Canon apostolique 34, qui remonte à la fin du quatrième siècle, peut-elle servir de modèle tant pour l’Église universelle que pour les Églises locales: « Les évêques de chaque groupe national devraient reconnaître celui qui a la première place parmi eux, voir en lui la tête et ne rien faire d’extraordinaire sans son accord;… mais lui non plus ne devrait rien faire sans l’accord de tous »?

c) Quelle reddition de comptes peut-on exiger canoniquement de l’évêque de Rome quant à son rôle de primat? Quelle pertinence l’ancien principe occidental utilisé plus tard par les défenseurs de l’autorité papale et voulant que « le premier siège ne doit être jugé par aucun autre » peut-il encore avoir dans le monde d’aujourd’hui où l’autorité est encadrée constitutionnellement? Qu’est-ce que la dimension synodale ou collégiale de l’autorité papale entraîne pour l’exercice concret par le pape de la juridiction qui lui est propre?

d) Parce qu’il a la responsabilité de convoquer les synodes et les conciles de l’Église universelle, l’évêque de Rome peut-il contraindre les représentants d’Églises particulières à y assister et à y participer? Peut-il s’opposer aux initiatives prises par ces conciles? Peut-il imposer des règles de procédure?

e) Quelles limites faudrait-il imposer à la pratique orthodoxe commune qui consiste à reconnaître l’autocéphalie ou l’autonomie des églises particulières pour des raisons ethniques, linguistiques et géographiques? Par quelles autorités primatiales et synodales pareille indépendance devrait-elle être reconnue? La diversité des antécédents nationaux devrait-elle continuer de définir les structures de la vie ecclésiale dans un monde de plus en plus façonné par la migration des peuples?  Quel devrait être l’effet du pluralisme ethnique et culturel contemporain sur l’unité et la diversité de l’organisation de l’Église locale dans les pays qui représentent la « diaspora » de l’Orthodoxie? Quels sont les aspects de l’ancien principe « un évêque, un lieu » qu’on peut continuer d’invoquer dans la société contemporaine? 

f) Au delà de ces questions techniques, à quel niveau d’entente officielle sur la doctrine et la structure de l’Église faudra-t-il arriver avant que les Églises orthodoxe et catholique autorisent les communautés locales à commencer de vivre entre elles un peu de communion sacramentelle?  Si la diversité d’opinions théologiques ne sont généralement pas considérées, au sein de nos propres Églises, comme un obstacle au partage eucharistique, devons-nous laisser les différences entre chrétiens orthodoxes et catholiques prévaloir sur l’entente substantielle que vivent déjà nos Églises sur la plupart des grandes questions relatives à la foi, et nous empêcher de nous accueillir les uns les autres à la table eucharistique, au moins à certaines occasions?  Nos deux Églises pourraient-elles accepter d’autoriser les prêtres d’une Église à prendre soin des mourants de l’autre, si aucun prêtre de cette autre Église n’est disponible?  La pratique extraordinaire de l’intercommunion a été vécue, à certains moments critiques de l’histoire récente, dans quelques régions du monde, et subsiste encore aujourd’hui à l’occasion. Peut-on y voir un précédent pour un partage eucharistique plus large? Ce partage occasionnel de la communion pourrait-il représenter une étape concrète vers une unité plus profonde et plus durable?

10.  UN SEUL CORPS

Dans son commentaire du chapitre 17 de l’Évangile de saint Jean, saint Cyrille d’Alexandrie fait valoir que l’unité de l’Église, inspirée de l’unité du Père et du Fils et réalisée par le don de l’Esprit, se forme en nous avant tout par l’Eucharistie que partagent les disciples de Jésus.  

En bénissant liturgiquement (eulog?n) en un même corps – le sien – ceux qui croient en Lui et qui participent au sacrement, [le Christ] en a fait complètement un seul corps avec lui-même et les uns avec les autres. Car enfin, qui pourrait diviser ou arracher à l’unité naturelle qu’ils ont entre eux ceux qui ont part à la cohésion de l’unique corps sanctifié dans l’unité au Christ? En effet, si « nous avons tous part à un seul pain » (1 Co 10,17), nous sommes tous pétris en un seul corps. Il est impossible de diviser le Christ. C’est pourquoi l’Église s’appelle le Corps du Christ et pourquoi aussi chacun de nous en est membre personnellement, comme l’enseigne Paul. Et puisque nous sommes tous unis au Christ par son corps sacré – que nous recevons un et indivis dans notre propre corps – c’est plus à lui qu’à nous-mêmes qu’appartiennent nos membres …

Comment se fait-il alors [continue Cyrille] que nous ne soyons pas manifestement un, les uns avec les autres et dans le Christ? Le Christ lui-même est le lien de l’unité, Lui qui existe en même temps comme Dieu et comme homme… et nous tous qui avons reçu un seul et même Esprit – je parle de l’Esprit Saint – nous sommes fondus, mélangés d’une certaine façon les uns avec les autres et avec Dieu… Car de même que le pouvoir de sa chair sacrée fait un seul corps de ceux chez qui elle vient, ainsi, j’en suis convaincu, l’Esprit de Dieu qui réside en nous tous un et indivis nous conduit tous vers une unité spirituelle. (Commentaire sur l’Évangile de Jean, 11,11)

La conscience nous retient de célébrer notre unité complète en termes sacramentels tant que notre unité n’est pas complète au niveau de la foi, de la structure de l’Église et de l’action commune; mais la conscience nous appelle aussi à dépasser la complaisance dans nos divisions, en réponse à la puissance de l’Esprit et parce que nous aspirons à la plénitude de la présence vivifiante du Christ au milieu de nous.  L’interpellation et l’invitation adressées aux chrétiens orthodoxes et catholiques qui se savent membres du Corps du Christ précisément parce qu’ils partagent les dons eucharistiques et qu’ils participent à l’élan transformateur de la vie de l’Esprit Saint consistent maintenant à voir le Christ authentiquement présent dans l’autre et à reconnaître dans les structures d’autorité qui ont façonné nos communautés au fil des siècles une force qui nous fasse dépasser la désunion, la méfiance et la rivalité pour nous guider vers l’unité de son Corps, cette obéissance à son Esprit qui nous manifestera comme ses disciples à la face du monde. 

Source : http://www.scoba.us/resources/orthodox-catholic/fr-towards-a-unified-church.html
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Message par Nicolas77 Ven 21 Oct 2011 - 19:00

j'espère que cela se produira, puissions nous réunir en une grande famille.
merci aussi a vassula, serviteur du Seigneur pour toutes ses actions en faveur de la réunification de nos deux famille.
puisse par nos prière Dieu lui donné la force de traverser tous ses tourments
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Message par Garabandal Ven 21 Oct 2011 - 21:29

Ce pourrait être l'évènement heureux qui se produira au moment du Grand Miracle... Espérons...
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Message par Fabrice Remy Lun 7 Nov 2011 - 10:11


«Être dans le monde sans être de ce monde».
La conférence du métropolite Hilarion à l’Université de Lugano (Suisse).


30.10.2011 · Discours, Le Président du Département


Avant tout, j’aimerais remercier chaleureusement l’évêque de Lugano Pier Giacomo Grampa, grand chancelier de la faculté de théologie de Lugano, le recteur, Mgr Azzolino Chiappini, ainsi que le corps professoral de la faculté qui me font l’honneur de me conférer le grade de docteur en théologie. J’estime que cet honneur ne me revient pas tant à moi personnellement ni à mes modestes travaux qu’à l’autorité spirituelle de l’Église orthodoxe russe, dont je suis le fils fidèle.

1. La mission chrétienne
L’Église du Christ est envoyée dans le monde annoncer le Royaume de Dieu. Ce ministère d’annonce de la bonne nouvelle est un attribut imprescriptible de l’Église, dans la mesure où il repose sur le commandement du Christ ressuscité à ses disciples : « Allez, enseignez à tous les peuples… » (Mt 28, 19). L’Église pourrait dire avec l’apôtre Paul : « Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là mon motif d’orgueil, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (I Cor 9, 16). Cependant, si l’on ne saurait mettre en doute le devoir d’annoncer la Bonne nouvelle, confié à l’Église par le Christ lui-même, la question de l’application concrète de ce commandement se pose à chaque nouvelle génération de chrétiens. Quelle est la place du christianisme dans le monde ? Comment l’Église envisage-t-elle le monde ? Comment peut-elle agir avec ce monde pour y mettre en œuvre sa mission ?

Il importe de souligner que le rapport de l’Église au monde repose sur une dialectique. D’un côté, les Saintes Écritures expriment clairement le rejet du monde : « N’ayez pas l’amour du monde, ni de ce qui est dans le monde (…) car tout ce qu’il y a dans le monde, les désirs égoïstes de la nature humaine, les désirs du regard, l’orgueil de la richesse, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde » (I Jn 2, 15-16). La notion même de « monde » a une connotation négative chez les apôtres Jean le Théologien et Paul, ainsi que dans les œuvres de nombreux ascètes chrétiens.

D’un autre côté, « la fuite du monde », radicale et définitive, non seulement empêcherait l’Église de remplir pleinement son devoir missionnaire, mais risquerait même de provoquer un schisme à l’intérieur de l’Église. Dans l’épître déjà citée, l’apôtre Jean témoigne de l’amour sacrificiel de Dieu pour le monde qu’il a créé et réaffirme le commandement de l’amour du prochain, c’est-à-dire de l’autre (I Jn 4, 9, 20). Isaac le Syrien appelle dans ses œuvres à la compassion envers la création toute entière, y compris les démons.

L’approche véritablement chrétienne serait donc celle que proposait le grand penseur russe Vladimir Soloviev dans son commentaire du verset de Jean le Théologien « le monde entier est dominé par le Mauvais » (I Jn 5, 19) : il faut différencier le « monde » du « mauvais » dans lequel il demeure. Certes, le monde est soumis aux puissances du mal, mais n’est pas mauvais en soi (cf Fondements de la vie spirituelle). La mission du christianisme consiste justement à délivrer le monde de l’esclavage du mal.

Le chrétien doit défendre une position modérée, à la fois sensée et réaliste. L’Église ne peut s’identifier au monde, car, dit l’épître aux Hébreux, nous chrétiens, « la cité que nous avons ici-bas n’est pas définitive, nous attendons la cité future » (Heb 13, 14). Dans le même temps, l’Église ne peut se distancier du monde, car elle est envoyée dans le monde pour lui annoncer la Parole du salut. Être dans le monde sans être du monde, telle est la vocation de l’Église. Tout en restant fidèle à ses sources divines et à sa tradition bimillénaire, l’Église est en même temps appelée à être contemporaine (« avec son temps, de son temps »), bien plus, à aller de l’avant et à tirer les hommes après elle. Cette vocation est prophétique et en y obéissant, l’Église doit tenir compte du monde contemporain lorsqu’elle annonce la Parole du Christ « qui ne passera pas » (Mt 24, 35) et pour cela lui parler une langue qu’il puisse comprendre. Nous, chrétiens, ne pouvons pas idéaliser le passé, le temps où l’Église disposait d’une réelle autorité dans la socitété européenne, et condamner notre époque qui a subi d’importants changements culturels et socio-politiques. Notre foi nous invite à agir dans les conditions actuelles, nous inspirant avant tout du don de discernement, qui permet d’évaluer correctement différents phénomènes.

2. L’époque du postmodernisme
L’une des caractéristiques du monde contemporain est la globalisation, provoquée principalement par le développement intensif des moyens de communications. Grâce à eux, les régions les plus éloignées du monde se sont rapprochées, les gens ont instantanément accès à un immense volume d’information. Au premier abord, il semble que l’humanité se transforme en une grande famille, habitant le même « village global ». Dans le même temps, le processus de globalisation entraîne paradoxalement une exacerbation évidente des problèmes entre les différentes régions du monde, provoquant conflits internationaux et choc des civilisations. Le fossé séparant le Nord développé et le Sud en voie de développement devient de plus en plus apparent, bien que cette opposition paraisse parfois trop schématique. Elle n’est pas seulement socio-économique, mais porte également sur la notion de civilisation. Si le Nord, par exemple, soit l’Europe et l’Amérique du Nord sont à l’âge du postmodernisme dans le domaine culturel, les pays d’Afrique et d’Asie, au contraire, vivent suivant d’autres modèles culturels.

L’époque du postmodernisme, qui débute, suivant la chronologie convenue, avec la catastrophe humanitaire des deux guerres mondiales, a vu la réalisation de la prophétie de F. Nietzsche sur « la mort de Dieu ». Depuis le processus de sécularisation, qui s’est poursuivi durant toute l’époque contemporaine, Dieu a cessé d’être le principe fondateur de l’existence dans la conscience collective des européens d’aujourd’hui. Le philosophe et théologien américain contemporain T. Altizer définit ainsi notre époque d’un point de vue religieux : « Les périodes de notre histoire où la conscience de la Divinité confinait à l’évidence, où la certitude morale d’une providence divine raisonnable sont définitivement révolues. Le nom de Dieu n’est déjà plus au centre de la vie et de la connaissance, il est prononcé à la périphérie, dans ces situations extrêmes où science et expérience sont impuissantes. Dieu devient de plus en plus pour nous le nom d’un mystère total et absolu, d’un mystère en présence duquel nous ne pouvons ni agir, ni parler ».

En même temps que la « mort de Dieu », nous observons dans la conscience des masses la fin de l’anthropocentrisme. Si la place de Dieu au centre du monde, dans les idéologies des temps modernes a été occupée par l’homme, avec sa foi optimiste dans la science et le progrès, l’expérience tragique du XXe siècle, avec ses innombrables victimes humaines, a causé la fin de cette croyance optimiste. Comme l’écrivait Dietrich Bonhoeffer, « l’absolutisation de l’idéal de liberté mène l’homme à l’autodestruction. Le nihilisme est au bout du chemin sur lequel nous marchons depuis la révolution française. » En même temps que les idéologies totalitaires, dont le communisme a été la dernière, l’homme moderne rejette toute tentative d’expliquer le monde, il nie la possibilité même de la vérité. Ainsi, l’homme postmoderne est-il un homme déçu. Il a renoncé à toute grande idée au nom de laquelle il aurait pu donner sa vie. Et sa vie a perdu tout sens. L’univers de l’homme contemporain, gravite autour de la liberté individuelle et des intérêts personnels, son but principal étant de consommer. Le principe du plaisir, dont s’inspire l’homme postmoderne est venu remplacer les impératifs religieux et moraux.

Le nihilisme contemporain comme négation d’un Dieu qui limiterait la liberté humaine, et comme négation de l’homme qui a renié Dieu au nom du progrès, ne propose aucune alternative, il se présente comme un vide. Ce vide peut et doit être trouver un contenu positif, correspondant à la nouvelle époque. Notre temps, suivant un sociologue contemporain, « rend possible le retour à grande échelle des valeurs religieuses. Le vide sans Dieu peut se transformer en vide pour Dieu ».

3. L’alternative chrétienne
Comme l’a démontré l’expérience de la Russie et d’autres pays d’Europe orientale longtemps soumis à une idéologie totalitaire, le christianisme peut proposer à l’homme moderne, sans illusion sur quelque système idéologique que ce soit, une réelle alternative. Il peut l’aider à trouver un sens nouveau et véritable à sa vie. Certains, déçus par les idéaux soviétiques, se sont simplement mis à suivre les normes de la société de consommation ; beaucoup d’autres sont venus à l’Église et ont trouvé dans l’Évangile cet idéal véritable qu’avaient remplacé des idéaux mensongers. L’expérience concrète de l’Église orthodoxe russe témoigne de ce que le christianisme peut répondre aux questions existentielles de l’homme, sans rejeter les acquis des temps modernes comme la liberté de la personne humaine et les droits de l’homme, mais en les ramenant à leurs racines chrétiennes et en leur communiquant par là-même une plus grande valeur.

Au contraire, il serait profondément erroné d’adapter les vérités chrétiennes aux représentations instables de l’époque moderne sous le prétexte fallacieux que cette adaptation servirait la mission chrétienne. Force est de constater avec regret que certaines confessions chrétiennes se sont engagées sur cette voie. En appliquant à leurs communautés des phénomènes typiques du postmodernisme et par nature totalement séculiers, ils deviennent par là partie intégrante de la culture pluraliste postmoderne, incapables de proposer à l’homme contemporain une vraie alternative spirituelle.

J’aimerais énumérer dans leurs grands traits les vérités fondamentales du christianisme dont, suivant ma profonde conviction, a besoin l’homme de la culture postmoderne. La doctrine chrétienne n’est pas une de ces idéologies abstraites qui indisposent tant nos contemporains. Le christianisme est extrêmement concret, parce qu’au centre de son enseignement se dresse la Personne Vivante, le Dieu-Homme Jésus Christ. En lui, Divinité et humanité demeurent en harmonie, sans aucune restriction à la nature humaine. Les Pères de l’Église envisageaient le mystère de l’Incarnation divine dans toute sa paradoxale profondeur et sa radicalité. « Tout le mystère du salut, écrit saint Cyrille d’Alexandrie consiste dans la kénose et l’anéantissement du Fils de Dieu ». Dans la kénose divine, la liberté humaine et la dignité humaine, si chères au cœur de l’homme moderne, acquierent un sens éminent. En Christ, la volonté divine cesse d’être une loi extérieure à l’homme qui devient le libre collaborateur de Dieu dans la transfiguration du monde. Ainsi, avec la christologie, la doctrine de l’homme, de sa dignité et de ses droits reçoit enfin son plein développement et la tâche de la mission chrétienne contemporaine dans les pays d’Europe et d’Amérique consiste justement à transmettre aux hommes cette doctrine.

Le christianisme ne se contente pas de poser en théorie le postulat du principe de liberté humaine en Christ : il le vit pleinement dans la liturgie, et c’est là sa force. Dans la vie liturgique communautaire, l’homme trouve une alternative à l’individualisme des villes contemporaines. Dans le sacrement de l’Eucharistie, il revit chaque fois l’union avec le Christ ressuscité, source d’une existence nouvelle. Dans cette unité réelle et non imaginaire, l’homme reçoit la faculté non seulement de vivre en conformité avec les valeurs chrétiennes, mais aussi d’être leur porteur et donc de témoigner activement du Christ au monde qui l’entoure. Au siècle hautement technique des mass media visuels, ce n’est plus la parole, mais l’exemple visible qui a le pouvoir de convaincre nos contemporains.

L’efficacité de cet exemple dépend de chaque chrétien, et ils sont appelés à unir leurs efforts pour que les populations des continents européen et américain puissent à nouveau découvrir la vérité éternelle du christianisme.

4. Le dialogue interchrétien
Face aux tâches de la mission chrétienne dans le monde contemporain, l’absence d’unité entre chrétiens est un scandale pour le monde entier et pour nos Églises. Néanmoins, et ce fait positif mérite d’être souligné, le dialogue interchrétien se développe à différents niveaux et dans différents domaine. Avant tout, j’aimerais souligner les perspectives du dialogue entre orthodoxes et catholiques. L’élection de Benoît XVI au pontificat lui a donné une nouvelle impulsion. Avec son sens aigu et profond de la théologie, sa connaissance approfondie de la tradition orthodoxe, le pape est ouvert au dialogue avec les Églises orthodoxes, il a beaucoup fait et continue à faire pour l’unité des chrétiens.

Nos relations avec l’Église catholique romaine se développent en parallèle dans plusieurs directions. C’est d’une part, le dialogue théologique, qui se poursuit depuis plusieurs décennies. Nous discutons des points qui nous séparent, comme l’uniatisme ou la primauté de l’évêque de Rome. Nous espérons que cette discussion aidera les deux parties à comprendre que la voie du rétablissement de l’unité passe par le retour à la foi de l’Église du premier millénaire. Alors aussi des divergences d’ordre théologique ou ecclésiologique, des différences de rite existaient, mais les chrétiens parvenaient à conserver l’unité.

Il serait bon que nous collaborions plus, non seulement en théologie, mais aussi dans des domaines concernant directement la vie de nos fidèles. Beaucoup d’entre eux perçoivent le dialogue théologique comme strictement académique. Si nous discutons seulement des thèmes théologiques qui nous séparent et que nous avons hérité du passé, nous ne parviendrons pas à un accord dans l’avenir. Il existe de multiples possibilités pour la collaboration dans les domaines qui nous unissent déjà. Si nous parlons de l’orthodoxie et du catholicisme, nous ne pouvons pas ne pas remarquer que nos conceptions sociales sont très proches, que la doctrine morale des catholiques et celle des orthodoxes sont pratiquement identiques. Nous pouvons faire et dire beaucoup ensemble, sans attendre le moment où nos divergences seront surmontées. Ainsi pouvons-nous parler au monde de la famille chrétienne traditionnelle, de la valeur de la vie humaine, qui ne doit pas être interrompue dès l’instant de la conception dans le sein de la mère jusqu’au dernier jour.

Aujourd’hui, l’Église orthodoxe éprouve de plus en plus de difficultés à poursuivre sa collaboration avec les différentes dénominations protestantes. J’ai peine à en parler, mais aujourd’hui le dialogue que nous avons conduit avec les protestants durant des décennies est menacé à cause des processus que nous observons dans les communautés protestantes d’Occident et du Nord. Je pense à la liberalisation continue dans le domaine de la théologie, de l’ecclésiologie et de la morale.

Nous sommes tous très las des belles paroles et des déclarations. Il faut parler franchement entre nous de ce qui nous préoccupent. Nous devons garder à l’esprit la tâche qui est la nôtre, la nécessité de l’unité chrétienne. Pourquoi cette tâche est-elle si essentielle ? Parce que chaque jour qui nous sépare nous prive des possibilités que nous aurions si nous étions unis. Aujourd’hui, des milliers de jeunes gens meurent parce qu’ils n’ont pas compris à quoi bon vivre, et nous ne le leur avons pas suggéré. Ils meurent de la drogue, de l’alcool ou du SIDA. Ensemble, nous aurions pu faire beaucoup plus pour eux. Nous devons réfléchir aux réels besoins des gens. En dehors du problème de la sécularisation souvent agressive des pays d’Europe et d’Amérique, la persécution des chrétiens qui se poursuit dans de nombreuses régions du monde devient un problème de plus en plus urgent.

5. Les persécutions contre les chrétiens et la christianophobie
Ces derniers temps, la montée alarmante des persécutions religieuses est devenue symptomatique de notre époque. Les chrétiens sont les premiers visés. A l’heure actuelle, ce terrible phénomène défie non seulement le christianisme mondial, mais encore toute l’humanité civilisée. Les chrétiens sont pourchassés au quotidien en Égypte, en Irak, en Inde, au Pakistan, en Indonésie, dans certains pays d’Asie et d’Afrique. En dehors des flux massifs de réfugiés dont parlent régulièrement les médias, il existe encore un problème dont personne ne veut parler : la dégradation de la société qui retourne à un stade primitif de haine et d’autodestruction.

Le Conseil de l’Europe a pris en janvier une résolution sur la christianophobie, plusieurs autres états européens ont suivi cet exemple, mais cela a-t-il influé sur la situation des chrétiens dans les pays que je viens de citer ? Malgré l’escalade de violence sans précédent contre les chrétiens d’Égypte au début du mois d’octobre, aucun pays d’Occident n’a fait véritablement pression sur le pouvoir militaire temporaire en place dans ce pays, personne n’a menacé de prendre des sanctions économiques. Les images qui ont choqué le monde entier, où l’on voit les militaires du Caire sur des blindés chargeant une pacifique manifestation copte, tirant sur des gens désarmés, restent hors du champ des préoccupation des politiques. Le discours du ministre égyptien de la sécurité, qui a nié le fait du recours aux armes contre les manifestants coptes n’a pas non plus été apprécié à sa juste valeur, pas plus que l’information sur la falsification du nombre des victimes et le type de blessures reçues. L’Église est en droit d’interroger le gouvernement de ses pays : jusqu’à quand ? Pourquoi leurs intérêts économiques dans ces pays leur sont-ils plus chers que la vie de milliers d’innocents tués uniquement parce qu’ils croient au Christ ?

Le christianisme, malgré son morcellement, est aujourd’hui obligé de s’unir pour défendre nos frères et sœurs souffrant dans différentes régions. Si Sans quoi, nous perdrons un peu plus de notre crédibilité aux yeux du monde. Au contraire, en défendant les nôtres, nous affermissons nos positions, nous resserrons les rangs, nous nous rapprochons les uns des autres.

J’évoquerais ici aussi un autre phénomène, généralement dénommé christianophobie. Le sécularisme occidental, malgré son pluralisme et sa tolérance déclarés fait preuve d’intolérance envers le christianisme. Nourri de puissants moyens financiers, le sécularisme agressif fait tout pour discréditer l’Église, effacer le nom du Christ de la mémoire du peuple, niveler les principes de morale et de culture façonnés par le christianisme.

Le sécularisme agressif prend pour cible toutes les Églises, sans se préoccuper de leurs différences théologiques et liturgiques. Il tourne en dérision la conscience religieuse en tant que telle, se moque de la morale, popularisant le relativisme éthique et l’indifférentisme. C’est pourquoi nous devons aujourd’hui comme jamais être solidaires et unis, collaborant activement et nous soutenant mutuellement.

6. Perspectives et objectifs
Comment les chrétiens d’aujourd’hui peuvent-ils résister à semblables conception et à l’offensive du sécularisme ? L’Écriture sainte parle clairement de l’apostasie (II Tes 2, 3) qui aura lieu, « mais il faut d’abord que la Bonne Nouvelle soit proclamée à toutes les nations » (Mc 13, 10). Nous vivons à une époque d’apostasie, les gens perdent la foi et l’amour parce que leur cœur est plus attaché aux biens terrestres, au confort, à l’aisance, aux plaisirs. Que faire dans cette situation ?

L’Église n’appartient pas à ce monde, et sa mission d’annonce de l’Évangile ne doit pas être évaluée suivant les critères de ce monde, d’après les notions de succès ou d’échec. Si le nombre des chrétiens diminue, par exemple, en Europe occidentale, ils sont de plus en plus nombreux en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et dans différents pays d’Europe occidentale. Il faut s’efforcer de comprendre ce qui attire les gens au christianisme dans ces régions et comparer leurs motivations avec celles des européens qui s’éloignent aujourd’hui de la foi. Il nous faut avoir le courage de reconnaître que le développement historico-culturel de la civilisation occidentale est dans une impasse précisément parce qu’elle a renié le christianisme et rejeté ses valeurs. Nous ne savons plus nous réjouir, nous nous croyons malheureux parce que l’axe de nos intérêts est limité exclusivement aux biens terrestres qui, cependant, du fait même de leur temporalité sont incapables de communiquer à l’homme bonheur, joie ou plaisir.

L’exemple des chrétiens coptes et irakiens, qui versent leur sang pour leur foi et sont persécutés, est particulièrement édifiant, pour nous européens. Beaucoup d’entre eux ont quelque chose à perdre, beaucoup de chrétiens de ces pays occupaient une place en vue, certains d’entre eux sont riches. Pourtant, la foi et l’identité conservent pour eux leur primordialité. Beaucoup d’entre nous, à la fin des années 80 et au début des années 90 du siècle dernier doutions de ce que les populations des anciennes républiques de l’Union soviétique reviendraient à la foi de leurs pères. C’est pourtant ce qui s’est produit. Pourquoi ? Grâce à l’héroïsme spirituel des nouveaux-martyrs et des confesseurs russes demeurés fidèles au Christ jusqu’à la fin, j’en suis convaincu.

Ainsi, la civilisation occidentale contemporaine s’enfonce dans une impasse dont ni la science, ni un management efficace, ni les technologies ne sauraient la tirer. La crise de la société n’est pas un phénomène objectif, elle part d’une crise spirituelle de la personne restée sans Dieu avec ses problèmes insolubles et ses questions. La crise de la personne réside dans le déplacement de l’image de Dieu à la simple individualité. L’homme a perdu son visage, il est devenu une unité abstraite de la société de consommation avec un certain nombre de besoins. Le témoignage chrétien doit traverser comme un rayon de lumière l’épaisseur des amoncellements intellectuels des dernières époques. Il doit parler à l’homme-personne, redire toute la dimension unique de chacun d’entre nous, en d’autres termes, remettre l’homme sur le piédestal sur lequel l’avait placé le sublime mystère de l’Incarnation divine.

Les chrétiens doivent aujourd’hui remplir une mission essentielle, qui semble même impossible : tirer la civilisation contemporaine, dite « postchrétienne » de la crise. L’histoire nous enseigne que les civilisations se composaient de façon organique, par la collaboration créatrice et la coopération de personnalités concrètes. La religion, cette aspiration mystique des peuples qui embrasse toutes les sphères de la vie d’une société, définissait immédiatement toute civilisation. L’histoire ne connaît pas de civilisations sans religions. L’impulsion morale ne peut s’incarner concrètement que dans la sphère religieuse qui en est la source.

Les Églises chrétiennes, en premier lieu l’Église orthodoxe et l’Église catholique, ainsi que les Églises orientales chrétiennes doivent aujourd’hui s’allier et agir de concert. Nous devons absolument former une alliance des Églises de tradition apostolique, nous permettant de discuter ensemble des problèmes et des défis du monde contemporain. Il faut également créer des structures d’information informelles, qui proposeraient une information objective, vérifiée et régulièrement mise à jour sur les évènements intéressant les destinées de l’Église et du monde. Les formes traditionnelles de collaboration entre les Églises sont aujourd’hui insuffisantes, nous devons aspirer à nous rapprocher, et il faut commencer par l’essentiel, travailler ensemble à la défense des chrétiens et de l’héritage chrétien.


Source : http://www.mospat.ru/fr/2011/10/30/news50634/
Fabrice Remy
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