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saint Denys l’Aréopagite

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 saint Denys l’Aréopagite Empty saint Denys l’Aréopagite

Message par basileus Ven 14 Oct 2011 - 9:33

1. D’Athènes à Constantinople, en passant par Paris : la légende médiévale et byzantine de saint Denys l’Aréopagite

Denys l’Aréopagite a sans doute été un personnage historique. Les Actes des Apôtres le mentionnent pour la première fois à l’occasion de la prédication de Paul à Athènes, sur le rocher de l’Aréopage : « C’est ainsi que Paul se retira du milieu d’eux. Quelques hommes cependant s’attachèrent à lui et embrassèrent la foi. Denys l’Aréopagite fut du nombre » (Ac 17, 33-34). D’ailleurs, au 3e siècle, dans son exposé sur la « première succession des apôtres, Eusèbe de Césarée rapporte que ce même Denys fut le premier évêque de la cité d’Athènes : « En outre, l’Aréopagite, qui s’appelle Denys […] un ancien, qui fut le pasteur de l’Eglise de Corinthe, rapporte qu’il fut le premier évêque de l’Eglise d’Athènes» (Histoire ecclésiastique, III, 4). Bien que son activité de juge en ait fait un lettré, ce Denys n’a laissé aucun écrit. Aussi est-ce avec un certain étonnement qu’au 6e siècle, nombre d’érudits et de théologiens byzantins prirent connaissance du Corpus areopagiticum, un ensemble de livres et de lettres de première importance placé sous son autorité. Très vite pourtant, grâce aux scholies successives de Jean de Scythopolis et de Maxime le Confesseur, le Corpus areopagiticum acquit une importance capitale dans la théologie d’expression grecque. Disciple de Paul et premier évêque d’Athènes, son auteur présumé reçut également une place de choix dans le chœur des Pères et des docteurs de l’Eglise. Ce fut Grégoire le Grand qui, de retour de Constantinople, en 586, fit connaître à Rome le Corpus areopagiticum. Mais à cette époque, le rayonnement de l’œuvre dionysienne ne franchit pas les frontières de l’Italie.

Cependant, dans les premières années du 6e siècle, la Gaule voyait déjà en un certain Denys, envoyé de Rome, son premier apôtre. Sainte Geneviève de Paris (423-vers 512) semble lui avoir voué un culte particulier et avoir fait ériger une église en son honneur. C’est en tout cas ce que rapporte la Vita Genovefae, composée vers 520, qui elle-même cite une Passion de saint Denys plus ancienne, connue sous le nom de Gloriosae et datant de la fin du 5e siècle. Grégoire de Tours (vers 539-594), qui mentionne également la mission de Denys en Gaule, situe son martyre au 3e siècle : « Parmi ces pontifes, Denys, évêque de Paris, subit divers supplices pour le nom du Christ et, frappé du glaive, termina sa vie en ce monde » (Histoire des Francs, I). Le récit de ce martyre est bien connu par ailleurs : avec ses compagnons, Rustique et Eleuthère, Denys convertit les foules. Persécutés, les trois hommes confessèrent avec détermination leur foi en la Trinité consubstantielle et indivisible. Il furent décapités et, alors que leurs corps devaient être jetés dans la Seine, une femme les déroba et les enterra dans un « champ ensemencé» à l’extérieur de Paris, en un lieu dit Vicus Catulliacus. D’ailleurs, selon d’autres récits plus tardifs, le martyre de Denys aurait été suivi du miracle de la céphalophorie, le saint ayant marché en portant sa tête jusqu’au lieu de sa sépulture.

On le voit donc, au milieu du 6e siècle, deux légendes bien distinctes ont cours en Orient et en Occident. Comme ceci a été montré par Raymond Loenertz, à la suite des travaux de Léon Levillain, ces deux traditions seront amenées à se rencontrer au 9e siècle, pour donner naissance à une figure exceptionnelle, Denys l’Aréopagite, Père de l’Eglise et premier évêque de Paris. Pour Loenertz, la date de cette rencontre, ou plutôt de cette « fusion » peut être déterminée avec une grande précision. Elle eut lieu en 825, lors d’un concile convoqué par Louis le Pieux pour examiner les propositions faites par une ambassade mandée de Constantinople.

Ces propositions, énoncées à Rouen, en 824, par le grand Econome de l’Eglise de Constantinople Théodore, « visaient à gagner le monarque franc à la cause de l’iconoclasme mitigé, qui était celui de [l’empereur byzantin] Michel le Bègue, et de le faire agir dans le même sens sur le pape Eugène II ». Or, pour défendre leurs thèses, les Grecs s’étaient munis de nombreux textes, dont certains étaient restés inaccessibles à leurs interlocuteurs, notamment « deux passages tirés des écrits du Pseudo-Denys : l’un, de l’Epître 10, l’autre de la Hiérarchie céleste ». La version latine de ces extraits, réalisée pour l’occasion, nous est conservée. Ce sont eux, de toute évidence, qui ont fait « jaillir la lumière » chez le grand Econome Théodore et ses interlocuteurs parisiens : Denys l’Aréopagite et le martyr parisien ne faisaient qu’un.

La rapide circulation de textes qui suivit en est la preuve. Dès 827, le basileus envoya une copie du Corpus areopagiticum à Compiègne, par le biais d’une seconde ambassade. « Le volume fut immédiatement dirigé sur l’abbaye Saint-Denis de Paris, où il arriva le 8 octobre 827, vigile du saint patron, et où il produisit un renouveau de dévotion dont témoignèrent dix-neuf guérisons miraculeuses », dit Loenertz. Ce précieux présent a été conservé : il s’agit du manuscrit Paris gr. 437, entièrement numérisé aujourd’hui. D’ailleurs, l’œuvre dionysienne ne resta pas lettre morte : le savant Hilduin, abbé de Saint-Denis (814-840) la fit traduire en latin et composa pour sa part une grande vie du martyr, les Areopagitica, en 835.

Si le basileus s’était hâté d’envoyer le Corpus areopagiticum à Louis le Pieux, c’est qu’il avait été mis au courant de la dévotion particulière que la cour franque avait pour le martyr. En effet, à son retour à Constantinople, Théodore n’avait pas manqué de lui rapporter la nouvelle selon laquelle l’Aréopagite aurait fini sa vie à Paris. Dans ses bagages, il avait également une copie de la Passion latine, qui fut rapidement traduite en grec, puis reprise dans un texte de grande qualité littéraire, le Panégyrique de saint Denys composé par Michel le Syncelle, vers 833. « Vie officielle », le Panégyrique fut à son tour expédié en Occident. Hilduin y eut-il accès ? Nous l’ignorons. Sa première traduction latine connue fut réalisée bien plus tard, au 12e siècle. Mais, pour les byzantins, ce texte hagiographique fut surtout celui qui leur fit découvrir Paris, une bien jolie petite ville d’Occident. Car Denys, ils le vénéraient déjà.

Bienheureuse la cité qui conserve ton chef glorieux et très vénérable, ta dépouille précieuse, ô martyr insigne, grand prédicateur et pontife, ainsi que celles des compagnons que tu as présentés à Dieu, victimes sans tache, parfum d’encens. Votre sang, qui a rougi son sol, fait sourdre une eau vive à l’usage de ceux qui, pleins de foi, ont recours à vous et qui implorent la guérison pour les malades. Heureux Paris en vérité ! Mainte ville des Gaules le dépasse en grandeur, mais il peut se vanter de posséder en toi, docteur insigne, un trésor plus glorieux que toute richesse sensible, un saint patron et un gardien ! Dieu t’a donné à Paris pour sanctifier la foule chrétienne des habitants et des pèlerins, pour être la fortune spirituelle, une source de délices, non de celles qui profitent au corps, qui flattent le palais, qui passent vite et s’évanouissent, qui sont un produit de la terre ou de la mer, ou du flanc des montagnes, ou du fleuve poissonneux et profond qui l’encercle du bruit de ses ondes, rivalisant avec les flots débordants du Nil. Tu es pour lui un rempart puissant, non un assemblage de pierres tirées du mont, polies, choisies, un rempart renforcé de bastions, de tours, de créneaux, pareil à une barrière de fer. Non, la force en est fondée sur ta sainteté et sur celle des martyrs, tes compagnons (PG 4, 665-668).

2. Sur les pas de saint Denys à Paris : un pèlerinage pas comme les autres

Selon Michel le Syncelle, Dieu aurait donc donné l’Aréopagite à Paris. Mise en avant par l’hagiographie, cette ville aurait-elle volé la vedette à Athènes ? Pour le Moyen-âge, ceci est bien possible. En effet, à Paris, le nom de Denys occupe progressivement une place de premier plan, tandis que les lieux revendiquant sa mémoire se multiplient. Athènes, en revanche, ne semble pas vouer un culte particulier au saint avant la fondation de la capitale moderne, au 19e siècle : les deux grandes églises qui lui sont dédiées – l’une orthodoxe, l’autre catholique – sont de construction relativement récente.

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Quels souvenirs « l’heureuse ville de Paris » garde-t-elle de son célèbre martyr et de son culte ancien ? Pour le découvrir, en bonne athénienne, j’ai entrepris une promenade « entre légende et archéologie », sur les lieux les plus illustres de sa mémoire.

Saint-Denis-de-la-Chartre et Saint-Denis-du-Pas sur l’île de la Cité (a)

Tous les parisiens connaissent l’Hôtel-Dieu et le Jardin de l’Archevêché, sur l’île de la Cité. Peu savent, par contre, que deux églises dédiées à saint Denys s’y trouvaient jusqu’à la fin du 18e siècle : elles apparaissent encore sur le plan de Paris de 1771.

Sur la première, Saint-Denis-de-la-Chartre, qui était bâtie sur le lieu où le martyr aurait été incarcéré, nous avons des témoignages très anciens, et notamment celui de la Vita Genovefae, composée, comme nous l’avons vu, vers 520. Cette église, dont nous ignorons si elle avait fait l’objet de diverses reconstructions, a été démolie au cours des grands travaux d’Haussmann. Sur son emplacement se dresse aujourd’hui l’angle nord-ouest de l’Hôtel-Dieu. La seconde église, Saint-Denis-du-Pas, avait été construite au 9e siècle sur les lieux où, selon la légende, le martyr aurait subi son premier supplice. Désaffectée après la Révolution, elle fut rasée en 1813, pour laisser la place au jardin de l’Archevêché.
Le Martyrium, sur le flanc de la Butte Montmartre (b)

Un des lieux les plus chargés d’histoire, mais aussi les plus méconnus aujourd’hui à Paris, est le caveau du Martyrium, situé au 11 rue Yvonne-le-Tac à Montmartre. Fermé toute la semaine, il ne se visite que les vendredis après-midis et pour certains offices. On y achète cependant un polycopié de 100 pages, qui donne de nombreux détails sur l’histoire de l’édifice.

Les origines du culte de saint Denys à Montmartre restent, à vrai dire, assez obscures faute de documentation suffisante. C’est de 1079 que date le premier document écrit faisant état d’une chapelle, à mi-pente, sur le lieu présumé de la décollation du martyr. Sans autres précisions, ce texte attribue la construction de cette chapelle à Dagobert Ier (602/605-638/639).

Tout au long du Moyen-âge, le Martyrium fait l’objet d’un important pèlerinage, et les plus grands personnages d’Occident s’y succèdent pour vénérer Denys, dont les reliques sont d’ailleurs exposées dans plusieurs églises de Montmartre. Le 15 août 1534, dans cette même chapelle, Ignace de Loyola et ses compagnons prononcent leurs vœux : le Martyrium, riche du souvenir de Denys, devient alors le lieu du premier acte de fondation de la Compagnie de Jésus. Toutefois, à cette époque, le caveau que l’on visite aujourd’hui n’est pas encore connu.

En 1590, lors du siège de Paris par Henri IV, la chapelle est gravement endommagée. Des travaux de reconstruction, patronnés par Marie de Médicis et l’abbesse Marie de Beauvilliers, conduisent à la découverte, en 1611, d’un caveau immédiatement identifié comme le lieu où auraient été déposés les corps de Denys, Rustique et Eleuthère, à la suite de leur supplice. Cette découverte fait grand bruit et suscite une vague de pèlerinages. Cependant, après 1789, les bâtiments religieux de Montmartre sont démolis et les terrains remblayés et nivelés sont vendus à des particuliers. En 1850, après de minutieuses recherches, on retrouve l’emplacement du caveau et, en 1880, on construit au-dessus de celui-ci les bâtiments actuels. La crypte, telle qu’on peut la voir aujourd’hui, est aménagée et bénite en 1887. On notera toutefois que l’inscription découverte en 1611 n’y est plus visible.

Ce lieu fortement marqué par le souvenir de la Compagnie de Jésus, conserve un bas-relief daté de 1252, évoquant le supplice de saint Denys. On y trouve aussi, dans une vitrine, une icône de style byzantin mais de facture occidentale récente. Le lieu est propice au recueillement et, les vendredis après-midis, on peut y rencontrer quelques fidèles avertis.
La rue des Martyrs

Selon la tradition, les trois martyrs, Denys, Rustique et Eleuthère, auraient gravi la Butte Montmartre par un chemin de terre, contraints de vénérer les divinités païennes au temple de Mars ou de Mercure, qui se trouvait à son sommet. Ce chemin, qui part de Notre-Dame-de-Lorette et conduit au Martyrium, apparaît distinctement sur le plan de Paris de 1672.

Sur le plan de 1763, il figure sous le nom de « rue des Porcherons ou des Martyrs ». Enfin, sur celui de 1775, seul est retenu le nom de « rue des Martyrs ». Sa douce montée évoque, aujourd’hui encore, un lent calvaire. Mais la rue, très animée, ne conserve aucun autre souvenir de saint Denys.

En revanche, la densité de graffitis que l’on trouve sur les véhicules du quartier est impressionnante : elle a transformé le probable chemin du pèlerinage en un véritable musée de tags ambulants.

Saint-Denis-de-la-Chapelle (c)

On s’en doute, le Martyrium n’est pas le seul lieu parisien à revendiquer la sépulture du saint patron de la ville. L’ancienne chapelle de Saint-Denis, construite au nord-est de la Butte Montmartre, au bord de la voie romaine qui conduisait de Lutèce au nord de la Gaule, a parfois été identifiée à celle que sainte Geneviève aurait édifiée sur le tombeau du martyr. Bien que la concurrence de églises mérovingiennes du bourg de Saint-Denis ne tarde pas à se faire sentir, les pèlerins continuent d’affluer vers cette chapelle, qui se trouve à mi-chemin entre l’île de la Cité et l’abbaye du nord de Paris. Un village se forme peu à peu, qui prend le nom de La Chapelle-Saint-Denis : c’est le quartier actuel de La Chapelle.

Comme il est indiqué sur le site de la paroisse, « l’église actuelle date de 1204. C’est une construction légère (sans voûte de pierres) édifiée directement sur la plate-forme de la chapelle de sainte Geneviève ». L’édifice possède deux entrées, l’une à quelques mètres de la station de métro Marx Dormoy, l’autre sur la charmante petite place de Torcy. Si le souvenir de Jeanne d’Arc, qui y passa la nuit du 7 septembre 1429, est bien mis en avant, celui du culte de saint Denys y semble quasiment éteint. En effet, je n’y ai remarqué ni représentation du martyr ni plaque commémorative.

Saint-Denis-de-l’Estrée (d)

De Hincmar de Reims (806-882) à Léon Levillain en passant par Suger (1081/81-1151), nombre de savants ont convenu qu’avant d’être déposées dans la grande basilique de Saint-Denis, les dépouilles des martyrs parisiens avaient séjourné, pendant plusieurs siècles, dans une ecclesia beati Dionysii quae Strata dicitur, qui n’était pas celle de La Chapelle, située comme nous l’avons vu sur la voie romaine, mais plutôt celle de l’Estrée, un peu plus au nord, à proximité de la Seine, mais néanmoins proche de la « route pavée » qui menait à Rouen. Or, comme il a été signalé bien plus tard, il semble que cette église, d’époque mérovingienne, abritait jusqu’au 16e siècle trois cénotaphes attestant l’antique présence des corps en cet endroit. Ainsi, comme le signale Levillain, « le 22 mai 1577, le prieur de l’Estrée fit faire dans son église des fouilles vers le sanctuaire, au milieu de la nef, où l’on voyait trois pierres tombales portant les figures des saints Denys, Rustique et Éleuthère. Sous ces pierres, on découvrit trois petits tombeaux de pierre blanche longs d’un pied et gravés d’une croix. Ils renfermaient chacun un coffret carré en plomb et scellé de plâtre. Les trois coffrets portaient la même inscription : Reliquiae de vestimentis et pulvere SS. martyrum Dionisii, Rustici et Eleutherii ». Ces reliques auraient été laissées là au 8e siècle, à la place des corps translatés à cette époque dans la grande basilique carolingienne qui venait d’être édifiée.

L’église mérovingienne de l’Estrée fut détruite en 1793 et ses ruines entièrement rasées en 1864 par l’architecte Eugène Viollet-le-duc, qui construisit sur leur emplacement une église nouvelle. Cette dernière ne conserve de l’ancienne que le nom.
La Basilique Saint-Denis et sa crypte (e)

Je ne m’attarderai pas ici sur l’histoire de la Basilique Saint-Denis, qui est un des monuments les plus célèbres de France, et sur laquelle il existe une documentation abondante et de qualité, en particulier sur la nécropole royale qu’elle abrite. Je rappellerai seulement que l’édifice actuel est celui de la reconstruction du 12e siècle.

Aujourd’hui, le souvenir du saint martyr, identifié à l’Aréopagite selon la légende diffusée par Hilduin, y est rappelé de trois façons. Premièrement, en entrant dans la basilique, le visiteur ne peut pas manquer de remarquer sur les tympans des deux portails latéraux des scènes de la légende dionysienne : martyre et gloire du saint et de ses compagnons. De même, sur le tympan de l’entrée nord de l’édifice, on retrouve la représentation de la décollation de saint Denys et du miracle de la céphalophorie.

A l’intérieur de la basilique, la présence du martyr n’est pas immédiatement perceptible. Il faut poser la question au personnel de surveillance pour être dirigé vers une petite chapelle latérale, la première en entrant sur la gauche, où une simple icône de style byzantin, placée dans une niche, est exposée à la vénération des fidèles. Le 3 octobre, date de la fête du saint dans le calendrier orthodoxe, plusieurs bouquets et pots de fleurs fraîches étaient déposés à proximité de l’icône. Bien que fort modeste, comparé à la magnificence de la basilique, le lieu est particulièrement propice au recueillement. Il est en outre très bien éclairé, et mérite – sans exagération rhétorique – d’être qualifié de « havre de paix ».

Ce n’est qu’après avoir payé un billet d’entrée pour la nécropole royale, que l’on peut découvrir le troisième lieu lié à la mémoire de saint Denys, une crypte située exactement sous le maître-autel de la basilique et considérée comme la plus antique partie de l’édifice. Elle a été fouillée de façon complète entre 1953 et 1957 par E. Salin et M. Fleury.

Voici ce que nous en dit ce dernier dans un compte-rendu de fouilles de 1958 :

Nous voudrions signaler les résultats donnés par l’exploration complète, à laquelle nous avons pu nous livrer, de la vaste fosse, dite « de saint Denys » située sous le maître-autel. Ses dimensions sont de 3 m. 76 dans le sens Ouest-Est, de 1. m 65 dans le sens Nord-Sud, sa profondeur d’environ 3 m. 13 sous le sol de la nef. Elle ne contenait aucun corps mais un fragment d’os humain, des os d’animal, des morceaux de poterie, de tuiles, de charbon de bois, de pierres taillées, semblant provenir de parois de sarcophages, le tout paraissant être le résidu d’autres tombes voisines. Cette vaste excavation, de taille anormale, nous semble donc avoir été vidée, puis comblée. Postérieurement à ce comblement, on a creusé une nouvelle fosse, à cheval sur la limite Nord de la précédente, pour y placer un sarcophage, de fabrication antique, à en juger par sa forme bien rectangulaire, mais sans doute remployé, car il est orienté. Comme ce sarcophage a été rempli de moellons par Viollet-le-Duc, la date du remploi ne peut être déterminée exactement, mais elle doit être antérieure au 6e siècle, si l’on en juge par son niveau qui est fort bas.

Comme on le voit, les données recueillies n’ont pas permis aux archéologues qui ont fait cette importante découverte d’établir si la fosse située au milieu de la crypte avait effectivement été le lieu de sépulture des martyrs parisiens. Cependant, son emplacement très caractéristique ne manque pas de renvoyer à eux, ou du moins à sainte Geneviève, dont on a vu à quel point elle promut le culte de saint Denys. La fosse aurait-elle été le tombeau originel des martyrs ? Ou bien serait-ce un cénotaphe, dans lequel des souverains mérovingiens auraient déposé quelques reliques recueillies dans l’ancienne église de Saint-Denis-de-l’Estrée ? Dans ce lieu souterrain du nord de Paris, qui fut peut-être, il y a bien longtemps, le champ ensemencé du Vicus Catulliacus, l’hagiographie seule apporte ses réponses, prenant une fois encore le dessus sur l’archéologie. Et le visiteur reste avec ses interrogations, devant les sarcophages antiques alignés dans la crypte, devant le trou béant de la « fosse de saint Denys ».
Epilogue

Au terme de mon périple dionysien dans Paris, c’est à un constat fort mitigé que je suis parvenue. D’une part, il est évident que les particularités de l’urbanisme de la métropole ont réduit l’archéologie parisienne à l’état de parent pauvre de l’archéologie. Après la rage destructrice de 1789, les démolitions massives du baron Haussmann et le zèle rénovateur de Viollet-le-Duc, nul Schliemann parisien ne peut plus songer à retrouver la Troie dionysienne. La plupart des monuments antiques ou médiévaux liés à la mémoire du martyr ont définitivement disparu, et le témoignage de ceux qui restent est particulièrement brouillé. D’autre part, le culte de saint Denys, autrefois central, est réduit à une vague réminiscence. L’identification glorieuse du Moyen-âge, qui assimilait le premier évêque de Paris à l’Aréopagite, a là aussi cédé le pas à une tiédeur, voire à une frilosité suscitée par la critique historique. A ce titre, la fermeture de la basilique le 9 octobre, à l’occasion de la fête du saint patron, pour une célébration à huis clos, est sans conteste le détail le plus parlant.

• Illustrations : L’icône de l’Aréopagite dans la Basilique Saint-Denis. — Décollation et céphalophorie sur le tympan nord de la Basilique ; manuscrit Paris gr. 437. — Enluminure du Ménologe de Basile II (10e s.) : le martyre de Denys et de ses compagnons. — Parcours dionysien. — De Lutèce à la Cité d’aujourd’hui. — Le Martyrium, hier et aujourd’hui. — Le chemin conduisant au Martyrium sur le plan de 1672. — La rue des Martyrs. — Le musée des graffitis. — La route de Saint-Denis, passant par le village de La Chapelle : plan de 1565. — Saint-Denis-de-la-Chapelle. — Saint-Denis-de-l’Estrée et le plan (inversé : S/N) signalant la voie romaine (actuelle N14). — Saint-Denis : autour de la Basilique. — Saint-Denis : la Basilique et la gloire de Denys sur un tympan de l’entrée principale. — La crypte de la Basilique : escalier sous le maître-autel, plan de 1958, fosse et sarcophages. — Statue de l’Aréopagite à Saint-Denys-du-Saint-Sacrement (rue de Turenne
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