La nécessité du silence

La nécessité du silence


En cette période de vacances, Benoît XVI invite les fidèles à s’abandonner au silence et à la contemplation de la nature, à visiter des monastères et des ermitages, parce que l’âme, elle aussi, a ses exigences. Le Pape s’est adressé à quelques milliers de personnes rassemblées dans la petite cour intérieure de la résidence pontificale de Castelgandolfo. Il a consacré sa catéchèse au silence et à la prière. La beauté de la création et le silence - a-t-il dit - sont des conditions qui favorisent la méditation, le recueillement et l’écoute de Dieu. Et de fait, pendant la pause estivale, de nombreuses personnes choisissent de visiter des monastères ou des couvents que des saints et leurs communautés ont fondés dans des lieux particulièrement beaux : des vallées, des montagnes, de petites îles. Le Seigneur n’est pas dans l’ouragan, dans le tremblement de terre, ni dans le feu – a rappelé le Pape citant le livre des Rois. C'est dans le silence du désert que le prophète Elie reconnaît dans le murmure d’une brise légère le Dieu de tendresse et de fidélité. En clair, il faut savoir écouter la voix de Dieu.

Chers amis de langue française, je suis heureux de vous saluer ce matin. Demain, nous célèbrerons la fête de sainte Claire d’Assise, fondatrice des moniales Clarisses. Dans notre monde si souvent agité, les communautés monastiques, véritables oasis de l’esprit, nous rappellent en particulier la nécessité du silence dans nos vies, pour réaliser en nous une authentique harmonie spirituelle et ainsi tourner notre regard vers Dieu. En ces jours de repos, sachons prendre nous aussi des temps de silence pour entrer paisiblement dans la prière! Que Dieu vous bénisse!

Michel Janva

Quelle merveille et quel défi que le silence! On parle beaucoup trop en priant-et je m'inclue pleinement! Je lis présentement l'oraison du coeur,ça va me prendre une éternité,car j'en suis à relire un passage de Saint-Jean de la croix qui nous dit que le silence n'est pas du tout inactif, il permet au Seigneur d'ouvrir la porte de notre coeur...qui ouvre de l'extérieur et non de l'intérieur, inutile de pousser!!Dans notre monde de performance, il semble absurde de prendre du temps à ne rien faire, mais c'est un dépouillement si bénifique! Je sacrifie de mon temps pour n'être qu'à Dieu. Dans ma journée, je sacrifie des pensée avec lesquelles je voudrais flâner pour m'emplir de Son silence et je découvre doucement que mon quotidien prend plus de valeur si je me glisse dans un silence intérieur. Quel bonheur! Et tout-à-coup, dans ce silence, Dieu passe comme une brise légère...

Quelle place pour le silence dans la vie du chrétien?



Il n’est pas rare d’entendre des chrétiens dire : « Je n’ai jamais fait de rencontre personnelle avec Dieu » ou encore « Dieu parle t-il encore aux hommes ? ». A-t-on le droit de poser une pareille question quand l’on se dit chrétien ou « petit Christ ». Aujourd’hui encore les différents canaux ou voies par lesquelles Dieu s’adresse à l’homme sont tellement multiples: la prière, la bible, l’Enseignement de l’Eglise, les signes des temps, les autres personnes qui vivent autour de nous, l’histoire de notre vie... Nous pensons, pour notre part que tout chrétien, doit faire cette rencontre avec son Créateur sinon ce nom - de chrétien - serait trop hasardeux. Mais en réalité, existe-t-il un chrétien qui n’ait jamais senti la présence du Christ dans sa vie ? Nous en doutons ; il serait plus juste de dire que nous n’avons pas été attentif à sa présence parce que trop préoccupé par les choses de ce monde. Il apparaît alors un élément essentiel qui dans toute vie permet une certaine intimité ou encore une disposition d’écoute. C’est bien le Silence.

Le Catéchisme de l’Eglise Catholique en son paragraphe 533 dit à cet effet : « Que naisse en nous l’estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l’Esprit ». Il en découle alors que le silence, le bon, se présente alors comme disponibilité pour écouter Dieu et pas seulement absence de bruit. Il est clair qu’un pareil état fait entrer l’Homme dans une intimité plus grande avec son Dieu et cela constituera pour lui une étape décisive.

Les différentes sortes de silence

Le silence en tant que comportement humain présente cette double facette, celle du bien mais aussi celle du mal. Le bon silence favorisera la concentration, l’attention, le repos de l’esprit. Mais aussi le mauvais silence cachera tristesse, paresse, colère intérieure, haine du prochain, conspiration… Nous pouvons distinguer de prime à bord deux types de silence : le silence extérieur qui se caractérise comme absence de bruit et le silence intérieur que nous pouvons classer en trois sous groupes : premièrement le silence qui veut mettre l’homme face à lui-même ou face à Dieu, ensuite le silence vide dans lequel l’on ne pense à rien et enfin le silence coupable celui de la conspiration, de la critique. L’objet de notre enseignement est bien entendu le bon silence, celui qui veut mettre l’homme face à lui même ou face à son Dieu.

Le silence et la société

Quels rapports nos sociétés entretiennent-elles avec le silence ? Bruit, trouble, course, activisme incroyable meublent nos journées. Prenons à témoin seulement, les quartiers environnant notre cathédrale, qui nous servent diverses sonorités tous les jours, allant même jusqu’à infiltrer voir même concurrencer subtilement nos célébrations eucharistiques. Il en ressort clairement que notre société aujourd’hui offre très peu d’espace au silence. Tout est bruyant. Ainsi, dans nos sociétés africaines, une personne qui aime le silence est soit qualifié de sage d’un côté ou à l’autre bout de dangereux, souvent même de sorcier. Nous ne voulons nullement encourager le silence qui se présente comme conspiration ou encore ceux qui présentent une attitude silencieuse ou solitaire quand la communauté à droit de cité. Car l’homme par nature n’est pas un être solitaire mais relationnel qui a besoin des autres et de Dieu. Mais il est important de souligner l’importance pour tout homme de pouvoir faire une pause et cultiver ce bon silence. L’homme autant fait de chair que d’esprit, a par essence besoin de nourrir sa chair mais aussi son esprit. Le constat est là : ayant trop peur d’être face à lui-même, face à sa “pauvreté“, à sa petitesse devant l’infini qui est Dieu il noie tout son être dans cet océan de bruit, sans jamais chercher ce silence. Regardons alors quelle trace du silence nous retrouvons dans la Bible ?

Le silence dans la Bible

La Bible invite souvent l’homme à un silence d’écoute devant Dieu. Dieu parle dans le silence et non dans le bruit. Moïse avant de donner les dix commandements au peuple dit : « Fais silence et écoute, Israël.» Dt 27, 9. Au-delà des prescriptions qu’il faut suivre pour avoir le salut, c’est-à-dire les dix commandements, le livre des Lamentations va plus loin pour dire : « Il est bon d'attendre en silence le salut du Seigneur. » Les prophètes accordent une importance particulière au silence, surtout quand nous allons à la rencontre du Seigneur (Cf. Is 41,1 ; Ha 2,20 ; Za 2,17). Aussi, le Christ va dans la même lignée et même plus loin en nous donnant l’exemple. Il passe trente années de sa vie dans le silence comme n’importe quel homme malgré ses attributs divins. A la fin de son ministère, malgré toutes les accusations portées contre lui, il les accepte dans le silence, sans jamais essayer de se défendre. Pendant son ministère, il aime se mettre à l’écart pour prier (Mt14, 23 ; Mt17, 1). Marie sa mère, femme de silence, savait bien qu’elle avait engendré le fils de Dieu mais n’en fait pas une gloire. St Luc nous rapporte que la Vierge gardait tous ces évènements dans son cœur (Cf. Lc 2, 51). Elle est même là quand son fils est frappé et tué. Le silence de Marie, le silence du Christ dans sa passion, voilà des modèles de silence pour le chrétien. Quelle a été la conception de nos pères dans la Foi sur le silence ?[/b]

Le Silence dans l’Eglise

L’Eglise n’est pas en reste de cette attitude quand déjà dans la liturgie et la vie de l’Eglise le silence tient une place importante. Le moment de l’élévation des Saintes Espèces pendant la consécration et celui après la communion sont des moments de silence que ‘Eglise nous donne. Par ailleurs, il y a entre autre le grand silence du vendredi saint après l’Office de la Passion. Quel usage faisons-nous de ces moments ? Terminons avec des citations de quelques pères de l’Eglise qu’aucune explication ne saurait mieux étayer si ce n’est le silence.

« La vraie prière est celle du silence » St Augustin

« Toi, tu cherches le désert et le jeûne, moi le silence » le silence est supérieur à l’ascèse. St Grégoire de Naziance

« Il n’y a qu’un seul Dieu, manifesté par Jésus-Christ, son Fils, qui est son verbe sorti du silence ». Ignace d’Antioche

Retenons !

On a vite fait de penser que le silence est l’affaire des prêtres, des religieux et religieuses dans les couvents ou monastères. Il est sûr que le prêtre a indispensablement besoin de moments de silence dans sa vie pour se ressourcer et savoir ce que Celui qui l’envoie attend de lui. Il le fera donc dans des prières comme l’oraison, l’adoration… mais ces prières ne sont pas seulement l’exclusivité du prêtre. Le chrétien en a également besoin pour sa marche en tant que « petit Christ ». A St Augustin de dire : « tu nous as fait pour toi Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi. ». Malheureusement, existe-t-il encore un moment dans nos vies où nous cherchons à nous reposer en lui? Loin de reprocher cette bataille pour la survie dans un monde si difficile, mais de poser un regard objectif sur la place accorder à Dieu dans nos journées. Le manque d’intimité réelle avec Dieu rend nos activités trop humaines. Passons de l’utile à l’agréable. Est-il utile que je marche en trainant les pieds ? Est-il utile que lorsque je mange, il y ait tout un concert autour de moi avec la cuillère, la fourchette… Nous faisons trop de bruit inutile et même si ces éléments présentent un aspect extérieur, leur fin est le début d’une adhésion à une certaine intériorité et contribuera pour beaucoup à nous faire entrer dans une

attitude silencieuse ; Car le manque d’intériorité fait qu’au 1^er vent, à la 1^ère tempête nous sommes perdus. Quand vient l’épreuve, c’était comme si nous n’avions jamais entendu la Bonne Nouvelle, comme si Dieu ne s’était jamais adressé à nous. Tout comme dans la parabole du semeur, nous sommes bien souvent comparables aux grains qui ont été semé dans les pierres ou encore dans les épines (Cf. Mt 13, 20-22).

Aussi, pouvons-nous retenir que le silence, qu’elle qu’en soit la nature, s’il ne permet pas une qualité d’écoute aux autres et à Dieu est vain. Dieu par cette attitude - silencieuse - veut s’unir à nous et nous transformer. Mais il est plus facile de transformer ce qui est stable, ouvert, disponible et non agité, bruyant car il est d’abord difficile de le saisir avant de vouloir procéder à une quelconque transformation. Terminons avec ce passage du journal de Ste Faustine N° 477 qui dit : « le silence est un glaive dans le combat spirituel, une âme bavarde n’arrivera jamais à la sainteté. Le glaive du silence coupera tout ce qui voudrait s’accrocher à l’âme. Nous sommes sensible en ce qui concerne la parole, et sensible nous voulons immédiatement répondre, sans nous demander si c’est la volonté de Dieu pour nous de parler. L’âme silencieuse est forte, si elle persévère dans le silence aucune contrariété ne la touchera. L’âme silencieuse est capable de s’unir à Dieu de la façon la plus profonde. Elle vit presque toujours sous l’inspiration de l’Esprit Saint. Dans l’âme silencieuse, Dieu agit sans rencontrer d’obstacle. »

Bonjour Gilles,

Et merci pour cette très belle image, et le texte qui l'accompagne !

Nous aimerions tous être assis sur ce banc, au bord de l'eau, en contemplation devant Dame Nature, et méditer...méditer !

Seigneur, permets-nous en ce jour nouveau qui commence, de prendre le temps de faire silence, et ainsi, trouver ta douce Présence tout au fond de notre coeur ! Merci, Seigneur, nous avons confiance, Tu le feras !