Conchita Cabrera de Armida

50. Sans mesure


C'est ainsi que je veux vous aimer, ô Jésus-Eucharistie, sans mesure, de toutes les forces de mon coeur, de toutes les énergies de mon âme.

Sans mesure dans la douleur; sans mesure dans l'amour; je veux vous aimer sans ces calculs mesquins de la nature, sans toutes ces étroitesses des coeurs légers. Donnez-moi aujourd'hui une générosité sans bornes, pour immoler à vos pieds mes affections, mes opinions et mes volontés. Puisque je vous ai tant offensé jusqu'à présent; et que j'ai été si infidèle et si ingrat envers Vous; Lumière de ma vie, donnez-moi maintenant de pleurer les jours perdus et de vous offrir une vie toute d'expiation et d'amour.

Combien de fois, ô Jésus qui m'écoutez, avez-vous jeté les yeux sur mes innombrables bassesses en même temps que je les regardais aussi? Combien de fois ai-je donné mon amour aux créatures pendant que vous m'offriez le vôtre? Vous m'avez poursuivi sans trève ni repos, et j'ai toujours fui votre divine présence.

Vous avez voulu placer votre demeure au centre de mon âme, ô Jésus, tandis que j'essayais de me tenir loin de vous!... Ô mon unique Maître! n'est-il pas vrai que mon ingratitude a été sans limites, comme aussi votre amour pour moi?

Ô ma gloire et mon trésor! je meurs de douleur, lorsque je contemple à la fois vos tendresses et le manque de délicatesse de mon coeur misérable.

Combien de fois n'avez-vous pas frappé à ma porte sans que je vous ouvre? Combien de fois vous ai-je préféré une créature pour un plaisir mauvais, pour une passion condamnable!

Hélas, mon Amour, mon Ciel! que votre bonté me pardonne et dissipe la tiédeur de mon âme! Vous qui avez supporté les âmes froides, ô Jésus, vous avez les tièdes en horreur; et cependant c'est en compagnie de la tiédeur que vous avez vécu dans mon pauvre coeur! Dissipez-la, Seigneur, changez et transformez cette pauvre âme qui veut être toute à vous! Je ne veux désormais respirer que pour Vous. Ayez pitié de ce misérable et recevez-le dans votre Coeur. Pourtant, ô Jésus, défiez-vous de moi, qui suis la petitesse même: c'est là ma mesure, mais Vous, mon Maître, vous êtes grand en tout: grand pour me supporter et pour m'aimer, grand pour dissimuler mes fautes et pour me les pardonner. C'est là votre mesure, la mesure de votre miséricorde qui n'a pas de mesure. Eh bien! employez-la en ma faveur et suppléez par votre amour à mon impuissance et à mon néant.

Vous qui êtes tout-puissant, enflammez mon coeur, et faites-le briller d'un feu céleste qui guérisse les plaies.

Ô mon Dieu, mon Dieu! brûlez-moi du feu de la Croix: je vous vois cloué sur elle, couronné d'épines, tout sanglant, et je ne puis contenir mon émotion profonde lorsque vous me dites dans un sourire, avec vos bras grands ouverts: "Ne crains pas, mon enfant, regarde, regarde, voici la mesure de mon amour, pleure et sois reconnaissant, parce que la mesure de mon amour pour toi, C'EST LA CROIX et la Croix n'a pas de mesure."

Amen!

J'aimerais tant transcrire encore d'autres citations. Peut-être à un autre moment, si j'en suis capable.

Conchita Cabrera de Armida
Conchita Cabrera de Armida, mère de neuf enfants (Mexico), recevait des locutions du Père, mais aussi du Christ qui portèrent de grands fruits spirituels. Son archevêque, Mgr Luis Maria Martinez la soutint et souhaita l’édition d’une partie de ces messages nombreux et pour la plupart encore inédits. Ces messages de 1927 à 1931 viennent d’être publiés chez Téqui, ils sont du plus haut niveau spirituel et théologique. En voici deux exemples représentatifs :
- Le Père lui confie qu’engendrant son Fils, Il marquait aussi ses prêtres à l’image de son sacerdoce (p36)
- Quand, de toute éternité, le Père engendre son Fils, en un certain sens, Il engendre en même temps les prêtres. C’est de là que procède l’engendrement spirituel et divin du prêtre, qui se fait dans et par celui du Christ, qui est le Grand Prêtre éternel. Cet engendrement, qui a lieu au cœur même de la Trinité, dans la pensée et le Cœur du Père, est sublime et saint. Il procède de l’amour divin, qui est l’Esprit Saint. De toute éternité, le Père se complait à contempler l’image de son Fils bien-aimé, en chacun de ses prêtres.
Ce texte met en lumière l’importance quasi ontologique du caractère sacerdotal des prêtres. Ma thèse sur le sacerdoce de Marie valorisait ce caractère ontologique du sacerdoce des prêtres.
Le concile Vatican II fit hâtivement un texte sur le sacerdoce des prêtres qui avait été trop oublié. Il se concentrait sur le côté fonctionnel du sacerdoce et la théologie ultérieure fut réductrice de sa dimension ontologique, et j’en fus alors influencé.
On ne s’arrêtait pas au caractère sacerdotal dans le texte conciliaire. C’est dans le texte sur les évêques que le concile analysait cette marque profonde et sa spécificité propre et supérieure chez les évêques, selon les travaux du Père Lécuyer, spiritain.
C’est alors que Paul VI qui avait interdit au concile de débattre sur cette question, innova en autorisant le mariage des prêtres jusque là interdit, en Orient comme en Occident, à l’abri d’une fiction juridique : leur réduction à l’état laïc.
Cela fit oublier que les prêtres ainsi réduits gardaient néanmoins le caractère ineffaçable de leur sacerdoce et qu’à l’article de la mort, en cas de guerre ou de naufrage, ils pouvaient réaliser les sacrements : confession, messe, onction des malades. Ils restent donc prêtres ontologiquement, irréversiblement.
La décision miséricordieuse de Paul VI à l’égard des prêtres qui abandonnent le sacerdoce a obscurci jusque chez les fidèles le respect traditionnel des prêtres.
Conchita Cabrera m’a fait reprendre conscience de cette dimension aujourd’hui méconnue du sacerdoce. Comme je l’ai déjà noté dans le dernier chapitre de mes mémoires (Fayard 2000).

Conchita perçoit aussi l’importance du rôle de Marie auprès des prêtres dans cette même ligne, sa maternité sacerdotale : (p55)
« Marie, est indispensable à cette sainte transformation ! Et comme elle sait que la grâce de l’Incarnation mystique est par excellence celle qui opère cette transformation, elle intervient personnellement pour faire que, par cette union transformante, chaque prêtre devienne son Jésus.
Cette union intime et transformante, Marie la désire pour chaque prêtre. Elle sait bien que l’Incarnation mystique est différente de la première Incarnation réelle et corporelle du Verbe divin qui a eu lieu en son sein. Mais, elle obtient que, par grâce, le reflet de cette Incarnation s’opère mystiquement dans l’âme sacerdotale et reproduise fidèlement la première, sous la forme d’une union transformante du prêtre en moi, son Jésus, en qui Marie se reconnaît et pour lequel bat son Cœur… »
Elle éclaire ainsi d’un jour nouveau ce que j‘ai précisé dans la Vie de
Marie Deluil Martiny, Précurseur et martyre ( Fayard 2003) :
Marie seule cause humaine du sacerdoce du Christ devenu prêtre et victime par sa condition humaine, participe la première et plus que toute autre à son sacerdoce de l’Incarnation à la Rédemption au Calvaire (Jean 19, 25-27).
Elle est ainsi à la source et au fondement du sacerdoce dans sa dimension spirituelle et ontologique mais non dans la fonction presbytérale. Elle n’avait pas fonction ni pouvoir pour célébrer la messe et autres attributions ministérielles des prêtres.

Titre du livre : A ceux que j’aime plus que tout
de Conchita Cabrera de Armida
Editeur : Pierre Téqui Paris 2009

Emmanuel a écrit:Bonjour simplet,

Je ne connaissais pas les ouvrages dont vous parliez. Merci de nous les partager.

J'ai beaucoup aimé faire la lecture des "écrits spirituels" de Conchita, qui relatent sa vie et les conversations qu'elle a eues avec Jésus, dans son long parcours spirituel. Je crois qu'il y a plus d'une dizaine de tomes. J'ai eu l'occasion de lire les deux premiers, car, la traduction en français, au moment de cette lecture, n'était pas encore terminée.





Il y a aussi le petit livre de méditations merveilleux, "Devant l'autel", idéal pour les heures d'adoration au Saint-Sacrement. Comme ces méditations sont belles!



En voici une, tirée au hasard dans le livre:

50. Sans mesure


C'est ainsi que je veux vous aimer, ô Jésus-Eucharistie, sans mesure, de toutes les forces de mon coeur, de toutes les énergies de mon âme.

Sans mesure dans la douleur; sans mesure dans l'amour; je veux vous aimer sans ces calculs mesquins de la nature, sans toutes ces étroitesses des coeurs légers. Donnez-moi aujourd'hui une générosité sans bornes, pour immoler à vos pieds mes affections, mes opinions et mes volontés. Puisque je vous ai tant offensé jusqu'à présent; et que j'ai été si infidèle et si ingrat envers Vous; Lumière de ma vie, donnez-moi maintenant de pleurer les jours perdus et de vous offrir une vie toute d'expiation et d'amour.

Combien de fois, ô Jésus qui m'écoutez, avez-vous jeté les yeux sur mes innombrables bassesses en même temps que je les regardais aussi? Combien de fois ai-je donné mon amour aux créatures pendant que vous m'offriez le vôtre? Vous m'avez poursuivi sans trève ni repos, et j'ai toujours fui votre divine présence.

Vous avez voulu placer votre demeure au centre de mon âme, ô Jésus, tandis que j'essayais de me tenir loin de vous!... Ô mon unique Maître! n'est-il pas vrai que mon ingratitude a été sans limites, comme aussi votre amour pour moi?

Ô ma gloire et mon trésor! je meurs de douleur, lorsque je contemple à la fois vos tendresses et le manque de délicatesse de mon coeur misérable.

Combien de fois n'avez-vous pas frappé à ma porte sans que je vous ouvre? Combien de fois vous ai-je préféré une créature pour un plaisir mauvais, pour une passion condamnable!

Hélas, mon Amour, mon Ciel! que votre bonté me pardonne et dissipe la tiédeur de mon âme! Vous qui avez supporté les âmes froides, ô Jésus, vous avez les tièdes en horreur; et cependant c'est en compagnie de la tiédeur que vous avez vécu dans mon pauvre coeur! Dissipez-la, Seigneur, changez et transformez cette pauvre âme qui veut être toute à vous! Je ne veux désormais respirer que pour Vous. Ayez pitié de ce misérable et recevez-le dans votre Coeur. Pourtant, ô Jésus, défiez-vous de moi, qui suis la petitesse même: c'est là ma mesure, mais Vous, mon Maître, vous êtes grand en tout: grand pour me supporter et pour m'aimer, grand pour dissimuler mes fautes et pour me les pardonner. C'est là votre mesure, la mesure de votre miséricorde qui n'a pas de mesure. Eh bien! employez-la en ma faveur et suppléez par votre amour à mon impuissance et à mon néant.

Vous qui êtes tout-puissant, enflammez mon coeur, et faites-le briller d'un feu céleste qui guérisse les plaies.

Ô mon Dieu, mon Dieu! brûlez-moi du feu de la Croix: je vous vois cloué sur elle, couronné d'épines, tout sanglant, et je ne puis contenir mon émotion profonde lorsque vous me dites dans un sourire, avec vos bras grands ouverts: "Ne crains pas, mon enfant, regarde, regarde, voici la mesure de mon amour, pleure et sois reconnaissant, parce que la mesure de mon amour pour toi, C'EST LA CROIX et la Croix n'a pas de mesure."

Amen!

Union de prières,

Emmanuel