Grain à moudre : Le Peuple a faim !
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Grain à moudre : Le Peuple a faim !
J'aimerais que ce fil soit utilisé uniquement pour y mettre des textes du Pape, des Saints et Saintes RECONNUS par l'Église. Que du RECONNU par l'ÉGLISE CATHOLIQUE ROMAINE.
Voici le premier :
Voici le premier :
Angelus de Benoît XVI : celui qui a confiance dans le Seigneur a un cœur sage
Le 02 août 2010 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - A 12h hier dimanche, le pape Benoît XVI s'est montré au balcon de la Cour intérieure du Palais Apostolique de Castel Gandolfo pour réciter l'Angelus avec les fidèles et pèlerins présents.
Paroles du Saint-Père avant la prière de l'Angelus
Chers frères et sœurs,
Ces derniers jours, nous fêtons la mémoire liturgique de quelques Saints. Hier nous avons fêté saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus. Il vécut au XVIe siècle et se convertit en lisant la vie de Jésus et d'autres Saints pendant un long alitement causé par une blessure survenue au combat. Il resta tellement impressionné par ces pages, qu'il décida de suivre le Seigneur. Aujourd'hui nous fêtons Saint Alphonse-Marie de Liguori, fondateur des Rédemptoristes, qui vécut au XVIIIe siècle et fut proclamé patron des confesseurs par le Vénérable Pie XII. Il prit conscience que Dieu nous veut tous saints, chacun selon notre nature propre. Cette semaine, la liturgie nous propose ensuite, saint Eusèbe, premier Évêque du Piémont, ardent défenseur de la divinité du Christ, et, enfin, la figure de saint Jean Marie Vianney, Curé d'Ars, qui a guidé par son exemple l'Année Sacerdotale à peine conclue, et à l'intercession duquel je confie à nouveau tous les Pasteurs de l'Église. L'engagement commun de ces Saints a été celui de sauver les âmes et de servir l'Église par leurs charismes respectifs, en contribuant à la renouveler et à l'enrichir. Ces hommes ont acquis « un cœur sage » (Ps 89.12), en cumulant ce qui n'est pas corrompu et en rejetant ce qui est irrémédiablement changeant au fil du temps : le pouvoir, la richesse et les plaisirs éphémères . En choisissant Dieu, ils ont possédé tout ce qui est nécessaire, ayant un avant-goût de l'éternité dès la vie terrestre (cfr Qo, 1-5).
Dans l'Évangile de ce dimanche, l'enseignement de Jésus concerne justement la véritable sagesse et est introduit par la question de quelqu'un parmi la foule : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage » (Lc 12.13). Jésus, en répondant, met en garde les auditeurs de désirer ardemment les biens terrestres par la parabole du riche insensé, qui, en ayant cumulé pour lui une abondante récolte, cesse de travailler, il profite de ses biens en s'amusant et il se leurre même de pouvoir éloigner la mort. Mais Dieu lui dit : « Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l'aura ? » (Lc 13.20). L'homme insensé dans la Bible est celui qui ne veut pas se rendre compte de l'expérience des choses visibles, que rien ne dure toujours, mais tout passe : la jeunesse comme la force physique, le confort comme l'usage du pouvoir. Faire dépendre sa vie de réalités si passagères est, donc, sottise. L'homme qui a confiance dans le Seigneur, par contre, ne craint pas les adversités de la vie, même pas la réalité inéluctable de la mort : il est l'homme qui a acquis « un cœur sage », comme les Saints.
En adressant notre prière à Marie Très sainte, je désire me rappeler d'autres fêtes significatives : demain on pourra obtenir l'indulgence dite de la Portioncule ou « Pardon d'Assise », que Saint François obtint, en 1216, du pape Honorius III; jeudi 5 août, en commémorant la Dédicace de la Basilique de S. Marie Majeure, nous honorerons la Mère de Dieu acclamée par ce titre par le concile d'Ephèse de 431, et vendredi prochain, anniversaire de la mort du Pape Paul VI, nous célébrerons la fête de la Transfiguration du Seigneur. La date du 6 août, considérée comme le point culminant de la lumière de l'été, fut choisie pour signifier que la splendeur du visage du Christ éclaire le monde entier.
Le Saint-Père s'adresse aux pèlerins francophones
J’accueille avec joie les pèlerins francophones ! La liturgie de ce jour nous questionne sur le sens profond de notre quête d’avoir, de pouvoir et de savoir. Prise et comprise comme une fin en soi, la richesse cesse d’être le moyen nécessaire pour une existence juste et digne. Par l’intercession de la Vierge Marie et de Saint Alphonse-Marie de Liguori, puissions-nous utiliser nos biens en participant positivement à l’œuvre de la création divine et en étant pleinement solidaires avec tout être humain, surtout celui qui est dans le besoin. Bon dimanche à tous !
Benoît XVI se félicite de l'entrée en vigueur de la Convention sur l'interdiction des armes à sous-munitions
Un résultat important dans le domaine
du désarmement et des droits humains
A l'issue de l'Angelus, le Pape Benoît XVI a évoqué l'entrée en vigueur de la Convention sur l'interdiction des armes à sous-munitions:
Je désire exprimer ma profonde satisfaction pour l'entrée en vigueur, précisément aujourd'hui, de la Convention sur l'interdiction des armes à sous-munitions, qui provoquent des dommages inacceptables aux civils. Ma première pensée va aux nombreuses victimes qui ont souffert et qui continuent de souffrir à la suite de graves dommages physiques et moraux, allant jusqu'à la perte de la vie, à cause de ces armes insidieuses, dont la présence sur le terrain empêche souvent et pour longtemps la reprise des activités quotidiennes de communautés entières. Avec l'entrée en vigueur de la nouvelle Convention, à laquelle j'invite tous les Etats à adhérer, la communauté internationale a fait preuve de sagesse, de clairvoyance et d'une capacité à parvenir à un résultat important dans le domaine du désarmement et du droit humanitaire international. J'exprime le souhait et l'encouragement que l'on continue avec une vigueur toujours plus forte sur ce chemin, en vue de la défense de la dignité et de la vie humaine, de la promotion du développement humain intégral, de l'établissement d'un ordre international pacifique et de la réalisation du bien commun de toutes les personnes et de tous les peuples. (©L'Osservatore Romano - 3 août 2010)
Texte original du discours du Saint Père ► ANGELUS
Regarder la vidéo en Italien
Sources : www.vatican.va - (© traduction E.S.M.)
© Copyright 2009 - 02.08.2010 - T/Benoît XVI
Danielle- Enfant de Dieu
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Re: Grain à moudre : Le Peuple a faim !
De saint AUGUSTIN :
« Pourquoi avons-nous reçu les arrhes (de l’Esprit), sinon pour ne pas défaillir de faim et de soif au cours de notre voyage ? Nous avons en effet faim et soif, du moins si nous nous reconnaissons voyageurs. Quiconque est et se reconnaît voyageur, désire retourner dans la patrie. Tant qu’il le désire, le voyage lui est pénible... Mais notre patrie n’est pas telle que nous lui préférions un autre pays... Laissons donc le monde perdre sa valeur, aimons celui qui a fait le monde » (Sermon 378).
« Pourquoi avons-nous reçu les arrhes (de l’Esprit), sinon pour ne pas défaillir de faim et de soif au cours de notre voyage ? Nous avons en effet faim et soif, du moins si nous nous reconnaissons voyageurs. Quiconque est et se reconnaît voyageur, désire retourner dans la patrie. Tant qu’il le désire, le voyage lui est pénible... Mais notre patrie n’est pas telle que nous lui préférions un autre pays... Laissons donc le monde perdre sa valeur, aimons celui qui a fait le monde » (Sermon 378).
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Re: Grain à moudre : Le Peuple a faim !
Dans son livre le Royaume de Jésus, publié en 1637, Jean Eudes écrivait déjà : “Ô Jésus, que toutes mes conversations avec le prochain soient consacrées à l’honneur des divines conversations que Vous avez eues en la terre avec les hommes. Faites-moi participant, s’il vous plaît, de l’humilité, douceur, modestie et charité en lesquelles Vous avec conversé avec toutes sortes de personnes.”
Plus tard, en 1662: “Dieu nous garde de faire jamais notre volonté et nous fasse la grâce de reconnaître que nous n’avons pas d’autre affaire en ce monde que de faire en tout et partout la sienne, avec un grand coeur et un grand amour.”
En 1668, au seuil de la vieillesse, Saint Jean Eudes éprouva le besoin de renouveler l’offrande de sa jeunesse en écrivant un long contrat d’une Sainte alliance avec la très sacrée Vierge Marie, Mère de Dieu, dans lequel il écrivait:“Comme l’époux et l’épouse doivent demeurer dans la même maison, je souhaite aussi de demeurer avec vous dans le très aimable Cœur de Jésus , qui est votre coeur .”
Jean Eudes était doté d’un tempérament autoritaire et dominateur qu’il eut à vaincre tout au long de sa vie, et la sérénité de ses dernières années fut le fruit d’un long travail de Dieu en lui, et d’une longue familiarité avec Jésus et Marie. “Il dut souvent contempler Jésus dans sa très profonde humilité ou dans sa très grande patience, mansuétude et bénignité. Il s’est donné à lui pour entrer dans son esprit d’humilité et de douceur, pour que Jésus lui-même anéantisse ce qui s’opposait en lui à ces vertus, et les fasse vivre et régner en son coeur.”
Pour conclure ce chapitre sur le Cœur de Jésus tel que l’a compris Saint Jean Eudes, peut-être n’est-il pas inutile de citer le cri de sa foi.
“Si je me croyais, je ne voudrais jamais tenir d’autre langage que celui de JÉSUS, et je ne dirais ni écrirais jamais que cette seule parole: JÉSUS. JÉSUS est un nom admirable qui, par sa grandeur immense, remplit le ciel et la terre, le temps et l’éternité, tous les esprits et tous les coeurs des anges et des saints, et qui remplit et occupe même durant toute l’éternité la capacité infinie du Cœur de Dieu... ce serait un saint et délicieux langage si, en la terre, on pouvait parler et se faire entendre sans proférer autre chose que cette aimable parole: JÉSUS, JÉSUS. Tant que le coeur me battra dans la poitrine... je ne prêcherai ni écrirai jamais autre chose que JÉSUS et je ne veux point avoir de vie ni d’esprit, ni de langue, ni de plume, que pour annoncer de bouche et par écrit les merveilles et les miséricordes de ce glorieux Nom... Mais j’aimerais beaucoup mieux un coeur pour l’aimer qu’une plume et qu’une langue pour en écrire et en parler. Seigneur, vous pouvez me donner l’un et l’autre, c’est ce que j’espère de votre infinie bonté.”
Plus tard, en 1662: “Dieu nous garde de faire jamais notre volonté et nous fasse la grâce de reconnaître que nous n’avons pas d’autre affaire en ce monde que de faire en tout et partout la sienne, avec un grand coeur et un grand amour.”
En 1668, au seuil de la vieillesse, Saint Jean Eudes éprouva le besoin de renouveler l’offrande de sa jeunesse en écrivant un long contrat d’une Sainte alliance avec la très sacrée Vierge Marie, Mère de Dieu, dans lequel il écrivait:“Comme l’époux et l’épouse doivent demeurer dans la même maison, je souhaite aussi de demeurer avec vous dans le très aimable Cœur de Jésus , qui est votre coeur .”
Jean Eudes était doté d’un tempérament autoritaire et dominateur qu’il eut à vaincre tout au long de sa vie, et la sérénité de ses dernières années fut le fruit d’un long travail de Dieu en lui, et d’une longue familiarité avec Jésus et Marie. “Il dut souvent contempler Jésus dans sa très profonde humilité ou dans sa très grande patience, mansuétude et bénignité. Il s’est donné à lui pour entrer dans son esprit d’humilité et de douceur, pour que Jésus lui-même anéantisse ce qui s’opposait en lui à ces vertus, et les fasse vivre et régner en son coeur.”
Pour conclure ce chapitre sur le Cœur de Jésus tel que l’a compris Saint Jean Eudes, peut-être n’est-il pas inutile de citer le cri de sa foi.
“Si je me croyais, je ne voudrais jamais tenir d’autre langage que celui de JÉSUS, et je ne dirais ni écrirais jamais que cette seule parole: JÉSUS. JÉSUS est un nom admirable qui, par sa grandeur immense, remplit le ciel et la terre, le temps et l’éternité, tous les esprits et tous les coeurs des anges et des saints, et qui remplit et occupe même durant toute l’éternité la capacité infinie du Cœur de Dieu... ce serait un saint et délicieux langage si, en la terre, on pouvait parler et se faire entendre sans proférer autre chose que cette aimable parole: JÉSUS, JÉSUS. Tant que le coeur me battra dans la poitrine... je ne prêcherai ni écrirai jamais autre chose que JÉSUS et je ne veux point avoir de vie ni d’esprit, ni de langue, ni de plume, que pour annoncer de bouche et par écrit les merveilles et les miséricordes de ce glorieux Nom... Mais j’aimerais beaucoup mieux un coeur pour l’aimer qu’une plume et qu’une langue pour en écrire et en parler. Seigneur, vous pouvez me donner l’un et l’autre, c’est ce que j’espère de votre infinie bonté.”
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Re: Grain à moudre : Le Peuple a faim !
Nada te turbe
Ste Thérèse d'AVILA
Nada te turbe,
Nada te espante,
Todo se pasa,
Dios no se muda,
La paciencia
Todo lo alcanza
Quien a Dios tiene
Nada le falta:
Sólo Dios basta
Que rien ne te trouble
Que rien ne t’effraie
Tout passe,
Dieu ne change pas,
La patience
Obtient tout ;
Celui qui a Dieu
ne manque de rien
Dieu seul suffit
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Re: Grain à moudre : Le Peuple a faim !
Les degrés de l’amour
Le premier de degré est l’amour de l’homme pour lui-même. Amour naturel et charnel par lequel l’homme s’aime lui-même, pour lui-même. Comme l’apôtre Paul l’avait écrit dans sa première lettre aux Corinthiens : ce n’est pas le spirituel mais le naturel qui commence ( saint Paul, I Cor, XV, 46). « Ce n’est pas ce qui est spirituel qui a été d’abord, c’est ce qui est animal ; ce qui est spirituel vient ensuite. Le premier homme, tiré de la terre est terrestre ; le second vient du ciel »
L’état normal du corps est la santé, l’état normal du cœur est la pureté. Cet amour de l’homme envers lui-même n’est pas un précepte, il est imprimé dans la nature : « personne ne hait sa propre chair, est-il écrit dans la lettre aux Ephésiens V, 29).
Cet amour pour soi-même est de l’ordre du naturel, de la nécessité, il vise tout ce qui est nécessaire au maintien et à l’entretien de la nature, et surtout du corps. L’homme peut en souffrir, il peut espérer en être délivré dans une autre vie, mais c’est une faiblesse congénitale dont il ne saurait être relevé dans la vie présente et qu’il n’a pas à se reprocher.
Pour l’enfant cet amour est prépondérant. C’est ce qui permet de vivre. Pour l’adulte et dans la conception de saint Bernard, l’état normal du corps est la santé. Soulignons également que notre corps est notre unique moyen matériel d’être sauvé et de devenir libre, rappelons que le plus rude des ascètes ne peut vaquer à la contemplation des choses divines qu’aussi longtemps que son corps le lui permet.
Cependant n’oublions pas que Bernard avait écrit : « L’amour est une affection naturelle. Or ce qui est naturel…c’est d’aimer avant tout l’auteur de la nature. » C’est à dire Dieu. Apparemment il y a donc une contradiction. Contradiction apparente car c’est en aimant Dieu, que nous aimerons tous ses bienfaits et ce premier bienfait c’est de vivre dans une nature corporelle que nous aimons naturellement. L’amour de Dieu est premier en droit, l’amour charnel est premier en fait : comment revenir, de cet état de fait, à l’état de droit qui devrait exister, c’est toute la question, écrit Etienne Gilson dans son livre la théologie mystique de saint Bernard.
Malheureusement cet amour charnel du moi qui est naturel, nécessaire, inné, se pervertit en cupidité. La cupidité est le dérèglement de l’amour charnel : on s’aime, on aime les biens humains, au delà de toutes règles. Le terme de perversion est juste car il s’agit bien d’une perversion de la capacité d’amour ou de désir en l’homme qui se lance à la quête avide et sans frein de la jouissance des biens terrestres. «L’amour charnel sort du lit de la nécessité et s’épand au point de déborder au delà dans les champs de la volupté, écrit Bernard dans son traité. » (chapitre VIII, 23).
Dans le chapitre VII, 18 et 19 : Bernard nous décrit cet homme en proie au désir perverti, cet homme jamais satisfait, ( ce qui est bien la situation de l’homme moderne) : « Quoi qu’on ait obtenu, on n’en désire pas moins ce qu’on ne possède pas, et toujours on s’inquiète à rechercher ce qui manque » plus loin : « Si tu veux satisfaire tous tes désirs, c’est à dire si tu veux saisir l’objet qui, une fois capté, ne te laissera plus rien à désirer, pourquoi te mettre à quérir toujours une autre chose ? Tu cours par des chemins détournés et tu mourras, bien avant que tu parviennes, à travers tous ces circuits, à ce que tu souhaites. » Plus loin encore au paragraphe 20 : « Ceux qui veulent atteindre tout ce qu’ils convoitent peinent sur un long chemin et travaillent en vain, car ils ne peuvent parvenir à toucher la fin de leurs désirs. » Bernard appelle cela le cercle des impies, une course folle, l’emprisonnement dans les désirs de biens terrestres qui n’ont pas de fin, car qui peut obtenir l’univers. Par définition le désir en soi ne peut jamais être satisfait, car le propre du désir c’est de désirer ce qu’on n’a pas, puisque dès que l’objet désiré est obtenu, on ne le désire plus.
Mais ce qui est vraiment moderne chez Bernard, c’est qu’il ne remet pas en cause le désir en lui-même. Ainsi il donne une définition très moderne du désir : « Il est dans la nature de l’être raisonnable de désirer ce qui lui semble meilleur que ce qu’il possède déjà et de ne pas être satisfait d’une chose lorsque précisément elle manque de ce qu’on voudrait trouver en elle » Chapitre VII, 18.
Or qu’est-ce qui manque le plus à l’Homme sinon Dieu. Pour Bernard, le désir est bien cette capacité d’amour, cette énergie dans l’homme. Ainsi désir et amour sont de même nature. Et la perversion de cet amour, de ce désir, c’est le désir et l’amour des biens terrestres.
Ainsi la loi de la cupidité est l’opposé de la loi de charité : la cupidité n’est autre que l’amour qui se répand partout sauf vers sa fin, c’est en quelque sorte le désir de Dieu qui s’ignore.
L’élan intérieur de la cupidité est la marque, chez l’homme, de l’excellence de la nature qui ne peut être satisfaite que par la conquête du bien infini. Citons Bernard : « S’il était possible à un homme pendant sa courte vie, d’explorer et d’expérimenter tout le fini des biens multiples de l’univers, il ne tarderait pas, ayant obtenu puis dédaigné tout ce qui est dans le ciel et sur la terre, à courir enfin vers celui qui seul lui manquait, vers le Dieu de toutes choses » chapitre VII, 19. Mais la vie est courte et dans ce cercle des impies l’homme risque de se perdre.
Le premier de degré est l’amour de l’homme pour lui-même. Amour naturel et charnel par lequel l’homme s’aime lui-même, pour lui-même. Comme l’apôtre Paul l’avait écrit dans sa première lettre aux Corinthiens : ce n’est pas le spirituel mais le naturel qui commence ( saint Paul, I Cor, XV, 46). « Ce n’est pas ce qui est spirituel qui a été d’abord, c’est ce qui est animal ; ce qui est spirituel vient ensuite. Le premier homme, tiré de la terre est terrestre ; le second vient du ciel »
L’état normal du corps est la santé, l’état normal du cœur est la pureté. Cet amour de l’homme envers lui-même n’est pas un précepte, il est imprimé dans la nature : « personne ne hait sa propre chair, est-il écrit dans la lettre aux Ephésiens V, 29).
Cet amour pour soi-même est de l’ordre du naturel, de la nécessité, il vise tout ce qui est nécessaire au maintien et à l’entretien de la nature, et surtout du corps. L’homme peut en souffrir, il peut espérer en être délivré dans une autre vie, mais c’est une faiblesse congénitale dont il ne saurait être relevé dans la vie présente et qu’il n’a pas à se reprocher.
Pour l’enfant cet amour est prépondérant. C’est ce qui permet de vivre. Pour l’adulte et dans la conception de saint Bernard, l’état normal du corps est la santé. Soulignons également que notre corps est notre unique moyen matériel d’être sauvé et de devenir libre, rappelons que le plus rude des ascètes ne peut vaquer à la contemplation des choses divines qu’aussi longtemps que son corps le lui permet.
Cependant n’oublions pas que Bernard avait écrit : « L’amour est une affection naturelle. Or ce qui est naturel…c’est d’aimer avant tout l’auteur de la nature. » C’est à dire Dieu. Apparemment il y a donc une contradiction. Contradiction apparente car c’est en aimant Dieu, que nous aimerons tous ses bienfaits et ce premier bienfait c’est de vivre dans une nature corporelle que nous aimons naturellement. L’amour de Dieu est premier en droit, l’amour charnel est premier en fait : comment revenir, de cet état de fait, à l’état de droit qui devrait exister, c’est toute la question, écrit Etienne Gilson dans son livre la théologie mystique de saint Bernard.
Malheureusement cet amour charnel du moi qui est naturel, nécessaire, inné, se pervertit en cupidité. La cupidité est le dérèglement de l’amour charnel : on s’aime, on aime les biens humains, au delà de toutes règles. Le terme de perversion est juste car il s’agit bien d’une perversion de la capacité d’amour ou de désir en l’homme qui se lance à la quête avide et sans frein de la jouissance des biens terrestres. «L’amour charnel sort du lit de la nécessité et s’épand au point de déborder au delà dans les champs de la volupté, écrit Bernard dans son traité. » (chapitre VIII, 23).
Dans le chapitre VII, 18 et 19 : Bernard nous décrit cet homme en proie au désir perverti, cet homme jamais satisfait, ( ce qui est bien la situation de l’homme moderne) : « Quoi qu’on ait obtenu, on n’en désire pas moins ce qu’on ne possède pas, et toujours on s’inquiète à rechercher ce qui manque » plus loin : « Si tu veux satisfaire tous tes désirs, c’est à dire si tu veux saisir l’objet qui, une fois capté, ne te laissera plus rien à désirer, pourquoi te mettre à quérir toujours une autre chose ? Tu cours par des chemins détournés et tu mourras, bien avant que tu parviennes, à travers tous ces circuits, à ce que tu souhaites. » Plus loin encore au paragraphe 20 : « Ceux qui veulent atteindre tout ce qu’ils convoitent peinent sur un long chemin et travaillent en vain, car ils ne peuvent parvenir à toucher la fin de leurs désirs. » Bernard appelle cela le cercle des impies, une course folle, l’emprisonnement dans les désirs de biens terrestres qui n’ont pas de fin, car qui peut obtenir l’univers. Par définition le désir en soi ne peut jamais être satisfait, car le propre du désir c’est de désirer ce qu’on n’a pas, puisque dès que l’objet désiré est obtenu, on ne le désire plus.
Mais ce qui est vraiment moderne chez Bernard, c’est qu’il ne remet pas en cause le désir en lui-même. Ainsi il donne une définition très moderne du désir : « Il est dans la nature de l’être raisonnable de désirer ce qui lui semble meilleur que ce qu’il possède déjà et de ne pas être satisfait d’une chose lorsque précisément elle manque de ce qu’on voudrait trouver en elle » Chapitre VII, 18.
Or qu’est-ce qui manque le plus à l’Homme sinon Dieu. Pour Bernard, le désir est bien cette capacité d’amour, cette énergie dans l’homme. Ainsi désir et amour sont de même nature. Et la perversion de cet amour, de ce désir, c’est le désir et l’amour des biens terrestres.
Ainsi la loi de la cupidité est l’opposé de la loi de charité : la cupidité n’est autre que l’amour qui se répand partout sauf vers sa fin, c’est en quelque sorte le désir de Dieu qui s’ignore.
L’élan intérieur de la cupidité est la marque, chez l’homme, de l’excellence de la nature qui ne peut être satisfaite que par la conquête du bien infini. Citons Bernard : « S’il était possible à un homme pendant sa courte vie, d’explorer et d’expérimenter tout le fini des biens multiples de l’univers, il ne tarderait pas, ayant obtenu puis dédaigné tout ce qui est dans le ciel et sur la terre, à courir enfin vers celui qui seul lui manquait, vers le Dieu de toutes choses » chapitre VII, 19. Mais la vie est courte et dans ce cercle des impies l’homme risque de se perdre.
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Re: Grain à moudre : Le Peuple a faim !
Nous en venons au deuxième degré de l’amour et premier degré de l’amour de Dieu.
Au premier degré de l’amour, l’homme s’aime lui-même, dans sa nature (la cupidité telle que nous l’avons décrite étant une corruption, une déviation morbide de cet amour). Il ne connaît rien d’autre que lui-même à aimer. Cependant il y a le prochain, son frère, les autres qui comme lui réclament aussi d’être aimés. Sur ce point nous sommes tous égaux.
Les tribulations causées par la cupidité et qui accablent l’homme, créent des insatisfactions, des frustrations, des souffrances, cette misère que chaque homme partage. Sur ce point également nous sommes tous égaux.
Cette condition humaine oblige l’homme qui réfléchit (Bernard emploie aussi le terme de raison) à regarder Dieu, à s’adresser à lui. Il écrit dans le chapitre VIII, 25 : « Lorsqu’il (l’homme) voit qu’il ne peut subsister par lui-même, il commence à chercher Dieu par la foi, puis à l’aimer comme lui étant nécessaire. C’est pourquoi dans le second degré, l’homme aime Dieu ; cependant il l’aime encore pour soi, non pas pour Dieu lui-même. »
C’est un commencement, une conversion. Dieu est aimé comme le créateur, le donateur, le tout puissant, le protecteur, le secours. On l’aime pour notre délivrance, notre intérêt. Pour Bernard c’est une forme d’amour mercenaire, différent de la charité. Cependant, de cette forme d’amour de Dieu peuvent sortir des œuvres bonnes.
Le sentiment qui anime ce degré, est la crainte, la peur de Dieu, le besoin de protection. Cet homme n’est pas libre, son amour est servile, esclave, mercenaire, ce sont les termes employés par saint Bernard.
C’est le lot d’un très grand nombre de croyants, qui souvent s’éloignent de Dieu, mais reviennent à lui, tant ils sentent qu’ils ont besoin de Lui, de son secours. En fait les deux premiers degrés de l’amour se mêlent le plus souvent, les sentiments se trouvent ensemble chez une même personne.
Le troisième degré de l’amour et le second degré de l’amour de Dieu.
Le passage d’un amour utilitaire, mercenaire à un amour désintéressé n’est pas véritablement évoqué dans le traité de saint Bernard. Ce passage est une ascèse, il est issu d’un travail intérieur, de multiples méditations, de la lectio divina, de prières. Le monastère est ce lieu d’apprentissage, cette école où on apprend à aimer Dieu.
Ce lieu on l’on entre en familiarité avec Dieu. Dieu peu à peu se fait connaître, l’homme fait l’expérience de sa douceur, de sa bonté, et commence à l’aimer pour lui-même. Et pour rejoindre l’expression de Guillaume de saint Thierry, l’homme doit être ce maître dont la fonction est d’enseigner à son prochain l’amour de Dieu qui est en lui, comment on le purifie, comment on le fait croître, comment on le consolide. Tout ce qu’il peut faire est d’instruire les âmes à céder à la charité. Mais cette élévation est aussi une Grâce prévenante et coopérante, cette « infusion » directe de la charité par le Saint Esprit.
Lorsque dans un premier temps l’homme aime Dieu pour soi, c’est à dire pour les bienfaits qu’il en tire, qu’il espère, il commence déjà à discerner ce qu’il peut par lui-même et ce qu’il obtient par la Grâce de Dieu.
L’homme commence à se connaître et à connaître Dieu.
Pour Bernard cette capacité de discernement est une forme de sagesse. Bernard écrit dans le chapitre X, 26 : « Si de fréquentes tribulations fondent sur toi et t’obligent autant de fois à recourir à Dieu pour en être autant de fois délivré, ne faudrait-il pas que tu aies une poitrine de fer et un cœur de pierre pour ne pas être touché, chaque fois que tu auras été secouru, de la bonté de ton libérateur et pour ne pas commencer à l’aimer pour lui-même et non plus seulement pour toi. »
Il y a donc un changement, une élévation : on commence à aimer Dieu non pas uniquement parce qu’il est la toute puissance, le Bienfaiteur, mais parce qu’il est le Bien et l’Amour infini. Et on aime son prochain parce qu’il est de Dieu, c’est en cela qu’il est notre frère, comme on s’aime soi-même pour la même raison, parce que nous sommes de Dieu.
L’amour de Dieu se purifie. On aime Dieu non pas parce qu’il est bon pour soi, mais parce qu’il est bon en soi. On aime Dieu d’un amour filial. On suit la volonté de Dieu ordonnateur de la charité. Cette loi de Dieu qui est la charité n’est autre que l’Esprit Saint qui est amour unissant le Père au Fils dans la Trinité. Cette loi divine n’est pas promulguée contre l’esprit de crainte mais dans un esprit de liberté, elle n’est pas faite pour contraindre, mais pour libérer. On l’accepte volontairement. La volonté divine avec laquelle fusionne la volonté humaine passe au premier plan. L’unité d’esprit avec Dieu réalise cette désappropriation de la volonté humaine et son absorption dans la volonté divine.
Voici ce qu’écrit Bernard dans son traité : « O saint et chaste amour, ô douce et suave affection ! O intention pure et dépouillée de la volonté ! d’autant plus pure et plus dépouillée qu’elle n’est mêlée d’aucune volonté propre ; d’autant plus suave et plus douce que ce qu’elle éprouve est tout entier divin ! En arriver à cette affection c’est être déifié. De même qu’une petite goutte d’eau mêlée à beaucoup de vin semble se perdre entièrement, en prenant la saveur et la couleur du vin ; et de même que le fer rougi et incandescent devient semblable au feu, comme s’il avait perdu sa forme première et particulière ; et de même que l’air, rempli de la lumière du soleil, se transforme en la clarté même de cette lumière, à tel point qu’il semble plutôt éclairer qu’être éclairé lui-même. De même il faut nécessairement que, chez les saints, toute affection humaine se fonde d’une certaine manière et se transpose entièrement, si l’on peut ainsi s’exprimer, dans la volonté de Dieu. » Chapitre X, 28.
Par la répudiation de sa volonté propre, l’homme recouvre sa ressemblance à Dieu, l’âme retrouve sa vraie nature, elle se conforme à la ressemblance divine dans laquelle elle a été créée.
Au premier degré de l’amour, l’homme s’aime lui-même, dans sa nature (la cupidité telle que nous l’avons décrite étant une corruption, une déviation morbide de cet amour). Il ne connaît rien d’autre que lui-même à aimer. Cependant il y a le prochain, son frère, les autres qui comme lui réclament aussi d’être aimés. Sur ce point nous sommes tous égaux.
Les tribulations causées par la cupidité et qui accablent l’homme, créent des insatisfactions, des frustrations, des souffrances, cette misère que chaque homme partage. Sur ce point également nous sommes tous égaux.
Cette condition humaine oblige l’homme qui réfléchit (Bernard emploie aussi le terme de raison) à regarder Dieu, à s’adresser à lui. Il écrit dans le chapitre VIII, 25 : « Lorsqu’il (l’homme) voit qu’il ne peut subsister par lui-même, il commence à chercher Dieu par la foi, puis à l’aimer comme lui étant nécessaire. C’est pourquoi dans le second degré, l’homme aime Dieu ; cependant il l’aime encore pour soi, non pas pour Dieu lui-même. »
C’est un commencement, une conversion. Dieu est aimé comme le créateur, le donateur, le tout puissant, le protecteur, le secours. On l’aime pour notre délivrance, notre intérêt. Pour Bernard c’est une forme d’amour mercenaire, différent de la charité. Cependant, de cette forme d’amour de Dieu peuvent sortir des œuvres bonnes.
Le sentiment qui anime ce degré, est la crainte, la peur de Dieu, le besoin de protection. Cet homme n’est pas libre, son amour est servile, esclave, mercenaire, ce sont les termes employés par saint Bernard.
C’est le lot d’un très grand nombre de croyants, qui souvent s’éloignent de Dieu, mais reviennent à lui, tant ils sentent qu’ils ont besoin de Lui, de son secours. En fait les deux premiers degrés de l’amour se mêlent le plus souvent, les sentiments se trouvent ensemble chez une même personne.
Le troisième degré de l’amour et le second degré de l’amour de Dieu.
Le passage d’un amour utilitaire, mercenaire à un amour désintéressé n’est pas véritablement évoqué dans le traité de saint Bernard. Ce passage est une ascèse, il est issu d’un travail intérieur, de multiples méditations, de la lectio divina, de prières. Le monastère est ce lieu d’apprentissage, cette école où on apprend à aimer Dieu.
Ce lieu on l’on entre en familiarité avec Dieu. Dieu peu à peu se fait connaître, l’homme fait l’expérience de sa douceur, de sa bonté, et commence à l’aimer pour lui-même. Et pour rejoindre l’expression de Guillaume de saint Thierry, l’homme doit être ce maître dont la fonction est d’enseigner à son prochain l’amour de Dieu qui est en lui, comment on le purifie, comment on le fait croître, comment on le consolide. Tout ce qu’il peut faire est d’instruire les âmes à céder à la charité. Mais cette élévation est aussi une Grâce prévenante et coopérante, cette « infusion » directe de la charité par le Saint Esprit.
Lorsque dans un premier temps l’homme aime Dieu pour soi, c’est à dire pour les bienfaits qu’il en tire, qu’il espère, il commence déjà à discerner ce qu’il peut par lui-même et ce qu’il obtient par la Grâce de Dieu.
L’homme commence à se connaître et à connaître Dieu.
Pour Bernard cette capacité de discernement est une forme de sagesse. Bernard écrit dans le chapitre X, 26 : « Si de fréquentes tribulations fondent sur toi et t’obligent autant de fois à recourir à Dieu pour en être autant de fois délivré, ne faudrait-il pas que tu aies une poitrine de fer et un cœur de pierre pour ne pas être touché, chaque fois que tu auras été secouru, de la bonté de ton libérateur et pour ne pas commencer à l’aimer pour lui-même et non plus seulement pour toi. »
Il y a donc un changement, une élévation : on commence à aimer Dieu non pas uniquement parce qu’il est la toute puissance, le Bienfaiteur, mais parce qu’il est le Bien et l’Amour infini. Et on aime son prochain parce qu’il est de Dieu, c’est en cela qu’il est notre frère, comme on s’aime soi-même pour la même raison, parce que nous sommes de Dieu.
L’amour de Dieu se purifie. On aime Dieu non pas parce qu’il est bon pour soi, mais parce qu’il est bon en soi. On aime Dieu d’un amour filial. On suit la volonté de Dieu ordonnateur de la charité. Cette loi de Dieu qui est la charité n’est autre que l’Esprit Saint qui est amour unissant le Père au Fils dans la Trinité. Cette loi divine n’est pas promulguée contre l’esprit de crainte mais dans un esprit de liberté, elle n’est pas faite pour contraindre, mais pour libérer. On l’accepte volontairement. La volonté divine avec laquelle fusionne la volonté humaine passe au premier plan. L’unité d’esprit avec Dieu réalise cette désappropriation de la volonté humaine et son absorption dans la volonté divine.
Voici ce qu’écrit Bernard dans son traité : « O saint et chaste amour, ô douce et suave affection ! O intention pure et dépouillée de la volonté ! d’autant plus pure et plus dépouillée qu’elle n’est mêlée d’aucune volonté propre ; d’autant plus suave et plus douce que ce qu’elle éprouve est tout entier divin ! En arriver à cette affection c’est être déifié. De même qu’une petite goutte d’eau mêlée à beaucoup de vin semble se perdre entièrement, en prenant la saveur et la couleur du vin ; et de même que le fer rougi et incandescent devient semblable au feu, comme s’il avait perdu sa forme première et particulière ; et de même que l’air, rempli de la lumière du soleil, se transforme en la clarté même de cette lumière, à tel point qu’il semble plutôt éclairer qu’être éclairé lui-même. De même il faut nécessairement que, chez les saints, toute affection humaine se fonde d’une certaine manière et se transpose entièrement, si l’on peut ainsi s’exprimer, dans la volonté de Dieu. » Chapitre X, 28.
Par la répudiation de sa volonté propre, l’homme recouvre sa ressemblance à Dieu, l’âme retrouve sa vraie nature, elle se conforme à la ressemblance divine dans laquelle elle a été créée.
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Re: Grain à moudre : Le Peuple a faim !
Le quatrième degré
Il est impossible de faire une distinction absolue entre ce troisième degré et le quatrième degré défini par Bernard. L’homme tel que décrit plus haut est déjà parvenu à ce degré de l’amour de Dieu où il s’est libéré du pesant fardeau de sa volonté propre pour respirer sous le poids léger de la charité, où l’homme n’est plus en proie à la crainte servile ni séduit par la cupidité, mais conduit par l’esprit de liberté il agit avec le fils. Chapitre XIII, 36.
Ce troisième degré est celui de la charité de ce monde, telle qu’elle peut se réaliser parmi ceux qui font profession de vie spirituelle, qui ont dépassé les étapes ascétiques au long desquelles l’homme se dépouille de l’amour de soi et surtout de la cupidité, et se délivre des sentiments de crainte à l’égard de Dieu.
Mais un sommet de la vie spirituelle reste à atteindre, celui de l’union avec Dieu, cette union mystique que Bernard va évoquer dans ses Sermons sur le Cantique des Cantiques. C’est un amour de totale absorption.
Le passage d’un amour filial, à celui de l’amour de l’Epouse pour l’Epoux, qui selon saint Bernard, dépasse en qualité l’amour du Fils pour le Père. « Le serf craint le visage du Seigneur ; le mercenaire espère en la main du Seigneur, le disciple prête l’oreille aux paroles du maître, le fils honore son père, quant à celle qui demande un baiser, elle aime. »
Soulignons avant de terminer combien sont différents l’amour du fils et l’amour de l’épouse qui caractérise le quatrième degré de l’amour.
• L’amour du fils pour le père réclame distance, vénération, respect. Ceci est tellement vrai qu’on peut respecter, vénérer son père sans l’aimer, et malgré tout le fils pense à l’héritage, même si cette espérance peut ne pas motiver son amour.
• L’épouse aime et ne fait qu’aimer pour aimer. Elle est en union parfaite avec l’Epoux :
Bernard écrit dans un de ses Sermons sur le Cantique des Cantiques : « Oui, l’amour est une grande chose; mais il a des degrés. L’épouse se place au plus haut degré. En effet, les fils aiment, mais ils pensent à l’héritage ; et dans la crainte qu’ils ont de le perdre, ils ont plus de respect que d’amour. L’amour qui est soutenu par l’espoir d’obtenir quelque autre chose m’est suspect. Il est faible, puisque si cette espérance vient à se perdre, il s’éteint ou diminue…L’amour pur n’est pas mercenaire. Il ne tire pas sa force de l’espérance (…) Un tel amour est celui de l’épouse parce que toute l’épouse est amour. L’amour est la chose de l’épouse et son unique espoir. » (Sermon 83, 5)
Cependant l’amour du Fils pour le Père représente pour saint Bernard l’amour parfait sur la terre.
Sur la terre, car il faut le préciser, le degré supérieur de la charité pour Dieu n’est réalisé que dans le ciel. C’est le quatrième degré de l’amour et le troisième degré de l’amour de Dieu. Degré ultime et parfait de l’amour qui est difficile à définir, sauf par image ou métaphore, mais que nous vivrons lorsque notre âme aura repris son corps glorifié.
Instants d’union parfaite que l’homme peut vivre peut-être en de rares instants sur cette terre, un peu comme un avant goût du ciel. Bernard nous en parle dans le chapitre X, 27 de son traité : « Heureux l’homme qui a mérité de parvenir jusqu’au quatrième degré... Cet amour est une montagne et une montagne très élevée, une montagne grasse et fertile. Qui gravira la montagne du Seigneur ? Qui me donnera des ailes comme à la colombe, et je volerai et me reposerai ? La chair, le sang, le vase d’argile, la demeure terrestre, quand donc arrivent-ils à saisir cet amour par lequel l’âme ne s’aime que pour Dieu ? Quand éprouvent-ils ce genre d’affection, où l’esprit enivré de Dieu s’oublie et, devenant pour lui-même comme un vase perdu, s’en remet tout entier à Dieu, adhère à lui au point de ne plus faire qu’un seul esprit avec lui ? ( ...) Heureux et saint, dirais-je, celui à qui il est donné d’éprouver quelque chose de semblable durant cette vie mortelle, ne fut-ce que rarement, et même une seule fois, et comme en passant, à peine l’espace d’un instant. C’est le propre de la vie céleste, non de l’affection humaine, de se perdre soi-même en quelque sorte, comme si on n’existait plus, de ne plus absolument se sentir soi-même, d’être presque anéanti. Et si quelqu’un parmi les mortels est admis à cet amour de temps à autre, en passant et pour un moment, comme je le disais plus haut, aussitôt le siècle mauvais le jalouse, la malice du jour le trouble, le corps de mort l’alourdit, la nécessité de la chair le sollicite, la faiblesse due à la corruption ne le soutient plus et, plus impérieusement encore, la charité fraternelle le rappelle. Hélas il est contraint de revenir à soi, de retomber en soi et de s’écrier dans sa misère : Seigneur, je souffre violence, répondez-moi et encore : Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort. »
C’est dans ce parfait amour que Dieu nous prépare au ciel que s’achève le retour du pays de la dissemblance. La ressemblance est totale, le vouloir divin est devenu le vouloir humain et l’absorbe. Dieu seul est aimé et il est aimé rien que pour lui-même.
Conclusion
Bernard nous propose un chemin, une ascèse qui nous mène à l’amour de Dieu, un amour sans mesure. Tout au long de ce chemin, notre relation à Dieu change, les signes concrets de l’amour évoluent.
Dieu qui est amour doit être honoré et aimé comme un Père (sentiment que l’on peut situer au second et troisième degré de l’amour et au deuxième degré de l’amour de Dieu), et aimé comme un époux (sentiment qui correspond au quatrième degré de l’amour et au troisième degré de l’amour de Dieu) et qui aboutit à l’union à Dieu par l’amour.
Parmi les signes de l’amour de Dieu, l’amour de soi (premier degré de l’amour qui est en nous) évolue vers l’amour du prochain : « Il n’y a pas de plus grand amour, que de mourir pour ceux qu’on aime, est-il écrit dans l’évangile selon saint Jean (15,13) » (« Si quelqu’un prétend aimer Dieu qu’il ne voit pas, et n’arrive pas à aimer ses frères qu’il voit, il est un menteur, nous rappelle Bernard). Puis cet amour du prochain évolue vers l’union de l’âme à Dieu, union qui se réalise par l’amour.
Aimer Dieu sans mesure, c’est dire aussi que l’amour pur de Dieu est exclusif de tout autre sentiment, même de l’amour fraternel comme nous l’a suggéré plus haut saint Bernard, même de toute autre vertu. Il n’y a pas de place pour autre chose. L’amour élimine tout de son feu, de son ardeur, il transforme et accomplit.
Tous les sentiments, toutes les vertus se résorbent dans l’ardeur de l’amour, car l’amour de Dieu à lui-même se suffit. L’amour est sa propre récompense, il est en même temps son propre mouvement, intention et fruit, étreinte et récompense, connaissance.
« Connaître Dieu, c’est aimer Dieu. Aimer Dieu c’est le connaître. » Ici, il ne s’agit pas d’une connaissance intellectuelle, car Dieu n’est ni perceptible à nos sens, ni concevable à nos intelligences, mais il est sensible à nos cœurs.
Jésus nous révèle que Dieu est amour. La Bible dans son entier et les Evangiles nous enseignent l’histoire de cette transformation progressive de notre relation à Dieu qui de toute puissance se transforme en Dieu qui est Amour.
Et cette histoire, n’est-elle pas au fond l’histoire de chacun d’entre nous. N’avons-nous pas à nous convertir à un Dieu qui n’est qu’Amour ? comme le disait François Varillon dans son livre Joie de croire, joie de vivre. Ainsi si Dieu n’est qu’Amour, c’est l’amour de Dieu qui est tout puissant, puissance d’effacement aussi, puissance d’humilité.
Relation de l’homme avec Dieu. Histoire de cette relation, conversion progressive. Connaissance progressive de l’amour de Dieu : saint Bernard nous aide sur ce chemin de notre relation à Dieu.
François Baudin
[b]
Il est impossible de faire une distinction absolue entre ce troisième degré et le quatrième degré défini par Bernard. L’homme tel que décrit plus haut est déjà parvenu à ce degré de l’amour de Dieu où il s’est libéré du pesant fardeau de sa volonté propre pour respirer sous le poids léger de la charité, où l’homme n’est plus en proie à la crainte servile ni séduit par la cupidité, mais conduit par l’esprit de liberté il agit avec le fils. Chapitre XIII, 36.
Ce troisième degré est celui de la charité de ce monde, telle qu’elle peut se réaliser parmi ceux qui font profession de vie spirituelle, qui ont dépassé les étapes ascétiques au long desquelles l’homme se dépouille de l’amour de soi et surtout de la cupidité, et se délivre des sentiments de crainte à l’égard de Dieu.
Mais un sommet de la vie spirituelle reste à atteindre, celui de l’union avec Dieu, cette union mystique que Bernard va évoquer dans ses Sermons sur le Cantique des Cantiques. C’est un amour de totale absorption.
Le passage d’un amour filial, à celui de l’amour de l’Epouse pour l’Epoux, qui selon saint Bernard, dépasse en qualité l’amour du Fils pour le Père. « Le serf craint le visage du Seigneur ; le mercenaire espère en la main du Seigneur, le disciple prête l’oreille aux paroles du maître, le fils honore son père, quant à celle qui demande un baiser, elle aime. »
Soulignons avant de terminer combien sont différents l’amour du fils et l’amour de l’épouse qui caractérise le quatrième degré de l’amour.
• L’amour du fils pour le père réclame distance, vénération, respect. Ceci est tellement vrai qu’on peut respecter, vénérer son père sans l’aimer, et malgré tout le fils pense à l’héritage, même si cette espérance peut ne pas motiver son amour.
• L’épouse aime et ne fait qu’aimer pour aimer. Elle est en union parfaite avec l’Epoux :
Bernard écrit dans un de ses Sermons sur le Cantique des Cantiques : « Oui, l’amour est une grande chose; mais il a des degrés. L’épouse se place au plus haut degré. En effet, les fils aiment, mais ils pensent à l’héritage ; et dans la crainte qu’ils ont de le perdre, ils ont plus de respect que d’amour. L’amour qui est soutenu par l’espoir d’obtenir quelque autre chose m’est suspect. Il est faible, puisque si cette espérance vient à se perdre, il s’éteint ou diminue…L’amour pur n’est pas mercenaire. Il ne tire pas sa force de l’espérance (…) Un tel amour est celui de l’épouse parce que toute l’épouse est amour. L’amour est la chose de l’épouse et son unique espoir. » (Sermon 83, 5)
Cependant l’amour du Fils pour le Père représente pour saint Bernard l’amour parfait sur la terre.
Sur la terre, car il faut le préciser, le degré supérieur de la charité pour Dieu n’est réalisé que dans le ciel. C’est le quatrième degré de l’amour et le troisième degré de l’amour de Dieu. Degré ultime et parfait de l’amour qui est difficile à définir, sauf par image ou métaphore, mais que nous vivrons lorsque notre âme aura repris son corps glorifié.
Instants d’union parfaite que l’homme peut vivre peut-être en de rares instants sur cette terre, un peu comme un avant goût du ciel. Bernard nous en parle dans le chapitre X, 27 de son traité : « Heureux l’homme qui a mérité de parvenir jusqu’au quatrième degré... Cet amour est une montagne et une montagne très élevée, une montagne grasse et fertile. Qui gravira la montagne du Seigneur ? Qui me donnera des ailes comme à la colombe, et je volerai et me reposerai ? La chair, le sang, le vase d’argile, la demeure terrestre, quand donc arrivent-ils à saisir cet amour par lequel l’âme ne s’aime que pour Dieu ? Quand éprouvent-ils ce genre d’affection, où l’esprit enivré de Dieu s’oublie et, devenant pour lui-même comme un vase perdu, s’en remet tout entier à Dieu, adhère à lui au point de ne plus faire qu’un seul esprit avec lui ? ( ...) Heureux et saint, dirais-je, celui à qui il est donné d’éprouver quelque chose de semblable durant cette vie mortelle, ne fut-ce que rarement, et même une seule fois, et comme en passant, à peine l’espace d’un instant. C’est le propre de la vie céleste, non de l’affection humaine, de se perdre soi-même en quelque sorte, comme si on n’existait plus, de ne plus absolument se sentir soi-même, d’être presque anéanti. Et si quelqu’un parmi les mortels est admis à cet amour de temps à autre, en passant et pour un moment, comme je le disais plus haut, aussitôt le siècle mauvais le jalouse, la malice du jour le trouble, le corps de mort l’alourdit, la nécessité de la chair le sollicite, la faiblesse due à la corruption ne le soutient plus et, plus impérieusement encore, la charité fraternelle le rappelle. Hélas il est contraint de revenir à soi, de retomber en soi et de s’écrier dans sa misère : Seigneur, je souffre violence, répondez-moi et encore : Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort. »
C’est dans ce parfait amour que Dieu nous prépare au ciel que s’achève le retour du pays de la dissemblance. La ressemblance est totale, le vouloir divin est devenu le vouloir humain et l’absorbe. Dieu seul est aimé et il est aimé rien que pour lui-même.
Conclusion
Bernard nous propose un chemin, une ascèse qui nous mène à l’amour de Dieu, un amour sans mesure. Tout au long de ce chemin, notre relation à Dieu change, les signes concrets de l’amour évoluent.
Dieu qui est amour doit être honoré et aimé comme un Père (sentiment que l’on peut situer au second et troisième degré de l’amour et au deuxième degré de l’amour de Dieu), et aimé comme un époux (sentiment qui correspond au quatrième degré de l’amour et au troisième degré de l’amour de Dieu) et qui aboutit à l’union à Dieu par l’amour.
Parmi les signes de l’amour de Dieu, l’amour de soi (premier degré de l’amour qui est en nous) évolue vers l’amour du prochain : « Il n’y a pas de plus grand amour, que de mourir pour ceux qu’on aime, est-il écrit dans l’évangile selon saint Jean (15,13) » (« Si quelqu’un prétend aimer Dieu qu’il ne voit pas, et n’arrive pas à aimer ses frères qu’il voit, il est un menteur, nous rappelle Bernard). Puis cet amour du prochain évolue vers l’union de l’âme à Dieu, union qui se réalise par l’amour.
Aimer Dieu sans mesure, c’est dire aussi que l’amour pur de Dieu est exclusif de tout autre sentiment, même de l’amour fraternel comme nous l’a suggéré plus haut saint Bernard, même de toute autre vertu. Il n’y a pas de place pour autre chose. L’amour élimine tout de son feu, de son ardeur, il transforme et accomplit.
Tous les sentiments, toutes les vertus se résorbent dans l’ardeur de l’amour, car l’amour de Dieu à lui-même se suffit. L’amour est sa propre récompense, il est en même temps son propre mouvement, intention et fruit, étreinte et récompense, connaissance.
« Connaître Dieu, c’est aimer Dieu. Aimer Dieu c’est le connaître. » Ici, il ne s’agit pas d’une connaissance intellectuelle, car Dieu n’est ni perceptible à nos sens, ni concevable à nos intelligences, mais il est sensible à nos cœurs.
Jésus nous révèle que Dieu est amour. La Bible dans son entier et les Evangiles nous enseignent l’histoire de cette transformation progressive de notre relation à Dieu qui de toute puissance se transforme en Dieu qui est Amour.
Et cette histoire, n’est-elle pas au fond l’histoire de chacun d’entre nous. N’avons-nous pas à nous convertir à un Dieu qui n’est qu’Amour ? comme le disait François Varillon dans son livre Joie de croire, joie de vivre. Ainsi si Dieu n’est qu’Amour, c’est l’amour de Dieu qui est tout puissant, puissance d’effacement aussi, puissance d’humilité.
Relation de l’homme avec Dieu. Histoire de cette relation, conversion progressive. Connaissance progressive de l’amour de Dieu : saint Bernard nous aide sur ce chemin de notre relation à Dieu.
François Baudin
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Re: Grain à moudre : Le Peuple a faim !
La meule et le grain
Un meunier faisait la sieste à l’ombre de sa meule, quand il fut réveillé par un bruit de pas. Il aperçut alors un voyageur qui se tenait sur le pas de sa porte et le regardait étrangement.
- Qu’y a-t-il ? Demanda-t-il. Tu n’as encore jamais vu de meunier ?
- Si, répondit le voyageur, mais je n’en ai encore jamais vu qui dorme, quand les sacs de grains s’entassent un peu partout…
- Et alors ! Dit le meunier. Je ferai ça plus tard. Je n’ai rien à prouver à personne, je sais moudre, et je fais de la bonne farine : je peux me reposer.
- En attendant, dit le voyageur, tu as du grain, pas de farine, pas de pain.
Le meunier le renvoya d’un geste, et retourna à sa sieste. Le croirez-vous ? Lui-même et ceux de sa vallée moururent de faim…
Il en est de même des chrétiens. La vie de tous les jours, les joies, les peurs, les douleurs et les doutes, les combats pour le bien, donnent du grain à moudre pour la meule de notre prière. Pas seulement pour nous, mais pour tous ceux qui nous entourent, croyants ou non. Nous ne sommes peut-être pas nombreux – comme les meuniers, parfois un par vallée ! Mais le grain de nos vies, et de celles des autres, pourrit comme sacs de grains, sans la prière. Il ne devient pas la farine dont on fera le pain de la vie éternelle…
Parfois on dort tellement dans notre vie de foi qu’on rêve qu’on prie, mais on ne prie pas vraiment. On rêve même de sainteté, d’exploits inestimables ou de changer le monde, comme un meunier endormi rêve de pâtisseries – et tout le monde crève de faim, nous et les autres autour de nous.
Il faut prier, prier sans cesse, sur le grain de la vie de tous les jours. Oui, prier humblement, et inlassablement, sans faiblir – même si Satan nous chante des berceuses pour nous endormir.
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Re: Grain à moudre : Le Peuple a faim !
L'Imitation de Jésus-Christ |
12. De l'avantage de l'adversité
- Il nous est bon d'avoir quelquefois des peines et des traverses, parce que souvent elles rappellent l'homme à son coeur, et lui font sentir qu'il est en exil, et qu'il ne doit mettre son espérance en aucune chose du monde.
Il nous est bon de souffrir quelquefois des contradictions, et qu'on pense mal ou peu favorablement de nous, quelques bonnes que soient nos actions et nos intentions. Souvent cela sert à nous prémunir contre la vaine gloire.
Car nous avons plus d'empressement à chercher Dieu, qui voit le fond du coeur, quand les hommes au-dehors nous rabaissent et pensent mal de nous. - C'est pourquoi l'homme devrait s'affermir tellement en Dieu, qu'il n'eût pas besoin de chercher tant de consolations humaines.
Lorsque, avec une volonté droite, l'homme est troublé, tenté, affligé de mauvaises pensées, il reconnaît alors combien Dieu lui est nécessaire, et qu'il n'est capable d'aucun bien sans lui.
Alors il s'attriste, il gémit, il prie à cause des maux qu'il souffre.
Alors il s'ennuie de vivre plus longtemps, et il souhaite que la mort arrive, afin que, délivré de ses liens, il soit avec Jésus-Christ.
Alors aussi il comprend bien qu'une sécurité parfaite, une pleine paix, ne sont point de ce monde.
16. Qu'il faut supporter les défauts d'autrui
- Ce que l'homme ne peut corriger en soi ou dans les autres, il doit le supporter avec patience, jusqu'à ce que Dieu en ordonne autrement.
Songez qu'il est peut-être mieux qu'il en soit ainsi, pour vous éprouver dans la patience, sans laquelle nos mérites sont peu de chose.
Vous devez cependant prier Dieu de vous aider à vaincre ces obstacles, ou à les supporter avec douceur. - Si quelqu'un, averti une ou deux fois, ne se rend point, ne contestez point avec lui; mais confiez tout à Dieu, qui sait tirer le bien du mal, afin que sa volonté s'accomplisse et qu'il soit glorifié dans tous ses serviteurs.
Appliquez-vous à supporter patiemment les défauts et les infirmités des autres, quelles qu'ils soient, parce qu'il y a aussi bien des choses en vous que les autres ont à supporter.
Si vous ne pouvez vous rendre tel que vous voudriez, comment pourrez-vous faire que les autres soient selon votre gré ?
Nous aimons que les autres soient exempts de défauts, et nous ne corrigeons point les nôtres. - Nous voulons qu'on reprenne les autres sévèrement, et nous ne voulons pas être repris nous-mêmes.
Nous sommes choqués qu'on leur laisse une trop grande liberté, et nous ne voulons pas qu'on nous refuse rien.
Nous voulons qu'on les retienne par des règlements, et nous ne souffrons pas qu'on nous contraigne en la moindre chose.
Par-là on voit clairement combien il est rare que nous usions de la même mesure pour nous et pour les autres.
Si tous étaient parfaits, qu'aurions-nous de leur part à souffrir pour Dieu ? - Or Dieu l'a ainsi ordonné afin que nous apprenions à porter le fardeau les uns des autres, car chacun a son fardeau; personne n'est sans défauts, nul ne se suffit à soi-même; nul n'est assez sage pour se conduire seul; mais il faut nous supporter, nous consoler, nous aider, nous instruire, nous avertir mutuellement.
C'est dans l'adversité qu'on voit le mieux ce que chacun a de vertus.
Car les occasions ne rendent pas l'homme fragile, mais elles montrent ce qu'il est.
Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure
4. De la pureté d'esprit et de la droiture d'intention
- L'homme s'élève au-dessus de la terre sur deux ailes, la simplicité et la pureté.
La simplicité doit être dans l'intention, et la pureté dans l'affection.
La simplicité cherche Dieu, la pureté le trouve et le goûte.
Nulle bonne oeuvre ne vous sera difficile si vous êtes libre au-dedans de toute affection déréglée.
Si vous ne voulez que ce que Dieu veut et ce qui est utile au prochain, vous jouirez de la liberté intérieure.
Si votre coeur était droit, alors toute créature vous serait un miroir de vie et un livre rempli de saintes instructions.
Il n'est point de créature si petite et si vile qui ne présente quelque image de la bonté de Dieu. - Si vous aviez en vous assez d'innocence et de pureté, vous verriez tout sans obstacle. Un coeur pur pénètre le ciel et l'enfer.
Chacun juge des choses du dehors selon ce qu'il est au-dedans de lui-même.
S'il est quelque joie dans le monde, le coeur pur la possède.
Et s'il y a des angoisses et des tribulations, avant tout elles sont connues de la mauvaise conscience.
Comme le fer mis au feu perd sa rouille et devient tout étincelant, ainsi celui qui se donne sans réserve à Dieu se dépouille de sa langueur et se change en un homme nouveau. - Quand l'homme commence à tomber dans la tiédeur, alors il craint le moindre travail et reçoit avidement les consolations du dehors.
Mais quand il commence à se vaincre parfaitement et à marcher avec courage dans la voie de Dieu, alors il compte pour rien ce qui lui était le plus pénible.
Re: Grain à moudre : Le Peuple a faim !
Les occupations excessives conduisent à la « dureté de cœur », affirme le pape
Il souligne la primauté de la vie de prière
ROME, Dimanche 20 août 2006 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI a mis ce dimanche en garde contre les emplois du temps trop chargés qui peuvent conduire à la « dureté de cœur ».
En présence de plusieurs milliers de pèlerins rassemblés dans la cour de la résidence pontificale de Castelgandolfo, Benoît XVI a rappelé la primauté de la prière et de la contemplation au milieu des « tempêtes » de la vie quotidienne.
Le pape a repris les paroles de saint Bernard de Clairvaux (1091-1153), docteur de l’Eglise, fêté ce dimanche 20 août.
S’adressant au pape de l’époque, Eugène III, saint Bernard écrivait : « Voilà où toutes ces maudites occupations qui vous absorbent ne peuvent manquer de vous conduire, si vous continuez… à vous y livrer tout entier, sans rien réserver de vous-même ».
« Il est nécessaire, observe le saint, de se préserver des dangers d’une activité excessive », poursuit Benoît XVI en rappelant que saint Bernard s’adressait au pape de l’époque, mais indirectement « à tous les papes, et à nous tous ».
« Les nombreuses occupations conduisent souvent à la ‘dureté de cœur’ », explique-t-il, toujours en citant saint Bernard.
« Cette mise en garde vaut pour tout type d’occupations, y compris celles qui sont inhérentes au gouvernement de l’Eglise », souligne Benoît XVI.
« La parole que Bernard adresse à ce propos au pontife, son ancien disciple à Clairvaux, est provocatrice : ‘Voilà, écrit-il, où toutes ces maudites occupations qui vous absorbent ne peuvent manquer de vous conduire, si vous continuez… à vous y livrer tout entier, sans rien réserver de vous-même’ ».
« Combien ce rappel de la primauté de la prière est utile pour nous également ! » ajoute Benoît XVI.
Le pape encourage les chrétiens à demander à saint Bernard de les aider à « concrétiser cette primauté de la prière », lui qui « sut concilier l’aspiration du moine à la solitude et au silence du cloître avec l’urgence de missions importantes et complexes au service de l’Eglise ».
Le pape conclut en citant un célèbre discours dans lequel saint Bernard compare Marie à « l’étoile que les navigateurs suivent du regard pour ne pas faire fausse route ».
« En suivant Marie, on ne s'égare point… si elle vous protège, vous n'aurez rien à craindre, si elle vous conduit, vous ne connaîtrez point la fatigue, et si elle vous est favorable, vous êtes sûr d'arriver », affirmait saint Bernard, auquel l’Eglise a donné le titre de « Docteur marial ».
En présence de plusieurs milliers de pèlerins rassemblés dans la cour de la résidence pontificale de Castelgandolfo, Benoît XVI a rappelé la primauté de la prière et de la contemplation au milieu des « tempêtes » de la vie quotidienne.
Le pape a repris les paroles de saint Bernard de Clairvaux (1091-1153), docteur de l’Eglise, fêté ce dimanche 20 août.
S’adressant au pape de l’époque, Eugène III, saint Bernard écrivait : « Voilà où toutes ces maudites occupations qui vous absorbent ne peuvent manquer de vous conduire, si vous continuez… à vous y livrer tout entier, sans rien réserver de vous-même ».
« Il est nécessaire, observe le saint, de se préserver des dangers d’une activité excessive », poursuit Benoît XVI en rappelant que saint Bernard s’adressait au pape de l’époque, mais indirectement « à tous les papes, et à nous tous ».
« Les nombreuses occupations conduisent souvent à la ‘dureté de cœur’ », explique-t-il, toujours en citant saint Bernard.
« Cette mise en garde vaut pour tout type d’occupations, y compris celles qui sont inhérentes au gouvernement de l’Eglise », souligne Benoît XVI.
« La parole que Bernard adresse à ce propos au pontife, son ancien disciple à Clairvaux, est provocatrice : ‘Voilà, écrit-il, où toutes ces maudites occupations qui vous absorbent ne peuvent manquer de vous conduire, si vous continuez… à vous y livrer tout entier, sans rien réserver de vous-même’ ».
« Combien ce rappel de la primauté de la prière est utile pour nous également ! » ajoute Benoît XVI.
Le pape encourage les chrétiens à demander à saint Bernard de les aider à « concrétiser cette primauté de la prière », lui qui « sut concilier l’aspiration du moine à la solitude et au silence du cloître avec l’urgence de missions importantes et complexes au service de l’Eglise ».
Le pape conclut en citant un célèbre discours dans lequel saint Bernard compare Marie à « l’étoile que les navigateurs suivent du regard pour ne pas faire fausse route ».
« En suivant Marie, on ne s'égare point… si elle vous protège, vous n'aurez rien à craindre, si elle vous conduit, vous ne connaîtrez point la fatigue, et si elle vous est favorable, vous êtes sûr d'arriver », affirmait saint Bernard, auquel l’Eglise a donné le titre de « Docteur marial ».
P4572- Dans la prière
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Re: Grain à moudre : Le Peuple a faim !
Mieux vaut peut-être ne plus semer dans ce champ ou rien ne semble plus pousser ?
P4572- Dans la prière
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