Définition du sionisme
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Définition du sionisme
Bonjour,
Prenant place dans le 2e chapitre du livre Palestine, sorte de recueil d'entretiens avec les Noam Chomsky et Ilan Pappé, l'on y trouve un segment au sujet de la définition du sionisme. Les réflexions là-dedans sont intéressantes. Personnellement, je crois de plus en plus qu'il est assez «vital» d'aller s'instruire ou approfondir des grands thèmes comme ceux-là, mais considérant l'importance de la désinformation que l'on sait et qui est si largement répandue autour de nous.
Pour prendre un exemple :
Prenant place dans le 2e chapitre du livre Palestine, sorte de recueil d'entretiens avec les Noam Chomsky et Ilan Pappé, l'on y trouve un segment au sujet de la définition du sionisme. Les réflexions là-dedans sont intéressantes. Personnellement, je crois de plus en plus qu'il est assez «vital» d'aller s'instruire ou approfondir des grands thèmes comme ceux-là, mais considérant l'importance de la désinformation que l'on sait et qui est si largement répandue autour de nous.
Pour prendre un exemple :
« ... [...]
[Frank Barat, cheville ouvrière de ce recueil, pose la question]
- Existe-t-il une définition claire du sionisme ? Ou en est le sionisme aujourd'hui ?
Noam Chomsky :
Pour répondre à cette question, il faut d'abord se pencher sur le passé, je crois. Le sionisme d'avant la création d'Israël avait une signification différente de celle qu'il revêtira par la suite : à partir de 1948, en effet, le sionisme deviendra une idéologie d'État. Une religion d'État. Comme la «destinée manifeste» des États-Unis ou la grandeur de la France. En fait, même après cette date, la notion a continuer d'évoluer. Je pense par exemple à mon séjour de 1964 en Israël ou j'ai fréquenté des intellectuels gauchisants. Le sionisme était alors perçu comme une fumisterie, comme un outil de propagande destiné aux enfants. Trois ans plus tard, pourtant, la plupart de ces personnes chantaient les louanges du nationalisme. L'année 1967 a marqué un changement radical dans la perception que de nombreux israéliens avaient d'eux-mêmes et de l'État. Pour l'essentiel, avant 1948, le sionisme n'était pas une religion d'État.
Au milieu des années 1940, par exemple, j'étais à la tête d'un groupe de jeunesses sionistes, mais je m'opposais fermement à la création d'un État juif. Je prônais plutôt la coopération au sein de la classe ouvrière judéo-arabe en vue de construire une Palestine socialiste, et l'idée d'un État juif me donnait de l'urticaire. Si j'ai pu être responsable des jeunesses sionistes, c'est parce que le sionisme n'était pas encore une religion d'État.
Si l'on recule un peu plus loin dans le temps, on trouve mon père et les gens de sa génération, qui étaient sionistes, mais appartenaient au courant fondé par Ahad Ha'Am'. Ils prônaient la création d'un centre culturel, à savoir un lieu ou la diaspora pourrait continuer de trouver des façons de cohabiter avec les Palestiniens. Ce courant s'est éteint en 1948. Dès lors, le sionisme est devenu religion d'État. Cela vaut la peine de le rappeler. Au milieu des années 1970, les Arabes étaient bien disposés à émettre une déclaration politique : la Syrie, l'Égypte, la Jordanie ont ainsi proposé un accord en vue de la création de deux États, mais les États-Unis y ont opposé leur véto. L'Égypte avait déjà proposé un traité de paix à son voisin. Pour paralyser les négociations, Israël devait ériger des barrières. C'est ainsi que le sionisme a revêtu une nouvelle signification. Désormais, tout le monde devait reconnaître le «droit d'Israël à l'existence».
Les États ne disposent pas du «droit à l'existence». Le Mexique, par exemple, ne reconnaît pas le «droit des États-Unis à englober la moitié de son territoire». Mais Israël a dressé cet obstacle pour contraindre les Palestiniens à admettre que leur oppression et leur exclusion étaient justifiés - pas seulement qu'elles avaient cours, mais qu'elles étaient justifiées. Bien entendu, les Palestiniens ne pouvaient l'accepter, ce qui donnait à Israël une bonne raison d'interrompre les négociations. Aujourd'hui, c'est plus difficile. L'appui à la conclusion d'un accord est si large qu'Israël s'est vu obligé d'ériger des obstacles encore plus élevés. C'est pourquoi l'on demande maintenant aux Palestiniens de reconnaître Israël en tant qu'État juif. Cette exigence constitue le pivot de la plupart des discours de Netanyahou. Pourquoi cela ? Parce qu'on sait que c'est impossible.
Personne ne devrait reconnaître Israël en tant qu'État juif. Tout comme personne ne devrait reconnaître les États-Unis en tant qu'État chrétien. Le Pakistan se qualifie certes de république islamique, mais les États-Unis ne le reconnaissent pas comme tel. A titre de politique de l'État d'Israël, le sionisme a dû se transformer en créant des obstacles de plus en plus infranchissables à toutes formes d'accord politique. S'il a besoin d'aller plus loin à l'avenir, il n'hésitera pas à en inventer de nouveaux. Le sionisme politique est une notion changeante qui s'adapte aux besoins de l'État.
Ilan Pappé :
Selon moi, une des composantes du sionisme ne change pas si aisément avec le temps; on la qualifie parfois de sionisme classique, ou encore de sioniste travailliste. Cette tendance se rattache au colonialisme de peuplement. Aussitôt que l'idée relativement vague d'un renouveau du judaïsme par le nationalisme s'est concrétisée dans un projet d'établissement en Palestine, le sionisme est devenu une entreprise colonialiste de peuplement, ce qu'il est encore aujourd'hui. Certes, les moyens utilisés pour coloniser le territoire varient selon les circonstances et les rapports de pouvoir, mais le principe de base, lui, reste toujours le même. L'acte de coloniser s'accompagne aussi d'une certaine perception de l'autochtone, invariablement considéré comme un obstacle au succès de l'entreprise. Je crois que cet aspect est resté au coeur de l'idéologie sioniste même après la création de l'État d'Israël. L'État n'a que renforcé la capacité de coloniser; il n'a rien changé à la façon d'envisager la colonisation de la Palestine.
Le regard des Palestiniens sur la question, lui, a évolué au fil du temps.
La première vague de colons sionistes est survenue au XIXe siècle, à un moment de l'histoire du colonialisme ou, souvent, les populations autochtones pouvaient opter pour la résistance - généralement armée - et parvenir à renvoyer les envahisseurs chez eux. Mais quand les colons en sont à leur troisième génération et ont même réussi à fonder leur propre État, la population d'origine doit établir une autre stratégie et trouver des moyens de cohabiter avec eux.
Si l'élan colonial du mouvement sioniste n'a pas faibli à un certain moment de l'histoire, c'est en raison de l'avidité territoriale des colonisateurs. Quand on leur a offert une partie de la Palestine en 1937, ils ont jugé que l'étendue de ce territoire ne répondait pas à leurs aspirations, Mais un de leurs dirigeants, le futé Ben Gourion, avait compris qu'il valait mieux ne pas expliciter ces rêves annexionnistes, que le silence conférait un avantage tactique aux Israéliens. Il a donc déclaré à la Commission Peel que le mouvement sioniste se contenterait d'une petite portion du territoire.
En 1947, il a maintenu cette politique tactique fructueuse et a convaincu ses compatriotes d'accepter une offre leur accordant une plus grande portion de la Palestine qu'en 1937, même s'ils la jugeaient encore insuffisante. Il leur a fait part de sa grande insatisfaction à l'égard de ce plan de partition proposé par les Nations-Unies et leur a promis qu'Israël aurait la possibilité et les moyens de modifier ultérieurement ces frontières. Aujourd'hui, près d'un demi-siècle après la prise de contrôle de l'ensemble de la Palestine en 1967, les dirigeants israéliens espèrent encore appliquer cette formule gagnante. Toutefois, contrairement à Ben Gourion en 1937 et 1947, ils n'ont pas encore réussis à convaincre la communauté internationale de la légitimité de leur dernière expansion territoriale.
Noam Chomsky :
Je crois que cette description correspond à ce que vous qualifieriez de sionisme pur et dur ou, dans un sens plus large, de sionisme politique, dont Ben Gourion était évidemment une figure de premier plan. Mais le sionisme est une nébuleuse plus vaste. Ahad Ha' Am, par exemple, était un sioniste, mais un sioniste apolitique. les groupes auxquels j'ai participé étaient marginaux, je l'admets. Je pense au Brit Shalom, l'association de Haïm Margaliot-Kalvarisky qui oeuvraient au rapprochement des Juifs et des Arabes. Ses membres sionistes s'opposaient à la création d'un État. Enracinés dans la classe ouvrière, ils prônaient la coopération entre travailleurs juifs et arabes. Une telle position pourrait sembler étrange de nos jours, mais elle n'avait rien d'insolite dans le contexte des années 1930 et 1940.
Ilan Pappé :
Les Juifs étaient alors minoritaires. De telles idées auraient-elles été possibles s'ils avaient été majoritaires et au pouvoir ?
Noam Chomsky :
La majorité et l'État arriveront plus tard. A l'époque, on s'y opposait fermement. Le concept a donc changé. Votre description correspond au sionisme politique classique. A proprement parler, le mouvement sioniste n,'a pas officiellement adhéré à un projet d'État avant 1942, même si ce dernier a toujours été sous-jacent au sionisme politique. On évitait cependant d'en parler. Je crois qu'il vaudrait la peine de se pencher sur les options qui s'offraient alors, car on pourrait trouver des pistes pour l'avenir.
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[Frank Barat]
- De nos jours, bien des gens qualifient le sionisme de mouvement colonialiste de peuplement. Êtes-vous d'accord avec cette définition ?
Noam Chomsky :
L'établissement de Juifs en Israël s'inscrit assurément dans un mouvement colonialiste de peuplement. La définition du sionisme dépend de la portée qu'on lui donne. Mais le mouvement a bel et bien donné lieu à une colonie de peuplement, comme le sont les États-Unis, l'Australie et le reste du monde anglo-saxon. Israël en est une. Cela est loin d'être un simple détail. A l'échelle internationale, le principal allié d'Israël est bien sûr les États-Unis, mais à leurs côtés se trouvent les autres rejetons du Royaume-Uni que sont l'Australie et le Canada.
J'ai l'impression que la population de ces pays est animée d'une sorte de sentiment intuitif : «Nous l'avons fait, alors ce doit être juste. S'ils le font, ce doit l'être aussi.» Les sociétés issues du colonialisme de peuplement ont une mentalité particulière. Si nous avons exterminé ou chassé les populations autochtones, c'est sans doute que nous avions une bonne raison de le faire. La supériorité de notre civilisation ou une autre idée du genre.
Cinci- Avec Saint Joseph
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Re: Définition du sionisme
Si on poursuit ...
Ilan Pappé :
Dans les États-Unis et l'Australie d'aujourd'hui, sans doute parce que les politiques coloniales remontent à très longtemps et étaient génocidaires, je ne crois pas qu'on puisse renouer facilement avec le colonialisme de peuplement. Les citoyens de ces pays peuvent être à l'aise ou non avec les crimes du passé. Ils peuvent trouver divers moyens de les assumer. Comme les Australiens l'ont fait avec le Sorry Day. Ou cet effort de réconciliation plus progressiste du gouvernement de la Nouvelle-Zélande, qui a autorisé les Maoris à regagner les terres qu'on leur avait volées. Tous ces gestes émanent de ce que l'on pourrait qualifier de zone de confort de ces sociétés postcoloniales : dans les premières phases de la colonisation, leurs populations autochtones ont tellement diminué qu'elles n'ont plus à craindre que ces actes symboliques aient quelque impact sur les réalités socioéconomiques ou même politiques aujourd'hui.
Pour les Israéliens, bien sûr, la tâche s'annonce nettement plus ardue. Ils sont encore occupés à déposséder le peuple palestinien, que les premières phases du nettoyage ethnique de 1948 n'ont pas suffi à anéantir. Par conséquent, tout geste de réconciliation de leur part aurait des conséquences profondes et tangibles sur le terrain socioéconomique et politique. La plupart des Israéliens font tout leur possible pour éviter que cela se produise. Cependant, minces sont leurs chances de réussite en matière de légitimité régionale et internationale.
Noam Chomsky :
C'est vrai. Israël est une variante XXe siècle du colonialisme qui avait cours au XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle, ce qui est tout un problème.
Ilan Pappé :
Vous avez raison, mais je crois que les militants qui contribuent à l'évolution des mentalités dans les sociétés issues du colonialisme de peuplement ont encore du pain sur la planche. Je me rappelle à quel point j'ai dû me débattre pour faire comprendre à mes étudiants d'Angleterre que ce dont ils sont aujourd'hui témoins en Israël et Palestine est la concrétisation au quotidien d'une idéologie colonialiste du XIXe siècle.
Noam Chomsky
En effet.
Ilan Pappé :
Ce qui est difficile, pour les Israéliens, c'est d'échapper à la dimension colonialiste de leur réalité [...] L'embarras des Israéliens est aussi celui des militants pro palestiniens. Nous avons affaire à un fossile du XIXe siècle qui pète le feu en plein XXIe siècle. [...]
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[Frank Barat]
- J'aimerais revenir à la question de l'État juif. Si les Juifs forment un peuple, en quoi leur constitution en État pose-t-elle problème ? Et pourquoi ne devrait-on pas reconnaître Israël en tant qu'État juif ?
Ilan Pappé :
A ma connaissance, personne n'a jamais contesté ou mis en cause le droit des peuples à
se définir eux-mêmes sur une base nationale, ethnique ou culturelle. Aucun fondement en matière de droit international ou de moralité ne justifie le fait de s'y opposer. Le moment de l'histoire ou un peuple décide d'aller en ce sens n'est pas plus contestable, et ce, peu importe comment celui-ci s'est défini auparavant (en tant que groupe religieux dans le cas qui nous occupe).
Le problème réside ailleurs.
Quelles sont les conséquences d'une telle mutation ? Et qui en paie le prix ? Si la redéfinition s'accomplit au détriment d'un autre peuple, elle devient un problème. Si un groupe a été victime d'un crime et se trouve un refuge, il ne peut s'y installer en expulsant l'autre groupe qui y vit. C'est là que se situe la différence entre l'objectif d'un groupe et les moyens qu'il prend pour y parvenir. Il ne s'agit pas de déterminer si les Juifs ont droit à leur État ou non. Il leur revient d'en décider. L'idée pourrait déplaire aux Juifs orthodoxes par exemple. Les palestiniens n'ont jamais craint de voir les Juifs créer un État en Ouganda, comme certaines personnes l'ont proposé en 1902-1903. Aucun Palestinien ne se serait senti concerné par un tel scénario. Voilà l'enjeu principal. Comment mettre en oeuvre le droit à l'auto-détermination ?
Noam Chomsky
Le projet d'État juif est une aberration. Rien de tel ne s'est vu ailleurs dans le monde. La question repose sur de fausses prémisses.
Prenons le cas de la France : la formation de l'État français a été un très long processus marqué par la violence et la répression. En fait, la mise en place d'un État est toujours un processus d'une violence extrême. C'est pourquoi l'Europe a été l'endroit le plus violent du monde pendant des siècles. Une fois l'État institué, tout citoyen qui y vit est un citoyen de l'État. Tout citoyen français, quel qu'il soit, est un Français. Par conséquent, quiconque vit en Israël devrait être un citoyen israélien, et non un Juif. C'est pourquoi la notion d'État juif est une aberration totale. Elle n'a pas d'analogue dans le monde moderne. Les raisons pour lesquelles on devrait la rejeter sautent aux yeux. Pourquoi accepterait-on cette aberration singulière ?
Une fois l'État (ou du moins l'État moderne) institué, toutefois, quiconque en fait partie en est théoriquement un membre égal, au même titre que tous les autres. Dans les faits, ça ne marche pas toujours, bien entendu, mais c'est le concept. En Israël, c'est complètement différent. Il existe une distinction entre citoyenneté et nationalité. Il n'y a pas de nationalité israélienne. La question, portée une première fois devant les tribunaux dans les années 1960, a refait surface récemment. Des Israéliens souhaitent obtenir des papiers d'identité les désignant comme Israéliens, et non comme juifs. Saisie de la requête, la Cour Suprême l'a rejetée. Cette affaire témoigne du caractère aberrant du concept d'État juif, sans équivalent dans les systèmes politiques du monde contemporain.
Ilan Pappé :
Israël s'en sert pour étouffer toute critique de l'État et de son idéologie. Quiconque critique Israël se trouve à attaquer l'État juif, et, par le fait même, le judaïsme. Cette argumentation me fascine.
Une telle prohibition ne pourrait fonctionner en toutes circonstances. Prenons l'exemple de la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud. C'est comme si, à son apogée, les militants n'auraient pu critiquer que certaines politiques du régime sud-africain, pas sa nature même. Une des grandes victoires de l'État israélien est l'immunité que lui assure le mouvement de contestation. Celle-ci lui a permis de définir la règle du jeu : vous pouvez dénoncer les politiques d'Israël à votre guise, mais si vous dénoncez Israël, vous dénoncez l'État juif et, par conséquent, le judaïsme. Il importe de ramener cette question au centre du débat.
Noam Chomsky :
Curieusement, ce sont les dirigeants israéliens eux-mêmes qui la ramènent au premier plan.
Quand Netanyahou déclare : «Vous devez nous reconnaître en tant qu'État juif», il se trouve à dire : «Vous devez nous reconnaître en tant que phénomène inexistant dans le monde moderne». Rien de tel n'existe. Je le répète : si vous êtes un citoyen de France, vous êtes un Français. Si vous êtes un citoyen d'Israël, vous n'êtes pas juif. C'est fondamental.
Cinci- Avec Saint Joseph
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Re: Définition du sionisme
Un autre point en lien ...
[Frank Barat]
- L'État d'Israël aurait-il pu voir le jour si la Shoah n'avait pas eu lieu ?
Noam Chomsky :
C'est une question difficile, mais je crois que oui. Les institutions nationales dont Ilan parlait tout à l'heure étaient solides. Les sionistes disposaient d'une force militaire, et, pour toutes sortes de raisons, leur idéologie bénéficiait d'appuis au sein des grandes puissances.
Au Royaume-Uni et aux États-Unis, par exemple, une bonne partie de ce soutien était de nature religieuse. Le sionisme chrétien est un courant très influent. Apparu bien avant le sionisme juif, il s'agit d'un phénomène propre à l'élite. Tous les matins, Lord Balfour, Lloyd Georges, Woodrow Wilson et Harry Truman lisaient la Bible, ou il est question d'une «terre promise» par Dieu aux Juifs. Le sionisme juif n'a donc pas manqué d'appuis au coeur d'États puissants. Les autorités mandataires britanniques ont d'ailleurs facilité le développement d'institutions nationales juives en Palestine. C'est pourquoi j'ai l'impression que l'État d'Israël aurait vu le jour sans la Shoah.
Il importe aussi de se rappeler que la Shoah n'était pas un enjeu capital à la fin des années 1940. Bien au contraire. Elle n'a été reconnue comme tragédie d'envergure qu'à partir de 1967. C'est particulièrement frappant aux États-Unis. Les musées de la Shoah et autres programmes d'études sur la Shoah ont tous été mis sur pieds après 1967.
Ainsi, on peut se poser une question très simple. Au terme de la guerre, une grande partie des nombreux survivants de la Shoah vivaient encore dans des camps de concentration. Ces derniers étaient pratiquement identiques aux camps d'extermination nazis, si ce n'est qu'ils étaient dépourvus de fours crématoires. Une enquête de la présidence des États-Unis a révélé que ces personnes vivaient encore dans les conditions qui étaient les leurs sous le régime nazi. J'en viens à ma question toute simple. Combien d'entre elles se sont rendues aux États-Unis ? Pratiquement aucune. Si on le leur aurait demandé, elles auraient sans doute affirmé qu'elles voulaient s'établir aux États-Unis. La moitié de l'Europe rêvait de le faire, en particulier les survivants de la Shoah. Mais elles n'y sont pas allées. Le gouvernement américain ne voulait pas d'elles, la communauté juive américaine non plus. Les camps ont donc été pris en charge par des émissaires sionistes. Ces derniers ont appliqué le principe selon lequel tout homme ou femme valide de 17 à 35 ans devait être envoyé en Palestine. Le premier livre à traiter de ce sujet tabou est paru il y a quelques années seulement. Son auteur est Yosef Grodzinsky.
Ilan Pappé :
Il n'a paru qu'en hébreu, n'est-ce pas ?
Noam Chomsky :
Non, en anglais également. Mais on en a si peu parlé que personne ne connaît son existence. Son titre en hébreu signifie «Matériau humain de qualité». Personne n'a étudié cet épisode, mais on peut être assez certain que les États-Unis étaient la destination de choix de ces Juifs. La signification de la Shoah s'arrêtait là. On a salué Truman parce qu'il tentait d'aider les Britanniques à envoyer les Juifs en Palestine. Mais personne ne se demande pourquoi le président américain n'a pas dit : «O.K. Nous accueillerons 100 000 Juifs chez nous». Nul endroit au monde n'aurait pu mieux les absorber que les États-Unis, capables d'absorber n'importe qui. En plus d'être peu densément peuplé, il s'agit du pays le plus riche de tous les temps. Washington n'a rien fait parce que la Shoah était considérée comme un moyen de condamner l'ennemi, non comme un concept significatif en soi. Quand la première étude savante sur la Shoah a paru (celle de Raoul Hillberg), on l'a condamnée : «Ne ressassons pas ces vieilles histoires !»
Ilan Pappé :
Ce que vous dites des déplacés internes est très intéressant. Quand la Commission anglo-américaine de 1946 (dont Richard Crossman témoigne dans ses mémoires) et la Commission spéciale des Nations-Unies pour la Palestine en 1947 ont tenté d'adopter une certaine neutralité en disant vouloir entendre les points de vue des deux camps, plusieurs de leurs membres ont affirmé que leur visite des déplacés internés (effectuée sur fond de propagande sioniste) les avait amenés à associer le sort des juifs d'Europe (sur le plan démographique) à celui des Juifs de Palestine. Les Palestiniens se sont ainsi retrouvés en position de faiblesse. Qui aurait osé s'opposer à cette volonté de régler le problème des Juifs d'Europe ? En 1900, personne n'aurait pu se rendre à Vienne pour demander aux Juifs d'émigrer en Palestine. Ça n'aurait pas fonctionner.
Noam Chomsky :
Vous avez raison, mais je crois que cet épisode en dit long sur la culture occidentale. Consternés par leur découverte des camps de concentration, ils n'ont pas dit : «Sauvons les survivants» mais «Arrangeons-nous pour que d'autres personnes paient le prix du sauvetage des survivants.»
Ilan Pappé :
Exactement.
Noam Chomsky :
Ça en dit long sur l'enracinement de la mentalité impérialiste qui ronge l'Occident comme une plaie. «Oui, ces gens vivent dans la misère. Nous avons les moyens de les aider, mais nous n'évoquerons même pas la possibilité de le faire. D'autres gens, qui n'ont pas nos moyens, devrons souffrir pour les soulager.»
Sionistes ou pas, ils auraient réagi exactement de la même manière.
Ilan Pappé :
Je partage votre avis.
Noam Chomsky :
Prenons les États-Unis, sans doute l'exemple le plus patent. Après la Seconde Guerre mondiale, ils occupaient une position tout à fait privilégiée. Les sionistes exerçaient une certaine pression, mais n'avaient guère d'influence. Les Américains, y compris les membres de la communauté juive, ne voulaient tout simplement pas accueillir les juifs européens.
- S'agissait-il d'antisémitisme ?
Noam Chomsky :
En partie, oui. Mais c'était surtout : «Pourquoi nous chargerions-nous de ce fardeau ?»
[...]
En 1924, les États-Unis ont adopté une loi sur l'immigration qui visait à empêcher les Juifs et les Italiens de s'établir chez eux. La loi ne les désignait pas ainsi. Il y était question d'Européens de l'Est et du Sud.
Ilan Pappé :
La pathologie du sionisme est un aspect essentiel. Un historien ne doit jamais oublier que les acteurs de l'époque qu'il étudie ne pouvaient prévoir ce qui se produirait par la suite. Ainsi, lorsqu'on se penche sur les discussions entre sionistes sur le nazisme dans les années 1930, on doit comprendre que ces gens ignoraient de quelle nature serait la «solution finale». Ils n'étaient pas horrifiés. Ils voulaient négocier avec les nazis.
«Nos intérêts convergent. les nazis veulent expulser les Juifs d'Allemagne, nous voulons que les Juifs quittent l'Allemagne, et ils sont prêts à négocier sur cette base» En affirmant cela, ils n'associent pas le sionisme au nazisme : ils négociaient avec des gens [comme Eichmann] qui devaient saisir quels intérêts ils servaient en plus des leurs. Cette question est vite passée au premier plan.
Noam Chomsky :
C'est très frappant. Vous avez raison de souligner que, dans les années 1930, personne ne pouvait savoir ce qui se produirait, y compris les Juifs allemands. Dans un livre paru en 1935 et intitulé Wir, Juden (Nous, Juifs), le sioniste humaniste allemand Joachim Prinz invitait les Juifs à sympatiser avec les nazis parce que leur idéologie était semblable à la leur : le sang et le territoire, et ainsi de suite. «Nous sommes d'accord, alors si nous pouvions leur expliquer que nous appartenons au même camp, ils arrêteraient de nous persécuter.» C'était en 1935. Mais, même en 1941, avant Pearl Harbour, le consul américain à Berlin écrivait des commentaires assez sympathiques aux nazis. Il s'appelait Georges Keenan. Un des architectes du monde de l'après-guerre.
Ilan Pappé :
Oui, Keenan, ce stratège qui considérait que les États-Unis devraient contrôler 50% des ressources mondiales pour jouir du niveau de vie auxquels ils aspiraient.
Cinci- Avec Saint Joseph
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Lotfi aime ce message
Re: Définition du sionisme
Je cherchais une manière de définir concrètement (circonscrire) la réalité de ce fameux lobby sioniste aux États-Unis en particulier, qui puisse nous sortir du fantasme ou de l'irréalité.
Ici :
Ici :
«... la fin des années 1960 voit la montée en puissance d'un lobby spécifique représenté par l'AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) dont la mission essentielle est de couvrir les activités du Congrès à Washington. Comme tous les lobbys, il fournit des informations et étudie les votes. Sa puissance réside dans le nombre de ses correspondants, qui lui permet d'orienter des votes lors des élections au Congrès et de fournir des contributions financières aux candidats considérés comme favorables à Israël. Au contraire, un représentant ou un sénateur jugé hostile verra sa réélection menacée. Après quelques affaires ayant fait grand bruit, sa capacité de dissuasion devint considérable.
Même si la défaite des personnalités considérées comme hostiles à Israël peut s'expliquer par d'autres facteurs, les parlementaires préfèrent ne pas prendre de risque.
La force de l'AIPAC réside aussi dans l'absence d'antagoniste. La cause israélienne est très populaire aux États-Unis par la double tradition biblique et pionnière. Il n'existe pas de lobby arabe important, ayant un impact électoral conséquent. Néanmoins, dans les années 1970, l'AIPAC et ses alliés vont installer un contrôle systématique des activités universitaires et seront prompts à dénoncer les enseignants considérés comme hostiles à Israël et à agir éventuellement contre leur titularisation. Un tel climat d'intimidation aboutira à la radicalisation de certains contre Israël et à un abaissement général du niveau d'expertise sur le Moyen-Orient.
L'AIPAC n'est pas la seule organisation à agir dans la société américaine. L'Anti Defamation League (ADL) fondée en 1913, est un mouvement qui lutte contre l'antisémitisme et pour la séparation de l'État et de la religion. Ses positions sont plutôt d'esprit libéral, au sens américain du terme (de gauche en terme européen) et ses ennemis traditionnels ont été la xénophobie raciste d'extrême-droite (Ku Klux Klan, néo-nazisme). Maintenant, elle assimile la critique du sionisme et d'Israël à l'antisémitisme et refuse la mise sur le même plan de l'Holocauste de la Seconde Guerre mondiale et d'autres destructions de masse dans l'histoire. Elle traque partout dans le monde les différentes formes d'antisémitisme avec pour cibles particulières le nationalisme arabe, l'islamisme et le tiers-mondisme.
Ayant recours à l'action violente, la Jewish Defense League (JDL) est fondée en 1968 par le rabbin Meir Kahane, issu de la droite sioniste. Luttant contre l'antisémitisme, elle a d'abord combattu les Noirs dans les conflits de voisinage à New-York et a étendu ses activités aux représentants soviétiques et arabes aux États-Unis. Son but explicite est de les harceler et de leur rendre la vie impossible. On lui attribue de nombreux attentats, Meir Kahane quittera les États-Unis en 1971 pour s'installer en Israël, officiellement pour accomplir son devoir sioniste, mais aussi pour échapper à des poursuites judiciaires.
Un certain nombre d'intellectuels juifs jusque là très à gauche amorceront un glissement vers des positions plus conservatrices, créant un mouvance que l'on désignera plus tard comme celle des «néoconservateurs». Outre l'attachement à Israël et un antisoviétisme souvent lié à une jeunesse trotskiste, il y a chez eux un refus du relativisme qui les détourne du monde universitaire ou les études communautaires et minoritaires prennent leur essor en rejetant l'hégémonie de la culture classique. Ils sont tendance à se regrouper autour de revues et de centres de réflexion (Think Tank) proches des milieux ayant le pouvoir de décision. Ils seront rejoints dans cette évolution par toute la mouvance démocrate et libérale anticommuniste de la guerre froide.
Ces évolutions ne se font pas en un jour, mais sont actives durant toutes les années 1970. Nixon sera loin de dominer ce mouvement. Il a beau être un anticommuniste et un pourfendeur patenté des élites de la côte est des États-Unis, il va bientôt paraître insuffisamment conservateur [par rapport aux néocons]. Sa politique étrangère, qui repose sur un réalisme des rapports de force [comme dans les idées du professeur John Mearsheimer aujourd'hui] et qu'exprime le concept de «détente», déplaît à ces courants idéologiques fondés sur la lutte implacable du bien contre le mal.
Les différents mouvements et organisations juifs sont en liaison avec l'ambassade d'Israël à Washington (sauf la JDL, trop extrémiste) et agissent en général en coopération avec la politique israélienne. Clairement, ces organisations sont bien des créations de la communauté juive américaine et non des annexes du mouvement sioniste officiel en Israël. A l'époque des gouvernements travaillistes, la bonne entente sera la règle, mais leur tendance sera de se considérer comme des acteurs de plein droit développant un programme éventuellement différent de celui du gouvernement israélien.»
- Henry Laurens, La question de Palestine, tome IV,, 2011, p. 292
Cinci- Avec Saint Joseph
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Re: Définition du sionisme
Pour poursuivre avec Henry Laurens, dans la foulée de ce qu'il raconte après le choc que furent la guerre d Kippour en 1973 suivi par la crise du pétrole, une diminution de l'influence de Kissinger auprès des politiciens israéliens, il en arrive à écrire ceci :
Chose intéressante : un débat va se tenir à l'assemblée générale de l'ONU et une résolution sera votée le 10 novembre 1975.
«... pour Kissinger, la crise démontre qu'Israël n'a pas de politique étrangère, mais un système politique intérieur conduisant à un blocage permanent. Ford va dans le même sens. Il est exaspéré par l'attitude de Yitzhak Rabin et son manque de souplesse. Dès le 24 mars , il annonce un réexamen de la politique américaine au Moyen-Orient pendant lequel les nouveaux accords militaires et économiques avec Israël seront suspendus.
L'inflexibilité de Rabin se nourrit de sa faiblesse intérieure. Il a peu de sympathie pour le mouvement des colons d'inspiration de plus en plus religieuse, dont le groupe du Goush Emounim est le représentant le plus actif. Mais, au sein du mouvement travailliste, le projet de colonisation des territoires occupés rappelle toute l'histoire de la conquête de la terre à l'époque du mandat britannique, avec les multiples illégalités qui l'accompagnent.
Le Bloc de la foi est un mouvement apparu au début de 1974 dans la continuité du sionisme messianique de la période précédente qui voit dans l'établissement du peuple juif sur la terre promise la marque d'un plan divin annonçant la fin des temps. Ces activistes sont là pour sauver le peuple juif et l'amener à la rédemption totale. Les Arabes sont des étrangers en terre d'Israël, les représentants des forces du mal, les continuateurs des nazis, voire pire que ces derniers. Avec franchise, les idéologues du mouvement admettent que cette terre n'a jamais été vide d'habitants. Mais si l'on admet des droits pour les habitants arabes, alors la légitimité du sionisme sera remise en cause et les sionistes deviendraient des criminels de guerre susceptibles d'être jugés pour des crimes contre l'humanité.
Au printemps de 1975, Ariel Sharon, pourtant un proche de Rabin, s'est allié à ces activistes pour mettre en échec la diplomatie de Kissinger, traité publiquement de «Juif lâche de la diaspora prêt à trahir son peuple». Il les pousse à créer une implantation par jour de présence de Kissinger dans la région afin de saboter la diplomatie du secrétaire d'État américain. Une tentative de ce type a eu lieu à Ramallah puis une autre à Jéricho le 13 mars [...] Les grands thèmes du mouvement ne font qu'amplifier les traits essentiels du sionisme. L'équivalent entre les Arabes et les nazis a été cultivée tout aussi bien par la gauche que par la droite israélienne - c'était l'un des sens du procès Eichmann.
Les militants du Goush Emounim ont beau jeu de montrer qu'ils sont dans la continuité des pionniers des générations précédentes. Ils sont les détenteurs de la légitimité du projet, et les pragmatiques prêts à passer des compromis apparaissent pour des traîtres. Ils disposent de beaucoup de sympathies voire de complicités à l'intérieure de l'appareil d'État et de l'armée.
[...]
Sionisme et Palestiniens
L'accord Sinaï II marque la fin de la réputation de Kissinger d'être un magicien des relations internationales. la presse américaine l'associe de plus en plus aux différentes turpitudes de l'ére Nixon. Au sein de l'administration Ford, une nouvelle équipe est en train de le supplanter dans la définition de la politique étrangère. Le chef d'état-major de la Maison-Blanche, Donald Rumsfeld , et son second Dick Cheney, minent sourdement sa position. Ils se placent à la droite du parti républicain et se font les critiques de la politique de détente.
A l'automne 1975, en préparation de la prochaine élection présidentielle, Ford remanie son administration. Schlesinger quitte le secrétariat à la Défense et est remplacé par Rumsfeld. Cheney devient chef d'état-major à la Maison-Blanche. Georges H.W. Bush prend la direction de la CIA. Kissinger doit abandonner sa fonction de conseiller à la sécurité nationale qui passe à son adjoint et fidèle Benjamin Scowcroft. Ce «massacre de Halloween» consacre le déclin de l'influence du secrétaire d'État, qui perd sa position privilégiée auprès du président. Le glissement à droite se trouve amplifié par la volonté de l'ancien gouverneur de la Californie, Ronald Reagan, de se présenter comme compétiteur de Ford à l'investiture républicaine. La critique [des néocons, Rumsfeld, Cheney, etc.] de la position kissingérienne la défini comme amorale, introduisant de dangereuses confusions entre le bien et le mal. Les adversaires de la détente sont des partisans affirmés d'Israël, qui est antisoviétique et démocratique, qui défend les droits des juifs soviétiques. Contrairement à un Kissinger, qui pense en terme de rapports de force mais aussi d'équilibre et de compromis, ils font de la politique étrangère la lutte contre le mal absolu que constituent les soviétiques et leurs alliés [...]
Chose intéressante : un débat va se tenir à l'assemblée générale de l'ONU et une résolution sera votée le 10 novembre 1975.
... la résolution 3379 est adoptée par 75 voix contre 35 et 32 abstentions. Elle condamne en particulier l'alliance impie entre le racisme sud-africain et le sionisme . Le sionisme est mis sur le même plan que l'apartheid, ayant «une origine impérialiste commune et constituant un tout ayant la même structure raciste organiquement liée dans leur politique tendant à la répression de la dignité et de l'intégrité de l'être humain». Le sionisme est donc une forme de racisme et de discrimination raciale.
Indépendamment du jeu diplomatique traditionnel de pressions et de contre-pressions, la résolution exprime bien l'unité des pays du tiers-monde par rapport à la question de Palestine ou ils retrouvent leur propre histoire coloniale.
Moynihan exprime alors le sentiment général américain en disant que les États-Unis ne reconnaissent pas cet acte infâme, ne s'y conformeront pas et ne le feront jamais. [...] L'autorité morale de l'institution internationale est remise en cause [...] on ne peut confondre le racisme, qui a des prétentions biologiques, et Israël qui est l'héritier du peuple qui en a le plus souffert. La notion de race juive est une invention des antisémites. Puisque les Juifs ne constituent pas une race, ils ne peuvent être racistes envers les autres. On se trouve là dans l'aporie de l'après 1945, ou d'une part on affirme que les races n'existent pas et ou d'autre part on multiplie les législations contre toute forme de discrimination raciale. Pour les Israéliens, remettre en cause le sionisme revient à nier l'existence de leur État. L'ambassadeur d'Israël à l'ONU, le général Haïm Herzog, souligne que le vote a eu lieu le jour anniversaire de la «nuit de cristal», symbole des persécutions nazies.
La résolution 3375, votée le même jour, rappelle les droits inaliénables du peuple palestinien sans lesquels il ne pourra pas y avoir de paix juste et durable au Moyen-Orient et demande la participation de l'OLP à toute négociation sous les auspices de l'ONU et en égalité de rang avec les autres parties.
[note : L'ambassadeur américain Daniel P. Moynihan est alors très proche du milieu des néoconservateurs. Contrairement aux moeurs diplomatiques, il s'exprime franchement et publiquement contre l'hypocrisie des pays du tiers-monde qui condamnent l'Occident au nom de ses diverses turpitudes alors que ce sont en général des dictatures policières pratiquant constamment la torture. Si on attaque Israël et les États-Unis, c'est parce qu'ils sont des démocraties. Il s'était fait préparer tout un argumentaire par ses amis néoconservateurs et s'appuyait sur les travaux de l'universitaire Bernard Lewis faisant de l'assimilation du sionisme au racisme une arme habituelle de la propagande soviétique.]
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Re: Définition du sionisme
Il y aura une réplique au texte de la résolution onusienne.
Rabin synthétise la position israélienne de déni de l'existence des Palestiniens lors du vingt-huitième anniversaire du vote du plan de partage de l'ONU, le 28 novembre 1975 :
«L'organisation qui a pour nom OLP a pour base essentielle la négation de l'existence même d'Israël. Elle considère que le judaïsme est une religion et que, de ce fait, les Juifs n'ont pas le droit à un État. Quant à ses méthodes, elles se fondent sur le terrorisme et le meurtre. Ce serait donc une erreur fondamentale que de voir dans l'OLP un facteur susceptible de devenir un interlocuteur valable, pour Israël, dans des négociations.
Israël commettrait une erreur de tactique en acceptant la manoeuvre ennemie, et en consentant à porter le débat sur ce plan. Le problème palestinien n'est pas au coeur du conflit israelo-arabe, et il ne l'a jamais été depuis des dizaines d'années que dure ce conflit. C'est récemment qu'il y a été porté, artificiellement, pour des raisons purement tactiques.»
Il ajoute qu'accepter de dialoguer, même avec des élites de la Cisjordanie, c'est virtuellement accepter la création d'un État palestinien entre Israël et le Jourdain. Il ne peut et il ne doit y avoir un troisième État entre Israël et la Jordanie.
La déclaration de Rabin montre combien le sionisme fait une confusion totale entre le judaïsme et le projet israélien alors qu'il reproche aux Arabes de ne pas faire la distinction.
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Re: Définition du sionisme
Menahem Begin
Discours du président égyptien Sadate devant la Knesset, lors de sa visite diplomatique en Israël entamée le 19 novembre 1977.
Pour les Palestiniens ...
Begin, dans sa réponse, rivalise de références religieuses et éthiques. Il se fait le porte-parole du reste du peuple juif retourné dans sa patrie historique et qui a toujours voulu la paix avec ses voisins arabes. Il fait un cours sur la relation éternelle entre le peuple et la terre d'Israël qui est indispensable pour la survie du peuple puisque personne n'est venu à son secours durant la Seconde Guerre mondiale.
Alors que Sadate a évoqué une douzaine de fois les Palestiniens, Begin ne parle que d'une fois des «Arabes de la terre d'Israël».
Discours du 5 juin 1979 de Menahem Begin à l'ouverture du congrès de son parti.
Sa rhétorique nationaliste est depuis toujours inspirée par une vision catastrophique de l'histoire du peuple juif. Il a perdu la plus grande partie de sa famille dans la Shoah, et les Arabes, ou au moins les «prétendus» Palestiniens, lui apparaissent comme les continuateurs des nazis. D'ailleurs, la Palestine n'existe pas. C'est une distorsion de l'histoire, une arme contre le peuple juif et ses droits. Un État palestinien serait la poursuite de la Shoah.
Discours du président égyptien Sadate devant la Knesset, lors de sa visite diplomatique en Israël entamée le 19 novembre 1977.
«Premièrement, je ne suis pas venue chez vous pour conclure un accord séparé entre l'Égypte et Israël. Le problème n'est pas entre l'Égypte et Israël, et une paix séparée entre l'Égypte et Israël ou entre un quelconque des États de la confrontation. De plus, si la paix était établie entre tous les États de la confrontation et Israël sans qu'intervienne une juste solution du problème palestinien, cela ne conduirait jamais à la paix permanente et juste sur laquelle le monde insiste aujourd'hui.
Je vous dis en vérité que la paix ne sera réelle que si elle est fondée sur la justice et non sur l'occupation des terres d'autrui. Il n'est pas admissible que vous demandiez pour vous-mêmes ce que vous refusez aux autres. Franchement, dans l'esprit qui m'a poussé à venir chez vous aujourd'hui, je vous dis : vous devez abandonner une fois pour toutes vos rêves de conquêtes. Vous devez aussi abandonner la croyance que la force est la meilleure façon de traiter avec les Arabes. Vous devez comprendre les leçons de l'affrontement entre vous et nous. L'expansion ne vous apportera aucun bénéfice.
Pour parler clairement notre terre n'est pas objet de compromis ou de marchandage. Notre sol national est, pour nous, aussi sacré que la vallée dans laquelle Dieu a parlé à Moïse. Aucun d'entre nous n'a le droit et aucun d'entre nous n'acceptera de céder un pouce de ce sol.
De surcroit, Israël pourra exiger toutes les garanties acceptables de sécurité internationale sur une base de réciprocité.
En ce qui concerne Jérusalem :
Il y a de la terre arabe qu'Israël a occupée et qu'il continue à occuper par la force des armes. Nous insistons sur un retrait complet de ce territoire arabe, y compris Jérusalem arabe, Jérusalem ou je suis venu comme dans une cité de paix, la cité qui a été et qui sera toujours l'incarnation vivante de la coexistence entre les fidèles des trois religions.
Il est inacceptable que quiconque puisse penser à la position spéciale de Jérusalem en terme d'annexion ou d'expansion. Jérusalem doit être une ville libre, ouverte à tous les fidèles. Plus important que tout cela, la ville ne doit pas être coupée de ceux qui s'y sont rendus durant des siècles.»
Pour les Palestiniens ...
«En ce qui concerne le problème palestinien, personne ne nie qu'il est au coeur de toute l'affaire. Personne au monde aujourd'hui n'acceptera les slogans creux de ceux qui, ici, en Israël, ignorent l'existence du peuple palestinien et même se demande ou se trouve un tel peuple. Le problème du peuple palestinien et de ses droits légitimes n'est plus nié ni dédaigné par qui que ce soit aujourd'hui. Il est inconcevable qu'il soit ignoré ou nié. C'est une réalité à laquelle la communauté internationale, à l'Ouest comme à l'Est, a répondu par le soutien et la reconnaissance dans des documents internationaux et des déclarations officielles.»
Begin, dans sa réponse, rivalise de références religieuses et éthiques. Il se fait le porte-parole du reste du peuple juif retourné dans sa patrie historique et qui a toujours voulu la paix avec ses voisins arabes. Il fait un cours sur la relation éternelle entre le peuple et la terre d'Israël qui est indispensable pour la survie du peuple puisque personne n'est venu à son secours durant la Seconde Guerre mondiale.
Alors que Sadate a évoqué une douzaine de fois les Palestiniens, Begin ne parle que d'une fois des «Arabes de la terre d'Israël».
Discours du 5 juin 1979 de Menahem Begin à l'ouverture du congrès de son parti.
Nous demandons à nos amis d'Égypte de ne pas s'embarrasser de déclarations que les colonies juives d'Eretz Israël sont illégales, qu'une partie de Jérusalem sera placée sous souveraineté arabe et que l'autonomie n'est qu'un premier pas vers un État palestinien.
Jamais depuis que la notion de loi n'est enracinée dans l'espèce humaine, il n'y eut d'acte plus légal que la colonisation juive en tous points de la patrie juive.
Il n'y aura plus de politiques de représailles contre les terroristes odieux qui trouvent refuge au Liban. Nous les poursuivrons et les frapperons en toute occasion. Nous n'attendrons plus de bains de sang comme ceux de Naharyva ou de Tibériade. Nous ne sommes plus sans défense et sur une terre étrangère. Qui lèvera la main sur un enfant juif ne sera en sécurité ni à Beyrouth ni ailleurs.
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Re: Définition du sionisme
Ilan Papé en toute intimité ...
Il évoque au passage des raisons pouvant expliquer la puissance du «lobby» israélien dans notre Occident global. Plusieurs bonnes remarques intéressantes. Juste voir ce qu'il dit vers la 45e minute
Il évoque au passage des raisons pouvant expliquer la puissance du «lobby» israélien dans notre Occident global. Plusieurs bonnes remarques intéressantes. Juste voir ce qu'il dit vers la 45e minute
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Re: Définition du sionisme
Je lisais L'industrie de l'Holocauste, réflexions sur l'exploitation de la souffrance des Juifs, ouvrage de Norman Finkelstein paru en 2001. Om trouve là-dedans certaines bonnes explications à l'évolution de la position politique de certains acteurs sur la scène nationale ou internationale. On y obtient des réponses à des questions que nous serions tous susceptibles de nous poser.
Je voudrais quand même en passer un extrait et qui, à la fin, je pense permet de placer dans une assez bonne perspective le fameux lobby sioniste. Je passe sur l'introduction pour arriver au vif du sujet.
Je voudrais quand même en passer un extrait et qui, à la fin, je pense permet de placer dans une assez bonne perspective le fameux lobby sioniste. Je passe sur l'introduction pour arriver au vif du sujet.
Norman Finkelstein
«... jusqu'à une époque assez récente, l'holocauste nazi ne tenait guère de place dans la vie américaine. Entre 1945 et la fin des années 1960, on ne trouve que très peu de livres et de films sur le sujet, et il n'y avait qu'une seule université à offrir un cursus s'y rapportant. Quand, en 1963, Hannah Arendt publia Eichmann à Jérusalem : rapport sur la banalité du mal, elle ne pouvait se référer qu'à deux travaux de recherche en anglais : The Final Solution de Gerald Reitlinger et La destruction des Juifs d'Europe de Raul Hillberg. Ce chef d'oeuvre lui-même n'est pas venu au monde sans peine. Franz Neumann, un sociologue juif allemand qui était le directeur de thèse de Hilberg à la Columbia University, lui déconseillait fortement de travailler sur le sujet («Ce sera votre enterrement») et aucune maison d'édition universitaire ou privée n'accepterait d'ouvrir seulement le manuscrit terminé. Quand le livre fut finalement publié, il ne recueillit qu'un petit nombre de critiques, pour la plupart négatives.
Non seulement les Américains en général, mais aussi les Juifs américains - y compris les intellectuels - n'attachaient pas grande importance à l'holocauste nazi. Dans une synthèse écrite en 1957 et faisant autorité, le sociologue Nathan Glazer notait que la Solution finale - comme d'ailleurs l'État d'Israël - «avait un impact relativement faible sur la vie du milieu juif américain». Dans un symposium organisé par la revue Commentary en 1961 sur «judaïté et jeunesse intellectuelle», seuls deux participants sur trente et un insistèrent sur l'importance de l'holocauste nazi. La même année, une table ronde organisée par le journal Judaism et réunissant vingt et un juifs pratiquants sur le thème «Mon affirmation comme Juif» faisait presque complètement l'impasse sur le sujet. Il n'existait aux États-Unis ni monuments ni autres témoignages aux victimes de l'holocauste nazi. Les grandes organisations juives étaient même opposées à de telles manifestations de la mémoire. On peut se demander quelle en était la raison.
L'explication courante est que les Juifs étaient si traumatisés par l'holocauste nazi qu'ils en occultaient la mémoire. Il n'existe cependant rien de concret à l'appui de cette thèse. Certains survivants, il est vrai, ne souhaitaient pas parler de ce qu'ils avaient vécu. Mais beaucoup d'autres avaient très envie de raconter et, quand l'occasion se présentait, ils étaient intarissables. Le problème c'est que les Américains ne voulaient pas écouter.
La vraie raison du silence public sur l'extermination des Juifs tenait au conformisme des dirigeants juifs américains et au climat politique de l'Amérique d'après-guerre. En politique intérieure comme dans les affaires étrangères les élites juives américaines s'alignaient strictement sur la politique officielle du gouvernement. Cette attitude permettait d'atteindre plus facilement les buts traditionnels, l'assimilation et l'accès aux postes de pouvoir. Dès le début de la Guerre froide, les principales institutions juives se lancèrent dans le combat. Les élites juives américaines «oublièrent» l'holocauste nazi parce que l'Allemagne - l'Allemagne de l'Ouest en 1949 - était devenue un allié déterminant des États-Unis dans la confrontation avec l'Union soviétique.
Les grandes organisations juives soutinrent la position américaine en faveur du réarmement d'une Allemagne mal dénazifiée. L'American Jewish Committee (AJC), craignant qu'une opposition organisée des Juifs américains à la stratégie et à la nouvelle politique étrangère ne les isole aux yeux de la majorité non-juive et nuise à leur réussite d'après-guerre sur la scène intérieure, fut le premier à prêcher les vertus de l'alignement. Le Congrès juif mondial pro-sioniste, et sa branche américaine abandonnèrent leur opposition après avoir signé les accords de réparation avec l'Allemagne au début des années 1950. L'Anti Defamation League fut la première grande organisation juive à envoyer une délégation en Allemagne, en 1954. Ensemble, ces organisations collaborèrent avec le gouvernement de Bonn pour endiguer la vague «anti-allemande» dans l'opinion populaire juive.
Il y avait une autre raison pour faire de la Solution finale un sujet tabou dans l'élite juive. Les Juifs de gauche ne cessaient d'attaquer l'alignement avec l'Allemagne contre l'Union soviétique dans la Guerre froide. Le rappel de l'holocauste nazi était donc étiquetté comme propagande communiste. Affligées du stéréotype qui assimilaient les Juifs à la gauche, les élites juives américaines n'hésitèrent pas à sacrifier leurs ouailles sur l'autel de l'anticommunisme. L'American Jewish Committee et l'Anti Defamation League ouvrirent aux agences gouvernementales US leurs dossiers sur de supposés Juifs subversifs et collaborèrent activement à la chasse aux sorcières de l'ère McCarthy. L'American Jewish Committe appuya la condamnation à mort des Rosenberg, cependant que son organe Commentary publiait un article affirmant qu'ils n'étaient pas vraiment juifs.
Craignant de se trouver affiliées à la gauche, les organisations juives s'opposaient à la coopération avec les socio-démocrates allemands anti-nazis, comme au boycott des firmes allemandes et aux manifestations contre la visite d'anciens nazis aux États-Unis. Et, en même temps, des dissidents allemands comme le pasteur Martin Niemöller, qui avait passé huit ans en camp de concentration et qui luttait maintenant contre la croisade anti-communiste, étaient calomniés par des dirigeants juifs américains lors de leurs visites. Pour doper leurs états de service anticommuniste, les élites juives américaines en arrivaient à s'adjoindre - et à financer - les services d'organisations d'extrême-droite comme l'All American Conference to Combat Communism, tout en faisant semblant de ne rien voir lorsque des vétérans SS arrivaient aux États-Unis.»
p. 20
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Re: Définition du sionisme
«Tout va changer au moment de la guerre israelo-arabe de 1967. Pratiquement toutes les sources montrent que c'est seulement après ce conflit que l'Holocause devient une constante de la vie juive américaine. Pour expliquer cette transformation il est habituel de dire que pendant cette guerre, l'isolement et la vulnérabilité d'Israël ont ravivé la mémoire de l'extermination par les nazis. En fait, cette façon de voir méconnaît à la fois la réalité des rapports de force au Moyen-Orient à cette époque et l'évolution des relations entre les élites juives américaines et Israël.
Au départ, les dirigeants juifs étaient animés d'une profonde méfiance envers l'idée d'un État juif. Ils craignaient surtout qu'il apporte de l'eau au moulin à l'accusation de double loyauté. Ce souci n'avait fait que croître pendant la Guerre froide. Dès avant la fondation d'Israël, les élites juives américaines exprimaient la crainte que ses dirigeants, pour la plupart hommes de gauche originaire d'Europe de l'Est, ne rejoignent le camp soviétique. Si l'American Jewish Committee a soutenu la fondation d'Israël , c'est parce qu'il craignait un mouvement anti-juif aux États-Unis, si les réfugiés juifs d'Europe ne se trouvaient pas installés rapidement quelque part. Bien qu'Israël se soit rangé du côté des Occidentaux dès la formation de l'État, beaucoup d'Israéliens, au gouvernement et en dehors, gardaient de l'affection pour l'Union soviétique. Les dirigeants juifs américains gardaient donc leurs distances envers Israël.
De sa fondation en 1948 jusqu'à la guerre de 1967, Israël ne constituait pas un élément central de la stratégie américaine. Au moment ou les dirigeants juifs de Palestine se préparaient à proclamer la fondation de l'État, le président Truman hésitait, mettant en balance les considérations électorales intérieures (le vote juif) et les craintes du Département d'État de s'aliéner le monde arabe. Pour préserver les intérêts américains au Moyen-Orient, l'administration Eisenhower maintiendra l'équilibre entre Israël et les nations arabes, avec une certaine préférence pour ces dernières.
Les heurts périodiques entre Israël et les États-Unis culminèrent en 1956 avec la crise de Suez, ou Israël s'allia avec la France et la Grande-Bretagne pour attaquer l'Égypte de Nasser. Bien que la victoire éclaire d'Israël et l'occupation du Sinaï aient démontré son potentiel stratégique, les États-Unis continuaient de n'en faire qu'un atout parmi d'autres. Eisenhower obligera Israël à se retirer du Sinaï sans compensation . Pendant la crise, les dirigeants juifs américains avaient brièvement essayé d'appuyer les Israéliens pour obtenir des concessions de la part des États-Unis, mais finalement, comme le rappelle Arthur Hertzberg, ils préférèrent conseiller aux Israéliens de se plier aux ordres plutôt que de s'opposer au président des États-Unis.
Les intellectuels juifs américains manifestaient une grande indifférence envers le destin d'Israël. La gauche new-yorkaise des années 1950 ne faisait guère mention d'Israël. Il est curieux aujourd'hui que les deux seuls intellectuels juifs de renom à avoir eu un lien avec Israël avant juin 1967 sont Hannah Arendt et Noam Chomsky.
Puis survint la guerre de 1967. Impressionnés par le déploiement écrasant de la puissance israélienne, les États-Unis commencèrent à l'élever à la hauteur d'atout stratégique (Ils avaient entrepris de faire pencher la balance en faveur d'Israël dès avant la guerre de 1967, voyant les régimes égyptien et syrien s'orienter vers une position de plus en plus indépendante au milieu des années 1960). L'assistance économique et militaire commença à se déverser sur Israël à mesure qu'il devenait une tête de pont américaine au Moyen-Orient.
Pour les élites juives américaines, le fait qu'Israël devienne un allié des États-Unis était une véritable aubaine. Le sionisme avait eu pour prémisse de base que l'assimilation était un rêve creux et que les Juifs seraient toujours perçus comme des alliés potentiellement déloyaux. C'est pour résoudre ce dilemme que les sionistes avaient eu l'idée de fonder un foyer national juif. Mais la fondation d'Israël aggravait le problème, tout au moins pour les Juifs de la diaspora : il donnait une expression institutionnelle à l'accusation de double loyauté. Paradoxalement, après 1967, Israël facilitait l'assimilation aux États-Unis : les Juifs se trouvaient désormais sur la ligne de front, défendant les États-Unis - et même «la civilisation occidentale» - contre les hordes arabes rétrogrades. Alors qu'avant 1967 l'existence d'Israël obligeait à conjurer le spectre de la double loyauté, l'État juif se situait maintenant du côté de la super-loyauté. Ce n'étaient pas les Américains qui se battaient et mouraient pour défendre les intérêts des États-Unis, c'étaient les Israéliens. Et à la différence des GI's au Vietnam, les Israéliens ne se faisaient pas humilier par des combattants issus des tréfonds du Tiers Monde.
Soudain, les élites juives découvrirent donc Israël.
Après la guerre de 1967, on pouvait vanter le dynamisme militaire d'Israël, puisque ses fusils étaient pointés dans la bonne direction, celle des ennemis de l'Amérique. Auparavant, les milieux juifs pouvaient tout juste offrir quelques listes de subversifs juifs. Maintenant, ils pouvaient se présenter comme les interlocuteurs naturels du nouvel atout stratégique de l'Amérique. De figurants, ils pouvaient accéder aux premiers rôles dans le drame de la Guerre froide.
Dans un ouvrage autobiographique publié juste avant la guerre de juin, Norman Podhoretz se souvient d'avoir participé à un diner officiel à la Maison Blanche où il n'y avait «pas un seul invité qui ne fut visiblement et absolument fou de joie de se trouver là». Que pouvait offrir Israël à un Juif américain ? Dans un texte ultérieur, Podhoretz se souvient qu'après juin 1967, Israël devint «la religion des Juifs américains».
Après la guerre de 1967, les grandes organisations juives consacrèrent le plus clair de leur temps à consolider l'alliance entre les États-Unis et Israël. Ce qui s'accompagna, dans le cas de l'Anti Defamation League, d'une vaste opération d'espionnage intérieur, avec le soutien des services de renseignements israéliens et sud-africain. La couverture des événements d'Israël par le New York Times s'accrut de façon spectaculaire après juin 1967. Comme Podhoretz, beaucoup d'intellectuels juifs entrèrent «en religion» après la guerre de juin 1967.
Novick relate que la doyenne de la littérature sur l'Holocauste, Lucy Dawidowicz, avait été autrefois une virulente détractrice d'Israël . En 1953, elle affirmait qu'Israël ne pouvait pas demander des réparations à l'Allemagne et en même temps refuser d'assumer ses responsabilités envers les Palestiniens : «La morale ne peut pas être aussi élastique». Pourtant, presque immédiatement après la guerre de juin 1967, Lucy Dawidowicz devint «un fervent supporter d'Israël», en en faisant le paradigme collectif de «l'image idéale du Juif dans le monde moderne».
Irving Howe, un important intellectuel de gauche qui dirigeait en 1956 le périodique Dissent, condamnait alors «l'attaque combinée d'Israël contre l'Égypte» comme immorale. Bien qu'Israël fût alors véritablement seul, il était accusé par Howe de «chauvinisme culturel», de «sentiment quasi-messianique de son destin» et «d'expansionnisme larvé». Après la guerre de 1973, moment ou le soutien américain à Israël atteignait son maximum, Howe publiait un manifeste personnel «plein d'une extrême anxiété», prenant la défense d'Israël dans son isolement. Le monde des gentils, se lamentait-il encore, était submergé par l'antisémitisme.
En tant qu'atout stratégique de l'Amérique, Israël n'était pourtant pas à l'abri de critiques. Outre la réprobation internationale croissante devant son refus de négocier avec les Arabes et de se conformer aux résolutions des Nations-Unies et devant son soutien inconditionnel des intérêts américains, Israël devait faire face à une opposition à l'intérieur des États-Unis. Dans les milieux dirigeants, le clan dit pro-arabe maintenait qu'en mettant tous ses oeufs dans le même panier israélien et en ignorant les aspirations des élites arabes, on compromettait les intérêts nationaux des États-Unis.
Certains soutenaient que l'alignement d'Israël sur la puissance américaine et l'occupation de territoires arabes n'étaient pas seulement mauvais d'un point de vue moral, mais que cette attitude mettait en danger l'État lui-même : Israël risquait de se militariser toujours davantage et de s'aliéner davantage le monde arabe. Pour les nouveaux partisans juifs de l'État d'Israël, une telle façon de penser était proche de l'hérésie : un État d'Israël indépendant et en paix avec ses voisins ne servait plus à rien. Ce qu'il fallait, c'était une Sparte israélienne étroitement liée au pouvoir américain car c'est alors seulement que les dirigeants juifs américains pouvaient s'ériger en porte-paroles, pour soutenir les ambitions impérialistes des États-Unis. Noam Chomsky a suggéré qu'on devrait plutôt désigner ces «supporters d'Israël» comme des «supporters de la dégénérescence morale et de la destruction finale d'Israël».
p.28
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Re: Définition du sionisme
Si on résume un peu, Finkelstein fait remarquer que la dynamique que l'on connaît encore aujourd'hui dans les relations internationales et impliquant Israël est une dynamique qui s'est installé uniquement après l'année 1967.
En rétrospective, il pourrait être curieux pour nous de penser qu'avant cette date les Juifs eux-mêmes n'entretenaient pas tout un cinéma à propos des camps de la mort. On en parlait pas. Très peu. Même les sionistes n'essayaient pas de capitaliser la chose pour en tirer des avantages. Dans le fond, les élites juives américaines souhaitaient seulement être en phase avec la politique du gouvernement en place. Non, l'obsession pour le drame du temps de la guerre est un phénomène qui apparaît quasiment plus de vingt ans après la guerre. Et c'est alors seulement que l'Holocauste nazi va venir prendre sa place apparemment essentielle dans le dispositif de raisonnement ou de fonctionnement régulier des associations, groupes de défense juifs, etc.
Pourquoi cela ?
Finkelstein a une explication à faire valoir. Il faut quand même la considérer.
Il écrit :
Donc le nerf de la guerre consisterait à entretenir un sentiment d'urgence et la peur face à une menace qui serait d'autant plus redoutable qu'elle serait totalement irrationnelle, toujours prête à se manifester. La mémoire de l'holocauste va tenir lieu de force motrice pour alimenter la dynamo. L'Holocauste va devenir le thème porteur servant à consacrer cette nouvelle alliance étroite entre Israël et les États-Unis. Ce qui nous amènera à prochain chapitre, celui expliquant la manipulation mentale entourant cette question.
En rétrospective, il pourrait être curieux pour nous de penser qu'avant cette date les Juifs eux-mêmes n'entretenaient pas tout un cinéma à propos des camps de la mort. On en parlait pas. Très peu. Même les sionistes n'essayaient pas de capitaliser la chose pour en tirer des avantages. Dans le fond, les élites juives américaines souhaitaient seulement être en phase avec la politique du gouvernement en place. Non, l'obsession pour le drame du temps de la guerre est un phénomène qui apparaît quasiment plus de vingt ans après la guerre. Et c'est alors seulement que l'Holocauste nazi va venir prendre sa place apparemment essentielle dans le dispositif de raisonnement ou de fonctionnement régulier des associations, groupes de défense juifs, etc.
Pourquoi cela ?
Finkelstein a une explication à faire valoir. Il faut quand même la considérer.
Il écrit :
«... parmi les groupes qui dénoncent les persécutions dont ils sont victimes - les Noirs, les latinos, les Indiens, les femmes, les homosexuels - les Juifs sont les seuls à ne pas être désavantagés dans la société américaine. En fait, la politique identitaire et l'Holocauste ont pris racine parmi les Juifs américains non pas à cause de leur état de victimes, mais précisément parce qu'ils ne sont pas des victimes.
Les barrières de l'antisémitisme étant tombées rapidement après la Seconde Guerre mondiale, les Juifs ont acquis une position éminente aux États-Unis. D'après Lipset et Raab, le revenu individuel moyen des Juifs est presque le double de celui des non-Juifs; quarante pourcent des prix Nobel américains de science et d'économie sont juifs, de même que vingt pourcent des professeurs d'université et quarante poucent des grands avocats de New-York et Washington. On pourrait continuer la liste. Loin de constituer un obstacle, l'identité juive est devenue un facteur de succès. De même que bien des Juifs, qui restaient assez tièdes envers Israël quand c'était un sujet gênant se sont convertis au sionisme quand c'est devenu un atout, de même ceux qui revendiquaient pas leur judaïté quand elle constituait un handicap sont devenus de bons Juifs lorsqu'elle a commencé à représenter un avantage.
Dans A certain People : American Jews and Their Lives Today, Charles Silberman - lui-même récemment acquis à la judaité - se livre à une surrenchère caractéristique : «Il est extraordinairement difficile pour les Juifs américains d'éradiquer totalement leur sentiment de supériorité, même au prix de beaucoup d'efforts.» D'après Philip Roth, ce dont hérite un enfant juif américain, ce n'est pas un cadre moral, ni un système de savoir ou de langage et, finalement, pas non plus un dieu [...] mais une psychologie particulière; et cette psychologie peut se traduire en quatre mots : Les Juifs sont meilleurs. Et comme on le verra plus loin, l'Holocauste, qui est comme le versant négatif de leur succès social, a servi lui aussi à valider la notion de groupe élu.
Dans les années 1970, bien que l'antisémitisme ait cessé d'être un phénomène marquant dans la vie américaine, les dirigeants juifs commencèrent à tirer la sonnette d'alarme, affirmant qu'un nouvel antisémitisme virulent était en train de se développer. Cette charge hystérique contre le nouvel antisémitisme avait plusieurs objectifs. Elle redorait le blason d'Israël, en tant que dernier refuge pour les Juifs américains, le jour ou il en faudrait un. Ceux qui faisaient profession de lutter contre l'antisémitisme recevaient un meilleur accueil lors de leurs collectes de fonds. [...]
Rentré d'un voyage aux États-Unis, le respecté journaliste israélien Dany Rubinstein écrivait : «Pour la plupart des membres de l'establishment juif, l'important est d'insister sans cesse sur les dangers qui menacent Israël [...] L'establishment juif en Amérique n'a besoin d'Israël que comme victime des attaques cruelles des Arabes. Pour cet Israël-là, on peut obtenir des soutiens, des donateurs, de l'argent.
Donc le nerf de la guerre consisterait à entretenir un sentiment d'urgence et la peur face à une menace qui serait d'autant plus redoutable qu'elle serait totalement irrationnelle, toujours prête à se manifester. La mémoire de l'holocauste va tenir lieu de force motrice pour alimenter la dynamo. L'Holocauste va devenir le thème porteur servant à consacrer cette nouvelle alliance étroite entre Israël et les États-Unis. Ce qui nous amènera à prochain chapitre, celui expliquant la manipulation mentale entourant cette question.
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Re: Définition du sionisme
La manipulation ...
Le système de l'Holocauste repose sur deux dogmes centraux : 1) l'Holocauste constitue un événement catégoriquement unique; 2) l'Holocauste constitue le point culminant de la haine irrationnelle et éternelle des Gentils contre les Juifs.
Aucun de ces deux dogmes n'est exposé dans un discours public avant la guerre de 1967. Bien qu'ils soient devenus depuis les piliers de la littérature de l'Holocauste, on n'en trouve trace dans aucun travail scientifique sérieux sur l'Holocauste nazi. Mais tous deux ont des prolongements profonds dans le judaïsme et le sionisme.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on ne se représentait pas l'holocauste nazi comme un événement uniquement juif, et encore bien moins comme historiquement unique. «On a vu émerger après la guerre de 1967, rappelle Jacob Neusner, un énoncé très important qui allait devenir emblématique du judaïsme américain [...] à savoir que l'Holocauste était unique, sans équivalent dans l'histoire de l'humanité.» Dans un essai lumineux, l'historien David Stannard ironise sur «la petite industrie des hagiographes de l'Holocauste, qui soutiennent le caractère unique de l'expérience juive avec une énergie et une naïveté de théologiens zélotes.»
Le dogme de l'unicité n'a aucun sens. Fondamentalement, tout événement historique est unique, ne serait-ce que pour des raisons de lieu et de temps, et tout événement historique a des éléments qui le rapprochent et le distinguent à la fois d'autres événements historiques. Mais pour l'Holocauste, le caractère unique est considéré comme absolument décisif.
De l'Holocauste phénomène unique à l'Holocauste qu'on ne peut pas appréhender rationnellement, il n'y a qu'un pas. Si l'Holocauste est sans précédent dans l'histoire, sa place est au-dessus de l'histoire, et il n'est donc pas possible de le comprendre par l'histoire. Bref, l'Holocauste est unique parce qu'il est inexplicable , et il est inexplicable parce qu'il est unique. Qualifiée par Novick de sacralisation de l'Holocauste, cette mystification est régulièrement alimentée par Élie Wiesel. Pour lui, comme l'observe Novick, l'Holocauste est une «religion du mystère». Il psalmodie donc une litanie ou l'Holocauste conduit vers l'obscur, dénie toute réponse, se situe hors de l'histoire et même au-delà, ne peut être expliqué ni visualisé, défie toute connaissance et toute description. Seul le survivant-prêtre (c'est à dire Élie Wiesel) est qualifié pour percer son mystère. Et pourtant, déclare Wiesel, le mystère de l'Holocauste est «incommunicable»; il nous est même impossible d'en parler. C'est ainsi que pour 25 000 dollars (plus la limousine et le chauffeur), Wiesel explique dans ses conférences que le «secret» de la vérité d'Auschwitz réside dans le silence.
Selon cette vision, la compréhension rationnelle de l'Holocauste équivaut à sa négation. Car la rationalité conduit à nier l'unicité et le mystère de l'Holocauste. Quant à la comparaison de l'Holocauste avec les souffrances d'autres peuples, elle constitue pour Élie Wiesel une «trahison absolue de l'Histoire juive».
Le débat sur l'unicité de l'Holocauste est stérile. Pourtant, la revendication de cette unicité en est arrivée à constituer une forme de terrorisme intellectuel. Ceux qui se livrent, dans des travaux scientifiques, à des études comparatives normales, doivent commencer par prendre mille précautions pour ne pas être accusés de «banaliser» l'Holocauste. Un corollaire de l'unicité de l'Holocauste est qu'il constitue un Mal unique. La souffrances des autres, si terrible qu'elle soit, ne peut tout simplement pas lui être comparée. Revendiquer l'unicité de l'Holocauste est intellectuellement vide et moralement indigne. Selon Jacob Neusner, l'Holocauste, mal unique, n'a pas seulement pour conséquence de donner aux Juifs un statut à part, il leur donne un droit sur les autres. Pour Edward Alexander, l'unicité de l'Holocauste est un capital moral : les Juifs doivent réclamer la propriété de ce bien précieux.
Dans les faits, le caractère unique de l'Holocauste - ce droit sur les autres, ce capital moral - représente pour Israël un alibi précieux. C'est ainsi, explique Nathan Glazer, que l'Holocauste en mettant en évidence le caractère particulièrement distinctif des Juifs, leur sonne le droit de se considérer comme spécialement menacés et spécialement justifiés dans tous les efforts nécessaires à leur survie.
Mais ce n'est pas là le seul facteur. Revendiquer l'unicité de l'Holocauste, c'est revendiquer l'unicité des Juifs. Ce qui fait la singularité de l'Holocauste ce n'est pas la souffrance des Juifs, c'est le fait que des Juifs ont souffert. Autrement dit : l'Holocauste est unique parce que les Juifs sont uniques. Ismar Schorsch, directeur du Jewish Theological Seminary ridiculisant l'unicité de l'Holocauste, la décrit comme «une déplaisante version séculière de l'Élection»." Élie Wiesel n'est pas moins véhément sur la singularité des Juifs que sur celle de l'Holocauste : «Tout en nous est différent»; «Les Juifs sont ontologiquement exceptionnels»
p. 50
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Re: Définition du sionisme
Et Finkelstein continuait ...
Finkelstein
«Récupérant un dogme sioniste, le système de l'Holocauste présente la Solution finale comme l'apogée de la haine millénaire des Gentils envers les Juifs. Les Juifs ont péri parce que tous les Gentils, qu'ils soient bourreaux ou collaborateurs passifs, voulaient qu'ils meurent. D'après Wiesel, «le monde libre et civilisé a livré les Juifs au bourreau. Celui-ci tuait, assassinait, égorgeait, et celui-là se taisait.»
Il n'existe pourtant aucune preuve historique en faveur d'une pulsion meurtrière des Gentils. On pourrait d'ailleurs remarquer que la théorie de l'éternel antisémitisme donne des arguments aux antisémites. Comme l'écrivait Hannah Arendt dans Sur l'antisémitisme : «Rien d'étonnant à ce que cette doctrine ait été adoptée par des antisémites professionnels; c'est le meilleur des alibis pour toutes les horreurs. S'il est vrai que pendant deux mille ans l'humanité a tué des Juifs, alors le meurtre de Juifs est une occupation normale, voire humaine, et la haine des Juifs se justifie sans avoir besoin d'aucune explication. Le plus surprenant dans cette idée d'un éternel antisémitisme est qu'elle a été adoptée par un grand nombre d'historiens objectifs et par un nombre de Juifs encore plus grand.»
Adopté par l'industrie de l'Holocauste, le dogme de la haine éternelle des Gentils a servi à la fois à justifier la création d'un État juif et à expliquer l'hostilité envers Israël. L'État juif est la seule protection sûre contre le prochain - et inévitable - accès d'antisémitisme meurtrier. Inversement, l'antisémitisme meurtrier est à la base de toute attaque, et même de toute manoeuvre défensive vis à vis de l'État juif. Pour expliquer les critiques envers Israël, la romancière Cynthia Ozick a une réponse toute faite : «Le monde veut éradiquer les Juifs [...] Le monde entier a toujours voulu éradiquer les Juifs.» Si le monde entier veut tuer les Juifs, on se demande comment on en trouve encore qui soient en vie et qui, à la différence d'une grande partie de l'humanité, ne meurent pas de faim.
Ce dogme sert également à donner toute licence à Israël. Les Gentils étant déterminés à assassiner les Juifs, ceux-ci ont tous les droits pour se protéger, de quelque manière que ce soit. Toutes les méthodes auxquelles les Juifs peuvent avoir à recourir - y compris la violence et la torture - relèvent de l'autodéfense légitime. Déplorant la thèse de la haine éternelle des Gentils, Boas Evron observe qu'elle constitue l'équivalent d'une «paranoïa délibérément construite». Cette mentalité excuse à l'avance tout traitement inhumain envers les non juifs, car si la mythologie dominante est que «tous les peuples ont collaboré avec les nazis dans la destruction des Juifs», alors tout est permis aux Juifs dans leur relation avec les autres peuples.
Dans le système de l'Holocauste, non seulement l'antisémitisme des Gentils est impossible à éradiquer, mais il est toujours irrationnel.
Goldhagen allant bien au-delà des analyses du sionisme classique propose un «antisémitisme déconnecté des Juifs réels, ne constituant absolument pas une réponse à la conduite objectivement évaluée des Juifs». Relevant d'une pathologie mentale des Gentils, son domaine se situerait dans l'esprit. Guidé par des arguments irrationnels, l'antisémite, selon Élie Wiesel, «en veut tout simplement au Juif d'exister». Comme le note alors ironiquement le sociologue John Murray Cuddihy, «non seulement ce que les Juifs font ou ne font pas n'a rien à voir avec l'antisémitisme, mais toute tentative pour expliquer l'antisémitisme par une quelconque responsabilité des Juifs est en soi un exemple d'antisémitisme !»
Il ne s'agit évidemment pas de prétendre que l'antisémitisme serait acceptable, ni qu'il faille en vouloir aux Juifs pour les crimes commis contre eux, mais simplement que l'antisémitisme se développe dans un contexte historique spécifique avec tout un jeu d'intérêts croisés. «Une minorité douée, bien organisée et qui réussit peut susciter des conflits dérivant de tensions intergroupes objectives», souligne Ismar Schorsch, et ces conflits se présentent souvent sous l'enveloppe de stéréotypes antisémites.»
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Re: Définition du sionisme
«L'irrationnalité de l'antisémitisme des Gentils est inductivement déduite de l'irrationnalité de l'Holocauste : la Solution finale de Hitler n'avait absolument aucune rationalité - c'est «le mal pour le mal, le meurtre de masse sans but»; or la Solution finale de Hitler marque le point culminant de l'antisémitisme des Gentils, donc l'antisémitisme des Gentils est par essence irrationnel. Qu'on les considère séparément ou ensemble toutes ces propositions ne tiennent pas à l'examen le plus superficiel. Mais politiquement, l'argument est de la plus grande utilité.
En rendant les Juifs irréprochables, le dogme de l'Holocauste immunise Israël et les milieux juifs américains contre toute critiquer légitime. L'hostilité des Arabes, l'hostilité des Afro-américains : ce n'est absolument pas une réponse à la conduite des Juifs évaluée objectivement (Goldhagen). Et Wiesel sur la persécution des Juifs : «Pendant deux mille ans nous avons été sans cesse menacés». Et pour quelle raison ? «Sans aucune raison». De même sur l'hostilité des Arabes envers Israël : «A cause de ce que nous sommes et de ce que représente notre terre natale, Israël - le centre de notre vie, le rêve de nos rêves - quand nos ennemis cherchent à nous détruire, c'est en essayant de détruire Israël». Toujours châtié, toujours innocent, tel est le fardeau du peuple juif. Même sans sa négativité, l'Holocauste confirme l'Élection des Juifs. Parce qu'ils sont meilleurs ou qu'ils réussissent mieux, ils s'attirent la colère des Gentils, qui finissent par les massacrer.
La prééminence de Wiesel est fonction de son utilité idéologique. Unicité de la souffrance des Juifs, unicité des Juifs, culpabilité éternelle des Gentils/Juifs éternellement innocents, défense inconditionnelle d'Israël/défense inconditionnelle des intérêts juifs : Élie Wiesel est l'Holocauste.
[...]
La première grande supercherie dans ce domaine fut L'Oiseau bariolé de l'émigré polonais, Jerzy Kosinski. Le livre était supposé être un récit autobiographique de Kosinski racontant comment il avait erré, pauvre, enfant solitaire, à travers la campagne polonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. En réalité, Kosinski a vécu avec ses parents pendant la guerre. Le thème du livre tourne autour des tortures sexuelles sadiques auxquelles se livraient les paysans polonais, Ceux qui avaient lu le livre avant sa publication l'avaient critiqué comme étant une «pornographie de la violence». «le produit d'un esprit obsédé par la violence sadomasochiste». En réalité, Kosinski a imaginé presque tous les épisodes pathologiques qu'il raconte. Les paysans polonais avec lesquels il vit sont décrits comme violemment antisémites. «Cognez sur les Juifs, hurlent-ils, tapez sur ces salauds.» En réalité, la famille Kosinski fut hébergée par des paysans polonais qui savaient parfaitement qu'il s'agissait de Juifs et qui étaient conscients du risque qu'ils encouraient s'ils étaient pris.
Dans le New York Times Book Review, Wiesel salua le livre comme l'une des «meilleures mise en accusation du nazisme». Cynthia Ozick dit avec enthousiasme qu'elle avait immédiatement reconnue «l'authenticité de Kosinski comme survivant juif témoin de l'Holocauste». Bien après que la preuve fut établie que Kosinski était un mystificateur, Wiesel continua à couvrir d'éloges ce «remarquable accomplissement».
L'Oiseau bariolé devint un classique de l'Holocauste, un best-seller qui obtint plusieurs prix. Traduit en de nombreuses langues, sa lecture était recommandée dans les lycées et les universités. Dans le circuit de l'Holocauste, Kosinski se qualifiait lui-même «d'Élie Wiesel à prix réduit» (ceux qui ne peuvent pas se payer le tarif de Wiesel). Finalement démasqué par l'enquête d'un hebdomadaire, Kosinski continua à être farouchement défendu par le New York Times, qui soutenait qu'il était victime d'un complot communiste.
Dans une supercherie plus récente, Fragments de Benjamin Wikomirski [...] Comme dans L'Oiseau bariolé, chaque chapitre culmine dans une orgie de violence. Mystification de la plus belle eau, Fragments est néanmoins un archétype de la littérature de l'Holocauste. L'action commence dans les camps de concentration, où tous les gardes sont des monstrueux fous sadiques qui font joyeusement exploser les crânes des bébés juifs. Les mémoires classiques sur les camps de concentration concordent pourtant avec l'opinion du Dr Ella Lingens-Reiner, une survivante d'Auschwitz pour qui «il y avait peu de sadiques. Pas plus de cinq à dix pour cent». Le sadisme généralisé est au contraire toujours souligné dans la littérature de l'Holocauste, avec le double effet d'étayer aussi bien l'irrationnalité unique de l'Holocauste que l'antisémitisme fanatique des bourreaux.
La particularité de Fragments tient moins à la description de la vie pendant l'Holocauste qu'à ce qui se passe ensuite. Adopté par une famille suisse, le petit Benjamin va endurer de nouveaux tourments. Il est pris au piège dans un monde de négationnistes. «Oublie tout ça, lui crie sa mère, ce n'était qu'un mauvais rêve. Il ne faut plus y penser.» Même à l'école, les garçons me montrent du doigt, me menacent du poing, et ils crient :«Il délire, il raconte des histoires ! Menteur ! Il est timbré. C'est un idiot.» Tous les enfants sont ligués contre le pauvre Benjamin, ils le bourrent de coups, ils lui chantent des rengaines antisémites, tandis que les adultes se moquent de lui.
Poussé au plus profond du désespoir, Benjamin se trouve soudain devant une épiphanie de l'Holocauste. «Le camp est encore là - juste caché, bien déguisé. Ils ont ôté leurs uniformes et ils ont mis de beaux habits pour ne pas qu'on les reconnaisse. Donnez leur le plus petit signe qui indique que, peut-être, tu es juif et tu verras : ce sont les mêmes. Ils peuvent encore tuer, même sans uniforme.»
Plus qu'un hommage au dogme de l'Holocauste, Fragments est comme une preuve décisive : même en Suisse - la Suisse neutre - tous les Gentils ont dans l'idée de tuer les Juifs.
Daniel Golhagen salua dans Fragments «une petite merveille» et se fit le principal champion de Wilkomirski dans le milieu universitaire. Mais des historiens sérieux comme Raul Hilberg sentirent très vite la fraude. Après qu'elle eut été démontrée, Hilberg posa les bonnes questions : «Comment ce livre a-t-il pu être pris, dans plusieurs maisons d'édition, pour un recueil de souvenirs authentiques ? Comment se peut-il que l'on ait invité Wilkomirski au United States Holocaust Memorial Museum et dans des universités de haut niveau ?
Mi charlatan mi timbré, Wilkomirski a passé toute la guerre en Suisse. Il n'est même pas juif.
Il y a mieux, Israël Gutman, qui fait partie des dirigeants du Yad Vashem, le musée israélien de l'Holocauste, et qui donne des cours sur l'Holocauste à l'Université hébraïque, est un rescapé d'Auschwitz. Selon lui, il n'est pas important que Fragments soit un faux. «Wilkomirski a écrit une histoire dont il a ressenti profondément le sens; c'est certain [...] ce n'est pas un faussaire. C'est quelqu'un qui vit cette histoire dans le fond de son âme. Sa douleur est authentique.» Donc, peu importe que Wilkomirski a passé la guerre dans un chalet suisse, si «sa douleur est authentique». C'est ainsi que s'exprime un survivant d'Auschwitz devenu expert de l'Holocauste.
L'article du New Yorker dénonçant la fraude est intitulé «Le vol de l'Holocauste». Il est vrai que Wilkomirski a trafiqué son passé, mais il est encore plus vrai que l'industrie de l'Holocauste, fondée sur un frauduleux détournement de l'histoire à des fins idéologiques, était tout disposée à célébrer cette mystification. Wilkomirski était le survivant que l'industrie de l'Holocauste attendait. En octobre 1999, l'éditeur allemand de Wilkomirski retira Fragments des librairies, en reconnaissant publiquement que l'auteur n'était pas un orphelin juif mais un Suisse nommé Bruno Doessekker. Apprenant que le pot aux roses était découvert : «Doessekker s'écria d'un air de défi : «Je suis Benjamin Wikomirski !» Schocken, l'éditeur américain, mit un mois avant de retirer Fragments de son catalogue.
p.62
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Re: Définition du sionisme
L'historien Jean-Pierre Filiu à partir de la 17e minute ...
Il fait valoir comment le sionisme peut charrier en lui-même une sorte de pluralisme et qu'il appelle alors un pluralisme de combat. Ce qui serait une force pour le mouvement. Dans le sein du sionisme existe une certaine divergence d'idée et des approches différentes, mais bien qu'à la fin toutes les factions finissent par se rejoindre quant au grand objectif qui sera toujours ce repeuplement de la terre de Palestine par des Juifs et comme en vue de réaliser ce Grand Israël, ce contrôle sur toute l'étendue de l'ancienne Palestine du mandat (le maximum de terres possibles).
Sionisme travailliste, sionisme révisionniste, sionisme de gauche, conservateur, religieux, etc.
_____
Des divergences d'approches (tactiques) sont possibles pour les sionistes eux-mêmes, mais ce à quoi l'on pourrait peut-être ajouter comment, depuis 1967, selon Finkelstein, tous seront largement soumis à l'influence de ces deux dogmes de l'industrie de l'Holocauste, et qui sont pour les rappeler :
1) l'Holocauste constitue un événement catégoriquement unique
2) l'Holocauste constitue le point culminant de la haine irrationnelle et éternelle des Gentils contre les Juifs.
Difficile pour un sioniste d'échapper à cela. Non pour un juif, mais pour un sioniste. Ainsi, ce présupposé selon lequel l'humanité entière (les non juifs globalement) servirait naturellement de matrice d'une haine irrationnelle et meurtrière à l'encontre des Juifs spécialement, et donc contre les Juifs parce que juifs et pour aucune autre raison. Le présupposé sert de justification à l'existence même d'Israël, sa forte militarisation et l'exceptionnalité des passe-droits qu'il faudra lui accorder, et ce droit de se défendre. Mais se défendre contre quoi ? Le projet exterminateur bien entendu ...
Il faudrait donc choisir son camp, comme pourrait le dire un Gilles-William Goldnadel. Sioniste (ou ami du sionisme) ou antisémite (ou critique d'Israël c'est la même chose).
Et pourquoi parler de tout cela ? Parce que l'on serait soi-même des racistes qui s'ignorent ? Parce que cette affaire de sionisme devient assez énorme dans le jeu politique de nos dirigeants, et à partir du moment ou ce sont les États-Unis aussi qui mènent la danse. Israël représente une affaire importante pour beaucoup d'Américains, comme pour Donald Trump. Mieux saisir cette histoire de sionisme permet également de mieux saisir le jeu politique en France je le croirais, le discours de propagande (Industrie de l'Holocauste).
Objectif : être plus libre.
Il fait valoir comment le sionisme peut charrier en lui-même une sorte de pluralisme et qu'il appelle alors un pluralisme de combat. Ce qui serait une force pour le mouvement. Dans le sein du sionisme existe une certaine divergence d'idée et des approches différentes, mais bien qu'à la fin toutes les factions finissent par se rejoindre quant au grand objectif qui sera toujours ce repeuplement de la terre de Palestine par des Juifs et comme en vue de réaliser ce Grand Israël, ce contrôle sur toute l'étendue de l'ancienne Palestine du mandat (le maximum de terres possibles).
Sionisme travailliste, sionisme révisionniste, sionisme de gauche, conservateur, religieux, etc.
_____
Des divergences d'approches (tactiques) sont possibles pour les sionistes eux-mêmes, mais ce à quoi l'on pourrait peut-être ajouter comment, depuis 1967, selon Finkelstein, tous seront largement soumis à l'influence de ces deux dogmes de l'industrie de l'Holocauste, et qui sont pour les rappeler :
1) l'Holocauste constitue un événement catégoriquement unique
2) l'Holocauste constitue le point culminant de la haine irrationnelle et éternelle des Gentils contre les Juifs.
Difficile pour un sioniste d'échapper à cela. Non pour un juif, mais pour un sioniste. Ainsi, ce présupposé selon lequel l'humanité entière (les non juifs globalement) servirait naturellement de matrice d'une haine irrationnelle et meurtrière à l'encontre des Juifs spécialement, et donc contre les Juifs parce que juifs et pour aucune autre raison. Le présupposé sert de justification à l'existence même d'Israël, sa forte militarisation et l'exceptionnalité des passe-droits qu'il faudra lui accorder, et ce droit de se défendre. Mais se défendre contre quoi ? Le projet exterminateur bien entendu ...
Il faudrait donc choisir son camp, comme pourrait le dire un Gilles-William Goldnadel. Sioniste (ou ami du sionisme) ou antisémite (ou critique d'Israël c'est la même chose).
Et pourquoi parler de tout cela ? Parce que l'on serait soi-même des racistes qui s'ignorent ? Parce que cette affaire de sionisme devient assez énorme dans le jeu politique de nos dirigeants, et à partir du moment ou ce sont les États-Unis aussi qui mènent la danse. Israël représente une affaire importante pour beaucoup d'Américains, comme pour Donald Trump. Mieux saisir cette histoire de sionisme permet également de mieux saisir le jeu politique en France je le croirais, le discours de propagande (Industrie de l'Holocauste).
Objectif : être plus libre.
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Re: Définition du sionisme
Chercher à définir les contours du mot "sionisme" serait un peu comme chercher à dessiner les contours de la carte d’Israël, cela a toujours tendance à s'élargir.
Ce n'est pas dans la presse mainstream qu'on lirait une telle déclaration :
Bezalel Smotrich : "Aucun anti-israélisme ni antisionisme ne pourra arrêter le développement continu des colonies."
Vous comprendrez mieux en lisant l'article :
https://www.medias-presse.info/israel-expulse-lune-des-dernieres-familles-chretiennes-pres-du-lieu-de-naissance-de-notre-seigneur-jesus/195239/
Quand à définir le génocide en cours, je ne sais pas si j'extrapole mais il me semble que cette vaccination y participe :
https://www.who.int/fr/news/item/04-09-2024-first-phase-of-polio-campaign-concludes-successfully-in-gaza
Et aussi : https://gloria.tv/share/K3Ph1XNZcAE233sPLZ8s1pQ
vw
Ce n'est pas dans la presse mainstream qu'on lirait une telle déclaration :
Bezalel Smotrich : "Aucun anti-israélisme ni antisionisme ne pourra arrêter le développement continu des colonies."
Vous comprendrez mieux en lisant l'article :
https://www.medias-presse.info/israel-expulse-lune-des-dernieres-familles-chretiennes-pres-du-lieu-de-naissance-de-notre-seigneur-jesus/195239/
Quand à définir le génocide en cours, je ne sais pas si j'extrapole mais il me semble que cette vaccination y participe :
https://www.who.int/fr/news/item/04-09-2024-first-phase-of-polio-campaign-concludes-successfully-in-gaza
Et aussi : https://gloria.tv/share/K3Ph1XNZcAE233sPLZ8s1pQ
vw
Enfant du Père- Combat avec Sainte Marie
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Re: Définition du sionisme
Et aussi : https://gloria.tv/share/K3Ph1XNZcAE233sPLZ8s1pQvw
Concerne le post précédent, puisque j'ai cassé le lien.
Concerne le post précédent, puisque j'ai cassé le lien.
Enfant du Père- Combat avec Sainte Marie
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