Le dicastère pour la doctrine de la Foi lève les condamnations d'apparitions mariales

Le dicastère de la doctrine de la Foi éclaire une réalité ignorée depuis des décennies. Et invalide une pratique ancienne ou du moins réclame que Rome exerce sa mission en matière de phénomènes surnaturels.



Extrait de la Note doctrinale du 25 septembre 2023 :
[...]

une théologie parfaite n'est pas requise dans le contexte de supposées apparitions ou de phénomènes mystiques, de sorte que la nature du langage utilisé est souvent reconnue comme imparfaite et inadéquate pour rendre compte de ce qui s'est passé.
[...]Après 1933, la Sacrée Congrégation du Saint-Office n'est jamais intervenue directement dans la reconnaissance du caractère surnaturel ou de l'authenticité de supposés phénomènes surnaturels. En outre, les décrets de la Congrégation elle-même, au cours des dernières décennies, se sont exprimés en des termes qui excluent une implication du Dicastère : « il faut éviter d'exprimer qu'une telle déclaration est faite en accord avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi » (2001) ; « la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ne peut en aucun cas être impliquée dans une telle déclaration » (2008).
Par conséquent, ce Dicastère ne considère pas opportun de se prononcer sur le caractère surnaturel de l'expérience spirituelle mentionnée ci-dessus. [...]




Le dicastère pour la doctrine de la Foi est-il compétent pour juger du caractère surnaturel de phénomènes présupposé comme tel ?



-le dicastère pour la doctrine de la Foi juge uniquement de la catholicité de la théologie. Si le dicastère est saisie en matière d'apparitions, il ne tranche pas sur le caractère présupposés surnaturel des phénomènes d'apparitions ;  Mais il scrute si les messages et/où phénomènes sont compatibles avec le dogme catholique.


Mais la congrégation à pourtant déjà rendu des jugements en matière d'apparition ! Quelle est la valeur de ses jugements prononcés par le passés ?


-Les évêques locaux, lorsqu'ils étaient confrontés à des phénomènes présupposés surnaturels, faisaient une enquête et le plus souvent réclamaient que le dicastère pour la doctrine de la Foi les appuie. Ils envoyaient pour cela à Rome leur enquête préliminaire.

-Le quiproquo se glissait précisément lors de cette phase. La congrégation pour la doctrine de la Foi tranchait en disant qu'elle ne voyait pas d'obstacle. Ainsi elle donnait une sorte de nihil obstat voir d'imprimatur Romaine. L'évêque Diocésain faisait alors descendre l'information en annonçant au peuple qu'il avait l'aval de Rome. Mais en réalité cette validation Romaine ne se prononçait que sur la non contradiction des présupposés phénomènes avec la doctrine catholique. Cette approbation théologique, doctrinale ne concernait pas le caractère surnaturel. Pourtant, les évêques, peu informés pour certains en la matière, recevait les directives romaines comme une véritable approbation du caractère surnaturel. A la suite de la congrégation Romaine, l'évêque diocésain publiait alors un décret de reconnaissance du caractère surnaturel en s'appuyant sur la réponse romaine. Il en a été ainsi concernant les apparitions d'Amsterdam par exemple.

Voici un bel exemple de pratique épiscopale très scolaire dénoncée par le Pape François, pratique qui montre que l'évêque à perdu toute autonomie dans l'exercice de sa charge.

Voici un autre exemple qui permet de bien distinguer le caractère surnaturel du la catholicité doctrinale. La congrégation pour la cause des saints, lorsqu'il s'agit du décret sur l'héroïcité des Vertus, passe au peigne fin la positio (résumé de la vie du serviteur de Dieu) pour vérifier la catholicité de la Foi et des vertus du sujet concerné.
En revanche, lorsqu'il s'agit du miracle pour une béatification, l'église approuve un évènement surnaturel sans juger vraiment sa catholicité (cela posera d'autres problèmes à l'avenir).





Mais pourtant si le dicastère a l'intention de rendre un jugement en matière surnaturelle alors son jugement vaut une reconnaissance romaine ?



Les dicastères ne sont pas au service d'eux même mais au service du magistère pontifical. Ils aident le st Père à accomplir sa mission. Les évêques qui travaillent à Rome n'exerce pas leur magistère personnel, ni les prêtres leur munus personnel mais il travaillent en vue du magistère pétrinien. Même si ce dicastère en a l'intention il n'en n'a pas la mission officielle avec la grâce spécifique pour accomplir cette mission. Ces jugements de reconnaissance du caractère surnaturel ne valent donc pas ce qu'il prétendent valoir.

Le dicastère pour la doctrine de la Foi, dans les constitutions le régissant, n'a pas cette mission spécifique de reconnaître les phénomènes présupposés surnaturels. La mission fixée par les textes Pastor Bunus hier et aujourd'hui praedicate Evangelium, donnent au dicastère la mission d'aider le successeur de Pierre à garder le dogme catholique et à l'approfondir. Par là-même à ne juger que l'aspect doctrinale dans les phénomènes présupposés surnaturels.




Mais alors l'approbation par l'évêque local (comme à Amsterdam ou Pontmain) est-elle vraiment une reconnaissance officielle ?


-Sur le plan théologique et doctrinale oui, nous avons la garantie qu'il n'y a aucune erreur. Et ici l'évêque ne fait que répéter ce que dit Rome. Quant au caractère surnaturel il est reconnu au niveau diocésain mais n'a pas valeur définitive. Cela veut dire que Rome peut annuler la reconnaissance du caractère surnaturel prononcée par un évêque diocésain.

C'est un peu comme pour l'instruction d'un procès en béatification, il y a la phase diocésaine et la phase romaine. La phase diocésaine est indispensable mais pas irréversible. Alors que l'approbation de la phase romaine scellée lors de la signature du décret du Vénérable à une valeur canonique infaillible. On ne peut plus dé-vénérabiliser ou dé-béatifier ou décanoniser quelqu'un (sauf 2 ou trois cas dans l'histoire).

Par exemple les apparitions de Pontmain, Amsterdam, Akita, San Nicolas (2016) furent reconnus comme catholiques au niveau doctrinale par le dicastère pour la doctrine de la foi, mais le caractère surnaturel ne fut pas approuvé par le St Siège. Les évêques ont donc rendu des jugements au niveau diocésains sur le caractère surnaturel. Mais ces jugements pourraient être cassés par le Pape lui même mais pas par congrégation pour la doctrine de la Foi.

Pourtant l'évêque d'Amsterdam à reçu en 2020 un courrier de la part du dicastère pour la doctrine de la Foi, disant que les apparitions d'amsterdam (1945-1959) n'ont pas de caractère surnaturel. Que vaut se courrier ?


Ce courrier ne vaut pas grand chose parce que le dicastère, comme nous l'avons dit plus haut, n'a pas cette mission. Le dicastère a déjà rendu un jugement il y a plusieurs décennies sur le plan doctrinal, excluant tout doute quant à la catholicité théologique des apparitions d'Amsterdam. Le jugement doctrinal correspond à sa mission mais pas un hypothétique jugement sur le caractère surnaturel. Comme nous l'avons dit, l'intention du dicastère ne suffit pas.


Nous ajouterons que le successeur de Pierre à un pouvoir Suprême, Plénier, Immédiat et Universel (définition dogmatique de Vatican I). Ce qui n'a pas été établit par lui pour juger le caractère surnaturel, comme par exemple une commission spéciale, ne peut pas le faire à son insu ! Si un tel jugement était fait, il est nul et non avenu !




Si on fait le calcul très peu d'apparitions récentes ont été reconnues infailliblement par Rome : la Salette, Lourdes et Fatima et quelques autres.


Cette notification romain de septembre 2023 est-elle réellement une levée des condamnation antérieures ?


Nous dirons plutôt qu'elle met en lumière un vide institutionnel et canonique dans le règlement pastoral des apparitions présumées, un plus d'un quiproquo sur les réelles compétences exercées par les évêques en communion avec Rome.


Par exemple une commission spéciale à été créée pour juger des apparitions de medjugorje. Qui a rendu un avis favorable pour les premiers jours des apparitions en 1981. Mais le pape n'a rien signé. Cet exemple nous montre bien que la commission spéciale à son importance car elle est investie de la potestas, du pouvoir pétrinien en la matière.


Que faudrait-il pour avancer en matière de reconnaissance des apparitions ?


Le système de la commission spéciale doit rester à l'initiative du saint Père, mais il faudrait réformer le droit canon an ajoutant, sur le modèle des procès en béatification, une procédure canonique d'enquête préliminaire diocésaine des phénomènes présupposés surnaturels. Cette enquête serait alors transmise à Rome dans une deuxième phase. Il faudrait soit un dicastère créé spécialement pour ça, soit une section spéciale devrait être créée à la congrégation pour la cause des saints !

Comme nous l'avion anticipé dans le post ci-dessus, voici le texte romain qui est publié aujourd'hui. Il entrera en vigueur le 19 mai prochain.
Véritable claque

Il institue les procès canonique sur la même forme que pour les procès en béatification avec une phase diocésaine et une phase romaine.

La reconnaissance n'est plus possible par les évêques, seulement un nihil obstat. En effet seul le saint père jouit de l'infaillibilité en la matière.

D'autres niveau de reconnaissance sont introduits dans les cas ou il y a des éléments positifs avec des dérivés constatées.

La totalité du document ici :

https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_ddf_doc_20240517_norme-fenomeni-soprannaturali_fr.html

Purification des mystico dingo !

Vu ici également je ne sais quoi penser de cette décision...https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2024-05/vatican-doctrine-foi-document-apparitions-pape.html

pax et bonum a écrit:Oui,il y a une avalanche de décrets et on ne sait plus quoi en penser.
il y a le dicton:"l'arbre cache la forêt",mais ici inversement,la multiplicité des arbres cache une réalité unique qu'il faudrait décrypter.
Même les évêques chargés d'analyser un fait surnaturel ne vont pas s'y retrouver.
Pour revenir à des cas particuliers,il est dit que lorsque des voyants avouent avoir menti,cela constitue la preuve d'une apparition fausse.
Ce n'est pas si sur.Il peut y avoir rétractation tardive,avec le temps,alors que les faits étaient réels.
Il semblerait,sauf erreur,que ce soit le cas pour une ou deux voyantes de Garabandal,alors que les faits sont incontestables:témoignages,films,etc...

Les rétractation de garabandales ont eu lieu sous pression et en confession. Ceci a été admis par la conférence épiscopale espagnole récemment.

Le texte normatif prévoit justement que les confesseurs et directeurs spirituels ne puissent pas témoigner pour qu'ils ne livrent pas les hésitations des voyants qui appartiennent au for interne et à leurs doutes normaux de tous croyants.