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Démolition en règle de toute la pastorale épiscopale depuis 50 ans

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Démolition en règle de toute la pastorale épiscopale depuis 50 ans Empty Démolition en règle de toute la pastorale épiscopale depuis 50 ans

Message par François Bernon Lun 15 Avr 2019 - 14:23

Texte & Video de la conférence de carême à Notre-Dame de Paris du 14 avril 2019 : quelques passages sont une démolition de la pastorale depuis 50 ans...

https://www.paris.catholique.fr/conference-de-careme-a-notre-dame-47044.html



L’Église et la mission, facultatives ?

Rameaux

Que voulait-elle au juste, cette foule des Rameaux à Jérusalem ? Vibrer ? Tressaillir ? S’émouvoir ? D’espoir ou de haine qu’importe ! pourvu qu’elle fût soulevée. Est-ce que le but de la vie est de vivre ? La vie ne requiert-elle pas un sens supérieur, un enthousiasme mobilisateur ? Exister, disent les philosophes, c’est sortir de soi (Ex-ister). Ce qui commence peut-être par sortir de chez soi. Le dimanche matin, par exemple. Toute la création au jour des rameaux existe pour le Fils de Dieu. Elle est de sortie. Tous les êtres du plus fruste au plus sublime témoignent pour Jésus. Du plus éthéré des anges au plus inerte des cailloux, pas un être qui ne s’arrache à sa facticité pour proclamer les louanges du Sauveur.

Tout exulte et chante

Le monde minéral lui-même sort de sa neutralité. « Les pierres elles-mêmes crieront » dit Jésus. Ces pierres que tant de fois on voulut lui lancer dans les transports de la colère et de la hargne, elles sortent de leur mutisme. Ces pierres qui si souvent ont sifflé à ses oreilles les voici qui chantent maintenant et qui témoignent pour lui, suppléantes de disciples aphones. Dans le lit poussiéreux du Cédron, les juifs ont déposé sur les tombeaux les pierres de la piété. Tout ce décor macabre Jésus en riant le secoue comme une nappe de banquet. Partout où il passe, la vie surabonde.

Le monde végétal participe à la fête. Les jardins saisis d’une ferveur printanière couronnent leur Créateur des fleurs d’un pieux avril, avant que l’homme impie ne tresse des épines. Les palmes autour de lui s’agitent comme autant de fouets de flagellation. Les arbres alentour dépouillés de leur branchage paraissent être des croix en attente de suppliciés. Les manteaux dont on se dévêt préfigurent sa propre nudité.

Le monde animal, lui non plus, n’est pas en reste. Voyez ce petit âne que le Seigneur requiert. Il est sorti de ses attaches. Ecoutez-le plutôt braire, à sa façon, d’inaudibles hosannah, avant que l’homme cruel ne hurle Barrabas et que le coq ne sonne le triste reniement. Qui brait ? qui chante ? qui crie ? qui parle ? qui témoigne ? on ne sait plus très bien, au juste, car voici que le Seigneur fait toute chose nouvelle.

Tout est assumé

J’aime contempler Jésus au milieu de la foule, des badauds, des gens, des braves gens, des bonnes gens, quoi. Le Seigneur se laisse volontiers environner de cette cohorte peu rutilante, il ne craint pas le contact, ce n’est pas un homme de dossiers et de bureaux, il ne se distingue guère de ce peuple chahuteur, il est des leurs. Bien sûr il n’ignore rien des événements qui vont suivre. Il sait que c’est pour mourir qu’il entre à Jérusalem. Il sonde les reins et les cœurs et voit pertinemment comment ceux qui présentement l’acclament le maudiront dans quelques jours. Rien n’échappe à l’effrayante lucidité du Sauveur. Pourtant il est tout entier à la fête de ce jour. Il ne se retire pas dans un oratoire pour y pleurer son tragique destin. Non, il est tout à la fête. Au jour des rameaux comme aux noces de Cana, le Verbe de Dieu partage nos joies, nos fêtes, nos franches allégresses. Le Seigneur n’a pas dédaigné l’humble fête villageoise, il ne méprise pas aujourd’hui la liesse citadine. Il n’a pas voulu que le vin manquât à l’allégresse des noces, il ne veut pas davantage assombrir la ferveur populaire de ce jour des rameaux. Il n’a pas tenu pour rien ou regardé de haut les simples joies humaines et familiales. Par son incarnation il n’a pas seulement assumé nos souffrances mais aussi nos rires, nos chants, nos triomphes. Il n’a pas dédaigné nos frêles bonheurs humains.

Tant pis pour les rabat-joie. Foin des gens sérieux qui lisent la gravité de la situation dans leurs journaux écrits petit et réprouvent les élans désordonnés de la populace. « Maître, réprimande tes disciples, fais-les taire » ordonnent les pharisiens. Mais Jésus répond « Si eux se taisent, les pierres elles-mêmes crieront » (Lc19,40). Or, jamais ils ne se sont tus, jamais ils ne se tairont. Depuis le petit matin de Pâques et le grand vent de Pentecôte, ils n’ont cessé de proclamer ce qui les fait vivre. C’est plus fort qu’eux désormais, il leur faut annoncer à temps et à contre-temps la Bonne nouvelle : « Christ est ressuscité d’entre les morts ».

Messagers d’une brûlure

C’est bien ce que nous voyons à la fin du récit d’Emmaüs. A peine ont-ils reconnu le Seigneur vivant que nos deux disciples, oubliant toute fatigue et toute faim, se lancent dans la nuit, rebroussant chemin, pour annoncer au plus vite l’incroyable rencontre qu’ils ont faite à l’auberge.

« A cette heure même, dit le récit de saint Luc, ils partirent et s’en retournèrent à Jérusalem. Ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, qui dirent : "C’est bien vrai ! le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon !" Et eux de raconter ce qui s’était passé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain. »(Lc 24,33-35)

Que sont désormais les 60 ou les 160 stades, que sont les heures de marche, les ténèbres oppressantes et les dangers de la route nocturne quand on a dans le cœur un feu qui brûle, quand on est établi les messagers de cette brûlure… Oh ! maintenant, dans cette route à l’envers, ils ne vont plus au petit bonheur la chance, au hasard, ils savent bien où ils vont, ils savent bien où se trouve désormais, réellement présent, l’Absent qui ne les quitte plus, l’Enfui d’Emmaüs : il est à Jérusalem, c’est-à-dire dans l’Eglise, dans le collège apostolique qui seul peut authentifier l’incroyable Nouvelle.

L’Église apostolique

Dans cette dernière conférence, c’est de l’Eglise apostolique que je veux vous parler. Comment ignorer qu’elle fut d’abord un petit cercle frileusement confiné au Cénacle ? Peut-on imaginer commencement plus modeste et moins assuré ? Qui eût parié sur la pérennité de ce petit groupe apeuré des disciples de Jésus, pleutres, traîtres et renégats ? Des gens de peu, butés et incrédules, un ramassis de pécheurs glanés sur les routes de Palestine par le rabbi de Nazareth.

Pourtant ce sont bien les mêmes qui prêcheront dans le monde entier le Christ ressuscité. C’est un fait bouleversant que des êtres si veules et pusillanimes aient pu prendre la parole et claironner ce message. Ces hommes étaient incapables de soutenir l’assaut du sanhédrin quand le Christ était vivant. Et lorsqu’il fut mort et enseveli, d’où croyez-vous qu’ils se seraient mobilisés contre la terre entière ? Songeons à Pierre qui tremblait devant une soubrette dans la cour de son reniement et qui lancera peu de temps après les filets de l’évangile jusqu’au bout du monde, intrépide rétiaire de la bête romaine.

Sans la rencontre bouleversante du Ressuscité, les apôtres, dont l’évangile ne fait pas mystère de la couardise, même au temps où Jésus était là pour les soutenir, les apôtres si poltrons n’auraient jamais osé une parole périlleuse sur la Résurrection. D’autant que dans cette hypothèse, précisément, le Christ n’aurait plus été là pour les encourager. S’il leur était évident que le Christ n’avait pas vaincu la mort, n’auraient-ils pas conclu qu’il les avait trompés, qu’il les avait exposés inutilement à la haine de tous ? Si les disciples s’étaient sentis abusés de la sorte, n’auraient-ils pas cherché à regagner la faveur de la synagogue en déclarant que ce Jésus n’était tout compte fait qu’un imposteur ? Or que voyons-nous ? Ils parcourent le monde hardiment et confessent, jusqu’à mourir pour elle, la Bonne Nouvelle de la Résurrection. On peut donner sa vie pour une cause que l’on croit juste et vraie : la liberté, la défense de sa patrie ou de l’innocent…. Mais qui accepterait de mourir pour une affirmation dont il connaîtrait pertinemment qu’elle est fausse et inventée de toute pièce ?

Humainement parlant, aujourd’hui comme hier, on ne donne à l’Eglise aucune chance de subsister et pourtant elle est là, survivant à tous les empires les mieux armés contre elle. On ne cesse de la critiquer, de la brocarder, de la conspuer, mais elle passe, Sérénissime Eglise du Christ ! « Louée soit à jamais cette grande Mère Majestueuse aux genoux de qui j’ai tout appris ! » s’écrie Claudel ! on peut bien noircir des pages acrimonieuses contre l’Eglise, on n’enlèvera pas ceci : c’est par elle que j’ai reçu intact l’Évangile du Christ sans déperdition de substance. « Je rends grâce à ce grand vase illustre de n’être pas poreux » disait magnifiquement Mauriac.

Le petit reste

On peut donner beaucoup de définitions de l’Eglise : Peuple de Dieu, Corps du Christ, Temple de l’Esprit-Saint, Sacrement du salut. Pour moi rien ne définit mieux l’Eglise que la belle expression du prophète Sophonie : le petit reste des humbles, un peuple modeste et pauvre que le Seigneur laisse subsister au milieu des nations arrogantes. N’est-ce pas comme cela qu’elle est apparue dès l’origine ? Le petit reste des pauvres. La troupe clairsemée qui le Vendredi Saint avait crié jusqu’à s’époumoner « Jésus, Jésus ! » quand la foule haineuse criait Barrabas !

L’Eglise à nouveau aujourd’hui en France s’expérimente comme un petit reste.

Le petit reste, elle sait bien ce que cela signifie Astrid, quittée par son mari, et qui choisit de rester seule pour vivre jusqu’au bout la fidélité à cette union présentement rompue. Le petit reste des humbles.

Le petit reste, il l’expérimente en lui-même, Bruno, demeuré professionnellement au plus bas de l’échelle, pour avoir refusé les compromissions, les fraudes, les magouilles : le petit reste qui ne ment pas.

Le petit reste, elle le vit dans sa chair, Florence, qui contre toutes les pressions familiales, médicales, sociales a choisi de ne pas tuer l’enfant qu’elle porte. Le petit reste qui ne commet pas l’iniquité.

Voilà bien les humbles que Dieu aime : ceux qui selon la belle expression de saint Paul mettent leur orgueil dans le Nom du Seigneur. « Bel état de l’Eglise quand elle n’est plus soutenue que par Dieu seul » écrivait Blaise Pascal ! Les chrétiens de France en font aujourd’hui la douloureuse et libératrice expérience. Ils n’attendent plus des lois civiles qu’elles défendent leur vision de l’homme. Leur suite du Christ ne peut plus escompter le soutien d’un vague conformisme social ou la complicité tacite d’un grand nombre. Dans la masse inerte, ils sont les empêcheurs de se damner en rond. Ils sont dans la soupière fade, le sel qui ne doit pas perdre sa saveur. Ils sont dans l’air lugubre du temps, la lumière du monde. (Mt 5,13-14)

L’Eglise comme mystère

« Dieu a tout créé en vue de l’Eglise » disaient les Anciens, manifestant d’emblée l’Eglise comme mystère de la foi. Avouons que la plupart des discours sur l’Eglise sont bien en-deçà de cette perspective croyante. Qu’évoque-t-on de nos jours communément lorsqu’on parle de l’Eglise ? Une star pontificale, un dortoir d’évêques assoupis, une pyramide de curés ventripotents ? une institution en butte à la critique ? une société humaine faillible ? une survivance patriarcale… ? Un certain « arianisme ecclésiologique » se répand jusque dans les mentalités chrétiennes : une vraie difficulté à faire droit à la dimension divine de l’Eglise. Or l’Eglise est une société humaine et une institution divine. Il convient de tenir ensemble ces deux dimensions de son mystère comme on le fait, analogiquement, pour le Christ, vrai Dieu et vrai Homme. Les regards de type historique ou sociologique ne sont donc aucunement dépourvus de toute pertinence mais ils sont insuffisants et demandent à être complétés par une approche proprement théologique.

L’Eglise de Simon-Pierre

L’Eglise est, selon la belle définition du Concile Vatican II « le sacrement de l’unité du genre humain » c’est-à-dire le signe et le moyen de la communion de tous les hommes. Ce qui préserve l’Eglise catholique de sombrer dans le relativisme individualiste, de s’effriter en une multiplicité d’opinions partisanes ou de s’émietter dans d’innombrables particularismes c’est qu’elle est bâtie sur un Roc d’unité. Elle est l’Eglise de Pierre, de Simon-Pierre. Lorsque les disciples d’Emmaüs reviennent de leur ébouriffante course nocturne, avant même qu’ils ne reprennent leur souffle et ne puissent articuler le moindre mot, les Onze apôtres et leurs compagnons du Cénacle leur disent : "C’est bien vrai ! le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon !" (Lc 24,34)

C’est vrai, le Seigneur est ressuscité ! Et comment le sait-on ? pourquoi est-ce indéniable ? qu’est-ce qui rend la nouvelle indubitable ? pourquoi est-ce plus certain que toute certitude humaine ? parce qu’il est apparu à Simon !

Toujours Simon-Pierre est dans l’Eglise le garant du vrai, le Roc de l’unité dans la Vérité. Il authentifie ce qui est donné à croire. Cette conviction s’est conservée jusqu’à ce jour dans la sainte Eglise catholique. Pierre, c’est-à-dire le pape, peut manquer de vertu, de grandeur, de charité, mais il ne peut pas sombrer dans la foi. Car Jésus a prié afin que sa foi ne défaille point (Lc 22,32). Quand Pierre a parlé la cause est entendue. Jésus a choisi de bâtir son Eglise sur ce roc et de l’édifier solidement sur les colonnes apostoliques.

L’Église Apostolique

Mais que l’Eglise soit apostolique ne signifie pas seulement qu’elle est fondée inébranlablement sur les Apôtres. Apôtre, étymologiquement, veut dire « envoyé » et certes dans le souffle du Ressuscité, l’Eglise est envoyée. Dès le matin de Pâques, elle est missionnée pour porter la nouvelle. Souvenons-nous des saintes femmes au tombeau. Elles ont vu le Seigneur vivant et celui-ci aussitôt les envoie avec cette consigne : " allez dire à mes frères qu’ils doivent partir pour la Galilée, et là ils me verront." (Mt 28,10)

Allez, allez dire. Allez dire à qui ? à mes frères. Quelle merveille ! ici je m’arrête et je tombe à genoux. Jésus ordonne allez dire à mes frères ? Il ne dit pas : allez dire aux renégats qui m’ont trahi, à ces onze poltrons qui se sont enfuis. Allez dire à ces misogynes aux cœurs durs qui ne croiront rien de vos histoires de bonne femme ; à ces indignes, sujet désormais de ma déception et de mon mépris. Non ! écoutez plutôt, chrétiens, les mots du Vivant qui pardonne ! Allez dire à mes frères ! Il ne rougit pas de les appeler ses frères (He 2,11) ! Il nomme frères ces pécheurs qui l’ont trahi, ses amis qui l’ont abandonné et qui longtemps encore refuseront de le reconnaître. Il nomme frère le pénitent qui s’agenouille au confessionnal ; il nous appelle ses frères, nous chrétiens qui sommes de misérables pécheurs ! Il appelle frère celui qui dans cette cathédrale peut-être caché derrière un pilier se dit : en tout cas, moi, on ne m’y prendra pas avec ces balivernes ! Allez, dit-il aux saintes femmes, allez dire à mes frères que je les précède en Galilée. Bienheureuses femmes, apôtres des apôtres, vous n’allez pas seulement, vous courez comme le vent porter la nouvelle aux disciples. Ecoutez donc, frères, la féminine Église qui porte la joyeuse annonce : il est ressuscité, il vous précède en Galilée !

Il nous précède en Galilée

Vous savez ce qu’il arriva pour ces femmes ? On ne les crut pas. On se moqua d’elle. Comme il en va aujourd’hui de tous ceux qui dans la contradiction portent tant bien que mal le message.

Les calomnies tombent aussitôt sur eux, les railleries, les amalgames honteux ne leur sont pas épargnés. Pas bien grave, me direz-vous, à côté de ce que subirent les glorieux martyrs qui, pendant des siècles, témoignèrent au prix du sang de la bonne nouvelle du Ressuscité. Certes. Pourtant dans l’arène médiatique, des journalistes peuvent être quelquefois plus cruels que des lions qui eux au moins n’ont jamais prétendu être intelligents et policés et qui ne se donnaient pas pour des parangons de tolérance... Mais passons, qu’est-ce que cela au prix du trésor dont nous sommes porteurs ? Ceux qui nous mordent, nous conspuent, nous accusent, cherchent à nous abattre ne peuvent d’ailleurs pas savoir quelles raisons ils nous donnent de les aimer. Nous les appelons nos frères, parce qu’en vérité ils sont ces frères pour qui Jésus est mort (1 Co 8,11). Ils nous sont chers comme autant de brebis égarées. « La religion n’a pas besoin de triomphe, écrivait Lacordaire : Dieu est là pour la soutenir et l’honorer dans l’opprobre ; mais elle a besoin que ses enfants ne l’humilient pas eux-mêmes. Tout ce qui lui vient de ses ennemis est bon pour elle ; la honte qui lui vient des siens est la seule chose qui soit capable de lui inspirer du découragement ».

Sortir des tranchées

Dans quelle Galilée porterons-nous l’évangile ? Demain, vous retrouverez vos lieux de travail et de vie, votre bureau, votre usine, vos champs, votre famille. Comment annoncerez-vous la joie de Pâques ? Vous craignez d’avoir à le faire dans ce brassage de populations, mais la Galilée n’est-elle pas la figure précisément de ce capharnaüm d’opinions péremptoires qu’est devenu notre monde ? Aussi cessons d’être des chrétiens clandestins ! Osons aller sur les places et sur les parvis. Qu’est-ce donc qu’un chrétien sinon celui qui au péril de sa vie est capable d’affirmer : Jésus est ressuscité ?

Il fut un temps où les chrétiens étaient en butte à un monde sûr de lui, scientiste, persuadé de la marche triomphale du progrès. Les dogmes et la morale de l’Eglise semblaient quelques relents d’un passé qui serait bientôt balayé par le vent de l’histoire. Les fidèles étaient tentés et sommés de se replier frileusement dans les tranchées de la dévotion et dans la sphère privée des convictions personnelles. Mais voici que les temps changent. La fierté d’une société progressant d’un pas alerte sur les chemins d’une avancée continuelle a disparu. Toutes les marches en « pride » sont paradoxalement autant de symptômes d’un monde qui n’est plus si fier et qui ne marche plus. Un monde en proie au doute, plus sûr de lui du tout, et qui voit bien qu’il lui faut rebrousser chemin.

Rebrousser chemin, c’est bien ce que firent en grande hâte les disciples d’Emmaüs. Ils revinrent à Jérusalem pour transmettre ce qu’ils avaient reçu.

Tradition

« Je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu », ce sont les mots mêmes de saint Paul, l’Apôtre par excellence ! Ainsi se définit la Tradition : ce passage de témoin, ce relais de génération en génération, cette chaîne imbrisable qui nous relie à nos pères et à nos enfants. La Tradition c’est l’ample mouvement de la transmission ininterrompue depuis les Apôtres. Or l’idée même de tradition est menacée de nos jours aussi bien dans la société que dans l’Eglise.

Mascaret

Dans bien des domaines en effet, les jeunes en savent plus que les anciens. Il n’y a qu’à voir les enfants surfer allègrement sur internet ou diffuser de leurs pouces incroyablement agiles des batteries de SMS devant leur parents admiratifs et leur grand parents médusés, pour comprendre le phénomène de mascaret qui touche la transmission des savoirs et des savoir-faire technologiques. Dans ces secteurs de l’activité humaine, les aînés doivent apprendre des plus jeunes. Le fleuve de la transmission inverse son cours. Mais cela vaut-il dans tous les domaines ? En ce qui concerne la culture, les humanités, la morale, la religion, la sagesse, les anciens n’ont-ils plus rien à transmettre ? Sont-ils discrédités par leur incompétence et leur retard technologiques ?

Certainement pas, et pourtant même s’ils sont toujours habilités à transmettre, une certaine idéologie les en empêche. Ce n’est pas qu’ils n’ont plus rien à léguer à la génération suivante, c’est qu’ils veulent rompre cette chaîne, comme toutes les autres chaînes. Ils ne veulent pas d’héritiers, comme ils n’ont pas voulu hériter.

Ne rien transmettre

Un jeune intellectuel français a fait part de son désappointement, de sa surprise écœurée, en entendant la consigne donnée dans les écoles normales et les IUFM qui formaient les futurs professeurs de nos écoles. « Surtout, disait-on à ces jeunes stagiaires, vous n’avez rien à transmettre ! » Ces directives données dans l’enseignement laïc avaient hélas marqué depuis longtemps et très profondément les chrétiens. On peut même dire que c’est dans l’Eglise qu’elles ont triomphé. N’était-il pas plus humble et plus évangélique de ne rien imposer, de se tenir à l’écoute des jeunes générations, de rester dans le questionnement et l’ouverture plutôt que d’enseigner magistralement ? Le même slogan, ne rien transmettre, a trouvé un écho favorable dans nos paroisses. Que ce soit en catéchèse où l’on n’apprenait plus rien par cœur, où l’on n’avait plus à enseigner mais à laisser les enfants s’exprimer ; que ce soit en liturgie où l’on recomposait à chaque messe des prières eucharistiques originales sans se plier à aucun missel et où l’on ne chantait plus que des chansons à la mode en se débarrassant de vénérables cantiques véhiculés par la tradition. Quand on pense qu’en une génération on a pratiquement perdu les trésors du grégorien, ce chant céleste, patiné par des siècles de prière !

Il faut véhémentement revenir de cette folie. Recevoir et léguer à son tour, c’est le mouvement même de la Tradition qui est la vie de l’Eglise. La foi chrétienne n’est pas qu’un assentiment subjectif mais aussi un dépôt qu’il s’agit de garder, d’enrichir et de transmettre (cf 1 Tm 6,20) sans avoir à tout réinventer à chaque génération. Le dépôt de la foi dont parle saint Paul n’est pas ce que chacun découvre au gré de sa spontanéité ou de sa fantaisie. Ni même ce qu’il élabore par son travail rationnel. Il est ce qui nous a été confié comme un trésor transmis fidèlement par l’Eglise.

Mission

Si le mot d’ordre « ne rien transmettre » met en péril la catéchèse, il exténue aussi la mission. De quel droit, en effet, asséner à ce bon païen nos dogmes chrétiens ? N’est-il pas plus évangélique d’entrer en dialogue, de le rejoindre dans son incroyance, de cheminer à ses côtés ? Peu à peu la ferveur de transmettre a disparu. Pour des motifs prétendument évangélique, l’évangélisation a cessé. Elle s’est recroquevillée. La mission de l’église vue autrefois comme une conquête s’est repliée sur l’enseignement, puis on en est venu au témoignage, après quoi on s’est rabattu sur le dialogue et enfin on a prôné la seule présence au monde…Conquête, enseignement, témoignage, dialogue, présence… à quand l’absence ? Le fameux levain dans la pâte, n’a rien fait lever du tout. Il a disparu, empêtré dans son impuissance.

Le courage

La prétendue « tolérance » au nom de laquelle on n’ose pas annoncer ce qu’on croit pourrait bien aussi être simplement l’alibi de la lâcheté ou de la paresse. C’est la couardise plutôt que la bienveillance qui me retient d’avancer trop fort mes convictions chrétiennes. J’aime à le dire avec Timothy Radcliffe : le courage est la vertu dont nous avons aujourd’hui le plus urgent besoin dans l’Eglise. La confirmation était vu autrefois comme le sacrement de la force, de la bravoure et du courage. Giflé par l’Evêque, le jeune chrétien savait qu’il lui faudrait souffrir et endurer bien des coups pour répandre et défendre sa foi. Comme les Apôtres au jour de la Pentecôte, il sortait plein de hardiesse du cénacle de son enfance, adoubé par la confirmation comme chevalier de la foi. Mais qui est encore confirmé de nos jours ? Où et quand apprend-on encore aux chrétiens à être courageux ?

« Allez et enseignez toutes les nations ! » (Mt 28). N’est-ce pas la dernière parole de Jésus-Christ avant de rejoindre son Père, son commandement ultime, son testament ? Allez ! sans attendre davantage une heureuse ouverture, une opportunité, une oreille attentive. Enseignez ! non pas négociez, nuancez, finassez, mais enseignez avec l’autorité même de Celui qui vous envoie ! Toutes les nations et non les sacristies, les presbytères ou les couvents.

Les moyens pauvres

Dans un apologue célèbre Kierkegaard compare le rôle d’un chrétien annonçant l’évangile à celui d’un clown criant au feu. Le feu a pris au cirque, le clown entre sur scène et crie désespérément « au feu », mais plus il crie, plus il s’agite, plus il gesticule, plus les gens s’esclaffent. Plus il insiste avec une frénésie de gestes désespérés plus le public rit et le trouve excellent acteur… De sorte que les flammes gagnant le chapiteau, tous périssent, hilares et consumés…. Le clown n’a pas eu la grâce de faire croire son message, mais il eut la fidélité de le dire.

Sincérité
La petite Bernadette Soubirous fut un jour chargée par la belle Dame qu’elle voyait dans la grotte d’aller demander à Monsieur le Curé de faire construire une chapelle à Massabielle et qu’on y vienne en procession. L’abbé Peyramale, le curé de Lourdes, ne s’en laisse pas conter. Il réprimande vertement la petite messagère, se moque d’elle et refuse de croire à toutes ces sornettes superstitieuses. Sans trembler, sans se départir de sa joie surnaturelle, la petite Bernadette lui rétorque alors : « Monsieur le Curé, on ne m’a pas chargé de vous y faire croire, on m’a chargée de vous le dire ». Cette magnifique et célèbre réplique attribuée à sainte Bernadette exprime au mieux le vrai sens de la mission chrétienne : nous n’avons pas à donner la foi mais à transmettre la parole, à claironner sur les toits les merveilles de Dieu. Comme nous revendiquons pour tous la liberté de croire ou de ne pas croire, nous revendiquons aussi bien la liberté d’annoncer à temps et à contre-temps la foi qui nous fait vivre. Le cardinal Suhard, archevêque de Paris, écrivait « être témoin n’implique pas de faire de la propagande, mais d’être un mystère vivant. Cela veut dire vivre de telle façon que notre vie n’aurait aucun sens si Dieu n’existait pas ». Le monde a davantage besoin de témoins que de professeurs disait saint Paul VI. Il réclame du prédicateur la cohérence de l’agir et du dire.

On rapporte qu’un jour une mère amena sa fillette à Gandhi en lui demandant de sermonner l’enfant parce qu’elle était gourmande et mangeait trop de bonbons. Le Mahatma demanda à la mère de revenir trois semaines plus tard avec l’enfant. Ce qu’elle fit. Alors Gandhi par de douces paroles enjoignit à l’enfant d’être moins gourmande et de restreindre sa consommation de sucreries. A la fin la mère demanda au maître : « Mais pourquoi ne lui avez-vous pas dit tout cela il y a trois semaines ? » « C’est, répondit Gandhi, parce qu’il y a trois semaines moi aussi je mangeais trop de bonbons ! ». Merveilleuse sagesse qui fait comprendre qu’une leçon ne peut être entendue que si l’on vit ce que l’on prêche. Dans notre conversion est notre témoignage.

Comment annoncerons-nous le bonheur messianique si les gens nous voient perpétuellement entrain de geindre ? Qu’annoncerons-nous de l’amour de Dieu, si les gens perçoivent notre méchanceté ou notre haine ? « Pour que je croie en leur sauveur, disait Nietzsche, il faudrait qu’ils me chantassent des chants meilleurs et qu’ils eussent un air plus délivré ». Frères et sœurs, quels piètres chants sont les nôtres, quelle triste mine avons-nous ? A défaut d’être convainquant par l’argumentaire, sommes-nous convoquant par l’allégresse contagieuse qui transparaît en nous ?

Lâcher les filets

Quand j’étais aumônier de lycée, je me demandais souvent comment non pas même convaincre, mais à tout le moins intéresser, ces jeunes adolescents aux choses de Dieu. J’entendais des catéchistes et des confrères partager leurs expériences et louer Dieu pour les vertus admirables de la jeunesse. Je n’osais dire que quant à moi la prière qui me venait le plus souvent à l’esprit dans un groupe d’aumônerie était celle des disciples : « Seigneur veux-tu que nous ordonnions au feu du ciel de descendre et de les consumer ! »(Lc 9,54). Un soir de retraite de confirmation, où les élèves de 3e s’étaient montrés particulièrement agités et rétifs, nous nous étions retrouvés avec les animateurs pour faire le bilan de la journée et prier ensemble. Une animatrice épuisée a formulé en soupirant cette intention de prière : « Seigneur, donne-nous la force d’annoncer l’évangile à ces jeunes... » Puis, par une subite inspiration elle s’est reprise en disant : « Ou plutôt, donne-nous la faiblesse, si c’est la faiblesse mieux que la force qui témoigne de toi ! »

Cette nouvelle et magnifique version de sa prière témoignait éminemment d’une nouvelle conversion. Ce fut la découverte de saint Paul auquel le Christ dit : « Ma force se déploie dans ta faiblesse »(cf 2 Co 12,9). A ses disciples, Jésus ne demande pas de se barder d’instruments prosélytiques, de prendre les armes, ou de cibler des proies. Il demande de lâcher les filets. Le premier temps de la mission, c’est la pauvreté, la dépossession, l’abandon confiant. Laisser Dieu agir, comprendre que catéchiser « c’est bien plus parler des enfants à Dieu, que de Dieu aux enfants ».

Le feu de la charité

Ce qui peut toucher et convertir autrui ce ne sont pas les moyens pédagogiques ou missionnaires que j’emploie : c’est la grâce de Dieu. La seule arme de persuasion massive, c’est la charité. Elle seule peut faire fondre les glaces contre lesquels tous les anathèmes et les argumentaires échouent. Seule la charité peut gagner les âmes. Elle est ce feu que Jésus est venu propager sur la terre (Lc 12,49). Puissent, frères et sœurs en Christ, notre exemple aussi bien que nos paroles préparer en beaucoup de nos contemporains l’incendie de la grâce. Puissent-ils être nombreux en notre génération les compagnons d’Emmaüs dont l’Esprit attise les cœurs réanimant sous les cendres du doute la braise tenace de la foi.

Impatience

Avec cette semaine sainte, s’ouvre pour Jésus, l’heure de passer de ce monde à son Père. « Père, l’heure est venue » dit Jésus « glorifie ton Fils ». Au terme de ces conférences de carême, nous savons où le Christ va, si résolument. Nous savons où nous irons, nous aussi avec lui, l’heure venue. Nos chemins sinueux nous mènent quelque part. « Le sentier des justes est comme la lumière de l’aube dont l’éclat va croissant jusqu’au plein jour » (Pr 4,18) dit la Sagesse. Nous n’en doutons plus désormais, la destination se dessine de plus en plus précise et lumineuse : la maison du Père nous attend. Mais le temps de la marche, nous l’ignorons. Quelle est l’heure prescrite des retrouvailles ? nous ne le savons pas. Et nous avançons, prophètes obscurs, disant : Jusques à quand, Seigneur, jusques à quand ? Ardemment désireux de la venue du Seigneur, gonflés d’une furieuse espérance nous joignons nos voix à celles des pauvres de la terre pour demander : quelle heure est-il, Seigneur, quelle heure est-il à l’horloge de votre toujours imminente éternité ? Amen.
François Bernon
François Bernon
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