Qui est Henri Joyeux, le médecin controversé « anti-vaccins » ?

par **M1234** Ven 25 Mai 2018 - 10:16

Qui est Henri Joyeux, le médecin controversé « anti-vaccins » ?

Henri Joyeux, cancérologue montpelliérain de 72 ans, à la retraite depuis 2014, avait fait l’objet d’une plainte du Conseil national de l’Ordre des médecins en juin 2015, pour avoir mis en ligne une pétition contre l’hépatite B, appelé Infanrix Hexa. Il risque la radiation.

Retour sur le parcours de ce professeur sulfureux.

Sur Youtube, ses vidéos ont été visionnées des centaines de milliers de fois. La plus célèbre d’entre elles, une intervention dans un reportage de France 3 où il présente le « petit-déjeuner idéal », totalise même près d’un demi-million de vues.

Henri Joyeux est devenu, au fil des années, l’un des médecins stars de la toile… et l’un des plus contestés. À tel point qu’à 72 ans, ce retraité pourrait être radié de l’Ordre des médecins.

Jeudi 24 mai, son sort se jouera lors d’une audience en appel devant les instances disciplinaires du Conseil de l’Ordre. En 2016, il avait été radié en première instance, mais avait fait appel.

L’Ordre lui reproche l’ensemble de ses propos contre la vaccination et le fait d’être à l’initiative d’une pétition en ligne contre l’usage du vaccin contre l’hépatite B, appelé Infanrix Hexa.

Cette pétition, largement relayée sur les réseaux sociaux et toujours en ligne, a été signée par plus d’1,1 million de personnes.

Dans ce vaccin, le Dr Joyeux fustige la présence d'« aluminium et de formaldéhyde », deux « substances dangereuses voire très dangereuses », selon lui.

De son côté, le président du Conseil national de l’Ordre, Patrick Bouet dénonce « un discours dangereux » et des « propos non appuyés sur des bases scientifiques [et portant] atteinte à la profession ».

De la lutte contre la malbouffe…

Henri Joyeux s’est d’abord fait connaître pour ses conseils en matière d’alimentation. En septembre 2014, il a été propulsé devant les caméras grâce à un coup de pouce de… Sophie Marceau.

Selon Le Monde Magazine qui a consacré un portrait au cancérologue, l’actrice regardait régulièrement ses vidéos sur Youtube. Elle convainc alors Michel Drucker de l’inviter sur son célèbre canapé rouge.

La machine médiatique est lancée : Henri Joyeux devient le médecin référence sur les questions de nutrition dans les médias.

Outre ces passages télé, le natif de Montpellier publie deux best-sellers : le premier Changez d’alimentation, publié en 2013, s’écoule à 150 000 exemplaires.

Le second, Manger mieux et meilleur de 0 à 100 ans, sorti en 2017, est lui vendu à 30 000 exemplaires. De quoi assurer à Henri Joyeux des revenus additionnels, en plus de ses conférences ou des réponses individuelles qu’il facture aux internautes 25 euros.

… à la lutte contre les vaccins

Certaines de ses positions sur l’alimentation sont déjà contestées par les scientifiques, mais c’est surtout son parti pris anti-vaccins qui lui a valu les foudres de ses confrères… et du gouvernement.

« Il est le cauchemar du ministère de la santé », résume Le Monde. En effet, Henri Joyeux était en première ligne pour s’opposer à la loi Buzyn, instaurant, 11 vaccins obligatoires pour les enfants âgés de moins de deux ans, depuis le 1er janvier 2018.

Lui se défend d’être un anti-vaccins :

« Nous ne sommes pas contre les vaccins mais pour qu’ils soient utilisés à bon escient et qu’il n’y ait pas d’abus », a-t-il dit en novembre 2017, lors d’une conférence où il avait aussi dénoncé « une dictature vaccinale », « une manipulation de la population » et « des experts dans les ministères qui sont extrêmement proches des labos ».

Au-delà de ce discours remettant en cause l'efficacité de certains vaccins, dont les arguments ont été balayés par des études, mais aussi des articles publiés dans Libération ou encore du Figaro, l’autre cheval de bataille du Dr Joyeux repose sur un supposé conflit d’intérêts entre le corps médical et le « big pharma », l’industrie médicale.

Des positions conservatrices

Henri Joyeux, issu d’une famille catholique traditionnaliste, est un coutumier des polémiques.

Dans les années 1990 déjà, il était critiqué par Act’Up. L’association estimait que ses conférences sur le sida stigmatisaient les couples homosexuels et les séropositifs.

Sa proximité avec l’association Familles de France, proche de la Manif pour Tous, son opposition à l’avortement et au mariage pour tous, ont également valu à ce docteur ultra-médiatique d'être rangé dans la catégorie des « réactionnaires ». Son éventuelle radiation pourrait bien ternir encore un peu plus sa réputation.

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