Son esprit de prière, sa dévotion mariale - St Dom. Savio
Page 1 sur 1
Son esprit de prière, sa dévotion mariale - St Dom. Savio
Voici la troisième partie du deuxième chapitre de la vie de saint Dominique de Savio.
Chapitre 2
Chez Don Bosco
7. Son esprit de prière – Sa dévotion mariale
Si nous voulons réussir notre vie et la rendre riche et rayonnante, nous devons la construire intensément avec le Seigneur, avec Notre-Dame. La vraie prière illumine et soulève toujours tellement la vie. Dans la vie de Dominique Savio, tout jaillissait de la prière : voilà la cause profonde de tout son rayonnement.
Don Bosco écrit :
« Parmi les grâces dont Dieu enrichit l’âme de Dominique, on peut mettre en première ligne sa ferveur dans la prière. Il était tellement habitué à converser avec Dieu que partout, même au milieu des récréations les plus bruyantes, il recueillait ses pensées en Dieu et élevait son cœur vers Lui. Pendant les prières faites en commun, il ressemblait à un ange. Immobile, dans une attitude où tout respirait la piété, sans autre appui que l’agenouilloir, le visage souriant, la tête légèrement penchée et les yeux baissés ; on l’aurait pris pour un autre saint Louis de Gonzague. Il suffisait de le regarder pour être édifié. Pendant la récréation, il s’adonnait souvent avec ses amis à des lectures pieuses ou bien à réciter quelques prières à l’église en l’honneur de Marie et pour le soulagement des âmes du purgatoire. »
La dévotion de Dominique envers la Mère de Dieu était très grande. Il s’imposait chaque jour quel que mortification en son honneur.
En se rendant en classe, il tenait toujours les yeux baissés, même si des compagnons voulaient attirer son attention sur quelque spectacle attrayant. Un compagnon lui dit un jour sur un ton fâché :
« Que veux-tu donc faire de tes yeux, si tu ne t’en sers pas pour voir et regarder ?
– Je veux m’en servir, répondit Dominique, pour contempler la beauté de notre Mère du ciel, quand j’irai, si j’en suis digne, la voir en Paradis. »
II avait une dévotion toute spéciale au Cœur Immaculé de Marie. Chaque fois qu’il se rendait à l’église, il allait prier devant son autel. Il demandait la grâce de conserver son cœur pur de toute affection déréglée…
« Ô Marie, disait-il, je veux toujours être votre enfant. Obtenez-moi de mourir plutôt que de commettre un péché contre la vertu de pureté. »
Tous les vendredis pendant la récréation, il allait à l’église avec quelques-uns de ses compagnons, pour réciter le chapelet des Sept Douleurs de Marie, ou au moins les litanies de Notre-Dame de Compassion. Non seulement il avait une dévotion personnelle envers Marie, mais encore il se réjouissait extrêmement de pouvoir lui faire rendre quelques hommages par d’autres. Un samedi, pendant l’hiver, il avait invité un de ses amis à venir avec lui à la chapelle pour réciter les vêpres de la Bienheureuse Vierge Marie. Ce dernier s’y rendait de mauvaise grâce, alléguant qu’il avait froid aux mains. Dominique ôta ses gants, les donna à son compagnon, et ils se rendirent ainsi à la chapelle. Une autre fois, il enleva son manteau de dessus ses épaules pour le donner à son compagnon, afin que celui-ci le suivit plus volontiers à l’église. Qui n’admirerait une piété si généreuse ? Jamais Dominique ne montrait plus de ferveur envers notre céleste protectrice que durant le mois de mai. Il s’entendait avec ses amis pour faire chaque jour, en dehors de l’exercice public, l’un ou l’autre acte particulier de dévotion. Il préparait toute une série d’histoires qu’il racontait pour inspirer à ses condisciples l’amour de Marie. Il parlait souvent d’elle en récréation et exhortait ses camarades à communier fréquemment durant ce mois. Il donnait lui-même l’exemple en s’approchant chaque jour de la sainte Table avec un recueillement au-dessus de tout éloge.
Les élèves de son dortoir voulurent élever à leurs frais un petit autel pour la clôture du mois de Marie. Dominique était tout feu tout flamme pour cette idée. N’ayant pas d’argent, il apporta à ses compagnons un de ses livres de prix :
« Voici mon offrande pour honorer Marie. Voici un livre, je vous le donne, faites-en ce que vous voudrez. »
Cet acte de Dominique piqua d’émulation ses amis qui, eux aussi, offrirent des livres et d’autres objets. L’autel dressé, les élèves désiraient donner à la fête l’éclat des grandes solennités. On poussa activement les préparatifs ; néanmoins on ne put terminer assez tôt et il fallut travailler la nuit. Dominique voulait y consacrer toute la nuit. Mais, comme il sortait de maladie, ses camarades l’obligèrent à aller prendre son repos. Il y consentit.
« Au moins, dit-il, aussitôt que vous aurez tout fini, venez me réveiller pour que je puisse, le premier, voir le bel autel que vous aurez élevé en l’honneur de notre bonne Mère. »
8. Une vie illuminée par les sacrements
La vie chrétienne est une « vie surnaturelle ». Elle jaillit des sacrements. Elle est entretenue et se développe par les sacrements, ces moyens prodigieux auxquels le Seigneur a conféré cette puissance extraordinaire de transfigurer et d’illuminer les âmes et d’y insuffler la vie divine. Aussi ne faut-il pas s’étonner que Don Bosco ait fondé toute sa méthode d’éducation sur les sacrements.
Don Bosco écrit :
« Donnez-moi un adolescent qui reçoive souvent les sacrements de Pénitence et d’Eucharistie, et vous le verrez croître dans sa jeunesse et passer de l’âge mûr jusqu’à la plus longue vieillesse comme un modèle de vertus chrétiennes. Plût au Ciel que les jeunes gens comprennent cette vérité pour la mettre en pratique, et que tous les éducateurs la comprennent également pour en faire la règle de leur conduite ! »
Avant que Dominique vînt à l’Oratoire, il se confessait et communiait tous les mois, selon le règlement des écoles, mais à l’Oratoire, il le fit plus souvent. Un jour il entendit un prédicateur qui disait :
« Jeunes gens, si vous voulez persévérer dans le chemin du ciel, je vous recommande de vous approcher fréquemment des sacrements de Pénitence et d’Eucharistie. Pour cela choisissez un confesseur à qui vous puissiez ouvrir entièrement votre cœur, et ne le quittez pas sans nécessité. »
Dominique commença par choisir son confesseur (Don Bosco lui-même) et ne le quitta plus jamais. Afin de se faire bien connaître à ce prêtre, il voulut lui faire une confession générale. Il commença d’abord par se confesser tous les quinze jours, puis tous les huit jours, et chaque fois il communiait. Son confesseur, voyant les grands progrès qu’il faisait dans la vie spirituelle, lui conseilla de communier trois fois par semaine et, au bout d’un an, il lui permit la communion quotidienne.
À noter : à cette époque, la communion quotidienne n’était guère en usage. Don Bosco lui-même exigeait une volonté ferme de progresser dans la vertu pour permettre la communion fréquente. Ce n’est que vers 1910 que l’Église, en la personne du Pape Saint Pie X, chercha à répandre l’usage de la communion fréquente ou même quotidienne.
Durant quelque temps il fut tourmenté de scrupules et il voulait se confesser tous les quatre jours, et même plus souvent ; mais son confesseur ne le lui permit pas, et exigea que par obéissance, il s’en tînt à la confession hebdomadaire. Dominique avait en son confesseur une confiance illimitée et lui parlait en toute simplicité des choses de son âme, même en dehors de la confession. On lui conseilla bien l’une ou l’autre fois de le quitter, mais il ne voulut jamais. Le confesseur, disait-il, est le médecin de l’âme. Or, on ne change de médecin que pour deux raisons : ou parce qu’on n’a pas confiance en lui, ou parce que le mal est désespéré ; ce qui n’est pas le cas pour moi. Si j’ai quelque peine intérieure, je vais trouver mon confesseur pour qu’il me fasse connaître la volonté de Dieu, puisque Jésus-Christ nous assure que la voix du confesseur est la voix même de Dieu.
Ensuite, si je désire de grandes choses, je vais recevoir l’Hostie Sainte où se trouve le corps que Jésus-Christ a immolé sur la croix, avec son sang, son âme et sa divinité. Que me manque-t-il donc pour être heureux en ce monde ? Il ne me manque que de voir à découvert dans le ciel Celui que je contemple sur l’autel avec les yeux de la foi. Avec de pareilles dispositions, Dominique était vraiment heureux. De là naissaient cette douce gaieté, cette joie céleste qui brillait sur son visage et l’accompagnait partout. Il était, d’ailleurs, si bien préparé pour la communion fréquente. Sa conduite était en tous points irréprochable. Tous ses condisciples ont pu en témoigner. Sa préparation à la communion était édifiante. La veille, avant de se mettre au lit, il ne manquait pas de faire une prière pour demander la grâce de bien communier. Il la terminait toujours par ces paroles :
« Loué et adoré soit à tout instant le très saint et divin Sacrement. »
Sa préparation du matin était soignée. Son action de grâces ne finissait pas. Ordinairement, si on ne l’avertissait pas, il oubliait le déjeuner, la récréation et parfois la classe. Il restait indéfiniment en prière, ou mieux en contemplation, admirant la bonté de Dieu qui se communique ainsi à nous dans son infime miséricorde. Chaque jour, il communiait à une intention particulière : en l’honneur de la Sainte Trinité, de la passion de Jésus, de la Sainte Vierge…
C’était pour lui un vrai bonheur de passer une heure en adoration devant le Saint-Sacrement. Au moins une fois le jour, il faisait invariablement sa visite à Jésus-Hostie et il invitait quelques-uns de ses condisciples à l’accompagner. La prière qu’il aimait surtout à réciter dans ses visites était le chapelet du Sacré-Cœur, destiné à réparer les injures que Jésus reçoit dans son sacrement de la part des hérétiques, des infidèles et des mauvais chrétiens. Il prenait part avec une sainte joie à toutes les cérémonies en l’honneur du Très Saint-Sacrement. S’il lui arrivait de rencontrer un prêtre qui portait le saint Viatique à un malade, il se mettait à genoux, où qu’il fût, et si ses occupations le lui permettaient, il l’accompagnait jusqu’à la fin de la cérémonie.
9. Ses pénitences
« Si vous ne faites pénitence, nous dit Jésus, vous périrez tous. »
Et encore :
« Si quelqu’un veut me suivre, il doit porter sa croix chaque jour. »
L’esprit de sacrifice et de pénitence est indispensable à toute vie chrétienne authentique. La voie des souffrances, écrit Don Bosco, paraissait à Dominique toute couverte de roses. La patience à supporter les outrages, les contradictions, la mortification continuelle des sens, durant la prière, en classe, pendant l’étude et la récréation : cette mortification était habituelle chez Dominique. Mais il voulait aussi mortifier son corps. Dans sa ferveur, il avait résolu de jeûner au pain et à l’eau tous les samedis en l’honneur de la Très Sainte Vierge ; mais son confesseur le lui défendit. Il voulait aussi jeûner durant le Carême, mais au bout d’une semaine son directeur le sut et la chose lui fut interdite. Il voulait au moins supprimer le déjeuner ; on l’en empêcha encore à cause de sa mauvaise santé. Ne pouvant donc se mortifier par l’abstinence et le jeûne, il voulut affliger son corps d’une autre manière. Il commença par mettre des petits morceaux de bois et de briques dans son lit pour souffrir même en dormant ; il voulait porter un cilice ; mais toutes ces choses lui furent défendues. Il décida alors de ne se couvrir que d’une mince couverture la nuit pendant l’hiver. Un jour, le directeur le constata et lui dit :
« Tu veux donc te faire mourir de froid ?
– Jésus dans la crèche et sur la croix, répondit-il, était moins couvert que moi. »
II lui fut absolument défendu de faire aucune espèce de mortification sans en avoir obtenu auparavant la permission formelle de son directeur. Il se soumit à cet ordre, mais non sans peine. Un jour je le rencontrai et il me dit :
« Hélas ! Je ne sais vraiment que faire. Notre-Seigneur affirme que si nous ne faisons pénitence, nous n’irons pas au Paradis, et à moi on défend de faire pénitence ; comment donc pourrai-je aller au Paradis ?
– La pénitence que Dieu demande de toi, répliqua le directeur, c’est l’obéissance.
– Ne pouvez-vous pas au moins me permettre quelque autre mortification ?
– La mortification que je te permets c’est la patience à supporter les déplaisirs qu’on pourra te faire, d’endurer avec résignation le chaud, le froid, le vent, la pluie, les fatigues et toutes les maladies qu’il plaira à Dieu de t’envoyer.
– Mais souffrir ainsi, c’est souffrir par nécessité.
– Fais de nécessité vertu, endure toutes ces choses pour l’amour de Dieu, elles seront méritoires, et serviront à sanctifier ton âme. »
Ces paroles tranquillisèrent Dominique et il s’en alla content. Dominique veillait aussi grandement à mortifier ses sens extérieurs. Sa modestie, qui lui semblait si facile et si naturelle, était le fruit de grands efforts aidés par la grâce. Il avait le regard vif, scrutateur, et il lui en coûta énormément pour mortifier sa vue. Il a confié plusieurs fois à des amis que la mortification des yeux lui occasionnait quelquefois de violents maux de tête. Et cependant sa réserve dans les regards était toujours si parfaite et si rigoureuse. Jamais un regard déplacé.
« Les yeux, disait-il, sont des fenêtres. Or, il passe par les fenêtres ce qu’on y fait passer ; nous pouvons donc faire passer par ces fenêtres soit un ange, soit aussi un démon avec ses cornes, et ainsi amener l’un ou l’autre à s’emparer de notre cœur. »
Un jour, des compagnons regardaient ensemble un journal aux images obscènes et impies. Dominique s’en aperçut, arracha le journal et le déchira en petits morceaux. Aux élèves stupéfiés, il déclara :
« Mes pauvres amis ! Dieu a créé nos yeux pour admirer la beauté de ses œuvres, et vous vous en servez pour regarder des abominations, inventées par la malice des hommes pour perdre notre âme ! Avez-vous donc oublié ce qu’on nous a prêché si souvent ? Notre divin Sauveur a dit qu’un seul regard mauvais peut souiller notre âme et vous allez repaître vos yeux de ces saletés !… Serez-vous disposés à rire quand vous serez en enfer ?… Et si vous n’y voyez pas de mal, c’est bien pire encore ! Ne pas voir de mal dans ces horreurs, c’est un signe que vos yeux y sont déjà habitués, et cette habitude vous rend encore plus coupables. »
Cette énergie de langage imposa silence à tout le monde.
À la modestie des yeux, Dominique joignait une grande retenue dans les paroles. Il laissait volontiers la parole aux autres. Jamais personne ne surprit sur ses lèvres la moindre parole dite mal à propos soit en étude, soit en classe, ou à l’église, en un mot dans n’importe quel exercice d’étude ou de piété. Bien plus, si par hasard il était insulté par quelqu’un, il savait réprimer sa colère et retenir sa langue.
Un jour, il avait averti un de ses compagnons d’une mauvaise habitude qu’il avait remarquée en lui. Ce dernier se fâcha et se porta aux pires excès. Il accabla Dominique de reproches et finit par le frapper à coups de poings et à coups de pieds. Le visage de Dominique s’empourpra de colère, mais il la réprima et se contenta de dire :
« Je te pardonne. Tu as mal agi. Tâche de ne pas traiter les autres de cette façon. »
Avec quelle sévérité il mortifiait aussi les autres sens ! Durant l’hiver il souffrait d’engelures aux mains. Mais, au lieu de se plaindre, il semblait y prendre plaisir :
« Plus les engelures sont grosses, disait-il, plus elles font du bien à la santé », et par la santé il entendait celle de l’âme. Durant les rudes froids de l’hiver, il avait coutume de marcher lentement vers l’école dans le but de souffrir et de faire pénitence en toute occasion.
On rencontre souvent dans les pensionnats, écrit Don Bosco, des élèves mécontents de tout. Ils sont une vraie croix pour les supérieurs. La conduite de Dominique était toute différente. Jamais de ses lèvres ne tombait un mot de plainte, ni à cause du froid de l’hiver, ni à cause des chaleurs de l’été. Qu’il fît beau ou mauvais temps, son visage reflétait toujours la même gaieté. Quoi qu’on lui servît à table, il se montrait également satisfait. Bien plus, il trouvait moyen de se mortifier même au réfectoire. Quand un mets était dédaigné par un autre, comme étant trop ou pas assez cuit, trop ou trop peu salé, Dominique le trouvait toujours à son goût. Après les repas il ramassait souvent les morceaux de pain restés sur la table et même tombés par terre, et il les mangeait comme un mets délicat… À ceux qui s’en étonnaient il répondait :
« Tout ce que nous avons en ce monde est un don précieux de la libéralité divine ; mais après la grâce, le plus grand des bienfaits de Dieu est la nourriture qui soutient notre vie, c’est pourquoi la plus minime partie de nos aliments mérite d’être recueillie avec soin. »
Cirer les souliers, brosser les habits de ses compagnons, rendre aux malades les plus humbles services, balayer et faire d’autres ouvrages de ce genre, étaient pour lui d’agréables passe-temps.
« Chacun fait ce qu’il peut, disait-il. Moi je ne suis pas capable de faire de grandes choses, mais je veux faire tout ce que je puis pour la plus grande gloire de Dieu ; et j’espère que dans son infinie bonté, le Seigneur agréera mes misérables services. »
Aussi, manger des aliments qui n’étaient pas de son goût, se priver de ceux qui lui plaisaient, mortifier sa vue même en des choses indifférentes, renoncer à sa volonté, supporter avec une résignation parfaite ce qu’il avait à souffrir dans le corps ou dans l’âme : c’était là autant d’actes de vertu que Dominique pratiquait chaque jour et presque à chaque instant du jour.
Je passe sous silence, conclut Don Bosco, d’autres faits qui tous pourraient prouver combien fut grand dans ce jeune homme l’esprit de pénitence, de charité et de mortification, et en même temps, combien sa vertu était industrieuse pour profiter, même dans les choses indifférentes, des occasions grandes ou petites capables de le sanctifier et d’accroître son mérite devant Dieu.
- Spoiler:
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum