Chronique de l'empereur Julien

Chronique de l’empereur Julien (IVè siècle)

Julien était devenu maître de tout l’empire.

« Comme nous avions raison de le tenir déjà à Athènes pour un païen. Maintenant que son cousin est mort, il a laissé tomber le masque. Il manifeste ouvertement sa foi aux dieux. Les temples ont réouvert leurs portes et ceux qui avaient été transformés en églises ont dû être restitués par nos frères. Il a fait ôter des étendards des légions le monogramme du Christ et l’a fait remplacer par une image du dieu-soleil. Comme Grand Pontife il a fait lui-même des hécatombes de victimes.

- Est-ce qu’il persécute les chrétiens ? demanda Basile.

- Il est trop rusé pour faire des martyrs, mais les armes avec lesquelles il combat notre sainte religion sont plus dangereuses que le glaive du bourreau. Il a interdit aux chrétiens de tenir des écoles où l’on enseigne la rhétorique, la grammaiee et la médecine ; il les a écartés de toutes les fonctions publiques et il cherche à briser partout leur influence.

- Mais il a pourtant laissé rentrer ceux qui avaient été bannis à cause de leur foi. Le grand Athanase lui-même a pu revenir à alexandrie.

- Oui, il a vu là un précieux atout dans sa lutte contre les Galiléens, comme l nous appelle par moquerie. C’est par ces querelles entre catholiques, Ariens, Donatistes, Manichéens et autres sectes qu’il veut anéantir le christianisme. Il nomme toujours Notre-Seigneur « le charpentier » et il se donne toutes les peines pour faire mentir une de ses prophéties. Songe donc que, malgré son mépris pour les Juifs, il fait reconstruire le Temple à Jérusalem, uniquement pour contredire la parole du Sauveur affirmant qu’il n’en resterait pas pierre sur pierre.

Un profond silence suivit ce rapport inquiétant.

- Il vaut mieux prier que discourir, dit enfin Basile. C’est Dieu qui aura le dernier mot quand l’heure sera venue. »

Les deux amis passaient les jours dans la prière, l’étude et le travail manuel. Grégoire aida Basile à aménager sa cellule pour l’hiver. Ils charrièrent les pierres, abattirent des arbres, cultivèrent le petit terrain dont l’ermite tirait les légumes qui lui étaient nécessaires. Grégoire planta même un platane qui devait plus tard donner un peu d’ombre à son ami. Entre temps, ils étudiaient ensemble les écrits d’Origène et en tirèrent une anthologie. Souvent ils parlaient du monachisme qui continuait à se répandre. De nombreux ermites s’étaient établis dans le voisinage et regardaient Basile comme leur guide et leur père.

« J’estime au plus haut point le monachisme, disait le solitaire. Loin des bruits troublants du monde les ermites gardent la paix de l’âme, la piété et l’esprit de foi. Mais il leur faudra une règle concrète, afin de ne pas laisser leur vie à leur libre volonté et parfois à leur caprice. Une règle répartirait avec précision leur travail quotidien et donnerait ainsi la juste place à la prière, à la pénitence et au travail.

Durant des nuits entières Basile élabora avec son ami une règle que les moines adoptèrent volontairement. De même les vierges qui, avec la pieuse Macarie, une sœur de Basile, avaient fondé un petit couvent dans le voisinage, se soumirent à la nouvelle réglementation. La vie religieuse fleurit ainsi dans le désert du Pont.

En ces jours-là les Perses menaçaient dangereusement les frontières de l’empire. Julien leva une armée de 65 000 homes et se mit en route vers l’Euphrate. Il était dans son camp, lorsque lui parvint une nouvelle qui devait ébranler fortement sa confiance orgueilleuse en lui-même. Un messager venait d’arriver et annonçait :

« Seigneur, je viens de Jérusalem.

- Où en est-on dans la construction du Temple ? demanda l’empereur.

- Les murs se dressaient déjà bien haut, tout à coup la terre s’est mise à trembler et les constructions se sont écroulées dans un fracas de tonnerre.

- Ce n’était qu’un tremblement de terre. Pourquoi n’a-t-on pas immédiatement repris les travaux ?

- On a essayé. Mais la terre a tremblé de nouveau et les murs ont été renversés. Une troisième fois, les choses se sont passées de même. Beaucoup d’ouvriers ont perdu la vie et maintenant on ne trouve plus personne pour les travaux. »

Julien pâlit, se rongea nerveusement les ongles et fit signe au messager de s’en aller.

Il passa alors en revue la série d’événements étranges qui l’avaient poursuive, depuis qu’il avait pris la pourpre : des tremblements de terre à Nicomédie et à Constantinople, des incendies à Rome, la sécheresse à Antioche, des inondations en Egypte et maintenant l’écroulement de ses plans à Jérusalem. Assurément tous ces événements pouvaient s’expliquer naturellement. Mais cette accumulation de malheurs n’était-elle réellement qu’un hasard ? Ne manifestait-elle pas peut-être la colère du Dieu auquel il avait tourné le dos ?

Lorsque Julien sortit de sa tente, il vit un légionnaire faire un signe de croix, à son passage.

« tu me prends sans doute pour le diable que tu te hâtes de faire un signe de croix, Galiléen. Comment va le charpentier de Nazareth ? Que fabrique-t-il pour le moment ?

- Ton cercueil, César ! », répondit le chrétien............

Pour connaître la suite, lire « Histoire du Royaume de Dieu » par le Père Hunermann.
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Cette histoire n’est pas sans nous rappeler les temps difficiles actuels, les signes que Dieu nous envoie comme avertissements avant Sa Justice…
Lau