Qui est le Bienheureux Jerzy Popieluszko ?

1 Enfance, adolescence, jeunesse et début de ministère sacerdotal

Jerzy Popieluszko naît le 14 septembre 1947 dans le village d'Okopy, non loin de Suchowola en région de Podlasie. Ses parents sont de modestes agriculteurs.
Enfant et adolescent il suit sa scolarité jusqu'au bac à Suchowola. Il est un élève moyen mais ambitieux. Dès son enfance il est enfant de chœur.
Lorsqu'il passe son bac, au bal qui conclut l'année scolaire, il annonce qu'il va entrer au séminaire. En 1965 il rejoint donc le séminaire de Varsovie.
Dès sa deuxième année d'études il est appelé par l'armée pour le Service Militaire malgré les accords signés entre l'Eglise et l'Etat Polonais qui dispense les séminaristes du Service Militaire. N'oubliez pas que la Pologne est "dirigée" par le régime communiste. A cet effet une unité spéciale a été créée pour les futurs prêtres afin de nuire à l'Eglise (système d'endoctrinement afin de convaincre les séminaristes d'abandonner leurs études. Jerzy s'y est particulièrement distingué par le courage qu'il avait à défendre ses convictions.
Rentré de l'armée, Jerzy tombe gravement malade et son état de santé ne cesse d'empirer.
En 1972 le cardinal Wyszynski, Primat de Pologne l'ordonne prêtre. Il exerce son ministère dans différentes paroisses de la capitale polonaise. Il travaille avec des enfants et des jeunes.
En 1979 il s'évanouit pendant la célébration d'une Messe (un prêtre l'a remplacé pour terminer la célébration). Il ne retrouvera plus son poste car il est transporté à l'hôpital. Lorsqu'il rentre il travaille à l'Aumônerie Etudiante de l'Eglise Sainte Anne à Varsovie où il organise des groupes de dialogue pour les étudiants de la Fac de Médecine. En 1978 il est aumônier des Services Médicaux. En 1979 il participe à l'organisation médicale du 1er pèlerinage du pape Jean-Paul II dans son pays.
(suite ce soir)

Les années 1980 : Jerzy est vicaire à la paroisse St Stanislas Kostka à Varsovie

A la paroisse St Stanislas le Père Jerzy se retrouve à la tête d'un groupe médical qui l'a rejoint dans sa nouvelle paroisse. En septembre 1981 il est chapelain des services médicaux du diocèse et prêtre de la maison de retraite des Services Médicaux. Il y célèbre une fois par semaine pour les pensionnaires dans une chapelle qu'il a lui même aménagée en partie.
31 août 1980 : les aciéries de Varsovie sont en grève et les métallos demandent au cardinal de leur envoyer un prêtre pour la messe dominicale. Le prêtre désigné ne peut pas se déplacer alors le père Jerzy se dévoue. Il va aller aux aciéries. Il a peur car il se demande comment il va être accueilli, qui va faire les lectures, qui va animer les chants. Lorsqu'il arrive tout est prêt : un bel autel est dressé, les lecteurs sont nommés, les choristes sont en forme. Cette messe, le Père Jerzy ne l'oubliera pas. Une clameur l'accueille et Jerzy pense qu'une personnalité le suit. Non c'est lui qu'on acclame. Dieu est entré dans l'usine...
Des relations se créent : pour les ouvriers le père Jerzy célèbre une messe chaque dimanche, il crée une "école" pour les aider à acquérir un savoir sur l'histoire du pays et organise également des cours de.... catéchisme.

suite demain... je vais faire dodo...

Le temps passe. Le père Jerzy partage les joies et les peines des métallos et le 25 avril 1981, au cours d'une célébration eucharistique il bénit le drapeau du syndicat de "Solidarnosc" (Solidarité) des aciéries "Huta Warszava".

LES ANNEES NOIRES

Le 13 décembre 1981 le général Jaruzelski, président de la République Populaire de Pologne proclame "l'Etat de Guerre" qui va mettre le pays au plus bas. Le syndicat "Solidarnosc" est interdit et il y a de nombreuses arrestations dont celle de Lech Walesa. Bien des familles sont dans la peine. Les denrées alimentaires manquent et tout est horriblement cher. Le Père Jerzy les aide comme il peut. Il participe aux procès des opposants de l'état de guerre, organise le partage des dons envoyés de l'étranger.
A partir de février 1982 il célèbre des "Messes pour la Patrie" où il prononce des sermons patriotiques (pas appréciés par le gouvernement). Il organise un Pèlerinage ouvrier au sanctuaire de Czestochowa.
Les ennuis pour le Père Jerzy commencent : des lettres sont envoyées aux évêques par les autorités gouvernementales et ce qui devait arriver arrive. Le père Jerzy est arrêté puis libéré. Il est quand même interrogé plus de 13 fois. Il est victime "d'accidents et d'incidents". Sa voiture subit des dégâts, des malfaiteurs déposent une charge explosive dans son appartement. Ces incidents sont minutieusement préparés.

Plus le temps passe, plus les ennuis se multiplient pour Jerzy : que ce soit à la paroisse, qu'il se déplace en voiture, bien qu'il soit accompagné il est épié, surveillé par la police politique. Il le sait mais il laisse courir. Il est arrêté pour des interrogatoires. Il est même emprisonné. Lorsqu'il est libéré il est accueilli avec des fleurs par ses fidèles.
Son appartement est visé. Des personnes étrangères y rentrent et introduisent des documents "interdits" souvent rédigés en langue "codée", des tracts favorables à Solidarnosc (Solidarité) le syndicat interdit. Ce filon est tellement gros que Jerzy éclate de rire et déclare : "Messieurs vous exagérez". La suite prête moins à rire : non seulement il est sans cesse ennuyé par les autorités gouvernementales mais voilà qu'il est convoqué à l'archevêché de Varsovie par le Primat de Pologne, le cardinal Glemp. L'entretien se passe plutôt mal. Il n'est pas trop bien vu par certaines autorités ecclésiastiques. A la suite de plusieurs entretiens celui-ci lui propose de partir à Rome afin d'y poursuivre des études. Jerzy refuse. Il est engagé dans la lutte pour la liberté. Il continuera jusqu'au bout.

OCTOBRE 1984

Jerzy se déplace là où on le demande. Ce jour là, malgré sa fatigue, il se rend à Bydgoszcz, au nord-ouest de Varsovie.  Il doit y célébrer une messe et présider un chemin de croix. Nous sommes le 19 octobre. Jerzy ne se doute pas que ces célébrations seront les dernières de son vivant.
Il se fait tard et après un dîner les prêtres de la paroisse des saints Martyrs polonais voulaient le garder pour la nuit, mais Jerzy refuse car il doit être à Varsovie dès le matin pour célébrer la Messe.
Il n'y arrivera jamais parce-que...
(suite et fin demain)

19 OCTOBRE 1984

Waldemar Chrostowski, le chauffeur, reprend donc le volant en direction de la capitale polonaise suivi, bien entendu, des "anges gardiens".
A l'entrée d'une forêt ils arrêtent la voiture sous le prétexte d'un contrôle d'alcoolémie. Le chauffeur veut continuer mais Jerzy de stopper. Chrostowski obéit et il est aussitôt menotté et installé dans le véhicule des ravisseurs. Quant à Jerzy il est battu, torturé et enfermé dans le coffre où il se débat : "Messieurs que faites-vous ? Laissez moi la vie". On l'assomme et le véhicule se remet à rouler.
Bien que menotté Chrostowski manœuvre si bien qu'il arrive à ouvrir la portière. Il tombe, ne se fait pas mal et... les menottes lâchent. Il court vers une église, un prêtre lui ouvre et Chrostowski explique ce qui est arrivé. On téléphone à Varsovie.
Dès le lendemain les paroissiens sont prévenus. On organise des prières afin que le prêtre soit retrouvé vivant.

27 OCTOBRE 1984

le Gouvernement Polonais ne peut plus se taire. Le chef de l'Etat, le général Jaruzelski, apparaît à la télévision. Il annonce que les recherches vont avoir lieu afin de retrouver Jerzy dont on est sans nouvelle depuis 8 jours. Il donne également le nom des ravisseurs. Enfin l'un d'eux révèle le lieu où se trouve le Père. Son corps a été jeté d'un pont dans une retenue de la Vistule. Grâce à ces renseignements le corps est retrouvé et ramené à l'Institut Médico-Légal de Bialystok. Le corps est tellement abimé que son jeune frère ne peut le reconnaître que grâce à une marque de naissance sur sa poitrine et à sa fiche dentaire.
Le corps est lavé, le visage poudré afin d'être dignement présenté à la famille. Il est revêtu d'une chemise blanche, d'un pantalon noir, d'une soutane sur laquelle ont été épinglés 3 insignes : le drapeau polonais blanc et rouge avec l'effigie de la Vierge de Czestochowa, celui de Solidarnosc de Nowa Huta et celui des messes pour la Patrie de St Stanislas Kostka. On lui passe une chasuble rouge brodée d'épis d'or. Dans ses mains le chapelet offert par Jean-Paul II et une croix.

2 NOVEMBRE 1984

Le corps est ramené à Varsovie. Mais où l'enterrer ? Les paroissiens désirent qu'il repose près d'eux er Mgr Glemp le primat de Pologne donne son accord. Le 3 novembre des obsèques grandioses. Lech Walesa est présent. Plus d'un demi-million de polonais venus de tout le pays lui rendent hommage. La maman de Jerzy, malgré son chagrin, pardonne aux meurtriers.

Depuis maintenant 30 ans de nombreux chefs d'Etat, responsables religieux et politiques viennent s'incliner sur sa tombe. Le plus célèbre : Jean-Paul II. Il y a eu de nombreuses conversions. En 2010 il est béatifié (martyr il n'y a pas besoin de miracle).
En 2013 un français a été guéri d'un cancer grâce  l'intervention de Jerzy, alors qu'un prêtre lui conférait le sacrement des malades. (1). Les médecins ont déclaré cette guérison inexplicable.
Le dossier a été envoyé à Rome à la Congrégation des Saints. C'est au Pape François qu'il appartient de déclarer la sainteté de Jerzy. Les polonais le considèrent comme tel depuis le .... 19 octobre 1984.

(1) Jerzy Popielusko La vérité contre le totalitarisme par Bernard Brien. Editions Artège