Le catholicisme caricaturé par ses ennemis
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Le catholicisme caricaturé par ses ennemis
La population du XXIe siècle ignore complètement ce qu’est le catholicisme. L’insensé associerait d’emblée l’Église aux croisades et à l’inquisition tout comme le chien de Pavlov se mobiliserait lorsque la cloche sonne le repas. Les hérésies ont détruit la grâce qui régnait autrefois au sein de l’Église catholique. C’est pourquoi il est nécessaire de rétablir la vérité en diffusant telle quelle la première conférence rédigée en 1860 par le bienheureux révérend anglais John Henry Newman. Il s’agit de « le catholicisme travesti par ses ennemis ». Ses réflexions sont si pertinentes qu’elles pourraient sauver beaucoup d’âmes si, de nos jours, ses écrits étaient lus. La sagesse est assurément une vertu qui est inconnue du XXIe siècle. La violence et la grossièreté qui caractérisent notre époque sont les témoins éhontés du retour de la barbarie.
« Le catholicisme travesti par ses ennemis » (La conférence complète est au format PDF)
PREMIÈRE CONFÉRENCE
DE LA MANIÈRE DONT L’ÉGLISE CATHOLIQUE EST ENVISAGÉE PAR SES ENNEMIS.
« Je vais arriver au sujet des conférences que je me propose de faire, en vous rappelant, mes frères, une fable bien connue. Je vais rechercher pourquoi, dans cette nation intelligente et dans ce XIXe siècle si rationnel, il se fait que nous, catholiques, soyons si méprisés et hais par nos propres concitoyens avec lesquels nous avons passé toute notre vie. Pourquoi sont-ils si prompts à croire tout récit à notre désavantage, quelque extravagant qu’il soit, comme s’il était hors de doute que nous fussions, chacun de nous, ou grossièrement trompés, ou d’une hypocrisie plus que naturelle, tandis qu’eux, au contraire, seraient, comparativement à nous, des modèles de sagacité, de sagesse, de droiture, de vertu humaine et d’intelligence chrétienne ? Je ne recherche pas pourquoi eux-mêmes ne sont pas catholiques ; mais pourquoi ils sont si colères contre ceux qui le sont. Les protestants diffèrent entre eux sans s’appeler les uns les autres des sots et des fripons. Je ne me propose pas non plus de prouver, à vous ou à moi, que nous ne sommes ni des fripons, ni des sots, ni des idolâtres, ni des blasphémateurs, ni des hommes de sang, ni des prodigues, ni des hommes plongés dans le péché et endurcis dans nos consciences ; car nous nous connaissons les uns les autres et nous nous connaissons nous-mêmes. Non, mes amis catholiques à qui je m’adresse, je n’attaque en ce moment ni la croyance d’autrui ni je ne me défends moi-même. Je ne m’engage pas dans la controverse, bien que la controverse soit bonne quand elle vient à sa place. Je me propose seulement d’examiner comment il se fait que les catholiques sont ainsi foulés aux pieds et méprisés par un peuple qui est doué par la nature de nombreuses et grandes qualités morales et intellectuelles ? Comment arrive-t-il que les pierres mêmes, que les briques, que les tuiles d’une ville aussi occupée et aussi populeuse que celle que nous habitons, crient contre nous ? Plus est net le sentiment que nous avons de notre honnêteté, de la franchise de nos motifs, de la pureté de notre but, de la vérité, de la beauté, de la puissance de notre religion ; plus nous sentons le fonds inépuisable de consolation qu’elle offre à l’affligé et la manière toute spéciale dont elle correspond aux besoins du faible, plus grande doit être notre perplexité en voyant que ses défenseurs, pour la plupart, n’obtiennent pas même d’être écoutés dans ce pays. Comment ne serait-on pas plein d’angoisse en voyant supposer que les faits, la logique, la justice, le bon sens, le droit et la vertu, se trouvent du côté opposé, et que le catholique est invité à se montrer reconnaissant et satisfait si on lui permet d’exister, s’il est simplement toléré au sein d’un peuple libre ? Un tel état de choses est non-seulement une épreuve pour la chair et le sang ; mais une inquiétude pour la raison et l’imagination : c’est une énigme qui met l’esprit à la tourmente par la difficulté de la résoudre.
J’arrive à ma fable qui, pour être vieille, n’en est pas plus mauvaise. L’homme invita une fois le lion à être son hôte et lui donna une hospitalité princière. Le lion avait la jouissance d’un magnifique palais dans lequel on trouvait une grande quantité de choses à admirer. Il y avait de vastes galeries et de longs corridors, richement meublés, décorés et garnis avec profusion de beaux modèles de sculpture et de peinture, ouvrages des premiers maîtres dans l’art. Les sujets représentés étaient variés, mais les plus apparents avaient un intérêt spécial pour le noble animal qui ‘se promenait fièrement au milieu d’eux. Ils avaient trait au lion lui-même, et à mesure que le maître de la maison le conduisait d’un appartement à l’autre, il ne manquait pas d’attirer son attention sur l’hommage indirect que ces divers groupes de tableaux offraient à l’importance de sa tribu.
Tous ces chefs-d’œuvre présentaient cependant un trait caractéristique auquel l’invité, bien qu’il fût silencieux par politesse, ne paraissait pas du tout insensible ; c’est qu’au milieu de la variété de ces représentations, toutes s’accordaient sur ce point : l’homme était toujours victorieux et le lion toujours battu. Tout était à la fantaisie de l’homme, et le lion ne figurait que comme un sot, lui servant de jouet. Des marbres d’un travail exquis représentaient Samson rendant le lion comme un chevreau, et le jeune David, prenant le lion par la barbe et l’étranglant. On voyait l’homme qui met son bras dans la gueule du lion et le tient par la langue, et cet autre qui, emporté dans les dents de l’animal, s’efforçait de tirer un couteau de sa poche et de le plonger dans le cœur du monstre. On voyait une chasse au lion, ou ce qui avait été une chasse, car l’animal y était représenté se roulant à terre dans les angoisses de la mort, et son vainqueur, sur son cheval saignant, le surveillait à distance. Un gladiateur était représenté sur un amphithéâtre romain, engagé dans une lutte mortelle avec son ennemi, et l’on apercevait clairement qu’il allait avoir le dessus. On voyait un lion pris dans un filet, un lion pris dans une trappe ; quatre lions harnachés traînaient le char d’un empereur romain, et d’un autre côté, se trouvait Hercule, vêtu d’une peau de lion, et tenant à la main la massue qui avait servi à l’abattre. Ce n’était pas encore tout. Non-seulement l’homme triomphait du lion dans ces sculptures, se moquait de lui, le méprisait ; mais encore le fier animal était mis à la torture sous des formes très-variées. Le lion figurait là comme décoration artistique et blason héraldique. Les pieds des tables d’albâtre étaient tournés en griffes de lion. Des têtes de lion montraient les dents des deux côtés du manteau des cheminées, et des gueules de lion liaient les poignées des portes. On remarquait aussi des sphinx à moitié lion, à moitié femme. Il y avait des lions grimpant tenant des drapeaux, des lions couchant, des lions passant, des lions regardant ; des lions et des licornes ; des lions blancs, noirs et rouges ; en un mot, il n’y a pas de variété, de transformation ou d’excès d’indignité qui parût trop grand pour le seigneur de la forêt et le roi des animaux. Quand le lion eut visité le palais, l’homme lui demanda ce qu’il pensait des splendeurs qu’il renfermait. Il répondit en rendant pleine justice aux objets précieux qu’il avait examinés, mais en ajoutant : « Les lions auraient mieux fait s’ils avaient été les artistes. »
Vous apercevez, mes frères, l’application de la fable avant que je la fasse. Chaque chose présente deux côtés. Un argument présente le côté catholique et le côté protestant. On raconte l’histoire de deux chevaliers qui se rencontrèrent aux côtés opposés d’un monument. L’un d’eux vantait l’or qui se trouvait sur le bouclier d’un guerrier qui y était sculpté, et l’autre répondait que ce n’était pas de l’or, mais de l’argent. Sur ce point, ils en vinrent à se battre, et, dans le feu du combat, ils changèrent de positions, furent jetés à terre, démontés et blessés, chacun d’eux restant à la place primitivement occupée par son adversaire. Ils découvrirent alors que le bouclier était d’or d’un côté et d’argent de l’autre, et qu’ils avaient tous deux raison et tous deux tort. Ce n’est pas dire que catholiques et protestants aient l’un et l’autre raison et l’un et l’autre tort. Il n’y a qu’une vérité et non pas deux, et cette vérité une, nous savons qu’elle est dans la religion catholique. Sans aborder maintenant la question où est la vérité (question qu’il n’entre pas dans mon plan d’examiner ici), cependant il est certain, bien que la vérité soit une, que les arguments pour la démontrer sont nombreux et qu’il y a toujours deux côtés dans toute discussion. Ces côtés ne sont pas également appuyés par des arguments également puissants et persuasifs ; nécessairement non, et néanmoins il y a un côté protestant et un côté catholique, et si vous n’entendez parler que d’un seul, vous ne saurez rien de tout ce qui peut être dit de l’autre. Ainsi donc, si une personne prête seulement l’oreille au protestantisme et refuse d’entendre la réplique catholique, elle pense naturellement que le protestantisme est très-rationnel, très-droit, et que les catholiques sont très-absurdes, et cela parce qu’elle regarde comme admis les faits protestants qui sont généralement des fictions, et qu’elle ouvre son esprit aux arguments protestants qui sont toujours captieux. On peut toujours défendre quelqu’un ou quelque chose. Le plus franc scélérat qui comparaît devant la justice est représenté comme un homme outragé, comme une victime, quelquefois même comme un héros dans la défense de son avocat. Certains écrivains ont le talent d’habiller le vice de telle sorte qu’il ressemble à la vertu. Goèthe, je crois, a donné à l’adultère une grâce sentimentale, et le drame des Voleurs, de Schiller, a, dit on, envoyé sur le grand chemin tous les jeunes Allemands de l’époque. On a dit la même chose de l’opéra du Mendiant de Gay, et, de notre temps, un poète célèbre a su donner de l’intérêt à Caïn, le premier meurtrier. Toute chose deviendra plausible si vous lisez tout ce qui peut être dit en sa faveur et si vous écartez tout ce qui peut être dit contre elle.
Ainsi il arrive que chacun a, dans une certaine mesure, sa propre sphère d’idées et sa méthode de pensées dans lesquelles il vit et sur lesquelles il diffère des autres, et à moins qu’il ne soit philosophe, il sera porté à considérer sa manière d’envisager les choses, ses propres principes, ses propres goûts, comme étant justes et droits, tandis qu’il sera disposé à mépriser les autres. On méprise les autres hommes et les autres modes d’opinion et d’action, simplement parce qu’on ne les comprend pas. On est fixé dans son propre centre ; on y rapporte toute chose, et on n’entre jamais, peut-être ne peut-on pas entrer, dans l’esprit d’étrangers ou dans un ordre d’idées avec lequel on n’est pas familier. C’est surtout ce qui arrive de pays à pays. L’Anglais pense que son bœuf et son pudding valent toutes les ressources de la cuisine française, et le Français a pensé, jusqu’à la paix, qu’il avait gagné la bataille de Trafalgar. Prenant les hommes tels qu’on les trouve communément, ils ne sont pas en état d’apprécier le cercle d’idées et l’atmosphère de pensées qui constituent la vie d’un autre, et cependant ils sont généralement prompts à le critiquer et à le condamner. Ils condamnent, non pas après avoir écouté ce qu’il a à dire pour sa défense ; mais simplement et précisément pour la raison opposée : parce qu’ils ne l’ont pas entendu.
Vous savez qu’une ressource favorite des écrivains de romans consiste à faire entrer dans leurs compositions des personnages de caractères très-différents dont chacun envisage à son point de vue une seule et même transaction, ou qui se dépeignent et se critiquent l’un l’autre. L’intérêt de ce tableau repose sur ce que chacun des personnages mis en scène vit dans son propre monde et ne peut entrer dans la sphère de ceux qu’il critique. Il en résulte que l’un dépeint cet autre à sa manière et nous présente une caricature au lieu d’un portrait, bien que ce ne soit pas son intention. Je me rappelle un passage de ce genre fort amusant d’un des romans de Walter Scott, parmi un grand nombre de ceux qu’on pourrait citer, et j’espère pouvoir le rappeler sans inconvenance, tant il va droit à mon but.
Il s’agit d’une très-jeune personne confiée pour quelque temps à un gentilhomme campagnard d’un âge mûr et à sa femme. D’une part, l’hôte est ce qu’il y a de plus positif et, de l’autre, sa jeune invitée est très-romantique. Le piquant du récit se trouve dans les jugements opposés que portent tour à tour l’hôte sur sa jeune invitée, et l’invitée sur son hôte. Le gentilhomme, pour qui se sont évanouies les ombres et les illusions de l’existence humaine, et qui estime les choses non sur leur apparence, mais à leur poids, écrivant au père de la jeune personne dans un style plein de bonté pour elle et empreint de quelque dédain jovial pour sa légèreté, lui dit « qu’elle a une tendance très-romantique » dans ses dispositions, et qu’elle est « un peu trop portée à l’admiration ; » « qu’elle a une imagination vive et gaie, des sentiments sensibles, prompts à exagérer le bien et le mal qu’ils trouvent dans la vie ; qu’elle « est généreuse, romantique, et qu’elle écrit six feuillets par semaine à une dame avec qui elle correspond. » Vous savez, dit-il, « combien je l’ai plaisantée sur sa douce mélancolie et sur ses promenades solitaires le matin à l’heure où personne n’est encore levé, ou le soir, au clair de lune, quand tout le monde devrait être couché ou assis à jouer aux cartes, ce qui est la même chose. » Il finit sa lettre en parlant avec quelque appréhension et une certaine répugnance d’un lieu d’amusement situé près de ses terres, qui est « le refuge des promeneurs de toutes sortes, poètes, auteurs, peintres, musiciens, qui viennent déraisonner, raconter, extravaguer sur notre pittoresque propriété, qui paie bien son tribut pour ses beautés, » ajoute-t-il, « si elles sont la cause qui réunit cet essaim de fats. »
D’autre part, la jeune personne écrivant à une compagne d’école de son âge, lui dit :
« Si l’Inde est la terre de la magie, c’est ici le pays du roman. Le paysage est tel que la nature le dessine dans ses plus sublimes caprices : ici tout le caractère sauvage de Salvador, et là les scènes brillantes de Claude. J’habite en ce moment chez un vieil ami de mon père. C’est un être différent, tout à fait différent de lui, et cependant il m’amuse et me supporte. Il est gras et d’une bonne nature, doué d’un sens droit et fin, et même de quelque esprit. Après avoir été beau, je suppose, dans sa jeunesse, il a encore quelque prétention à être beau garçon, en même temps qu’agriculteur enthousiaste. Je m’amuse à le faire grimper au sommet des éminences et descendre au pied des cascades, et, en retour, je suis obligée d’admirer ses navets, sa luzerne et son foin. Il pense, j’imagine, que je suis une miss simple et romantique. Aussi il plaisante, m’offre la main, boite (car la chère créature a aussi la goutte), et conte de vieilles histoires du grand monde qu’il a bien connu. Je prête l’oreille, je souris, je parais aussi charmée et aussi simple que je puis, et nous nous entendons très-bien. »
C’est là un exemple isolé de ce que nous rencontrons de tous côtés dans la vie. La jeunesse a sa manière de voir les choses, et la vieillesse a la sienne. L’homme haut placé et celui qui occupe une position inférieure, le commerçant et le fermier, chacun a sa manière de voir à laquelle il rapporte tout, et qui, après examen, se trouve n’être qu’une manière de voir et non une réalité, parce qu’il y a plusieurs autres manières de voir qui peuvent être tout aussi bonnes. Ce qui est vrai des individus est vrai des nations. Quelque plausible, quelque distincte, quelque complète que puisse être la manière nationale d’envisager tel ou tel sujet, il ne s’ensuit pas que ce ne soit pas une simple illusion, si elle n’a pas été contrôlée par d’autres manières d’envisager la même chose. On ne peut pas s’en rapporter à une conclusion qui n’a pas été mise à l’épreuve par un ennemi aussi bien que par un ami. Aucune tradition qui recule devant la critique et qui n’ose pas regarder un antagoniste en face n’a droit à notre confiance. Or, c’est là précisément le point faible du protestantisme dans ce pays. Il ne veut pas être questionné ; l’argument le blesse ; il se réfugie sous la protection de l’Etat; il redoute le soleil ; il interdit la rivalité. Comment pouvez-vous découvrir le faux, si ce n’est parla comparaison avec le vrai ? Vos fleurs artificielles ont le moelleux et le brillant de la nature jusqu’au moment où l’on apporte du jardin les fleurs fraîchement cueillies. Vous découvrez la pièce fausse en la faisant sonner avec la bonne. Il en est ainsi en religion. Le protestantisme n’est tout au plus qu’un bel ouvrage de cire ; il ne paraît pas mort parce qu’il n’est pas confronté avec cette Église qui respire et qui vit réellement. L’Église vivante est la pierre de touche et la réfutation de toutes les églises fausses. C’est pourquoi il faut se débarrasser d’elle à tous risques, la fouler aux pieds, la bâillonner, l’habiller comme un criminel, l’affamer, meurtrir ses traits, si vous voulez tenir votre idole debout sur le piédestal de son orgueil. Ne lui donnez beau jeu en aucune manière ; vous ne l’osez pas. L’éclat éblouissant de son regard, la sainteté que respire son extérieur, la mélodie de sa voix, la grâce de ses mouvements, tout cela serait trop pour vous. Noircissez-la, faites-en une Cendrillon dans les cendres ; n’entendez pas un seul mot de ce qu’elle dit. Ne la regardez pas ; mais dépeignez-la à votre guise ; conservez la vieille enseigne qui représente son image. Faites-en un lion grimpant, un griffon, un gypaete ou une salamandre. Elle sera rouge ou noire ; mais elle sera toujours absurde, toujours imbécile, toujours méchante, toujours tyrannique. Le lion ne traînera pas le lion, mais l’homme le traînera. L’Église sera toujours vaincue dans la guerre avec le protestantisme ; toujours jetée à bas de son cheval et désarmée, toujours en fuite, toujours abattue, toujours écrasée et broyée, toujours mourante, toujours morte, et le seul prodige, c’est qu’elle ait été tuée si souvent, que la vie lui ait été si souvent arrachée, que ses prêtres et ses docteurs soient si souvent terrassés, ses moines et ses religieuses si souvent dénoncés, que des sommes si considérables soient souscrites par les protestants, que l’on entretienne de si puissantes sociétés de propagande, que l’on écrive tant de millions de pamphlets (tracts), que tant de lois persécutrices soient votées par le parlement, afin toujours et une t’ois pour toutes, et pour la dernière fois, de l’annihiler une fois de plus et à tout jamais. Cependant, il en sera ainsi ; comme Anglais, il entre assurément dans notre politique reçue, dans notre manière traditionnelle d’envisager les choses, de peindre le pape et les papistes d’une certaine façon. Nous avons une école de peinture qui nous est propre. Chaque caractère, chaque personnage a son emblème particulier : la Justice a sa balance ; l’Espérance son ancre ; la Bretagne son trident. De même l’histoire a ses épithètes de convention : Richard Ier était surnommé Cœur de Lion ; Richard III était surnommé le Bossu ; Guillaume Ier était le Conquérant, et Guillaume III « le Pieux, le Glorieux et l’Immortel. » Ce sont là nos principes élémentaires : ils sont inaltérables, semblables aux piliers qui supportent le ciel ; touchez-les et vous ferez crouler notre firmament. La question n’est pas de savoir si ces principes sont vrais ou faux : ils sont ce qu’ils sont. Il en est ainsi de la manière dont nous envisageons le papisme. Le costume est fixé d’avance comme les perruques de nos juges ou la masse de nos maires.
Est-ce que des Anglais, nés libres, n’ont pas le droit de penser comme il leur plaît ? Nous réglons que le papisme est ce que nous le disons être, non d’après l’histoire, mais en vertu d’un vote du parlement ; non d’après ce que nous voyons et entendons ; mais en vertu de la volonté nationale. C’est la volonté de la législature, c’est la voix du peuple qui donne aux faits leur couleur, à la logique son cours, aux idées leur définition.
Maintenant, je le répète, afin d’éviter toute mésintelligence, je n’ai pas l’intention de prouver que l’Église catholique vient d’en haut (puisque, il va sans dire, que je ne serais pas devenu un de ses enfants, si je n’avais pas cru fermement qu’elle est l’œuvre directe du Tout-puissant) ; mais je viens seulement rechercher ici comment il se fait qu’elle est parmi nous l’objet de tant de mépris et de tant de haine. On la regarde comme trop absurde pour être étudiée, trop corrompue pour être défendue, trop dangereuse pour être traitée avec équité et bonne foi. Elle est victime d’un préjugé qui se perpétue et qui donne naissance à l’ignorance dont il se nourrit.
Je citerai deux ou trois exemples pour expliquer ma pensée. Il arrive de temps à autre qu’un protestant, quelquefois un Anglais, plus souvent un étranger, pense qu’il vaut la peine d’examiner lui-même le sujet, et son examen aboutit, non pas nécessairement à sa conversion (bien que cela arrive), mais au moins à avouer l’absurdité du cri poussé contre l’Église catholique, et à reconnaître la bonté ou l’excellence des faits et des doctrines qui servent de prétexte à ces clameurs. Ce que je me propose de faire est donc simplement de vous rappeler le sentiment populaire sur un ou deux points caractéristiques de l’histoire et de l’enseignement de l’Église, et ensuite de lui opposer le témoignage de protestants sincères qui les ont examinés. Ce ne sera pas une preuve que ces protestants ont raison et que le sentiment populaire est faux, quoiqu’il soit plus vraisemblable que la raison se trouve du côté de ceux qui ont étudié avec impartialité le sujet plutôt qu’avec ceux qui n’ont rien à dire à l’appui de leur croyance, si ce n’est qu’elle leur a toujours été enseignée. Mais du moins ce genre d’argument ne permettra plus de méconnaître que ceux qui ne savent pas que la question peut être envisagée de deux côtés (c’est-à-dire la masse de la nation anglaise), sont violents parce qu’ils sont ignorants, et que les catholiques sont traités avec mépris et injustice simplement parce que, bien qu’ils aient beaucoup à dire pour leur défense, on n’a jamais eu la patience de les écouter. Par exemple, la plupart des gens vont jusqu’à savoir que le christianisme était très-pur dans son commencement, très-corrompu dans le moyen-âge, et qu’il est très-pur maintenant en Angleterre, quoiqu’il soit encore corrompu partout ailleurs ; mais qu’au moyen-âge, une institution tyrannique appelée l’Église s’est levée et a absorbé le christianisme. Ces gens-là vont jusqu’à savoir que cette Église est encore vivante et n’a pas encore regorgé sa proie, excepté, comme je l’ai dit plus haut, dans notre propre pays, en cela plus favorisé que les autres ; mais, dans le moyen-âge, il n’y avait de christianisme nulle part ; tout était sombre et horrible, aussi mauvais que le paganisme ou même pire. Personne ne savait rien sur Dieu ; on ignorait s’il y avait un Dieu ou non. On ne savait rien sur le Christ ou son expiation, car on adorait à sa place la sainte Vierge, les saints, le pape et les images. De telle sorte que la religion, loin de faire du bien aux générations humaines qui vivaient dans ce triste temps, leur faisait infiniment plus de mal que de bien. Ainsi, nous lisons dans les homélies de l’Église d’Angleterre, que :
« le monde plongé, comme il l’était, dans l’abîme d’une coupable idolâtrie, a continué ainsi jusqu’à notre siècle (c’est-à-dire jusqu’à la réforme), durant plus de huit cents ans… De telle sorte que, laïques et clergé, personnes instruites et ignorantes, tous les âges, toutes les sectes, tous les rangs, hommes, femmes, enfants de toute la chrétienté (chose horrible et des plus effrayantes à penser), ont été à la fois plongés dans une idolâtrie abominable, et dans tous les autres vices les plus détestés de Dieu et les plus funestes à l’homme. »
Conformément à cette manière de voir, on identifie d’ordinaire cette période avec celle de l’apostasie prédite dans les livres saints. On représente le pape comme l’homme du péché et l’Église comme la mère des abominations mentionnées dans l’Apocalypse. C’est ainsi que l’évêque Newton dit :
« L’autorité de l’Église croissait dans la même proportion que diminuait la puissance de l’Empire (romain), à ses dépens et sur sa ruine, jusqu’à ce qu’enfin le pape s’éleva au-dessus de tout, et que l’homme méchant, ou l’homme sans lois, comme on peut l’appeler, se fut pleinement manifesté et révélé ; car l’on déclare et l’on répète que le pape n’est lié par aucune loi de Dieu ou des hommes. La puissance tyrannique, ainsi décrite par Daniel, par saint Paul, et ensuite par saint Jean, est généralement appelée Antéchrist par les anciens et les modernes. Ce nom est convenable et assez expressif, car il peut signifier à la fois l’ennemi du Christ et son vicaire ! L’esprit de l’Europe était prosterné aux pieds d’un prêtre, dit un écrivain dissident. Les cœurs les plus hardis tremblaient à son regard. Assis sur le trône du blasphème, il faisait entendre de gros mots contre le Très-Haut, et pensait changer les temps et les lois. Un grand nombre le haïssaient ; mais tous étaient dans la frayeur de sa puissance. Semblable à Simon le Magicien, il ensorcelait le peuple, semblable à Nabuchodonosor, il tuait qui il pouvait. »
Je ne veux pas vous donner la peine de prêter plus longtemps l’oreille à un pareil langage que vous trouvez dans un grand nombre d’écrits que vous pouvez acheter à la première librairie que vous trouverez en sortant. C’est de cette manière que l’homme décrit le lion. Entrez dans la première église ou chapelle protestante, au premier meeting sur votre chemin, et c’est le langage que vous entendrez de la chaire ou de la tribune. L’Église (qui pourrait en douter ?) est une sorcière qui enivre les nations avec du sang.
Tous les hommes cependant ne sont pas satisfaits d’apprendre par routine ce qu’ils doivent affirmer sur des matières si importantes, et de se nourrir toute leur vie des traditions de nourrice. Ainsi, par exemple, écoutez ce que l’éminent historien protestant, M. Guizot, qui a été premier ministre de France, dit en parlant de l’Église à cette période où nos écrivains populaires la représentent sous les couleurs les plus sombres et comme étant tout à fait corrompue. Vous observerez, parce que cela donne plus de force à ses remarques, qu’étant protestant, il ne croit pas que l’Église ait été réellement établie par Jésus-Christ lui-même, comme le croit un catholique, mais qu’elle a pris sa forme actuelle dans le moyen-âge, et il met en contraste, dans l’extrait que je vais citer, le christianisme pur des temps primitifs avec le christianisme plus récent, ainsi qu’il le pense, qui a pris une forme ecclésiastique.
« Si l’Église n’avait pas existé, dit-il, je ne sais ce qui serait arrivé à la chute de l’empire romain. Je me borne à des considérations purement humaines, je laisse de côté tout élément étranger à la conséquence naturelle de faits naturels, et je dis que si le christianisme avait seulement continué, tel qu’il avait été dans les siècles primitifs, c’est-à-dire à l’état de croyance, de sentiment, de conviction individuelle, il est probable qu’il serait tombé au milieu de la dissolution de l’Empire durant l’invasion des barbares… Je ne crois pas dire trop en affirmant qu’à la fin du quatrième siècle et au commencement du cinquième, l’Église chrétienne a été le salut du christianisme. »
De même le docteur Waddington, doyen protestant de Durham, fait, dans son Histoire ecclésiastique, une observation qui va au même but :
« Au moment de cette crise, c’est-à-dire quand l’empire d’Occident était renversé et occupé par des barbares sans croyance, ce n’est pas dire trop que d’avancer que l’Église a été l’instrument des deux pour la conservation de la religion. Le christianisme lui-même, à moins d’être miraculeusement soutenu, eût été balayé de la surface de l’Occident, s’il n’avait pas été sauvé par un corps d’ecclésiastiques, ou si ce corps avait eu moins de zèle ou moins d’influence. »
Cet auteur énumère ensuite six bienfaits spéciaux que l’Église du moyen-âge a conférés au monde.
Le premier, c’est d’avoir pourvu à l’exercice de la charité ; le second, d’avoir inculqué les devoirs moraux à l’aide de sa discipline pénitentiaire ; le troisième, d’avoir rempli d’une manière admirable l’office de la législation ; le quatrième, de s’être efforcée d’une manière incessante à corriger les vices du système social existant, luttant surtout contre l’abomination de l’esclavage ; le cinquième, d’avoir mis la plus grande anxiété à prévenir les crimes et les guerres, et enfin d’avoir conservé à ces siècles la littérature de l’ancien monde.
Maintenant, sans entrer dans la controverse touchant l’accusation d’idolâtrie, de sorcellerie, de blasphème, ce qui est matière d’opinion, est-ce que les témoignages protestants qui se rapportent à des matières de fait sont compatibles avec de telles imputations ? Est-ce que le blasphème et l’idolâtrie peuvent être le salut du christianisme ? Est-ce que la sorcellerie peut encourager la charité, la moralité, le progrès social ? Cependant, en dépit du fait de ces appréciations contradictoires, bien que nous ayons contre nous des récits de nourrice et des auteurs du dernier ordre, tandis que nous pouvons invoquer en notre faveur des penseurs originaux dont les noms font autorité, en dépit de ces appréciations contradictoires, dis-je, vous entendez communément parler comme d’une chose notoire que l’Église du moyen-âge a été une sorcière, une menteuse, une dissipée, une séductrice, un tyran altéré de sang, et nous, qui sommes ses enfants fidèles, on nous regarde comme étant superstitieux et serviles parce que nous nourrissons quelque amour et quelque révérence pour celle qui, d’après l’aveu de ses antagonistes, était alors, comme elle l’est aujourd’hui, la mère de la paix, de l’humanité et de l’ordre.
En voilà assez sur le moyen-âge ; je prendrai maintenant un exemple dans les temps modernes. S’il existe dans le monde une corporation qui soit représentée comme le modèle de tout ce qui est mal, c’est certainement celle des jésuites. Il est inutile de demander à leurs calomniateurs ce qu’ils savent d’eux : ont-ils jamais vu un jésuite ? Sauraient-ils dire s’ils sont en grand ou en petit nombre ? Que savent-ils de leur enseignement ?
« Oh ! répondent-ils, ce que nous disons est tout à fait notoire ; tant vaudrait-il nier le soleil dans les cieux ; il est notoire que les jésuites forment une corporation d’hommes rusés, intrigants, sans scrupules, violents, sanguinaires et excessivement capables. Ils forment une société secrète conspirant sans cesse contre la liberté, le gouvernement, le progrès, la pensée, la prospérité de l’Angleterre. De plus, c’est effrayant, ils se déguisent sous toutes les formes. Ils se font hommes du grand monde, fermiers, soldats, laboureurs, bouchers et colporteurs. Ils rôdent partout avec de beaux habits, des gilets de bon goût, des chaînes d’or, ou bien en vestes grossières, suivant les circonstances, et ils n’hésitent jamais devant l’effusion du sang de qui que ce soit, prince ou paysan, qui leur fait obstacle. »
Qui peut pénétrer l’inanité de pareilles assertions ? Et cependant elles sont avancées et par conséquent, je suppose, acceptées et crues non-seulement par les ignorants, mais par des hommes qui ont reçu de l’éducation, qui devraient en savoir davantage et qui auront à répondre pour leurs faux témoins. Mais on persiste dans toutes ces inculpations, et on affirme que les jésuites ont été jugés trop mauvais même pour les pays catholiques dont les gouvernements, ce semble, dans le cours du dernier siècle, ont obligé le pape à les dissoudre.
Je crois qu’un bon témoin, qu’une personne qui a les moyens de savoir comment les choses sont réellement, vaut bien un essaim de ces pamphlétaires, de ces journalistes, de ces romanciers, de ces prédicants et de ces orateurs. C’est pourquoi j’aurai recours à un témoin des plus impartiaux et des plus compétents ; car, né de parents catholiques, élevé comme catholique dans un pays catholique, ordonné prêtre catholique, il a ensuite abandonné sa religion, et, venu en Angleterre, il y a été l’ami et le protégé des prélats protestants les plus distingués de nos jours, en même temps que l’ennemi le plus amer de la foi qu’il avait jadis professée. Je veux parler de feu le Rév. Joseph Blanco White. Écoutez ce qu’il dit des jésuites en Espagne, son pays natal, au moment de leur suppression :
« Les jésuites jusqu’à l’abolition de l’ordre ont exercé une influence presque sans rivale sur les classes les plus élevées des Espagnols. Ils avaient à peu près monopolisé l’instruction de la jeunesse à laquelle ils travaillaient sans rémunération pécuniaire ; ils étaient également zélés à répandre les sentiments de dévotion parmi leurs élèves que parmi le peuple en général… Partout où la littérature était en haute estime, comme en France et en Italie, les jésuites n’épargnaient aucune peine pour former parmi eux des hommes éminents dans les lettres. En Espagne, leur principal objet était d’avoir dans leurs maisons des prédicateurs populaires, zélés, et des confesseurs prudents et de bon ton. Pascal et les jansénistes, dont il était l’organe, les ont accusés de relâchement dans leurs doctrines morales ; mais l’accusation, bien que plausible en théorie, était tout à fait sans fondement en pratique…. D’après tout ce que j’ai appris, l’influence des jésuites a été des plus favorables à la moralité du peuple espagnol. Leur bonté attirait la jeunesse des autres écoles à celles de leur Compagnie ; et… ils ont grandement contribué à la conservation de la vertu dans ce siècle licencieux, tant par les liens de l’affection que par le doux frein de l’exemple. Leurs églises étaient remplies chaque dimanche de fidèles qui les fréquentaient d’une manière régulière, qui venaient se confesser et recevoir la communion… Ils avaient une conduite régulière et des manières distinguées ; ils entretenaient des relations pleines de dignité avec les classes moyennes et les classes élevées et étaient toujours prêts à secourir et à instruire le pauvre sans descendre à son niveau… Quoi que l’on pense des fautes.publiques de leurs chefs, leurs pires ennemis ne se sont jamais aventurés à accuser l’ordre des jésuites d’irrégularités touchant la morale. »
Est-ce que cela répond à la notion populaire d’un jésuite ? Est-ce que Exeter-Hall serait satisfait d’un homme qui ne parle pas d’après les préjugés héréditaires, mais d’après une connaissance actuellement acquise ? Certainement non, et en conséquence l’habitué d’Exeter-Hall ignore tous les témoignages de ce genre, ou passe outre. On les produit ; mais ils doivent périr, et la calomnie reçue doit garder sa place, comme faisant partie d’un vieux fonds de commerce, et figurer au nombre des apanages du protestantisme, des décors de son théâtre, des portraits de famille de son vieux château, dans la grande controverse entre le lion de la tribu de Juda et les enfants des hommes. (Exeter-Hall est une des plus vastes salles de Londres, une sorte de théâtre où l’on donne des concerts spirituels et où les sectes dissidentes tiennent les réunions annuelles et solennelles de leurs sociétés de propagande. Exeler-Hall est le grand amphithéâtre du fanatisme protestant. On y hurle contre le pape et le papisme et l’on personnifie souvent sous son nom, comme le fait ici l’auteur, ceux qui s’y réunissent et qui représentent ce que le protestantisme offre de plus haineux, de plus fanatique et de plus ignare. [Note du trad.])
Je remonterai maintenant aux époques primitives qui me fourniront un troisième exemple du sujet que je traite. Les protestants regardent comme une chose admise que l’histoire des moines est chez nous un point faible ; que c’est une de nos difficultés ; qu’elle nous place de suite sur la défensive, et que c’est par conséquent une arme puissante et brillante dans la controverse. Ils s’imaginent, dès qu’on parle de moines, que les catholiques n’ont rien de mieux à faire que d’éluder, d’expliquer, d’excuser, de nier, d’insister sur la différence des temps et tout au plus de soutenir que les moines n’étaient pas si mauvais qu’on se plaît à les représenter. Ils pensent que les moines sont les types et les emblèmes de la paresse, de l’inutilité, de l’ignorance, de la stupidité, du fanatisme et des mauvaises mœurs. Ils voient un paradoxe dans toute parole dite en leur faveur, et ils ont fait de leur nom un terme de reproche. De même que dans leur esprit un jésuite signifie un drôle, ainsi un moine signifie un bigot. Ici encore, les choses apparaîtraient sous un jour bien différent si les catholiques étaient chargés du soin de faire le portrait ; mais je me contenterai d’un artiste protestant, le savant, le penseur, le célèbre historien allemand, le docteur Néander, que la mort a récemment enlevé. Personne ne peut l’accuser de tendance vers le catholicisme, et son but n’est pas de composer un panégyrique. C’est un profond érudit, un homme de faits, tel qu’un Allemand doit être ; or voici, en narrateur de faits, comment il s’exprime dans sa Vie de saint Chrysostome :
« Il n’entrait nullement dans la pensée de ses fondateurs que les moines menassent une vie d’insensible contemplation ; tout au contraire, le travail manuel leur a été commandé par leurs adhérents les plus distingués, par Chrysostome aussi bien que par Augustin, bien que quelques mystiques fanatiques et partisans d’une vie inactive » (qui, soit dit en passant, n’étaient pas catholiques mais hérétiques) « aient rejeté, sous prétexte de sainteté, tout rapport entre la vie laborieuse et la vie contemplative. Cassien raconte que non-seulement les monastères de l’Égypte et ceux des districts de Libye, mais encore les malheureux qui languissaient dans les prisons des villes étaient, dans les temps de famine, soutenus par le travail des moines. Augustin raconte que les moines de Syrie et d’Égypte étaient à même, par leur travail et leurs économies, d’envoyer des navires chargés de provisions aux districts qui étaient dans la détresse. Les moines de l’Orient étaient renommés pour leur hospitalité, bien que leurs cellules et leurs cloîtres fussent plus pauvres que ceux des frères qu’ils ont eus plus tard en Occident. Les moines les plus rigides, qui ne vivaient que de pain et de sel, servaient à leurs hôtes une autre nourriture, et souvent afin de les décider à accepter ce qu’ils leur offraient, ils faisaient trêve à leur sévérité habituelle et se rafraîchissaient avec eux. Un moine qui habitait l’Euphrate, réunit plusieurs mendiants aveugles et leur apprit à chanter avec lui des hymnes chrétiens. Il fit contribuer à leur entretien une multitude de personnes de toutes les classes qui recherchaient sa compagnie.
Outre la propagation de l’amour et de la charité, une autre considération détermina les législateurs des ordres monastiques à enjoindre le travail comme devoir spécial. Ils désiraient par là comprimer les passions et maintenir une juste balance entre les facultés physiques et spirituelles de la nature humaine, parce que la puissance physique, quand elle est inactive et sans contrôle, exerce aisément une influence destructive sur la puissance spirituelle.
Parmi les règles de Basile, nous trouvons la décision suivante touchant les métiers qui faisaient l’occupation des moines. On doit préférer ceux, qui ne sont pas incompatibles avec une vie paisible et tranquille, qui nécessitent moins de peine soit pour se procurer les matières premières devant servir à l’ouvrage, soit pour vendre les produits quand ils sont achevés. On doit préférer les métiers qui entraînent le moins de rapports inutiles et dangereux avec les hommes et qui n’ont pas pour but de satisfaire des désirs peu raisonnables et les goûts du luxe. Il était recommandé à ceux qui s’adonnaient aux métiers de tisserand et de cordonnier de pousser leur industrie aussi loin que la nécessité l’exigeait, mais de ne pas se prêter aux vanités de la vie. L’agriculture, l’art de bâtir, les métiers de charpentier et de forgeron étaient regardés comme bons en eux-mêmes et comme ne devant pas être repoussés ; mais il était à craindre qu’ils n’entraînassent la perte de repos et n’exposassent les moines à être trop séparés les uns des autres. L’agriculture devait être particulièrement recommandée, et c’est par l’agriculture que les moines, à une époque postérieure, ont si puissamment contribué à la civilisation des grossières nations de l’Occident.
Les moines les plus vénérés recevaient la visite des hommes, de toutes les conditions. Un mot grave, un sentiment énergique exprimé par quelque moine célèbre, et dont un si grand nombre sont arrivés jusqu’à nous, par cela seul qu’il sortait de la bouche d’un homme universellement respecté et fort de l’impression répandue par sa vie sainte et sa physionomie vénérable, produisait souvent, quand il était dit à propos, beaucoup plus d’effet que les harangues longues et répétées des autres hommes. Du sein des villes, on envoyait les enfants aux moines pour recevoir leur bénédiction, et les moines profitaient de ces circonstances pour jeter dans leur esprit le germe des vérités chrétiennes qui prenaient plus tard racine. Théodoret nous dit, en parlant de Pierre le moine : Il me plaçait souvent sur ses genoux et me donnait du pain et des raisins. Ma mère qui avait l’expérience de sa grâce spirituelle, m’envoyait à lui une fois par semaine pour recevoir sa bénédiction.
Basile recommandait particulièrement aux moines les devoirs de l’éducation. Il leur était enjoint de se charger volontairement de l’éducation des orphelins, ainsi que de l’éducation des jeunes gens qui leur étaient confiés par leurs parents. Il n’était nullement nécessaire que ces enfants devinssent moines. S’ils étaient propres à cette vie, on les instruisait de bonne heure dans un art ou dans un métier, et ils étaient ensuite libres de faire choix de leur vocation. On donnait le plus grand soin à leur éducation religieuse et morale. Ils étaient élevés dans des maisons particulières, sous la direction d’un des moines les plus âgés et les plus expérimentés, connu pour sa patience et sa douceur, afin que leurs fautes pussent être corrigées avec une tendresse paternelle et une sagesse pleine de circonspection. Au lieu des fables de la mythologie, pour les instruire d’une manière utile et attrayante, on leur faisait apprendre par cœur des passages des Écritures saintes, l’histoire des miracles divins et des maximes tirées des proverbes de Salomon.
Les moines de l’Orient ont grandement contribué à la conversion des païens, tant par leurs discours simples et sincères que par la vénération que leur vie inspirait autour d’eux. Leur genre de vie si simple leur permettait de s’établir facilement en quelque lieu que ce fût. »
Maintenant, que les ennemis des moines voient dans cette citation un exposé fait dans un esprit de parti, s’ils le veulent, quoique, en tant que venant d’un protestant, on ne comprend pas que l’on puisse dire avec justice qu’il mérite ce reproche.
Mais là n’est pas le point à établir : je ne prétends imposer à personne cette manière de juger l’institution monastique. Que l’on voie, si l’on veut, un exposé de parti dans le tableau de Néander ; que l’on doute de son exactitude ; quant à moi, je me borne à dire que la question se présente évidemment à nous sous deux côtés, et par conséquent que le public protestant, qui n’en connaît qu’un et qui s’imagine qu’un drôle et un sot peuvent seuls douter des traditions protestantes reçues au sujet des moines, sont, par la raison même de leur ignorance, d’abord extrêmement positifs qu’ils ont raison et ensuite singulièrement exposés à avoir tort.
Audi altérant parlera : entendre les deux côtés est une maxime généralement admise des Anglais ; mais il est un sujet sur lequel ils ont des préjugés intraitables et ils repoussent toute manière de voir, si ce n’est celle qui leur est familière depuis leur enfance. Rome est leur Nazareth, et ils croient avoir résolu la question en demandant : « Est-ce qu’aucun bien peut venir de Nazareth ? » Trop heureux s’ils pouvaient être amenés à imiter celui qui, voulant connaître l’Évangile, se rendait néanmoins, après avoir fait cette objection, à l’invitation qu’il avait reçue en réponse : « Venez et voyez ! ».
Je pourrais clore ici ces observations qui n’avaient d’autre but que de suggérer à ceux à qui je m’adresse qu’ils doivent avoir plus de raison d’être confiants dans leur manière d’envisager la religion catholique, s’ils ont jamais été frappés par la pensée qu’elle manquait de quelque preuve ; s’ils ont jamais douté de la possibilité de dénaturer la vérité ; s’ils se sont jamais demandé s’il était possible que Jésus-Christ fût appelé Belzébuth. Avant de conclure, je suis cependant tenté d’essayer s’il serait possible de dresser quelque acte d’accusation monstre aussi effrayant et aussi fantastique que celui que l’on dresse contre le catholicisme. Je choisirai une institution qui, dans ses proportions et à sa place, soit d’une grandeur et d’une excellence qui puissent être mises en parallèle avec la communion romaine. Je choisirai, dans ce but, la constitution britannique, qui est d’une manière si spéciale la propriété et si justement la gloire de notre peuple. En faisant ce choix, je n’ai pas besoin de dire que je la choisis par la raison qu’elle est si dignement l’objet de notre admiration et de notre vénération. J’en serais pour ma peine si je cherchais à prouver qu’elle est autrement. La constitution britannique est une des grandes œuvres humaines ; elle est aussi admirable dans son genre, pour prendre les productions du génie dans des ordres différents, que les pyramides d’Égypte, le mur de la Chine, les peintures de Raphaël, l’Apollon du Belvedère, les pièces de Shakespeare, la théorie de Newton et les exploits de Napoléon. Elle s’élève dans sa majesté bien au-dessus des opinions des hommes, et sera une merveille et presque un prodige jusqu’à la fin des temps ; mais c’est pour cette raison même qu’elle répond davantage au but que je me propose ; car je vous montrerai quelle figure ferait la constitution britannique elle-même en la soumettant à l’intelligence d’Exter-Hall et en la traitant par les instruments de ceux dont la dissection la plus habile consiste à déchirer et à mutiler.
Je suppose donc un orateur et un auditoire qui n’ont jamais vu l’Angleterre, ni un membre du parlement, ni un agent de police, ni une reine, ni une foule de Londres. L’orateur n’a jamais lu l’histoire d’Angleterre ni étudié aucun de nos philosophes, de nos juristes, de nos moralistes et de nos poètes, mais il a jeté les yeux dans Blackstone et quelques histoires anglaises, il a recueilli des faits de troisième et quatrième main, et il a réuni un grossier mélange d’idées, de mots, d’exemples, d’un peu de vérité, de beaucoup de mensonges, de faussetés, de non-sens et d’inventions. Il arrive très-heureusement pour mon dessein un compte-rendu, transmis par le correspondant spécial d’un journal du matin, d’une grande réunion tenue il y a une quinzaine de jours à Moscou, avec la sanction du Czar, à l’occasion d’une tentative faite par un ou deux nobles russes de propager les idées anglaises dans sa capitale. Il semble que l’empereur ait pensé, dans l’état actuel des esprits, qu’il valait mieux, quand les sociétés secrètes sont si répandues, comprimer le mouvement par l’argumentation plutôt que par la force des armes, et il a donné en conséquence au gouverneur de Moscou des instructions pour qu’il prêtât son concours au projet d’un grand meeting qui serait ouvert à la petite faction des Anglo maniacs ou johnbullistes, comme on les appelle vulgairement, aussi bien qu’à la masse de la population. Dix mille hommes, autant qu’il a été permis de les compter, étaient réunis sur une des plus vastes places de cette ville. On prononça des discours pleins de verve qui tous rappelaient la fable du Lion et de l’homme. L’homme était le Russe et le lion notre vieil ami le Breton. Le discours qui obtint le plus do succès fut le dernier, prononcé par un membre d’une branche cadette de la famille Potemkin, aide de camp de l’empereur, qui a passé les trente dernières années à faire la guerre du Caucase. Ce vétéran distingué qui, par sa bravoure extraordinaire dans les combats contre les tribus du Caucase, a mérité le titre de Suceur de sang, a parlé très-longuement. Le compte-rendu nous donne une partie de ce discours incendiaire, et il paraît que le ministre anglais a demandé au cabinet de Saint-Pétersbourg des explications à ce sujet, ainsi que sur les incidents qui en ont été la suite. Je transcris ce discours tel qu’on peut supposer le trouver dans le journal.
Le comte a commencé par observer qu’il devient chaque jour plus urgent pour ses concitoyens de prendre leur parti et de résister avec fermeté à une puissance perfide qui proclame avec arrogance qu’il n’y a rien dans le monde de semblable à la constitution britannique et qu’aucun pays ne saurait prospérer sans elle. Cette puissance s’agrandit chaque année en Orient, en Occident, dans le Midi ; elle travaille à une vaste conspiration contre tous les États et cherche même à modifier les vieilles institutions du nord de l’Europe et à habiller l’armée, la marine, la législature, le pouvoir exécutif de notre pays avec la livrée de la reine Victoria.
« Placé dans sa position insulaire, s’écrie-t-il, et à la porte de derrière du monde, qu’a donc à faire John Bull (l’Anglais) avec les affaires continentales ou les traditions politiques de notre sainte Russie ? »
Et cependant il s’est trouvé dans cette ville des hommes dupes de propagandistes insidieux et traîtres à leur empereur, au point de soutenir que l’Angleterre a été plus longtemps que la Russie un pays civilisé. L’orateur maintient précisément le contraire, et, en ce qui touche à la constitution si vantée de l’Angleterre, il est prêt à verser jusqu’à la dernière goutte de son sang pour prouver que ce n’est qu’un vieux meuble vermoulu, quelque chose qui fait mal à voir au dix-neuvième siècle et qui ne durera pas douze ans. L’orateur déclare ne parler ainsi que sur les meilleures informations. Il comprend que les Anglais, qui n’ont jamais quitté leur île, prêtent l’oreille aux chants de Raie Britannia, de Rosbif, de Poor Jack, de Old English Gentleman ; il le comprend et il les prend en pitié ; mais que les Russes, les vainqueurs de Napoléon, les héritiers d’un gouvernement paternel, fléchissent le genou, fassent le baise-main, marchent à reculons et se livrent à d’autres bouffonneries devant un monarque limité dans son île, c’est là une aberration inconcevable que certains Russes ont cependant vue avec tant de tendresse. L’orateur répète qu’il y a dans cette ville des hommes bien élevés qui ont professé ouvertement leur vénération pour les doctrines athées et les maximes diaboliques du johnbullisme.
L’orateur fut ici interrompu par un ou deux murmures de dissentiment, et l’on remarqua un étranger, que l’on suppose être l’associé d’une maison de commerce d’Écosse, qui fit de vives tentatives pour obtenir la permission de parler. On est parvenu à lui imposer silence au milieu d’applaudissements enthousiastes, et le comte a continué son discours avec une chaleur de sentiment qui a accru l’effet de la terrible invective qui suit. Il dit qu’il s’est servi des mots athées et diaboliques avec intention, et qu’il est prêt à donner les raisons qui l’y ont déterminé. Comment parler d’une puissance politique qui s’arroge l’attribut de la Divinité ? Pourrait-on trouver une expression assez forte pour flétrir une pareille usurpation ? Personne n’oserait nier que cette puissance ne soit l’Antéchrist. La venue de l’Antéchrist a été prédite dans les saintes Écritures ; il doit venir à la fin des temps, grandir tranquillement, se manifester avec circonspection et artifice, et ensuite il doit faire entendre de grandes choses contre la Divinité et ses attributs. Cette prophétie se trouve littéralement et exactement remplie dans la constitution britannique. L’Antéchrist doit non-seulement usurper les armes du ciel, mais professer son usurpation et s’arroger ses titres. Telle est la principale marque de la bête, et où la trouve-t-on accomplie, si ce n’est dans le johnbullisme ?
« J’ai entre les mains, continue l’orateur, un livre que j’ai obtenu dans des circonstances très-remarquables ; il est inconnu du peuple anglais et ne circule que parmi les hommes de loi, les négociants et l’aristocratie. Les serments les plus solennels, les peines les plus terribles, la vigilance la plus active de la police, garantissent qu’on ne le répandra pas au-delà de ces limites restreintes. J’ai pu me le procurer après plusieurs années, à la suite des recherches laborieuses d’un agent qui était secondé par un libraire anglais, et j’ai dépensé une somme énorme pour en devenir propriétaire. On l’appelle : Commentaires de Blackstone sur les lois de l’Angleterre, et je suis heureux de pouvoir faire connaître à l’univers ses mystères odieux et révoltants, connus de quelques Anglais, et certainement ignorés des personnes égarées dont les divagations ont été l’occasion de ce meeting. Je suis bien convaincu que lorsqu’elles connaîtront les vraies doctrines de John Bull, elles renieront ces doctrines avec horreur et rompront toute relation avec ses adhérents.
Je dois ajouter, Messieurs, que si ce livre n’est lu que dans certaines classes, il est néanmoins le guide et je pourrais dire l’évangile des juges, des hommes de loi, des conseillers privés, des juges de paix, des magistrats, du clergé et de la bourgeoisie. J’ouvre ce livre, et quels sont les premiers mots que j’y trouve ? Le roi ne peut pas mal faire (The king can do no wrong). Je vous prie, Messieurs, de faire attention à cette assertion des plus significatives. On était habitué à penser qu’aucun enfant des hommes n’avait le don d’impeccabilité ; on s’était imaginé que l’impeccabilité était un attribut divin ; mais cette bible anglaise, comme on peut l’appeler, reconnaît distinctement au roi de la Grande-Bretagne et de l’Irlande le don de ne jamais pécher. Observez que les expressions que j’emploie ne m’appartiennent pas, car je me borne à citer ce que mes yeux voient dans ce document remarquable. Voici ces propres expressions : C’est un axiome de notre droit que le roi lui-même ne peut pas mal faire. Avais-je tort en parlant des maximes athées du johnbullisme ? Mais c’est bien loin d’être tout : l’écrivain continue et attribue au souverain (je tremble en prononçant ces mots) la perfection absolue ; car il s’exprime ainsi : « La loi attribue au roi, dans sa capacité politique, Une Perfection Absolue : le roi ne peut pas mal faire ! » (Murmures). On avait pensé jusqu’à ce jour qu’aucune puissance humaine ne pouvait être dépeinte de cette manière ; mais la législature, la magistrature et la jurisprudence anglaises ont eu l’effronterie d’attribuer à l’idole couronnée qui tient le sceptre de la Grande-Bretagne, à la poupée (le cri de honte! honte ! est poussé par l’individu qui s’était fait remarquer au commencement du discours), à la poupée, dis-je, qu’ils ont entourée d’un lion et d’une licorne, l’attribut de la PERFECTION ABSOLUE ! »
À ces mots, l’étranger qui, plusieurs fois, avait cherché à interrompre l’orateur, se lève, en dépit des efforts des personnes qui l’entourent, et se met à crier, autant qu’il était permis de distinguer ses paroles : « Vous êtes un lâche menteur ! notre chère petite reine !… » L’assemblée répondit par les cris : A la porte ! et l’interrupteur dut sortir du meeting.
L’ordre une fois rétabli, le comte continua ainsi :
« Messieurs, j’aurais bien désiré que vous eussiez permis à cet émissaire d’un potentat étranger (immenses applaudissements) qui travaille astucieusement à former parmi nous un parti politique, d’entendre jusqu’à la fin le noir catalogue d’accusations contre son souverain ; car j’ai à peine commencé. Je disais, Messieurs, que la reine d’Angleterre s’arroge l’attribut divin de la Perfection Absolue ! mais, comme si ce n’était pas assez, cet écrivain continue : « En outre, le roi est non-seulement incapable de mal faire, mais encore de mal penser ! II ne peut jamais rien faire d’impropre ; il n’y a en lui ni Défaut ni Faiblesse !!! »
(Le tumulte qui éclate dure quelques minutes). On aperçoit un monsieur vêtu d’une manière respectable, au bas de la tribune, qui demande à voir le livre, qu’on lui fait passer immédiatement. Après en avoir regardé les pages, il examine avec soin le titre et la couverture ; il le rend sans dire mot.
La suite de la conférence se trouve ici (impossible de la publier en entier à cause de sa longueur) : https://saintmichelarchange.wordpress.com/2016/06/05/le-catholicisme-caricature-par-ses-ennemis/#more-2503
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