La fondatrice d’EWTN s’est éteinte
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La fondatrice d’EWTN s’est éteinte
article famille chrétienne
Mother Angelica est morte le 27 mars, jour de Pâques, en Alabama (États-Unis), à l’âge de 92 ans. La religieuse américaine est devenue célèbre après avoir fondé et dirigé pendant vingt ans, la chaîne de télévision EWTN (Eternal World Television Network), avec le soutien du courant conservateur de l’Église américaine. En 2016, EWTN transmet 24 heures sur 24 dans une trentaine de pays et rejoint 264 millions de foyers. La chaîne, qui dispose de son propre satellite, s’est également dotée d’une radio, d’un site Web, d’une maison d’édition, qui publie notamment l’organe d’information National Catholic Register (NCR).
La future religieuse naît dans une famille de migrants italiens en 1923 à Canton (Ohio), où elle traverse une enfance des plus éprouvées entre un père au chômage et une mère dépressive qui divorcera de son mari en mentionnant « la cruauté extrême » de ce dernier.
À vingt ans, Rita Antoinette souffre de douleurs abdominales qu’elle confie dans la prière à sainte Thérèse de Lisieux. Elle en obtient une guérison miraculeuse et entre dans la vie religieuse un an plus tard. À trente ans, sa hiérarchie l’envoie fonder le monastère Notre-Dame des Anges à Irondale, en Alabama. Elle y développe un charisme d’oratrice sur lequel elle s’appuiera pour lancer EWTN, en 1981.
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La religieuse rejoint Adoremus, une association de fidèles qui milite en faveur du respect de la liturgie, dans la ligne de la Constitution sur la sainte liturgie de Paul VI (1963). Mother Angelica décide elle-même de l’« orthodoxie » des prêtres et évêques invités sur ses plateaux, tandis que ses programmes mettent l’accent sur les célébrations et prières en direct, conférences, talk-show, catéchèses. Le succès de la chaîne est tel qu’il fait échouer un projet du même ordre porté par les évêques à la fin des années 1990.
Après un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2001, mère Angelica se retire d’EWTN. Benoît XVI lui remet en 2009 la médaille « Pro Ecclesia et Pontifice », la Croix d’honneur qui récompense des clercs et des laïcs pour la fécondité de leur apostolat.
Réagissant à la disparition de la religieuse, l’archevêque de Louisville et président de la conférence épiscopale américaine, Mgr Joseph Kurtz, a salué « une femme extraordinaire, une croyante dévouée et une pionnière des médias [qui était] un signe convainquant du fait que même les débuts les plus humbles peuvent porter des fruits abondants. » « Elle a réussi des choses que la plupart des gens croyaient impossible », retient pour sa part l’archevêque de Philadelphie, Mgr Charles Chaput, membre du conseil d’administration d’EWTN. Enfin, Mgr Robet Barron, évêque auxiliaire à Los Angeles, a rendu hommage à « l’évangélisatrice catholique la plus efficace et la plus en vue des cinquante dernières années », louant sa « foi en la providence divine, son sens aigüe de la dimension surnaturelle de la religion et sa conviction que la souffrance a une vertu salvifique. »
Extrait d’un entretien avec Mother Angelica, recueilli en 1992, qui n’a pas vieilli d’un poil.
Les écrans envahissent les foyers, même les plus chrétiens. Que doivent faire les catholiques ?
Envahir les écrans ! Il y a dans la TV un contact personnel avec les gens, qui peut être utilisé pour le meilleur ou pour le pire. Elle vient prendre la personne au cœur de son foyer, dans son intimité, les yeux dans les yeux. Nous avons reçu récemment cette lettre : « J’avais réservé une chambre d’hôtel pour me suicider. Le locataire précédent avait oublié d’éteindre le poste. J’ai regardé : c’était votre chaine. Une émission sur l’espérance. Vous m’avez sauvé la vie. Merci. » La télévision est un média : elle peut détruire comme elle peut sauver.
Vous êtes un peu « révolutionnaire » dans l’Eglise ?
Je vous cite ce que nous a déclaré le cardinal Odi après avoir visité nos studios : « Les gens sont plus vite convaincus par ce qu’ils voient et entendent par la télé que par les paroles du prêtre derrière son pupitre. La télévision accède plus facilement à l’esprit humain. Non seulement elle permet de toucher un grand nombre de gens et de s’introduire dans des familles qui n’auraient pas directement accès à la doctrine de l’Eglise, mais elle bénéficie en plus d’une certaine crédibilité intérieure qui peut parfois rendre l’Evangile plus désirable à ceux qui ne pensaient pas comme elle. »
La médiatisation n’oblige-t-elle pas à faire certaines simplifications, des concessions sur le Message ?
Nous n’avons jamais fait de concession sur la doctrine de l’Eglise, et nous n’en ferons jamais. Les premiers à le reprocher seraient les protestants qui travaillent avec nous ! Nous ne peignons pas la vie en rose et l’Eglise en bleu. Nous disons aux gens qu’ils sont sur la mauvaise voie, et ils aiment ça. Nous nous sommes éloignés de la discipline, de la maitrise de soi, de Dieu… Plus nous servons aux gens de la bouillie, plus nous essayons d’enrober la vérité de sucre pour ne pas les blesser, plus nous commettons une grande injustice. « Je veux être une épine dans votre flanc, dis-je à certaines personnes. Je veux, lorsque vous êtes sur le point de commettre une faute, que vous vous souveniez de ce que vous avez entendu à EWTN. » Aujourd’hui plus personne n’appelle un chat un chat ; or c’est ce dont les gens ont besoin. Un jour un homme m’a appelé pour me dire qu’il me trouvait odieuse. Je lui ai répondu que tout le monde me disait ça et qu’il n’était pas obligé d’écouter. « Vous m’irritez ! » ajoute-t-il. Je réponds : « Changez de chaine ! » – « Je ne peux pas ! » – « Pourquoi ? » – « Vous me fascinez ! »
Quelle vous semble être, aujourd’hui, la priorité dans l’évangélisation ?
L’annonce toute simple. Pas la haute théologie, juste les bases de la Foi. Nos frères ne connaissent pas Dieu. Invitons-les : « Jésus est dans l’Eucharistie, venez-voir, venez-voir Jésus ; écoutez sa voix dans la profondeur de votre cœur, touchez sa main ». Où sont notre foi et notre amour pour l’Eucharistie ? Quand avons-nous dit pour la dernière fois à quelqu’un en détresse, ou qui avait des problèmes : « Venez, nous allons en parler à Jésus ? »
Et puis ne plus avoir peur. C’est maintenant l’heure d’être courageux et de prendre des risques pour le Christ. Ca ne nous dérange pas d’être chrétien, mais nous ne voulons pas être fous pour Jésus parce que nous avons perdus l’audace des martyrs. Alors, d’autre le font… La tradition dénombre sept dons de l’Esprit Saint, moi j’en ajoute un huitième : l’audace ! C’est le courage de prendre des risques quand tout le monde pense que vous avez perdu la tête !
Florence Brière-Loth et Luc Adrian
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