La divine miséricorde nous transforme
Page 1 sur 1
La divine miséricorde nous transforme
EXCLUSIF MAG - FAMILLE CHRÉTIENNE
Ce dimanche 3 avril, le pape célébrera à Rome la messe de la Divine Miséricorde. À l’école des saints et des mystiques, le Père Joël Guibert nous fait entrer dans le cœur de ce mystère. Déboulonnant au passage quelques idées reçues.
Miséricorde ou justice, faut-il choisir ?
En une formule concise, saint Augustin marie très bien ce que nous opposons trop souvent à propos de Dieu, à savoir sa justice et sa miséricorde. Il dit : « Dieu hait le péché [sa justice], mais il aime tendrement le pécheur [sa miséricorde]. »
Mais attention, la justice de Dieu n’est pas sa vengeance, dont il faudrait se méfier. Non, c’est sa sainteté d’amour qui ne peut accepter en Lui-même, et dans les créatures qu’Il aime, le moindre péché. Car ce péché diminue leur bonheur. Or, Dieu veut le bonheur de l’homme, sa justice va donc tout faire pour « ajuster » la créature pécheresse à la sainteté divine.
Concevoir la miséricorde sans appel à la conversion et au changement de vie est un détournement de sens.
S’il n’y avait pas de justice en Dieu, Il ne nous aimerait pas, puisqu’Il nous laisserait avec indifférence dans la fange de nos errements. Allez donc demander à des parents s’ils ne souffrent pas de voir leur enfant se droguer ? Lorsqu’ils disent non à la drogue, ils manifestent clairement qu’ils aiment leur enfant et ne se résignent pas à le voir s’autodétruire.
C’est notre liberté qui est en jeu ?
Je remarque que beaucoup désirent vraiment faire l’expérience de la miséricorde. Mais beaucoup ne font que flirter avec elle. Il n’y a pas de mariage. Je m’explique : pour faire l’expérience de la miséricorde, beaucoup pensent que cela va se faire en dehors de leur péché, ou malgré lui. Or, pour expérimenter la miséricorde, il faut la rejoindre dans les bas-fonds de notre misère. Autrement dit, la découverte de la miséricorde est dans un premier temps extrêmement crucifiante, car elle ne peut pas faire fi de l’expérience de notre misère crasse, de la noirceur ! Alors dans mon beau miroir éclate tout idéal du moi. Et selon le Curé d’Ars, si Jésus nous donnait en vérité à voir notre misère, on en mourrait de désespoir.
Comment faire cette découverte de la miséricorde ?
Il faut avoir l’humilité de se laisser aimer, et sauver, par un autre. Sainte Faustine dit : « Je vois d’un œil ma misère et de l’autre ta miséricorde ! » Cela explique que les saints ne tombent jamais dans le désespoir. En ce sens, leur péché devient leur allié.
Nous sommes tellement dans une mentalité techniciste, de self-made-man, qu’il est tentant pour les chrétiens de tomber dans le piège de vouloir faire leur salut eux-mêmes. Ce qui blesse le plus le cœur de Dieu, à entendre tous les saints – Thérèse de Lisieux, Marguerite-Marie, Faustine –, c’est le manque de confiance.
Quand je tombe, que j’ai eu un mot plus haut que l’autre avec mon épouse, avec mes enfants, etc., le péché m’humilie. Est-ce que je ressasse ? Est-ce que je cultive la tristesse sur mon péché ou est-ce que je tombe encore plus bas que mon péché, dans les bras de la miséricorde ? À ce moment-là, il y a une grâce extraordinaire qui se produit, très douce, une sorte de renaissance, qui est joie et douleur en même temps.
C’est là que s’atteste un vrai discours sur la miséricorde. Quand il n’y a pas les mots « croix », « souffrance » mêlés, paradoxalement, à une immense joie – celle de se savoir aimé –, c’est une fausse conception de la miséricorde.
C’est-à-dire ?
Je ne vous cache pas que je suis un peu inquiet par l’utilisation frelatée qui est parfois faite de la divine miséricorde. Un exemple très simple et assez fréquent dans l’Église, c’est l’utilisation réductrice des paroles du Christ à la femme adultère. On nous dit : « La miséricorde n’a pas de limites, pourquoi l’Église en mettrait-elle ? Jésus n’a-t-Il pas dit à la femme adultère : “Personne ne te condamne, moi non plus” ? » Le Christ a bien dit cela, mais on omet – volontairement ou non – d’ajouter la finale : « Va et ne pèche plus » (cf. Jn 8, 3-11)… C’est-à-dire : « Change de vie, pour que ma miséricorde puisse te transformer. » Une conception de la miséricorde qui tait la vérité sur le péché, une miséricorde qui tait l’appel à la conversion et au changement de vie, est non seulement une réduction de la divine miséricorde, mais un total détournement de sens.
L’authentique miséricorde ne peut jamais être déconnectée de la loi morale ?
Non. Elle ne peut jamais décider qu’un moindre mal devienne un bien, qu’une situation de péché soit considérée comme un état de grâce. Saint Jean-Paul II dans son exhortation apostolique sur le mariage et la famille (Familiaris consortio n° 34) a dénoncé ce mensonge : les couples « ne peuvent toutefois considérer la loi comme un simple idéal à atteindre dans le futur, mais ils doivent la regarder comme un commandement du Christ Seigneur leur enjoignant de surmonter sérieusement les obstacles ».
Lorsqu’on affirme que Dieu, dans son infinie miséricorde, nous aime tels que nous sommes, avec toutes nos misères, c’est tout à fait vrai… mais son amour ne pourra jamais béatifier notre péché.
La miséricorde implique donc nécessairement la croix ?
Ce qui a bouleversé le plus les mystiques et les saints, qui sont des vrais théologiens à travers l’Histoire, c’est cette parole de l’Écriture : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, Il les aima jusqu’au bout. » Il y a deux manières de l’interpréter : jusqu’au bout de sa vie temporelle, et jusqu’au bout de l’amour. Sur la croix, Jésus le dit d’ailleurs à sainte Faustine : « C’est le plus grand moment de ma miséricorde, à trois heures ! »
En fait, il nous faut absolument revoir nos catégories quand nous nous considérons l’échec de l’œuvre d’amour de Dieu. Car c’est à la croix qu’éclate le plus son amour. Il faut l’Esprit Saint pour comprendre ces choses ! Même le grand saint Thomas d’Aquin dit que c’est incompréhensible à la raison. Ce n’est pas que nous manquions de diplômes de théologie, c’est qu’il faut entrer dans l’amour.
Le moment le plus fou pour connaître le cœur du Père blessé par le péché des hommes est donc sur la croix. « La lance au bras du soldat Longin est allée bien plus loin que le cœur du Christ. Elle a percé le cœur de la Trinité », affirme Claudel.
[...]
sga- MEDIATEUR
- Messages : 1336
Inscription : 13/06/2014
Sujets similaires
» Comme nous nous approchons du Dimanche de la Divine Miséricorde...
» Méditation : le Christ nous montre la Miséricorde divine
» Fabienne Guerero, Directrice Internationale Divine Misericorde, la Voix de Dieu, MDM Faux Prophète
» Benoît XVI nous rappelle que la prière transforme nos vies
» divine miséricorde
» Méditation : le Christ nous montre la Miséricorde divine
» Fabienne Guerero, Directrice Internationale Divine Misericorde, la Voix de Dieu, MDM Faux Prophète
» Benoît XVI nous rappelle que la prière transforme nos vies
» divine miséricorde
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum