• 40 jours pour accueillir la miséricorde • Retraite dans la ville
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Le thème de notre Carême
" C'est la miséricorde que je veux ! "
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 12, verset 7
Nous avons tous soif de miséricorde, de paroles, de gestes, de regards, de signes, de sacrements, de mains qui s'ouvrent, d'épaules qui soutiennent, de bras tendus. Nous avons besoin de miséricorde pour nous réveiller, nous relever, nous ressusciter. Dans le dynamisme de l'année jubilaire de la Miséricorde, à l'initiative du pape François, entrons dans le mystère : Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père.
La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre.
La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie.
La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché.
(bulle d'indiction du Jubilé)
Les prédicateurs
"Ils" viennent de Poitiers, de Strasbourg, de Lille, de Besançon, de Liège et de la Martinique... "Ils" ou "elles" sont dominicains, entourés d'amis du Bienheureux Père Lataste. "Ils" ou "elles" sont parents d'un enfant extra-ordinaire, marqué par un handicap, venu bouleversé, retourné leur entourage. "Ils" ou "elles" sont les membres de l'équipe de Carême dans la Ville !
Frère Jean-Luc-Marie Fœrster est dominicain depuis 1987.
Bibliste, il est actuellement prieur du couvent de Poitiers et attend la rentrée scolaire 2016 pour reprendre son travail d'enseignant au collège.
Frère Sarmad Najeeb est irakien. Devenu dominicain en 2004
Il étudie à Lille et à Strasbourg avant de partir en Irak. En 2015, il revient à Lille où il est investi auprès des scouts, des étudiants du foyer Saint-Dominique et de la communauté irakienne.
Frère Lionel Gentric est dominicain depuis 2002
Après avoir été directeur du pèlerinage du Rosaire au couvent de Lille, il rejoint Strasbourg en 2014 où il devient directeur national de l'Hospitalité du Pèlerinage du Rosaire.
Fraternité du Bx Jean-Joseph Lataste
Les fraternités regroupent toutes les personnes s'inspirant de la spiritualité du bienheureux père Lataste, fondateur des sœurs Dominicaines de Béthanie. Proches du milieu carcéral et des exclus, elles sont des lieux de miséricorde.
Frère Patrick Lens est professeur en théologie et prédicateur de retraite.
Il suit en 2006-2009 un cours en psychothérapie. À Bruxelles, il est père-maître des novices pour la Province de Belgique.
Frère David Macaire, Enfant de la Martinique, entre chez les Dominicains en 1994.
Après avoir été prieur et recteur du sanctuaire de la Sainte-Baume, il est nommé archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France par le pape François le 7 mars 2015.
Frère Jean-Luc Marie, tu nous parles dans tes méditations de se retirer dans le secret. Comment fais-tu dans ta vie de dominicain pour le vivre concrètement ?
Frère Sarmad, quelle est ta plus belle expérience de pardon ?
C’est celle que je vis en ce moment avec ceux qui persécutent mon peuple en Irak. Je ne suis même pas sûr de la pratiquer vraiment. J’aimerais l’atteindre. Je suis en marche vers elle.
Je ne peux pas dire qu’elle est belle. Ni belle, ni moche. Elle est nécessaire. Nécessaire parce que Jésus me le demande. Nécessaire aussi parce que j’aime l’humanité.
Être à la fois frère dominicain, irakien et vivre en France, est ce facile tous les jours ?
Oui c’est facile. Mais il y a 10 ans, la réponse aurait été différente. Ma première année en France, j’ai pleuré. À cause de la difficulté de la langue, de la différence de culture. Aujourd’hui, je suis bilingue de culture et de langue. La vie en France est devenue facile, plus facile qu’en Irak.
C’est à la fois une richesse et une tristesse d’être ici. Une richesse parce que j’apprends beaucoup ‒ la langue française, la prédication sur internet avec l’équipe de Retraite dans la Ville ‒, parce que je crée des liens d’amitié et parce que ma présence est utile à la communauté irakienne de Lille. Une tristesse parce que j’aurais aimé rester en Irak pour soutenir ceux qui sont le plus en détresse.
Comment feras-tu pour vivre concrètement la miséricorde pendant ce carême 2016 ?
Le fait de prêcher pendant cette retraite de carême ne me prépare pas pour autant au carême. Pour vivre la miséricorde pendant notre marche vers Pâques, j’ai deux objectifs: avancer sur le chemin du pardon (cf. première question) et accorder plus de temps à la prière. Prier pour que les persécuteurs découvrent l’amour de Dieu, la paix de Dieu. Prier pour que les chrétiens et les non chrétiens persécutés d’Irak et de la Syrie puissent trouver la paix et retourner dans leur maison.
Invité- Invité
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Commence par t'asseoir
" Qui de vous, s’il veut bâtir une tour,
ne commence par s’asseoir ? […]
Quel est le roi qui, partant en guerre,
ne commencera par s’asseoir ? "
Évangile selon saint Luc,
chapitre 14, versets 28 et 31
Avant de partir à la guerre ou de construire une tour, dit Jésus, dans deux petites paraboles, commence par t’asseoir. Pour mieux peser la décision à prendre.
Peut-être est-ce ce qu’il nous faut faire, là, aujourd’hui, en ce début de carême. Pourquoi se lancer dans une démarche de retraite ? Jésus nous invite dans l’évangile de ce mercredi des Cendres à vivre ce temps sous le signe du partage, de la prière et du jeûne. C’est concret. Pourquoi y aurait-il besoin de faire plus ?
Pourquoi prendre un temps quotidien de retour sur soi en suivant cette retraite ?
Eh bien, d’abord parce que ce retour sur soi est avant tout un retour vers ce Dieu que Jésus nous invite à découvrir comme son Père et notre Père. Notre retraite n’est donc pas une invitation à se recueillir, mais à accueillir. Quel sens cela aurait-il de faire l’aumône si je n’accueille d’abord celui ou celle qui me tend la main ?
De prier si je n’accueille pas le Dieu qui vient faire sa demeure en moi ? Et de jeûner si je ne m’accueille pas moi-même, dans une démarche de réconciliation souvent nécessaire et même urgente, avec ce que je suis.
On mène souvent une vie de fou. Entrer dans une démarche de retraite, c’est prendre le temps de se poser, de faire silence, de se mettre à l’écoute de sa parole. Une parole pour me découvrir ou me redécouvrir. Non seulement homme ou femme à la dignité unique et incomparable, non seulement croyant en Dieu. Mais redécouvrir que je suis aimé de Dieu. Avec tout ce que je suis, avec tout ce que je fais ou ne fais pas, je suis aimé. Comme ça. Gratuitement. Inconditionnellement. Aimé. Bien aimé.
Quels que soient les déserts de ta vie, c’est maintenant le temps ; « Entre et ferme la porte derrière toi !* » Assieds-toi et entends la voix du Seigneur te murmurer : « C’est la miséricorde que je veux ** ». Ta retraite a commencé. Bonne route.
* Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 6.
** Livre d’Osée, chapitre 6, verset 6.
Invité- Invité
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Ferme la porte derrière toi !
" Recherchons donc ce qui contribue à la paix, et ce qui nous
associe les uns aux autres en vue de la même construction. "
Lettre de saint Paul aux Romains,
chapitre 14, verset 19
On n’entre pas en retraite comme on se lancerait dans la construction d’une tour. C’est sûr, on sait en faire, de ces grandioses constructions qui en jettent plein les yeux. N’allons pas croire qu’il s’agisse de constructions de brique ou de pierre. Non, mais je sais bien comme j’aime construire mon image aux yeux des autres à coup de générosité bien visible. Que j’aime façonner mon être, attentif au moindre détail, pour épater les autres ! Combien je suis doué pour me sculpter un visage confit dans la piété ou buriné par l’ascèse du jeûne et des efforts. Oui, j’en sais tous les calculs et tous les ressorts. Pas de calcul, dit le Seigneur : que ta main droite ignore ce que donne ta main gauche.
Pas de masque qui t’empêche d’être vrai, dit le Seigneur.
En fait, il s’agit bien de construction tout au long de cette retraite de carême. Oui, il s’agit effectivement de construire, de construire une demeure dont le Seigneur nous évoque d’ailleurs la porte. C’est la porte de ma chambre intérieure, le lieu de ma prière, de mes pensées, de mon cœur qui respecte et aime le prochain. « Ferme-la derrière toi, cette porte ! »* Ferme-la à l’égoïsme, au paraître, à l’orgueil. Et ouvre-la à celui qui t’invite à marcher humblement avec lui, à pratiquer la justice et la miséricorde**. Il est le meilleur guide qui soit, lui qui s’est fait serviteur pour t’ouvrir le chemin.
* Évangile de Matthieu, chapitre 6, verset 6.
** Livre de Michée, chapitre 6, verset 8.
Dernière édition par Lumen le Lun 15 Fév 2016 - 0:42, édité 2 fois (Raison : Rpt de l'image et réduction)
Invité- Invité
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Tu ouvres devant moi un passage
"Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. "
Évangile selon saint Luc,
chapitre 9, verset 23
On n’entre pas en retraite de carême comme on part à la guerre. Peut-être serais-tu prêt à foncer tête baissée dans un grand combat contre le mal. Pire : dans un grand combat contre toi-même. Est-ce là la croix qu’il te faudrait porter ? Et s’il te fallait au contraire commencer par entrer dans l’état d’esprit de celui ou de celle qui renonce justement à partir au combat ? Car il lui semble que la croix sera trop lourde à porter, que les sacrifices sont trop coûteux, que les résolutions s’envoleront vite.
En fait, il est bien question de combat en ce temps de carême. Mais ce n’est pas le nôtre, c’est celui du Christ. Un combat qu’il a mené par amour pour nous tout au long de sa vie, à travers les gestes qu’il a posés, pour relever, guérir, pardonner, à travers les paroles qu’il a dites, de paix, de joie, de miséricorde.
C’est parce que le Christ a gagné ce combat contre tout ce qui est mortifère dans mon existence que, humblement, avec lui et par lui, je peux poser un pied après l’autre, pas plus, pas plus vite, sur le chemin de la vie. Ce qu’il attend de moi ? Que je mette ma main dans sa main, lui qui est allé jusqu’au bout du chemin. Jusqu’à la croix. Il l’a portée pour toutes les fois où je n’ai plus la force de porter la mienne. Jusque là-haut, au sommet du Golgotha. Là où il brise à jamais les portes de la mort qui nous retient dans ses liens, toutes ces portes qui m’enferment sur moi et mes certitudes et mes rigidités.
Au matin de Pâques, il me fait danser de joie et ouvre devant moi un passage*.
* Psaume 30, verset 9.
Invité- Invité
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Retire-toi dans le secret !
" Jésus sortit et vit un publicain du nom de Lévi,
assis au bureau des impôts. Il lui dit : “Suis-moi !”
Quittant tout, l’homme se leva et il le suivait. "
Évangile selon saint Luc,
chapitre 5, versets 27 et 28
On ne va pas rester assis à réfléchir 107 ans : ce carême, je le fais ou non ? Lévi était assis, lui aussi, quand le Seigneur l’a pris. Je ne sais s’il a eu le temps de décider quoi que ce soit, Lévi, trop occupé par ses affaires. Tout a été très vite. Deux regards qui se croisent. Une parole : « Suis-moi ! » Et Lévi se lève et le suit. C’est sûr qu’ils se sont aussi souri l’un à l’autre, car pour partir comme cela, comme sur un coup de tête, il faut s’être reconnus. On pourrait même dire qu’il faut tomber amoureux, sur un coup de cœur ou un coup de foudre. Être soulevé dans le même élan d’amour répandu par l’Esprit.
Il faut donc se lever et s’avancer sur ce chemin de carême, chacun comme il peut. D’ailleurs, c’est entre le Seigneur et toi.
Personne n’a droit de regard sur tes efforts, ton rythme de marche ou sur ta négligence à faire le moindre effort. Surtout, ne te juge pas toi-même le premier. Sois confiant, la miséricorde se moque du jugement*. Suis-le seulement !
Le suivre, c’est se retirer dans le secret. Retire-toi dans le secret… C’est le lieu de Dieu. C’est le secret de la nuit de Noël comme celui de la nuit de Pâques. Personne pour assister au surgissement de la vie. Toi aussi, retire-toi dans le secret** ; c’est là que Dieu t’attend.
Par où faut-il passer pour le suivre ? Jésus nous dit qu’il est la porte. Il t’invite à entrer. Fais comme tu peux, mais, crois-le au plus profond de ton cœur, pour toi, elle est toujours ouverte !
*Lettre selon saint Jacques, chapitre 2, verset 13.
**Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 6.
Invité- Invité
Re: • 40 jours pour accueillir la miséricorde • Retraite dans la ville
Face à la tentation !
" Jésus rempli de Saint-Esprit fut conduit par l'Esprit dans le désert,
où il fut tenté par le diable pendant quarante jours."
Évangile selon saint Luc,
chapitre 4, verset 1
C’était à Mossoul, la ville d’Irak où je suis né.
« Convertissez-vous, on vous laissera libres et vous serez des nôtres. Si vous refusez, vous devrez payer la rançon ou bien nous allons vous tuer. » Voilà ce que les islamistes de Daech nous ont dit. Mais restait une dernière possibilité : la fuite.
C’était il y a déjà un an et demi. Depuis, beaucoup sont réfugiés et dispersés aux quatre coins du monde. Mais la plupart vivent encore aujourd’hui comme réfugiés au nord du pays. Ils sont privés de tout. Presque tous souhaitent partir, pour assurer leur avenir.
Notre peuple, au désert, fait face aux tentations. Le diable nous pousse à demander à Dieu de changer la pierre en pain, de nous donner le pouvoir d’écraser l’ennemi, de faire des miracles pour assurer la victoire. Certains, tentés par la violence, se dressent contre la communauté et les hommes d’Église.
D’autres se révoltent contre Dieu ou même commencent à ne plus croire en lui. Heureusement, la grâce du Seigneur est là. Dans ce désert, la fidélité à l’Évangile est notre boussole. Nous prions. Nous célébrons l’eucharistie. Nous fêtons Noël et Pâques.
Mais Jésus nous demande encore plus. À nous, persécutés, dépossédés de tous nos biens, en exil, il nous pose la question du pardon : sera-t-il possible, un jour, de parvenir à une véritable réconciliation avec nos persécuteurs ? Moi, je crois que c’est possible. Tous, nous sommes les fils de Dieu, appelés à faire la paix et à résister aux tentations du diable. Comme lui, Jésus, au désert.
Et nous, chrétiens d’Irak, serions-nous les seuls à être confrontés à la tentation et à la question du pardon ? Non Vous, toi, et moi, nous sommes tous concernés. Que le Seigneur ouvre devant nous le chemin de la paix et du pardon.
*Lettre selon saint Jacques, chapitre 2, verset 13.
**Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 6.
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Frère Sarmad Najeeb
Couvent de Lille
Désarme-nous !
" Si nous disons que nous sommes sans péché,
nous nous abusons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous. ."
Première lettre de saint Jean,
chapitre 1, verset 8
Il est très facile de voir le péché chez les autres, les terroristes en premier. Mais moi, suis-je sans péché ? Désarme-les, désarme-nous, priait le frère Christian de Chergé à Tibhirine, en Algérie. Se reconnaître pécheur, c’est accepter de se laisser désarmer. Saint Jean n'agit pas autrement. Tout en étant disciple du Christ, prédicateur de la Bonne Nouvelle, il prend soin de préciser qu’il est lui-même pécheur.
Désarme-moi, Seigneur, de toutes ces pensées qui me font croire que je suis toujours juste, toujours mieux que l’autre. Moi qui suis croyant et peut-être baptisé, est-ce parce que je prie que je suis bon ? Est-ce que je me trouve parfait parce que je suis pratiquant et que je vais à l'Église ?
En fait, c’est l’inverse : la Sainte Église rassemble en elle les croyants, les pratiquants qui sont tous d’abord des pécheurs, du pape au simple fidèle. Car nul n’est bon sinon Dieu seul.
Sommes-nous capables, en ces premiers jours de carême, de reconnaître nos péchés contre nos proches, contre ceux à qui nous avons fait du mal en actes ou en paroles ?
Mais, pour suivre Jésus, il y a mieux encore : ses vrais fidèles sont ceux qui, en même temps, reconnaissent et leurs péchés et la miséricorde de Dieu. Nous confessons que ses bras nous sont ouverts quand nous retournons à lui. Sa miséricorde nous éloigne des chemins du péché et nous fait cheminer vers la sainteté. Revenons : Il nous attend.
Invité- Invité
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Frère Sarmad Najeeb
Couvent de Lille
• Sous le regard de Jésus •
" Pierre se souvint de la parole du Seigneur :
« Avant que le coq chante aujourd'hui, tu me renieras trois fois. »
Et étant sorti, il pleura amèrement."
Évangile selon saint Luc,
chapitre 22, versets 61 et 62
Hier, dans la méditation, je me suis reconnu pécheur et me suis converti à la miséricorde de Dieu. Aujourd’hui, je n’arrive pas à comprendre : pourquoi dois-je regretter le mal que j’ai fait à mon frère ? C’est lui qui a commencé ! N’a-t-il pas mérité ce que je lui ai fait ? Depuis les cours de récréation en passant par les familles, les communautés, jusqu'aux guerres et aux actes terroristes, c'est toujours la même logique. Quand il s’agit de me défendre, j’essaie toujours de me justifier.
Parfois, devant les autres et parfois simplement au plus profond de moi, je me donne des raisons ou des prétextes pour ignorer mon frère, ma sœur, mon prochain : Je ne veux plus le voir ! Il ne mérite pas ma miséricorde.
Sans peut-être m’en rendre compte, je laisse alors le mal prendre de la place en moi. Je deviens un peu plus son prisonnier, son esclave.
Que mon frère ait tort ou pas, je suis censé être miséricordieux, car le Christ m’a donné en premier sa miséricorde. Ce geste d’amour reçu gratuitement me pousse à le partager. « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement*. » C’est la miséricorde qui me conduit à regretter mes fautes, à m’éloigner du mal.
Demandons à Dieu de nous aider à nous repentir. Peut-être, allons-nous pleurer comme Pierre. Mais, sous le regard de Jésus, ces larmes nous rendront plus forts. Nettoyons notre cœur en regrettant le mal fait à nos proches. Croyez-moi, cela libère et rend heureux !
* Évangile selon saint Matthieu, chapitre 10, verset 8.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Nord de France.
Invité- Invité
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Frère Sarmad Najeeb
Couvent de Lille
Oser la vérité
" Va d'abord te réconcilier avec ton frère ;
puis, viens présenter ton offrande."
Évangile selon saint Matthieu,
chapitre 5, verset 24
Lundi, je me suis converti à la miséricorde de Dieu. Hier, j’ai regretté intérieurement le mal que j’ai fait à mon frère. Aujourd’hui, le Seigneur me demande encore plus : me réconcilier avec celui que j’ai blessé.
Mais c’est tellement dur d’aller vers mon frère et de lui dire je regrette ce que j’ai fait. Je peux même ne pas avoir envie d’aller le retrouver. Même si intérieurement je regrette vraiment. J'ai peur de perdre la face, je ne veux pas m'incliner devant lui. Seule m’importe mon apparence. Et s'il cherchait à ne pas me recevoir, à m’humilier, ou pire, à se venger ? À vouloir bien faire, je risque d’accumuler les problèmes. Je pense à moi pour me protéger.
Voilà ce que j'ai à l’esprit dès que je décide d’aller vers mon frère, de dire que j’ai tort et que je suis vraiment désolé. Il me faut à chaque fois du courage et du temps.
Pourtant, à l’ouverture de la messe, c’est ce que nous prononçons publiquement : « Je confesse à Dieu tout puissant… » Serait-il plus facile de confesser à Dieu j’ai péché contre toi que de le dire à mon frère ? Ne suis-je pas incité à me réconcilier avec lui ?
La difficulté demeure quand il s’agit de parler en vérité devant celui que j’ai blessé, face à face. Mon orgueil est un barrage. Il m'arrête alors même que j'ai conscience d'être appelé à lui demander pardon. Mais Dieu est plus grand que mon orgueil. Il m’envoie dans le monde pour reconstruire la paix. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu*. » Il me demande tout simplement de réparer mes relations à la suite de son Fils. Et par mon aveu, je donne à mon frère la possibilité d’aller, lui aussi, jusqu’au bout du pardon.
* Évangile selon saint Matthieu, chapitre 5, verset 9.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Nord de France.
Invité- Invité
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Frère Sarmad Najeeb
Couvent de Lille
• Pardonner… jusqu’où ? •
« Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi
nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »
Évangile selon saint Matthieu,
chapitre 6, verset 12
Dans la prière du Notre Père, la seule demande où nous sommes directement impliqués est celle du pardon. Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Comme si, pour Jésus, il n’y avait pas de royaume sans pardon. Comme si, pour Jésus, il n’y avait pas de royaume sans que j’y participe. Concrètement.
Pour que cette prière ne devienne pas lettre morte, à chacun de nous de faire le premier pas vers son frère, son conjoint, son collègue de travail. Et si nous l’avons déjà fait, le refaire et le refaire encore.
Mais pourquoi c’est toujours moi qui pardonne ? Ce n’est pas juste ! Ce n’est pas juste selon la justice humaine. Mais cela est tout à fait cohérent avec la logique de Dieu qui est d’abord miséricordieux. Et si je veux vivre le royaume de Dieu, à moi de choisir la logique de la miséricorde. D'accord, peut-être, pour les pardons quotidiens. Mais pouvons-nous pardonner l'impardonnable ? Puis-je aujourd’hui pardonner aux terroristes, aux assassins en Irak, en Syrie, à Paris et ailleurs ?
Quand je prie chaque jour le Notre Père, je me demande vraiment si j’arrive à pardonner aux hommes qui nous ont chassés de Mossoul, en Irak, prenant nos biens, nous envoyant sur les routes. La demande de Jésus est dure. Comment puis-je pardonner ? Il me faut du courage et du temps.
Commencer à prier pour ceux qui m'ont offensé peut être un premier pas vers le pardon. Prier pour que le Seigneur ouvre leur cœur, leur intelligence pour les ramener vers leur humanité. Et nous ? Sommes-nous sûrs d'être fidèles à l’enseignement du Christ ? Une seule assurance : le Seigneur, lui, reste fidèle à sa parole.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Nord de France.
Invité- Invité
Re: • 40 jours pour accueillir la miséricorde • Retraite dans la ville
Que sont les œuvres de miséricorde ?
Œuvres de miséricorde corporelle
« J’ai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Évangile ». Retraite dans la Ville a fait sien le désir du Pape François. Arrêtons-nous aujourd’hui sur les œuvres corporelles.
(Polyptyque des Sept Œuvres de miséricorde du Maître d’Alkmaar pour la Grande église Saint-Laurent de Alkmaar)
Déjà, la tradition juive insiste sur l’importance des pauvres aux yeux de Dieu, Lui qui se nomme Père des orphelins, défenseur des veuves, qui aime l’immigré, lui donne nourriture et vêtement, qui commande Aimez donc l’immigré, car au pays d’Égypte vous étiez des immigrés.
Mais Jésus va plus loin. À la fin du chapitre 25 de l’Évangile selon saint Matthieu, Jésus décrit son retour glorieux à la fin des temps. Il y détaille six actes d’amour envers les plus démunis et déclare : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Mystérieuse institution du pauvre comme présence de Dieu tout proche de nous.
Ces 6 actes de charité, auxquels la tradition chrétienne a ajouté un 7ème – le respect des morts – sont devenus les 7 œuvres corporelles de miséricorde. Nous vous proposons au cours du carême de les redécouvrir à travers 7 reportages vidéos.
Et vous quels sont vos œuvres de miséricorde ?
Frère Benoît Ente, op
Invité- Invité
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« J’étais nu et tu m’as habillé. » (Mt 25, 36)
Œuvres de miséricorde corporelle
Dans le livre de la Genèse, Dieu le premier donne une tunique de peau à Adam et Ève alors qu’ils étaient vêtus de feuilles de figuier. Il les revêt d’une dignité propre à toute personne humaine. Jésus veut cette dignité pour chacun et c’est pourquoi il nous invite à partager nos vêtements. Découvrez dans cette vidéo comment Évelyne, avec Le vestiaire répond à cet appel dans le quartier de Wazemmes à Lille.
Œuvres de miséricorde corporelle
Dans le livre de la Genèse, Dieu le premier donne une tunique de peau à Adam et Ève alors qu’ils étaient vêtus de feuilles de figuier. Il les revêt d’une dignité propre à toute personne humaine. Jésus veut cette dignité pour chacun et c’est pourquoi il nous invite à partager nos vêtements. Découvrez dans cette vidéo comment Évelyne, avec Le vestiaire répond à cet appel dans le quartier de Wazemmes à Lille.
Invité- Invité
Re: • 40 jours pour accueillir la miséricorde • Retraite dans la ville
DOUBLON
Dernière édition par Lumen le Jeu 18 Fév 2016 - 22:53, édité 1 fois
Invité- Invité
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Exhorter les pécheurs
Œuvres de miséricorde spirituelle
Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul (Matthieu 18,15).
J’aimerais pouvoir aider l’autre à sortir de son malheur et de son péché et le remettre dans le droit chemin. Certains me qualifieraient de redresseur de torts et ils me répondraient : Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil (Luc 6, 41)
Bien sûr la miséricorde me fait souhaiter que l’autre retrouve le bonheur d’un cœur pacifié.
Mais est-ce moi qui suis miséricordieux ou le Christ ?
La pauvreté de l’autre me fait découvrir ma propre misère, la faute de l’autre me fait prendre conscience de mon propre péché. Quand je souhaite pour mon frère la miséricorde de Dieu, je commence à découvrir que moi aussi j’ai besoin de cette miséricorde.
Ensemble, lui qui ne le sait peut-être pas, et moi qui voit son malheur,
ensemble nous pouvons nous tourner vers la Miséricorde du Christ
Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. (Matthieu 5, 41)
Quand j’aide mon frère à retrouver le chemin, il m’aide à ne pas me perdre.
Qu’il est nécessaire d’être consolé par l’attention des autres.
Qu’il est doux de participer au rétablissement de l’autre,
Qu’il est bon de guérir en même temps que l’autre,
Jésus offre à tous sa miséricorde
fr. Emmanuel Dollé, op.
Invité- Invité
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Frère Sarmad Najeeb
Couvent de Lille
• Nouvelle création •
« Laissez-vous réconcilier avec Dieu. »
* Évangile selon saint Matthieu,
chapitre 25, verset 45.
Il y a quelque chose en nous qui nous pousse toujours à vouloir posséder et exercer le pouvoir. Avoir de l'ambition n'est pas mauvais en soi, mais on peut vite dépasser la limite. On se croit tout-puissant jusqu'à prendre la place de Dieu et agir comme s'il n'était pas là. C'est ainsi que dans la Bible, Pharaon réduit les Hébreux en esclavage.
Le péché contre Dieu n’est donc pas forcement adressé à lui directement, mais plutôt à ma sœur et à mon frère. Chaque fois que je fais du mal à l’autre. Chaque fois que je rends l’insulte par une insulte – œil pour œil, dent pour dent. Chaque fois que je maudis l’autre au lieu de prier pour lui. Chaque fois que je profite de mon pouvoir pour démolir celui qui me gêne. Voilà le péché qui m'éloigne de Dieu et qui m'isole. « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »*
Alors, il est bon de me convertir, de regretter mes fautes, il est bon d’avoir le courage de les avouer et de partager le pardon avec mes frères. Il est bon de revenir à Dieu pour lui demander, à lui aussi, pardon et le laisser reprendre sa place – la première – dans notre vie. Ainsi, il restaurera en nous son image, celle dans laquelle nous sommes créés.
Et Dieu vit que cela était très bon.
En ce temps de carême, et si notre sourire retrouvé révélait notre réconciliation et montrait déjà au monde le vrai visage de Dieu ?
* Évangile selon saint Matthieu, chapitre 25, verset 45.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Nord de France.
Invité- Invité
Re: • 40 jours pour accueillir la miséricorde • Retraite dans la ville
Frère Sarmad Najeeb
Couvent de Lille
• La résurrection de l’amour •
« Si nous sommes morts avec le Christ,
nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. »
Lettre de saint Paul aux Romains,
chapitre 6, verset 8
Pourquoi le désespoir nous entraîne-t-il vers la violence et la haine du prochain ? Nous connaissons tous des ruptures, avec un membre de la famille qui me rejette, un conjoint qui m’abandonne, un supérieur colérique et autoritaire. Chaque fois, mon cœur est blessé.
Or, il arrive qu’à cause de cela, je renonce à la fraternité, je n’accorde plus ma confiance à cet homme ou à cette femme, je ne m’applique plus au travail. Par cette décision, je ferme la porte de mon cœur et mon chemin devient une marche à l’ombre de la mort.
Que faire pour retrouver goût à la vie ?
Ce dont j’ai parlé cette semaine ouvre, peut-être, la porte de l’espérance que nous avions fermée. L’Église, s’inspirant de l’Évangile, nous propose de revivre chacune des étapes parcourues dans un sacrement connu sous plusieurs noms : sacrement de conversion, de pénitence, de confession, de pardon et de réconciliation.
Le Christ est venu dans notre monde pour donner sens à notre vie. Il a souffert pour partager notre souffrance. Il est mort pour nous rejoindre dans notre mort. Il est ressuscité pour nous ressusciter avec lui, non seulement au dernier jour, mais aussi tous les jours de notre existence sur cette terre.
Même si mon cœur est mort, il peut ressusciter chaque fois que je suis les pas du Christ sur le chemin du pardon. Que ce carême soit, pour toi, pour moi, pour nous, le lieu de la résurrection de notre amour.
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Catherine
• Une Terre sainte se creusa en moi •
« Jésus gravit la montagne pour prier. »
Évangile selon saint Luc chapitre 9 verset 28
Un garçon nous est né, nous le regardons grandir plein de promesses. Vers ses 3 ans, l’horizon s’obscurcit. Une maladie génétique va le priver de ses pas, de ses mots, de sa vie. Je reçois cette nouvelle avec mes entrailles, une déchirure totale. À l’époque, Dieu n’était pas un soutien. J’avais perdu la foi le jour de ma première communion. On m’avait dit que recevoir Jésus était une explosion d’amour… et rien !
Ainsi, ne comptant que sur moi-même, je me confectionne un beau blindage : enfouir mes larmes, cacher ma tristesse, m’interdire d’exprimer ma douleur. J’avais l’impression d’être un roc. Il faut à tout prix rendre la vie joyeuse autour de lui. Il ne me reste plus qu’à l’aimer. Je couvre donc de caresses les cris de mon fils qui souffre. Et peu à peu, un humus se dépose au fond de moi.
Peu avant ses 17 ans, il nous quitta. Quelques jours après, entraînée par mon mari, je partais en Israël. Pas pour prier, mais pour y faire les souks ! C’était sans compter une parole qui résonna en moi : Dieu ne se capte pas par l’intelligence mais par le cœur. Je lâchai prise. Les larmes commencèrent à couler. Mon blindage se fissura, la terre sainte se creusa en moi, le cœur sortit de sa gangue. S’alluma un désir de Dieu, la recherche d’un signe de sa présence.
À Jérusalem, lors du chemin de croix, j’étais Marie, qui ressentait au cœur de ses entrailles chacun des coups reçus par son fils. Jésus portait-il là les souffrances du monde, celles de mon enfant ? Retour difficile, je n’arrivais plus à endiguer mes larmes, cette envie de Dieu me vrillait le ventre et je n’avais pour arme que le Notre Père et cette supplique Dieu, fais-moi un signe.
Un soir, me tournant vers Dieu, le suppliant de se présenter à moi, une boule de feu s’est mise à tourner, à chauffer en moi et à m’irradier d’un amour total. Un courant d’air du paradis ! J’étais transfigurée. C’était une évidence : Dieu existe, il est amour. J’étais le réceptacle de cet amour. Dieu était là, miséricordieux. Il s’était engouffré dans toutes mes failles et avait fait son lit de cet humus déposé par mon fils.
Je viens d’apprendre qu’en hébreu, entrailles et miséricorde, c’est le même mot.
Merci mon Arthur !
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Gilles
• Présence transfigurante •
« Et il advint, comme il priait, que l’aspect de son visage
devint autre, et son vêtement, d’une blancheur fulgurante. »
Évangile selon saint Luc, chapitre 9, versets 29
Seigneur, comme Pierre, Jacques et Jean, j’ai vécu récemment une manifestation de ta présence transfigurante. Nous étions à Lourdes avec un groupe d’enfants handicapés, dont mon fils Quentin.
Un matin, réunis dans une chapelle, nos enfants recevaient tour à tour le sacrement des malades donné par un prêtre. L’intensité touchait à son comble. Chaque enfant, meurtri dans sa chair ou son intelligence, te rencontrait de façon très perceptible. Je résistais pour ne pas fondre en larmes. Tu étais là au milieu de nous.
À Lourdes, Quentin et moi avons vécu des moments de joie intense. Il n’y avait plus de personnes malades, handicapées ou bien portantes, mais un peuple d’hommes, de femmes et d’enfants, portant chacun sa misère, et unis par une force surnaturelle d’où jaillissaient amour, joie, bienveillance. Comme à Pierre, Jacques et Jean, tu nous as fait goûter à une expérience divine.
Je crois, Seigneur, que tu nous invites à vivre une transformation intérieure qui nous conduira, le jour où nous te verrons, à être transfigurés nous aussi par ton amour, ta paix, ta joie. Cette expérience, tu nous permets de la vivre dès aujourd’hui. Oui Seigneur, tu nous invites à vivre de manière incarnée l’action de ton Esprit saint qui agit manifestement en nous et nous transforme. Il suffit que nous nous laissions faire, que nous te remettions toute notre vie, nos attachements, nos faiblesses.
Donne-nous de venir puiser en toi, chaque jour, ta paix, ton amour, ta force, ta charité.
Mon Dieu, je te rends grâce.
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Béatrice
• Victoire •
« C’est toi mon fils bien-aimé ;
en toi j’ai mis tout mon amour. »
Évangile selon saint Marc, chapitre 1, verset 11
Après une grossesse difficile, je mets au monde à vingt-neuf ans un adorable petit garçon tout blond. Mon mari et moi, avec l’accord de son grand frère, l’appelons Victor ! Victor pour Victoire de la vie. La vie, au-delà des différents tests nous annonçant une trisomie 21, et avec elle, l’invitation à poursuivre ou non cette grossesse…
Les premiers mois avec Victor ont été pour moi un apprivoisement pas à pas, il était fragile et je ne l’étais pas moins. Néanmoins, si petit soit-il, c’est Victor qui a donné corps et cœur à notre relation. Avec beaucoup de délicatesse, de tendresse et de patience, il m’a invitée à l’aimer tel qu’il était.
À travers ses sourires, sa façon de s’abandonner en confiance dans mes bras, de se laisser faire dans les soins prodigués, j’ai senti que Dieu me parlait et me disait : « Je te confie Victor, mon enfant bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour ; en l’accueillant, c’est moi que tu accueilles. Va, aime et soyez heureux ensemble ! »
Cet appel m’a touchée au plus profond de mon être. Il m’a remise debout et il a changé mon regard sur ce qu’il m’était donné de vivre. Mes yeux et mon cœur ont été transfigurés par cette interpellation au creux de mes doutes
Depuis ce jour, plus de vingt ans ont passé. Cette invitation, je l’ai faite mienne au jour le jour dans la confiance et la Paix. Oui, l’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur .
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Béatrice
• Les dimanches d’Aymeric •
« Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. »
Livre d’Isaïe, chapitre 43, verset 4
Chaque dimanche, il emmène dans son petit sac une tenue de rechange, son flacon de Dépakine et une feuille avec quelques consignes : il est invité chez ses amis. C’est un beau garçon, attachant, très gai et coquin, puis, renfermé car fatigué. Il a 16 ans, un retard intellectuel important, des traits autistiques et quelques crises d’épilepsie pour pimenter nos nuits. Parfois, il plonge son regard dans le nôtre, c’est bref, mais intense, nous y puisons notre réserve d’amour et d’énergie. C’est notre Aymeric.
Pour ceux qui l’accueillent le dimanche, c’est une richesse. Ils acceptent de se laisser toucher. Et le contact d’Aymeric, un être aussi fragile et innocent, transforme en profondeur. Notre fils porte du fruit. Il est le réceptacle de la miséricorde qu’annonce Isaïe : « Ton nom est inscrit dans la paume de ma main, tu as du prix à mes yeux et je t’aime. » Miseri-cordia, c’est bien le cœur donné au pauvre. Le dimanche, pour nous, c’est un temps plus calme avec les grands. Pendant quelques heures, on peut relâcher notre vigilance, et discuter avec eux. Pour lui, c’est être dans le monde, au contact de jeunes, découvrir d’autres lieux, s’acclimater à de nouveaux visages, sentir des ambiances différentes. Grâce à ce réseau d’amis, nous avons le sentiment de ne pas être seuls à faire grandir Aymeric.
Un parrain, une marraine, un Doodle* avec les dates des dimanches, une trentaine de familles amies et notre Aymeric devient ambassadeur du handicap. Il ouvre les cœurs. Une amie le ramenant un dimanche soir me confie : « Aymeric me mène à l’essentiel. »
À chacun sa part, dit la légende du colibri. Aymeric remplit la sienne, largement !
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Blandine
• Chaque matin •
« Que j’éveille l’aurore. »
Psaume 56, verset 9
Me réveiller chaque matin en pensant d’abord à toi. Ouvrir les volets chaque matin en me demandant ce que sera ta journée. Entendre chaque matin des sirènes d’ambulance, de pompiers, ou de police. Laisser s’envoler une prière pour ces inconnus qui souffrent comme ce jour où tu étais toi-même la préoccupation de ces secours. Me sentir chaque matin démunie, impuissante, questionnée sur le sens de ta vie, triste lorsqu’il pleut et que je te sais coincée entre tes quatre murs, rassurée lorsque brille le soleil et qu’une courte promenade te sera possible, heureuse lorsque je sais qu’enfin quelqu’un passera te voir.
Demeure dans un recoin de mon cœur de maman blessée l’envie de vivre, de rire, de partager, d’aimer. J’ai le désir de laisser la joie prendre le dessus, la joie de la vie, la joie de tous les possibles. Je crois que Dieu habite cette terre, qu’il demeure en chacun de ses enfants, qu’il veille en toi, dans ton silence et ton mystère. Il est la source de la joie intérieure qui m’habite malgré l’épreuve. Il est celui qui donne sens à l’insensé de ta vie. Il m’invite à lâcher prise, à essayer d’accepter de ne pas tout comprendre, à lui faire confiance, à accueillir le jour qui vient dans la joie de ce que j’ai, et non dans la tristesse de tout ce que j’ai perdu. Pas facile tous les jours, mais depuis 17 ans, le temps a fait son œuvre.
Alors qu’une bonne dizaine de soignants veillent sur toi jour et nuit, celle que tu es devenue m’a fait devenir veilleur : veilleur face à la fragilité, au don gratuit de l’amour.
Merci Olivia.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Nord de France.
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Xavier
• La Croix fleurie •
« Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre
d’avoir caché cela aux sages et aux savants
et de l’avoir révélé aux tout-petits. »
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 11, verset 25
Mon oncle Antoine, atteint de la trisomie 21, ne parlait pas, mais il était l’ami de tous. Il n’était pas autonome, mais il était rempli de la présence de Dieu. Il était un témoignage mystérieux de la joie du ciel sur terre. Celui que l’on perçoit dans le cœur des plus petits.
Le handicap d’Antoine a été une croix pour ses parents, mais, comme aimait à le dire sa mère, une croix qui a fleuri leur vie, année après année, doucement et parfois douloureusement.
Je crois pouvoir dire qu’il a été une bénédiction pour mon grand-père, et davantage encore pour ma grand-mère qu’il a fait cheminer vers la sainteté. Un prêtre m’avait dit : Plus précieux que l’or du monde, le plus bel héritage que l’on puisse laisser à un enfant, c’est la sainteté de ses parents. Et ma grand-mère faisait l’expérience inverse, elle héritait de la sainteté grâce à son enfant. Comment évaluer la vie d’une personne dont la communication est limitée par son handicap ? Quelle est sa fécondité, son utilité ? Ce n’est pas à nous d’en juger. Je peux cependant témoigner que la vie d’Antoine a porté de nombreux fruits pour ceux qui ont pris le temps de l’aimer, de se laisser rejoindre par son regard, de s’interroger sur sa relation à Jésus, de s’attendrir, de dépasser leur propre peur.
Antoine m’a aidé à porter un regard différent, à voir au-delà de l’apparence, à percevoir un mystère spirituel. Ces enfants « extra-ordinaires » nous aident à cheminer vers la sainteté, ils font croître ce que nous portons de meilleur, l’amour. Oui, notre croix peut fleurir pour embaumer nos maisons du doux parfum de Dieu.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Nord de France.
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Xavier
• La troisième voie •
« Moïse étendit la main et les eaux de la mer se fendirent. »
Livre de l’Exode, chapitre 14, verset 21
Octobre 1999, accablés, nous revenons de l’échographie. Un handicap lourd touche notre fille. La médecine nous laisse trois jours de réflexion avec ces mots : « Vous êtes jeunes, vous aurez d’autres enfants, les couples se séparent face au handicap, protégez votre famille. »
Désarmante proposition d’une société qui nous laisse devant un choix impossible : la mort ou « l’esclavage » du handicap. Comment choisir ? L’homme n’est-il pas fait pour la vie ?
Le peuple d’Israël qui fuyait l’Égypte se trouva coincé entre la mer Rouge et l’armée de Pharaon. Il n’avait comme choix qu’un retour à la servitude et une lutte à mort pour la liberté. Comme eux, mon épouse et moi avons expérimenté la puissance de l’abandon en Dieu.
Comme Moïse intercéda pour son peuple, la prière de l’Église éclaira notre chemin. Nous avons poussé « le cri de l’enfant qui ébranle les entrailles de notre Père » et dans sa divine miséricorde il ouvrit une troisième voie.
Là où nous étions dans la peur, le Seigneur nous a donné sa paix.
Là où nous étions dans la tristesse, il nous a donné sa joie.
Là où nous étions dans le doute, il nous a donné l’espérance.
Comme la mer Rouge s’est ouverte pour sauver le peuple d’Israël, la grâce de Dieu s’est déployée en nous pour nous sauver autant de la mort que de la tristesse ou de la peur.
Notre fille a 15 ans aujourd’hui. Elle est la troisième d’une fratrie de 5. Nous vivons encore des grâces reçues à l’issue de ces trois jours ; cette épreuve fut une Pâque, le surgissement du Royaume sur la terre. Rien n’est impossible à Dieu.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Nord de France.
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Xavier
• La troisième voie •
« Moïse étendit la main et les eaux de la mer se fendirent. »
Livre de l’Exode, chapitre 14, verset 21
Octobre 1999, accablés, nous revenons de l’échographie. Un handicap lourd touche notre fille. La médecine nous laisse trois jours de réflexion avec ces mots : « Vous êtes jeunes, vous aurez d’autres enfants, les couples se séparent face au handicap, protégez votre famille. »
Désarmante proposition d’une société qui nous laisse devant un choix impossible : la mort ou « l’esclavage » du handicap. Comment choisir ? L’homme n’est-il pas fait pour la vie ?
Le peuple d’Israël qui fuyait l’Égypte se trouva coincé entre la mer Rouge et l’armée de Pharaon. Il n’avait comme choix qu’un retour à la servitude et une lutte à mort pour la liberté. Comme eux, mon épouse et moi avons expérimenté la puissance de l’abandon en Dieu.
Comme Moïse intercéda pour son peuple, la prière de l’Église éclaira notre chemin. Nous avons poussé « le cri de l’enfant qui ébranle les entrailles de notre Père » et dans sa divine miséricorde il ouvrit une troisième voie.
Là où nous étions dans la peur, le Seigneur nous a donné sa paix.
Là où nous étions dans la tristesse, il nous a donné sa joie.
Là où nous étions dans le doute, il nous a donné l’espérance.
Comme la mer Rouge s’est ouverte pour sauver le peuple d’Israël, la grâce de Dieu s’est déployée en nous pour nous sauver autant de la mort que de la tristesse ou de la peur.
Notre fille a 15 ans aujourd’hui. Elle est la troisième d’une fratrie de 5. Nous vivons encore des grâces reçues à l’issue de ces trois jours ; cette épreuve fut une Pâque, le surgissement du Royaume sur la terre. Rien n’est impossible à Dieu.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Nord de France.
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Frère Lionel Gentric
Couvent de Strasbourg
• Grand écart •
« Des gens qui se trouvaient là rapportèrent à Jésus l’affaire des
Galiléens que Pilate avait fait massacrer. »
Évangile selon saint Luc, chapitre 13, verset 1
C’était un samedi matin, après une nuit peuplée de cris, de coups et de larmes. Paris était déserte. Tout juste un promeneur aventureux, quelques coureurs. Le bus 83 filait dans les artères de la ville. Il faisait beau.
Rendez-vous était donné, dans un de nos couvents — à bonne distance du lieu des attentats. C’était l’heure du bilan de notre dernier pèlerinage du Rosaire. De l’avis de tous, nous avions vécu, à Lourdes, un beau et paisible pèlerinage. Les images étaient là pour en témoigner. Comme chaque année, une caméra avait immortalisé quelques-uns des gestes de tendresse, des sourires, des larmes d’émotion, comme autant de fruits de la grâce de Dieu, tellement présente. Somptueuses images, cette année encore.
Sur mon smartphone, d’autres images défilaient, d’une infinie violence. Il n’était pas question de choisir. Je n’ai pas réfléchi. C’était l’un et l’autre. La mémoire encore vive du vacarme des hélicos et le souvenir, à peine plus lointain, des chants du pèlerinage. Tout ensemble, en vrac.
Je ne sais pas comment ces expériences peuvent se rejoindre. Le pourraient-elles seulement ? Elles sont irréductibles l’une à l’autre ; aucune des deux ne saurait engloutir l’autre.
Le massacre du Bataclan m’a plongé dans la stupeur et le souvenir de notre dernier pèlerinage dans l’action de grâce. Il y a eu un moment où j’ai été tout à la fois dans la stupeur et dans l’action de grâce. C’était un samedi matin.
Il en est un qui a connu cette multiplicité des expériences, cet écart. En lui, les expériences les plus diverses — de la plus crucifiante à la plus exaltante — se fondent. Jésus. Il a tout connu, tout traversé sans en être déchiré. Ici, nous touchons peut-être quelque chose de ce que les théologiens désignent savamment comme le « mystère du Verbe incarné ». Quand Jésus rencontre la veuve de Naïm — elle vient de perdre son fils —, quand il est interpellé sur le massacre des Galiléens — sur ordre de Pilate —, il éprouve comme nous toute la violence du monde. Il frissonne et pleure avec nous. En lui jaillit pourtant, dans le même instant, la joie qui surpasse toute joie : il demeure uni à son Père.
Y a-t-il un chemin qui ouvre sans détour à cette joie capable de s’allier avec l’épreuve de la dureté du monde ? Probablement pas. Jésus, pour sa part, nous invite simplement à le suivre, à mettre nos pas dans les siens, à nous convertir. À sa suite, nous apprendrons.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Nord de France.
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« J’avais soif et tu m’as donné à boire. » (Mt 25,35)
[*]Œuvres de miséricorde corporelle
« Donne-moi à boire* » demande Jésus à une femme de Samarie à côté du puits de Jacob. Il est midi, le soleil est au zénith, la marche a été longue. Mais finalement, c’est lui, Jésus, qui étanche la soif de la femme « l’eau que je te donnerai deviendra en toi source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » Chaque lundi matin, dans La maison du 60, on boit le café et on parle. Une initiative simple pour apaiser nos soifs cachées.
* Évangile selon saint Jean, chapitre 4, verset 7.
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Frère Lionel Gentric
Couvent de Strasbourg
• L’amour rend force •
« Jésus vit une grande foule.
Il fut saisi de compassion envers eux. »
Évangile selon saint Marc, chapitre 6, verset 34
Je me suis demandé plus d’une fois comment il fait. Comment fait le pape François pour déployer une telle énergie sur la place Saint-Pierre, à la rencontre des foules ? Les journées doivent être longues, quand on est pape. Et pas toujours très amusantes. Lui aussi connaît la dureté du monde.
En fait, j’avais une clé, sans le savoir. Je l’ai dit mille fois aux hospitaliers de Lourdes : « L’hospitalier ne puise pas dans ses réserves quand il est au service, quand il délivre un sourire, quand il échange un regard, quand il a une parole de consolation. Tout au contraire, il refait ses forces et sa santé. »
Le service et le don de soi ne sont pas les derniers actes qu’on pose quand on a déjà fait tout le reste — la prière, le travail, que sais-je encore —, quand on est établi dans la vie chrétienne, débordant de ressources. C’est tout le contraire. D’abord, sortir de soi, dans le service, dans le geste du soin, dans la relation d’amitié. Être avec les autres et pour les autres. « L’amour pour les gens est une force spirituelle qui permet la rencontre totale avec Dieu *», écrit le pape François dans son exhortation La joie de l’Évangile. L’amour rend force. L’amour rend foi.
Le chrétien n’est pas missionnaire parce que croyant ; il est plus souvent croyant parce que missionnaire. Ou serviteur. La mission est chemin par excellence de la rencontre de Dieu. Le missionnaire se nourrit de se donner. Il se reçoit quand il s’abandonne. « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. »**
* La joie de l’Évangile, numéro 272.
** Évangile selon saint Luc, chapitre 9, verset 24.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Nord de France.
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Frère Lionel Gentric
Couvent de Strasbourg
• Immersion totale •
« Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire,
être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Évangile selon saint Marc, chapitre 10, verset 38.
Un père jésuite écrivait : « Quand on a décidé de partir à la recherche de Dieu, il faut mettre sur son âne tout ce qu’on possède et partir avec tout ce qu’on est, sa carcasse, son esprit, son âme. Il faut tout prendre, les grandeurs et les faiblesses, le passé de péché, les grandes espérances, les tendances les plus basses et les plus violentes… tout, tout, car tout doit passer par le feu. »* À quoi j’ajouterais : et par l’eau.
Ils le savent, les pèlerins de Lourdes qui ont fait l’expérience d’être plongés dans l’eau froide, un simple pagne autour des reins. Ils ont tout laissé — tout ce qui devait être laissé, le vêtement —, mais ils ont tout pris d’eux-mêmes, tout ce qui compte, pour entrer dans l’eau et faire mémoire de leur baptême.
Le baptême n’est pas affaire de quelques gouttes qu’on laisserait ruisseler sur une chevelure, aussitôt essuyées, d’un geste. Être baptisé, c’est être tout entier plongé, livré aux eaux. La tête sous l’eau, sans masque ni tuba. À en avoir le souffle coupé.
Le baptême de Jésus, c’est la plongée du Fils de Dieu dans les eaux de notre humanité. Sans retenue. Il a tout assumé, tout porté, tout vécu. Il n’a rien retenu du rang qui l’égalait à Dieu ; il a fait une expérience totale de notre humanité. Joyeuse, parfois. Souffrante, parfois. Lumineuse et douloureuse, parfois tout mélangé. Mortelle, aussi.
Suivre le Christ, c’est le suivre sur le chemin de son baptême. Grandir, aimer, rire et pleurer. Avoir faim, manger, se mettre en colère, se calmer. Affronter les démons. Rêver, prier, célébrer, prêcher, espérer, souffrir et mourir. Finalement, sortir la tête de l’eau, et respirer à nouveau, pour de bon. Ressusciter.
* Yves Raguin, Chemins de la contemplation. Éléments de vie spirituelle, 1969.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Nord de France.
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Frère Lionel Gentric
Couvent de Strasbourg
• Corps du Christ •
« Et en trois jours, je le relèverai. »
Évangile selon saint Jean, chapitre 2, verset 19
Le troisième jour du pèlerinage est toujours décisif, j’ai l’impression. Trois jours, c’est le temps qu’il faut pour que le corps se relève, reprenne souffle et s’offre au regard.
À Lourdes, rien n’est tenu caché. Les brancards. Le fardeau qui pèse sur les épaules d’enfants handicapés, sur celles de leurs parents. Le poids de la maladie, de la vieillesse des uns. La souffrance, la solitude ou la culpabilité des autres. La générosité aussi, de si nombreux bénévoles qui font l’expérience du service, sans jamais savoir d’avance jusqu’où les mènera leur engagement. La jeunesse et la fraîcheur — comme une cerise sur le gâteau ! — de centaines de lycéens. Et au fil des jours, toutes ces expériences, si diverses, si étrangères, se mêlent, se communiquent les unes aux autres. La force des uns, la faiblesse des autres. Jusqu’à ce que se constitue un corps unique, le Corps du Christ, tout à la fois joyeux, lumineux, douloureux et glorieux. Resplendissant.
Je me souviens. Quelque part dans un recoin du sanctuaire, un lycéen, grand gaillard, réfugié dans les bras d’un grand malade (fou de joie !). Au troisième jour. Tout semblait tellement normal ; tout était pourtant si exceptionnel. Il avait fallu faire tant de chemin, opérer de tels déracinements ! Il avait fallu, de l’un et de l’autre, faire des pèlerins. Sur la brèche. Et les conduire en un lieu hors norme. C’est à croire qu’il n’y a pas de communion possible sans déracinement, sans délogement.
Les grandes détresses collectives suscitent, elles aussi, de vrais rassemblements. Au prix d’un arrachement. Involontaire, celui-là.
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Re: • 40 jours pour accueillir la miséricorde • Retraite dans la ville
Frère Lionel Gentric
Couvent de Strasbourg
• La douleur renversée •
« Vais-je t’abandonner, Éphraïm, et te livrer, Israël ?
Non ! Mon cœur se retourne contre moi ;
en même temps, mes entrailles frémissent. »
Livre d’Osée, chapitre 11, verset 8
Les plus généreux ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Les plus souffrants non plus. C’est pourquoi la relation entre l’hospitalier et le malade n’est pas univoque, simple affaire de générosité chez l’un, de patience chez l’autre. Les rôles parfois se croisent : le malade attend de pouvoir donner, lui aussi. Et l’hospitalier de recevoir. Et tous deux, en attente d’autre chose de plus grand encore : d’une guérison, d’une réconciliation. Tous deux, vulnérables et pécheurs, en attente de Dieu. Leur commun pèlerinage les mène vers la maison de Dieu.
Dieu lui-même est en mouvement. Le prophète Osée a une formule foudroyante : il évoque un retournement du cœur de Dieu à la vue de la misère de son peuple. Retournement par lequel la colère est balayée au souffle de la miséricorde et au souvenir de l’Alliance donnée. « Vais-je t’abandonner, Éphraïm, et te livrer, Israël Non ! Mon cœur se retourne contre moi ; en même temps, mes entrailles frémissent. » On entend sourdre, des profondeurs, un amour plus fort que la colère, un amour qui engloutit la colère, malgré l’infidélité et la légèreté du peuple d’Israël.
Que le pardon soit accordé ou reçu (dans le fond, il n’y a pas si grande différence, la difficulté est presque la même), il est toujours bouleversant, retournant. Tissé de joie et de douleur, car la joie est joie d’une victoire sur la douleur, d’un renversement de la douleur. « Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. »*
*Évangile selon saint Luc, chapitre 15, verset 7.
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