Vérité et Miséricorde Cardinal Cottier article Famille Chrétienne

À l’occasion de l’ouverture de l’Année de la Miséricorde, le cardinal Georges Cottier, ancien théologien de la maison pontificale, invite à retrouver le sens biblique originel de cette Année sainte.


Faut-il donner la priorité à la miséricorde ou à la vérité ?

La norme, c’est l’Évangile. La première vérité de foi est que Dieu est miséricorde. Saint Jean nous enseigne que Dieu est amour. Ceux qui opposent vérité et miséricorde se trompent !

La miséricorde est l’expression de l’amour de Dieu à l’égard des créatures. La miséricorde concerne aussi notre péché.

Quand l’homme tombe dans le péché, Dieu ne l’abandonne pas. Au contraire ! Le passage du Christ sur la croix est une nouvelle invention de la miséricorde pour le sauver.

Mais en quoi la miséricorde engage-t-elle la vérité ?

La miséricorde, cela veut dire aussi guérir la raison, quand elle se trompe. Nous devons tendre vers la vérité, mais nous ne sommes pas infaillibles ! L’homme peut se tromper… et il se trompe énormément de nos jours. Il y a la pression des médias et des réseaux sociaux qui favorise la diffusion de multiples idées, y compris les plus farfelues.

À chacun sa vérité ? Mais nous savons, nous catholiques, que Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie. La vérité est donc la condition de la vie et du bonheur.

La miséricorde est-elle une variante du sentiment universel de compassion ?

Le danger, c’est justement une vision trop humaine de la miséricorde. Le christianisme a imprégné nos sociétés occidentales. Le sens du pardon est passé dans la société civile. La sécularisation n’a pas tout effacé. Il reste dans notre culture une certaine empathie, une sympathie.

C’est vrai que la miséricorde signifie compréhension. Cependant, la véritable communion avec autrui a sa racine en Dieu. Notre modèle, c’est Jésus Christ sur la croix ! Quand on oublie cela, la miséricorde se transforme en un vague sentiment humanitaire sans racines religieuses.

Samuel Pruvot