Au secours!!! Je suis aveugle...

Ce matin, j'ai appris que le riche respectait les commandements de Dieu depuis sa naissance selon l'homme portant un habit qui prêchait... Et que ce qu'il fallait retenir était que Dieu « l'aimait ».
J'ai appris que le pauvre devait apprendre à respecter les préceptes de Dieu avant d'accéder au « niveau » supérieur qui n'était pas accessible à n'importe qui.

Si Dieu seul sonde les cœurs, j'imagine qu'il faut être prudent quand on fait de telles distinctions à l'aveugle. Et je n'ai guère besoin de porter un habit pour déclarer que Dieu ne regarde pas du même regard que les hommes, comme il l'a précisé quand il était à la recherche de David.

Ainsi donc, le riche prétend respecter les préceptes de Dieu depuis sa naissance pour se faire aimer de Dieu et le pauvre, lui, est condamnable d'office car il ne donne pas d'offrande suffisamment importante pour trouver grâce aux yeux du prêtre dont l'esprit est obscurci.
Là encore, une Parole d’Évangile nous indique sur qui le regard de Jésus s'est posé entre une pauvre femme et un homme riche quand il était en vie, pour ceux au moins qui croient qu'il a bien vécu en ce monde.

Reprenons concrètement quelques commandements et comparons ainsi la droiture de cœur du riche et du pauvre :

- Tu n'auras pas d'autre Dieu devant moi : en tant que prêtre, suis-je bien certain que le riche respecte ce commandement contrairement au pauvre ? Le riche n'a-t-il vraiment aucune pratique annexe  allant de pair avec sa position sociale?

- Tu n'invoqueras pas le nom de Dieu pour le mal : si en utilisant le nom de Dieu, je fais le mal à un plus petit que moi, non pas UNE FOIS mais de façon acharnée et répétée juste pour le plaisir, Dieu m'aime-t-il ?

- Tu ne commettras pas de meurtre : si le plus petit que je persécute sans raison manifeste le désir de mourir et que cela me donne plus de courage encore à l'humilier, est-ce bien au nom de Dieu que j'agis ? Si ce plus petit passe effectivement à l'acte, n'est-ce pas moi le meurtrier ?

- Tu ne commettras pas d'adultère : ce qui n'est pas confessé par le riche ne signifie pas que cela n'a pas eu lieu.

- Tu ne commettras pas de vol : si le pauvre fraude dans le métro parce qu'il n'a pas d'argent et que le riche fraude pour ne pas payer ses impôts, c'est-à-dire par cupidité, vers lequel la compassion de Dieu se dirigera-t-elle ?

- Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain : si le riche fournit contre le pauvre de fausses preuves pour faire condamner un plus petit que lui au nom de Dieu, et que moi prêtre j'encourage cette injustice sans sonder véritablement le cœur de ce méchant parce qu'il remplit mes caisses... N'aurais-je pas à rendre des comptes ? Bien plus encore si je le soutiens publiquement.
Si le pauvre a reconnu avoir péché, ce qu'il a confessé correspond-il vraiment avec ce dont on l'accuse ? En tant que prêtre dois-je me fier aux calomnies parce qu'elles viennent du riche ou suis-je assez fort dans ma foi pour discerner les cœurs ? Mieux vaut ne pas porter un habit, que d'attrister le Seigneur d'une telle façon en le rendant indigne.

- Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, sa femme etc : si j'ai perdu ma femme à cause de la sécheresse de mon cœur et que je tente de la récupérer en faisant le mal autour de moi, en usant de mes richesses et de mon pouvoir ? Ai-je vraiment respecté le plus précieux commandement de Dieu : Aime ton prochain comme toi-même.

La Parole du pauvre qui dit vrai peut sembler avoir bien moins de valeur aux yeux des aveugles spirituels comparée à celle du riche qui ment en toute bonne conscience. Mais si je porte un habit, n'aurais-je pas à rendre compte de ma conduite si je refuse d'appliquer la Parole de Dieu pour bénéficier des honneurs du riche ? La prostitution revêt bien des formes et si elle s'exerce sans jamais être accompagnée de repentir et de confession, si je contribue à perdre des âmes, je ne rendrais pas compte seulement pour moi-même.

Les « niveaux » de Dieu ne sont pas ceux des hommes. Si je suis un berger aveugle, ce n'est pas à la vérité que je conduis et je suis bien moins apte à décider de qui passe à un « niveau » quelconque, n'étant pas au niveau de Dieu moi-même.

Dieu veut que nous sauvions des âmes, un maximum d'âmes, celles les plus éloignées de lui, c'est pour cela qu'il est si patient, si lent à la colère.

Si je suis un riche gonflé d'orgueil et de mensonge, toujours prêt à condamner, même avec l'appui d'une horde de prêtres, quelle âme je crois sauver ?

Le repenti, qui a confessé tous ses péchés, non pas ceux dont on l'accuse, mais ceux qu'il sait avoir commis entre lui et son Dieu et qui témoigne publiquement de sa joie afin d'amener les âmes égarées à suivre la même voie que lui, même sans l'appui d'aucun prêtre... Lequel applique réellement les commandements de Dieu ?

Qui sauve des âmes ? Le riche qui par sa conduite les éloigne de Dieu ou le pauvre qui, parce qu'il comprend la faiblesse de ses frères pour avoir reconnu l'avoir vécue sans se voiler la face, œuvre avec compassion, respect et vérité ?

Si je suis prêtre, avant de penser à remplir mes caisses, je dois réfléchir à ma mission. Non pas celle de combler la faim qui tiraille mon ventre, car ce n'est pas cette nourriture qui me sauvera et qui sauvera le peuple que j'ai pour charge de mener sur la route de la vérité de Dieu.

Ce n'est pas "original", mais c'est fort bien dit.

Delsanto a écrit:Ce n'est pas "original", mais c'est fort bien dit.

Vous avez raison Delsanto L'originalité est utile selon moi pour faire croître la foi quand elle est solidement établie.

Ben écoutez Luz, c'est super !
Ca tombe à pic sur mes interrogations actuelles !
Le pauvre, le petit, peut se perdre parce que le riche (celui qui dispose du pouvoir, j'y inclus un pouvoir spirituel) par sa fermeture, son arrogance, ses remontrances, l'aura dégouté de la foi !

C'est une théologie très proche de celle de Luther ou de Calvin, de dire que le pauvre serait en quelque sorte sur un chemin de vie prédestiné, et qu'il devrait subir cela sans broncher, avec résignation,
et au contraire que le riche mériterait sa place.

C'est une manière en Théologie de détourner les Paroles de Jesus le Christ.
Encore faut-il distinguer le riche matériellement et le riche spirituellement.
Un pauvre matériellement peut être très riche, très élevé, spirituellement.

Cela étant, un riche matériellement peut tout à fait aimer Dieu et suivre ses commandements, mais cela est plus difficile pour lui, voilà tout, à cause de ses possibilités financières et de son pouvoir sur les gens, et de son pouvoir d'achat.
Certains en sont parfaitement capables.

Quant à la prédestination je n'y crois pas trop car nous pouvons changer notre vie à tout moment, par notre créativité, notre travail, notre imagination et esprit d'entreprise.
Exemple : récemment un Français a inventé un scanner très sophistiqué, pour trouver de l'eau en sous-sol de manière très précise et très fiable, encore beaucoup plus fiable qu'un sourcier, y compris dans des zones désertiques.
Certains ont créé leur entreprise et cela fonctionne bien, notamment des entreprises via un site marchand, même à échelle petite ou moyenne.

Entièrement d'accord !!!!!
Surtout que, ayant passé quinze ans (dont 9 de précarité : petits boulots genre ménages ou caissière, logée dans un meublé de 17 m carrés avec douche sur
le pallier, des liaisons mais aucune relation sérieuse)
15 ans dans un pays "protestant" (il y a aussi des cathos, d'autres religions...) j'ai subi aussi ce "calvinisme" au quotidien.
Mais en même temps il y avait aussi un "américanisme" ambiant véhiculant le credo du libéralisme : "qui veut peut".
Ces deux courants culturel dans l'Occident moderne ne sont qu'en apparence contradictoires :
Si c'est vrai que "qui veut peut" (ce dont je doute), alors le misérable (social, matériel, relationnel, affectif...) est coupable de sa misère.
Donc je n'ai pas, moi de citoyen intégré, à lui venir en aide.
D'autre part si l'on est "predestiné" , aller vers un misérable, c'est se mouiller pour quelqu'un qui est damné par avance. Le sociologue Max Weber montrait dans "l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme" que le "salut" de l'âme étant, dans le calvinisme, fixé d'avance (le sujet n'y pouvant rien par lui-même), c'est dans le succès terrestre que le Chrétien peut trouver un "signe" d'élection : le misérable étant le damné.
Damné d'un côté, coupable ("responsable" ) de l'autre, il a tort de toutes façon, c'est le point commun entre ces deux courants.