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L'échelle sainte de Saint Jean Climaque, parvener à la sainteté!

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Message par Charles-Edouard Ven 21 Aoû 2015 - 13:26

DU DISCERNEMENT JUDICIEUX

95. Ainsi comme ce sont nos yeux qui éclairent tous les membres de notre corps, nous pouvons de même assurer que c'est la discrétion qui est la lumière de toutes les vertus que nous devons pratiquer. C’est pourquoi un cerf pressé par la soif ne cherche pas avec plus d'ardeur les eaux rafraîchissantes d'une fontaine, que les âmes vraiment religieuses ne cherchent à connaître et à comprendre quelle est la Volonté du Seigneur sur elles, et surtout à discerner, non seulement les choses qui lui seraient directement contraires ou directement conformes, mais encore celles qui lui seraient contraires sous un rapport et conformes sous un autre. Or nous aurions beaucoup à dire surtout cela; mais la matière n'est pas facile. En effet il nous faudrait examiner ce que nous avons à faire sans retard et avec promptitude, d'après ces paroles de l'Écriture : Ne différez pas d'un jour à un autre, ni d'un moment à un autre, (Si 5,7-Cool, et ce que nous ne devons faire qu'avec retenue, sagesse et réflexion, ainsi que nous en avertit Salomon : La guerre, nous dit-il, ne doit s'entreprendre qu'après qu'on a pris les précautions nécessaires et qu'on a tout disposé; (Pro 24,6) et saint Paul, en nous disant que tout doit être fait avec décence et selon l'ordre. (1 Cor 14,40). Mais il n'est pas donné à tous; non, il n'est pas donné à tous de discerner sur-le-champ et avec clarté les choses dont le discernement est très difficile; car David, qui était rempli de l'esprit de Dieu et qui, par son inspiration, nous a dit tant et de si belles choses, ne cessait dans ses ferventes prières de lui demander ce don précieux de discernement : Enseignez-moi, Seigneur, à faire votre sainte Volonté, car vous êtes mon Dieu; et ailleurs : Conduisez-moi, ô mon Dieu, dans la voie de votre Vérité, et instruisez-moi, parce que vous êtes mon Dieu et mon Sauveur; (Ps 142,10) et encore: Faites-moi connaître la voie par laquelle je dois marcher, parce que j'ai élevé mon âme vers vous. (Ps 142,Cool. 96. Tous ceux qui sont animés du désir sincère de connaître quelle est la volonté de Dieu sur eux, sont d'abord, obligés d'immoler leur propre volonté, de renoncer généreusement à eux-mêmes et de prier avec une foi vive et ardente et une grande simplicité; ensuite, de consulter avec humilité et confiance leur supérieur et même leurs frères, et de recevoir leurs avis et leurs conseils, comme de la Bouche de Dieu même, quoiqu'ils les trouvent contraires à la fin qu'ils se proposaient, et que, ceux qui les leur donnent, ne soient pas fort versés dans les choses spirituelles; car Dieu est trop juste et trop bon pour permettre jamais que des âmes qui, dans un esprit de foi, d'humilité et de simplicité, se sont soumises aux conseils et à la direction des autres, se trouvent trompées et s'égarent. En effet quelque dépourvues de lumière et de prudence que puissent être les personnes que l'on consulte dans d'aussi bonnes dispositions et avec des vues si pures et si saintes, Dieu certainement parlera par leur bouche. J'avoue que poursuivre cette règle, il faut être rempli d'humilité; mais, après tout, si David sur sa harpe a pu découvrir et connaître les choses qu'il avait à proposer, combien plus pensez-vous qu'une âme douée de raison et d'intelligence doive l'emporter sur les cordes d'un instrument ! 97. Il en est un assez grand nombre qui se refusent d'user de ce moyen sûr et facile, parce qu'ils ont une secrète complaisance et une confiance présomptueuse en leurs propres lumières. Aussi les voyez-vous, pour connaître la Volonté de Dieu, employer mille moyens différents qui ne sont que de pures inventions et de vaines opinions. 98. Mais il en est d'autres qui, désirant sincèrement savoir quelle est la Volonté de Dieu sur eux, renoncent à toute affection pour eux-mêmes, se tournent humblement vers le Seigneur par des prières très ferventes, Lui offrent et Lui sacrifient leurs pensées et leurs projets, Lui soumettent entièrement leur esprit et leurs lumières, et se dépouillent parfaitement de leur propre volonté, qui tantôt les portait à prendre un parti, tantôt les engageait à en prendre un autre : or ayant ainsi persévéré quelque temps dans ces heureuses dispositions, ils ont enfin connu ce que Dieu leur demandait et exigeait d'eux, soit qu'ils l'aient appris par le ministère d'un esprit envoyé de la part du Seigneur, soit qu'ils l'aient connu, parce que Dieu Lui-même a effacé dans leur esprit les raisons qui appuyaient ou qui détruisaient le parti qu'ils avaient à prendre. 99. Il en est encore d'autres qui, d'après les troubles et les agitations auxquels ils ont été exposés, ont pris leur décision, et ont jugé ensuite, qu'elle était conforme à la Volonté de Dieu, fondés sur ces paroles de lApôtre : Nous avons voulu plusieurs fois vous aller visiter, mais Satan nous en a empêchés. (1 Thes 2,18). 100. D'autres, au contraire, ont conclu que ce qu'ils avaient résolu de faire, était agréable à Dieu, parce qu'ils avaient été secourus de sa grâce pour l'exécuter; et pour se tranquilliser, ils ont pensé à cette sentence : Dieu vient à aide à celui qui se propose de bien faire. (cf. Rom 8,28). 101. Celui donc qui a le bonheur de posséder Dieu dans son cœur, reçoit de Lui et sans retard, par le moyen des lumières abondantes qu'il lui communique, l'assurance que ce qu'il fait est conforme à sa sainte Volonté, soit qu'il ait pris sa détermination sur des choses qui étaient urgentes, soit qu'il l'ait prise sur des choses qui pouvaient être différées. 102. Demeurer longtemps indécis et irrésolu sur le parti qu’on doit prendre, n'est ordinairement pas une marque qu'on est éclairé de Dieu, mais bien plutôt qu'on est esclave de la vaine gloire. 103. Dieu n’est pas injuste, ceux donc qui frappent avec humilité à la porte de ses Miséricordes, ne sont ni rebutés ni rejetés. 104. Il est essentiel pour nous de bien considérer devant Dieu la fin que nous nous proposons dans les choses qu'il nous faut faire de suite, et dans celles que nous pouvons différer; car tout ce que nous faisons avec une intention droite et pure, pourvu que ce soit une chose bonne en elle-même, si nous le faisons vraiment et uniquement pour Dieu, et jamais pour une autre fin, quand même ce ne serait pas d'une sainteté parfaite, Dieu nous en tiendra compte, n'en doutons pas. Mais nous ne serons pas sans courir des dangers, si nous avons l’imprudence de vouloir faire ce qui est au dessus de nos forces. 105. Les jugements de Dieu sur nous sont inexplicables et incompréhensibles; et souvent, par une disposition particulière de sa Providence, Il ne nous fait pas connaître ce qu'il désirerait que nous fissions, parce qu'Il prévoit avec certitude que, bien que nous le sussions, nous ne le ferions pas, et que cette connaissance serait pour nous un funeste titre à des châtiments plus sévères. 106. Un cœur droit dans la diversité des choses qu’il doit faire, se préserve de toute curiosité et marche avec sûreté dans les voies de l'innocence. 107. Il est des âmes généreuses qui, par l'amour ardent dont elles brûlent pour Dieu, vivant toujours dans la pratique d'une humilité profonde, font des efforts extraordinaires pour faire des actions qui sont au dessus de leurs forces; mais il est aussi des âmes orgueilleuses qui en agissent de même. Remarquez donc que le but et la fin ordinaires que dans ces circonstances se proposent les démons, nos cruels et impitoyables ennemis, c'est de nous engager à faire ce que nous ne pouvons pas, afin de nous faire omettre ce que nous pouvons, de nous en faire perdre le mérite et la récompense, et de nous exposer à leurs propres railleries. 108. J'en ai vu qui, à raison de la faiblesse de leur âme et de leur corps, avaient entrepris de pratiquer des austérités au dessus de leurs forces, dans la vue d'expier les fautes nombreuses qu'elles avaient à se reprocher; mais je fus obligé de leur faire comprendre que Dieu ne juge pas tant du mérite et de la valeur de nos travaux et de notre pénitence par la grandeur de nos austérités, que par la mesure et la sincérité de notre humilité. 109. Tantôt c'est la mauvaise éducation qu'on a reçue, tantôt c'est la fréquentation qu'on entretient avec les pécheurs qui précipitent dans l'abîme; mais souvent la seule perversité du cœur est capable de nous perdre. Celui qui vit dans la solitude, est ordinairement à l'abri des deux premières causes qui font tomber dans le péché, peut-être même de la dernière; mais celui qui est pervers en lui-même et dont le cœur est gâté, est partout et toujours vicieux; le ciel même ne le mettrait pas en sûreté. 110. Après avoir une ou deux fois répondu avec douceur et charité, à ceux qui nous attaquent, abandonnons-les, que ces gens soient des hérétiques, ou qu'ils soient des païens. Si cependant nous apercevons que ce n'est point dans de mauvaises intentions, mais dans le désir de s'instruire, ne nous lassons pas de leur donner les instructions saintes et salutaires qu'ils nous demandent; n'entrons en dispute avec eux et ne leur donnons des instructions que dans l'intention de nous fortifier nous-mêmes dans la foi et dans la piété. 111. Celui qui, entendant raconter les belles actions que les Saints ont pratiquées, parce qu'elles surpassent les forces de la nature, se laisse aller à l'abattement et au désespoir, est un homme sans jugement et sans raison; car elles nous sont utiles, et même très utiles, sous deux rapports : elles nous excitent à faire tous nos efforts pour marcher sur les traces de ces âmes saintes et généreuses, elles nous portent par l'humilité à nous connaître nous-mêmes et à nous faire sentir notre misérable faiblesse. 112. Parmi les démons il y en a qui sont plus méchants les uns que les autres; mais ceux-là sont incontestablement les plus méchants, lesquels nous encouragent, non seulement à pécher, mais à nous adjoindre des complices de nos prévarications, afin d'attirer sur nous des châtiments plus redoutables. J'ai rencontré dans ma vie un homme qui, par ses exemples et ses leçons funestes, en avait engagé un autre dans une très mauvaise habitude. Or celui qui avait été la cause de la ruine spirituelle de son frère, rentra en lui-même, cessa de pécher et commença une pénitence sévère; mais cette pénitence, fut sans fruit et sans utilité, à cause des péchés que commettait sans cesse celui qui avait été séduit. 113. La malice du démon est variée presqu'à l'infini; elle est grande et bien difficile à connaître, et bien peu de personnes peuvent la pénétrer; j'oserais même dire qu'elle n'est jamais entièrement connue. En effet d'où peut-il arriver qu'en vivant dans les délices, et en nous livrant aux excès de l'intempérance, nous observons les veilles commandées, comme si nous suivions les lois de la plus exacte sobriété et de la plus rigoureuse abstinence ? D'où vient-il encore qu'en jeûnant et en pratiquant les plus grandes austérités, nous nous trouvons accablés de sommeil ? comment se fait-il qu'en gardant le silence parfait de la solitude, nous sentons notre cœur dur et insensible, et que, lorsque dans la compagnie de nos frères nous nous livrons à la dissipation, nous éprouvons les sentiments de la plus ardente componction ? Comprenez-vous pourquoi des songes importuns nous fatiguent la nuit, quand même nous souffrons la faim et la soif, et que nous en soyons délivrés, lorsque nous sommes bien rassasiés ? Enfin pourrez-vous m'expliquer comment il arrive que, dans le sein même de la pauvreté et de la tempérance, notre esprit soit enveloppé de ténèbres et notre cœur frappé d'insensibilité, tandis qu'au milieu de l'abondance, et des excès même dans le vice, nous soyons spirituels, portés aux larmes et à la pénitence ? Or dans toutes ces choses si différentes, que celui qui a reçu du Seigneur les lumières capables de lui en faire connaître les raisons cachées, daigne nous en faire part; car pour moi, j'avoue franchement ici mon ignorance. Je dois néanmoins dire que ces vicissitudes et ces changements si extraordinaires ne viennent pas toujours de la malice des démons, mais quelquefois du mélange et de l'alliance de la chair avec le sang, lesquels forment autour de nous un embonpoint dangereux et trompeur qui jette, je ne sais trop comment, notre esprit dans d'épaisses ténèbres. 114. Pour savoir par quel principe ces effets contraires ont lieu, chose qu'il est très difficile de savoir, nous n'avons pas d'autre moyen que de nous adresser à Dieu par des prières sincères et faites avec une grande humilité, et si, après avoir employé les humbles supplications, nous éprouvons toujours les mêmes troubles et les mêmes agitations, cessons de les attribuer au démon et ne les regardons plus que comme des effets de la nature. Mais ne manquons pas ici d'observer que souvent la divine Providence arrange tellement les choses que ce que nous croyons être contraire à nos intérêts éternels, leur est très favorable, et qu'elle veut par tous les moyens abattre notre orgueil et notre vanité. 115. Les jugements de Dieu sont un abîme impénétrable. Ceux qui ont prétendu les sonder, ne l'ont fait que par une curiosité et un orgueil insupportables. 116. Quelqu'un ayant un jour demandé à un homme fort expérimenté dans les voies de Dieu, pourquoi le Seigneur, qui prévoit d'une science infaillible les fautes de certaines personnes, ne laisse pas néanmoins de favoriser ces personnes des dons les plus rares et les plus précieux, et même de la vertu de faire des miracles : C'est, lui répondit-il, afin de rendre les autres hommes plus sages et plus vigilants, de nous faire connaître la liberté dont jouit notre volonté, et de rendre inexcusables au jugement dernier ceux qui seront tombés dans le péché, après avoir reçu des faveurs si extraordinaires. 117. La loi, à cause de ses imperfections, se contentait de dire aux hommes : Veille sur toi-même, (Dt 4,9); mais notre Seigneur, l'auteur et le consommateur de la loi, ne nous charge pas seulement de veiller sur nous, mais encore de corriger nos frères, selon ces paroles : Si ton frère tombe dans quelque faute, et la suite (Mt 18,15) Or, si votre correction est assaisonnée de sincérité et de modestie, si c'est un avis charitable que vous donnez, plutôt qu'un reproche amer que vous faites, vous accomplirez avec exactitude la Volonté du Seigneur, en remplissant ce devoir de charité, surtout à l'égard de ceux qui recevront bien vos avertissements et vos remontrances; et si vous ne vous croyez pas assez parfait, et qu'en effet vous ne le soyez pas, pour donner des leçons aux autres, faites du moins ce que la loi vous commande. 118. Si vous voyez vos meilleurs amis devenir vos plus cruels ennemis, ne vous en étonnez pas du tout; mais rappelez-vous que les démons se servent de la perfidie et de l'inconstance de ces sortes de gens, comme des instruments nécessaires pour faire la guerre aux hommes, et principalement à ceux qu'ils haïssent d'une manière toute spéciale. 119. La chose qui doit vous frapper d'un étonnement extraordinaire, c'est de voir Dieu, qui peut tout, nous aider de sa grâce, les anges et les saints nous secourir de leur protection dans la pratique de la vertu; et le démon, qui ne nous peut rien, être tout seul pour nous engager dans le vice, et cependant nous laisser entraîner plus facilement au mal qu'au bien. Mais ici je ne peux ni ne veux approfondir cela. 120. Si donc toutes les créatures sont disposées et arrangées conformément à leur nature, comment se fait-il, s'écrie ici notre grand saint Grégoire, que moi qui suis l’image de Dieu, sois mêlé avec de la boue et formé, en quelque sorte, de cette ignoble matière ? S'il est certain qu'un être qui ne se trouve pas dans l'état convenable à la nature, fait tous ses efforts pour y arriver, quels soins ne devons-nous pas prendre et quelles violences ne devons-nous pas nous faire pour nous élever jusqu'à Dieu, qui est notre centre, et mériter de nous asseoir sur le trône éternel que nous a préparé sa Tendresse. Que personne donc,ne s'excuse sur la difficulté de monter si haut ! car la voie qui nous y mène et la porte qui nous y introduit, sont ouvertes à tout le monde. 121. L'exemple et le récit des actions admirables que nos pères ont faites pour y parvenir, doivent nous toucher et nos animer d'une généreuse émulation. 122. La doctrine céleste dont nous nourrissons nos âmes, est une lumière capable de dissiper les ténèbres qui pourraient nous dérober la vue du chemin qui y conduit, de nous y ramener, lorsque nous avons eu le malheur de le quitter, et de nous éclairer sans cesse au milieu même de l'obscurité. Celui qui possède le don de discernement, sait trouver la santé dont il a besoin, et guérir parfaitement son âme de ses maladies. 123. On a coutume d'admirer dans les autres les plus petites choses, pour deux raisons principales : par une grande ignorance, ou par une profonde humilité afin de faire connaître et de relever leurs belles actions. 124. Employons toutes nos forces, je ne dis pas pour nous défendre seulement de nos ennemis spirituels, mais pour les attaquer et leur faire une guerre ouverte : car celui qui se contente de résister aux démons, tantôt les blesse et tantôt en est blessé; au lieu que celui qui leur fait une guerre ouverte, les poursuit à toute outrance. 125. N'oublions pas que nous faisons autant de blessures au démon, nous remportons de victoires sur nos mauvais penchants, et qu'en agissant toujours comme si nous étions exposés à leur violence, nous usons d'une pieuse ruse qui déconcerte notre ennemi et nous rend invincibles. Un jour un frère craignant Dieu avait été très ignominieusement traité; cependant il n'en ressentit ni trouble ni émotion, et s'offrit tout entier au Seigneur dans le secret de son cœur. N'importe, il se mit à pleurer et à se plaindre des outrages qu'il avait reçus, or par cette démonstration il cacha la parfaite tranquillité dont il jouissait au fond de son âme. Un autre moine qui se jugeait réellement indigne d'avoir une des premières places dans la communauté, feignit néanmoins de la désirer avec ardeur. Oserai-je ajouter que j'en ai vu un autre, dont la pureté et la chasteté n'étaient pas suspectes, lequel entra dans un mauvais lieu, comme s'il eût eu l'intention d'offenser Dieu, et en retira une misérable créature à qui il fit embrasser la vie religieuse. Un solitaire, à qui un autre solitaire avait de grand matin apporté un très beau raisin, mangea ce raisin avec une avidité étonnante, mais sans goût et sans appétit : or il en agit de la sorte pour faire croire aux démons qu'il était un homme immortifié. Un autre, ayant perdu quelques dattes, fit semblant tout un jour d'être sensible à cette perte. Mais ceux qui veulent employer ces moyens pour faire la guerre au démon, doivent user d'une grande circonspection et d'une rare prudence; car ils ont à craindre qu'en voulant se jouer de lui, ils ne deviennent eux-mêmes ses jouets, et certainement ces personnes doivent être placées parmi celles dont parle l'apôtre lorsqu'il dit : On les considère comme des séducteurs et des trompeurs, tandis qu'ils ne sont que des amis sincères de la vérité. (cf. 2 Cor 6,Cool. 126. Si quelqu'un pense et désire offrir à Dieu un corps chaste et Lui présenter un cœur pur, qu'il s'applique à pratiquer la patience et la douceur, la tempérance et la mortification; car sans ces vertus, ses peines et ses travaux ne lui serviront pas de grand chose. 127. Le soleil de l’intelligence répand dans notre âme des lumières plus ou moins abondantes et plus ou moins vives, afin qu'elle distingue les objets spirituels, comme nos yeux distinguent les objets matériels. En effet, tantôt il nous éclaire par les larmes de la pénitence, qu'il fait répandre aux yeux de notre corps, tantôt par les gémissements intérieurs qu'il fait pousser à notre cœur; ici c'est par une sainte joie que la parole de Dieu excite dans notre âme, qu'il répand en nous sa lumière bienfaisante, là c'est par le repos et l’obéissance. Mais outre ces différentes manières il en est une autre toute particulière, secrète et inexplicable : c'est lorsqu'une âme, par un céleste ravissement, est mise en la présence du Christ. 128. Nous devons considérer les vertus sous deux rapports et comme filles, et comme mères. Or tous ceux qui sont doués de sagesse et de prudence, font tous leurs efforts pour acquérir et pour conserver les vertus-mères, et, c'est Dieu même qui, par la toute-Puissance de son Esprit, nous fait connaître les vertus. Quant aux vertus-filles, nous manquerons pas de maîtres pour nous les apprendre. 129. Nous devons encore bien prendre garde de remplacer par les douceurs du sommeil les délices dont nous nous privons en jeûnant et en nous mortifiant. Nous conduire de la sorte, ce serait nous conduire comme des insensés, et la conduite contraire est une preuve de sagesse. 130. J'ai rencontré quelques serviteurs de Dieu, qui pour quelques raisons, s’étaient un peu relâchés de leur mortification dans les repas; mais ils avaient pris la généreuse résolution de passer les nuits dans les veilles et sans prendre du repos même en s'asseyant. Or par ce moyen ils se punirent si bien de leur intempérance, qu'ils s'abstinrent ensuite de tout excès dans le manger, non seulement avec facilité mais encore avec une joie et un contentement délicieux. 131. Le démon de l'avarice fait souvent une guerre cruelle à ceux qui n’ont rien. Il ne cesse de les poursuivre. Si, pour eux-mêmes, il ne peut pas leur faire abandonner la pauvreté, il cherche à les en détourner, en leur inspirant des sentiments de commisération en faveur des indigents. C'est par cette tentation délicate et parce prétexte spécieux, que plusieurs personnes heureusement délivrées de toute affection pour les choses de la terre auxquelles elles avaient renoncé, se sont rengagées misérablement dans les affaires tumultueuses du siècle. 132. La vue de nos fautes nous inspire-t-elle la pensée de désespoir, hâtons-nous de considérer l'ordre que le Seigneur donna autrefois à Pierre : Il commanda de pardonner jusqu'à soixante-dix-sept fois à celui qui l'aurait offensé (cf. Mt 18,22). Or celui qui a fait ce précepte à son apôtre, nous a pardonné et nous pardonnera certainement bien plus souvent. Si, au contraire, c'est le souvenir et la pensée de nos bonnes œuvres qui nous enflent le cœur et nous suggèrent des sentiments d'orgueil, opposons à cette tentation cette parole : Celui qui aura accompli toute la loi spirituelle, et qui aura manqué à un seul point, par exemple, en se laissant aller à la vanité, sera puni comme s'il avait manqué à tous (cf. Jac 2,10). 133. Il arrive que les démons aussi méchants qu'ils sont envieux ne se retirent d'auprès des âmes saintes qu'afin qu'en cessant de leur faire la guerre, ils les privent des occasions de remporter sur eux de nouvelles victoires, et d’augmenter leurs mérites et leur trésor. 134. Personne ne doute que ceux qui sont pacifiques ne méritent d'être appelés heureux; et cependant j'ai vu des gens à qui l'on donnait ce titre, bien qu'ils eussent mis la désunion et la discorde parmi leurs frères ! En effet il y avait deux hommes qui s'aimaient l'un l'autre d'un amour criminel : un père des plus vertueux et des plus éclairés, essaya de les faire séparer, en leur inspirant une aversion mutuelle. Il y réussit, en disant à l'un que son ami avait très mal parlé de lui, et en en faisant autant par rapport à l'autre. C’est ainsi que la sagesse et la prudence de ce bon père déjouèrent la malice et les rusée du démon, et que, par une espèce de haine qu'il leur suggéra, il vint à bout de chasser l'amour impur du cœur de ces malheureux. 135. Il est des personnes qui pour être fidèles à certains points de la loi, semblent en violer d'autres : c'est ainsi que j'ai remarqué des jeunes gens qui s'aimaient beaucoup, mais d'une affection pure et chaste, lesquels, afin de ne pas donner du scandale à leurs frères et ne point blesser leur conscience, ne laissaient pas d'interrompre le commerce de leur sainte amitié. 136. Autant le mariage diffère à l’enterrement ainsi l'orgueil est contraire au désespoir, encore que ces deux vices, par la malice des démons, se trouvent que quelquefois réunis dans la même personne. 137. Il y a des esprits impurs qui, à notre entrée en religion, s'empressent de nous interpréter eux-mêmes les saintes Écritures; c'est surtout ce qu'ils ont coutume de faire à l'égard de ceux qui sont esclaves de la vaine gloire, et plus encore, à l'égard de ceux qui, dans le monde, ont fait profession d'étudier les sciences humaines et de vivre selon la prudence du siècle. Le dessein des démons, en se conduisant ainsi vis-à-vis de ces personnes, c'est de les faire tomber dans quelque hérésie, ou de leur faire proférer des blasphèmes. Or dans des circonstances le trouble intérieur de notre âme, une joie indiscrète et immodérée de notre cœur nous feront connaître que ces interprétations nous viennent du démon, et qu'elles ne peuvent pas nous expliquer les paroles sacrées, mais les obscurcir et les profaner. 138. Il est certaines créatures dont Dieu a réglé l'ordre et le principe; il en est d'autres dont Dieu a pareillement ordonné et réglé le terme et la fin; mais la vertu a une fin qui est sans fin, selon le psalmiste : J'ai vu la fin des choses les plus parfaites; mais votre commandement, ô mon Dieu, est d'une étendue infinie. (Ps 118,96). Or, s'il est des personnes capables de passer des exercices de la vie active aux vertus et au saint repos de la vie contemplative; s'il est des cœurs sur lesquels agisse la charité, et que le Seigneur, selon la pensée du prophète-roi, garde votre entrée, qui est la crainte de ses jugements, et votre sortie qui est votre amour pour sa bonté n'est-il pas évident que cet amour de Dieu est sans bornes et sans fin, puisque nous pouvons toujours y faire de nouveaux progrès, soit en ce monde, soit dans l'autre où nos lumières recevront sans cesse des accroissements ? et bien que ce que je vais dire, paraisse un paradoxe à plusieurs, je n'hésiterai pas, mon bienheureux père, de tirer cette conséquence de tout ce que je viens de dire, je prononce donc que les esprits célestes ne demeurent pas, dans le même état et que leur gloire et leurs connaissances croissent toujours. 139. Ne soyez point étonné si les démons nous inspirent d'abord quelques bonnes pensées, et qu'ensuite ils les combattent en nous d'une certaine manière; car ils veulent par là nous faire entendre qu'ils connaissent parfaitement ce qu'il y a de plus caché dans notre cœur. 140. Soyez prudent et discret dans les censures et les jugements que vous ferez sur les personnes qui donnent aux autres de nombreuses, belles et sublimes leçons, et qui les mettent elles-mêmes fort peu en pratique; car il pourra se faire que les avantages qu'elles procureront à leurs frères, remplacent les bonnes œuvres qu'elles ne font pas. Ce n'est point, en effet, au même degré ni de la même manière que nous acquérons et que nous possédons les biens de l'âme, puisqu'il y en a qui excellent plus dans la parole que dans l'action, et que dans d'autres, c'est le contraire. 142. Dieu n'est ni l'auteur, ni le créateur du mal; ils se trompent, ceux qui prétendent que certaines passions sont naturelles à l'âme, ignorant que nous avons changé en passions les qualités constitutives de notre nature. Par exemple, la nature nous donne le sperme pour la procréation; mais nous l'avons perverti l'employant à la luxure. La nature a mis en nous la colère contre le serpent, mais nous nous en servons contre notre prochain. La nature nous anime de zèle pour l'émulation dans la vertu, mais c'est pour le mal que nous en usons. Il y a dans l'âme, du fait de la nature, le désir de la gloire, mais de celle d'en-haut. Il nous est naturel d'être arrogant, mais contre les démons. La joie aussi nous est naturelle, mais à cause du Seigneur et du bien qui arrive à notre prochain. La nature nous a aussi donné le ressentiment, mais contre les ennemis de l'âme. Nous avons reçu le désir d'une nourriture agréable, mais non des excès de table. 142. Une âme généreuse excite les démons contre elle. Mais quand les combats augmentent, les couronnes se multiplient. Celui qui n'a jamais été frappé par l'ennemi ne sera certainement jamais couronné. Au contraire, celui qui ne se laisse pas abattre malgré les chutes qui lui adviennent, sera glorifié par les anges comme bon combattant. 143. Celui qui est demeuré trois jours dans le tombeau, est ressuscité pour ne plus mourir : c'est pourquoi celui qui, en trois heures différentes, aura vaincu les tentations, ne sera point exposé à mourir. 144. Si Dieu, afin de nous instruire et de nous corriger, permet que le Soleil de justice, pour me servir des expressions de David, après s'être levé dans notre âme, connaisse le moment où il doit se coucher et disparaître, et lui cause par son absence de profondes ténèbres et une nuit obscure, et si, pendant cette nuit désolante, lés lions furieux et les autres bêtes féroces, c'est-à-dire nos passions, reviennent sur nous, quoique nous les eussions d'abord terrassées et vaincues, font de nouveaux efforts pour nous enlever la belle espérance que nous avions de la victoire, et pour nous souiller en nous faisant consentir à de mauvaises pensées, et commettre des actions criminelles; si enfin notre humilité profonde fait de nouveau lever sur nous le soleil de lumière, et que toutes ces bêtes sauvages se rassemblent pour se retirer dans leurs tanières, au dans les cœurs de ces misérables qui ne se plaisent que dans les voluptés sensuelles, et ne plus nous inquiéter, alors les démons seront obligés d'avouer, mais à leur honte, que le Seigneur a fait de cc grandes choses en notre faveur (Ps 103,20-23), et qu'il nous a donne une preuve sensible de sa Bonté et de sa Bienveillance; pour nous, nous pourrons leur répondre : Oui certainement le Seigneur a fait de grandes choses, et nous en sommes inondés de joie (Ps 125,2-3). Quant à vous qui aurez souffert cette terrible épreuve de la part des démons, vous pourrez dire : Voici que le Seigneur montera sur une nuée légère, c'est-à-dire sur votre âme élevée au dessus de toutes les affections terrestres, et entrera dans l'Égypte, c'est-à-dire dans un cœur rempli naguère de ténèbres épaisses, entassées par les vents impétueux des passions, et toutes les idoles des Égyptiens sont tombées devant sa Face, je veux dire toutes les mauvaises pensées se sont dissipées. (cf. Is 19,1) 145. Si le Christ n'a pas hésité de prendre la fuite en la présence d'Hérode, n’était-ce pas pour nous apprendre que les téméraires et les imprudents ne doivent pas se jeter d'eux-mêmes au milieu des dangers ? En effet en s'exposant témérairement, ils se rendent indignes que le Seigneur veille sur eux pour empêcher que leurs pieds ne soient ébranlés par les efforts de leurs ennemis, et méritent que celui qui est chargé de prendre soin d'eux, s'endorme et s'assoupisse (cf. Ps 120,3). 146. L'orgueil se mêle avec la magnanimité, à peu près comme le liseron, qui ressemble assez au lierre, s'entrelace avec le cyprès. Veillons donc sur nous avec le plus grand soin, et ne négligeons rien pour ne laisser entrer dans notre esprit aucune pensée, quelque légère qu'elle nous paraisse, qui soit capable de nous faire croire que nous possédons la moindre vertu, et que nous ayons fait une seule bonne œuvre de quelque valeur. Or, lorsque nous éprouverons cette tentation, examinons sérieusement et très attentivement les propriétés et les marques du bien et de la bonne œuvre que nous croyons avoir faite : cet examen ne manquera pas, sans doute, de nous convaincre que nous sommes entièrement dénués de tout bien et de toute vertu. Cherchez exactement et découvrez quelles sont les passions qui tyrannisent le plus votre cœur; car cette découverte vous en fera connaître un grand nombre d'autres que vous ignorez. 147. Or nous les ignorons, précisément parce que nous sommes sous leur funeste domination, qu'elles nous ont déjà réduits à une déplorable faiblesse, et qu'elles ont poussé dans notre cœur des racines profondes. 148. Dans les choses qui surpassent absolument nos forces Dieu se contente de la bonne volonté où nous sommes de les faire; mais il n'en est pas de même dans celles qui nous sont possibles; sa Bonté exige impérieusement que nous les fassions. Il est vraiment grand devant Dieu, celui qui fait tout le bien qu'il peut; mais il est encore plus grand à ses yeux, celui qui, dans les sentiments d'une humilité sincère, s'efforce de faire plus qu'il ne peut. 149. Néanmoins nous devons ici nous défier des démons, car souvent ils nous détournent des choses faciles que nous sommes obligés de faire, pour nous porter à des choses plus grandes et plus difficiles. 150. Je vois dans la sainte Écriture que Dieu donne des louanges au saint patriarche Joseph, non pas d'avoir préservé son cœur de toute affection déréglée, mais avoir fui l'occasion de pécher. Or c'est à nous de voir dans quelles circonstances et combien de foi nous avons, nous-mêmes, mérité la récompense réservée à ceux qui fuient l'occasion du péché. Il est une grande différence entre éviter, jusqu'à l’ombre du péché, et courir après le Soleil de Justice. 151. Quiconque a le malheur de vivre au milieu des ténèbres de ses passions, est terriblement exposé à broncher. Or ces bronchades et les chutes qu'elles lui occasionneront, finiront par lui donner la mort. C'est ordinairement en buvant de l'eau que les personnes qui ont pris trop de vin, recouvrent l'usage de la raison qu'elles avaient perdu par de honteux excès; mais c'est par les larmes sincères de la pénitence que ceux à qui les vapeurs empoisonnées des passions ont fait perdre les lumières précieuses de la grâce, peuvent les recouvrer et sortir de cet état lamentable. 152. Se laisser aller à des fautes contre la continence, se livrer à la dissipation, et se plaire dans les ténèbres, sont trois choses qui ont une grande différence entre elles. L'abstinence, la mortification et les jeûnes peuvent nous purifier des péchés que nous avons commis contre la chasteté; la solitude et la retraite sont capables de nous guérir de la dissipation; une exacte obéissance et une humble soumission sont très propres à nous faire haïr les ténèbres et à nous en faire sortir; mais surtout ce sera, la grâce de Celui qui s'est rendu obéissant pour nous, laquelle pourra nous délivrer de tous ces maux. 153. Nous pouvons encore ici nous servir de l'exemple de deux sortes d'ouvriers qui travaillent à nettoyer et à préparer les étoffes nécessaires pour faire des habits, afin de nous faire comprendre qu'il y a deux sortes de manières dont doivent se servir ceux qui désirent ardemment se préparer à mériter et à recevoir les dons célestes. C'est pourquoi nous appellerons les monastères des fouleries, parce que dans ces maisons les âmes sont en quelque sorte foulées et purifiées de leurs souillures, se débarrassent de la rouille des passions, et quittent leur difformité; nous nommerons lieux où l'on donne la couleur aux laines lavées et purifiées, la solitude des anachorètes et les cellules des religieux, parce que c’est là que les personnes qui dans les communautés se sont lavées des taches que l'incontinence, le souvenir des injures, les mouvements de colère avaient imprimées sur leur âme, mettent la dernière perfection à leur sanctification. 154. Il y en a qui disent que les rechutes dans le péché ont coutume d’arriver, parce qu'on n'a pas fait une pénitence convenable de ses péchés et proportionnée à la grandeur et au nombre des fautes qu'on avait commises. Mais peut-on dire qu'ils ont fait une véritable pénitence, tous ceux qui ne font plus de rechutes ? 155. Voici ce que j'ose dire ici : Les personnes qui font des rechutes dans le péché, c'est d'un côté, parce qu'elles ont trop et trop tôt oublié les fautes qu'elles avaient faites; c'est d'un autre côté, parce que leur paresse et leur lâcheté les ont portées à croire Dieu trop bon et trop miséricordieux; c'est enfin, parce qu'elles ont désespéré de vaincre leurs passions et de résister à leurs mauvais penchants; et je ne sais si quelqu'un ne me blâmera pas d'oser ajouter que quelques-uns de ceux qui retombent dans le péché, ne font ces rechutes déplorables que parce qu'ils ne peuvent plus vaincre leurs ennemis, qui les ont soumis au joug de leur tyrannie, et les ont enchaînés par les liens des mauvaises habitudes qu'ils ont contractées. 156. On pourrait ici examiner pourquoi notre âme, qui est un pur esprit, ne peut pas voir les esprits qui sont de la même nature qu'elle, ni connaître de quelle manière ils reçoivent les impressions des objets. Mais ne pourrait-on pas prononcer qu'elle ne voit pas les autres esprits, à cause de son union avec le corps qui lui sert de voile ? Au reste il connaît seul ce mystère, Celui qui a créé et l'âme et le corps, et qui les a unis ensemble. 157. Un homme des plus éclairés me fit un jour cette question : Dites-moi, car je désire ardemment de l'apprendre, dites-moi quels sont les démons qui, en faisant tomber dans le péché, abattent le courage des personnes qu'ils ont séduites; et quels sont encore les démons qui, après avoir fait commettre des fautes, enflent le cœur de celles qu'ils ont corrompues. Mais, comme il me vit très embarrassé de cette question difficile à résoudre, et que d'ailleurs je lui confessai même avec serment que je ne pouvais pas répondre, il m'apprit lui-même ce qu'il me demandait : Je vais donc, me dit-il avec bonté, vous donner quelques exemples qui vous feront connaître quelques-uns de ces esprits malins, et qui réunis à vos propres lumières serviront à vous faire discerner les autres. Les démons qui portent à la luxure, à la colère, à l'intempérance, à la paresse et à la mollesse, n'ont pas coutume de porter à l'orgueil les personnes qui se livrent à ces vices déshonorants; mais les démons qui portent à l'avarice, à la domination, aux honneurs, à la loquacité, ont l'habitude de faire ajouter péché sur péché, en remplissant le cœur d'orgueil et de vanité : c'est pour cette raison que le démon qui nous excite à faire des jugements, téméraires, se réunit avec ces derniers. 158. Un moine qui visite des étrangers ou qui les reçoit lui-même dans sa cellule, et qui, après s'être entretenu des heures entières et peut-être tout un jour avec eux, ressent de la tristesse lorsqu'il faut s'en séparer, au lieu d'éprouver un sentiment intérieur de joie, comme étant délivré d'une compagnie qui l'empêche de remplir ses devoirs, fait évidemment voir qu'il est le triste jouet du démon de la vanité ou du démon de l'incontinence. 159. Nous devons avant toute chose faire attention de quel côté vient le vent de la tentation afin de ne pas enfler les voiles du vaisseau spirituel de notre âme d'une manière qui lui soit nuisible et contraire. 160. Il n'y a pas de doute que la charité ne doive vous porter à procurer quelque consolation et quelque adoucissement aux vieillards véritables qui ont passé de longues années dans les exercices de la vie religieuse et qui ont usé leur corps dans les jeûnes et les austérités; mais cette même charité doit vous engager fortement à porter à la pratique de la continence par tous les moyens possibles, et surtout par la pensée des jugements de Dieu, de l'éternité et des supplices de l'enfer, les jeunes gens qui, par les péchés innombrables de leur jeune vie, ont eu le malheur de si fort maltraiter leurs pauvres âmes. 161. Il est impossible, ainsi que nous l'avons déjà dit, qu'aussitôt après notre conversion et notre entrée en religion, nous soyons délivrés parfaitement des mouvements de l'intempérance et des sentiments de la vaine gloire. Gardons-nous bien de vouloir combattre la vanité avec le luxe et les délices; car la victoire même que les personnes nouvellement converties remportent sur la gourmandise, leur inspire des sentiments de vaine gloire. Servons-nous plutôt de l'abstinence pour combattre et vaincre la vanité; car l’heure viendra, elle est même arrivée pour ceux qui ont une bonne volonté, où le Seigneur nous accordera enfin la grâce de soumettre cette funeste passion. 162. Mais observons ici que ce ne sont pas les mêmes passions qui font la guerre et aux jeunes gens et aux vieillards qui viennent de se convertir et de se consacrer au Seigneur dans la religion. En effet ce sont souvent des passions contraires qui les attaquent les uns et les autres. C'est pourquoi nous appelons heureuse et doublement heureuse la sainte humilité par laquelle les vieillards et les jeunes gens trouvent leur salut et la victoire dans leurs tentations, et qu'ils peuvent facilement trouver et pratiquer les uns et les autres. 163. Ne vous troublez nullement de ce que je vais dire : on trouve difficilement et rarement des âmes droites et pures qui soient exemptes de toute malice, de toute dissimulation et de toute hypocrisie, qui aient une véritable horreur de la société et des conversations mondaines, qui suivent avec une constante et exacte fidélité les avis et les conseils d'un bon directeur, qui méritent de passer de la paix et de la tranquillité de la vie solitaire et religieuse, qui est un port, au bonheur céleste, et qui puissent se préserver des souillures, des agitations et des scandales qu'on rencontre partout, même dans les communautés religieuses. 164. Dieu, pour convertir les hommes voluptueux, se sert ordinairement d’autres hommes; il emploie le ministère des anges pour la conversion des gens remplis de ruse et de malice; mais Lui seul peut opérer la conversion des orgueilleux. 165. Employez en faveur des personnes qui se retirent auprès de vous, cette espèce de charité qui consiste à les laisser agir; permettez-leur de faire ce qu'elles veulent, et pendant ce temps-là montrez-leur toujours de la bienveillance et, un visage gai et joyeux. 166. Néanmoins il faut examiner et connaître de quelle manière vous devez user de cette indulgence, jusqu'à quel temps et dans quelles circonstances vous devez et pouvez en faire usage; enfin savoir et pouvoir compter que la pénitence faite de la sorte, laquelle n'est établie que pour détruire et anéantir le péché, ne sera pas capable de détruire elle-même les vertus et la discipline religieuses. 167. Nous avons besoin d'un grand discernement et d'une rare prudence pour discerner et bien connaître quand nous pouvons cesser ou nous devons continuer les différents combats que nous soutenons contre la matière et le foyer du péché; car il peut arriver que, vu notre misérable faiblesse, il nous soit nécessaire d'éviter le combat, en prenant sagement la fuite, afin d'éviter la rencontre de nos ennemis, et de ne pas nous exposer à être vaincus et à périr misérablement. 168. Donnons donc dans ces occasions critiques un soin et une attention particulières; car quelquefois l'amertume fait avaler le fiel : examinons sérieusement quels sont les démons qui nous enflent d'orgueil, qui nous abattent et nous découragent, qui nous endurcissent et nous rendent insensibles, qui nous consolent et nous caressent, qui nous précipitent dans les ténèbres et qui font ensuite semblant de nous éclairer, qui nous rendent stupides et hébétés, spirituels et rusés, qui nous jettent dans une humeur sombre et triste, et qui nous rétablissent dans le contentement et la joie. 169. Si, dans les commencements de notre retraite et de notre carrière dans la vie religieuse, nous nous sentons plus agités et plus tourmentés par nos passions, que lorsque nous étions au milieu du siècle, ne nous en troublons pas, et n'en soyons même pas étonnés; car il faut qu'il se fasse une grande commotion dans les humeurs qui nous ont occasionné des maladies pour pouvoir parvenir à une guérison parfaite. Au reste, quand nous étions dans le monde, les passions semblables à des animaux sauvages cherchaient l'obscurité, afin que ne les voyant pas, elles ne nous inspirassent pas de l'horreur. 170. Les démons ont-ils pu faire commettre une faute, une faiblesse aux personnes qui n'étaient pas éloignées de la perfection; elles doivent s'en relever courageusement et avec avantage par le moyen de la pénitence, et, par la pratique des bonnes œuvres, réparer au centuple la perte qu'elles ont faite. 171. Nous voyons quelquefois que les vents font seulement ondoyer la mer, et que d'autrefois ils la bouleversent jusque dans ses abîmes; or nous remarquons les mêmes effets dans nos passions vis-à-vis de nous; car ceux qui sont exposés à leur fureur, en sont par fois troublés et bouleversés jusqu'au fond de leur âme; et ceux qui, par la victoire qu'ils ont remportée sur elles et par les progrès qu'ils ont faits dans la vertu, n'en sont ordinairement troublés qu'à la surface de leur âme. C'est pourquoi ces derniers, ayant conservé leur cœur pur et, innocent, rentrent bien vite dans la paix et le calme d'une bonne conscience. 172. Il n'appartient qu'à ceux qui sont arrivés à la perfection de connaître et de discerner toujours quelles sont les pensées qui viennent de leur propre conscience, quelles sont celles qui viennent de Dieu, et quelle qui viennent des démons; car ces esprits malins et rusés ne nous inspirent pas toujours des pensées contraires à la piété. Or c'est pour cela que le discernement que nous devons faire des pensées qui sont leur ouvrage, n'est pas facile à faire. 173. Concluons que comme nos corps sont éclairés par nos yeux, de même notre âme est éclairée par les yeux subtils et pénétrants de la discrétion.

Charles-Edouard
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L'échelle sainte de Saint Jean Climaque, parvener à la sainteté! - Page 2 Empty Re: L'échelle sainte de Saint Jean Climaque, parvener à la sainteté!

Message par Charles-Edouard Ven 21 Aoû 2015 - 13:26

BRÈVE RÉCAPITULATION DE TOUT CE QUI PRÉCÈDE

1. Une foi ferme nous porte efficacement à renoncer au monde, mais le défaut de foi fait le contraire en nous. 2. L'espérance inébranlable est la porte par laquelle nous chassons de notre cœur toutes les affections pour les choses de la terre; mais l'absence de cette vertu opère un effet l’opposé. 3. L'amour de Dieu nous fait généreusement abandonner le siècle, mais l’indifférence pour le Seigneur nous y retient. 4. L'obéissance est produite par les jugements que nous prononçons contre nous-mêmes et par le désir de recouvrer la santé de notre âme. 5. La conservation de cette précieuse santé, nous l'obtenons par une abstinence sévère. C'est la pensée de la mort, c'est le souvenir du fiel et du vinaigre qu’on présenta au Seigneur sur le Calvaire, qui engendrent en nous la sainte et salutaire abstinence. 6. La solitude et le repos donnent et conservent la tempérance et la chasteté. Le jeûne éteint les feux de la concupiscence. La contrition et la componction sont les ennemis irréconciliables des mauvaises pensées. 7. La foi ainsi que la fuite du monde, donne la mort à l'avarice. La commisération et la charité sont capables de nous faire exposer notre propre vie pour soulager nos frères. 8. La paresse trouve son tombeau dans l'exercice continuel et fervent de la prière. Le souvenir des jugements de Dieu remplit le cœur de ferveur et de dévotion. 9. L'amour des humiliations exterminent la colère. 10. La psalmodie, la bonté du cœur et l'amour de la pauvreté remplissent l'âme d'une joie toute céleste. 11. L'insensibilité pour les choses sensibles et corporelles nous fait sentir et goûter les choses spirituelles. 12. Le silence et la retrait sont les heureux bourreaux de la vaine gloire; et si vous êtes dans une communauté religieuse, c'est l'amour des mépris. 13. L’abaissement et l’avilissement extérieur peuvent bien nous guérir extérieurement de l'orgueil; mais Dieu, qui est avant tous les siècles, peut seul nous en guérir intérieurement. 14. Le cerf, dit-on, lève le venin de tous les animaux qui en ont, et l'humilité consume et fait disparaître le venin de toutes les mauvaises pensées. 15. Les choses créées et sensibles que nous voyons, servent à nous faire connaître les choses spirituelles que nous ne voyons pas. 16. Comme il est impossible que le serpent se dépouille de sa vieille peau, s'il ne passe par quelque ouverture fort étroite; de même il nous est impossible de nous corriger de nos mauvaises habitudes, de renouveler la jeunesse de notre âme, de nous débarrasser de la tunique du vieil homme, si nous ne passons nous-mêmes par le sentier étroit et difficile du jeûne, des mépris et des humiliations. 17. Ainsi, comme les oiseaux chargés de chair et de graisse ne peuvent s'élever fort haut dans les airs, ainsi en est-il de celui qui nourrit et flatte sa chair. 18. Ainsi, comme la boue desséchée ne peut plus servir aux porcs pour s'y vautrer; de même notre chair fanée et séchée par les jeûnes et les austérités n'est plus propre à servir de retraite et de repaire aux démons. 19. Comme une trop grande quantité de bois vert étouffe les flammes et donne beaucoup de fumée; de même une tristesse portée à l'excès remplit l'âme, pour ainsi dire, de fumée et de ténèbres, et fait tarir la source des larmes. 20. Comme un aveugle ne sera pas capable de réussir en tirant au blanc; de même un disciple qui résiste à son supérieur et lui fait des reproches, ne pourra que périr d'une manière pitoyable. 21. Comme une pièce de fer qui est en bon état, peut en éguiser une autre qui n'est pas également bonne; de même un moine fervent est dans le cas de préserver bien des fois de la damnation éternelle un religieux lâche et paresseux. 22. Comme des œufs qu'on fait couver dans un lieu chaud et caché, donnent des petits; de même des pensées tenues bien, soigneusement cachées, finissent ordinairement par produire des actions, et se manifestent de la sorte. 23. Comme les chevaux coureurs s'animent les uns les autres à la course; de même les religieux qui vivent ensemble sous la même règle, s'excitent mutuellement à la pratique des vertus et de la discipline. 24. Comme les nuages cachent le soleil et obscurcissent l'éclat de sa lumière; de même les mauvaises pensées obscurcissent les lumières de notre âme, et l'exposent à s'égarer et à se perdre. 25. Comme un criminel condamné à la peine capitale ne s'amuse pas, en partant pour le lieu de l'exécution, à parler d'amusements et de spectacles; de même une personne vraiment affligée de ses fautes ne s'occupe pas sur la terre à contenter ses inclinations pour l'intempérance et la bonne chère. 26. Comme les pauvres, en voyant les grands trésors du roi, connaissent et sentent plus vivement leur misère; de même une âme qui contemple les admirables vertus des saints, devient plus humble et se confond davantage à la vue de son indigence spirituelle. 27. Comme l'aimant par la force de sa nature attire le fer à lui; de même les hommes qui se sont laissé corrompre et dominer par de mauvaises habitudes, en sont violemment entraînés au péché. 28. Comme l'huile calme la mer, quelque furieuse qu'elle soit; de même, quelque violentes que puissent être les ardeurs de la concupiscence, elles seront incapables de résister à la vertu du jeûne et de la mortification. 29. Comme les eaux pressées dans des canaux étroits s'élèvent en l'air avec impétuosité; de même une âme environnée et pressée de dangers s’élance avec force vers Dieu par les saintes larmes de la pénitence, et obtient son salut. 30. Comme celui qui porte des parfums, malgré lui le fait savoir aux autres, à cause de l'odeur suave qu'ils répandent, de même une personne qui possède l'esprit de Dieu, malgré elle le fait connaître aux autres et par ses actions et par son humilité. 31. Comme le soleil rend l’or visible en le faisant scintiller, ainsi la vertu signale celui qui la possède. 32. Comme les vents impétueux suscitent des tempêtes effrayantes sur la mer; de même la passion de la colère, bien plus que les autres passions, excite de furieuses tempêtes dans une âme, et la trouble. 33. Comme les choses qu'on n'a pas vues, donnent peu de désir de les posséder, quoiqu'on en ait entendu parler; de même celui qui a conservé son corps pur et chaste ne pense pas aux plaisirs des sens, et vit dans un grand contentement. 34. Comme les voleurs ne fréquentent pas les lieux où ils savent qu'on garde les armes de l'État; de même les démons ne s'avisent pas de faire des vois aux personnes qu'ils savent être continuellement armées de la prière. 35. Comme il n'est pas possible que le feu produise la neige; de même il n'est pas possible qu'un homme qui n'a de l'ardeur que pour les choses de la terre, puisse mériter la gloire céleste. 36. Comme une légère étincelle peut mettre le feu à une immense forêt et la réduire en cendres; de même une seule bonne action peut effacer et anéantir un grand nombre de fautes considérables. 37. Comme vous ne pourrez pas sans de bonnes armes exterminer les animaux féroces; de même il vous sera de toute impossibilité de vaincre et d'exterminer la colère, si vous n'êtes pas armé de l'humilité. 38. Comme personne par un autre moyen naturel ne peut conserver la vie, qu'en mangeant et en buvant; de même on ne saurait conserver la vie de l’âme que par la vigilance et la persévérance dans la vertu. 39. Comme les rayons du soleil, en pénétrant dans un appartement, l'éclairent et y font distinguer les plus petits objets; de même la crainte de Dieu dans un cœur, tout en l'éclairant, lui fait voir les taches que les péchés y ont faites. 40. Comme il est facile de prendre les écrevisses, à cause de leurs mouvements, tantôt en avant, tantôt en arrière; de même une âme qui se livre à une joie immodérée et aux pleurs, à la pénitence de ses péchés et aux douceurs d'une vie molle et efféminée, se laisse prendre au démon, perd le fruit de ses travaux, et périt. 41. Comme on peut facilement tout enlever aux personnes qui sont plongées dans le sommeil; de même ceux qui sont comme assoupis par les vapeurs du siècle dont ils suivent les maximes, ouvrent toutes les avenues de leur cœur aux voleurs des âmes et aux meurtriers des bonnes œuvres. 42. Comme un homme qui combat contre un lion furieux, ne saurait détourner les yeux de cet ennemi dangereux, sans s'exposer à être dévoré; de même celui qui combat contre sa propre chair ne peut détourner ailleurs les yeux de son attention et de sa vigilance, sans se mettre dans un péril éminent de se perdre pour l'éternité. 43. Comme les personnes qui montent sur une échelle pourri, mettent leur vie en danger; de même les dignités, la gloire, la puissance et l'autorité, lesquelles sont autant d'ennemis de l'humilité et d'échelons vraiment pourris, mettent ceux qui les possèdent dans le cas de se perdre éternellement. 44. Comme celui qui est dévoré par la faim, pense nécessairement au pain; de même les gens qui désirent avec une véritable ardeur de parvenir au salut, pensent de toute nécessité à la mort et aux jugements du Seigneur. 45. Comme l'eau sert pour effacer les lettres, de même les larmes de la pénitence servent à nous purifier de nos péchés. 46. Si pour effacer des lettres, nous n’avons pas d'eau, nous employons d'autres moyens; or nous en agissons de même par rapport à nos péchés: à la place des larmes, nous nous servons de soupirs, de gémissements et d'une vive contrition. 47. Comme un gros tas de fumier engendre une quantité prodigieuse de vers de toute espèce; de même une grande quantité de nourriture produit en nous une multitude innombrable d'iniquités, de mauvaises pensées et de songes déshonnêtes. 48. Comme un aveugle n’y voit pas marcher, ainsi le paresseux ne peut ni voir le bien, ni le faire. 49. Comme celui qui a les pieds enchaînés ne peuvent marcher que fort difficilement; de même celles qui entassent trésor sur trésor, se mettent dans le cas de ne pouvoir arriver au royaume des cieux. 50. Comme une plaie récente peut facilement se guérir; de même, par un principe contraire, les plaies invétérées de l'âme se guérissent difficilement, lors même qu'elles sont susceptibles de guérison. 51. Comme une personne que la mort a frappée, ne peut absolument plus marcher; de même il est impossible que celle qui désespère de son salut, puisse, tant qu'elle sera dans ce misérable état, sauver son âme. 52. Un homme qui soutient qu'il professe la vraie foi, et qui néanmoins tombe sans cesse dans le péché, ne ressemble que trop à une personne qui n'a point d'yeux. 53. Un homme qui n'a pas la foi et qui néanmoins fait des bonnes œuvres, à un insensé qui tire de l'eau pour la mettre dans un vase percé de tout côté. 54. Comme une barque dirigée par un pilote expérimenté et protégée du ciel, arrive heureusement au port; de même une âme, quoiqu'elle ait eu le malheur dans un temps de tomber dans un grand nombre de péchés, dirigée et conduite par un directeur plein de sagesse, de lumières et de prudence, arrivera facilement au port du salut, et obtiendra le ciel. 55. Comme un voyageur, s'il n'a point de guide, quelque réfléchi qu'il soit, perdra souvent son chemin et s'égarera; de même un religieux qui vit et se conduit par lui-même s'égarera et se perdra, quelque parfaite que soit en lui la sagesse mondaine dont il est doué. 56. Que celui qui a fait des fautes énormes, et qui, à cause des infirmités corporelles, ne peut pas supporter les rigueurs de la pénitence, marche exactement dans les voies de l'humilité; qu'il suive en tout l'esprit et les sentiments qui sont propres à cette vertu, car il n’y a pas pour lui d'autre moyen capable de le faire parvenir au salut. 57. Comme celui qui a souffert une maladie longue et grave, ne peut pas recouvrer en un instant une santé parfaite; de même le pécheur qui, pendant longtemps a été sous la servitude des passions, ou même d'une seule, ne s'en délivre pas tout d'un coup. 58. Considérez donc attentivement et le vice et la vertu, et vous découvrirez les progrès que vous aurez faits pour vous corriger de l'un et pour acquérir l'autre. 59. Comme ceux qui échangent de l'or avec de la boue, ne font pas un échange, mais une perte réelle; de même les personnes qui parlent des choses spirituelles de la même manière que des choses mondaines, afin d'en tirer vanité, font une perte essentielle. 60. Si nous pouvons dire que des pécheurs ont reçu de suite le pardon de leurs péchés, nous nous garderons bien d'affirmer qu'il y ait eu des personnes qui soient parvenues de la sorte à l’impassibilité : car c'est une faveur qu'on n'obtient qu'après bien du temps et des travaux, et par une grâce particulière de Dieu. 61. Observons avec une grande attention quelles sont les bêtes sauvages et quels sont les oiseaux qui cherchent à enlever de nos cœurs la semence de la grâce, soit avant qu'elle y ait germé, soit lorsqu'elle est en herbe, soit enfin quand ses fruits sont arrivés à la maturité, et tâchons de leur tendre aussi exactement des pièges qu'ils nous en tendent à nous-mêmes, et de les faire tomber dans nos filets, au lieu de nous laisser prendre aux leurs. 62. Si donc il est impie et injuste pour un malade de mettre fin à ses jours pour terminer les douleurs cruelles que lui fait souffrir une fièvre ardente, il est pareillement impie et injuste pour un pécheur, tant qu'il a un souffle de vie, de se précipiter dans les horreurs du désespoir. 63. Et s'il est honteux à un homme qui vient de rendre les derniers devoirs à son père, de passer des bords de son tombeau dans une salle de noces bruyantes; il est également honteux à un pécheur qui gémit et pleure sur de nombreuses prévarications, de rechercher les honneurs, les plaisirs et, la gloire de la vie présente. 64. Les maisons où logent les citoyens, ne sont pas faites de la même manière que celles où les prisonniers et les criminels sont renfermés; ne faut-il pas aussi que la manière de vivre des personnes qui font pénitence de leurs péchés, soit différente de la manière de vivre de celles qui, pendant leur vie, n'ont jamais eu le malheur de souiller leur conscience par une faute mortelle ? 65. Un grand général se garde bien de congédier un soldat qui porte d'honorables blessures; mais il l'élève en dignité, afin de se servir avantageusement de son courage et de sa bravoure contre les ennemis de l'État. Or c'est ainsi qu'en agit le Roi des rois vis-à-vis d'un religieux qui a soutenu avec valeur des grands combats contre les démons. 66. La sensibilité est une chose qui est propre à notre âme; mais le péché frappe ce sentiment à coups redoublés et le couvre de honteux soufflets. C'est ce sentiment précieux qui dans notre conscience nourrit ou diminue la paix ou le remords; mais c'est la conscience elle-même qui donne naissance aux remords, et c'est la conscience que dirige et réprimande l'ange gardien que Dieu nous a donné dans notre baptême. C'est pour cette raison que nous voyons que les personnes qui n'ont pas reçu ce sacrement, n'éprouvent pas autant et d'aussi grands remords, lorsqu'elles commettent de mauvaises actions. 67. À mesure qu'on cesse de tomber dans le péché, on se déshabitue de le commettre. Or ce désistement du péché devient le commencement de la pénitence; le commencement de la pénitence,le commencement du salut; le commencement du salut, la résolution de bien vivre; la résolution de bien vivre, le commencement des travaux; le commencement des travaux, le commencement des vertus; le commencement des vertus, le commencement de la fleur des vertus; le commencement de la fleur des vertus, le commencement de la bonne volonté; le commencement de la bonne volonté, le commencement à l'habitude de la vertu; le commencement de l'habitude de la vertu, le commencement de la crainte de Dieu; le commencement de la crainte de Dieu, le commencement de la fidélité à observer les commandements du Seigneur; le commencement de la fidélité à observer les commandements de Dieu, le commencement de l'amour du Seigneur; le commencement de l'amour du Seigneur, le commencement d'une profonde humilité; le commencement d'une profonde humilité le commencement de la paix souveraine du cœur; et le commencement de la paix souveraine de l’âme devient la perfection de la charité. Or cette perfection de la charité est elle-même cette sainte et parfaite amitié dont Dieu honorera tous ceux qui, étant délivrés de toute affection déréglée, posséderont leur cœur dans la pureté. car, ils verront Dieu (cf. Mt 5,Cool. À Lui gloire et honneur dans les siècles. Amen.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Ven 21 Aoû 2015 - 13:27

VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ
Du repos sacré du corps et de l'âme, ou de la vie érémitique et solitaire


1. C’est sans doute le honteux esclavage de mes passions tyranniques et les maux qu'elles m'ont fait souffrir, qui m'ont appris les ruses méchantes, la conduite malicieuse, la domination cruelle et les tromperies désolantes des démons. Mais heureusement tous les hommes n'éprouvent pas le même malheur; car il en est qui ont une connaissance pleine et entière des artifices de ces esprits de ténèbres, par la Présence intérieure du saint Esprit, qui les éclaire de ses divines lumières, après les avoir préservés de leurs pièges et de leurs embûches; et il y a une bien grande différence entre une personne qui juge de la joie et du contentement que procure la santé après une longue et douloureuse maladie, et une autre personne qui juge des douleurs qu'on doit souffrir dans une maladie, par la joie qu'elle éprouve dans la santé. Nous trouvant donc parmi les gens à qui la maladie a fait perdre les forces, nous craignons avec raison de vous parler du port tranquille et heureux de la solitude. Au reste nous savons très bien qu'il n'y a pas de communauté, quelque sainte et régulière qu'elle soit, où, semblable à un chien affamé auprès de la table de son maître, le démon ne se trouve et ne soit continuellement aux aguets pour surprendre une âme et l'emporter dans un lieu secret et caché, afin de la dévorer à son loisir. Ainsi, afin de ne pas favoriser le démon et de ne pas donner occasion à des téméraires d'être dévorés par ce chien enragé, je dois déclarer ici que je ne parlerai pas de la paix ni du repos de la solitude aux personnes qui, dans les combats qu'elles soutiennent sous les étendards de notre Roi, montrent tant de force, de courage et de constance; je me contenterai de leur dire que leurs couronnes et leurs récompenses ne seront pas inférieures à celles qui seront accordées à ceux qui, pour l'amour de Dieu, vivent dans la solitude des déserts. Néanmoins pour que personne n'ait à se plaindre et à murmurer de ce que nous n'aurions pas parlé de la vie érémitique et de ses avantages, nous en dirons quelque chose, mais avec réserve.
2. Le repos du corps, dont il s'agit ici, consiste dans la connaissance et l'arrangement de tous ses mouvements et de tous ses sens selon la raison éclairée et dirigée par la foi. Le repos de l'âme est la connaissance de ses opérations spirituelles et une application calme et inviolable au saint exercice de l'oraison.
3. Le véritable ami de la vie érémitique forme des résolutions fortes et inébranlables, veille sans cesse à la porte de son cœur pour en interdire l'entrée à toutes les mauvaises pensées ou pour les y étouffer. Il doit sûrement me comprendre, celui qui est arrivé à ce précieux repos du cœur; mais il est bien loin de savoir en quoi consistent la paix et la tranquillité de l'âme, celui qui ne fait que d'entrer dans les voies de la piété, et qui n'en a pu encore goûter ni savourer les merveilleuses douceurs. Le solitaire prudent et expérimenté n’a pas besoin qu'on lui adresse de longs discours est assez éclairé par les bonnes actions de sa vie.
4. Le premier degré de la vie érémitique consiste à éloigner tout ce qui est capable de causer des distractions à l'âme et de troubler la paix du cœur; et la perfection de cette vie, à ne plus rien craindre et à demeurer immobile et insensible au milieu des plus grands sujets de trouble et de distraction.
5. Celui qui veut avancer dans les voies de cette bienheureuse vie, se plaît singulièrement à garder le silence, à pratiquer la douceur et à faire constamment se son cœur le sanctuaire de la charité.
6. Quiconque n'aime pas à parler, se livre très difficilement à la colère, tandis qu'un grand parleur sera souvent et très facilement esclave de cette passion fougueuse.
7. Le vrai solitaire s'efforce de tenir renfermée et comme en prison dans son propre corps la substance incorporelle de son âme — suprême paradoxe.
8. Le chat, afin de prendre quelques rats, use de mille ruses et d'une grande attention; le solitaire doit employer toutes les ressources de son esprit et la plus grande vigilance pour prendre le démon, qui est un bien mauvais rat. Que cette. comparaison, je vous prie, ne vous paraisse pas méprisable, ou bien, je suis obligé de vous dire que vous ignorez pleinement en quoi consiste la vie érémitique.
9. Le religieux qui vit dans la solitude, est bien différent du religieux qui vit dans une communauté. Le solitaire doit jeûner beaucoup, avoir beaucoup de force d'esprit et un grand courage pour persévérer; car il n'a que son ange gardien pour le secourir et le protéger; tandis que le cénobite peut encore recevoir des secours de ses frères.
10. Les esprits célestes prennent plaisir à rester et agir avec un bon anachorète; mais peut-on en dire autant d'un mauvais solitaire ?
11. Elle est immense la profondeur des mystères de la foi; c'est un abîme sans fond. Qui voudrait y pénétrer, ne saurait le faire sans s'exposer évidemment à se perdre.
12. La cellule d'un solitaire renferme son corps, et son corps renferme le principe de ses pensées.
13. Quiconque, se trouvant encore agité par des passions insolentes, ose embrasser la vie érémitique, je le compare à un insensé qui, voyageant sur mer, sauterait au milieu des flots dans l'espérance qu'une simple planche sera capable de le faire arriver heureusement au port.
14. Ceux donc qui ont à combattre une chair rebelle, ne peuvent pas encore se retirer dans la solitude. Il faut qu'ils attendent un temps plus favorable; et quand même ce temps arriverait, ils auraient besoin d'y trouver un conducteur prudent, sage et pieux. En effet pour embrasser une vie si parfaite, il faut avoir la vertu et les forces des anges, et l'on comprend bien qu'en parlant de la sorte, je n'ai en vue que la vie solitaire, qui consiste autant dans le corps que dans l’esprit, et qui sépare absolument de toute société humaine.
15. Le solitaire relâché ne craindra pas d'employer le mensonge pour faire croire aux autres, par des paroles obscures et à double sens, qu'ils doivent l'engager à sortir de la solitude; mais à peine a-t-il abandonné sa cellule, qu'il s'en prend au démon. Le malheureux ! ne devrait-il pas savoir que lui-même a été, son propre démon ?
16. J'ai vu des anachorètes qui, dans le désert, contentaient admirablement bien le désir ardent qu'ils avaient de plaire à Dieu par des moyens extraordinaires, constants et mille fois répétés : aussi ajoutaient-ils sans cesse de nouvelles flammes à leur amour pour Dieu, de nouvelles ardeurs à leur piété et à leur ferveur, et une nouvelle vivacité de désir à la première.
17. Un vrai solitaire est un ange terrestre qui, par sa vigilance et sa ferveur, bannit de ses prières et de ses amoureuses communications avec Dieu toute espèce de négligence et de tiédeur.
18. Il peut heureusement dire toujours à Dieu : Mon cœur est prêt, ô mon Dieu, mon cœur est prêt. (Ps 56,Cool; ou bien encore : Je dors, mais mon cœur veille. (Can 5,2)
19. Fermez exactement la porte de votre cellule à votre corps, la porte de votre langue aux paroles, et la porte de votre intérieur au démon.
20. La sérénité et les ardeurs du soleil à midi font connaître la patience du matelot; et la privation des choses nécessaires à la vie démontre la constance de l'anachorète à souffrir, car le matelot fatigué par les rayons brûlants du soleil, se jette au milieu de l'eau pour se rafraîchir; et le solitaire battu par l'ennui que lui cause la solitude, se précipite au milieu de la foules, afin d'y trouver la dissipation.
21. Ne crains pas, mais regardez comme des jeux ces orages que les démons suscitent autour de vous. La véritable pénitence ne sait ni craindre ni trembler.
22. Tous ceux qui ont coutume de faire leurs prières dans les dispositions requises, parlent à Dieu de la même manière qu'un favori parle à son souverain; mais les personnes qui ne prient que de bouche, sont semblables à des gens qui, tandis que leur roi tient son conseil, se jetteraient à ses pieds; et celles qui prient étant encore dans le siècle, ressemblent à des hommes qui présentent des requêtes à leur prince au milieu du tumulte de tout un peuple. Or vous comprendrez facilement la portée de ces comparaisons, si vous avez le bonheur de connaître la vraie manière de bien prier.
23. Ayez soin de vous tenir sur la partie la plus élevée de vous-même pour voir comment, quand, et d'où viennent les voleurs qui désirent ravager la vigne spirituelle de votre âme, et pour connaître combien ils sont nombreux.
24. Une âme fatiguée des exercices de piété saura bien se rétablir et vaquer à la prière, et puis après reprendre ses exercices spirituels avec une ardeur toute nouvelle.
25. Un homme qui avait lui-même éprouvé tout ce que je viens de dire, avait pris la résolution d'en parler avec soin et exactitude; mais il craignit qu'en le faisant, il ne diminuât l'ardeur des personnes qui se présentaient au combat remplies de zèle et de courage, et que par le bruit de ses paroles il n'effrayât celles qui marchaient généreusement dans le chemin de la perfection.
26. Quiconque parle de la vie solitaire avec exactitude et connaissance, s’attire par là même la haine des démons; car il fait discerner les moyens artificieux dont ces misérables se servent pour perdre les âmes.
27. L'anachorète plein de ferveur pénètre dans les secrets jugements du Seigneur; mais il ne reçoit cette faveur éminente qu'après avoir combattu et vaincu mille tentations diverses, triomphé des démons dans un très grand nombre de combats, chassé loin de lui tout trouble et toute agitation, et nous pourrions ajouter après avoir été comme mondé et accablé sous le poids de ces terribles épreuves. C'est, si je ne me trompe, ce que le grand apôtre Paul nous montre lui-même par son exemple. En effet aurait-il jamais connu les secrets ineffables qui lui furent révélés, si auparavant il n'avait été transporté dans le ciel, comme dans un lieu d'un repos parfait ? (cf. 2 Cor 12,4).
28. Dieu fera donc entendre de grandes choses à celui qui mènera dans la solitude une vie angélique. C'est pourquoi nous voyons dans le livre de Job cet homme très sage, parlant au nom de ce repos sacré et sage de la solitude, prononce cette sentence : Est-ce que le Seigneur ne fera pas entendre à mes oreilles des choses extraordinaires ? (Job 4,12-18)
29. Il pratique réellement bien les devoirs de la vie érémitique, celui qui, sans haine, évite leur rencontre avec autant de soin que les autres en mettent pour la rechercher. Or il n'agit de la sorte, qu'afin de conserver les douceurs célestes qu'il a le bonheur de goûter.
30. Voulez-vous sortir du monde pour aller dans la solitude, défaites-vous promptement de tout ce qui peut encore vous attacher au siècle; distribuez vos biens aux pauvres, car, pour les vendre, il vous faudrait du temps; donnez-les surtout aux moines qui sont pauvres, afin qu'ils unissent leurs prières aux vôtres, et que vous puissiez obtenir la grâce d'embrasser dignement la vie solitaire. Prenez ensuite votre croix, et portez-la en accomplissant fidèlement tous les devoirs que vous impose la sainte obéissance. Soutenez courageusement le fardeau que vous vous serez vous-même imposé en renonçant d'une manière parfaite à votre propre volonté : Venez et suivez-moi, et je vous conduirai à ce bienheureux repos, à cette sainte familiarité et à cette ineffable union avec Dieu, et je vous enseignerai les exercices et la manière de vivre des puissances célestes. Or, comme les anges ne se lasseront jamais pendant les siècles éternels de chanter les louanges de Dieu; de même une personne qui est entrée dans le paradis de la solitude, ne cessera de célébrer la gloire de son créateur, de son bienfaiteur. Les pures intelligences ne se mettent pas en peine des besoins corporels, puisqu'elles n'ont point de corps; les hommes qui sont, pour ainsi dire, sans corps, quoique avec un corps, ne conservent aucune inquiétude sur leurs nécessités corporelles. Les anges n'ont que faire de prendre de la nourriture, et les religieux dans la solitude la prennent sans sentiment de plaisir. Les anges méprisent l'or et les richesses, et les solitaires à ce mépris ajoutent encore le mépris des persécutions que leur font les démons. Les esprits célestes ne sont point touchés ni émus par l'amour des choses visibles, et les anachorètes, dont le corps, est sur la terre, mais dont le cœur est dans le ciel, sont également insensibles à toutes ces choses : toute leur estime et toute leur affection sont pour les biens célestes. Les anges feront toujours des progrès dans l'amour de Dieu, et les solitaires ne cesseront pas de marcher sur leurs traces. Les béatitudes célestes n'ignorent pas que leurs progrès dans l'amour de Dieu augmentent leurs richesses et leurs trésors, et les anachorètes savent fort bien qu'ils croissent dans la grâce de Dieu, à mesure qu'ils croissent en amour pour Lui et en ferveur. Enfin ces fervents religieux ne s'arrêteront jamais, mais feront tous leurs efforts pour parvenir le plus qu'ils pourront à la perfection des séraphins, et n'auront de repos que lorsqu'ils seront devenus eux-mêmes de nouveaux anges. Heureux celui qui espère de jouir d'un si grand bonheur ! Mais trois fois heureux celui qui, devenu ange dans le ciel, y possède le bonheur pour lequel il soupirait avec tant d'ardeur sur la terre !

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Ven 21 Aoû 2015 - 13:27

DES DIFFÉRENTES ASPECTS DE LA VIE ÉRÉMITIQUE.

31. Personne n'ignore que dans tous les arts et dans toutes les sciences, il y a des opinions diverses et des sentiments différents; car les hommes ne sont pas également parfaits dans toute chose, tantôt par défaut de travail et de diligence, tantôt par défaut d'intelligence et de lumières. Aussi voyons-nous des gens s'empresser de courir dans la solitude, dans l'espérance d'y trouver un port assuré de salut; et malheureusement ils n'y rencontrent qu'un abîme sans fond qui les engloutit : ils prétendaient y guérir leur langue de l'intempérance des paroles et des honteuses habitudes de leurs corps, et ils y ont augmenté leur mal. Nous en voyons d'autres voler dans les déserts, parce que, n'ayant pu triompher de leur humeur irascible, en vivant au milieu de leurs frères, ils espèrent en triompher plus efficacement dans la solitude; mais ils sont dans une misérable erreur. Nous en voyons d'autres embrasser la vie érémitique, parce que, remplis d'orgueil, ils aiment mieux vivre selon leur propre volonté, que de se laisser conduire par un supérieur ou un directeur; d'autres vont dans la solitude, parce qu'en vivant au milieu des occasions dangereuses, ils n'ont pas la force d'y résister; d'autres désirent la vie solitaire, afin de se rendre plus exacts dans l'accomplissement de leurs devoirs; d'autres choisissent ce genre de vie, afin de pouvoir se punir plus sévèrement de leurs fautes; d'autres ne cherchent la solitude que pour se faire un nom devant les hommes, d'autres enfin, si toutefois le Fils de l'homme, en venant sur la terre pour juger le monde, en trouve de semblables, uniquement enflammer d'amour pour Dieu, et trouvant dans cet amour des délices ineffables, se donnent à la vie érémitique comme à une épouse uniquement aimée. Ne font-ils encore cette démarche que lorsqu'ils ont fait un divorce absolu avec la négligence et la tiédeur. En effet l'union de la vie érémitique avec un esprit de paresse forme une espèce de fornication spirituelle.
32. Telles sont les différentes dispositions qui portent les hommes à la vie érémitique: je n'ai pu en parler que d'après mon peu de lumières; c'est à chacun devoir quelles sont celles qui lui font désirer de vivre dans la solitude. Serait-ce pour y être plus à son aise, en ne suivant que sa propre volonté, ou pour se procurer l'estime des hommes ? serait-ce pour mortifier l'incontinence de la langue, ou pour triompher de la colère ? serait-ce pour fuir les occasions de pécher, ou pour expier plus efficacement les fautes qu'on a commises ? serait-ce pour devenir plus exact et plus fervent dans les exercices de la piété, ou pour augmenter en soi-même le feu sacré de l'amour de Dieu ? Les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers. Or de ces huit sortes de vie solitaire il y en a sept qui représentent les sept jours de la semaine, et cette semaine est l'image de la vie présente; mais les unes sont agréables, les autres sont odieuses à Dieu, et la huitième, nous pouvons le dire hardiment : Elle est la figure du bonheur éternel.
33. Vous qui vivez dans la solitude, observez attentivement le temps où les bêtes féroces qui font la guerre à votre âme, ont coutume de venir vous attaquer : autrement il vous sera impossible de leur tendre à propos les pièges capables de les prendre et de les enchaîner. Si la paresse, à laquelle vous aurez entièrement renoncé, n'est plus votre partage, vous combattrez et vaincrez sans peine tous vos ennemis; mais si, au contraire, elle règne encore en vous, je ne vois pas pourquoi et comment je pourrai louer le genre de vie que vous avez embrassé.
34. D'où est-il arrivé qu'il n'y a pas eu autant d'hommes extraordinaires en lumières et en sainteté dans le monastère de Tabenne que dans celui de Scété. Comprenne qui pourra. Je ne peux en parler, ou plutôt, je ne désire pas le faire.
35. Parmi ceux qui passent leur vie dans ces profondes solitudes, les uns travaillent spécialement à mortifier leurs passions; les autres se livrent au chant des psaumes et emploient la plus grande partie de leur temps au saint exercice de la prière; les autres enfin, s'appliquent à la méditation et à la contemplation des choses du cie. Ceux qui voudront connaître quelles sont les personnes les plus avancées dans la vertu et dans la perfection de la vie érémitique, pourront le faire en se servant de la comparaison prise des échelons d'une échelle. Que l'homme qui désirera donner une solution à ce problème, ne s'y applique que selon les lumières qu'il aura reçues du Seigneur.
36. Il faut avouer ici qu'il y a dans les monastères cénobitiques des âmes lâches et paresseuses qui, trouvant le sujet et l'occasion de nourrir leur honteuse et criminelle indolence ne marchent pas, mais courent à leur perte éternelle comme aussi il y en a d'autres qui profitent de l'ardeur et du zèle des personnes avec lesquelles elles vivent, pour se corriger de leur tiédeur et de leur négligence. Mais, hélas ! ce ne sont pas seulement les moines travaillés et dominés par la paresse , qui se perdent dans les monastères, il arrive encore que les plus fervents se relâchent par le mauvais exemple des négligents et des paresseux.
37. Or ce que nous disons de la vie cénobitique, nous sommes obligé de le dire de la vie érémitique : car plusieurs personnes qui l'ont embrassée, avant de le faire paraissaient être ferventes et propres à la pratique des vertus les plus belles et les plus rares; mais cette vie les a gâtées et corrompues, parce qu'elles n'y sont entrées que pour y vivre et s'y conduire avec plus de liberté et selon leurs goûts. C'est pourquoi elles auraient dû s'apercevoir et se reprocher de n'être que des gens amis des plaisirs et des commodités de la vie. D'autres, au contraire, qui dès le principe n'avaient choisi la solitude que par un esprit de paresse et de lâcheté, frappées et épouvantées de la pensée qu'au tribunal de Dieu elles auront, elles seules , à répondre de toutes les actions de leur vie, se sont converties, ont fait des prodiges dans le chemin de la vertu, et ont acquis une grande ferveur dans les exercices de la piété.
38. Que celui qui est esclave de la colère, de l'orgueil, de la dissimulation, de l'hypocrisie et du souvenir des injures, se garde bien de faire un seul pas pour entrer dans la solitude; car il est grandement à craindre pour cet homme que le seul fruit qu'il retirerait de sa témérité, ne fût de tomber dans un funeste endurcissement. Quant à ceux qui se sont heureusement délivrés de ces vices, ils pourront peut-être comprendre le parti qu'ils ont à prendre; mais néanmoins je ne crois pas qu'ils le puissent tout seuls et par eux-mêmes.
39. Les qualités, les occupations et les raisonnements des personnes qui, pour des raisons suffisantes, ont embrassé la vie solitaire, consistent dans le calme parfait de l'âme qui s'est mise à l'abri de toutes les tempêtes excitées par les vents des passions, dans des pensées saintes et pures, dans une intime union avec Dieu, dans un souvenir constant des supplices éternels, dans la pensée de la mort qui menace de près, dans un amour insatiable de la prière, dans la vigilance constante sur les sens, dans la ruine entière des affections déshonnêtes, dans l'affranchissement des appétits charnels, dans la mort à l'esprit et aux maximes du monde, dans l'indifférence pour le manger, dans la méditation des vérités surnaturelles dans les lumières d'un discernement sage et prudent dans le don des larmes d'une pénitence sincère, dans le retranchement absolu des discours vains et inutiles, et dans tout ce qui n'est pas agréable aux personnes qui ont coutume de vivre sans ordre et sans règle.
40. Et voici, d'un autre côté, les marques auxquelles on peut reconnaître que l'on n'a pas embrassé la vie érémitique par de bons et de louables motifs : la privation des dons, des grâces et des richesses du ciel, l'augmentation de la mauvaise humeur, les accès de colère, le souvenir des injures, le refroidissement de la charité, un surcroît d'orgueil, et plusieurs autres défauts que je passe sous silence.
41. Mais, puisque nous en sommes venus là, il me semble qu'il convient de dire quelque chose des personnes qui vivent sous l'obéissance et la direction d'un supérieur, d'autant plus que c'est à elles que nous adressons ce petit ouvrage. Nous dirons donc quelles sont les marques qui distinguent ceux qui réellement, sincèrement et avec une grande pureté d'intention, ont embrassé cette sainte et honorée vertu d'obéissance. Or ce sont nos pères, ces hommes si vertueux et si remplis de l'esprit de Dieu, qui nous les ont enseignées; et quoique les qualités des heureux enfants de l'obéissance ne doivent recevoir leur perfection qu'au temps que le Seigneur a fixé, ils ne laisseront pas chaque jour de les augmenter et de les faire croître en eux. Elles consistent donc, ces marques et ces qualités de la véritable obéissance, dans une augmentation continuelle d'humilité, dans une diminution progressive de la colère, dans l'extinction du fiel et de la bile, dans la dissipation sensible des ténèbres de l'esprit, dans l'accroissement de la charité, dans l'affranchissement des passions et des penchants vicieux, dans un renoncement généreux à toute haine et à toute aversion, dans la mortification de la chair conformément aux avis que l'on reçoit, dans la fuite de toute paresse et de toute négligence, dans une exacte diligence à remplir ses devoirs, dans une tendre, et efficace compassion pour ses frères, et dans la destruction parfaite de l'orgueil. Mais cette dernière qualité de l'obéissance, nous devons tous chercher avec les plus grands soins à nous la procurer; et cependant bien peu la possèdent : à une fontaine sans eau peut-on donner le nom de fontaine ? Il me comprendra facilement celui, qui sera doux d'intelligence.
42. Une jeune épouse qui viole la foi jurée à son époux profane son corps et se déshonore; une âme qui viole la foi qu'elle avait donnée à Dieu, souille et flétrit sa conscience. La haine publique, la bonté, les châtiments, et par dessus tout, un déplorable divorce sont les maux que s’attire une épouse infidèle. L'infidélité sacrilège d'une âme est suivie de mille souillures, de l'oubli de la mort, d'une insatiable intempérance, de l’insolence et de l'impudeur des yeux, de l'amour de la vaine gloire, de l'envie continuelle de dormir, de l'endurcissement du cœur, de l'aveuglement de l'esprit, d'une horrible confusion dans les pensées, d'une volonté de plus en plus portée au péché, de l'esclavage des passions les plus viles, d'un tumulte et d'un désordre effrayants, de l'esprit d'opiniâtreté et de contradiction, d'une abominable affection pour les créatures, de l'infidélité dans la foi, d’une indigne défiance envers Dieu, d'une insupportable loquacité, d'une licence effroyable, d'une vaine confiance en soi-même, laquelle peut justement être regardée comme le plus grand de tous les maux, et, ce qui est le comble de la misère, de la sécheresse du cœur, qui le rend incapable du moindre mouvement de pénitence et de componction, et qui, lorsqu'on la néglige, se change en une stupide insensibilité, laquelle ouvre la porte à tous les vices et à tous les crimes.
43. Nous pouvons affirmer ici que parmi les huit péchés capitaux, il y en a cinq qui font la guerre aux anachorètes, et trois aux cénobites.
44. Un solitaire qui s'amuse à combattre la paresse d'une manière directe, perd un temps qu'il emploierait bien mieux à la prière et à la méditation.
45. Or voici ce qui m'est arrivé à moi-même dans le temps que je vivais dans la solitude : un jour je fus assailli dans ma cellule d'un si grand découragement, que j'étais sur le point de l'abandonner; mais au même instant arrivèrent quelques étrangers qui me donnèrent tant de louanges sur la vie que je menais, que les pensées de vaine gloire eurent bientôt chassé mon ennui et mes pensées d'abattement. Sur cela je ne pouvais assez admirer la manière dont se sert le démon de la vaine gloire pour enferrer les autres démons; c'est pour eux une véritable chausse-trappe.
46. Ne manquez pas, à toute heure, d'observer les mouvements, les tours et les détours, ainsi que la force des inclinations que vous vous sentiriez pour la tiédeur qui s'unit si intimement à l'âme, et connaissez bien d'où viennent toutes ces choses funestes, et où elles peuvent vous conduire; mais n'oubliez pas qu'il n’y a guère que les personnes qui, par le secours du saint Esprit, sont parvenues à la tranquillité du cœur, qui soient capables de faire cet heureux discernement.
47. La première et, principale chose à laquelle un solitaire doit s'appliquer, c'est de chasser de son esprit tous les soins et toutes les inquiétudes que donnent les différentes affaires bonnes ou mauvaises. En effet, celui qui s'occupera avec passion des affaires qui sont bonnes, ne manquera pas peu à peu de s'occuper aussi de celles qui sont mauvaises. C'est ainsi qu'il fera une chute funeste. La seconde chose qui lui est nécessaire, c'est une prière continuelle et fervente; la troisième, c'est une vigilance exacte sur son cœur, capable de le rendre invulnérable. Est-il possible pour une personne qui ne connaît même pas les lettres, de lire dans un livre ? Mais sera-t-il plus facile au solitaire qui n'aura pas la première des trois choses que, nous venons de nommer, de pouvoir acquérir les deux autres ?
48. Ayant eu le bonheur d'obtenir la seconde, je me trouvai parmi les êtres qui tiennent le milieu, et l'un d'eux m'apprit les choses que je désirais savoir. M'étant encore trouvé au milieu d'eux, je me permis de leur demander quel était l'état dans lequel ils contemplaient le Fils de Dieu avant son incarnation; et le même ange me répondit, et me dit qu'il ne pouvait pas satisfaire à ma question, parce que le Fils de Dieu, prince et roi des anges, ne le lui permettait pas. Dites-moi au moins, repartis-je, dans quel état il est à présent. Voici la réponse qu'il me fit : Il est dans l'état qui lui est propre, et non dans un autre. — Mais, repris-je, quelle est donc la manière dont il est assis à la Droite de Dieu son Père ? — C'est un mystère, me répondit-il encore, incompréhensible à l'esprit humain. Enfin je le priai de faire en sorte que j'obtinsse ce que je désirais avec tant d'ardeur. L'heure, me dit-il, n'en est pas encore venue; vous ne possédez pas la flamme du feu céleste. Or je ne sais pas et je ne dois pas dire si cette vision se passa hors de mon corps ou dans mon corps.
49. Il est rare qu'à midi, surtout pendant les chaleurs de l'été, on ne sente pas quelque envie de dormir. Alors, et peut-être seulement alors, il conviendrait de s'occuper d'un travail manuel.
50. Ma propre expérience m'a fait connaître que c'est le démon de l’acédie qui se présente à nous le premier, afin de préparer les voies au démon de la luxure. C'est pour cela qu'il saisit fortement les muscles et les nerfs de nos corps pour les engourdir et nous plonger dans le sommeil, afin que dans cet état il puisse nous faire tomber dans quelques fautes. Si donc vous résistez fortement et avec courage à ces deux démons, ils vous feront une guerre à toute outrance, et, afin de vous décourager et de vous faire abandonner lâchement le champ de bataille, ils feront tous leurs efforts et useront de toute sorte de moyens pour vous faire croire que vous ne recevez aucun avantage spirituel de la vie solitaire que vous avez embrassée; mais rien ne nous démontre plus sûrement que nous les avons vaincus, que lorsqu'ils nous attaquent avec plus de fureur.
51. Êtes-vous obligé de sortir de votre cellule et de paraître en public ? prenez bien garde de perdre le peu de vertu que vous avez acquis. En effet, si vous laissez la porte d'une volière ouverte, les oiseaux ne tardent pas, d’en sortir. Disons-en autant des bonnes œuvres d'un solitaire, s'il ouvre la porte de son cœur à la dissipation.
52. Le plus petit objet dans les yeux fatigue et trouble la vue, et le moindre soin inquiétant trouble la paix et le repos de la solitude; car la vie érémitique consiste essentiellement à mettre de côté toutes les pensées et toutes les inquiétudes de la vie présente, même celles qui paraissent justes et permises, afin de ne s'occuper que de la grande affaire de l'éternité.
53. Les personnes qui ont embrassé cette vie de tout leur cœur, ne se mettent même pas en peine des besoins et des nécessités de leur corps : elles ne peuvent ignorer qu'il est incapable de manquer à sa parole, Celui qui S'est engagé à prendre soin de ses enfants.
54. Celui qui prétend offrir à Dieu une âme pure et digne de lui être agréable et qui néanmoins ne laisse pas d'être agité de mille soins divers, ressemble parfaitement à un homme qui, pour courir plus vite et marcher plus facilement, se chargerait les pieds de chaînes pesantes.
55. Ils sont bien peu nombreux les hommes qui se sont fait un grand nom dans les sciences et dans la sagesse de la philosophie; mais ils sont encore plus rares ceux qui ont excellé dans la science et dans la philosophie essentielles à la vie érémitique.
56. Il est bien loin d'être propre à cette vie, l'homme qui ne connaît pas encore Dieu dans les communications d'une sainte familiarité, et, s'il l'embrasse, il s'expose à une infinité de dangers; car la solitude suffoque ceux qui n'ont aucune expérience dans les voies du Seigneur, et, n'ayant jamais goûté les douceurs de Dieu, ils passent leur temps dans le sein des ténèbres fatigantes, des distractions continuelles, des ennuis déchirants, d'une tiédeur délirante et des lassitudes insupportables.
57. Quiconque possède heureusement le don de la prière, évite avec soin la société bruyante des hommes : il la fuit avec autant d'horreur, que les onagres; car n'est-ce pas la prière qui le rend, en quelque sorte, sauvage lui-même, en le retirant absolument de la compagnie de ses semblables ?
58. Quiconque est encore en butte aux penchants déréglés de son cœur, doit employer tout son temps dans la solitude, pour réprimer leurs mouvements, et leur résister. C'est ce que m'a fait connaître le saint vieillard George Arsilaïte, dont le nom et les vertus, mon révérend Père, ne vous sont pas inconnus. Or voici ce qu'il me disait, lorsque, sans succès, il cherchait et s'occupait à me former aux exercices de la vie érémitique : J'ai remarqué, me disait-il, que les démons de la vaine gloire et de la luxure nous attaquent surtout le matin, que c'est à midi que nous tentent les démons de la paresse, de la colère et de la tristesse, et que c'est le soir que le démon de l'intempérance nous fait la guerre.
59. Un cénobite pauvre vaut infiniment plus qu'un anachorète continuellement agité par des distractions.
60. Celui qui est entré dans la solitude par des motifs justes et raisonnables, et qui ne remarque pas chaque jour quelque progrès dans la vertu, ou quelque avantage spirituel, doit se dire à lui-même qu'il ne s'y conduit pas selon l'esprit de Dieu; ou bien, qu'il se laisse tromper par le démon de l'orgueil.
61. La vie solitaire est une union continuelle avec Dieu par un amour ardent et une adoration perpétuelle.
62. Que le souvenir de Jésus règne toujours dans votre esprit et dans votre cœur ! et vous commencerez à connaître quel est le fruit de votre solitude.
63. Remarquez que, comme l’attachement à sa propre volonté fait tomber le religieux qui vit sous la direction et l'autorité d'un supérieur; de même l'omission ou l'intermission de la prière occasionne des chutes au religieux solitaire.
64. Sachez que ce n'est pas plaire à Dieu, mais contenter votre paresse et votre lâcheté, que d'éprouver de la joie et du plaisir, lorsqu'un grand nombre de visiteurs viennent troubler le repos de votre cellule.
65. La prière de cette pauvre veuve qui était vexée par le créancier impitoyable, doit être le modèle de la vôtre. Le grand Arsène, ce digne émule des anges, est l'exemple que tous les cénobites doivent suivre; cherchez donc à imiter dans votre solitude le genre de vie qu'il menait dans la sienne, et ne perdez jamais de vue que cet ange de la terre, afin de ne pas manquer aux ordres de la Providence, et de ne pas se priver des saintes communications qu'il avait avec Dieu, ne craignait pas de congédier souvent les personnes qui venaient le visiter pour le consulter.
66. J'ai observé plus d'une fois que les démons ont coutume de porter les solitaires légers et inconstants, et qui ne sont entres dans la solitude que par un esprit de vertige, à visiter souvent les anachorètes pleins de ferveur et de recueillement; mais c'est afin que ces solitaires vagabonds empêchent les véritables serviteurs de Jésus Christ de s'appliquer à leurs exercices de piété. Faites attention, mon cher frère; je vous en supplie, faites attention à ces coureurs, et n'hésitez pas de leur faire avec charité des reproches et des réprimandes capables de les faire rougir de leur funeste dissipation peut-être que l'humiliation que vous leur ferez, les engagera à mettre un terme à leur vie errante et vagabonde et à se fixer dans leurs cellules. Néanmoins, si vous mettez en pratique cet avis, vous devez prendre garde d'attrister inconsidérément quelque âme qui, dévorée d'une soif ardente de la grâce, viendrait auprès de vous pour y puiser l'eau qu'elle désire et dont elle a besoin, et pour obtenir les secours pour lesquels elle soupire. Au reste dans ces circonstances diverses il faut être doué d'une grande sagesse el d'un discernement exquis.
67. La vie des anachorètes, ou pour mieux dire, des religieux, doit être dirigée par les lumières d'une conscience droite et pure, et par les sentiments et les affections d'un cœur sincèrement et solidement pieux et dévot. Or celui qui marche ainsi dans cette illustre carrière, ne se propose que l'accomplissement de la Volonté du Seigneur dans tous ses exercices, dans toutes ses pensées, dans toutes ses démarches et dans tous ses mouvements. Il n'est rien dans lui qu'il ne fasse avec un grand sentiment de zèle et de ferveur pour la gloire de Dieu, dans le dessein de Lui plaire et en sa sainte Présence; et celui qui n'est pas dans ces heureuses dispositions, ou qui les abandonne, n'a pas encore acquis la vertu qui lui est nécessaire.
68. Quelqu’un disait autrefois : Je découvrirai, en jouant sur ma harpe, ce que j'ai à vous proposer (Ps 78,5), c'est-à-dire, je ferai connaître ainsi mon sentiment à cause de la faiblesse de mon jugement; et moi, j'offrirai à Dieu ma volonté tout entière dans une prière fervente et je suis assuré qu'Il m'exaucera et me fera comprendre quels sont ses desseins adorables sur moi. 69. La foi est une des ailes sur laquelle reposent nos prières pour monter jusqu'au trône de Dieu; mais si celles que je lui adresserai, ne sont pas dignes d'arriver jusqu'à lui, la tête courbée sur ma poitrine, je les répéterai avec une nouvelle foi et une nouvelle instance (cf. Ps 34,13).
70. La foi procure à l'âme une assurance si ferme, qu'elle est inébranlable au milieu des plus grandes adversités.
71. L'homme qui a la foi, n'est pas précisément celui qui croit que Dieu peut tout, mais celui qui est persuadé qu'il obtiendra du Seigneur toutes les demandes qu'il lui adressera.
72. La foi met à notre portée ce que nous n'aurions même pas osé espérer. Le bon larron lui-même donne la preuve
73. Ce qui ouvre la porte de notre âme à la foi ce sont l'adversité et la droiture du cœur; l'adversité en nous rendant fermes et constants; et la droiture, en nous perfectionnant dans la constance et la fermeté.
74. La foi est mère de la vie érémitique; peut-on concevoir comment les solitaires pourraient aimer la solitude, s'ils ne croyaient pas ?
75. Un criminel en prison tremble sans cesse à la seule pensée des magistrats qui doivent le juger et le condamner; or un cénobite dans sa cellule, pourrait-il ne pas craindre le Seigneur ? Le criminel n'a pas autant de raisons de redouter le lieu où il doit être jugé, que le solitaire, le tribunal de Dieu où il faudra comparaître. Mon cher Frère, dans votre solitude cette crainte salutaire vous est absolument nécessaire, afin que vous puissiez chasser et rejeter loin, de vous la tiédeur et la négligence; et c'est le moyen le plus sûr et le plus efficace pour y réussir.
76. Quand un criminel a été condamné, il a sans cesse dans l'esprit qu'on vient le chercher pour le conduire au supplice, mais un véritable serviteur de Dieu ne perd pas de vue le moment où il plaira au Seigneur de le tirer de la prison de soit corps. Un criminel est en proie tous les jours à la douleur la plus poignante, et un solitaire pleure continuellement ses égarements et ses fautes.
77. Si tu prends le bâton de la patience, elle te servira pour éloigner loin de toi les chiens et pour les empêcher d'aboyer autour de toi.
78. La patience met une âme dans un heureux état, elle peut, sans se laisser abattre travailler à son salut et à sa perfection au milieu des rigueurs et des difficultés fatigantes et opiniâtres de ses travaux.
79. La patience est une limite posée à la tribulation, du fait qu’elle l’accueille jour après jour.
80. Un homme patient est donc incapable de tomber, ou s'il lui arrive quelques chutes, ces chutes mêmes lui fournissent les moyens de se relever avec avantage et de terrasser l'ennemi qui l'a fait tomber.
81. Or la patience est une forte et généreuse détermination à souffrir tous les sujets d'affliction qui, chaque jour, peuvent arriver; elle est un retranchement sévère de toutes les occasions capables de nous détourner de l'accomplissement de nos devoirs; elle est une vigilance exacte surtout ce qui regarde le salut.
82. Le religieux a moins besoin de pain pour conserver la vie du corps, que de patience pour conserver la vie de l'âme : c'est, en effet, par la patience qu'il mérite la vie éternelle; et il n'arrive que trop que la nourriture du corps contribue à lui faire perdre cette vie éternelle.
83. L’homme qui pratique la patience, est mort avant de mourir; sa, cellule est son tombeau.
84. L'espérance et la douleur des péchés produisent la patience dans les cœurs; car celui qui ne possède pas ces deux vertus, est ordinairement le vil esclave de la paresse.
85. L’athlète du Christ doit connaître quels sont ceux de ses ennemis qu'il ne doit combattre que de loin, et quels sont ceux qu’il lui est utile d'attaquer de près. Quelquefois le combat nous fait mériter des couronnes, et d'autres fois la fuite du combat fait de nous des gens mauvais et corrompus , mais ici nous ne pouvons pas entrer dans tous les détails pour bien faire comprendre ces choses. En effet, nous n'avons pas tous les mêmes inclinations, nous ne sommes pas tous affectés de la même manière, et nous n'avons pas les mêmes habitudes ni les mêmes dispositions.
86. Tout ce que nous pouvons dire, c'est qu'il est pour nous de la dernière importance d'observer et de connaître quel est le chef des ennemis qui nous font la guerre; car il ne nous laisse ni trêve ni repos : il nous poursuit sans cesse; nous le rencontrons partout, soit que nous nous arrêtions, soit que nous marchions, soit que nous nous reposions, soit que nous nous donnions du mouvement, soit que nous soyons à table, soit que nous n'y soyons pas, soit que nous prions, soit que nous dormions.
87. Quelques-uns de ceux qui ont embrassé la vie solitaire, ne cessent de méditer ces paroles du psalmiste : Je regardais continuellement le Seigneur, et je l'avais toujours devant les yeux (Ps 15,Cool. Mais, comme les pains faits avec le froment du ciel pour nourrir les âmes, ne sont pas tous faits de la même manière, d'autres trouvaient leur nourriture spirituelle dans la méditation de ce précepte de Jésus-Christ : Vous posséderez vos âmes dans la patience (Lc 21,19) d'autres, dans cet autre précepte : Veillez et priez sans cesse (Mt 26,41); d'autres : Disposez au dehors vos affaires, et préparez votre champ avec grand soin, afin que vous puissiez bâtir votre maison (Pro 24,27); d'autres avaient continuellement dans l'esprit ces paroles : Parce que j'ai été humble, le Seigneur a pris soin de moi et m'a délivré (Ps 114,6); quelques autres repassaient sans cesse dans leur mémoire cette belle sentence : Les souffrances de la vie présente n'ont aucune proportion avec la gloire future que nous en attendons (Rom 8,18); d'autres pensaient à cette sentence : Vous qui tombez dans l'oubli de Dieu, comprenez ces choses, et craignez qu'il ne vous enlève tout d'un coup, et que personne ne puisse vous délivrer de ses mains (Ps 49,22). Tous courent a dans la même carrière; mais il n'y en a qu'un seul qui remporte le prix.
88. Quiconque a fait des progrès dans les voies de la vie érémitique, pratique la vertu avec une grande facilité, non seulement pendant son réveil, mais encore pendant son sommeil. C'est ainsi qu'il arrive à certaines personnes de chasser ignominieusement, dans leurs songes, les démons qui cherchent à les porter au péché, et d'exhorter à la pratique de la chasteté des personnes qu'en rêvant elles se figurent porter à violer cette vertu céleste.
89. Cependant ne vous attendez pas à ces sortes de tentations, comme si elles devaient vous arriver, et ne vous préparez pas à faire des discours aux personnes que vous supposeriez devoir tendre des pièges à votre innocence; car la vie d'un solitaire doit être simple, libre et exempte de tout embarras.
90. Celui qui veut bâtir la tour céleste de cette vie, ne doit se mettre à l'œuvre qu'après avoir longtemps examiné et pesé devant Dieu s'il a les matériaux nécessaires et les autres choses indispensables pour achever son ouvrage, et qu'après avoir recommandé au Seigneur, par des prières ferventes, le succès, de son entreprise, il doit craindre qu'ayant jeté les fondements de cet édifice spirituel, il ne soit pas capable de le terminer, et qu’ainsi il ne devienne la risée et le triste jouet de ses ennemis, et une pierre d'achoppement et de scandale pour les personnes qui seraient dans le dessein d'entreprendre le même ouvrage. 91. Donnez une attention spéciale à la suavité et aux délices intérieures que vous éprouvez; car il est à craindre pour vous que ce ne soient des médecins cruels, ou plutôt, des ennemis dangereux qui fassent sentir ces douceurs à votre âme, et qu'ils ne vous trompent par cette suavité imaginaire.
92. Vous devez pendant la nuit consacrer à la prière et à la méditation tout le temps dont vous pourrez disposer. Quant à la psalmodie, vous n'y emploierez que quelques moments. Préparez-vous ensuite à bien remplir tous vos exercices de la journée. 93. Rien ne contribue plus à éclairer et à recueillir l'esprit que les saintes lectures : ce sont les paroles mêmes du saint Esprit; elles donnent l'intelligence et la sagesse aux personnes qui les lisent et les méditent.
94. Dans l'état que vous avez embrassé, il faut que vos lectures soient propres à vous encourager à en remplir exactement les obligations; car la résolution ferme et généreuse de les accomplir fait qu'on n'a plus besoin que des secours nécessaires pour être fidèle à cette résolution.
95. Vous trouverez plus sûrement le salut dans la pratique des bonnes œuvres que dans la lecture des livres.
96. Vous devez éviter de lire les livres étrangers et surtout opposés au genre de vie que vous menez, mais ne perdez jamais de vue qu'avant toute chose vous avez besoin d'être instruit de la science et d'être fortifié par la vertu de l'Esprit saint. Les paroles toujours obscures des hommes ne sont propres qu'à obscurcir de plus en plus les faibles lumières de notre intelligence.
97. Pour connaître la qualité du vin, il suffit de goûter un peu; ainsi un seul entretien peut souvent faire comprendre à ceux qui ont du discernement, quel est l'état et quelles sont les dispositions d'un anachorète.
98. Gardez-vous bien de jamais cesser de vous défier du démon de l’orgueil, et de vous précautionner contre ses ruses; car c'est le plus adroit et le plus subtil ennemi de votre vertu.
99. Sortez-vous de votre cellule, veillez attentivement sur votre langue; car elle est capable de vous faire perdre en un instant tout le fruit des bonnes œuvres que vous avez pratiquées avec tant de peines et de travaux.
100. Abstenez-vous scrupuleusement de toute occupation qu'une vaine curiosité vous proposerait : elle vous serait au moins inutile; car la curiosité pour tant de choses est ce qu'il y a de plus capable de troubler et de souiller le saint repos d'un solitaire.
101. Soit pour l'âme, soit pour le corps, donnez aux personnes qui viennent vous visiter toutes les choses qui sont en votre pouvoir. Si c'étaient des religieux puissants en vertus et en sagesse, nous nous contenterions de leur faire connaître ce que nous sommes, et nous les écouterions en silence; si, au contraire, ce n'étaient que de simples religieux, nous nous entretiendrions avec eux dans un esprit de modestie et de modération, et nous n'oublierions pas qu'il nous est très utile de penser et de croire que les autres valent mieux que nous.
102. J'avais dessein de conseiller ici aux personnes nouvellement entrées dans un monastère, de s'appliquer à des travaux incapables de les détourner de la prière; mais l'exemple de ce religieux qui pendant la nuit portait du sable dans son manteau, m'en a empêché.
103. Comme ce que la foi nous enseigne de la très sainte, éternelle et adorable Trinité, est différent de ce qu'elle nous propose à croire sur l'Incarnation du Fils de Dieu, qui est une des trois personnes de la glorieuse Trinité, puisque ce qui est au nombre pluriel dans la sainte Trinité, est au nombre singulier dans le Fils de Dieu fait homme, et que ce qui est au nombre singulier dans la sainte Trinité, est au nombre pluriel dans le Christ; de même il y a des exercices qui conviennent à la vie érémitique, et il y en a d'autres qui conviennent à la vie cénobitique.
104. Le divin Apôtre a dit : Quel est l'homme qui connaît les pensées et les conseils du Seigneur ? (Rom 11,34) Pour moi, je dis : Quel est celui qui peut comprendre les pensées d'un homme qui, d'esprit et de corps, passe sa vie dans la solitude ?
105. La puissance d'un roi consiste dans l'abondance et la richesse de ses trésors et dans le nombre de ses sujets; mais la puissance d'un solitaire consiste dans l'abondance de ses prières.

Charles-Edouard
Grand Emérite du combat contre l'antichrist

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L'échelle sainte de Saint Jean Climaque, parvener à la sainteté! - Page 2 Empty Re: L'échelle sainte de Saint Jean Climaque, parvener à la sainteté!

Message par Charles-Edouard Ven 21 Aoû 2015 - 13:28

VINGT-HUITIÈME DEGRÉ
De la prière, sainte et féconde source de vertus; du recueillement de l'esprit et du repos du corps qui lui sont nécessaires.


1. Si vous envisagez la prière en elle-même, dites que c'est une sainte conversation, une douce union avec Dieu; mais si vous considérez sa vertu et sa puissance, il faut dire que c'est elle qui conserve le monde, réconcilie la terre avec le ciel, produit les larmes sincères du repentir et en naît quelquefois, efface les péchés, triomphe des tentations, nous console et nous protège pendant le temps fâcheux des afflictions, met une fin et un terme aux guerres cruelles que nous font nos ennemis, exerce dans nous les fonctions des anges, devient la nourriture des esprits, procure les joies futures, entretient le coeur dans une action continuelle, fait acquérir les vertus, obtenir les dons célestes, et avancer à grands pas dans les voies de la perfection; il faut ajouter qu'elle est le vrai froment de l'âme, la lumière de l'esprit, la ruine du désespoir, la maîtresse de l'espérance, le fléau de la tristesse, la fortune des religieux, le trésor des solitaires, l'extinction de la colère, le miroir des progrès dans la vertu, la démonstration certaine des règles qu'on doit suivre, la manifestation de l'état de notre âme, la notion claire des biens futurs et l'indice de la gloire éternelle; il faut enfin avouer qu'elle est, dans la personne qui prie, une espèce de palais et de tribunal où le souverain Juge, sans attendre le dernier jour, rend à tout moment ses arrêts de justice et de miséricorde.
2. Levons-nous et écoutons avec attention cette reine des vertus qui nous appelle et qui nous adresse ces paroles à haute voix : Venez à Moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et Moi je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug, et vous trouverez le repos pour vos âmes et la guérison de vos blessures. Car mon joug est doux, (Mt 11,28-30) et J'ai le pouvoir d'effacer les plus grandes fautes.
3. Lorsque nous nous présentons devant notre Roi et notre Dieu, pour Lui adresser nos vÏux et nos supplications, ayons soin de nous être préparés à cette importante action, et craignons que, nous voyant venir de loin sans les armes spirituelles et sans les autres ornements qu'Il exige de nous, Il ne commande aux exécuteurs de sa justice de nous chasser honteusement de sa Présence, de nous charger de chaînes et de nous conduire en exil, après avoir déchiré sous nos yeux et jeté au visage nos requêtes et nos prières.
4. Allez-vous faire à Dieu quelques prières, revêtez avec soin votre âme des habits qui lui conviennent, dépouillez votre esprit et votre coeur de tout souvenir et de tout sentiment des injures que vous auriez reçues de vos frères; car ce souvenir et ce sentiment paralyseraient absolument l'effet de votre supplication.
5. Faites en sorte qu'elle soit simple, sincère et sans affectation - une seule parole eut jadis le pouvoir de réconcilier avec Dieu le publicain et l'enfant prodigue.
6. Les personnes qui se présentent devant Dieu pour prier, y paraissent presque toutes dans la même posture; mais elles ne prient pas toutes de la même manière, car les formes et les variétés de la prière sont innombrables. En effet les unes parlent et agissent avec Dieu, comme elles le feraient avec un ami ou un maître plein de bienveillance; et, en Lui offrant l'encens de leurs vÏux et de leurs louanges, elles ne pensent pas seulement à elles, mais s'occupent des besoins et des nécessités de leurs frères; d'autres conjurent avec ardeur le Seigneur de leur accorder les grâces, les faveurs spirituelles, la gloire céleste, et d'augmenter en elles la confiance qu'elles ont en sa Bonté; d'autres lui demandent tous les secours dont elles ont besoin pour triompher, et se délivrer entièrement des efforts de leurs ennemis; d'autres sollicitent avec instance quelque avantage spirituel qu'elles désirent avec beaucoup d'ardeur; d'autres expriment à Dieu combien elles désirent pouvoir êtres déchargées des inquiétudes cruelles que leur fait éprouver le souvenir des dettes qu'elles ont eu le malheur de contracter vis-à-vis de sa justice; d'autres énoncent combien elles souhaitent de sortir de la prison de leur corps; d'autres se contentent de postuler le pardon des fautes qu'elles ont commises.
7. Témoigner à Dieu une vive et sincère reconnaissance des bienfaits que nous avons reçus de Lui, est la première chose que nous avons à faire et à laquelle nous ne devons jamais manquer au commencement de nos prières; une humble et humiliante confession de nos péchés, est la seconde; exprimer à Dieu de tout notre coeur l'horreur et la douleur que nous avons de ms péchés, est la troisième. Or, après que nous aurons rempli ces trois premières qualités de la prière, nous continuerons ce saint exercice, en demandant au Roi de l'univers toutes les grâces que nous désirons et dont nous sentons que nous avons besoin. C'est sûrement là la meilleure manière de faire nos prières; aussi un ange l'a-t-il révélée à un fervent moine.
8. Avez-vous jamais comparu devant un juge de la terre ? rappelez-vous de quelle manière vous en avez agi pour gagner votre procès, et conduisez-vous de même en vous présentant devant Dieu. Si au contraire vous n'avez point paru en présence d'un juge mortel ou que vous n'ayez pas eu occasion de voir les autres à son tribunal, que les malades à qui l'on va faire une opération par le fer et par le feu, vous apprennent à prier Dieu. Voyez avec quelle ardeur, et quelles paroles ils conjurent leur médecin de prendre soin d'eux et de ne pas trop les faire souffrir.
9. Gardez-vous bien de rechercher dans vos prières des mots élégants et bien arrangés; car très souvent les paroles simples et entrecoupées des enfants leur ont attiré l'amitié et les bonnes grâces de leur Père qui est dans les cieux.
10. N'employez pas non plus de longs discours, lorsque vous priez; car le soin et la peine que vous prendriez pour trouver les mots capables d'exprimer vos pensées et vos sentiments, dissiperaient votre esprit et vous feraient perdre le recueillement qui vous est nécessaire. Une seule parole ne mérita-t-elle pas au publicain la plénitude des Miséricordes du Seigneur ? une seule parole ne procurât-elle pas le salut au bon larron sur la croix et au moment d'expirer ? Les grands mots et les belles phrases ne sont propres qu'à remplir l'esprit d'illusion et de dissipation; tandis que quelques paroles dictées par un coeur plein de foi, ont forcé l'esprit à rentrer dans le recueillement et dans l'attention.
11. Vous Sentez-vous ému et touché par quelque pensée ou quelque sentiment que vous exprimez à Dieu, ne passez pas outre : demeurez-y, arrêtez-vous-y; car c'est une preuve que votre ange gardien prie avec vous.
12. Avez-vous de solides raisons de croire que votre coeur est pur et innocent, ne parlez pas pour cela à Dieu avec trop de familiarité, mais avec une humilité profonde, et cette humilité fortifiera votre confiance en sa Miséricorde.
13. Quand même vous auriez acquis toutes les vertus, ne cessez de demander pardon à Dieu de vos péchés. Saint Paul ne dit-il pas lui-même qu'il est le premier des pécheurs (cf. 1 Tim 1,15) ?
14. On assaisonne les viandes avec du sel et de l'huile; mais c'est avec la tempérance et les larmes de la pénitence, qu'on assaisonne la prière.
15. Lorsque vous aurez acquis une douceur parfaite, et que vous aurez complètement triomphé de l'aigreur et de la colère, vous n'aurez que peu de violence à vous faire pour être délivré de tout trouble et de toute agitation dans vos prières.
16. Tant que nous n'avons pas acquis la véritable prière, nous sommes semblables aux petits enfants à qui l'on apprend à marcher.
17. Travaillez donc à élever votre esprit jusqu'au ciel, ou plutôt, à le fixer dans la méditation de certaines paroles qui se trouvent dans vos prières; et, bien qu'à cause de la faiblesse de votre enfance spirituelle, il vous arrive de faire des chutes, relevez-vous promptement et reprenez courageusement votre chemin. Hélas ! malheureusement l'inconstance n'est que trop le funeste apanage de l'esprit humain ! mais le Tout-Puissant peut changer cette inconstance en une constance et une fermeté inébranlables. Or, si vous ne cessez pas de lutter contre l'instabilité de votre esprit, Dieu, qui a fixé des bornes aux flots agités de la mer, en donnera Lui-même aux agitations de votre esprit, et leur dira : Vous viendrez jusque là, mais vous n'irez pas plus loin. (Job 38,11) Il est impossible à l'homme d'enchaîner la légèreté de l'esprit; mais tout est possible à Dieu, car c'est Lui qui a créé l'esprit.
18. Si vous avez jamais considéré Dieu, qui est le soleil de justice, vous pourrez vous entretenir avec Lui selon le respect qui Lui est dû; mais si vous n'avez pas encore eu le bonheur de Le voir et de Le connaître, comment vous sera-t-il donné de pouvoir traiter avec Lui ?
19. Pour mériter ce grand bien, ayez soin de ne jamais commencer vos prières qu'après avoir désavoué et rejeté d'un grand courage toutes les distractions qui vous arriveraient; continuez-les ensuite en appliquant fortement votre esprit à la méditation des paroles dont elles sont composées; enfin tâchez de les terminer par un saint ravissement en Dieu.
20. Les douceurs et la joie qu'éprouvent dans le saint exercice de la prière les religieux qui vivent avec leurs frères, sont toutes différentes des douceurs et de la joie que goûtent les religieux qui vivent dans la solitude. Les premiers, se trouvent exposés aux illusions de la vanité; tandis que les solitaires n'y sont point exposés, puisqu'ils n'ont que Dieu pour témoin de leur prière, la sainte humilité, devient l'âme de leurs communications avec le Seigneur.
21. Vous serez recueilli partout, même à table, si, par des efforts constants et par une attention soutenue, vous vous entretenez dans le recueillement, et que vous veniez à bout de ramener promptement votre esprit, quand il s'égare. Si, au contraire, vous laissez à votre imagination la liberté de folâtrer et de se dissiper, vous serez incapable de la maîtriser, quand même il s'agira de remplir un devoir avec une sérieuse attention.
22. Voilà pourquoi saint Paul, cet homme d'une prière si sainte et si parfaite, n'hésite pas de nous assurer qu'il préfère dans la prière ne dire que cinq paroles du fond du coeur, que d'en dire dix mille de la bouche. (1 Cor 14,19). Mais cette perfection ne peut pas être de suite le partage des jeunes religieux, ni de ceux qui ne font que de commencer à servir Dieu. Ainsi il nous convient, tant que nous serons obligés de nous compter parmi les imparfaits, de nous servir dans nos prières d'un certain nombre de paroles : cette manière de prier nous conduira peu à peu à une autre plus parfaite. En effet, Dieu voyant nos efforts pour rendre nos prières dignes de Lui, bien que réellement elles soient imparfaites, nous accordera le secours dont nous avons besoin pour prier comme il faut.
23. Mais ici faisons attention qu'il y a une grande différence entre ce qui souille nos prières, ce qui les anéantit, ce qui nous les dérobe, et ce qui les dissipe. En effet, nous souillons nos prières en nous laissant aller à des pensées vaines et ridicules; nous les anéantissons, en devenant les esclaves et les jouets des soins inutiles et superflus; nous nous laissons dérober nos prières, en livrant notre esprit, sans vouloir nous en apercevoir, à des pensées vagues et indifférentes; enfin nous nous faisons illusion dans nos prières, lorsqu'en priant, nous nous laissons emporter par quelques mouvements impétueux.
24. Faisons-nous nos prières en présence de plusieurs personnes, efforçons-nous intérieurement d'humilier notre âme de la même manière que ceux qui adressent et présentent des requêtes aux princes, humilient extérieurement leur corps. Sommes-nous seuls, lorsque nous prions et sans directeur, ne nous dispensons pas des dispositions corporelles et extérieures qui conviennent à la prière; car l'esprit se conforme assez au corps dans les personnes qui ne sont pas encore fort avancées dans les voies de Dieu.
25. Tous ceux qui se présentent devant le Roi éternel, mais surtout les personnes qui veulent obtenir le pardon de leurs péchés, doivent, dans leurs intérêts spirituels, Lui offrir les sentiments sincères d'un coeur contrit et humilié. Tant que nous serons dans notre corps, nous sommes obligés d'observer l'ordre et le conseil que l'ange donna autrefois à saint Pierre (cf. Ac 12,Cool.
26. Ceignez-vous donc de la ceinture de l'obéissance; dépouillez-vous entièrement de votre propre volonté, et, mort à vous-même, présentez-vous devant Dieu pour Lui offrir l'encens de vos prières. Car si nous ne nous étudions qu'à connaître et à suivre la Volonté du Seigneur, nous sentirons qu'Il viendra visiter notre âme et la conduire sans danger jusqu'à la vie éternelle.
27. Si vous vous élevez au dessus de l'amour du siècle et des plaisirs de la terre, vous rejetterez loin de vous toutes les inquiétudes de la vie présente, vous débarrasserez votre esprit de toutes les pensées vaines et inutiles, et vous renoncerez à votre propre corps. La prière, en effet, n'est autre chose qu'un renoncement parfait à tout ce qui tient à ce mondé présent; c'est un oubli de toutes les choses que nous y voyons ou que nous n'y voyons pas, de celles qui sont corporelles, ainsi que de celles qui sont incorporelles. Disons donc à Dieu : Qu'y a-t-il dans le ciel pour moi, ô mon Dieu ? rien; eh ! qu'ai-je à désirer sur la terre, si ce n'est vous, ô le Dieu de mon coeur et mon unique partage pour l'éternité ? Ce que je désire uniquement, c'est d'être si fortement uni à vous par la prière, que je ne puisse jamais en être séparé. Que les uns souhaitent et cherchent les richesses et les grandes possessions; les autres, la gloire et les honneurs : pour moi je n'ai d'autre bien ni d'autre avantage à désirer que d'être uni et attaché à mon Dieu et de placer en Lui seul toutes mes espérances et toute l'impassibilité de mon âme. (cf. Ps 72,25-28).
28. C'est la foi qui donne des ailes à la prière; car sans elle, elle ne pourrait pas pénétrer jusqu'au ciel.
29. Qui que nous soyons, éprouvons-nous les troubles et les agitations que donnent les passions et les mauvais penchants, ne nous décourageons pas, mais demandons à Dieu avec une foi ferme et avec instance d'en être délivrés, et ne perdons pas de vue que toutes les personnes qui sont enfin parvenues à la tranquillité du coeur, n'y sont arrivées qu'en passant par cette mer de troubles et d'agitations.
30. Quoiqu'un juge puisse ne pas craindre le Seigneur, il rend néanmoins justice à cause des instantes importunités dont il se voit fatigué; ainsi en agit le Seigneur à notre égard : en voyant notre âme, que nous Lui exposerons, dépouillée de sa grâce par le péché, Il lui accordera de triompher de son corps, qui est son redoutable adversaire, et de se venger des démons, ses cruels ennemis.
31. Ce bon et charitable dispensateur de dons et de faveurs exauce, sans différer, les âmes ferventes et reconnaissantes, et les fait entrer de suite dans le palais sacré de son Amour; mais Il laisse les âmes froides et sans reconnaissance souffrir longtemps la faim et la soif, afin que ces douleurs les forcent, pour ainsi dire, à persévérer dans la prière. Ces âmes malheureuses ne ressemblent que trop à des chiens qui n'ont pas plus tôt reçu un morceau de pain, qu'ils s'éloignent de la personne qui le leur a donné.
32. Ne dites pas que, quoique vous ayez fait de longues prières, vous n'avez cependant fait aucun progrès, ne devez-vous pas voir que cette constance, fut-elle toute seule, serait déjà pour vous un très grand avantage ? En effet peut-il y avoir pour vous rien de plus précieux que cette union que vous avez avec Dieu et que cette persévérance dans le saint exercice de la prière ?
33. Un criminel et un condamné au supplice tremblent moins au souvenir de la sentence qui a été ou qui sera prononcée par leurs juges, qu'un chrétien qui est possédé du désir de faire de bonnes prières, ne tremble de les faire d'une manière qui soit indigne du Seigneur. Aussi la seule pensée de la prière dans une personne sage et fervente pour son salut, suffit pour étouffer en elle tout ressentiment et tout souvenir des injures qu'elle a reçues, réprimer les mouvements de la colère, bannir les soins superflus, négliger les affaires purement temporelles, ne donner aucune attention aux afflictions et aux peines de la vie, garder une exacte tempérance, triompher des tentations, et se préserver des mauvaises pensées.
34. C'est par une prière continuelle du coeur que vous devez vous préparer à la prière intérieure et extérieure par laquelle vous voulez, en vous présentant devant Dieu, Lui offrir vos vÏux et vos supplications. En vous conduisant de la sorte, n'en doutez pas, vous ferez de grands progrès en peu de temps. J'ai vu des personnes éminentes dans la vertu d'obéissance, qui, selon les forces et l'attention dont elles pouvaient jouir, se conservaient fidèlement en la présence de Dieu, lesquelles en se présentant avec leurs frères pour prier, avaient en un instant recueilli et leur esprit et leur coeur, et répandaient des torrents de larmes. C'était l'obéissance qu'elles pratiquaient avec tant de perfection, qui les avait si bien préparées à la prière.
35. La psalmodie qui a lieu dans la communauté, peut, il est vrai, exposer à des distractions et à des pensées de trouble, tandis que la psalmodie des solitaires n'est pas sujette aux mêmes inconvénients; mais la présence de nos frères recueillis et fervents peut nous procurer de la ferveur et nous tirer de la négligence, tandis que la paresse et la lâcheté des solitaires n'ont pas les mêmes remèdes.
36. La guerre que soutient un roi contre ses ennemis, lui fait connaître l'amour et l'attachement que les soldats lui portent; la prière manifeste l'amour et la tendresse que nous avons pour Dieu
37. Elle montre à nous-mêmes le véritable état de notre âme. Ce n'est donc pas sans raison que les théologiens l'appellent le miroir de l'âme du moine.
38. Quiconque, ayant commencé un ouvrage, le continue, lorsque l'obéissance l'appelle à la prière, se trompe grossièrement : il ne suit que l'inspiration des démons; car ces infâmes voleurs nous dérobent, une à une, les heures de notre vie.
39. Quoique -vous n'ayez pas le don de prière, si quelqu'un se recommande à vous lorsque vous prierez Dieu, ne refusez pas cette recommandation; car souvent la foi vive de la personne qui nous demande le secours de nos prières, obtient pour celui à qui cette recommandation a été faite, la grâce d'une sincère contrition qui justifie et qui sauve.
40. Dieu, lorsque vous priez pour vos frères, exauce-t-Il vos prières, prenez bien garde de vous livrer à la vaine gloire : pensez que c'est leur foi qui a donné cette vertu et cette efficacité.
41. Chaque jour les précepteurs obligent leurs élèves à rendre un compte exact des leçons qu'ils leur donnent; de même Dieu nous demandera compte de la force et de la vertu qu'Il aura données à toutes nos prières. C'est pourquoi, lorsque nous prions avec le plus de ferveur, nous devons veiller sur nous avec une attention toute particulière; car c'est alors que les démons nous attaquent avec le plus de violence par des mouvements d'impatience, afin de nous faire perdre le fruit de nos prières.
42. Nous devons, sans aucun doute, pratiquer toutes les bonnes Ïuvres avec une grande affection de coeur; mais c'est surtout à la prière que nous devons cette disposition de notre âme; et nous pouvons dire qu'une âme prie avec cette sainte affection du coeur, lorsqu'elle a parfaitement triomphé de là colère.
43. Ah ! qu'ils sont solides et durables les biens spirituels que nous avons acquis par beaucoup de prières et par de longues années d'épreuves, de travaux et de peines !
44. Quand on a le bonheur d'être uni à Dieu, on ne s'inquiète guère de quelles paroles on se servira pour Lui parler dans l'oraison; car l'Esprit saint prie Lui-même, par des gémissements ineffables dans une, personne qui se trouve dans cet heureux état. (cf. Rom 8,26).
45. Lorsque vous priez, chassez exactement de votre esprit toutes les représentations et les images qui s'y présentent, afin de ne pas tomber dans l'aveuglement et dans l'insensibilité.
46. C'est la prière, même qui vous fera connaître, et qui vous donnera l'assurance, que vos prières auront été exaucées. Or cette assurance est une grâce que nous fait le saint Esprit, par laquelle Il nous ôte tout doute et toute hésitation.
47. Avez-vous un véritable désir que vos prières soient exaucées ? soyez bon et rempli de commisération pour vos frères; car ce sera la miséricorde que nous aurons exercée envers le prochain, qui nous fera obtenir le centuple en ce monde, et la vie éternelle en l'autre. (cf. Mt 19,29).
48. Le feu céleste enflamme de ses bienfaisantes ardeurs les prières que nous sommes résolus de faire avec amour et révérence; et, une fois qu'elles sont ainsi réchauffées, elles montent jusqu'au ciel, et en font descendre dans une âme qui prie dans ces heureuses dispositions, des flammes nouvelles, qui,la purifient et la sanctifient de plus en plus.
49. Il est des personnes qui pensent que la prière est plus utile que la méditation de la mort et de ce qui la suivra; pour moi, je loue ces deux pratiques de piété, et les regarde comme également salutaires. Je crois même qu'elles ont toutes deux la même nature.
50. Observons, que plus un cheval fort et ardent s'avance vers le but où on le dirige, plus il s'anime, s'élance et, par la rapidité de sa course, s'efforce d'arriver. Telle doit être la conduite d'une âme dans l'exercice sacré de la prière. Or par la course que fait, cette âme qui prie, j'entends les louanges qu'elle rend à Dieu. Ainsi, lorsque cette âme généreuse et ardente voit arriver l'heure du combat, elle s'anime, s'encourage, saisit ses armes, vole sur le champ de bataille et se montre invincible.
51. Il est bien pénible pour une personne dévorée par les ardeurs d'une soif brûlante, de se voir enlever l'eau dont elle allait se désaltérer; mais il est bien plus cruel pour une âme qui prie avec de grands sentiments de componction, être obligée d'interrompre son union et sa conversation avec Dieu, lesquelles lui faisaient goûter tant de douceurs et de consolations et qu'elle avait désirées avec une si grande ardeur.
52. Ne mettez pas fin à votre prière, pendant que vous éprouverez en vous-même les ardeurs du feu que Dieu y a mis, et qu'il ne fera pas tarir Lui-même la source des larmes que sa grâce vous fait répandre; car peut-être dans toute votre vie vous ne rencontrerez pas une occasion aussi favorable pour vous faire mériter et pour obtenir le pardon de vos fautes.
53. Il n'arrive que trop souvent que des personnes, après avoir reçu de Dieu le don d'une oraison parfaite, après avoir même goûté quelque temps les délices et les consolations célestes, souillent misérablement leur conscience par des paroles inconsidérées et téméraires, et cherchent ensuite sans succès ce qu'elles avaient coutume de trouver dans leurs prières.
54. Il y a une grande différence entre méditer intérieurement en s'entretenant avec son propre coeur, et conduire ce même coeur en suivant les lumières de la partie supérieure de l'âme qui, étant éclairée par la foi, devient reine et capable d'offrir au Christ des hosties qui lui soient agréables. C'est donc avec raison qu'un de nos pères qui, par leur science, ont mérité le titre de théologiens, a dit, qu'un feu saint et céleste descend dans les personnes qui se livrent à la méditation pour les enflammer, et les purifier des impuretés et des souillures qui leur restent encore, et que ce même feu descend aussi dans les âmes de celles qui ont réglé leur coeur selon les lumières de la foi, pour les éclairer de plus en plus et les faire avancer dans les voies de la perfection. C'est pourquoi ce feu salutaire est justement appelé une lumière qui consume et qui éclaire. Aussi voyons-nous quelquefois des personnes sortir du saint exercice de la prière comme d'une fournaise ardente, et sentir elles-mêmes qu'elles ont été purifiées de leurs souillures et de leurs imperfections, et délivrées de la concupiscence, ce terrible et funeste foyer des péchés; et que d'autres en sortent toutes remplies de lumières, revêtues des riches habits de l'humilité et inondées d'une joie céleste. Ils ont donc prié de corps plutôt que de coeur, ceux qui dans l'oraison n'ont pas éprouvé plus ou moins l'un ou l'autre de ces deux effets; leur prière a donc été une prière judaïque.
55. Si les corps sont capables de changer en touchant d'autres corps, comment pourrait-il demeurer dans le même état, l'homme qui aurait avec une âme et des mains pures touché Dieu dans la prière ?
56. Nous trouvons dans la conduite des rois de la terre une image de la conduite de notre Roi suprême et éternel. En effet Il distribue souvent Lui-même les récompenses qu'Il accorde à ses serviteurs; d'autres fois, il les leur fait distribuer par le ministère de quelques favoris; d'autres fois il n'emploie, pour faire, cette distribution, que le ministère de quelques officiers inférieurs; enfin quelquefois Il ne les donne que d'une manière secrète et cachée. Mais remarquons que toutes ces distributions de récompenses se font selon l'humilité qui règne dans les coeurs.
57. Un roi de la terre ne manquerait pas d'avoir en horreur un sujet qui, tandis qu'il serait devant lui, détournerait le visage pour parler à son ennemi; or quelle horreur le Roi du ciel ne doit-Il pas avoir d'une personne qui dans la prière se détourne de Lui pour s'entretenir avec de mauvaises pensées et les approuver ?
58. Si le démon vient vous distraire pendant vos prières, chassez-le loin de vous, comme vous chasseriez un chien, et ne cédez jamais à ses importunités.
59. Demandez à Dieu ses dons et ses grâces par les larmes du repentir et de la pénitence; mais rappelez-vous que ce sera par l'obéissance que vous les recueillerez, et que c'est par une patience pleine de persévérance que vous devez frapper à la porte de ses Miséricordes : or cette porte est bientôt ouverte à celui qui frappe de cette manière; et tôt ou tard il obtient l'objet de ses désirs et de ses vÏux, celui qui prie Dieu dans ces dispositions.
60. Je vous conseille fortement de ne pas vous charger imprudemment de prier pour une femme; car il est à craindre, que le démon ne se serve de cette occasion pour pénétrer dans votre coeur et vous enlever le trésor précieux des grâces dont Dieu vous a orné et vous a doté.
61. Une autre précaution que vous avez à prendre, c'est de ne pas considérer en particulier et de ne pas examiner scrupuleusement les fautes corporelles que vous avez faites; car vous devez craindre que votre ennemi ne vous tende encore des pièges, et ne se serve de vous-même pour vous faire tomber dans ses embuscades.
62. Le temps que vous devez employer aux exercices et aux affaires spirituelles et nécessaires, ne le prenez pas pour le consacrer à la prière; ce serait encore là une ruse par laquelle le démon voudrait vous empêcher d'obtenir ce qu'il y a de plus avantageux et de plus salutaire dans la vie religieuse.
63. Quiconque a soin de marcher en s'appuyant toujours sur le bâton fort et puissant de la prière, ne fera pas de chutes ou, s'il a le malheur de faire quelques faux pas, sa chute ne sera pas entière. Au reste, la prière est une douce et sainte violence que nous faisons à Dieu.
64. Or les victoires et les triomphes que nous remporterons sur eux, nous feront connaître et sentir quelles sont la puissance et la vertu de la prière. Voilà, pourquoi David s'écrie : J'ai connu, ô mon Dieu, quel a été votre Amour pour moi, parce que vous m'avez donné l'assurance que, dans la guerre que je soutiens, mes ennemis n'auront aucun sujet de s'applaudir des avantages qu'ils auront remportés sur moi ( Ps 40,12). C'est encore pour cette raison que le psalmiste dit : J'ai crié de tout mon coeur, c'est-à-dire de toutes mes forces : Exaucez-moi, Seigneur, et je rechercherai la justice de vos ordonnances (Ps 118,145). C'est enfin pour nous faire comprendre cette importante vérité que le Christ nous fait entendre cette sentence : Lorsque deux ou trois personnes se trouvent réunies ensemble en mon Nom, Je me trouve au milieu d'elles (Mt 18,20).
65. Toutes les personnes, et par rapport au corps et par rapport à l'âme, ne sont pas dans les mêmes dispositions pour chanter les louanges de Dieu; car les unes aiment à chanter les psaumes avec une certaine célérité, et les autres avec une certaine lenteur : les premières en agissent de la sorte, afin, disent-elles, d'éviter les distractions et de s'en délivrer, et les dernières, parce qu'elles ont de la difficulté à bien prononcer et à comprendre les paroles qu'elles chantent.
66. Si vous implorez assidûment le secours du Roi du ciel contre vos ennemis, soyez bien assuré qu'ils ne vous fatigueront pas; car ils se retireront bien vite et d'eux-mêmes ils ne craignent rien tant que de vous fournir des occasions de vous procurer de nouveaux triomphes et de nouvelles couronnes dans les combats où vous les vaincriez en vous servant contre eux de l'arme puissante de la prière. La prière, semblable à un feu brûlant, les éloignera et les fera fuir loin de vous.
67. Ayez donc toujours une ferme confiance en Dieu, et Il sera Lui-même le maître qui vous apprendra l'art salutaire de bien prier. Nous ne pouvons absolument pas nous donner la faculté de voir; c'est Dieu qui nous l'a donnée en nous créant, mais tous les hommes ensemble seront-ils capables de nous faire discerner et connaître quelle est l'excellence de l'oraison ? Ah ! c'est Dieu seul qui peut, dans l'exercice même de la prière, nous faire comprendre et son excellence et les avantages qu'elle nous procure; oui, c'est Dieu qui donne à l'homme toute la science dont il est doué, qui accorde à celui qui prie la grâce de bien prier, et qui répand les bénédictions de sa Tendresse sur les âmes justes et saintes.

Charles-Edouard
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L'échelle sainte de Saint Jean Climaque, parvener à la sainteté! - Page 2 Empty Re: L'échelle sainte de Saint Jean Climaque, parvener à la sainteté!

Message par Charles-Edouard Ven 21 Aoû 2015 - 13:29

VINGT-NEUVIÈME DEGRÉ
Du ciel terrestre, c'est-à-dire de la paix de l'âme, qui la rend semblable à Dieu en la perfectionnant et en lui procurant la résurrection avant la résurrection générale.


1. Voici que, malgré mon ignorance profonde, malgré les ténèbres épaisses que mes passions répandent sur mon esprit, malgré enfin les ombres de la mort de mon corps, j'ai la témérité et la hardiesse de parler du ciel terrestre. Or si les étoiles sont le superbe ornement du firmament, les vertus sont celui de la tranquillité du coeur. C'est pour cette raison que je pense et dis que la paix ou la tranquillité de l'âme n'est rien dÕautre sur la terre qu'un véritable ciel dans lequel une âme qui le possède, ne considère plus les ruses et la méchanceté des démons que comme des jeux et de vains amusements.
2. Il est donc vraiment délivré et maître en même temps de tous les troubles et de toutes les agitations de son âme, l'homme qui a purifié sa chair de toute sorte de taches et de souillures, et qui, par ce moyen, l'a rendue, en quelque façon, incorruptible; qui a su élever ses affections et ses sentiments au dessus des choses créées, et soumettre tous ses sens à l'empire de la raison et de la foi; qui enfin, par une force surnaturelle, a pu placer son âme face à face devant Dieu et la lui consacrer avec une délicieuse confiance.
3. Certains soutiennent que cet heureux état de l'âme est une résurrection, c'est-à-dire un retour de l'âme à son véritable état, avant la résurrection du corps qu'elle anime. Il en est d'autres qui vont jusqu'à dire que la paix et la tranquillité de lÕâme donnent de Dieu une connaissance semblable à celle que les anges en ont.
4. Cet heureux état de l'âme, quoiquÕil soit la perfection des coeurs parfaits, est néanmoins susceptible de s'augmenter sans cesse et presque jusqu'à l'infini. C'est cette tranquillité, ainsi que m'en a assuré un grand serviteur de Dieu qui en avait fait lui-même la délicieuse expérience, laquelle sanctifie et purifie tellement une âme, la détache et la délivre si victorieusement de toutes les affections pour les choses de la terre, que, par un ravissement tout divin, elle l'élève jusque dans les cieux, et qu'après l'avoir conduite au port du salut, elle lui fait contempler Dieu même. Eh ! n'est-ce point de ce ravissement céleste qu'il avait peut-être éprouvé, que David veut parler, lorsqu'il dit : que les dieux puissants de la terre ont été extraordinairement élevés (Ps 46,10). C'est encore ce qu'avait éprouvé ce saint religieux d'Égypte, qui, au milieu de ses frères, priait presque toujours les bras étendus vers le ciel.
5. Cependant cette admirable paix de l'âme n'est pas la même dans tous ceux qui la possèdent; car elle est plus ou moins éminente et parfaite dans les uns que dans les autres. Il y en a, par exemple, qui ont une horreur extrême pour le péché; d'autres, qui sont dévorés par le désir de s'enrichir de vertus.
6. On appelle avec raison la chasteté paix de l'âme; car cette vertu angélique est le principe de la résurrection générale, de l'incorruptibilité et de l'immortalité des créatures devenues par le péché corruptibles et mortelles. Eh ! n'était-ce pas de la tranquillité de l'âme que voulait parler saint Paul, en disant : Quel est l'homme qui a connu l'Esprit du Seigneur (1 Co 2,16) ?
7. N'était-ce pas encore cette vertu que voulait signaler un solitaire d'Égypte, en disant qu'il n'avait plus de crainte du Seigneur ? Voulait-il marquer une autre chose que la paix de l'âme, ce religieux qui priait Dieu de lui permettre d'être encore éprouvé par le feu des tentations ? Quelle est donc encore la personne qui, avant la gloire future, puisse être jugée plus digne de cette tranquillité du coeur, que ce Syrien qui, tandis que David, si illustre parmi les prophètes, disait à Dieu : Accorde-moi , Seigneur, dans le cours de mon pèlerinage, quelque relâche et quelque repos, afin de recevoir quelque rafraîchissement avant que je parte de ce monde (Ps 38), disait lui même : Modère, Seigneur, les effusions surabondantes de grâces et de consolations dont Tu inondes mon âme ?
8. Une âme possède réellement cette précieuse paix, lorsqu'elle est portée au bien et identifiée avec la vertu, comme les méchants sont portés au mal et absorbés dans les plaisirs des sens.
9. Si le dernier comble de l'intempérance consiste à se faire violence pour manger et boire, quand on est parfaitement rassasié, la perfection de la tempérance et de la sobriété consiste à se priver de manger et de boire, lorsqu'on en a un très grand besoin; or une âme ne parvient à ce degré de vertu que par la puissance et l'autorité qu'elle a prises sur les appétits et les inclinations du corps. Si le plus exécrable des excès auquel la luxure puisse porter l'homme qu'elle tient dans son honteux esclavage, est de chercher à contenter sa passion avec des bêtes et des objets inanimés, le plus haut degré de la chasteté est de n'être pas plus touché ni ému par les créatures animées que par celles qui ne le sont pas. Si le dernier terme de l'avarice consiste à ne jamais cesser de travailler pour augmenter les richesses que l'on possède déjà et à ne jamais savoir se contenter, assurément la preuve la plus frappante qu'on aime et qu'on pratique la pauvreté, doit être de ne pas même épargner son propre corps. Se croire dans un état doux et tranquille au milieu des afflictions les plus cruelles, sera la preuve de la plus héroïque patience. Le comble de la fureur et de la colère est bien certainement de se livrer aux emportements, lorsqu'on est seul; le comble de la douceur et de la modération doit donc être de demeurer dans le calme, soit en l'absence, soit en la présence des calomniateurs. Si le dernier degré du délire auquel puisse faire arriver la vaine gloire, consiste à penser et à croire qu'on mérite d'être loué, et qu'on reçoit des louanges que personne ne donne ni ne peut donner; la marque la plus sûre qu'on a foulé aux pieds tout sentiment de vanité, c'est de ne pas en éprouver le plus léger mouvement au milieu même des éloges qu'on nous donne pour les bonnes Ïuvres que nous avons eu le bonheur de pratiquer. Si le vrai caractère de l'orgueil, cette maudite peste des âmes, est de nous faire élever au-dessus des autres, quelque vils et méprisables que nous soyons, ne faut-il pas convenir que le caractère essentiel de l'humilité, cette mère féconde des vertus, consiste à conserver des sentiments d'abjection et de mépris pour soi-même au milieu des plus grandes entreprises et des actions les plus honorables et les plus éclatantes ? Si c'est un témoignage irréfragable qu'on est esclave de toutes les passions, quand, sans aucune résistance, on succombe à toutes les tentations du démon, c'est, à mon avis, une marque certaine qu'il est parvenu à la bienheureuse paix de l'âme, l'homme qui peut dire ouvertement avec David : Je ne connaissais pas le méchant qui s'éloignait de moi, cf. Ps 100,4), et ajouter : Je ne sais ni comment ni pourquoi il est venu, ni comment il s'est retiré ; car étant uni à mon Dieu par des liens si forts qu'ils ne me permettront pas de me séparer de Lui, je suis insensible à toutes ces choses et à d'autres semblables.
10. Or les personnes auxquelles Dieu a daigné accorder cette grâce si sublime, quoique revêtues d'une chair fragile, deviennent et sont des temples vivants de la Divinité, qui les dirige et les conduit dans leurs paroles, leurs actions et leurs pensées, et qui, par les lumières abondantes dont elle éclaire leur esprit, leur fait exactement connaître quelle est son adorable Volonté; et, supérieures à toutes les instructions des hommes, ces âmes fortunées s'écrient dans les sentiments d'un ravissement céleste : Mon âme est toute brûlante de soif pour mon Dieu, qui est le Dieu fort et vivant; quand viendrai-je et quand paraîtrai-je devant la Face de mon Dieu ? (Ps 41,3); et elles ajoutent : Je ne peux plus supporter la violence du désir qui me presse; ô mon Dieu, je désire, je cherche et je demande cette beauté immortelle que Tu m'avais donnée avant cette chair de boue.
11. Mais que pouvons-nous dire de plus ? quiconque possède cette suréminente tranquillité de l'âme, n'est-il pas autorisé à dire avec saint Paul : Je vis, mais ce n'est pas moi qui vis, c'est Jésus Christ qui vit en moi (Ga 2,20), et à dire encore avec le même apôtre : J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi. (2 Tm 4,7)
12. Il y a plus d'une pierre précieuse pour orner le diadème des rois, et la paix de l'âme n'est pas formée par une seule vertu, mais par la réunion de toutes les vertus — elle ne pourrait exister par l'absence d'une seule.
13. Soyez bien persuadé que cette paix est, en quelque sorte, la cour et le palais du Roi des cieux : or dans ce palais comparable à une grande cité, il y a différentes habitations pour les âmes justes : le mur qui entoure cette nouvelle Jérusalem, c'est la rémission de nos péchés. Courons donc, ô mes frères, arrivons jusqu'au lit qui nous est préparé dans ce palais céleste : nous devons y trouver un repos parfait. Eh ! si par un malheur à jamais déplorable nous nous trouvons encore chargés du poids de nos mauvaises habitudes, ou que nous soyons embarrassés par les affaires de la vie qui est si courte, appliquons-nous au moins à nous procurer une place autour du lit nuptial de lÕÉpoux céleste. Si notre tiédeur et notre négligence nous privent encore de cet honneur et de cet avantage, faisons du moins en sorte d'entrer dans l'enceinte de ce palais; car, hélas ! il sera condamné à vivre éternellement dans une désespérante solitude avec les démons, l'homme qui, avant sa mort ne sera pas entré dans cette enceinte, ou plutôt qui n'aura pas escaladé les remparts de cette cité céleste pour pénétrer dans son enceinte. Il faut donc de toute nécessité qu'avec une détermination forte et sincère, nous disions avec David : C'est avec le secours de mon Dieu que je veux traverser le mur, (Ps 17,30); et ce mur, le Prophète nous enseigne que ce sont nos péchés : Vos iniquités, dit-il, ont établi un mur de séparation entre vous et votre Dieu. (Is 59,2) Travaillons avec courage, ô mes amis, pour renverser ce mur de séparation que nous avons si malheureusement élevé par nos désobéissances. Procurons-nous à tout prix la rémission de nos péchés; car personne dans l'enfer ne pourra nous donner les moyens de payer les dettes que nous avons contractées en les commettant. Soyons donc pleins de zèle, ô mes chers frères, pour les intérêts de notre salut; car c'est pour cette fin que Dieu nous fait la grâce de nous enrôler dans sa milice sainte. Soyons bien convaincus que nous ne pouvons nous excuser de n'être pas animés de cette ardeur, ni sur les chutes que nous avons faites, ni sur les circonstances pénibles du temps, ni sur la difficulté de porter le joug du Seigneur; car tous ceux qui, comme nous, ont été revêtus de Jésus Christ dans le sacrement de la régénération, Dieu leur a donné le pouvoir de de devenir et d'être ses enfants (cf. Jn 1,12), et c'est à eux qu'Il adresse ces paroles : Quittez vos téméraires entreprises, considérez et reconnaissez que Je suis votre Dieu (cf. Ps 45,11), et que : Je suis la paix solide et véritable des cœurs. Or c'est à ce Dieu de paix que nous devons gloire et honneur dans les siècles des siècles. Amen. Cette sainte tranquillité transporte de la terre au ciel une âme qui connaît et qui sent sa misère, et réveille le courage d'un pécheur rempli d'humilité, pour le faire sortir de l'ordre de ses passions. Mais l'amour, qui est au-dessus de toute louange, accorde aux personnes qui en sont ornées le pouvoir d'être placées parmi les anges qui sont les princes du peuple de Dieu.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Ven 21 Aoû 2015 - 13:29

TRENTIÈME DEGRÉ
De la réunion des trois vertus théologales, la foi, l'espérance et la charité.


1. Après avoir parlé de toutes les choses qui nous ont occupés jusqu'à présent, nous pouvons dire avec l'Apôtre qu'il nous reste à considérer la foi, l'espérance et la charité, vertus qui sont le fondement et le lien de toutes les vertus chrétiennes et religieuses. Or la plus grande et la plus belle de ces trois vertus, c'est la charité; car Dieu même est appelé Amour.
2. Nous envisagerons la foi comme un rayon du soleil qui nous éclaire; l'espérance, comme la lumière de ce rayon qui nous dirige et nous encourage; et la charité, comme ce soleil tout entier qui nous enflamme et féconde en nous tout le bien que nous faisons. Cependant nous devons dire que ces trois vertus concourent à former la même lumière et la même splendeur.
3. La foi nous rend capables d'exécuter tout ce qu'elle nous fait entreprendre. La miséricorde de Dieu affermit et fortifie l’espérance, et ne souffre pas que cette vertu soit troublée ni confondue. La charité ne fait point de chute, ne s'arrête pas dans sa course et ne permet pas à celui qu'elle a blessé de ses divines flèches, de se donner du repos ni de cesser de se livrer à des actions que l'esprit du monde regarde comme déraisonnables et insensées; mais c'est ici une sage et heureuse folie.
4. Toutes les fois qu'on veut parler de la charité, c'est de Dieu même. Qu'on juge par là combien est grande, difficile et périlleuse la chose que désirent entreprendre les personnes qui ne feraient pas attention à la grandeur de ce qu'elles vont commencer, en voulant parler de Dieu.
5. Les anges connaissent l'excellence de la charité selon le degré de lumière que le Seigneur leur a communiqué.
6. Dieu est amour (1 Jn 4), et celui qui prétendrait expliquer dans ses paroles ce que c'est que Dieu, serait plus insensé et plus aveugle qu'une personne qui voudrait compter tous les grains de sable qui sont sur les bords et dans les abîmes de la mer.
7. La charité est donc quelque chose de semblable à Dieu, et par sa puissance elle rend les hommes qui la possèdent semblables à lui, autant que leur nature peut en être susceptible. Les effets qu'elle produit dans une âme qui en est ornée, c'est de la livrer à une sainte et délicieuse ivresse, d'être pour elle une fontaine intarissable de foi, un abîme de justice et de patience, et un océan d'humilité.
8. La charité chasse de l'esprit toute pensée désavantageuse au prochain; elle ne pense jamais mal de personne (1 Cor 13,5).
9. La charité, la paix du cœur, et l’adoption que Dieu fait de nous au baptême pour être ses enfants chéris, sont trois choses qui ne diffèrent entre elles que de nom, à peu près de la même manière que le feu, la lumière et la flamme. Elles ont toutes les trois la même nature, la même action et les mêmes effets : telle est l'idée que vous devez en avoir.
10. On a plus ou moins de crainte, selon que la charité est plus ou moins parfaite. Il est rempli de charité, ou bien cette vertu est entièrement éteinte dans lui, le chrétien qui ne craint plus rien.
11. Je crois ne pas faire une chose inutile, que de me servir ici de comparaisons tirées des actions humaines afin de donner à comprendre quelle est la crainte, l'ardeur, le zèle, les soins, l'empressement, le respect, l'obéissance et l'amour que nous devons avoir pour Dieu. Heureux donc l'homme qui aime Dieu avec une affection aussi ardente qu'un amant insensé chérit la beauté qui a si misérablement ravi son cœur ! Heureux encore celui qui n'a pas pour Dieu moins de crainte, qu'un criminel n’en a pour les juges qui doivent le juger et le condamner ! Heureux encore le chrétien dont le zèle et l'ardeur dans les voies de Dieu enflamment le cœur autant que l'ardeur et le zèle enflamment celui des serviteurs fidèles et dévoués à leurs maîtres temporels ! Heureux encore celui qui n'a pas pour la pratique des vertus une affection moins prononcée ni moins ardente que les maris jaloux n'en ont pour leurs épouses qu'ils adorent ! Heureuses encore les personnes qui, dans leurs prières, se présentent à Dieu avec le même respect que les officiers se présentent devant leur souverain ! Heureuses enfin les âmes qui s'appliquent à plaire à Dieu avec la même attention, que les hommes eux-mêmes s'étudient à plaire à d'autres hommes !
12. Une mère dont le cœur est tout de tendresse, n'aime pas tant à serrer dans ses bras et à presser sur son sein maternel l'enfant à qui elle a donné le jour et qu'elle nourrit, qu'un enfant véritable de la charité ne se complaît à s'unir à son Dieu.
13. Une personne qui en aime ardemment une autre, s'imagine voir toujours l'objet de son ardent amour, le couvre dans elle-même des baisers les plus tendres et les plus affectueux, et le sommeil même n'est pas capable de détourner son esprit ni son cœur de cet objet chéri : l'amour qu'elle a pour cette personne, la lui représente dans des songes. Or ce qui arrive ordinairement dans l'ordre naturel, arrive aussi dans les choses d'un ordre surnaturel. C'est ce qu'a merveilleusement bien exprimé une âme qui avait été blessée de la flèche de l'amour de Dieu : Je dors, disait-elle, parce que je suis obligée de céder aux besoins de mon corps; mais mon cœur veille toujours à cause de la grandeur de mon amour (Cant 5,2).
14. Mais remarquez, ô vous à qui l'on peut se fier, que l'âme, semblable à un cerf, après avoir donné la mort à toutes les bêtes féroces qui voulaient la dévorer, est brûlée d'une soif ardente pour le Seigneur; et, percée du trait de son amour, elle soupire sans cesse après lui comme après une source d'eau rafraîchissante, tombe en défaillance et semble vouloir se perdre et s'anéantir dans Dieu.
15. Il n'est pas toujours facile de reconnaître quelle est la cause et quel est le principe de la faim qu'on éprouve; mais on ne peut pas en dire autant de la soif : elle paraît ouvertement, et fait assez voir au dehors les ardeurs dont elle tourmente intérieurement la personne qui la souffre. C'est pourquoi un grand serviteur de Dieu a dit : Mon âme est toute brûlante de soif pour Dieu, qui est le Dieu fort et vivant (Ps 118) .
16. Si la présence d'un ami que nous chérissons bien tendrement, produit en nous un changement remarquable, si elle nous rend joyeux et contents, et qu'elle soit capable d'éloigner de nos cœurs toute peine et tout chagrin; quel changement, je vous le demande, ne doit pas opérer la Présence de Dieu dans une âme pure, sainte et enflammée d'amour pour Lui, lorsqu'Il se présente à elle d'une manière invisible, il est vrai, mais qui n'en est pas moins sensible ni délicieuse ?
17. La crainte de Dieu qui vient d'un sentiment profond du cœur, a coutume de laver et de purifier une âme de toutes ses souillures. C'est pourquoi le psalmiste adresse au Seigneur cette prière admirable : Transperce, ô mon Dieu, mes chairs de ta crainte comme avec des clous (Ps 118). Mais il en est que le saint amour de Dieu dévore et consume, selon cette parole de Salomon : Tu m'as percé le cœur, oui, tu m'as percé le cœur. (Cant 4,9). On en rencontre d'autres que l'amour de Dieu éclaire tellement de ses lumières qu'ils sont tout transportés de joie et d'allégresse, et s'écrient : Mon cœur a mis dans le Seigneur, toute son espérance, et j'ai été secouru, et ma chair a comme refleuri (Ps 27). Eh ! n'en soyons pas étonnés : la joie du cœur ne répand-elle pas sur le visage une fraîcheur semblable à celle d'une fleur ? Lorsqu'une personne a le bonheur d'être enflammée par les ardeurs de la charité, et, en quelque sorte identifiée avec cette vertu céleste, on voit dans elle, comme dans un miroir, la beauté de son âme. N'est-ce pas ce qui arriva au conducteur du peuple de Dieu ? Moïse, cet homme extraordinaire avait souvent contemplé la Face de Dieu, mais ne fut-il pas publiquement environné de sa Gloire ?
18. Ceux qui sont parvenues au degré de charité, qui est propre aux anges, oublient jusqu'à la nourriture que réclament les besoins de leur corps, et n'y pensent même pas. Eh ! ne voyons-nous pas souvent que dans le cours des choses purement naturelles, une passion violente est capable de faire perdre la pensée de manger ? Ce que nous avons dit de la charité n’a donc rien d'étonnant.
19. Je pense même que les corps de ceux que la charité rend, en quelque façon incorruptibles, sont moins exposés aux maladies; car la flamme toute pure de la charité les ayant purifiés, après avoir éteint dans eux les feux de la concupiscence, fait qu'ils ne sont pas exposés à la corruptibilité.
20. C'est pourquoi j'ose assurer, parce que j'en suis intimement convaincu, que ces personnes prennent leur nourriture sans goût et sans plaisir; car, si l'humidité de la terre nourrit et conserve les plantes, le feu sacré de l'amour de Dieu nourrit et conserve les âmes.
21. L'accroissement de la crainte de Dieu est le commencement de la charité; mais la perfection de la chasteté est le commencement des véritables connaissances théologiques.
22. Dieu, par une parole mystérieuse et secrète, instruit Lui-même les personnes qui Lui sont parfaitement unies dans toutes les puissances de leur âme et de leur corps; mais pour celles qui ne sont pas unies à Dieu de cette manière, il leur est très difficile de pouvoir parler de Lui.
23. Le Verbe de Dieu donne une chasteté parfaite, et, par sa Présence dans un cœur, il donne la mort à la mort même. Or la destruction de la mort donne à ceux qui aspirent à la connaissance des mystères, les lumières nécessaires pour y parvenir.
24. Ainsi lorsque c'est par l'Esprit de Dieu que nous parlons à Dieu, nos paroles sont, en quelque sorte, les paroles de Dieu même lesquelles sont toutes saintes et doivent subsister éternellement.
25. La chasteté élève donc véritablement un homme à la connaissance des mystères célestes; de manière qu'il conçoit la doctrine qui nous enseigne le mystère d'un seul Dieu en trois personnes.
26. Quiconque aime Dieu sincèrement, ne manque pas d'aimer son prochain, car c'est l'amour que nous avons pour nos frères qui manifeste et démontre celui que nous avons pour Dieu.
27. Cet amour de notre prochain ne nous permet pas de souffrir que devant nous on parle mal des autres, de nous livrer nous-mêmes à la médisance : ce vice nous fait horreur et nous craignons plus de nous en rendre coupables, que de tomber dans le feu.
28. Nous pouvons comparer une personne qui nous assure qu'elle aime Dieu, et qui néanmoins nourrit dans son cœur des sentiments de colère et d'animosité, à un homme qui pendant son sommeil s'imagine voyager et courir.
29. La charité se fortifie par l'espérance; car c'est cette dernière vertu qui nous fait attendre le prix et la récompense de notre charité.
30. Or l'espérance est un don du ciel qui nous enrichit de biens spirituels et invisibles.
31. C'est un trésor assuré que nous possédons en ce monde, et qui doit nous mettre en possession du trésor immense et éternel que nous attendons dans l'autre.
32. Cette divine vertu nous console et nous soutient dans nos peines et nos travaux, nous ouvre la porte de la charité, chasse de nos cœurs tout sentiment de désespoir; et, quoique les biens éternels ne soient pas encore en notre disposition, elle nous les fait, en quelque façon, posséder et goûter sur la terre.
33. La charité périt dès que l'espérance se retire et manque. C'est l'espérance qui nous encourage à supporter avec une héroïque patience les peines et les chagrins de la vie présente; c'est elle qui nous fait aimer nos sueurs et nos travaux; c'est elle qui nous environne des Miséricordes du Seigneur.
34. C'est par sa puissante protection que le religieux étouffe la tiédeur, et triomphe parfaitement de la paresse et de l'ennui.
35. Le goût que nous avons pour les faveurs et les dons célestes fait naître en nous les sentiments de l'espérance. La personne qui ne goûte pas, dans le fond de son âme, ces dons célestes court de grands dangers de ne pas persévérer.
36. L'espérance et la colère sont deux ennemis irréconciliables. En effet l'espérance ne couvre jamais de confusion, et la colère nous couvre de honte.
37. La charité obtient le don de prophétie et de miracles elle est une source intarissable de lumières divines, un foyer de flammes célestes qui plus elles se répandent en abondance dans notre cœur, plus elles l'enflamment et le consument; elle fait maintenant le bonheur des anges, et nous fait avancer nous-mêmes en gloire pour l'éternité.
38. Ô belle vertu ! ô la plus belle des vertus ! dis-nous, nous t’en supplions, dis-nous : Où tu mènes paître tes chères brebis, où tu prends ton repos pendant les ardeurs du midi. (cf. Cant 1,7). Éclaire-nous ! répands sur nous ta divine rosée, dirige-nous, conduis-nous et tire-nous enfin à toi; car nous désirons ardemment de monter jusqu'au palais que tu habites. Tu commandes à toute chose, tu règne sur tout; mais tu as blessé mon cœur (cf. Cant 4,9); je ne peux plus contenir les ardeurs dont tu l'as embrasé, et je brûle du désir de vous louer; je vous dirai donc : Tu domines sur la puissance de la mer, et, quand il te plaît, tu adoucis et calmes le mouvement et la violence de ses flots; tu humilies et tu brises les superbes dans leur orgueil, comme des hommes percés de traits; et par la force de ton bras, tu as dispersé tes ennemis (Ps 88,9-10), et tu as rendu invincibles ceux qui t’aiment. Que ne m'est-il donné de te contempler, comme le saint patriarche Jacob put le faire, lorsque tu étais appuyée sur cette échelle mystérieuse qu'il vit ! Ah ! aimable charité, daigne te rendre favorable à ma prière — apprends-moi, s'il te plaît, dans quel état je dois être pour pouvoir monter sur cette échelle et arriver jusqu'à toi ? quel est le moyen qu'il me faut employer pour cela, quel est le prix et quelle est la récompense que mérite la personne qui t’aime, et qui, pour monter cette échelle dont les échelons sont autant de vertus, les arrange et les dispose dans son cœur avec une grande activité ? Je désirerais encore savoir quel est le nombre de ces échelons, et combien de temps il faut pour parvenir au dernier. Jacob, qui lutta autrefois avec un ange et qui mérita de voir cette échelle, nous a bien dit quels sont ceux qui doivent nous conduire pour y monter; mais il n'a pas voulu, ou plutôt pour parler plus correctement, n'a pas pu nous apprendre quelque chose de plus sur ce mystère. Après donc que j'eus parlé de la sorte, il me sembla que la charité se montra à moi du haut des cieux et fit entendre ces paroles à mon âme : Tant que tu ne seras pas délivré de la prison de ton corps, il ne te sera pas possible, malgré ton amour pour Dieu, de voir et de contempler les traits de ma beauté : contente-toi donc de savoir que cette échelle, au haut de laquelle tu me vois appuyée, te marque par ses échelons l'ordre et l'enchaînement des vertus, ainsi que vous l'a dit ce grand homme qui, dès son vivant même, fut initié dans les mystères de Dieu; car c'est lui qui t’apprend qu'à présent ces trois vertus, la foi, l'espérance et la charité demeurent et sont nécessaires; mais que la charité est la plus excellente des trois. (1 Co 13,13).

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