A qui s'adresse le livre d'Azarias de Maria Valtorta ?

Voici un passage de la présentation du « Livre d’Azarias » de Maria Valtorta :

« Le présent livre consiste essentiellement en un commentaire théologique et spirituel de 58 messes festives, qui figurent dans le missel réformé par ordre du concile de Trente, promulgué par saint Pie V en 1570 et mis à jour par les souverains pontifes suivants… » plus loin « … le lecteur trouvera au début de chaque commentaire :
-    Le titre de chaque messe ;
-    L’indication des passages bibliques respectifs de l’introït, de l’épître, du graduel ou antienne de l’alléluia, de l’évangile, de l’offertoire et de la communauté ;
-    Les textes respectifs de l’oraison, de la secrète et de l’après communion. »

A la lecture de l’ouvrage j’ai remarqué que certains passages étaient très clairs sur un point précis : les instruments extraordinaires de Dieu. Voici des exemples :


Messe du 24 février 1946 – 11h – dimanche de sexagésime (p.9)

« Saint Azarias (le nom Azarias signifie Dieu secourt. Dans cette œuvre S. Azarias se présente comme l’ange gardien de Marai Valtorta) me dit : « Viens, écoutons la sainte messe. La liturgie d’aujourd’hui, bien que s’adressant à tous, s’adresse en particulier à vous, qui êtes les instruments extraordinaires de Dieu. » (p.9)

« Le deuxième enseignement de la liturgie d’aujourd’hui, spécialement pour vous les instruments extraordinaires, se trouve dans la parole de Paul, le Docteur des Gentils, qui, « enlevé jusqu’au troisième ciel… entendit des paroles inexprimables qu’il n’est pas permis à l’homme de redire.
Vous n’êtes pas enlevés au troisième ciel, mais vous entendez des paroles inexprimables, mystérieuses, qui vous sont données pour qu’elles soient données. Vous êtes donc de beaucoup inférieurs à Paul. Pourtant, vous entendez les paroles de celui qui mérita d’être enlevé si haut qu’il put entendre les secrets, les mystères de Dieu ! » (p.11)

« Invoquez, invoquez le Seigneur béni, le Père, le Fils, l’Esprit Saint, invoquez les célestes cours des saints et des anges. Contre la hargne de Satan les défenses ne sont jamais suffisantes. La Trinité bénie et tous les habitants des cieux ne demandent qu’à vous aider dans cette lutte sans trêve entre les puissances infernales et la partie inférieure d’une part, et la partie supérieure et les puissances célestes d’autre part.
Pour le réconfort de vos douloureuses constatations d’impuissance à être intouchables de Satan qui, dans sa colère, vous fait violence précisément parce qu’il ne parvient pas à vous entraîner là où il le voudrait, écoutez la réponse du Seigneur à l’apôtre découragé par les gifles du Mal : « Ma grâce te suffit, parce que ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. »
Il ne faut pas prétendre à tout, âmes élues pour l’extraordinaire. Vous avez le Ciel. Vous devez supporter l’Abîme qu’on vous présente pour vous terroriser. Mais vous le savez maintenant : c’est pour que vous ne puissiez vous enorgueillir.
De cette manière, connaissant à quel point vous n’êtes rien, le monde sachant quel néant vous êtes et voyant que vous accomplissez des ministères supérieurs selon la doctrine que vous entendez pour la donner, vous vous refaçonnez en perfection ; alors « la puissance de Dieu qui vous secourt dans la faiblesse donne toute sa mesure. »
En avant donc, chères âmes qui savez faire pour vous grâces et sanctification de ces dons extraordinaires ! Chantez avec l’Apôtre : « Aussi mettrai-je mon orgueil bien plutôt dans mes faiblesses afin que repose sur moi la puissance du Christ. » (p.11 et 12)

Messe du 3 mars 1946 – dimanche de quinquagésime (p.14)

« Ne sais-tu pas que, nous, les anges de Dieu, n’avons de cesse de nous dire en laissant éclater notre joie : « C’est le Seigneur qui nous a faits ! Nous sommes son peuple céleste, le troupeau guidé par sa main avec lumière et charité » ?
Or il en est également ainsi pour les hommes. Et ce en particulier pour ceux que Dieu a placés comme pont entre lui et l’humanité, ceux qu’il a formés d’une façon particulière et qu’il conduit avec des lumières et des vérités spéciales, pour faire d’eux un miel suave de connaissances éternelles au bénéfice de la vie des autres âmes.
Offrons. Je t’offre, tu offres, en union avec le Christ, victime offerte pour le salut de tous. « Enseigne-moi à faire ta volonté. » C’est l’humble prière de la grande victime, mais c’est aussi l’humble prière des petites victimes qui sont généreuses bien que faibles. « Enseigne-moi à faire ta volonté. Enseigne-moi à vivre, enseigne-moi à souffrir, enseigne-moi à obéir, enseigne-moi à mourir : d’abord à moi-même, puis à tout ce qui pourrait me séduire et ressusciter le moi humain. Enseigne-moi afin que « les paroles de ta bouche que j’ai répétées pour tous » naissent en premier lieu dans le champ de mon cœur, prospèrent et donnent des fruits de vie éternelle sans que les oiseaux, les épines, l’ivraie, le chiendent et les passants ne détruisent ce qu’en moi tu as semé.
Vous pouvez être appelés greniers du Seigneur ou ses porte-parole, greniers mystiques auxquels celui qui a faim peut venir se nourrir. » (p.16)


Messe du 5 mai 1946 – Deuxième dimanche après Pâques (p.84)

« Celui qui ne sait pas se rompre et se donner ne peut être un bon disciple. La générosité, l’immolation de celui qui sait se rompre pour rassasier la faim de ses frères, c’est le signe qui fait reconnaître les vrais serviteurs de Dieu.
« Et ils le reconnurent à la fraction du pain. » De même, ils vous reconnaîtront parce que vous vous rompez pour la charité et la justice. Ils vous reconnaîtront comme de vrais serviteurs.
Pour cette raison, aimez, chères voix, instruments élus, ce qui est l’humiliante, douloureuse, active et sainte fraction de vous-mêmes pour le bien de vos frères et pour la gloire de Dieu. Alors le bon Pasteur parlera pour vous et dira : « Je suis le bon Pasteur, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. » Il dira : « Mes brebis ? Les voici. Ce sont celles-ci ! Celles qui mettent leurs pieds là où je les ai mis, même si le dernier chemin est celui qui mène au Calvaire. Et comme elles me connaissent vraiment, elles font ce que j’ai fait, elles sont disposées à être rompues pour sauver leurs frères. » (p.89)

Si l’ange Azarias s’adresse en particulier à Maria Valtorta pour sa formation théologique et spirituelle mais aussi pour la soutenir dans les adversités, Azarias s’adresse aussi à tous les instruments extraordinaires comme les exemples (voir les termes soulignés en gras) ci-dessus le prouvent. Azarias parle sous l’autorité directe de la Sainte Trinité, donc il ne peut y avoir de mensonges ou de dévoiement qui altèreraient la mission des différents instruments de Dieu.
Il est possible que « le livre d’Azarias » soit une aide particulière, une sorte de « guide spirituel» pour soutenir les instruments de Dieu en complément du directeur spirituel. Celui-ci ne pouvant, à cause d’une charge importante, être disponible en permanence.

Ce sont des commentaires d’écriture sainte et de la liturgie sacrée et l’ange Azarias le stipule dès le premier paragraphe de son premier commentaire : « La liturgie d’aujourd’hui, bien que s’adressant à tous, s’adresse en particulier à vous, qui êtes les instruments extraordinaires de Dieu », comme si la Très Sainte Trinité, par l’intermédiaire d’Azarias et de Maria Valtorta, voulait mettre en exergue le but de ce livre. Or il est contradictoire, pour un prêtre de prêcher l’obligation dominicale d’assister à la messe, de prêcher en chaire sur les lectures de la messe mais d’interdire la lecture des commentaires que la Sainte Trinité a diffusé par l’intermédiaire d’un ange. En agissant ainsi, il refuse à certaines créatures une nourriture bien plus sainte que ce qui peut sortir de la bouche humaine.


Or voici, toujours dans le « livre d’Azarias », un passage qui s’adresse aux prêtres :

« Mais les veuves et les orphelins ne sont pas seulement ceux qui ont perdu un époux ou des parents. Il existe des deuils, des solitudes, des abandons encore plus vastes que ceux d’une affection ou d’une protection qui cessent pour une chair et pour un cœur. Il y a les abandons ressentis par ceux qui, en tant que « voix de Dieu », ne se sentent plus soutenus par qui en a le devoir. Ils crient vers Dieu avec la plainte de qui gémit dans le désert et n’a que l’étoile dans le ciel pour guider ses pas.
O prêtres, quel est donc votre ministère sinon d’être tout à tous, et spécialement à ceux-là, à ces martyrs de la volonté de Dieu ? N’êtes-vous donc plus les descendants de ces prêtres, de ces diacres, de ces évêques et de ces papes qui, sortant des catacombes, descendaient dans les prisons, pénétraient dans les arènes, prêts à mourir s’ils venaient à être découverts dans leur acte d’amour de porter un secours fraternel et spirituel aux martyrs pour le nom du Christ ? Les risques que vous prenez sont semblables à des fétus si on les compare aux leurs, bien plus grands. Pourtant, rien ne les retenait d’affronter ces risques, parce que le sacerdoce est un combat, un combat qu’il faut savoir engager aux côtés des laïcs, pour la défense des instruments de Dieu, pour être les archanges de ces instruments qui chassent l’Adversaire sous ses diverses formes. Ils sont prêts à mourir dans la tranquillité de leur vie sereine, prêt aussi à en sortir momentanément diminués. Et diminués en quoi ? Selon la misérable façon de voir des hommes, mais auréolés de la couronne resplendissante d’une justice héroïque pour avoir été les « pères », les « Simon de Cyrène » des instruments crucifiés.
En effet, même si aucune autre impureté ne vous entache, celle de craindre le jugement du monde, et donc celle d’être impurs dans votre ministère auprès des instruments, celle-là est sur vous. Pour cette raison, vous n’êtes pas purs du monde, parce que vous raisonnez selon les façons de penser de ce monde qui est le vôtre, et dans lequel c’est le respect humain qui prévaut, et non le sacrifice pour être fidèles à la justice et à la charité ». (p.119 et 120)

Rien que dans ce texte il est cité 1 fois : "voix de Dieu", 2 fois "martyrs" et 4 fois "instruments" et tous ces termes sont au pluriel. Cela laisse supposer que le "livre d'Azarias" s'adresse à la fois à Maria Valtorta mais aussi à tous les autres instruments de Dieu qu'ils soient ordinaires ou extraordinaires.

Il y a aussi un détail que tu n'as pas mentionné cher JeanDendor, mais qui saute aux yeux de tout habitué aux écrits de Maria Valtorta: c'est le style.

Maria Valtorta possède déjà une belle élégance naturelle quand elle écrit pour elle-même. Elle devient absolument insurpassable lorsque c'est Jésus qui parle. On note donc déjà chez elle, deux styles d'écriture différents. Mais les paroles d'Azarias sont encore dans un troisième registre rigoureusement différent des deux autres. Or, je ne connais pas d'auteur, si grand soit-il, qui puisse changer de style à volonté. N'Importe quel littéraire sait reconnaitre sans qu'il soit signé, celui d'Hugo, de Balzac, de Poe ou de Daudet. Or, Maria Valtorta change radicalement sa manière d'écrire (une fois de plus) dans ce passage que tu nous offres.

C'est une preuve de plus, que Maria Valtorta recevait bien ses "paroles" d'une autre origine qu'elle-même.

Pour combattre cette affirmation, on pourra argumenter qu'il existe aussi des formes de dissociation de la personnalité qui pourraient expliquer ce comportement épistolaire. Mais les gens qui souffrent de ces symptômes ne changent pas de personnalité profonde. Les "mêmes bases" sont toujours là. Et même si l'humeur est différente, si les phrases sont différentes ( exemple: La Personne qui se prend pour Napoléon écrira des lettres d'ordonnance. Et cette même personne se prenant pour Baudelaire écrira des poésies) Le Style reste inchangé sur le fond, même s'il l'est sur la forme. Et c'est vrai aussi pour d'autres artistes: peintres, musiciens etc... C'est d'ailleurs à cause du style inchangé, que les experts en faux tableaux savent reconnaitre d'un seul coup d'œil s'il s'agit de l'original ou d'une copie.

Or, lorsque nous lisons Maria Valtorta pour elle-même, nous y voyons toute la "misère" d'un être qui se plaint, qui a ses humeurs, ses joies, ses emportements. Bref, quelqu'un qui nous ressemble beaucoup.

Les Dictées de Jésus sont TOUJOURS d'un style supérieur. Le bon mot est placé au bon endroit, et on ne peut lui trouver un meilleur adjectif tellement il est précis. Qui plus est, toujours accompagné à la fois d'Amour, d'une sagesse profonde, de tendresse, mais de force. On sent que c'est Dieu qui parle.

( A noter que l'on retrouve ce style équivalent chez nombre de Saints du passé qui écrivent sous la dictée, alors qu'il est extrêmement rare chez les soit disant autres "contactés" modernes.)

Enfin, le style d'Azarias dénote une intelligence vive, ferme, droite et logique tout à fait caractéristique de ce que nous pourrions faute de mieux, appeler: " la psychologie angélique" ( La pensée posée qui est un acte dont il connait toutes les conséquences déductibles, alors que chez l'humain, la pensée traine toujours avec elle une part de l'égo, et ne s'embarrasse pas des conséquences à long termes.)

En gros, si nous ignorions que c'est un ange qui parle, nous penserions qu'il s'agit d'un majordome. Ou de quelque haut serviteur responsable. Son style est très précis, concis, concentré. On ne peut se permettre de le lire avec l'esprit légèrement absent, sinon on s'égare tout de suite. Et il n'y s'y trouve pas cette tendresse auréolée de force si propre à Jésus. Ce qui démontre une fois de plus, la sincérité et l'authenticité de l'écrivain.

Merci en tous cas pour ce passage très intéressant.

Bien Fraternellement.

Séraphin

Cher Séraphin,

En poursuivant votre juste réflexion on peut dire qu'il y a 3 styles d'écriture chez Maria Valtorta :

1) le style du livre "Le poème de l'Homme-Dieu" : MV bien qu'écrivant sur l'autorité de Dieu y ajoute, sans trahir les visions, sa sensibilité d'écrivain.

2) Le style des cahiers "1943 à 1950" : les dictées du Seigneur Jésus dont vous en décrivez le style.

3) le style du "livre d'Azarias" : C'est, je pense, l'Esprit-Saint qui dicte par l'intermédiaire de l'Ange Azarias. C'est le style du Professeur plus que du "majordome" car il a plusieurs reprise l'Ange Azarias indique qu'il obéit à Dieu pour ce qu'il a à communiquer à Maria Valtorta. Mais Azarias peut y mettre aussi "sa sensibilité" sans trahir le message.

Même si le livre s'adresse aux instruments extraordinaires de Dieu, il s'adresse aussi aux instruments ordinaires de Dieu que nous sommes et à toutes les âmes de bonne volonté.

Bien Fraternellement,

JeanDendor