l'aveugle, la sourde et le Kilimandajaro
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l'aveugle, la sourde et le Kilimandajaro
Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. » Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien ; mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et maintenant je vois. » Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? » Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? » Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Moïse, nous savons que Dieu lui a parlé ; quant à celui-là, nous ne savons pas d’où il est. » L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Comme chacun sait, Dieu n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire qu’un homme ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.
Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant lui. Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ’Nous voyons !’ votre péché demeure. (Jn 9, 24-41)
Jésus est « venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
Cette remise en question nous a-t-elle touchés un jour, et continue-t-elle à nous toucher ?
Bien sûr, allons-nous répondre tout de suite. Nous avons compris depuis longtemps que nous sommes pécheurs, et c’est bien cela que le Christ entend quand il parle de ceux qui « ne voient pas » : ce sont ceux qui sont conscients de leur péché, et nous en sommes bien conscients. Aussi nous pouvons l’affirmer, puisque nous nous savons pécheurs, « nous voyons » !
Et paf !, « nous voyons » et donc tombons du même coup dans la catégorie stigmatisée par le Christ de ceux pour lesquels le « péché demeure ».
C’est pourquoi nous nous précipitons à condamner notre prochain, à voir en son œil la paille à travers la poutre qui nous aveugle, à lui reprocher sa façon de croire ou de ne pas croire, de prier ou de ne pas prier, à vouloir l’exclure et s’en débarrasser tout en affirmant le contraire, à chercher par tous les moyens à lui clouer le bec tout en se croyant un exemple de tolérance, à faire appel aux « autorités » quelles qu’elles soient ( telles paroles de l’évangile pour les uns, tel dogme pour les autres, tel docteur pour les troisièmes, tel responsable pour les quatrièmes, etc., …).
Nous avons dans notre boite à outils de parfaits petits pharisiens les outils efficaces qui nous permettent de condamner en toute bonne conscience et avec grande efficacité celui dont nous voulons nous débarrasser, cela parce qu’il nous remet en cause au plus profond de nos certitudes. Cette boite à outils fait des miracles et nous rend effectivement incapable de voir ce que nous ne voulons pas voir : la guérison de cet aveugle « plongé dans le péché depuis sa naissance » et qui vient « nous faire la leçon ».
Hier, je regardais une émission sur TF1 (oui, je sais, la chaine commerciale pour le bas peuple inculte) qui présentait l’extraordinaire ascension du Kilimandjaro par un groupe de handicapés français. Parmi eux, il y avait une aveugle, et ce fut la première qui abandonna, et la seule non pour des raisons physiques, mais pour des raisons psychologiques : elle ne se sentait pas acceptée par les autres, et les autres en avaient marre qu’elle râle du matin au soir, et ne se privaient pas de lui dire. Une fois son départ, l’une des restantes (sourde profonde) se mit « à voir » et à comprendre que si elle et les autres avaient tous aussi des handicaps graves (unijambiste, paraplégique, malentendant, poliomyélite, etc…), et donc avaient aussi des raisons de souffrir et de rouspéter, on ne pouvait cependant pas se mettre à la place de cette aveugle et la condamner pour son attitude : car elle était la seule à ne pas pouvoir profiter du paysage magnifique qui l’entourait et qui permettait aux autres de supporter toutes les souffrances qu’ils enduraient. Comme en même temps je réfléchissais à l’évangile que je commente ici, je fis le rapprochement avec cette parole : cette sourde « se mit à voir ».
Mais si elle s’était mise à voir avant, ainsi que les autres membres de l’expédition, sans doute que l’aveugle serait restée avec eux et serait allée au sommet.
Pétris que nous sommes par nos certitudes et sûrs d’être dans la vérité, faisons bien attention que nous ne soyons pas responsables par nos paroles et nos actes de l'exclusion de notre prochain.
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Eric et le groupe dont paul
Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant lui. Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ’Nous voyons !’ votre péché demeure. (Jn 9, 24-41)
Jésus est « venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
Cette remise en question nous a-t-elle touchés un jour, et continue-t-elle à nous toucher ?
Bien sûr, allons-nous répondre tout de suite. Nous avons compris depuis longtemps que nous sommes pécheurs, et c’est bien cela que le Christ entend quand il parle de ceux qui « ne voient pas » : ce sont ceux qui sont conscients de leur péché, et nous en sommes bien conscients. Aussi nous pouvons l’affirmer, puisque nous nous savons pécheurs, « nous voyons » !
Et paf !, « nous voyons » et donc tombons du même coup dans la catégorie stigmatisée par le Christ de ceux pour lesquels le « péché demeure ».
C’est pourquoi nous nous précipitons à condamner notre prochain, à voir en son œil la paille à travers la poutre qui nous aveugle, à lui reprocher sa façon de croire ou de ne pas croire, de prier ou de ne pas prier, à vouloir l’exclure et s’en débarrasser tout en affirmant le contraire, à chercher par tous les moyens à lui clouer le bec tout en se croyant un exemple de tolérance, à faire appel aux « autorités » quelles qu’elles soient ( telles paroles de l’évangile pour les uns, tel dogme pour les autres, tel docteur pour les troisièmes, tel responsable pour les quatrièmes, etc., …).
Nous avons dans notre boite à outils de parfaits petits pharisiens les outils efficaces qui nous permettent de condamner en toute bonne conscience et avec grande efficacité celui dont nous voulons nous débarrasser, cela parce qu’il nous remet en cause au plus profond de nos certitudes. Cette boite à outils fait des miracles et nous rend effectivement incapable de voir ce que nous ne voulons pas voir : la guérison de cet aveugle « plongé dans le péché depuis sa naissance » et qui vient « nous faire la leçon ».
Hier, je regardais une émission sur TF1 (oui, je sais, la chaine commerciale pour le bas peuple inculte) qui présentait l’extraordinaire ascension du Kilimandjaro par un groupe de handicapés français. Parmi eux, il y avait une aveugle, et ce fut la première qui abandonna, et la seule non pour des raisons physiques, mais pour des raisons psychologiques : elle ne se sentait pas acceptée par les autres, et les autres en avaient marre qu’elle râle du matin au soir, et ne se privaient pas de lui dire. Une fois son départ, l’une des restantes (sourde profonde) se mit « à voir » et à comprendre que si elle et les autres avaient tous aussi des handicaps graves (unijambiste, paraplégique, malentendant, poliomyélite, etc…), et donc avaient aussi des raisons de souffrir et de rouspéter, on ne pouvait cependant pas se mettre à la place de cette aveugle et la condamner pour son attitude : car elle était la seule à ne pas pouvoir profiter du paysage magnifique qui l’entourait et qui permettait aux autres de supporter toutes les souffrances qu’ils enduraient. Comme en même temps je réfléchissais à l’évangile que je commente ici, je fis le rapprochement avec cette parole : cette sourde « se mit à voir ».
Mais si elle s’était mise à voir avant, ainsi que les autres membres de l’expédition, sans doute que l’aveugle serait restée avec eux et serait allée au sommet.
Pétris que nous sommes par nos certitudes et sûrs d’être dans la vérité, faisons bien attention que nous ne soyons pas responsables par nos paroles et nos actes de l'exclusion de notre prochain.
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