L'histoire de Muriel
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L'histoire de Muriel
Muriel est une copine connue dans ma jeunesse dans le service hospitalier pour ados et jeunes où elle avait la même maladie que moi : l'anorexie.
Dans son enfance, Muriel n'eut pas la chance de naitre garçon comme le voulait sa mère. Muriel est l'ainée d'une fratrie de 4 (la mère, très brillante, laissa Muriel à 15 jours de sa naissance (le bébé fut confié à la grand'mère) pour partir à l'étranger 3 mois pour des motifs professionnels. La mère n'arrêtera de travailler qu'à la naissance du puîné, Julien.)
Je comprends beaucoup Muriel et j'aimerais raconter ici son histoire car j'ai le sentiment qu'elle est comprise "de travers".
Muriel est une énigme pour beaucoup de monde, mais pas pour moi.
Elle est croyante et l'a toujours été.
Dans notre service, on a beaucoup parlé.
Dès toute gosse, Muriel a été hyperresponsabilisée : dotée d'un statut spécial, elle joua le rôle de seconde maman, surtout lorsque, lassée de langer, la maman reprit un boulot après quelques années d'interruption.
Muriel appris très tôt toutes sortes de savoirs. A huit ans, elle faisait déjà babysitter pour sa fratrie, elle sut cuisiner et faire le ménage à 13 et dès 9 ans, même avant, sa mère l'aurait prise comme confidente privilégiée de sa vie de couple qui battait de l'aile : le père était dépressif, il fit plusieurs tentatives de suicide et son travail lui déplaisait. D'une santé mauvaise, il se déchargeait de son rôle parental sur sa très brillante femme qui assumait tout (secondée par Muriel).
Pour satisfaire l'ambition de sa mère, Muriel, une fois guérie, fit de bonnes études.
Mais elle ne put en "profiter". Elle accéda tardivement à cette maternité dont elle avait déjà, selon son expression, "eu sa dose" enfant et ado.
Ce qui me choque, c'est entre autre que Julien, Rose et Simon, les "petits" , se soient ligués entre eux contre Muriel, la laissant dans l'isolement que représentait son statut ambigu, ni enfant ni adulte. Ses frères et soeur ne prennent pas de nouvelles, ils sont solidaire avec la maman qui n'a pas épargné ses sarcasmes à Muriel, qui a été considérée de par sa maladie comme une fauteuse de trouble et ensuite comme une abandonneuse quand elle a quitté la maison parentale où Rose, qui ne s'est pas plus mariée que ses frère, console la maman, demeurant très liée.
L'histoire de Muriel est également marquée par un climat "incestuel" familial , trop de proximités, de confusions (n'etait-elle pas en "équivalence" avec sa mère ?), Muriel ne leur rend guère visite, elle envoie des fleurs ou passe un ou deux coups de fil par ans, ça s'arrête là.
Dans son enfance, Muriel n'eut pas la chance de naitre garçon comme le voulait sa mère. Muriel est l'ainée d'une fratrie de 4 (la mère, très brillante, laissa Muriel à 15 jours de sa naissance (le bébé fut confié à la grand'mère) pour partir à l'étranger 3 mois pour des motifs professionnels. La mère n'arrêtera de travailler qu'à la naissance du puîné, Julien.)
Je comprends beaucoup Muriel et j'aimerais raconter ici son histoire car j'ai le sentiment qu'elle est comprise "de travers".
Muriel est une énigme pour beaucoup de monde, mais pas pour moi.
Elle est croyante et l'a toujours été.
Dans notre service, on a beaucoup parlé.
Dès toute gosse, Muriel a été hyperresponsabilisée : dotée d'un statut spécial, elle joua le rôle de seconde maman, surtout lorsque, lassée de langer, la maman reprit un boulot après quelques années d'interruption.
Muriel appris très tôt toutes sortes de savoirs. A huit ans, elle faisait déjà babysitter pour sa fratrie, elle sut cuisiner et faire le ménage à 13 et dès 9 ans, même avant, sa mère l'aurait prise comme confidente privilégiée de sa vie de couple qui battait de l'aile : le père était dépressif, il fit plusieurs tentatives de suicide et son travail lui déplaisait. D'une santé mauvaise, il se déchargeait de son rôle parental sur sa très brillante femme qui assumait tout (secondée par Muriel).
Pour satisfaire l'ambition de sa mère, Muriel, une fois guérie, fit de bonnes études.
Mais elle ne put en "profiter". Elle accéda tardivement à cette maternité dont elle avait déjà, selon son expression, "eu sa dose" enfant et ado.
Ce qui me choque, c'est entre autre que Julien, Rose et Simon, les "petits" , se soient ligués entre eux contre Muriel, la laissant dans l'isolement que représentait son statut ambigu, ni enfant ni adulte. Ses frères et soeur ne prennent pas de nouvelles, ils sont solidaire avec la maman qui n'a pas épargné ses sarcasmes à Muriel, qui a été considérée de par sa maladie comme une fauteuse de trouble et ensuite comme une abandonneuse quand elle a quitté la maison parentale où Rose, qui ne s'est pas plus mariée que ses frère, console la maman, demeurant très liée.
L'histoire de Muriel est également marquée par un climat "incestuel" familial , trop de proximités, de confusions (n'etait-elle pas en "équivalence" avec sa mère ?), Muriel ne leur rend guère visite, elle envoie des fleurs ou passe un ou deux coups de fil par ans, ça s'arrête là.
P12345- Avec Saint Joseph
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Re: L'histoire de Muriel
Le couple de Muriel est un couple où Muriel a un statut "d'épouse-non épouse".
A l'entendre, Muriel est une gentille petite mule, c'est comme si elle continuait d'assumer des choses qui ne devraient pas lui incomber.
Depuis qu'elle est devenue maman, le mari ne la touche plus. Muriel attribuait cela à des aléas du désirs, à un problème physique, au fait que "mère" ça veut dire "sacrée".Mais elle a découvert que l'époux est amoureux "ailleurs", va aussi sur le net consulter certains sites.
En gros Muriel (qui pourtant est encore bien, elle s'habille, se farde, fait du sport) est le centre de famille, la maman, mais pas plus. Elle a pu s'accommoder de cette situation jusqu'à ce qu'elle découvre avec l'existence d'"autres" qu'elle que son mari (qui n'est pas croyant) n'est pas dans le don total de la personne.
Muriel a du mal à continuer "comme avant", mais pour elle il n'y a pas de remariage, je pense qu'elle aime mieux cette situation tordue qu'être seule avec ses trois gosses.
Ajoutons que Muriel est une personne chouette, dynamique, sympathique, toujours prête à rendre service.
Son côté "gentille mule" a trop souvent été interprété, par les conseillers et "psys" qu'elle a vus, en termes négatifs. Seule sa communauté voit en elle une personne avec des qualités humaines.
Là où notre individualisme verrait volontiers en elle une petite "aliénée" qui doit apprendre à "exister pour elle-même", les amis croyants de Muriel (dont moi) pensent qu'elle est une personne précieuse qui n'a pas mérité ce sort. Ceux qui ont abusé de sa bonne volonté pourraient au moins la remercier.
A l'entendre, Muriel est une gentille petite mule, c'est comme si elle continuait d'assumer des choses qui ne devraient pas lui incomber.
Depuis qu'elle est devenue maman, le mari ne la touche plus. Muriel attribuait cela à des aléas du désirs, à un problème physique, au fait que "mère" ça veut dire "sacrée".Mais elle a découvert que l'époux est amoureux "ailleurs", va aussi sur le net consulter certains sites.
En gros Muriel (qui pourtant est encore bien, elle s'habille, se farde, fait du sport) est le centre de famille, la maman, mais pas plus. Elle a pu s'accommoder de cette situation jusqu'à ce qu'elle découvre avec l'existence d'"autres" qu'elle que son mari (qui n'est pas croyant) n'est pas dans le don total de la personne.
Muriel a du mal à continuer "comme avant", mais pour elle il n'y a pas de remariage, je pense qu'elle aime mieux cette situation tordue qu'être seule avec ses trois gosses.
Ajoutons que Muriel est une personne chouette, dynamique, sympathique, toujours prête à rendre service.
Son côté "gentille mule" a trop souvent été interprété, par les conseillers et "psys" qu'elle a vus, en termes négatifs. Seule sa communauté voit en elle une personne avec des qualités humaines.
Là où notre individualisme verrait volontiers en elle une petite "aliénée" qui doit apprendre à "exister pour elle-même", les amis croyants de Muriel (dont moi) pensent qu'elle est une personne précieuse qui n'a pas mérité ce sort. Ceux qui ont abusé de sa bonne volonté pourraient au moins la remercier.
P12345- Avec Saint Joseph
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Re: L'histoire de Muriel
En gros, je raconte son histoire comme je pourrais faire celle de plein d'autres qu'on a mal jugés, je cherche à "réhabiliter" ma copine.
P12345- Avec Saint Joseph
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Re: L'histoire de Muriel
Et c'est très délicat de votre part.
J'espère que Muriel a pu faire aussi un travail sur elle comme l'on dit pour s'apprécier et s'aimer, car le fait, que sa maman voulait à tout prix un garçon a pu laisser des traces dans son psychisme.
Le fait qu'elle ait mis aussi une lourde charge sur les épaules de son enfant, qui n'était alors encore qu'une petite fille en a rajouté. Cela a dû donner à Muriel le sentiment de ne pas être protégée comme elle l'aurait dû par ses parents qui se disputaient et par une mère qui s'épanchait auprès d'elle et lui donnait beaucoup trop de responsabilités oubliant que c'était sa fille et qu'il lui revenait, à elle en tant que mère, d'assumer et non l'inverse .. mais cela, soit égoïsme, soit immaturité ..
malheureusement, dans les deux cas le résultat est le même pour votre amie.
Transmettez lui notre admiration pour les précieuses qualités dont elle est parée et que Dieu voit au plus profond de son âme. Celles qui lui font laisser à ses enfants, le père dont ils ont besoin, bien que celui-ci oublie qu'il va chercher ailleurs, ce qu'il a de mieux chez lui.
J'espère que Muriel a pu faire aussi un travail sur elle comme l'on dit pour s'apprécier et s'aimer, car le fait, que sa maman voulait à tout prix un garçon a pu laisser des traces dans son psychisme.
Le fait qu'elle ait mis aussi une lourde charge sur les épaules de son enfant, qui n'était alors encore qu'une petite fille en a rajouté. Cela a dû donner à Muriel le sentiment de ne pas être protégée comme elle l'aurait dû par ses parents qui se disputaient et par une mère qui s'épanchait auprès d'elle et lui donnait beaucoup trop de responsabilités oubliant que c'était sa fille et qu'il lui revenait, à elle en tant que mère, d'assumer et non l'inverse .. mais cela, soit égoïsme, soit immaturité ..
malheureusement, dans les deux cas le résultat est le même pour votre amie.
Transmettez lui notre admiration pour les précieuses qualités dont elle est parée et que Dieu voit au plus profond de son âme. Celles qui lui font laisser à ses enfants, le père dont ils ont besoin, bien que celui-ci oublie qu'il va chercher ailleurs, ce qu'il a de mieux chez lui.
carine- Gloire à toi Seigneur Jésus-Christ
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Re: L'histoire de Muriel
Merci,
pauvre Mumu, elle n'a pas rencontré chez les "psys" le soutien espéré : comme elle le dit, c'est grâce à eux qu'elle peut trouver le fil de son histoire ; la "petite mule", ça a commencé tôt !
Mais elle dit avoir trouvé plus de secours, d'écoute, chez les hommes d'église.
Les "psys" travaillent dans un monde matérialiste où il vaut mieux ne pas être comme Muriel. A la limite, c'est la personnalité de Muriel qu'ils ont tendance à rendre responsable. Cet angle-là, nous les anorexiques dans ce service à cette époque, on en parlait, il y avait une certaine acuité de notre part vis-àvis des "implicites" de la démarche psy.
Chez son confesseur, Muriel s'est sentie reçue 5 sur 5, elle a trouvé dans sa communauté des gens qui la voient "sous un autre angle" et c'est ce qui lui a remonté le moral : de sentir perçu sous un jour positif un pan fondateur de sa personnalité que les "psys" voient plutôt comme une entrave à son "épanouissement".
pauvre Mumu, elle n'a pas rencontré chez les "psys" le soutien espéré : comme elle le dit, c'est grâce à eux qu'elle peut trouver le fil de son histoire ; la "petite mule", ça a commencé tôt !
Mais elle dit avoir trouvé plus de secours, d'écoute, chez les hommes d'église.
Les "psys" travaillent dans un monde matérialiste où il vaut mieux ne pas être comme Muriel. A la limite, c'est la personnalité de Muriel qu'ils ont tendance à rendre responsable. Cet angle-là, nous les anorexiques dans ce service à cette époque, on en parlait, il y avait une certaine acuité de notre part vis-àvis des "implicites" de la démarche psy.
Chez son confesseur, Muriel s'est sentie reçue 5 sur 5, elle a trouvé dans sa communauté des gens qui la voient "sous un autre angle" et c'est ce qui lui a remonté le moral : de sentir perçu sous un jour positif un pan fondateur de sa personnalité que les "psys" voient plutôt comme une entrave à son "épanouissement".
P12345- Avec Saint Joseph
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Re: L'histoire de Muriel
L'histoire du mari de Muriel, lui aussi peu accepté à sa naissance, est aussi celle d'une "parentification" d'un gosse : il dût s'occuper jusque très tard d'un parent psychiquement malade ! L'autre parent choisit un "repli sur soi", une vie compensatoire "à côté",ils se séparèrent.
Sur qu'avec Muriel, la bonne petite mule, cet homme privé d'enfance a trouvé consolation, sécurité, la mère qu'il n'avait pas eue .
Mais Muriel ne se voit pas comme "seulement mère", elle ne se sent pas sécurisée. Elle voit que l'on compte sur elle pour les devoirs, les corvées, et que "la joie" c'est ailleurs, et pourtant elle fait plein d'effort pour mettre la joie dans son couple.
Le mari prend peut-être "modèle" sur son parent volage...qui a lui-même été "parentifié" dans l'enfance.
Tout ça retombe sur le dos de Muriel qui n'envisage ni séparation ni divorce.
Sur qu'avec Muriel, la bonne petite mule, cet homme privé d'enfance a trouvé consolation, sécurité, la mère qu'il n'avait pas eue .
Mais Muriel ne se voit pas comme "seulement mère", elle ne se sent pas sécurisée. Elle voit que l'on compte sur elle pour les devoirs, les corvées, et que "la joie" c'est ailleurs, et pourtant elle fait plein d'effort pour mettre la joie dans son couple.
Le mari prend peut-être "modèle" sur son parent volage...qui a lui-même été "parentifié" dans l'enfance.
Tout ça retombe sur le dos de Muriel qui n'envisage ni séparation ni divorce.
P12345- Avec Saint Joseph
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Re: L'histoire de Muriel
Si elle n'accepte ni séparation ni divorce, c'est sûr que la croix va être très lourde à porter, j'en sais quelque chose. Les enfants vont grandir dans ce climat, et après quand ils vont grandir, donneront des opinions négatives encore sur le plus fragile, oui ça peut arriver et ça arrive malheureusement.
anlise- Contemplatif
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Re: L'histoire de Muriel
D'un autre côté, les autres alternatives sont peut-être encore pires pour ses gosses. Les parents ne se disputent pas, c'est seulement que dans cette famille, tout comme globalement dans nos sociétés, c'est le règne du "chacun pour soi".
Dans un contexte culturel plus classique, plus proche de Dieu, on aurait peut-être aidé Muriel à porter tout ça. Peut-être l'eut-on estimée ? Après tout, elle s'applique à être au service des autres.
Mais dans notre contexte, c'est autre chose, de tels comportements sont découragés. La responsabilité est mise non sur la personne qui attente au lien mais sur celle qui essaie de le préserver car on place désormais comme valeur suprême la "réalisation de soi", ce qui va légitimer l'égoisme. En gros c'est "le problème de l'arnaqué", l'arnaqueur bénéficiant du relativisme moral : au nom de quoi irait-on lui remettre les pendules à l'heure, s'il poursuit son bonheur personnel ? Il a bien le droit, non ?
Muriel fonctionne avec des valeurs qui semblent dépassées (c'est pour ça qu'on est copines : c'est rare, des gens comme ça), moi, ce qui m'effraie c'est l'"inversion des valeurs". Je ne peux m'empêcjer de penser à une chanson de Carlos : "ici bas les méchants ont tout bon / les gentils, les pas salauds, tout faux" !
Dans un contexte culturel plus classique, plus proche de Dieu, on aurait peut-être aidé Muriel à porter tout ça. Peut-être l'eut-on estimée ? Après tout, elle s'applique à être au service des autres.
Mais dans notre contexte, c'est autre chose, de tels comportements sont découragés. La responsabilité est mise non sur la personne qui attente au lien mais sur celle qui essaie de le préserver car on place désormais comme valeur suprême la "réalisation de soi", ce qui va légitimer l'égoisme. En gros c'est "le problème de l'arnaqué", l'arnaqueur bénéficiant du relativisme moral : au nom de quoi irait-on lui remettre les pendules à l'heure, s'il poursuit son bonheur personnel ? Il a bien le droit, non ?
Muriel fonctionne avec des valeurs qui semblent dépassées (c'est pour ça qu'on est copines : c'est rare, des gens comme ça), moi, ce qui m'effraie c'est l'"inversion des valeurs". Je ne peux m'empêcjer de penser à une chanson de Carlos : "ici bas les méchants ont tout bon / les gentils, les pas salauds, tout faux" !
P12345- Avec Saint Joseph
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