Un vaisseau fantôme infesté de rats cannibales affole les Britanniques
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Un vaisseau fantôme infesté de rats cannibales affole les Britanniques
Pur fantasme ou hypothèse crédible ?
Le Lyubov Orlova, un vaisseau à la dérive depuis près d'un an, serait sur le point d'aborder les côtes britanniques. A son bord : des rats «cannibales», prêts à accoster ! Un scénario catastrophe servi jeudi par le tabloïd britannique The Sun, très vite imité par l'ensemble de la presse anglo-saxonne.
L'histoire a de quoi captiver. Le 23 janvier 2013, l'ex-paquebot russe Lyubov Orlova, vieux d'une quarantaine d'années, quitte le Canada pour finir ses jours dans un chantier de démolition de Saint-Domingue. Sous l'effet de vents violents, l'amarre reliant l'épave à son remorqueur cède brutalement. En mars, un autre navire tente de prendre en remorque le Lyubov Orlova. Sans résultat.
Des chasseurs d'épaves sont aujourd'hui à la recherche du vaisseau fantôme, rapidement disparu des écrans radars et depuis introuvable. Ils concentrent leurs efforts sur les côtes irlandaises, écossaises et anglaises. A la clé, une coquette somme : 600000 livres (725000 euros). Selon la presse anglo-saxonne, les experts s'accordent à dire que le rafiot est toujours à flot. Pim de Rhoodes, un spécialiste belge cité par The Sun, prétend qu'il hébergerait «beaucoup de rats qui s'entre-dévorent». «Si je parviens à monter à bord, je répandrai du poison partout», affirme ce «chasseur» parti en quête du bateau presque quadragénaire.
Un «fantasme délirant»
Mais la thèse d'un naufrage dû à une tempête ou à une collision avec un iceberg fait son chemin. Le chef des gardes-côtes irlandais, Chris Reynolds, n'exclut pas que l'épave ait pu couler. Dans une interview au quotidien Irish Independent, il affirme que les autorités britanniques, norvégiennes et islandaises en seraient persuadées. «Il y a eu d'énormes orages ces derniers mois mais cela prend du temps de couler un vaisseau gros comme celui-ci», explique-t-il néanmoins en appelant à rester «vigilant». «Si ce rafiot arrive ici, il ne faut pas que les rats en sortent», pour éviter d'éventuelles maladies, s'alarme-t-il.
L'association de protection de l'environnement Robin des Bois évoque, pour sa part, un «fantasme délirant». «Personne n'a de nouvelle du navire depuis des mois. Pour nous, il a coulé», affirme la porte-parole Christine Bossard, contactée par leParisien.fr. Le Lyubov Orlova a été aperçu pour la dernière fois le 12 mars dernier, par l'agence américaine américaine NGA (National Geospatial-Intelligence Agency). Il dérivait alors vers le sud-est et s'éloignait donc de l'Europe. «Il aurait été entraîné dans le courant du Labrador, pour repartir vers le Canada. Il n'avait déjà donc plus de prise au vent, ce qui montre qu'il était en difficulté», explique Christine Bossard.
Deux balises de détresse ont été déclenchées à cette période. C'est l'emplacement de ces balises qui alimente les spéculations. Une hypothèse en faveur du maintien à flot voudrait qu'elles aient été positionnées sur des canaux de sauvetage, lesquels seraient tombés à l'eau. Quant à la présence de rats sur le bateau, elle ne fait pas débat. Le paquebot ayant été abandonné dans le port de Saint-Jean de Terre-Neuve en 2010, il a certainement attiré les rongeurs, à la recherche de denrées. Un dernier détail intrigue : aucun signe de naufrage n'a été repéré, ni chaloupe (le bateau en possédait au moins une quinzaine), ni bouée abandonnée.
Le Canada pointé du doigt
Les cas de «vaisseaux fantômes» sont assez rares : sept ont été recensés ces quinze dernières années, selon le site américain d'information Quartz. Pour Robin des Bois, le Lyubov Orlova fait partie «des légendes promises à la postérité». En revanche, les accidents de remorquage avec de vieux navires arrivent relativement souvent. «Cela est parfois souhaité par les autorités», assure Christine Bossard.
L'association pointe, en outre, la responsabilité du Canada «dans le désastre». Ancien navire de passagers, le Lyubov Orlova, qui avait battu en dernier pavillon des îles Cook (un pavillon de complaisance), contenait selon elle de l'amiante, des eaux de cale souillées, des substances radioactives contenues dans les détecteurs de fumées... Les autorités canadiennes auraient dû «prévenir, réduire et maîtriser la pollution du milieu marin», selon la convention de Montego Bay sur le droit de la mer.
Avant son départ pour l'inconnu, l'encombrant vaisseau (100 mètres de long) croupissait dans la province canadienne de Saint-Jean de Terre-Neuve, après avoir été saisi en 2010 par suite d'impayés de salaires à ses 51 membres d'équipage. Jusqu'à crouler sous les dettes, son dernier propriétaire, l'entreprise de tourisme inuit Cruise North Expeditions, l'affectait chaque été à des croisières dans le nord canadien.
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