Le Pape François ...
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Le Pape François ...
En présidant sa première messe de Pâques, samedi soir, dans la Basilique Saint Pierre, le nouveau Pape a pris à parti les «indifférents» pour leur parler de façon très directe du Christ.
De notre envoyé spécial à Rome
«Accepte que Jésus Ressuscité entre dans ta vie, accueille-le comme ami, avec confiance: Lui est la vie! Si jusqu'à présent tu as été loin de Lui, fais un petit pas: il t'accueillera à bras ouverts. Si tu es indifférent, accepte de risquer: tu ne seras pas déçu. S'il te semble difficile de le suivre, n'aies pas peur, fais-lui confiance, sois sûr que Lui, il t'est proche, il est avec toi et te donnera la paix que tu cherches et la force pour vivre comme Lui le veut.» Le pape François a volontairement adopté un style très direct pour les croyants et incisif pour les indécis, dans son homélie prononcée, samedi soir, lors de la veillée pascale, dans la basilique Saint-Pierre.
La liturgie catholique prévoit de commencer à fêter Pâques, dès la tombée de la nuit du samedi saint. Partout dans le monde, cette messe commence donc dans l'obscurité, les fidèles étant seulement éclairés par des cierges qu'ils tiennent à la main. Ils l'ont allumé à un seul grand feu, à l'extérieur du bâtiment, symbole de la «résurrection du Christ».
A ce thème de la «lumière nouvelle» s'ajoute celui de «la joie» puisque les chrétiens mettent fin à ce moment à quarante jours de carême qui ont préparé cette «victoire du Christ sur la mort». Les chrétiens se l'annoncent, les uns aux autres, en se lançant «Christ est ressuscité!» et en se répondant «Il est vraiment ressuscité!». La tradition d'origine orthodoxe, des œufs de Pâques, symbolisant cette «nouvelle naissance du Christ».
5000 baptêmes cette année en France
On procède aussi à des baptêmes d'adultes - 5000 en France cette année. Ils suivent, dans l'ordre de cette messe, une série de dix sept lectures de l'ancien et du nouveau Testament qui racontent toute «l'histoire du salut». Ce qui rend la veillée pascale la liturgie catholique la plus longue de l'année. Elle peut parfois dépasser trois heures. Mais - c'est encore une première! - le pape François a explicitement demandé que soient choisies les «versions courtes» de ces lectures pour ne pas rendre interminable la cérémonie.
Dimanche matin, il présidera la messe de la résurrection sur le parvis de la basilique Saint-Pierre devant une foule qui était déjà hors du commun, samedi, dans les rues de Rome. Mais il ne prononcera aucune homélie - comme de coutume - pour ne pas être en retard au grand rendez-vous de la bénédiction urbi et orbi, à 12h, dimanche, heure de Rome. Elle est retransmise en mondiovision. Ce premier message du nouvel élu est très attendu.
L'homélie de la nuit pascale restera ainsi son unique prise de parole liturgique pour cette première fête de Pâques en tant que Pape. Au diapason de son élection toute récente - le 13 mars - il y aura donc insisté sur la «nouveauté de Dieu»: «La nouveauté souvent nous fait peur, ainsi que la nouveauté que Dieu nous apporte, la nouveauté que Dieu nous demande. Nous sommes comme les Apôtres de l'Évangile: nous préférons souvent garder nos sécurités, nous arrêter à la pensée pour un défunt qui vit seulement dans le souvenir de l'histoire comme les grand personnages du passé. Nous avons peur des surprises de Dieu ; nous avons peur des surprises de Dieu! Il nous surprend toujours! Frères et soeurs, ne nous fermons pas à la nouveauté que Dieu veut porter dans notre vie!»
La «confiance» et la réconciliation avec Dieu
Il est ensuite revenu sur un thème qui lui est cher. Le pape François l'a abordé plusieurs fois depuis trois semaines. C'est la «confiance» et la réconciliation avec Dieu. Elles s'opposent à l'usure du croyant: «Ne sommes-nous pas souvent fatigués, déçus, tristes, ne sentons-nous pas le poids de nos péchés, ne pensons-nous pas que nous n'y arriverons pas? Ne nous fermons pas sur nous-mêmes, ne perdons pas confiance, ne nous résignons jamais: il n'y a pas de situations que Dieu ne puisse changer, il n'y a aucun péché qu'il ne puisse pardonner si nous nous ouvrons à Lui.»
Ainsi a-t-il conclu, «la nouveauté de Dieu» est «la victoire sur le péché, sur le mal, sur la mort, sur tout ce qui opprime la vie et lui donne un visage moins humain. Et c'est un message adressé à moi, à toi, chère soeur et cher frère. Combien de fois avons-nous besoin que l'Amour nous dise: pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts? Les problèmes, les préoccupations de tous les jours tendent à nous faire replier sur nous-mêmes, dans la tristesse, dans l'amertume… et là se trouve la mort. Ne cherchons pas là Celui qui est vivant!»
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La mort est pour beaucoup de nos contemporains une pierre d'achoppement: lieu du doute, parfois de la révolte, souvent de l'angoisse… C'est d'autant plus vrai que les progrès de la science et de la technique semblaient leur promettre une vie plus facile, où l'on éradiquerait la maladie et où l'on repousserait à l'infini les frontières de la mort! La foi en la résurrection des morts et l'espérance de la vie éternelle ouvrent l'intelligence au sens ultime de l'existence: c'est la signification profonde de la fête de Pâques, où les chrétiens célèbrent fidèlement depuis deux mille ans la résurrection du Christ. Comme l'écrivait le pape émérite Benoît XVI: «Privé de la lumière de la foi, l'univers entier périt, prisonnier d'un sépulcre sans avenir ni espérance.» Dans un monde marqué par la tristesse et l'angoisse, les chrétiens veulent témoigner de leur joie de croire en un Christ que la mort n'a pas pu retenir en son pouvoir, un Christ sorti vainqueur du tombeau, un Christ ressuscité qui est vivant pour les siècles! Comme le pape François l'affirmait avec force, le dimanche des Rameaux: «Notre joie n'est pas une joie qui naît du fait de posséder de nombreuses choses, mais elle naît du fait d'avoir rencontré une Personne: Jésus, qui est parmi nous.» Il est vivant et ne nous laisse jamais seuls. Si parfois il nous fait communier aux souffrances de sa passion, à travers les épreuves de notre vie, il nous fait aussi expérimenter la puissance de sa résurrection, à travers la Parole de l'Écriture sainte, les sacrements de son Église et la communauté fraternelle rassemblée en son Nom.
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En ouverture de la semaine sainte, le Pape a placé l'évangélisation comme son objectif principal.
L'époque de la radio est revenue, le temps d'une messe, jeudi à Rome. Impossible pour des raisons de protection d'identités de disposer des images de la messe du jeudi saint que le pape François a tenu à célébrer en fin d'après-midi dans une prison pour jeunes mineurs dans la banlieue de Rome. Un simple micro était donc le témoin sensible de cette messe derrière les barreaux, mais les voix des jeunes comme celles du Pape transmettaient une très vive émotion.
Dans son homélie improvisée et d'une grande simplicité, le pape François a voulu expliquer à cette quarantaine de jeunes le sens du «lavement des pieds» que l'Église reproduit dans cette liturgie. Ainsi le Pape a-t-il lavé les pieds d'une douzaine de jeunes présents après leur avoir dit que «le plus haut placé doit être au service». Ce «signe» du lavement des pieds a-t-il conclu est le «signe de la caresse de Jésus» à votre égard.
Une messe donc, derrière des murs surmontés de barbelés pour des jeunes en grande difficulté en voie d'exclusion que le nouveau pape a tenu à rejoindre pour donner lui aussi un signe à toute l'Église catholique à qui il demande de «sortir» de ses propres frontières et habitudes pour «aller et porter l'Évangile» là où il n'est pas reçu ou entendu.
François a lavé les pieds d'une douzaine de jeunes après leur avoir dit que «le plus haut placé doit être au service»
Tel est la grande nouveauté de ce pontificat. Elle apparaît, jours après jours, depuis deux semaines. Il cherche à décomplexer l'Église catholique sur la question de l'annonce du Christ, un sujet tabou depuis quarante ans dans les rangs ecclésiaux. Tabou parce que le concile Vatican II (1962-1965) a volontairement rompu avec une théologie de l'expansion qui était souvent comprise comme du prosélytisme et qui a été bannie.
Seuls les mouvements traditionalistes ont gardé cette façon de procéder, rejoints, dans les années 1980, dans un tout autre style, par les communautés nouvelles, de types charismatiques. Elles ont ainsi pratiqué «l'évangélisation directe», dans la rue. Au sommet, les papes Paul VI, Jean-Paul II, puis Benoît XVI ont tout fait pour encourager cet élan mais le logiciel interne de l'Église catholique - celui des paroisses, des conférences épiscopales, des séminaires, des facultés de théologies - était réglé, lui, sur une interprétation minimaliste du concile Vatican II visant à éviter tout prosélytisme. Il était donc très mal vu d'oser évangéliser, la théologie dominante prônait la théorie du levain dans la pâte en expliquant que plus le chrétien disparaissait aux yeux de la société, mieux il rayonnait…
Le paroxysme de l'opposition entre ces deux écoles dont l'opposition a miné l'Église catholique depuis plusieurs décennies, provoquant des reculs importants en Amérique latine notamment, en Europe tout particulièrement, a été le synode consacré à la «nouvelle évangélisation» convoqué à Rome, en octobre dernier, par Benoît XVI. Malgré les paroles du précédent pape encourageant l'Église en début de synode, à pratiquer «la première annonce», c'est-à-dire à ne pas avoir peur de «proposer d'emblée le Christ» à qui ne le connaît pas, c'est encore la théorie dominante des années 1970 qui l'a emporté dans le document final. Toutes les initiatives récentes de type charismatique ont été totalement marginalisées.
Sans faire de grands discours, mais par l'exemple et sans aucun complexe, le nouveau pape, qui n'est vraiment pas progressiste sur ce point, est donc en train de réveiller par ses homélies enflammées toute l'Église, prêtres et laïcs, en impliquant chacun très directement.
Ainsi, de l'audience générale de mercredi matin où il a appelé les catholiques du monde entier à «sortir» des églises pour «porter l'Évangile» dans les rues. Ainsi de la messe chrismale, dans la basilique Saint-Pierre, jeudi matin où le Pape avait en face de lui tous les prêtres du diocèse de Rome et où sont bénies les huiles saintes.
Le nouveau pape est en train de réveiller toute l'Église par ses homélies enflammées
Dans son homélie, le Pape a médité sur le sens de l'onction: «Le Seigneur le dira clairement: son onction est pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les malades, pour ceux qui sont tristes et seuls. L'onction n'est pas destinée à nous parfumer nous-mêmes, ni davantage pour que nous la conservions dans un vase, parce que l'huile deviendrait rance… et le cœur amer.»
Le Pape s'est alors lancé dans cette définition du «bon prêtre»: «On reconnaît un bon prêtre à sa façon d'oindre son peuple. Quand nos fidèles reçoivent une huile de joie, on s'en rend compte, c'est la preuve: lorsqu'ils sortent de la messe, par exemple, avec le visage de ceux qui ont reçu une bonne nouvelle.»
Le pape François a alors critiqué directement certaines pratiques sacerdotales: «Le prêtre qui ne sort pas de lui-même, au lieu d'être un médiateur, se convertit peu à peu en intermédiaire, en gestionnaire. (…) De là provient précisément cette insatisfaction chez certains qui finissent par être tristes et convertis en collectionneurs d'antiquités ou de nouveautés au lieu d'être des pasteurs pénétrés de “l'odeur de leurs brebis”, pasteurs au milieu de leur propre troupeau, et pêcheurs d'hommes. En vérité, ladite crise d'identité sacerdotale nous menace tous et se greffe sur une crise de civilisation ; mais si nous savons dompter cette vague, nous pourrons prendre le large au nom du Seigneur et jeter les filets.»
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Boom des pèlerinages à Rome, livres réédités en milliers d'exemplaires, opinion unanime sur sa personnalité... un véritable culte est voué à François qui, non «papabile» hier, fait aujourd'hui l'objet d'une «papamania».
De gauche ou de droite, jeunes ou plus âgés, classes populaires ou aisées, croyants et athées... La personnalité et la spiritualité du nouveau Pape ont accordé tant de cœurs dissonnants en quelques semaines seulement que l'on parle déjà de «Françoismania» ou «papamania» pour décrire l'unanimité dont le Souverain Pontife fait l'objet. Un engouement qui ne semble pas qu'une posture d'opinion puisqu'elle s'incarne aussi très concrètement: de nombreuses personnes s'apprêtent à faire le chemin jusqu'à Rome pour célébrer Pâques en compagnie du pape François. Un afflux que mesurent les voyagistes de manière très tangible ces dernières semaines.
Pèlerinages et demandes d'audiences
«C'est très net, il y a un redémarrage des pélerinages à Rome depuis l'élection du nouveau Pape, atteste Hubert Debbasch, PDG de Terre Entière, une agence spécialisée dans le voyage spirituel et culturel. Notre circuit “classique” appelé “L'église de Dieu qui est à Rome” (en référence au début de l'épître de Saint-Paul aux Romains, NDLR) ramait depuis le début du pontificat de Benoît XVI. Nous avons dû l'annuler beaucoup de fois, faute d'inscriptions suffisantes. Or depuis l'élection du pape François, les inscriptions repartent en flèche, à raison de plusieurs par semaine contre à peine une par mois avant».
Autre signe sensible, selon ce professionnel du pélerinage, la hausse des demandes d'audience du Pape. «Depuis 5 ou 6 ans, dans nos circuits, plus personne, à quelques exceptions près, ne demandait à aller à l'audience publique du pape le mercredi. Depuis l'élection, chacun veut être sûr d'y participer!», raconte-t-il.
Le package «Pâques à Rome avec le nouveau Pape» est quant à lui bouclé. Jeudi, Hubert Debbasch emmènera une vingtaine d'inscrits entre 40 et 70 ans pour cheminer vers le successeur de Pierre dans la gloire de la résurrection pascale.
«Ce sont tous les gestes de simplicité du pape, véritable langage universel, qui ont parlé à tous»
Messe de la Cène à Saint-Jean-de-Latran, siège de l'évêque de Rome, marche méditative sur la Via Appia, la route empruntée par Saint-Paul à partir de Pouzzoles pour rejoindre Rome, chemin de croix, veillée pascale, messe de Pâques, bénédiction «ubi et orbi»... Anne est aux anges. Cette lyonnaise de 29 ans, infirmière libérale, sera du voyage mais de sa propre initiative, selon un programme pré-établi avec deux amies et collègues. «C'est la première fois que je vais à Rome, la première fois que je fais un pèlerinage, la première fois que j'ai reçu les mots d'un pape en plein coeur!», confie cette croyante non pratiquante. Au lendemain de l'élection de François, interpellée par «l'humanité et le charisme» du pape, elle a décidé d'aller à Rome pour vivre cette symbolique forte: «la résurrection du Christ avec le renouveau de l'Église incarné par un pape du Nouveau monde», s'enflamme-t-elle.
Selon Adrien, juriste dans un cabinet d'assurances et membre de l'équipe pastorale de sa paroisse parisienne, «ce sont tous les gestes de simplicité du pape, véritable langage universel, qui ont parlé à tous, analyse-t-il. Il a le cœur simple, celui précisément que Dieu veut pour chacun de nous, c'est un modèle et un guide pour nous tous». Pour Bernard, tout a été dit dans le premier mot du pape, «buonasera» («bonsoir»), un mot «insensé», «révolutionnaire», «paternel», s'enthousiasme-t-il.
Dans les paroisses, l'engouement pour François est diversement exprimé. À Paris, le prêtre d'une église emblématique du 2ème arrondissement, connu pour «taper régulièrement sur le Vatican» est moqué affectueusement par ses paroissiens pour son «revirement papiste» depuis l'élection, témoigne Arnaud, un paroissien. Dans une église près de Saint-Germain-des-Prés, dans le très chic VIIe arrondissement parisien, la réserve du curé, au lendemain de l'élection, a choqué. «Pas un mot dans le sermon, pas un mot dans le bulletin paroissial, il craint que «le pape des pauvres» ne soit pas la came des paroissiens...», regrette une fidèle. Tir rectifié le dimanche suivant, après maintes doléances de l'assistance.
François suscite la curiosité
Grégoire, lui, plus «Ratzingerien» que pro-François, s'est pourtant replongé dans le Frère François de Julien Green, sur la vie de Saint-François d'Assise. Animateur d'un groupe de prière qui se réunit chaque semaine, il avoue sa «curiosité», son «envie de le connaître» même si cette «papamania» l'irrite un peu. «Il ne faudrait pas que le culte de sa personnalité éclipse celui de Dieu!, dit-il. Sans compter que c'est une forme de négation, en creux, du ministère de ses prédecesseurs».
Anne, elle, a repris la lecture des Exercices spirituels et du Testament de Loyola. Cette jeune institutrice de Touraine y guette tous les indices «des fondements de la spiritualité du pape», premier jésuite à accéder au trône de Pierre, «pour comprendre quel avenir et quelle gouvernance de l'Église va dessiner François».
Quant aux publications sur le nouveau souverain pontife, elles se multiplient chez les éditeurs du monde entier, dans toutes les langues. Entretiens passés, prêches, anciennes productions littéraires de l'archevêque de Buenos Aires... Les propos de François ressortent des archives en mille et une réactualisations et rééditions. En Argentine, les librairies en regorgent et le pape domine tous les classement de ventes. Notamment avec Le Jésuite qui, tiré à 8000 exemplaires en 2010 pour 6500 vendus, est aujourd'hui retiré à 75.000 exemplaires. L'ouvrage Sur le ciel et la terre, qui rassemble des conversations entre le primat argentin et son ami le rabbin Abraham Skorka, a été retiré lundi dernier à 50.000 exemplaires alors que le premier tirage en comptait 10.000 en 2010. La maison d'édition religieuse Claretiana vient également d'annoncer la réimpression de neuf ouvrages rédigés par Jorge Bergoglio lui-même.
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http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/03/30/01016-20130330ARTFIG00418-le-pape-francois-tutoie-les-fideles-pendant-la-veillee-pascale.php
De notre envoyé spécial à Rome
«Accepte que Jésus Ressuscité entre dans ta vie, accueille-le comme ami, avec confiance: Lui est la vie! Si jusqu'à présent tu as été loin de Lui, fais un petit pas: il t'accueillera à bras ouverts. Si tu es indifférent, accepte de risquer: tu ne seras pas déçu. S'il te semble difficile de le suivre, n'aies pas peur, fais-lui confiance, sois sûr que Lui, il t'est proche, il est avec toi et te donnera la paix que tu cherches et la force pour vivre comme Lui le veut.» Le pape François a volontairement adopté un style très direct pour les croyants et incisif pour les indécis, dans son homélie prononcée, samedi soir, lors de la veillée pascale, dans la basilique Saint-Pierre.
La liturgie catholique prévoit de commencer à fêter Pâques, dès la tombée de la nuit du samedi saint. Partout dans le monde, cette messe commence donc dans l'obscurité, les fidèles étant seulement éclairés par des cierges qu'ils tiennent à la main. Ils l'ont allumé à un seul grand feu, à l'extérieur du bâtiment, symbole de la «résurrection du Christ».
A ce thème de la «lumière nouvelle» s'ajoute celui de «la joie» puisque les chrétiens mettent fin à ce moment à quarante jours de carême qui ont préparé cette «victoire du Christ sur la mort». Les chrétiens se l'annoncent, les uns aux autres, en se lançant «Christ est ressuscité!» et en se répondant «Il est vraiment ressuscité!». La tradition d'origine orthodoxe, des œufs de Pâques, symbolisant cette «nouvelle naissance du Christ».
5000 baptêmes cette année en France
On procède aussi à des baptêmes d'adultes - 5000 en France cette année. Ils suivent, dans l'ordre de cette messe, une série de dix sept lectures de l'ancien et du nouveau Testament qui racontent toute «l'histoire du salut». Ce qui rend la veillée pascale la liturgie catholique la plus longue de l'année. Elle peut parfois dépasser trois heures. Mais - c'est encore une première! - le pape François a explicitement demandé que soient choisies les «versions courtes» de ces lectures pour ne pas rendre interminable la cérémonie.
Dimanche matin, il présidera la messe de la résurrection sur le parvis de la basilique Saint-Pierre devant une foule qui était déjà hors du commun, samedi, dans les rues de Rome. Mais il ne prononcera aucune homélie - comme de coutume - pour ne pas être en retard au grand rendez-vous de la bénédiction urbi et orbi, à 12h, dimanche, heure de Rome. Elle est retransmise en mondiovision. Ce premier message du nouvel élu est très attendu.
L'homélie de la nuit pascale restera ainsi son unique prise de parole liturgique pour cette première fête de Pâques en tant que Pape. Au diapason de son élection toute récente - le 13 mars - il y aura donc insisté sur la «nouveauté de Dieu»: «La nouveauté souvent nous fait peur, ainsi que la nouveauté que Dieu nous apporte, la nouveauté que Dieu nous demande. Nous sommes comme les Apôtres de l'Évangile: nous préférons souvent garder nos sécurités, nous arrêter à la pensée pour un défunt qui vit seulement dans le souvenir de l'histoire comme les grand personnages du passé. Nous avons peur des surprises de Dieu ; nous avons peur des surprises de Dieu! Il nous surprend toujours! Frères et soeurs, ne nous fermons pas à la nouveauté que Dieu veut porter dans notre vie!»
La «confiance» et la réconciliation avec Dieu
Il est ensuite revenu sur un thème qui lui est cher. Le pape François l'a abordé plusieurs fois depuis trois semaines. C'est la «confiance» et la réconciliation avec Dieu. Elles s'opposent à l'usure du croyant: «Ne sommes-nous pas souvent fatigués, déçus, tristes, ne sentons-nous pas le poids de nos péchés, ne pensons-nous pas que nous n'y arriverons pas? Ne nous fermons pas sur nous-mêmes, ne perdons pas confiance, ne nous résignons jamais: il n'y a pas de situations que Dieu ne puisse changer, il n'y a aucun péché qu'il ne puisse pardonner si nous nous ouvrons à Lui.»
Ainsi a-t-il conclu, «la nouveauté de Dieu» est «la victoire sur le péché, sur le mal, sur la mort, sur tout ce qui opprime la vie et lui donne un visage moins humain. Et c'est un message adressé à moi, à toi, chère soeur et cher frère. Combien de fois avons-nous besoin que l'Amour nous dise: pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts? Les problèmes, les préoccupations de tous les jours tendent à nous faire replier sur nous-mêmes, dans la tristesse, dans l'amertume… et là se trouve la mort. Ne cherchons pas là Celui qui est vivant!»
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La mort est pour beaucoup de nos contemporains une pierre d'achoppement: lieu du doute, parfois de la révolte, souvent de l'angoisse… C'est d'autant plus vrai que les progrès de la science et de la technique semblaient leur promettre une vie plus facile, où l'on éradiquerait la maladie et où l'on repousserait à l'infini les frontières de la mort! La foi en la résurrection des morts et l'espérance de la vie éternelle ouvrent l'intelligence au sens ultime de l'existence: c'est la signification profonde de la fête de Pâques, où les chrétiens célèbrent fidèlement depuis deux mille ans la résurrection du Christ. Comme l'écrivait le pape émérite Benoît XVI: «Privé de la lumière de la foi, l'univers entier périt, prisonnier d'un sépulcre sans avenir ni espérance.» Dans un monde marqué par la tristesse et l'angoisse, les chrétiens veulent témoigner de leur joie de croire en un Christ que la mort n'a pas pu retenir en son pouvoir, un Christ sorti vainqueur du tombeau, un Christ ressuscité qui est vivant pour les siècles! Comme le pape François l'affirmait avec force, le dimanche des Rameaux: «Notre joie n'est pas une joie qui naît du fait de posséder de nombreuses choses, mais elle naît du fait d'avoir rencontré une Personne: Jésus, qui est parmi nous.» Il est vivant et ne nous laisse jamais seuls. Si parfois il nous fait communier aux souffrances de sa passion, à travers les épreuves de notre vie, il nous fait aussi expérimenter la puissance de sa résurrection, à travers la Parole de l'Écriture sainte, les sacrements de son Église et la communauté fraternelle rassemblée en son Nom.
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En ouverture de la semaine sainte, le Pape a placé l'évangélisation comme son objectif principal.
L'époque de la radio est revenue, le temps d'une messe, jeudi à Rome. Impossible pour des raisons de protection d'identités de disposer des images de la messe du jeudi saint que le pape François a tenu à célébrer en fin d'après-midi dans une prison pour jeunes mineurs dans la banlieue de Rome. Un simple micro était donc le témoin sensible de cette messe derrière les barreaux, mais les voix des jeunes comme celles du Pape transmettaient une très vive émotion.
Dans son homélie improvisée et d'une grande simplicité, le pape François a voulu expliquer à cette quarantaine de jeunes le sens du «lavement des pieds» que l'Église reproduit dans cette liturgie. Ainsi le Pape a-t-il lavé les pieds d'une douzaine de jeunes présents après leur avoir dit que «le plus haut placé doit être au service». Ce «signe» du lavement des pieds a-t-il conclu est le «signe de la caresse de Jésus» à votre égard.
Une messe donc, derrière des murs surmontés de barbelés pour des jeunes en grande difficulté en voie d'exclusion que le nouveau pape a tenu à rejoindre pour donner lui aussi un signe à toute l'Église catholique à qui il demande de «sortir» de ses propres frontières et habitudes pour «aller et porter l'Évangile» là où il n'est pas reçu ou entendu.
François a lavé les pieds d'une douzaine de jeunes après leur avoir dit que «le plus haut placé doit être au service»
Tel est la grande nouveauté de ce pontificat. Elle apparaît, jours après jours, depuis deux semaines. Il cherche à décomplexer l'Église catholique sur la question de l'annonce du Christ, un sujet tabou depuis quarante ans dans les rangs ecclésiaux. Tabou parce que le concile Vatican II (1962-1965) a volontairement rompu avec une théologie de l'expansion qui était souvent comprise comme du prosélytisme et qui a été bannie.
Seuls les mouvements traditionalistes ont gardé cette façon de procéder, rejoints, dans les années 1980, dans un tout autre style, par les communautés nouvelles, de types charismatiques. Elles ont ainsi pratiqué «l'évangélisation directe», dans la rue. Au sommet, les papes Paul VI, Jean-Paul II, puis Benoît XVI ont tout fait pour encourager cet élan mais le logiciel interne de l'Église catholique - celui des paroisses, des conférences épiscopales, des séminaires, des facultés de théologies - était réglé, lui, sur une interprétation minimaliste du concile Vatican II visant à éviter tout prosélytisme. Il était donc très mal vu d'oser évangéliser, la théologie dominante prônait la théorie du levain dans la pâte en expliquant que plus le chrétien disparaissait aux yeux de la société, mieux il rayonnait…
Le paroxysme de l'opposition entre ces deux écoles dont l'opposition a miné l'Église catholique depuis plusieurs décennies, provoquant des reculs importants en Amérique latine notamment, en Europe tout particulièrement, a été le synode consacré à la «nouvelle évangélisation» convoqué à Rome, en octobre dernier, par Benoît XVI. Malgré les paroles du précédent pape encourageant l'Église en début de synode, à pratiquer «la première annonce», c'est-à-dire à ne pas avoir peur de «proposer d'emblée le Christ» à qui ne le connaît pas, c'est encore la théorie dominante des années 1970 qui l'a emporté dans le document final. Toutes les initiatives récentes de type charismatique ont été totalement marginalisées.
Sans faire de grands discours, mais par l'exemple et sans aucun complexe, le nouveau pape, qui n'est vraiment pas progressiste sur ce point, est donc en train de réveiller par ses homélies enflammées toute l'Église, prêtres et laïcs, en impliquant chacun très directement.
Ainsi, de l'audience générale de mercredi matin où il a appelé les catholiques du monde entier à «sortir» des églises pour «porter l'Évangile» dans les rues. Ainsi de la messe chrismale, dans la basilique Saint-Pierre, jeudi matin où le Pape avait en face de lui tous les prêtres du diocèse de Rome et où sont bénies les huiles saintes.
Le nouveau pape est en train de réveiller toute l'Église par ses homélies enflammées
Dans son homélie, le Pape a médité sur le sens de l'onction: «Le Seigneur le dira clairement: son onction est pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les malades, pour ceux qui sont tristes et seuls. L'onction n'est pas destinée à nous parfumer nous-mêmes, ni davantage pour que nous la conservions dans un vase, parce que l'huile deviendrait rance… et le cœur amer.»
Le Pape s'est alors lancé dans cette définition du «bon prêtre»: «On reconnaît un bon prêtre à sa façon d'oindre son peuple. Quand nos fidèles reçoivent une huile de joie, on s'en rend compte, c'est la preuve: lorsqu'ils sortent de la messe, par exemple, avec le visage de ceux qui ont reçu une bonne nouvelle.»
Le pape François a alors critiqué directement certaines pratiques sacerdotales: «Le prêtre qui ne sort pas de lui-même, au lieu d'être un médiateur, se convertit peu à peu en intermédiaire, en gestionnaire. (…) De là provient précisément cette insatisfaction chez certains qui finissent par être tristes et convertis en collectionneurs d'antiquités ou de nouveautés au lieu d'être des pasteurs pénétrés de “l'odeur de leurs brebis”, pasteurs au milieu de leur propre troupeau, et pêcheurs d'hommes. En vérité, ladite crise d'identité sacerdotale nous menace tous et se greffe sur une crise de civilisation ; mais si nous savons dompter cette vague, nous pourrons prendre le large au nom du Seigneur et jeter les filets.»
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Boom des pèlerinages à Rome, livres réédités en milliers d'exemplaires, opinion unanime sur sa personnalité... un véritable culte est voué à François qui, non «papabile» hier, fait aujourd'hui l'objet d'une «papamania».
De gauche ou de droite, jeunes ou plus âgés, classes populaires ou aisées, croyants et athées... La personnalité et la spiritualité du nouveau Pape ont accordé tant de cœurs dissonnants en quelques semaines seulement que l'on parle déjà de «Françoismania» ou «papamania» pour décrire l'unanimité dont le Souverain Pontife fait l'objet. Un engouement qui ne semble pas qu'une posture d'opinion puisqu'elle s'incarne aussi très concrètement: de nombreuses personnes s'apprêtent à faire le chemin jusqu'à Rome pour célébrer Pâques en compagnie du pape François. Un afflux que mesurent les voyagistes de manière très tangible ces dernières semaines.
Pèlerinages et demandes d'audiences
«C'est très net, il y a un redémarrage des pélerinages à Rome depuis l'élection du nouveau Pape, atteste Hubert Debbasch, PDG de Terre Entière, une agence spécialisée dans le voyage spirituel et culturel. Notre circuit “classique” appelé “L'église de Dieu qui est à Rome” (en référence au début de l'épître de Saint-Paul aux Romains, NDLR) ramait depuis le début du pontificat de Benoît XVI. Nous avons dû l'annuler beaucoup de fois, faute d'inscriptions suffisantes. Or depuis l'élection du pape François, les inscriptions repartent en flèche, à raison de plusieurs par semaine contre à peine une par mois avant».
Autre signe sensible, selon ce professionnel du pélerinage, la hausse des demandes d'audience du Pape. «Depuis 5 ou 6 ans, dans nos circuits, plus personne, à quelques exceptions près, ne demandait à aller à l'audience publique du pape le mercredi. Depuis l'élection, chacun veut être sûr d'y participer!», raconte-t-il.
Le package «Pâques à Rome avec le nouveau Pape» est quant à lui bouclé. Jeudi, Hubert Debbasch emmènera une vingtaine d'inscrits entre 40 et 70 ans pour cheminer vers le successeur de Pierre dans la gloire de la résurrection pascale.
«Ce sont tous les gestes de simplicité du pape, véritable langage universel, qui ont parlé à tous»
Messe de la Cène à Saint-Jean-de-Latran, siège de l'évêque de Rome, marche méditative sur la Via Appia, la route empruntée par Saint-Paul à partir de Pouzzoles pour rejoindre Rome, chemin de croix, veillée pascale, messe de Pâques, bénédiction «ubi et orbi»... Anne est aux anges. Cette lyonnaise de 29 ans, infirmière libérale, sera du voyage mais de sa propre initiative, selon un programme pré-établi avec deux amies et collègues. «C'est la première fois que je vais à Rome, la première fois que je fais un pèlerinage, la première fois que j'ai reçu les mots d'un pape en plein coeur!», confie cette croyante non pratiquante. Au lendemain de l'élection de François, interpellée par «l'humanité et le charisme» du pape, elle a décidé d'aller à Rome pour vivre cette symbolique forte: «la résurrection du Christ avec le renouveau de l'Église incarné par un pape du Nouveau monde», s'enflamme-t-elle.
Selon Adrien, juriste dans un cabinet d'assurances et membre de l'équipe pastorale de sa paroisse parisienne, «ce sont tous les gestes de simplicité du pape, véritable langage universel, qui ont parlé à tous, analyse-t-il. Il a le cœur simple, celui précisément que Dieu veut pour chacun de nous, c'est un modèle et un guide pour nous tous». Pour Bernard, tout a été dit dans le premier mot du pape, «buonasera» («bonsoir»), un mot «insensé», «révolutionnaire», «paternel», s'enthousiasme-t-il.
Dans les paroisses, l'engouement pour François est diversement exprimé. À Paris, le prêtre d'une église emblématique du 2ème arrondissement, connu pour «taper régulièrement sur le Vatican» est moqué affectueusement par ses paroissiens pour son «revirement papiste» depuis l'élection, témoigne Arnaud, un paroissien. Dans une église près de Saint-Germain-des-Prés, dans le très chic VIIe arrondissement parisien, la réserve du curé, au lendemain de l'élection, a choqué. «Pas un mot dans le sermon, pas un mot dans le bulletin paroissial, il craint que «le pape des pauvres» ne soit pas la came des paroissiens...», regrette une fidèle. Tir rectifié le dimanche suivant, après maintes doléances de l'assistance.
François suscite la curiosité
Grégoire, lui, plus «Ratzingerien» que pro-François, s'est pourtant replongé dans le Frère François de Julien Green, sur la vie de Saint-François d'Assise. Animateur d'un groupe de prière qui se réunit chaque semaine, il avoue sa «curiosité», son «envie de le connaître» même si cette «papamania» l'irrite un peu. «Il ne faudrait pas que le culte de sa personnalité éclipse celui de Dieu!, dit-il. Sans compter que c'est une forme de négation, en creux, du ministère de ses prédecesseurs».
Anne, elle, a repris la lecture des Exercices spirituels et du Testament de Loyola. Cette jeune institutrice de Touraine y guette tous les indices «des fondements de la spiritualité du pape», premier jésuite à accéder au trône de Pierre, «pour comprendre quel avenir et quelle gouvernance de l'Église va dessiner François».
Quant aux publications sur le nouveau souverain pontife, elles se multiplient chez les éditeurs du monde entier, dans toutes les langues. Entretiens passés, prêches, anciennes productions littéraires de l'archevêque de Buenos Aires... Les propos de François ressortent des archives en mille et une réactualisations et rééditions. En Argentine, les librairies en regorgent et le pape domine tous les classement de ventes. Notamment avec Le Jésuite qui, tiré à 8000 exemplaires en 2010 pour 6500 vendus, est aujourd'hui retiré à 75.000 exemplaires. L'ouvrage Sur le ciel et la terre, qui rassemble des conversations entre le primat argentin et son ami le rabbin Abraham Skorka, a été retiré lundi dernier à 50.000 exemplaires alors que le premier tirage en comptait 10.000 en 2010. La maison d'édition religieuse Claretiana vient également d'annoncer la réimpression de neuf ouvrages rédigés par Jorge Bergoglio lui-même.
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http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/03/30/01016-20130330ARTFIG00418-le-pape-francois-tutoie-les-fideles-pendant-la-veillee-pascale.php
lardida- Combat l'antechrist
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Re: Le Pape François ...
Dès 8 heures, la place Saint-Pierre était quasi comble pour la première messe de Pâques du pape François.
Ite missa est. La messe est dite, place aux vivas d'une foule en liesse. «Jésus, Tu es ma vie, Alléluia!», s'époumonent des milliers de cœurs consolés en quittant la messe de la Résurrection, célébrée par le Pape sur la place Saint-Pierre. «Il est mort, Il est ressuscité, Il est vivant et Il nous aime»… Le message de la croix, glorifié en ce jour de Pâques et clamé par le pape François sous un soleil providentiel, fait abonder la joie sur le pavé romain et inonde les yeux de nombreux chrétiens. À court de mouchoirs, Christina, une Argentine de 56 ans, pleure, silencieuse. Le Souverain Pontife vient de passer devant elle, dans la papamobile découverte, et, dans un sourire tendre et paternel, a embrassé un jeune handicapé qu'on lui tendait. «Tout l'amour du monde est là, dans ce geste, dans ses yeux, ça me bouleverse», dit-elle.
Des dizaines de bébés surgissent à bout de bras sous le nez du successeur de Pierre pour espérer un baiser, une bénédiction. Personne ne se remet de le voir si proche, «si simple et si aimant», s'ébahit un groupe de pèlerins slovaque. La foule hurle à son passage. «Les Canadiens sont au taquet!», jalouse une jeune scoute française pour motiver son groupe. «La France vous aime, venez chez nous», lit-on sur un drapeau tricolore.
Devant une place Saint-Pierre noire de monde, le pape François a célébré dimanche la messe de Pâques.
Plus de 200.000 fidèles étaient massés sur la place et sur la via della Conciliazione, quand le pape argentin est sorti du Vatican pour rejoindre à pied l'autel tout proche, vêtu d'une chasuble blanche et tenant une croix en or.
L'autel était entouré de parterres de fleurs aux vives dominantes jaunes venues de Hollande, symboles joyeux du printemps et de la résurrection de Jésus. Crédits photo : Alessandra Tarantino/AP
Le Pape, qui a salué la foule en papamobile, suscite toujours autant d'enthousiasme comme en témoigne cette bannière où l'on peut lire «Pape, nous t'aimons tant». Crédits photo : ALBERTO PIZZOLIALBERTO PIZZOLI/AFP
De nombreux drapeaux argentins étaient agités par la foule. Un spectacle que le Pape originaire de ce pays a accueilli avec le sourire. Crédits photo : REUTERS/Stefano Rellandini
Jorge Bergoglio a embrassé un enfant handicapé.
Grand amateur de football, le Pape s'est vu offrir par un admirateur un maillot de son équipe fétiche de San Lorenzo.
Après cette première messe de Pâques, le souverain pontife a accordé sa bénédiction urbi et orbi (à la ville et au monde), où il a lancé un appel poignant pour la paix au Moyen-Orient, en Syrie en particulier, mais aussi au Mali et en Corée. Le pape François, qui a fait de la défense de l'environnement l'une des marques de fabrique de son pontificat, s'est également élevé contre «l'exploitation inéquitable des ressources naturelles» et a appelé les fidèles à être «des gardiens responsables de la Création».
Un vieux couple libanais se tient serré, les yeux clos. «Ma femme est malade, confie le mari, nous tenions à venir pour vivre l'espérance de la Résurrection avec le nouveau Pape qui, lui, nous donne l'espoir immense d'une Église renouvelée.» Une grosse larme roule sur la joue de la dame. «Je ne pouvais pas rêver mieux pour partir apaisée, dit-elle. Longue vie à François!»
Réveillés à l'aube
Pour avoir une bonne place, des dizaines de milliers de personnes s'étaient réveillées à l'aube, sans sourciller sur l'heure de sommeil perdue par le passage à l'heure d'été. «On a l'éternité pour se reposer!, lance Angelo, un Napolitain venu en famille pour la semaine sainte. Et puis la première messe de Pâques du pontificat de François, c'est qu'une fois dans la vie.»
Dès 8 heures, la place Saint-Pierre est quasi comble. Les policiers ont bien du mal à contenir les cordons de fidèles qui doivent d'abord se plier au contrôle des détecteurs de métaux. Sitôt passés, comme une volée d'étourneaux, religieuses, touristes, prêtres et pèlerins se dispersent en courant pour s'installer au plus près.
«Sur un coup de tête»
Les plus organisés ont réservé leur billet pour des places assises dans les premiers carrés, non loin de l'autel. Pour tromper l'attente, les uns prient quand d'autres échangent les adresses des bons restaurants visités la veille ou envoient des photos à la famille. Certains apprécient aussi le spectacle offert par deux policiers du Vatican qui, les nerfs en pelote, ont failli en venir aux mains. Une histoire d'ordres donnés par le premier, contredits par l'autre, où était en cause le placement de cinq jeunes scouts de France.
« On n'est pas venu avec notre raison mais avec notre cœur »
Deux couples et leurs neuf enfants sont venus en voiture depuis Lyon pour vivre l'événement. Édouard, Laure, Thierry et Frédérique ont embarqué leurs ados de 10 à 16 ans à qui ils ont «fait sécher l'école catho» pour l'occasion, s'amusent-ils. «C'est la première fois que nous faisons une telle chose, partir sur un coup de tête, comme une urgence à vivre ces jours saints avec notre nouveau Pape», s'enflamme Laure. «On n'est pas venu avec notre raison mais avec notre cœur», explique Thierry. Pour lui, c'est un voyage symbolique important, un message envoyé aux enfants: «Cela veut dire que la foi compte, qu'on est prêt à tout laisser instantanément, y compris l'école, à dépenser du temps, de l'énergie et de l'argent pour être près de notre pasteur.»
« Depuis Benoît XVI, c'était la catastrophe, on ne vendait rien de rien à son effigie. Mais depuis quinze jours, c'est l'explosion, pas besoin de publicité ! »
Peu à peu, la place Saint-Pierre se vide… et les magasins de souvenirs se remplissent. Plus vu ça depuis Jean-Paul II, répètent les commerçants. Dans la petite boutique de Maria, on prie depuis des jours pour le réassort express du tee-shirt «I love Francesco», en rupture de stock sur les petites tailles. «C'est fou, avoueAlberto,le vieux patron du magasin à côté. Depuis Benoît XVI, c'était la catastrophe, on ne vendait rien de rien à son effigie. Mais depuis quinze jours, c'est l'explosion, pas besoin de publicité!» Selon lui, son chiffre d'affaires a fait un bond de plus de 80 %. «La génération Jean-Paul II c'est fini, celle de Benoît XVI n'a jamais existé, voici celle de François!», se réjouit-il. À Rome, chacun voit la résurrection à sa porte.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/03/31/01016-20130331ARTFIG00179-rome-des-fideles-du-monde-entier-laissent-eclater-espoirs-et-ferveur.php
Ite missa est. La messe est dite, place aux vivas d'une foule en liesse. «Jésus, Tu es ma vie, Alléluia!», s'époumonent des milliers de cœurs consolés en quittant la messe de la Résurrection, célébrée par le Pape sur la place Saint-Pierre. «Il est mort, Il est ressuscité, Il est vivant et Il nous aime»… Le message de la croix, glorifié en ce jour de Pâques et clamé par le pape François sous un soleil providentiel, fait abonder la joie sur le pavé romain et inonde les yeux de nombreux chrétiens. À court de mouchoirs, Christina, une Argentine de 56 ans, pleure, silencieuse. Le Souverain Pontife vient de passer devant elle, dans la papamobile découverte, et, dans un sourire tendre et paternel, a embrassé un jeune handicapé qu'on lui tendait. «Tout l'amour du monde est là, dans ce geste, dans ses yeux, ça me bouleverse», dit-elle.
Des dizaines de bébés surgissent à bout de bras sous le nez du successeur de Pierre pour espérer un baiser, une bénédiction. Personne ne se remet de le voir si proche, «si simple et si aimant», s'ébahit un groupe de pèlerins slovaque. La foule hurle à son passage. «Les Canadiens sont au taquet!», jalouse une jeune scoute française pour motiver son groupe. «La France vous aime, venez chez nous», lit-on sur un drapeau tricolore.
Devant une place Saint-Pierre noire de monde, le pape François a célébré dimanche la messe de Pâques.
Plus de 200.000 fidèles étaient massés sur la place et sur la via della Conciliazione, quand le pape argentin est sorti du Vatican pour rejoindre à pied l'autel tout proche, vêtu d'une chasuble blanche et tenant une croix en or.
L'autel était entouré de parterres de fleurs aux vives dominantes jaunes venues de Hollande, symboles joyeux du printemps et de la résurrection de Jésus. Crédits photo : Alessandra Tarantino/AP
Le Pape, qui a salué la foule en papamobile, suscite toujours autant d'enthousiasme comme en témoigne cette bannière où l'on peut lire «Pape, nous t'aimons tant». Crédits photo : ALBERTO PIZZOLIALBERTO PIZZOLI/AFP
De nombreux drapeaux argentins étaient agités par la foule. Un spectacle que le Pape originaire de ce pays a accueilli avec le sourire. Crédits photo : REUTERS/Stefano Rellandini
Jorge Bergoglio a embrassé un enfant handicapé.
Grand amateur de football, le Pape s'est vu offrir par un admirateur un maillot de son équipe fétiche de San Lorenzo.
Après cette première messe de Pâques, le souverain pontife a accordé sa bénédiction urbi et orbi (à la ville et au monde), où il a lancé un appel poignant pour la paix au Moyen-Orient, en Syrie en particulier, mais aussi au Mali et en Corée. Le pape François, qui a fait de la défense de l'environnement l'une des marques de fabrique de son pontificat, s'est également élevé contre «l'exploitation inéquitable des ressources naturelles» et a appelé les fidèles à être «des gardiens responsables de la Création».
Un vieux couple libanais se tient serré, les yeux clos. «Ma femme est malade, confie le mari, nous tenions à venir pour vivre l'espérance de la Résurrection avec le nouveau Pape qui, lui, nous donne l'espoir immense d'une Église renouvelée.» Une grosse larme roule sur la joue de la dame. «Je ne pouvais pas rêver mieux pour partir apaisée, dit-elle. Longue vie à François!»
Réveillés à l'aube
Pour avoir une bonne place, des dizaines de milliers de personnes s'étaient réveillées à l'aube, sans sourciller sur l'heure de sommeil perdue par le passage à l'heure d'été. «On a l'éternité pour se reposer!, lance Angelo, un Napolitain venu en famille pour la semaine sainte. Et puis la première messe de Pâques du pontificat de François, c'est qu'une fois dans la vie.»
Dès 8 heures, la place Saint-Pierre est quasi comble. Les policiers ont bien du mal à contenir les cordons de fidèles qui doivent d'abord se plier au contrôle des détecteurs de métaux. Sitôt passés, comme une volée d'étourneaux, religieuses, touristes, prêtres et pèlerins se dispersent en courant pour s'installer au plus près.
«Sur un coup de tête»
Les plus organisés ont réservé leur billet pour des places assises dans les premiers carrés, non loin de l'autel. Pour tromper l'attente, les uns prient quand d'autres échangent les adresses des bons restaurants visités la veille ou envoient des photos à la famille. Certains apprécient aussi le spectacle offert par deux policiers du Vatican qui, les nerfs en pelote, ont failli en venir aux mains. Une histoire d'ordres donnés par le premier, contredits par l'autre, où était en cause le placement de cinq jeunes scouts de France.
« On n'est pas venu avec notre raison mais avec notre cœur »
Deux couples et leurs neuf enfants sont venus en voiture depuis Lyon pour vivre l'événement. Édouard, Laure, Thierry et Frédérique ont embarqué leurs ados de 10 à 16 ans à qui ils ont «fait sécher l'école catho» pour l'occasion, s'amusent-ils. «C'est la première fois que nous faisons une telle chose, partir sur un coup de tête, comme une urgence à vivre ces jours saints avec notre nouveau Pape», s'enflamme Laure. «On n'est pas venu avec notre raison mais avec notre cœur», explique Thierry. Pour lui, c'est un voyage symbolique important, un message envoyé aux enfants: «Cela veut dire que la foi compte, qu'on est prêt à tout laisser instantanément, y compris l'école, à dépenser du temps, de l'énergie et de l'argent pour être près de notre pasteur.»
« Depuis Benoît XVI, c'était la catastrophe, on ne vendait rien de rien à son effigie. Mais depuis quinze jours, c'est l'explosion, pas besoin de publicité ! »
Peu à peu, la place Saint-Pierre se vide… et les magasins de souvenirs se remplissent. Plus vu ça depuis Jean-Paul II, répètent les commerçants. Dans la petite boutique de Maria, on prie depuis des jours pour le réassort express du tee-shirt «I love Francesco», en rupture de stock sur les petites tailles. «C'est fou, avoueAlberto,le vieux patron du magasin à côté. Depuis Benoît XVI, c'était la catastrophe, on ne vendait rien de rien à son effigie. Mais depuis quinze jours, c'est l'explosion, pas besoin de publicité!» Selon lui, son chiffre d'affaires a fait un bond de plus de 80 %. «La génération Jean-Paul II c'est fini, celle de Benoît XVI n'a jamais existé, voici celle de François!», se réjouit-il. À Rome, chacun voit la résurrection à sa porte.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/03/31/01016-20130331ARTFIG00179-rome-des-fideles-du-monde-entier-laissent-eclater-espoirs-et-ferveur.php
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