Enfants pauvres du Monde : Témoignage

Veux-tu un ballon ?
(Marie-Christine, infirmière, est partie comme volontaire au Honduras.)

Le scandale des enfants-soldats est quelque chose d’extrêmement grave et choquant qu’il ne faut taire à aucun prix. Les enfants réfugiés étaient d’ailleurs souvent très violents. Les traumatismes provoqués par ce qu’ils avaient vécu les avaient endurcis. C’est pourquoi, à la fin de mon séjour durant lequel j’avais constaté que les enfants avaient besoin de jouets pour court-circuiter leur violence et retrouver ce dynamisme enfantin qui leur faisait particulièrement défaut, j’ai voulu leur acheter des ballons avant de partir.

Puis j’ai vu un enfant tout triste et je lui ai demandé en espagnol : « Veux-tu un ballon, toi aussi ? » Il m’a répondu immédiatement : « Je ne veux pas de ballon. Je voudrais de l’argent pour le donner à ma maman pour que l’on puisse manger à la maison, parce que nous sommes sept frères et sœurs, et maman n’a pas d’argent. »

L’enfant avait un regard adulte, un regard qui est un véritable langage chez les jeunes privés de joie et qui se cognent à la souffrance. Non seulement je lui ai offert son ballon, mais je l’ai emmené acheter un nouveau tee-shirt pour remplacer le sien qui était en haillons, et je lui ai donné un billet pour qu’il puisse le porter à sa mère. Le visage de cet enfant a été totalement transfiguré. Il est parti en courant !

Marie-Christine Choquet

(Témoignage tiré du livre « Leur silence est un cri », de Marie-Christine Choquet et Benoît Richard, Fayard, 1990)


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©F&L-C. Deher

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