Philippe Pozzo di Borgo, le Corse qui a inspiré "Les Intouchables"
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Philippe Pozzo di Borgo, le Corse qui a inspiré "Les Intouchables"
Philippe Pozzo di Borgo, le Corse qui a inspiré "Les Intouchables"
Le 23 juin 1993, Philippe Pozzo di Borgo s'écrase en parapente sur les reliefs savoyards du mont Bisanne. Les cervicales brisées, le patron des champagnes Pommery est tétraplégique, à 42 ans. Il a inspiré le film "les Intouchables" d'Eric Toledano et Olivier Nakache. Depuis le Maroc où il vit désormais, il a répondu a nos questions.
Racontez-nous un peu cette aventure cinématographique…
J’avais posé une seule condition, que l’on s’amuse, et j’ai été entendu par ces deux réalisateurs intelligents, drôles et très professionnels. Ils sont venus chez moi, à Essaouira, avec les acteurs, pour ce qu’ils appellent un séminaire d’intégration. Trois journées, traversées de moments étonnants, forts, émouvants. Ils sont tous revenus le 11 septembre pour projeter le film autour d’un tajine, sous les étoiles, un mur pas très propre servant d’écran. L’épilogue d’une aventure humaine de deux ans.
Le film ne souffre-t-il d’aucun décalage, dix ans après la sortie du livre ?
Le livre a été réédité, enrichi de cent pages supplémentaires qui racontent la période entre 1998, date où s’arrête la première version, et 2004.
Vous avez eu des retours, notamment de handicapés ?
Je reçois une moyenne de deux cents e-mails par jour, auxquels j’essaie de répondre. Y compris de Corse, où le film est, paraît-il, à l’affiche.
Vous contribuez à leur donner espoir et confiance ?
J’ai tenu à ce que le film soit projeté en Bretagne, dans un centre de rééducation de handicapés très lourds où j’avais longtemps séjourné. Le public, installé sur des fauteuils ou des lits médicalisés, riait, alors que les réalisateurs, eux, pleuraient. Un moment inoubliable. Je tiens à préciser que ces derniers verseront 5 % des recettes à l’association Simon de Cyrène, que j’ai fondée il y a cinq ans. Un geste généreux qui est une première dans l’histoire du cinéma.
Comment vivez-vous la célébrité ?
Les paillettes, ça n’a jamais été mon truc. Alors je la vis comme un tétra depuis le fin fond de sa campagne, avec un recul forcé. L’essentiel, c’est que le message passe auprès des gens : même quand vous traversez le pire, que les épreuves soient physiques ou sociales, tendez la main, ne restez pas isolés, et le meilleur peut toujours arriver.
Avec tous les malheurs qui vous sont tombés dessus, c’est ce à quoi vous vous êtes raccroché ?
Oui, au regard de l’autre. Abdel dans la vraie vie. Grâce à lui, j’ai une épouse et deux enfants à élever. Même allongé, il m’a remis debout.
Votre perception des valeurs a-t-elle fondamentalement changé ?
Non, le sens de la famille et de la communauté, le goût de la vie, la fidélité en amitié, l’attachement à ses racines. C’est très corse, tout ça.
Mais votre rapport à l’argent, oui…
Sur le circuit de la compétition, j’ai eu ma sortie de route. Oui, j’ai été gâté. Mais être tétra, c’est un métier très luxueux si on veut être indépendant. Si on est aimé, on y arrive.
Quels sont vos plaisirs aujourd’hui ?
Préserver mon cocon familial, écrire, puisque j’ai quelques idées qui traînent, encourager les handicapés en quête, comme moi jadis, d’un second souffle. Tout simplement me rendre utile, dans la mesure de mes moyens. Je dois surtout rester « dans le coup » pour mes enfants.
Pourquoi avoir choisi le Maroc plutôt que la Corse ?
J’ai essayé la Corse sans succès. Je souffre de douleurs neurologiques très importantes. Au-dessus de 25 °C, je pète les plombs et, en dessous de 1 015 millibars de pression atmosphérique, je suis assailli par les brûlures. Essaouira me maintient dans la bonne fourchette…
On se disait peut-être que la cité impériale vous était interdite à cause de vos lourds antécédents familiaux antinapoléoniens…
(Rires) Pas du tout ! Mes frères y vivent et, moi-même, je serai inhumé dans la chapelle mortuaire de la famille, au pied de la Punta. Que les dernières images du film me montrent chez moi, à cet endroit précis, ça compte déjà énormément.
http://www.nicematin.com/article/derniere-minute/philippe-pozzo-di-borgo-le-corse-qui-a-inspire-les-intouchables
Le 23 juin 1993, Philippe Pozzo di Borgo s'écrase en parapente sur les reliefs savoyards du mont Bisanne. Les cervicales brisées, le patron des champagnes Pommery est tétraplégique, à 42 ans. Il a inspiré le film "les Intouchables" d'Eric Toledano et Olivier Nakache. Depuis le Maroc où il vit désormais, il a répondu a nos questions.
Racontez-nous un peu cette aventure cinématographique…
J’avais posé une seule condition, que l’on s’amuse, et j’ai été entendu par ces deux réalisateurs intelligents, drôles et très professionnels. Ils sont venus chez moi, à Essaouira, avec les acteurs, pour ce qu’ils appellent un séminaire d’intégration. Trois journées, traversées de moments étonnants, forts, émouvants. Ils sont tous revenus le 11 septembre pour projeter le film autour d’un tajine, sous les étoiles, un mur pas très propre servant d’écran. L’épilogue d’une aventure humaine de deux ans.
Le film ne souffre-t-il d’aucun décalage, dix ans après la sortie du livre ?
Le livre a été réédité, enrichi de cent pages supplémentaires qui racontent la période entre 1998, date où s’arrête la première version, et 2004.
Vous avez eu des retours, notamment de handicapés ?
Je reçois une moyenne de deux cents e-mails par jour, auxquels j’essaie de répondre. Y compris de Corse, où le film est, paraît-il, à l’affiche.
Vous contribuez à leur donner espoir et confiance ?
J’ai tenu à ce que le film soit projeté en Bretagne, dans un centre de rééducation de handicapés très lourds où j’avais longtemps séjourné. Le public, installé sur des fauteuils ou des lits médicalisés, riait, alors que les réalisateurs, eux, pleuraient. Un moment inoubliable. Je tiens à préciser que ces derniers verseront 5 % des recettes à l’association Simon de Cyrène, que j’ai fondée il y a cinq ans. Un geste généreux qui est une première dans l’histoire du cinéma.
Comment vivez-vous la célébrité ?
Les paillettes, ça n’a jamais été mon truc. Alors je la vis comme un tétra depuis le fin fond de sa campagne, avec un recul forcé. L’essentiel, c’est que le message passe auprès des gens : même quand vous traversez le pire, que les épreuves soient physiques ou sociales, tendez la main, ne restez pas isolés, et le meilleur peut toujours arriver.
Avec tous les malheurs qui vous sont tombés dessus, c’est ce à quoi vous vous êtes raccroché ?
Oui, au regard de l’autre. Abdel dans la vraie vie. Grâce à lui, j’ai une épouse et deux enfants à élever. Même allongé, il m’a remis debout.
Votre perception des valeurs a-t-elle fondamentalement changé ?
Non, le sens de la famille et de la communauté, le goût de la vie, la fidélité en amitié, l’attachement à ses racines. C’est très corse, tout ça.
Mais votre rapport à l’argent, oui…
Sur le circuit de la compétition, j’ai eu ma sortie de route. Oui, j’ai été gâté. Mais être tétra, c’est un métier très luxueux si on veut être indépendant. Si on est aimé, on y arrive.
Quels sont vos plaisirs aujourd’hui ?
Préserver mon cocon familial, écrire, puisque j’ai quelques idées qui traînent, encourager les handicapés en quête, comme moi jadis, d’un second souffle. Tout simplement me rendre utile, dans la mesure de mes moyens. Je dois surtout rester « dans le coup » pour mes enfants.
Pourquoi avoir choisi le Maroc plutôt que la Corse ?
J’ai essayé la Corse sans succès. Je souffre de douleurs neurologiques très importantes. Au-dessus de 25 °C, je pète les plombs et, en dessous de 1 015 millibars de pression atmosphérique, je suis assailli par les brûlures. Essaouira me maintient dans la bonne fourchette…
On se disait peut-être que la cité impériale vous était interdite à cause de vos lourds antécédents familiaux antinapoléoniens…
(Rires) Pas du tout ! Mes frères y vivent et, moi-même, je serai inhumé dans la chapelle mortuaire de la famille, au pied de la Punta. Que les dernières images du film me montrent chez moi, à cet endroit précis, ça compte déjà énormément.
http://www.nicematin.com/article/derniere-minute/philippe-pozzo-di-borgo-le-corse-qui-a-inspire-les-intouchables
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