Le curé enragé du dioséce de Nice

Un curé avec une bouteille de Ricard et une cigarette. Pas terrible comme image pour l'église catholique !

Pas terrible ? Mais non ... voyons ... 

Le message que ce prêtre tient à faire passer c'est qu'il n'entend pas se soumettre intérieurement et personnellement aux oukazes lancés par de petits despotes de la dictature sanitaire ou à cette nouvelle forme de pharisaïsme ambiant, un pharisaïsme qui voudrait que «tout le monde fasse comme tout le monde» et pour présenter en apparence sa si belle rectitude à offrir en spectacle.

 «Voyez comme je ne mange pas n'importe quoi, comment je me surveille, comment je fais du sport aussi et pas n'importe comment, à la bonne heure et avec les meilleures fringues, sachez aussi que je ne bois pas, ne fume pas, trie mes déchets dans trois bacs différents pour sauver la planète, ne soulève aucune vague avec mes propos consensuels à souhait, toujours en phase avec la bonne pensée véhiculée dans l'opinion ... »

Le fait est que ce n'est ni un mal ni un crime, ni un péché non plus, le fait de consommer raisonnablement un petit verre sur la terrasse et même de fumer une clope à l'occasion. 

Et tout cela reste très accessoire, très secondaire. L'essentiel se situe bien ailleurs. 

Dans un roman de Graham Greene, La Puissance et la gloire, le héros de l'histoire était un humble prêtre considéré pourtant comme un raté par tous, à commencé par ses supérieurs dans l'épiscopat. Un poivrot peut-être, mais un poivrot qui, dans le Mexique des révolutionnaires anti-catholiques déchaïnés du début du XXe siècle, était bien le seul courageux et encore animé de la flamme : allez porter la foi et les sacrements jusque chez les plus pauvres et partout dans ces régions dont le gouvernement local aurait souhaité voir la religion interdite, au risque de sa vie. Bref, à côté de l'évêque correct-régulier et collabo, guère dérangeant pour le pouvoir, sobre, bien rasé, bien mis et qui n'évangélise surtout pas, notre poivrot à la soutane toute crottée, «Quel déplorable !» ; «Cachez ce prêtre que nous ne saurions voir !» ; «Il boit !» Il boit sans doute, trop, mais il ne perd pas de vue la mission et rejoint ceux qui sont abandonnés par tous (gouverneurs, juges, évêques, journalistes, police, armée, intellectuels, syndicalistes, etc.) 

Je pense que le curé enragé aura déjà lu le roman et est bien au fait de cette distinction entre l'essentiel et l'accessoire. 

On ne parle pas de risquer sa vie dans le cas du curé enragé et le fond de scène n'est pas si dramatique que dans le roman. C'est sûr. Néanmoins, ce brave curé à Nice tente au moins modestement, je croirais, de simplement redonner droit à l'existence sociale d'une façon personnelle d'être et de penser. Et c'est déjà «quelque chose». En face du rouleau compresseur d'un certain conformisme promu et de plus en plus envahissant ...