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La prière est efficace

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Message par P4572 Dim 22 Aoû 2010 - 13:49

J'ai la foi, véritable cadeau du Seigneur.

C'est à dire que je crois en lui, plus encore que je crois à son amour inconditionnel.

C'est à dire que j'ai confiance en lui, entièrement confiance, au point de m'abandonner en lui, de me livrer à lui.

Je sais que sa volonté est une volonté d'amour donc je le prie de faire toute sa volonté en moi.

Sur ce chemin de foi, parfois très long à traduire dans mes actes, qui font ma vie de chaque

jour, je suis amené à prier pour mes frères et soeurs dans l'épreuve, dans quel esprit le fais-je ?

Si je le fais en disant " pourvu que ça marche " autrement dit pourvu que Dieu m'éxauce alors je

manque de foi....Seigneur augmente ma foi.

Heureusement pour moi, je le fais dans une confiance totale de l'utilité de ma prière et dans la certitude de son exaucement au temps fixé par Dieu et selon son plan d'amour à lui ( non pas selon mes vues ).

Alors et c'est ce qui m'arrive j'ai envie d'aimer mes frères et soeurs de la terre en priant pour eux

et en les confiant au Seigneur particulièrement par le moyen de la plus haute louange que nous

puissions offrir au Seigneur : la messe donc, pour moi, la participation à la messe puis par le

moyen de l'adoration du Saint Sacrement.

Puissiez vous me rejoindre dans cette communion des saints.

Puissiez vous échanger sur ce fil vos expériences de la prière ( doutes aussi bien qu'actions de grâce).

Puissions nous prier concrêtement les uns pour les autres au fur et à mesure de nos jours et semaines.

bien fraternellement à tous

Michel

( j'ai eu l'inspiration de ce message au cours de la messe de ce matin )

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Message par P4572 Dim 22 Aoû 2010 - 22:45

L’efficacité de la prière



Revue des Jeunes, 10 Juillet 1923

Par le P. Garrigou-Lagrange, O.P.



« Demandez et vous recevrez » a dit Notre-Seigneur. « Il faut toujours prier » ajoutait-il. Il importe donc de se faire une juste idée de l’efficacité de la prière, de la source même de cette efficacité et du but auquel toute vraie prière doit être ordonnée. Voyons ce que saint Thomas à la suite de saint Augustin nous enseigne sur ce grand sujet[1].

Nous avons l’air de croire parfois que la prière est une force qui aurait son premier principe en nous, et par laquelle nous essayerions d’incliner la volonté de Dieu, par manière de persuasion. Et aussitôt notre pensée se heurte à cette difficulté, souvent formulée par les incrédules, en particulier par les Déistes : la volonté de Dieu personne ne peut la mouvoir, per­sonne ne peut l’incliner. Dieu sans doute est la bonté qui ne demande,qu’à se donner, Dieu est la miséri­corde toujours prête à venir au secours de celui qui souffre et qui implore, mais il est aussi l’Etre parfai­tement immuable. La volonté de Dieu de toute éter­nité est aussi inflexible qu’elle est miséricordieuse. Personne ne peut se vanter d’avoir éclairé Dieu, de lui avoir fait changer de volonté. « Ego sum Domi­nus, et non mutor ». Par son décret providentiel, fortement et suavement, l’ordre du monde, la suite des événements, sont irrévocablement fixés d’avance.

Faut-il conclure que notre prière ne peut rien, qu’elle vient trop tard, que si nous prions, aussi bien que si nous ne prions pas, ce qui doit arriver arrivera ?



La parole de l’Evangile demeure : « Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira ». – La prière, en effet, n’est pas une force qui aurait son premier principe en nous, ce n’est pas un effort de l’âme humaine, qui essaierait de faire violence à Dieu, pour lui faire changer ses disposi­tions providentielles. Si l’on parle ainsi quelquefois, c’est par métaphore, c’est une manière humaine de s’exprimer. En réalité la volonté de Dieu est abso­lument immuable, mais c’est précisément dans cette immutabilité qu’est la source de l’infaillible efficacité de la prière.

C’est au fond très simple : la vraie prière par laquelle nous demandons pour nous, avec humilité, confiance et persévérance, les biens nécessaires à notre sanctification, est infailliblement efficace, parce que Dieu, qui ne peut se dédire, a décrété qu’elle le serait, et parce que Notre-Seigneur nous l’a promis. (IIa IIae, 83, 15).

Un Dieu qui n’aurait pas prévu et voulu de toute éternité les prières que nous lui adressons, c’est là une conception aussi puérile que celle d’un Dieu qui s’inclinerait devant nos volontés et changerait ses desseins. Non seulement,tout ce qui arrive a été prévu et voulu ou tout au moins permis d’avance par un décret providentiel, mais la manière dont les choses arrivent, les causes qui produisent les événements, tout cela est fixé de toute éternité par la Providence. Dans tous les ordres, physique, intellectuel et moral, en vue de cer­tains effets, Dieu a préparé les causes qui les doivent produire. Pour les moissons matérielles, il a préparé la semence ; pour féconder une terre desséchée, il a voulu une pluie abondante ; pour une victoire qui sera le salut d’un peuple, il suscite un grand chef d’armée ; pour donner au monde un homme de génie, il a pré­paré une intelligence supérieure, servie par un cerveau mieux fait, par une hérédité spéciale, par un milieu intellectuel privilégié. Pour régénérer le monde aux périodes les plus troublées, il a décidé qu’il y aurait des saints. Et pour sauver l’humanité, dès toujours la divine Providence avait préparé la venue du Christ Jésus. Dans tous les ordres, du plus infime au plus élevé, en vue de certains effets, Dieu dispose les cau­ses qui les doivent produire. Pour les moissons spi­rituelles comme pour les matérielles, il a préparé la semence, et la moisson ne s’obtiendra pas sans elle.

Or, la prière est précisément une cause ordon­née à produire cet effet, qui est l’obtention des dons de Dieu, nécessaires ou utiles au salut. Toutes les créatures ne vivent que des dons de Dieu, mais la créature intel­lectuelle est seule à s’en rendre compte. Les pierres, les plantes, les animaux reçoivent sans savoir qu’ils reçoivent. L’homme, lui, vit des dons de Dieu, et il le sait ; si le charnel l’oublie, c’est qu’il ne vit pas en homme ; si l’orgueilleux ne veut pas en convenir, c’est qu’il n’y a pas de pire sottise que l’orgueil. L’exis­tence, la santé, la force, la lumière de l’intelligence, l’énergie morale, la réussite de nos entreprises, tout cela est le don de Dieu, mais par-dessus tout la grâce, qui nous porte au bien salutaire, nous le fait accom­plir, et nous y fait persévérer.

Faut-il s’étonner que la divine Providence ait voulu que l’homme, puisqu’il peut comprendre qu’il ne vit que d’aumônes, demandât l’aumône ? Ici comme partout Dieu veut d’abord l’effet final, puis il ordonne les moyens et les causes qui le doivent produire. Après avoir décidé de donner, il décide que nous prierons pour recevoir, comme un père, résolu d’avance d’ac­corder un plaisir à ses enfants, se promet de le leur faire demander. Le don de Dieu voilà le résultat, 1a prière voilà la cause ordonnée à l’obtenir ; elle a sa place dans la vie des âmes pour qu’elles reçoivent les biens nécessaires ou utiles au salut, comme la chaleur et l’électricité ont leur place dans l’ordre physique.

Jésus, qui veut convertir la Samaritaine, lui dit, pour la porter à prier : « Si tu savais le don de Dieu, c’est toi qui m’aurais demandé à boire, et je t’aurais donné de l’eau vive… jaillissant en vie éternelle ».

De toute éternité, Dieu a prévu et permis les chutes de Marie-Madeleine, mais il a ses desseins sur elle, il veut rendre la vie à cette âme morte ; seulement il décide aussi que cette vie ne lui sera rendue que si elle le désire, que l’air respirable ne sera rendu à cette poitrine, que si cette poitrine veut s’ouvrir, que si Made­leine veut prier, et il décide aussi de lui donner une grâce actuelle très forte et très douce qui la fera prier. Voilà la source de l’efficacité de la prière. Soyez sûrs que lorsque Madeleine aura prié, la grâce sanctifiante lui sera donnée, mais soyons surs aussi que sans cette prière elle restait dans son péché.

Il est donc aussi nécessaire de prier pour obtenir les secours de Dieu dont nous avons besoin pour, observer la loi divine et y persévérer, qu’il est nécessaire de semer pour avoir du blé.

Ne disons donc pas : « Que nous ayons prié ou non, ce qui devait arriver arrivera » : ce serait aussi absurde que de dire : « Que nous ayons semé ou non, l’été venu, si nous devons avoir du blé, nous en aurons ». La Pro­vidence porte non seulement sur les résultats, sur les fins, mais aussi sur les moyens à employer, et elle sau­vegarde la liberté humaine par une grâce aussi douce qu’elle est forte, « fortiter et suaviter ». « En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, Il vous le donnera ».

La prière n’est donc pas une force débile qui aurait son premier principe en nous. La source de son effica­cité est en Dieu et dans les mérites infinis de Jésus-­Christ. C’est d’un décret éternel de Dieu qu’elle des­cend, c’est de l’amour rédempteur qu’elle provient, c’est à la miséricorde divine qu’elle remonte. Un jet d’eau ne peut s’élever que si l’eau descend d’une même hauteur. De même quand nous prions, il ne s’agit pas de per­suader Dieu, de l’incliner, de changer ses dispositions providentielles ; il s’agit seulement d’élever notre volonté à la hauteur de la sienne, pour vouloir avec Lui ce qu’il a décidé de nous donner : les biens utiles à notre sanc­tification et à notre salut. La prière, loin de tendre à abaisser le Très-Haut vers nous, est donc une élévation de notre âme vers Dieu. Denys compare l’homme qui prie au marin qui, pour aborder, tire sur le câble fixé au rocher du rivage. Ce rocher, qui domine les eaux, est parfaitement immobile ; pourtant, pour celui qui est dans la barque, il semble que ce soit le rocher qui avance : en réalité c’est la barque seule qui bouge. De même il nous semble que ce soit la volonté de Dieu qui s’incline en nous exauçant, c’est la nôtre seule qui monte ; nous nous mettons à vouloir, dans le temps, ce que Dieu voulait pour nous de toute éternité.

Bien loin de s’opposer au gouvernement divin, la prière coopère ainsi à ce gouvernement. Nous sommes deux à vouloir, au lieu d’un ; cette âme pécheresse pour laquelle nous avons longtemps prié, c’est Dieu qui l’a convertie, mais nous étions l’associé de Dieu, et de toute éternité il avait décidé de ne produire en elle cet effet salutaire qu’avec notre concours.

Mais, cela va sans dire, et c’est un point de doctrine défini par l’Eglise contre les pélagiens et semipélagiens, nous ne pouvons pas faire une vraie prière sans une grâce actuelle. On ne demande en effet que ce que l’on désire, et il s’agit ici de désirer ce que Dieu veut pour nous et comme il le veut, il s’agit de mettre notre volonté à l’unisson de la sienne. Pour cela il faut qu’il nous attire et que nous nous laissions attirer par lui. « Per­sonne, dit Notre-Seigneur, ne vient à moi, si mon Père ne l’attire. » Et saint Paul ajoute : « Nous ne sommes pas capables de former par nous-mêmes, comme venant de nous-mêmes, la moindre pensée profitable pour le salut », à plus forte raison le moindre désir.

Cependant le pécheur, privé de la grâce sanctifiante, et incapable en cet état de mériter, peut prier. Il suffit d’une grâce actuelle, elle est offerte à tous, et ceux-là seuls en sont privés qui la refusent[2]. Au moment où elle lui est accordée, que le pécheur tombe à genoux ; s’il ne résiste pas, il sera conduit de grâce en grâce jus­qu’à la conversion et au salut. Avec humilité, confiance et persévérance, le chrétien toute sa vie doit ainsi deman­der à Dieu les énergies surnaturelles qu’il lui faut pour atteindre le ciel.




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Message par P4572 Dim 22 Aoû 2010 - 22:46

On voit par suite ce que la prière peut nous obtenir. La fin de la vie des âmes c’est le ciel ; à cette fin suprême Dieu subordonne tous les biens qu’il lui plaît de nous départir, car il ne nous les donne, ceux du corps et ceux de l’âme, que pour la conquête de l’éternité bienheureuse.

La prière ne peut donc nous obtenir que les biens qui sont dans la ligne de notre fin dernière, dans la ligne de la vie éternelle. En dehors de là elle ne peut rien, elle est trop haute pour nous obtenir tel succès tem­porel sans rapport avec notre salut. Il ne faut pas attendre d’elle ce résultat, pas plus qu’on ne demande à un ingénieur l’office d’un manœuvre[3].

Les biens qui nous acheminent vers le ciel sont de deux sortes : les spirituels, qui nous y conduisent direc­tement, et les temporels, qui peuvent être indirectement utiles au salut, dans la mesure où ils se subordonnent aux premiers.

Les biens spirituels, ce sont la grâce, les vertus, les mérites. La prière est toute-puissante pour obtenir au pécheur la grâce de la conversion, et au juste la grâce actuelle nécessaire à l’accomplissement des devoirs du chrétien. La prière est souverainement efficace pour nous obtenir une foi plus vive, une espérance plus con­fiante, une charité plus ardente, une plus grande fidé­lité à notre vocation. La première des choses que nous devons demander selon le Pater, c’est que le nom de Dieu soit sanctifié, glorifié par une foi rayonnante, que son règne arrive, (c’est l’objet de notre espérance), que sa volonté soit faite, accomplie avec amour, avec une charité plus fervente. La prière est toute-puissante pour nous obtenir le pain de chaque jour, non seulement celui du corps, mais celui de l’âme, le pain supersubstantiel de l’Eucharistie, et les dispositions nécessaires pour une bonne communion. Elle est efficace pour nous obtenir le pardon de nos fautes avec la disposition intérieure de pardonner au prochain, pour nous faire triompher de la tentation : « Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation », disait Notre-Seigneur ; pour nous délivrer du mal et de l’esprit du mal, « cette sorte de démon ne se chasse que par la prière et par le jeûne ». (Matth,, XVII, 20.)

Seulement, cela va sans dire, la prière doit être sin­cère : demander de vaincre une passion sans éviter les occasions, demander la grâce d’une bonne mort sans s’efforcer d’avoir une vie meilleure, ce n’est pas une vraie prière, un vrai désir, c’est à peine une velléité. La prière doit aussi être humble, c’est un pauvre qui de­mande. Elle doit être confiante en la miséricorde de Dieu, elle ne doit pas douter de son infinie bonté. Elle doit être persévérante pour montrer qu’elle vient d’un désir profond du cœur[4]. Parfois le Seigneur ne semble pas nous exaucer tout de suite, pour éprouver notre confiance et la force de nos bons désirs, comme Jésus éprouva la confiance de la Chananéenne par une parole sévère qui semblait un refus : « C’est aux bre­bis perdues d’Israël que je suis envoyé…, il ne convient pas de donner aux chiens le pain des enfants. » Sous l’inspiration divine, la Chananéenne répondit : « Pour­tant, Seigneur, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leur maître ». – « O femme, dit Jésus, ta foi est grande, qu’il te soit fait selon ce que tu demandes » ; et sa fille, qui était tourmentée par le démon, fut désormais délivrée (Matth., XV, 22).

Mais si vraiment nous avons prié avec persévérance et si, malgré nos supplications, Dieu nous laisse aux prises avec la tentation, rappelons-nous l’apôtre saint Paul, qui lui aussi supplia à plusieurs reprises pour être délivré de l’aiguillon qui le tourmentait dans sa chair et qui reçut cette réponse : « Ma grâce te suffit pour vaincre », sufficit tibi gratia mea. Croyons avec l’Apôtre que cette lutte nous est profitable, et ne ces­sons pas de demander la grâce, qui seule peut nous empêcher de faiblir. Apprenons par là notre indigence, apprenons que nous sommes des pauvres, et que l’acte du pauvre consiste à demander. Le chrétien toute sa vie doit mendier les énergies surnaturelles qu’il lui faut pour faire son salut. L’âme humaine ne peut atteindre le ciel que si elle est lancée par Dieu[5] ; mais une fois lancée, il faut qu’elle vole ; la prière est comme le coup d’aile du petit oiseau lancé hors du nid et qui réclame un nouveau secours.

Quant aux biens temporels, la prière peut nous obte­nir tous ceux qui doivent, d’une façon ou d’une autre, nous aider dans notre voyage vers l’éternité : le pain du corps, la santé, la force, la prospérité de nos affaires, la prière peut tout obtenir, à condition que nous deman­dions avant tout et par-dessus tout à Dieu de l’aimer davantage : « Cherchez le royaume des cieux, et tout le reste vous sera donné par surcroît[6] ». Faut-il dire que la prière est inefficace parce que nous n’avons pas obtenu le succès d’une entreprise ? Mais si vraiment nous avons prié, nous n’avons pas demandé ce bien temporel pour lui-même, mais seulement dans la mesure où il était utile à notre salut. Si nous ne l’avons pas obtenu, c’est que nous devons nous sauver sans lui. Notre prière n’est pas perdue, nous n’avons pas obtenu ce bien temporel qui nous était inutile, mais nous avons obtenu ou nous obtiendrons une autre grâce plus pré­cieuse.

La prière humble, confiante, persévérante, par laquelle nous demandons pour nous les biens néces­saires au salut est infailliblement efficace, en vertu de la promesse du Seigneur[7]. Dieu, en effet, nous com­mande de travailler à notre salut. Il ajoute : « Sans moi (sans ma grâce) vous ne pouvez rien faire », « de­mandez, et vous recevrez » ; demandez-la-moi cette grâce, je vous la donnerai, je vous le promets. Bien plus, c’est Lui qui fait jaillir la prière de nos cœurs, qui nous porte à demander ce que de toute éternité il veut nous accorder. Si une telle prière n’était pas infailliblement efficace, le salut serait impossible, Dieu nous commanderait l’irréalisable ; la contradiction serait en Lui, suprême Vérité et suprême Bonté. Les simples comprennent tout de suite la parole de Jésus : « Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trou­verez, frappez et l’on vous ouvrira ; qui de vous don­nera une pierre à son enfant, si celui-ci lui demande du pain, et s’il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent ? Si donc, méchants comme vous êtes, vous donnez de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! »[8]. Telle la prière simple est profonde du paysan rentrant du travail, posant sa bêche devant la porte de l’église et entrant pour dire un Notre Père. Quel crime celui qui consiste à arracher cette foi sublime au pauvre, qui par elle se rattache à l’Eternité ! Savoir prier, pour l’âme, c’est savoir respirer.

La prière est donc une force plus puissante que toutes les forces physiques prises ensemble, plus puis­sante que l’argent, plus puissante que la science. Ce que tous les corps et tous les esprits créés par leurs propres forces naturelles ne peuvent pas, la prière le peut. « Tous les corps, dit Pascal, le firmament et ses étoiles, la terre et ses royaumes, ne valent pas le moindre des esprits… De tous les corps ensemble on ne saurait en faire réussir une petite pensée, cela est impossible et d’un autre ordre… Tous les corps ensemble et tous les esprits ensemble, et toutes leurs productions, ne valent pas le moindre mouvement de charité, cela est d’un ordre infiniment plus élevé… »[9]. La prière, elle, peut obtenir la grâce, qui nous fera produire cet acte de charité.

La vraie prière joue ainsi dans le monde un rôle infiniment plus grand que la plus étonnante des décou­vertes. Qui oserait comparer l’influence exercée par un savant incontesté comme Pasteur, à celle qu’exerça par sa prière un saint Paul, un saint jean, un saint Benoît, un saint Dominique ou un saint François ?

Chaque âme immortelle vaut plus que tout le monde physique, elle est comme un univers, unum versus alia, puisque par ses deux facultés supérieures, intelligence et volonté, elle s’ouvre sur toutes choses et sur 1’Infini. A ces univers en marche vers Dieu, qui sont les âmes, la prière assure deux choses : la lumière surnaturelle qui les dirige, et l’énergie divine qui les pousse. Sans la prière, l’obscurité se fait dans les âmes, qui se refroi­dissent et meurent, comme des astres éteints. Ayons confiance en cette force d’origine divine ; rappelons­-nous d’où elle vient, rappelons-nous où elle va ; c’est de l’Éternité qu’elle descend, d’un décret de l’infinie bonté, c’est à l’Éternité qu’elle remonte.

Rome, Angelico.

Fr. Reg. Garrigou-Lagrange, O. P.



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[1] Cf. IIa IIae, q. 83, a. 2.

[2] Et, comme nous l’avons dit plusieurs fois, l’homme, s’il ne se suffit pas à lui-même pour désirer et vouloir le bien salutaire, se suffit pour défaillir, et pour défaillir librement. Dieu le relève souvent, pas toujours, c’est là un mystère.

[3] IIa IIae, q. 83, a. 5, 6.

[4] IIa IIae, q. 83, a. 15, ad 2m.

[5] Ia, q, 23, a. 1.

[6] IIa IIae, q. 83, a. 6.

[7] IIa IIae, q. 83, a. 15, ad 2m.

[8] Matth., VII, 17 ; Luc, XI, 9.

[9] Pensées, éd. Havet, art. XVII, 1.

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